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MILLE, B (2007) - Les trompes gallo-romaines de Neuvy-en-Sullias et Saint-Just-sur-Dive, apport
d'une étude de laboratoire, in GORGET, C. & GUILLAUMET, J.-P. (eds.) Le cheval et la danseuse,
à la redécouverte du trésor de Neuvy-en-Sullias, Paris, Somogy, p. 146-155 et 267.
Les trompes
de Neuvy-en-Sullias
apport
gallo-romaines
et Saint-Just-sur-Dive,
d'une étude de laboratoire
1
BENOÎT MILLE
BIBLIOTHEQUE
C2RMF CF(~ROUSEL
1. Cette étude doit beaucoup
aux
réunions
autour de l'objet )),
«
et en particulier aux
discussions
engagées avec
Christophe
Vend ries et Jean
Dubos. Je tiens également
à
remercier Thierry Borel pour
les radiographies
effectuées.
2. La composition
élémentaire
du
métal a été déterminée
par PIXE
(Particle lnduced X-Ray
Emission) au moyen de
J'accélérateur
de particules
AGLAE (Accélérateur
Grand
Louvre d'Analyses
Élémentaires),
se reporter à
Dran et al., 2000, pour une
description du système
analytique
et de ses
performances.
Un filtre de
30 I1m de Co a été placé devant
le détecteur hautes énergies, et
un balayage d'homogénéisation
de 500 x 500 I1m a été pratiqué.
Les produits de corrosion ont
été dégagés aux emplacements
des points d'analyse, par une
légère abrasion de la surface au
moyen d'une fraise diamantée
(diamètre de la surface
nettoyée:
env. 2 mm). La
trompette de Neuvy avait fait
l'objet d'une première
campagne d'analyses par le
C2RMF en 1972 (Michel, 1972).
Nous n'avons pas tenu compte
de ces anciens résultats, leur
localisation n'est en effet pas
suffisamment
précise pOLIr les
besoins de l'étude actuelle.
L'étude métallurgique de la trompe gallo-romaine de Neuvy-en-Sullias
(cat. 14) s'inscrit dans le cadre plus général des recherches techniques
entreprises par le Centre de recherche et de restauration des musées de
France autour de l'ensemble des objets de ce dépôt. La trompe de SaintJust-sur-Dive, conservée au musée de Saumur (cat. 37.1), a été examinée
à titre de comparaison. Une couverture photographique complète, un examen en radiographie X et des analyses de la composition élémentaire du
métal2 ont été effectués.
La trompe de Neuvy-en-Sullias, plus longue que prévu?
Le premier apport de l'examen radiographique de la trompe de Neuvy-enSullias (fig. l.D, p. 150-153) est de nous aider à précisément délimiter et
dénombrer les pièces dont elle est composée. Chaque pièce, ou fragment de
pièce, a ainsi été redessiné d'après les radiographies (fig. l.E). La trompette
est constituée, outre son système d'embouchure et son pavillon, d'une succession de tubes lisses et de fourreaux décorés. La fonction de ces fourreaux
semble être d'assurer l'assemblage des différents tubes lisses entre eux, selon
le principe, encore aujourd'hui utilisé en plomberie, du manchon d'union.
Le relevé effectué fournit une autre information essentielle pour mieux
comprendre la construction originelle de la trompette: les tubes et les fourreaux ne sont pas cylindriques, mais tronconiques, c'est-à-dire en forme
de cône dont on aurait tronqué la pointe. Cette observation souligne une
première incohérence du montage actuel. Certains tubes sont en effet montés « à l'envers », à l'exemple du tube nO 10, dont le diamètre décroît si
l'on progresse de l'embouchure vers le pavillon. La seconde incohérence
Les trompes gallo-romaines
vient de la superposition des tubes en certains endroits : pas moins de
trois tubes sont enfilés les uns dans les autres sous le fourreau n° il.
Puisque les tubes sont tronconiques, il est a priori possible de reconstituer
leur agencement originel en classant ceux-ci par ordre croissant du petit diamètre à l'ollverture. L'observation minutieuse des extrémités permet en plus
de décider si celles-ci marquent effectivement la limite originelle de la pièce,
ou si elles correspondent à une fracture. La logique du montage antique
devient alors évidente: les tubes lisses ne s'enfilaient pas les uns dans les autres,
leur jonction se faisait bord à bord. En effet, à chaque grande ouverture d'une
section de tube correspond exactement la petite ouverture de la section qui
lui succède. Les dimensions internes des fourreaux corroborent pleinement
cette proposition, se plaçant naturellement à chaque jonction du tuyau ainsi
reconstitué, et remplissant ainsi parfaitement leur rôle de manchons d'union.
Une nouvelle restitution de la trompette est donc aujourd'hui possible
(fig. l.F, p. 150-153), qui a d'ailleurs servi de base à la reconstitution expérimentale entreprise par la fonderie de Coubertin. La conséquence la plus
visible de ce nouvel agencement est un allongement notable de la trompette : de 152 cm dans son montage actueL la longueur de la trompe de
Neuvy-en-Sullias passe à 177 cm selon notre nouvelle proposition. Encore
fallait-il sans doute en plus ajouter la partie distale du pavillon, dont l'empreinte est restée visible dans la corrosion. Si l'on se réfère au pavillon de
l'exemplaire de Saint-Just-sur-Dive, lui aussi en deux parties et de dimensions identiques (fig. 2, p. 148), cette deuxième pièce ajoutait 13 cm
supplémentaires. Au final, il faut donc imaginer que la trompe de Neuvyen-Sullias mesurait environ 190 cm de long!
Le même exercice n'est malheureusement
pas envisageable pour la
trompe de Saint -Just -sur- Dive, les tubes lisses ne sont en effet pas suffisam ment bien conservés. On peut cependant observer d'une part que les
manchons sont plus nombreux qu'à Neuvy (six fourreaux au lieu de quatre),
et d'autre part, que les trois tubes lisses en bon état sont de longueur relativement constante (21.7 ; 20,4 ; 19,2 cm). Il est tentant de combiner ces deux
constatations pour reconstituer une trompette construite selon le même
principe que celle de Neuvy-en-Sullias, mais avec des sections de tubes plus
courtes, et par conséquent des manchons d'union plus nombreux. Selon ce
principe, la longueur de la trompe de Saint-Just-sur-Dive pourrait alors être
estimée à environ 175 cm, soit au final une longueur totale relativement
proche pour les deux exemplaires que nous avons examinés3.
Fig.l (cf dépliant. p. 150-153)
La trompe droite de
Neuvy-en-Sullias
(cal. 14)
© C2RMF, B. Mille
(photographies et schémas) et
T. Borel (radiographies) :
A: vue d'ensemble.
B : couleurs en fonction du type
d'alliage. Les flèches indiquent
l'emplacement
des analyses.
C : couleurs en fonction de la
technique de mise en Eorme.
D : examens radiographiques,
la
trompe a été tournée de 90° pour
la deuxième image.
E : schéma d'interprétation
des
examens radiographiques. Les
différentes pièces assemblées sont
chacune dessinées isolément, dans
leur position actuelle. Le numéro
attribué à chaque pièce est suivi
d'une lettre si cette pièce est en
plusieurs fragments. L'examen de
la conicité permet de détecter les
pièces qui sont disposées à
l'envers, le numéro de la pièce a
alors lui aussi été écrit à l'envers.
F : proposition de restitution
du montage originel. déduit
des observations faites en E.
Le placement des tubes bord
à bord, et non enfilés les uns dans
les autres, allonge notablement
la trompe.
Matériaux et techniques
Les deux principales techniques de mise en forme du métal, la fonderie et la
déformation plastique, ont été utilisées pour la fabrication des différentes
pièces constituant les deux trompes droites (fig. l.C, p. 150-153), pour l'exemplaire de Neuvy-en-Sullias. Pour la fonderie, le recours au procédé dit « à la
cire perdue» est le plus probable, cela concerne les différentes pièces des
embouchures et les fourreaux. Les tubes et les pavillons sont quant à eux
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3. Estimation
de la
longueur
de la troillpene
de Saint-Just-sur-Dive
:
systèllle d'elllbouchure
(14,2 CIll) + 6 tubes de
20 Cill Illis bout à bout
(120 CIll) + le pavillon
(env. 40 CIll) ;:: 175 Cill.