Une enquête approfondie du rôle d`un diffuseur public au XXIe siècle
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Une enquête approfondie du rôle d`un diffuseur public au XXIe siècle
Mémoire de l’ACR à l’intention du Comité permanent du patrimoine canadien Une enquête approfondie du rôle d’un diffuseur public au XXIe siècle par L’Association canadienne des radiodiffuseurs Le 23 mars 2007 Résumé L’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) est d’avis que l’enquête du Comité permanent du patrimoine canadien présentement en cours représente une première étape très importante dans l’examen de la façon dont la SRC/CBC peut le mieux s’acquitter de son mandat de radiodiffuseur public de sorte qu’il demeure pertinent à l’avenir et qu’il soit en mesure d’offrir un service qui se distingue des autres et qui se fait le complément du rôle du secteur de la radiodiffusion privée. Ayant invité le public et d’autres parties prenantes à lui communiquer leurs points de vue, le Comité permanent sera en mesure de déceler les enjeux qu’il faudra examiner de plus près ou pour lesquels il y aura lieu de demander des précisions, ce qui établira une base solide pour un examen davantage exhaustif. Dans ce mémoire, l’ACR présente un aperçu de certaines des principales préoccupations des radiodiffuseurs privés quant à la façon dont la SRC/CBC interprète et exécute son mandat. L’ACR propose donc les recommandations qui suivent à la lumière de ces préoccupations : • La SRC/CBC devrait être tenue de rapporter publiquement des renseignements financiers détaillés sur les réseaux qu’elle possède et exploite, ainsi que ses services spécialisés et de radio individuels, plutôt que les renseignements largement agrégés qu’elle verse actuellement au dossier public. • Le gouvernement devrait examiner de plus près combien les services de télévision d’intérêt général de la SRC/CBC ont recours aux recettes publicitaires. Il devrait évaluer tout particulièrement la mesure dans laquelle les activités commerciales de la SRC/CBC se répercutent sur sa capacité de s’acquitter convenablement de son mandat public. L’ACR soumet qu’on devrait avoir comme objectif final de trouver des moyens de réduire la mesure dans laquelle la SRC/CBC comptera sur les recettes publicitaires à l’avenir. • La programmation d’intérêt purement local, notamment les émissions de nouvelles et d’informations, devrait relever des radiodiffuseurs privés opérant dans les marchés locaux.. Ainsi, la SRC/CBC pourrait se concentrer sur son rôle en tant que radiodiffuseur national tout en offrant également un choix solide de programmation régionale à l’image de toutes les régions du Canada. Cette mesure devrait également s’accompagner de l’abandon, par la SRC/CBC, de la vente de publicité locale par le biais des stations qu’elle possède et exploite. • Malgré ses intérêts dans les nouvelles plates-formes de diffusion comme Internet, la SRC/CBC doit s’assurer de se concentrer, ainsi que ses ressources, sur ses services de radiodiffusion de base à titre des principaux moyens de s’acquitter de son mandat. UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 Introduction 1. En tant que porte-parole national des radiodiffuseurs privés du Canada représentant la grande majorité des services de programmation privés canadiens, y compris les stations de radio et de télévision, les réseaux et les services de télévision spécialisée, payante et à la carte, l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) est heureuse de présenter ses observations au Comité permanent du patrimoine canadien dans le cadre de son enquête du rôle de la SRC/CBC. 2. L’ACR reconnaît que la SRC/CBC est un élément clé du système de radiodiffusion canadien et elle l’appuie complètement à ce titre. Toutefois, il est absolument essentiel que le gouvernement veille à ce que le rôle de la SRC/CBC en tant que radiodiffuseur public soit explicité et exécuté de sorte à se faire le complément du rôle et des activités du secteur de la radiodiffusion privée. 3. Les éléments publics et privés du système de radiodiffusion au Canada ont tous les deux la responsabilité de favoriser la réalisation des objectifs culturels énoncés dans la Loi sur la radiodiffusion, et ils apportent tous les deux des contributions importantes afin de faire avancer ces objectifs. 4. Un bref examen des donnés clés sur les auditoires et les dépenses de programmation révèle que le secteur de la radiodiffusion privée est en effet celui qui apporte la contribution la plus importante. Selon des données publiées par le CRTC, Statistique Canada et les Sondages BBM : • • • • les stations de radio appartenant à des propriétaires privés représentent 56 % de la totalité des dépenses consacrées aux émissions radiophoniques, les stations de radio appartenant à des propriétaires privés obtiennent environ 88 % de toute l’écoute de la radio (privée, publique ou américaine) parmi les auditeurs âgés de 12 ans ou plus, les services de télévision privée, c.-à-d. la télévision d’intérêt général et les services de télévision spécialisée et payante, représentent environ deux tiers du total des dépenses consacrées aux émissions canadiennes, et parmi les personnes âgées de 2 ans et plus, les services de télévision privée obtiennent environ deux tiers du total des heures d’écoute de tous les services de télévision canadiens et étrangers qui sont offerts au Canada. 5. L’ACR est fière du rôle central que joue le secteur de la radiodiffusion privé pour aider à réaliser les objectifs de la politique canadienne en matière de culture. Par conséquent, l’ACR suggère comme premier principe que tout examen de la politique en matière de radiodiffusion, y compris cette enquête du rôle du radiodiffuseur public, doit également tenir compte de l’importance d’assurer et de favoriser l’existence d’un secteur de radiodiffusion privée dynamique et performant. 6. L’ACR offre, dans le cadre de ce large contexte, les commentaires qui suivent en ce qui concerne le mandat et le rôle de la SRC/CBC. 1 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 Le mandat et le rôle de la SRC/CBC 7. L’ACR est d’avis que le mandat de la SRC/CBC, tel qu’énoncé dans l’alinéa 3(1) m) de la Loi sur la radiodiffusion, demeure approprié. Celui-ci cadre avec les principes clés que l’ACR a toujours appuyés, à savoir que la SRC/CBC doit s’employer principalement à offrir des émissions typiquement canadiennes qui sont uniques et se distinguent nettement de la programmation présentée par le secteur privé, qui sont d’une portée nationale et intéressent les diverses régions du Canada, et qui ne seraient autrement pas offertes par le système de radiodiffusion canadien. 8. De l’avis de l’ACR, la question ne réside pas dans le mandat de la SRC/CBC comme tel, mais plutôt dans la façon dont elle interprète et exécute ce mandat. 9. La SRC/CBC est un radiodiffuseur public auquel on a accordé un crédit parlementaire d’un peu plus d’un milliard de dollars en 20061. Cette subvention directe de deniers publics, à laquelle le secteur privé n’a pas droit, s’assortit d’une obligation spéciale de la part de la SRC/CBC en tant que radiodiffuseur public. Plus précisément, on devrait s’attendre à ce que la SRC/CBC se serve de cette subvention publique pour fournir de la programmation qui vient compléter celle présentée par le secteur public. Cette programmation devrait intéresser les téléspectateurs canadiens et leur plaire en plus de multiplier les choix offerts par le système de radiodiffusion. De plus, la SRC/CBC devrait être entièrement comptable de la façon dont elle exerce ses activités en vue de s’acquitter de son mandat public. Certaines des activités de la SRC/CBC contribuent à l’exécution de son mandat public 10. La SRC/CBC a très bien réussi, par le biais de certaines activités spécifiques, à exécuter son mandat public de sorte à se faire le complément du secteur privé. 11. Par exemple, les réseaux radiophoniques de la SRC/CBC offrent un service unique et non commercial qui complète le service local assuré par la radio privée. L’ACR est d’avis qu’il s’agit d’un modèle convenable qui constitue en plus un bon exemple de la façon dont la SRC/CBC réussit à s’acquitter de son mandat public. 12. Les partenariats avec les radiodiffuseurs du secteur privé cadrent également avec le mandat de la SRC/CBC en tant que source de programmation unique de haute qualité qui se fait le complément, et non le concurrent, de la programmation assurée par les radiodiffuseurs privés. 13. Voici certains exemples à l’appui : • Grâce à des ententes d’affiliation avec des stations locales privées dans les petits marchés, celles-ci sont en mesure de présenter de la programmation locale, tout en veillant à ce que le service national de la SRC/CBC soit offert sur ces marchés. 1 Financement annuel approuvé de 946 millions de dollars, plus la somme supplémentaire non périodique de 60 millions de dollars pour les projets de programmation. 2 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 • 14. Avec le lancement de six canaux de services sonores par le biais de Sirius Canada – trois en français, deux en anglais et un service international – en vertu d’un partenariat regroupant Sirius Radio Satellite, Standard Radio et la SRC/CBC, le radiodiffuseur public peut assurer sa présence sur une nouvelle plate-forme et offrir un service utile aux abonnés sans concurrencer directement avec les radiodiffuseurs du secteur privé. Dans l’univers concurrentiel d’aujourd’hui, ces partenariats, ainsi que d’autres du genre, sont des moyens importants pouvant s’avérer efficaces sur plusieurs plans. Ils aident également à favoriser la présentation de contenu canadien de haute qualité, ce qui permet de diversifier davantage tout le choix de programmation offert par le système. Il y a donc lieu de privilégier ce genre de partenariats. Les réseaux de télévision de la SRC/CBC posent des problèmes particuliers 15. Par contre, la situation se rapportant aux réseaux de télévision de la SRC/CBC pose des problèmes plus considérables. L’ACR est d’avis qu’il faut se pencher de plus près sur plusieurs questions si l’on souhaite que la SRC/CBC soit en mesure d’exécuter son mandat public de façon claire, ouverte et transparente, notamment : (i) la responsabilisation, (ii) le recours indu aux recettes publicitaires, et (iii) la prestation du service régional et local. La responsabilisation 16. Puisqu’elle bénéficie d’au-delà d’un milliard de dollars en deniers publics, la SRC/CBC devrait être entièrement responsable de la façon dont elle se sert de cette subvention pour s’acquitter de son mandat public. Mais, puisque son mandat est malheureusement exprimé en termes très larges, la SRC/CBC peut lui prêter tout un éventail d’interprétations selon les priorités ou stratégies commerciales qui peuvent se présenter à un moment donné. Il n’existe par conséquent aucun moyen objectif et quantifiable permettant d’effectuer une évaluation indépendante de la mesure dans laquelle la SRC/CBC s’acquitte de son mandat, étant donné qu’elle établit elle-même, en pratique, la définition de son mandat et la façon dont il devrait s’exécuter. 17. Faute de moyens de responsabilisation efficaces envers le public qui permettraient de rendre compte de la façon dont la SRC/CBC utilise son crédit parlementaire, on risque, par exemple, de fausser le marché concurrentiel de l’acquisition des droits pour les émissions populaires. 18. L’exemple d’autres pays quant à la responsabilisation du rôle de service public dont leurs radiodiffuseurs publics doivent s’acquitter est fort édifiant. Le Royaume-Uni, par exemple, utilise un système à quatre volets pour établir, exécuter et évaluer les opérations de la BBC. 19. Premièrement, la BBC est constituée en société en vertu des dispositions d’une charte royale, dont la version la plus récente est entrée en vigueur au début de cette année et aura cours pendant les dix prochaines années. Cette charte royale énonce les grandes lignes de « l’intérêt public » de la BBC et aussi la structure organisationnelle de cette société et les exigences opérationnelles générales qui s’y rapportent, y compris la responsabilité de présenter, chaque année, un rapport et un état financier. 20. Deuxièmement, la charte royale est assortie d’un accord-cadre détaillé qui impose des exigences opérationnelles plus précises à la direction de la BBC, lesquelles cadrent avec les 3 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 dispositions générales de la charte. L’accord-cadre renferme des directives précises pour toutes les opérations de la BBC, non seulement ses services principaux qui sont entièrement financés grâce aux droits versés par les détenteurs de licence, mais aussi ses activités commerciales ayant pour but d’exploiter son contenu national sur les marchés internationaux afin de générer des revenus supplémentaires pour l’aider davantage à réaliser ses objectifs sur le plan de l’intérêt public. 21. Troisièmement, dans le but de s’assurer que toutes ses activités commerciales viennent soutenir sa vocation publique, la BBC s’est engagée à respecter une promesse de commerce loyal et a adopté des lignes directrices gouvernant le commerce loyal. Ceci est exprimé comme suit dans sa promesse de commerce loyal : [Traduction] En tant qu’organisme financé par les derniers publics, la BBC doit veiller à ce que ses activités dans le domaine commercial ne suscitent aucune préoccupation légitime. Les gouvernements et les organismes de réglementation au R.-U. et à l’étranger s’intéressent de près aux activités commerciales des radiodiffuseurs publics. Leur principale préoccupation est que ces radiodiffuseurs pourraient utiliser des fonds publics pour subventionner leurs activités commerciales et fausser la concurrence dans les marchés commerciaux. Pour répondre à ces préoccupations, la BBC a élaboré des nouvelles lignes directrices importantes pour faire en sorte que ses activités commerciales cadrent avec ses objectifs globaux de programmation, s’exécutent de façon transparente et n’aient aucunement recours à des subventions croisées venant des fonds publics. Ceci constitue notre Promesse de commerce loyal. Cette promesse se veut un engagement envers les mesures nécessaires pour démontrer que nous ne réaffecterons pas de fonds publics à des activités commerciales et que nous nous n’en servirons pas pour livrer une concurrence déloyale aux autres entreprises commerciales. 22. Quatrièmement, la BBC présente un rapport et un état financier annuels faisant état de renseignements détaillés, tant qualitatifs que quantitatifs, sur toutes ses activités dans l’intérêt du public et sur le plan commercial. Dans ces documents, elle fournit un rapport exhaustif sur sa programmation et les renseignements financiers pour chacun de ses services individuels, ce qui permet ensuite d’effectuer des évaluations objectives, rigoureuses et transparentes. 23. Même si les circonstances spécifiques se rapportant à la SRC/CBC diffèrent de celles de la BBC, l’ACR est d’avis qu’on devrait considérer une approche globale semblable pour le radiodiffuseur public canadien. Une très grande mesure de transparence et de responsabilisation est nécessaire pour s’assurer que la SRC/CBC utilise la subvention qui lui est accordée par le gouvernement de façon à s’acquitter de son mandat public de la manière la plus efficace, et qu’elle n’utilise pas ces fonds pour livrer une concurrence déloyale aux radiodiffuseurs du secteur privé. L’ACR note que cela cadre avec la recommandation que le Vérificateur général du Canada a formulée après l’examen qu’il a effectué de la SRC/CBC en 2005, notamment qu’il faut adopter des mesures pour améliorer la responsabilisation et les comptes rendus. 24. L’ACR préconise donc, comme première mesure, que la SRC/CBC devrait être tenue de verser au dossier public des renseignements financiers complets au sujet de ses services, plutôt qu’uniquement les renseignements largement agrégés qu’elle publie à l’heure actuelle. Cela 4 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 s’avérerait un moyen essentiel pour évaluer la mesure dans laquelle les deniers publics sont dépensés avec sagesse sur de la programmation qui aide à réaliser le mandat de la SRC/CBC, plutôt qu’en fonction de considérations purement commerciales. 25. L’ACR suggère qu’un exemple approprié de modèle servant à rapporter les renseignements financiers sur les réseaux de télévision possédés ou exploités par la SRC/CBC, ainsi que sur ses services spécialisés et de radio individuels, serait celui qu’utilise actuellement le CRTC pour les services canadiens de télévision spécialisée, y compris les services spécialisés de la SRC/CBC, RDI et Newsworld. Il s’agit des services pour lesquels le CRTC a établi des frais d’abonnement mensuels, ou de ceux qui font partie du service de base offert par les câblodistributeurs et les SRD. Le CRTC exige que les relevés et les états financiers au complet que ces services remettent chaque année, y compris la ventilation complète des revenus et des dépenses de programmation, soient versés au dossier public, étant donné que plusieurs parties, y compris les abonnés individuels et les groupes représentant les consommateurs, ont un intérêt légitime à obtenir de l’information sur les revenus et les dépenses de programmation de ces services, et sur le caractère adéquat de ces dépenses.2 26. L’ACR soumet qu’il y a lieu d’adopter une approche semblable pour le radiodiffuseur public, étant donné son mandat de fournir des services de radiodiffusion de base qui sont financés par les contribuables, et vu le fait qu’il s’agit d’un modèle qui sert déjà pour ses services de télévision spécialisée. 27. Toujours sur la question de la responsabilisation, notons l’accès privilégié de la SRC/CBC à 37 % du Fonds canadien de la télévision (FCT). Ce pourcentage représente une subvention indirecte d’environ 100 millions de dollars – lui garantissant d’ailleurs l’accès à la programmation canadienne réalisée par des producteurs indépendants – à laquelle vient s’ajouter sa subvention directe d’environ un milliard de dollars. 28. De plus, les télédiffuseurs privés qui bénéficient du FCT sont assujettis à des moyens précis d’évaluer leur succès pour justifier leur part du financement accordé par ce Fonds, alors qu’aucune mesure du genre ne s’applique à la SRC/CBC et qu’elle n’est par conséquent aucunement tenue de rendre compte de cette subvention de 100 millions de dollars. L’ACR soumet que si l’on accorde à la SRC/CBC l’accès aux émissions financées par le FCT, il n’y a aucune raison pour que ces émissions, comme d’ailleurs toutes les autres émissions épaulées par le FCT, ne soient pas assujetties à des mesures appropriées d’évaluer leur succès afin de s’assurer que les deniers publics soient investis sagement dans les projets de programmation. 29. L’ACR note que le CRTC a mis sur pied un groupe de travail chargé d’examiner le FCT et elle est d’avis qu’il serait approprié d’examiner, dans ce contexte, les conditions régissant la participation de la SRC/CBC au FCT. 2 Avis public de radiodiffusion CRTC 2006-19, le 16 février 2006, Confidentialité des rapports annuels des services de programmation spécialisés et payants 5 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 Le recours indu aux recettes publicitaires 30. Les réseaux de télévision française et anglaise de la SRC/CBC comptent énormément sur les recettes publicitaires pour compléter la subvention directe venant des deniers publics. Selon des données publiées dans le rapport annuel de la SRC/CBC pour 2005-2006 et dans le Rapport de surveillance de la politique sur la radiodiffusion publié par le CRTC pour 2006, les frais d’exploitation du réseau de télévision de langue anglaise de la CBC s’établissent à environ 600 millions de dollars par an, et ce réseau compte sur environ 200 millions de dollars en recettes publicitaires pour épauler ses exploitations. Du côté du réseau de langue française, les coûts de Radio-Canada atteignent environ 400 millions de dollars, avec le recouvrement d’à peu près 100 millions de dollars grâce aux recettes publicitaires. Dans l’ensemble, la publicité représente environ 30 % des revenus nécessaires pour financer l’exploitation des deux réseaux de télévision. 31. Étant donné qu’elle compte beaucoup sur les recettes publicitaires, la SRC/CBC prend des mesures qui sont incompatibles avec son mandat public. En effet, le radiodiffuseur public se met en concurrence directe avec le secteur privé, puisque les décisions relatives à la programmation sont prises en fonction du besoin de maximiser l’auditoire de la télévision afin de produire des recettes publicitaires, plutôt qu’en vue de respecter un objectif bien défini à l’appui de son mandat public. 32. Par exemple, la SRC/CBC concurrence directement avec les radiodiffuseurs du secteur privé pour obtenir le droit de diffuser des émissions très courues, faisant ainsi augmenter, pour tous les intéressés, le coût d’acquérir ces émissions. En 2003, le CRTC autorisait la SRC/CBC à diffuser des superproductions de Hollywood pendant les heures de grande écoute, toujours dans le but de générer des sommes supplémentaires par le biais de la publicité. Or, la diffusion de ces films n’avance en rien l’objectif de présenter des émissions qui se distinguent des autres et qui augmentent davantage le choix offert par le système. L’ACR ne suggère pas que le mandat de la SRC/CBC devrait exclure les émissions attrayantes qui plaisent, de façon générale, aux téléspectateurs à l’échelle nationale et régionale. L’ACR croit cependant que la SRC/CBC devrait s’abstenir de présenter des émissions qui ne font que copier ce qu’offrent déjà les services de télévision appartenant à des propriétaires privés. 33. Cet effet se multiplie davantage dans les marchés de langue française, étant donné la position fortement concurrentielle qu’occupe la SRC auprès des téléspectateurs francophones. Cela cause un problème non seulement en ce qui concerne l’acquisition d’émissions canadiennes de langue française, mais aussi sur le plan des émissions américaines populaires qui sont doublées en français. La SRC/CBC est prête, et d’ailleurs en mesure, d’offrir un prix plus élevé que le secteur privé pour acquérir les droits à ce genre d’émissions, ce qui soulève des questions quant à savoir si ces activités cadrent avec son mandat public. 34. L’ACR soumet que l’équilibre approprié entre les éléments publics et privés du système de radiodiffusion canadien est faussé en raison du fait que la SRC/CBC bénéficie d’un accès non contrôlé et non limité à la publicité. Cela permet la présence d’un élément de concurrence malsaine pour l’acquisition d’émissions populaires sans tenir compte du mandat du radiodiffuseur public, et perturbe en même temps tout le marché de la publicité au détriment du secteur de la télévision en général. 6 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 35. Vu l’importance que revêt cette question, l’ACR estime qu’il incombe au gouvernement d’examiner de plus près la mesure dans laquelle les services de télévision d’intérêt général de la SRC/CBC continuent à avoir recours aux recettes publicitaires. Le gouvernement devrait évaluer tout particulièrement combien les activités commerciales de la SRC/CBC se répercutent sur sa capacité de s’acquitter convenablement de son mandat public, ainsi que sur la santé à long terme de la télévision d’intérêt général dans le secteur privé. L’ACR soumet qu’on devrait avoir comme objectif final de trouver des moyens de réduire la mesure dans laquelle la SRC/CBC comptera sur les recettes publicitaires à l’avenir. La prestation du service régional et local 36. La Loi sur la radiodiffusion stipule que la SRC/CBC doit refléter le Canada et ses régions aux auditoires à l’échelle nationale et régionale, tout en veillant à répondre aux besoins spécifiques des diverses régions du pays. De l’avis de l’ACR, il est important que la SRC/CBC tire davantage de sa programmation des stations qu’elle possède et exploite dans les régions, dans le cadre de ses services nationaux, afin de réaliser cet objectif. Cela aidera également la SRC/CBC à « contribuer au partage d’une conscience et d’une identité nationales ». 37. En ce qui concerne la prestation du service local, nous indiquons plus haut combien les services radiophoniques de la SRC/CBC réussissent à fournir un service non commercial qui soit pertinent pour les publics visés, se distingue des autres et qui se fait le complément du service local assuré par la radio privée. 38. Pour ce qui est du service de télévision locale de la SRC/CBC, l’ACR note qu’au cours des dix dernières années, la SRC/CBC a connu des difficultés à déterminer le niveau et le genre de programmation locale à offrir à travers le Canada. Cependant, cela n’a pas empêché la majorité des Canadiens touchés d’écouter des émissions de nouvelles et d’informations locales, grâce à la présence de télédiffuseurs locaux privés dans la plupart, voire même la totalité, de ces marchés. 39. Par conséquent, l’ACR soumet qu’on devrait laisser le soin de présenter la programmation d’intérêt purement local, notamment les émissions de nouvelles et d’informations locales, aux télédiffuseurs privés qui exploitent leurs entreprises dans les marchés locaux, vu les liens qu’ils ont établis depuis longtemps avec les localités qu’ils desservent. Ainsi, la SRC/CBC pourrait se concentrer sur son rôle en tant que radiodiffuseur national tout en offrant également un choix solide de programmation régionale à l’image de toutes les régions du Canada. 40. Même si l’ACR est d’avis qu’on devrait laisser le soin de présenter les émissions de nouvelles et d’informations locales aux télédiffuseurs privés qui exploitent leurs entreprises dans les marchés locaux, elle tient à souligner que cette catégorie comprend les radiodiffuseurs privés qui sont affiliés aux réseaux de la SRC/CBC. Par conséquent, la SRC/CBC et ses partenaires actuels qui sont des affiliées privées devraient veiller à ce que ces stations continuent à fournir de la programmation locale en plus des émissions provenant des réseaux. 41. De plus, si la SRC/CBC se retirait de la programmation à caractère purement local, il serait logique qu’elle cesse de solliciter et de vendre de la publicité locale, laquelle ne représente de toute façon qu’une petite part du total de ses recettes publicitaires. Sous réserve de l’examen de 7 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 ses pratiques commerciales dont il est question plus haut, cette mesure limiterait les activités commerciales de la SRC/CBC à la publicité nationale. Les plates-formes de médias numériques 42. Ce mémoire s’articule autour des services de radio et de télévision de base qui sont assurés par la SRC/CBC, vu que ce sont ces services auxquels tous les habitants du Canada ont pour ainsi dire un accès universel. 43. Bien entendu, la SRC/CBC s’est mise à exploiter plusieurs autres plates-formes de diffusion au cours des années et en exploite encore plus depuis quelque temps. Ayant commencé d’abord par des services de télévision spécialisée et des services sonores à la carte, aujourd’hui elle exploite des nouvelles plates-formes numériques, comme la radio par satellite et plusieurs sites Internet. 44. Étant donné ses intérêts dans ces autres plates-formes et la réalité que le gouvernement ne dispose pas d’une quantité illimitée de ressources, la SRC/CBC doit faire en sorte que sa présence sur ces plates-formes ne porte pas atteinte à ses services de radiodiffusion de base, lesquels sont ses principaux moyens de s’acquitter de son mandat. 45. Nous signalons également certaines préoccupations demeurent concernant les pratiques commerciales de la SRC/CBC en ce qui a trait aux plates-formes de médias numériques, à l’incidence de ces pratiques sur le secteur privé et à la quantité de renseignements que la SRC/CBC devrait être tenue de divulguer au sujet de ses exploitations dans le domaine des médias numériques. 46. Par exemple, l’autorisation du contenu de nouvelles représente une source de revenu importante pour les sites Web du secteur de la radiodiffusion privée. Or, la SRC/CBC adoptait récemment la pratique de fournir ce contenu gratuitement à d’autres sites Web3. L’ACR est au courant du fait qu’en plus de fournir ce contenu gratuitement, la SRC/CBC permet à certains de ses partenaires, dont Yahoo.ca et Sympatico.MSN.ca, de vendre de la publicité associée à ce contenu et de garder tous les revenus qui en découlent. Cette pratique porte gravement atteinte à la capacité du secteur privé de fournir son contenu sous licence à d’autres sites Web. Le mieux qu’on puisse dire c’est qu’elle entraîne une baisse artificielle de la valeur de marché du contenu et que le secteur privé a donc plus de difficulté à obtenir un rendement équitable sur ses investissements dans les nouveaux médias. 47. Les éditeurs Web privés doivent également composer avec un désavantage qui leur est causé par la SRC/CBC puisqu’ils doivent concurrencer avec elle pour obtenir des recettes publicitaires provenant directement d’Internet. En juin 2005, la SRC/CBC revenait sur sa décision de réduire la publicité sur ses sites Web et annonçait qu’elle fera passer la publicité de 15 % du contenu total à un maximum de 80 % sur deux ans. Cela met véritablement en péril la viabilité des opérations du secteur privé sur Internet à un moment où les exploitations de nouveaux médias font face à défis financiers de taille. 3 Rapport annuel de la SRC/CBC pour 2002-2003, à la page 39. La SRC/CBC fournit du contenu sur les nouvelles, les arts et les sports à au-delà de 30 partenaires, y compris Yahoo.ca, AOL Canada et Sympatico-MSN, par le biais de son programme « Partenariats conclus par les Nouveaux Médias ». 8 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 48. La SRC/CBC bénéficie de l’avantage de l’appui financier du gouvernement canadien pour investir dans des exploitations de nouveaux médias. En 2001, cette aide financière s’établissait à 17,1 millions de dollars4. En 2002, la SRC/CBC augmentait le financement des nouveaux médias de 3 millions de dollars tirés de la somme supplémentaire de 60 millions de dollars qui lui est accordée par le gouvernement fédéral5. En 2003, elle y ajoutait 1,5 million de dollars, toujours en faisant appel à sa somme supplémentaire de 60 millions de dollars pour cette année-là6. Ces augmentations porteraient son budget annuel pour les nouveaux médias à environ au-delà de 22,5 millions de dollars, soit plus que le double des budgets d’exploitation combinés pour ses canaux spécialisés, Country Canada et Galaxie. 49. Pour des raisons qu’on ignore, la SRC/CBC n’a ni publié ni révélé son budget pour les nouveaux médias dans son rapport annuel ou dans d’autres documents depuis 2003. Toutefois, dans un article paru dans le quotidien Globe and Mail le 19 juin 2006, on cite Sue Gardner, directrice principale de CBC.ca, qui a dit [Traduction] « Nous avons 160 personnes affectées au site Web. » 50. L’ACR est d’avis que la SRC/CBC devrait rendre publiques ses dépenses sur les nouveaux médias et d’autres plates-formes numériques en conformité avec les exigences visant les rapports financiers améliorés que nous signalons plus haut. Conclusion 51. Le CRTC compte tenir une audience publique en 2008 pour étudier les demandes de renouvellement de licence des divers services de radiodiffusion autorisés de la SRC/CBC. Il conviendrait que le gouvernement fasse, avant la tenue de cette audience, un examen consciencieux des meilleurs moyens permettant au radiodiffuseur public de s’acquitter de son mandat public de sorte qu’il demeure pertinent à l’avenir et qu’il soit en mesure d’offrir un service qui se distingue des autres et qui se fait le complément du rôle du secteur de la radiodiffusion privée. 52. Selon l’ACR, l’enquête qu’effectue actuellement le Comité permanent constitue une première étape for utile de cet exercice. Ayant invité le public et d’autres parties prenantes à lui communiquer leurs points de vue, le Comité permanent sera en mesure de déceler les enjeux qu’il faudra examiner de plus près ou pour lesquels il y aura lieu de demander des précisions, ce qui établira une base solide pour un examen davantage exhaustif. 53. Dans ce mémoire, l’ACR présente un aperçu de certaines des principales préoccupations des radiodiffuseurs privés quant à la façon dont la SRC/CBC interprète et exécute son mandat. L’ACR propose donc les recommandations qui suivent à la lumière de ces préoccupations : • La SRC/CBC devrait être tenue de rapporter publiquement des renseignements financiers détaillés sur les réseaux qu’elle possède et exploite, ses services spécialisés et de radio individuels, et ses plates-formes de médias numériques, plutôt que les renseignements Rapport annuel de la SRC/CBC pour 2000-2001, à la page 8. Rapport annuel de la SRC/CBC pour 2001-2002, à la page 50. 6 Rapport annuel de la SRC/CBC pour 2002-2003, à la page 88. 4 5 9 UNE ENQUÊTE APPROFONDIE DU RÔLE D’UN DIFFUSEUR PUBLIC AU XXIE SIÈCLE : Mémoire de l’ACR – le 23 mars 2007 largement agrégés qu’elle verse actuellement au dossier public. Le détail devrait correspondre au moins à celui exigé des services canadiens de télévision spécialisée dont les frais d’abonnement sont réglementés, ou dont la programmation est diffusée par le service de base des câblodistributeurs et des SRD. 54. • Le gouvernement devrait examiner de plus près combien les services de télévision d’intérêt général de la SRC/CBC ont recours aux recettes publicitaires. Il devrait évaluer tout particulièrement la mesure dans laquelle les activités commerciales de la SRC/CBC se répercutent sur sa capacité de s’acquitter convenablement de son mandat public. L’ACR soumet qu’on devrait avoir comme objectif final de trouver des moyens de réduire la mesure dans laquelle la SRC/CBC comptera sur les recettes publicitaires à l’avenir. • On devrait laisser le soin de présenter la programmation d’intérêt purement local, notamment les émissions de nouvelles et d’informations locales, aux télédiffuseurs privés et aux affiliées privées de la SRC/CBC qui exploitent leurs entreprises dans les marchés locaux, vu les liens qu’ils ont établis depuis longtemps avec les localités qu’ils desservent. Ainsi, la SRC/CBC pourrait se concentrer sur son rôle en tant que radiodiffuseur national tout en offrant également un choix solide de programmation régionale à l’image de toutes les régions du Canada. Cette mesure devrait également s’accompagner de l’abandon, par la SRC/CBC, de la vente de publicité locale par le biais des stations qu’elle possède et exploite. • Malgré ses intérêts dans les nouvelles plates-formes de diffusion comme Internet, la SRC/CBC doit s’assurer de se concentrer, ainsi que ses ressources, sur ses services de radiodiffusion de base à titre des principaux moyens de s’acquitter de son mandat. De plus, la SRC/CBC devrait rendre publiques ses dépenses sur les nouveaux médias et d’autres plates-formes numériques. L’ACR remercie le Comité permanent de lui avoir donné l’occasion de lui faire part de ses observations. ***Fin du document*** 10 Utilisation des technologies d’information par les Canadiens 1996 100% 2006 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% l ue l e ue ta te ue re D D pe ta io -to VD VD iq ss riq lli C C ai iq d é D D te co e ér e e te a -to st ul i t l t s m a e e d i e d l R v m o d ll d r r ne nu rs ce te ét te nu om eu ur eu ur er epa au sa ne gn ct te rd lit av pe ve nt h a o I l c o r e e/ a u i o l e r L M G c et te Le ph at G ad âb os lé rn R /s na rc ét te le di Té a n r n b I p â O ag rc M TV pa TV TV Sources : Statistique Canada; Communications Managements Inc.; donnÈes de l’industrie (Tableau ES1 ‡ la page 2 de Technology and broadcasting : Implications for public policy, 1er septembre 2006, prÈparÈ ‡ l’intention de CanWest Media Works Inc. et CHUM limitÈe. Ce graphique tient aussi compte du pourcentage rÈvisÈ en 1996 des foyers abonnÈs au c‚ble/satellite, d’environ 60 % ‡ 74 % : tableau 7 (rÈvisÈ), 17 novembre 2006. 1 Écoute des services de langue anglaise – 1996 Viewing to English Services 1996 CNN PBS A+E TLC TNN NBC CTV US Independents CBS ABC PROV Vision Global Weather YTV TSN TMN Superchannel CBC Newsworld MuchMusic Cdn Independents Source: BBM Data 2+; Nov. /96 Viewing: 6am – 2pm Graphics: Keeble Consulting 1 Écoute des services de langue française – 1996 Viewing to French Services 1996 Famille Meteo RDI RDS SuperEcran MusiquePlus TV5 TQS TVA RQ SRC Source: BBM Data 2+; Nov. /96 Viewing: 6am – 2pm Graphics: Keeble Consulting 2 Écoute des services de langue anglaise – 2005-06 Viewing to English Services 2005-6 CNN Headline TLC Consumer News Speed TBS Spike Golf A&E Family CTV BET CNN Other US NBC CBS Global ABC PBS FOX TMN CBC Superchannel MoviePix Toronto One Omni One and Two All Diginets CH YTV W CITY Vision Other Conventional TSN Treehouse Weather A Channel Bravo Family Comedy Net Newsworld CMT CTV Newsnet teletoon Star Discovery SportsNet Score Space Showcase Source: Nielsen 2+; Sept./05-May/06 Viewing: 24 Hour ROB TV Prime Life Outdoor Life MuchMusic MuchMoreMusic Other Cdn .Spec Food HGTV History Graphics: Keeble Consulting 3 Écoute des services de langue française – 2005-06 Viewing to French Services 2005-6 TVOF VRAK Z Super Ecran TV5 Teletoon Series Plus Musique Plus MusiMax Meteo RDI RDS TVA Historia Evasion Canal Vie LCN CANAL D ARTV TQ SRC TQS Source: Nielsen 2+; Sept./05-May/06 Viewing: 24 Hour Graphics: Keeble Consulting 4