House of Commons Debates / Débats de la Chambre des
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House of Commons Debates / Débats de la Chambre des
DÉBATS DES COMMUNES 18 mars 1870 HOUSE OF COMMONS Friday, March 18, 1870 The Speaker took the chair at 3:35 p.m. CORRECTION 501 CHAMBRE DES COMMUNES Le vendredi 18 mars 1870 L'Orateur ouvre la séance à 3 h 35. RECTIFICATION Hon. Mr. Huntington begged to correct the summary of the debate given in one of the city morning papers, in which he was represented as admitting, that if the Commercial policy he advocated was adopted, the British Empire could not be maintained. What he did say was that the prosperity and progress of the Colonies consequent upon such a policy would tend to preserve and consolidate the Empire. L'honorable M. Huntington demande qu'on corrige le résumé du débat donné dans un des journaux locaux du matin et selon lequel il reconnaît que si on adopte la politique qu'il préconise en matière commerciale, on ne pourra maintenir l'Empire britannique. En réalité, il a déclaré que la prospérité et le progrès des colonies résultant de cette politique tendraient à préserver et à consolider l'Empire. PRINTING COMMITTEE REPORT RAPPORT DU COMITÉ DES IMPRESSIONS The Printing Committee's report recommended the printing of certain documents laid before the House. Le rapport du Comité des impressions recommande l'impression de certains documents présentés à la Chambre. CREDIT FONCIER CRÉDIT FONCIER Mr. Dufresne introduced the Bill intituled: "An Act to facilitate the formation of Institutions of Landed Credit (Crédit foncier) ". M. Dufresne dépose un projet de loi intitulé: «Acte pour faciliter la création d'institutions de Crédit foncier». PUBLISHING DEBATES PUBLICATION DES DÉBATS adoption of the report of the Printing Committee, recommending that the tender by Mr. Cotton for the printing and publishing of the debates in French and English, which would be done at a cost of $10,000 for 2,000 copies in English and 1,000 in French, 1,000 of the one and 500 of the other being distributed daily, and the remainder delivered bound at the end of the Session. L'honorable Dr Tupper propose l'adoption du raport du Comité des impressions qui recommande de retenir la soumission de M. Cotton concernant l'impression et la publication des débats en anglais et en français. L'édition et la publication de 2,000 exemplaires en anglais et de 1,000 exemplaires en français dont 1,000 des uns et 500 des autres seront distribués quotidiennement et le reste, relié et disponible à la fin de la session, entraîneraient des dépenses de l'ordre de $10,000. Mr. Cameron (Huron) objected to the motion as being out of order. He intended to oppose the report altogether. M. Cameron (Huron) s'oppose à la motion qu'il considère irrecevable et a l'intention de contester l'ensemble du rapport. After a few words from the Hon. Sir George-É. Cartier, the motion was withdrawn. Après quelques mots prononcés par l'honorable sir George-É. Cartier, la motion est retirée. PAYMENTS TO BANK OF MONTREAL PAIEMENTS VERSÉS A LA BANQUE DE MONTREAL Mr. Young moved that the returns and payments to the Bank of Montreal be referred to the Public Accounts Committee. M. Young demande que les relevés bancaires et les versements destinés à la Banque de Montréal soient renvoyés au Comité des comptes publics. Hon. Dr. Tupper asked leave to move for the NAVIGABLE STREAMS COURS D'EAU NAVIGABLES Mr. Cartwright introduced a Bill intituled: "An Act for the better protection of navigable streams and rivers." M. Cartwright présente un projet de loi intitulé: Acte pour mieux protéger les cours d'eau et rivières navigables». 502 COMMONS DEBATES March 18, 1870 SUPREME COURT BILL PROJET DE LOI CONCERNANT LA COUR SUPRÊME Hon. Sir John A. Macdonald introduced a Bill intituled: "An Act to establish a Supreme Court for Canada." He said the measure submitted to Parliament last session, was rather more for the purpose of suggestion and consideration, than for a final measure which Government hoped to become law, but had been carefully revised, the suggestions and criticisms of the different benches in the Dominion having been carefully considered. He might mention that some early copies of the measure had been distributed quite irregularly, and he would warn hon. gentlemen who might have got any of these copies, that they were defective in many respects. The chief object of the measure was the establishment of a Court of Error and Appeal for the whole Dominion, from Provincial Courts, under power conferred upon this Parliament by the 104th clause of the British North America Act. He did not propose to discuss the measure until it was in the hands of members, but he would briefly explain its provisions. The Court is to be composed of a Chief Justice and six Judges. As to the number of the Bench, a good deal of dif ference of opinion might fairly arise. The amount of business thrown upon the Court at first, could not be expected to be very large, and it might, perhaps, be held that seven Judges was too large a Bench. At any rate that was a fair subject for discussion by the House. One of the reasons for fixing the number at seven, was, that it would be the Court of Appeal for the whole Dominion; not merely for the four Provinces now in the Dominion, but also for those other British North American Provinces which we may confidently hope within a short time to be embraced within our bounds. It was of great importance that this Court should have the confidence of the people and the profession in all the Provinces. And while it would be impossible and unwise that there should be a cast iron rule, by which every Province should be represented upon the Bench, yet it was expedient, and greatly conducive to the popularity of the Court, and to its usefulness, to have as far as possible, the different Bars in the different Provinces represented upon the bench. Then again, in Ontario, where the system of Courts involved a separation of equity and common law, it might be considered of great importance, if not of absolute necessity, that the Bars of equity and common law should both be represented upon the Bench of the Supreme Court. Then in the Province of Quebec, there were two different systems of law, the French law in civil cases, and the criminal law, which was based upon English criminal law. The commercial law of that Prov- L'honorable sir John A. Macdonald présente un projet de loi intitulé: «Acte pour établir une Cour suprême pour la Puissance du Canada». Il déclare que le projet de Loi présenté au Parlement à la dernière session était beaucoup plus une proposition et un sujet d'étude qu'on projet de loi définitif dont l'adoption était souhaitée par le Gouvernement. On l'a minutieusement modifié en tenant compte des propositions et des critiques apportées par les différents tribunaux de la Puis sance. Il signale qu'on a distribué certains exemplaires primitifs du projet de loi d'une façon irrégulière et il informe ses collègues qui pourraient en posséder un que ceux-ci comportent des lacunes sous plusieurs rapports. Le but principal dudit projet de loi est d'établir, en vertu du pouvoir conféré au Parlement par l'article 104 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, une cour de cassation et d'appel pour toute la Puissance où non pourrait contester les décisions des cours provinciales. Il n'envisage pas de discuter du projet de loi avant qu'il soit entre les mains des membres du Parlement, mais il explique brièvement les dispositions qu'il contient. La cour se composera du président de la Cour suprême et de six juges. Quant à ce nombre, il peut facilement donner naissance à de nombreuses divergences d'opinions. Au début, on ne peut s'attendre à ce que la charge de travail incombant à cette cour soit très lourde et on peut prévoir que certains soutiendront qu'il est exagéré d'y nommer sept juges. De toute façon, il y a lieu d'en discuter au Parlement. On a fixé à sept le nombre de juges car ce tribunal sera une Cour d'appel pour tout la Puissance; non seulement pour les quatre provinces qui en font partie actuellement, mais aussi pour les autres provinces britanniques de l'Amérique du Nord que le Gouvernement, il en est confiant, va sous peu amener à faire partie de la Confédération. Il est primordial que dans toutes les provinces cette pour jouisse de la confiance des membres de la profession juridique et de tous. Tandis qu'il serait impossible et peu avisé qu'il y ait une règle impérative exigeant que chaque province soit représentée au tribunal, il serait néanmoins avantageux que, dans la mesure du possible, le barreau de chaque province y soit représenté. Cela contribuerait grandement à la popularité de la cour ainsi qu'à son utilité. De plus, en Ontario, où le système judiciaire établit une distinction entre common law et equity, on peut considérer de première importance, sinon d'une absolue nécessité, que les tribunaux compétents en ces matières soient représentés à la Cour suprême. Dans la province de Québec, il y a deux systèmes de droit: le droit [Mr. Cartwright—M. Cartwright.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES ince was also assimilated in its principles to the commercial law of England. So that there were two distinct sources of law in the Province of Quebec. The law of the Provinces of Nova Scotia and New Brunswick, like the law of Ontario, was based on the common law of England. In New Brunswick there was a complete union of law and equity, and almost complete union in Nova Scotia. It was, however, a matter for the calm and full consideration of the House and country, whether it should be so large as the Bill provided. The principal object of course being to establish a Court of final appeal from the various Provincial Courts of Appeal, the clauses connected with that branch of the subject were given in full length. With respect to the original jurisdiction of this Court, the Bill as introduced last session included a great number of subjects which on full consideration it was found wise to omit, and confine the original jurisdiction to the causes in which the Crown is party, such as revenue causes, causes connected with the Post Offices and other great public departments, administered after the same fashion as causes between the Crown and the people are conducted in Courts of Exchequer in England. There were two clauses in the Bill respecting constitutional questions, which he read, and which were to the effect that the Court should not have the power of vetoing any Act of the Legislatures, but that the Crown might ask the opinion of the Court on any disputed point, which opinion, however, was to have no legal effect. In the public press and public mind generally, there had been an idea that one of the chief functions of this Court was to try the constitutionality of the Acts of the different Provincial Legislatures and of the Parliament of the Dominion. That idea was ex necessitate to a great extent erroneous. Under the Act of Union we had no power to confer any such authority or jurisdiction upon the Supreme Court. And if it be found advisable at any time that such a power be conferred as is conferred by the constitution of the United States upon the Supreme Court of that country, that power could only be given by the Imperial Parliament. The only mode in which the constitutionality of any Act of the Provincial Legislature could be brought before a tribunal in Canada, or any of the tribunals in any of the Provinces, would be for persons interested in a suit between parties in a matter founded upon the Act, to resist the execution of the law on the ground that it was unconstitutional, and therefore he was not bound by it; and then the question would come legitimately before the Supreme Court as a Court of Appeal. But there was no mode under the Union Act of conferring original jurisdiction in such matters upon this Court. Therefore, in this Bill, all those 503 pénal anglais et le droit civil français. Le droit commercial de cette province est aussi comparable, dans ses principes, au droit commercial anglais. C'est ainsi que dans la province de Québec, le droit provient de deux sources différentes. Tout comme le droit ontarien celui de la Nouvelle-Écosse et celui du Nouveau-Brunswick se fondent sur le common law anglais. Au Nouveau-Brunswick, on a effectué une union complète entre le droit et l'équity et en Nouvelle-Écosse, l'union est presque complète. Néanmoins, il incombe à la Chambre et au pays d'étudier globalement et dans le calme si ce tribunal doit avoir l'importance prévue dans le projet de loi. Le but principal étant évidemment d'établir une cour de dernière instance, recours ultime après les différentes cours d'appel provinciales; on a remis en entier aux membres du Parlement les articles reliés à cette question. En ce qui concerne la compétence première de ce tribunal, le projet de loi, tel que présenté à la dernière session, comprenait un grand nombre de question qu'après étude on a jugé sage d'omettre. On a aussi cru bon de limiter cette juridiction aux causes où la Couronne est partie comme c'est le cas pour les causes fiscales, celles qui ont trait aux Bureaux de poste et aux autres services publics importants. Ces procès sont instruits selon la même procédure que celle utilisée en Angleterre à la Cour de l'Échiquier pour les questions mettant en cause la Couronne et le peuple. Le projet de loi comporte deux articles portant sur des questions d'ordre constitutionnel. Il lit ces articles qui stipulent que la cour n'a pas de droit de veto sur aucune loi émanant des assemblées législatives, mais que la Couronne peut demander son avis sur tous les points discutés. Cet avis, cependant, n'a aucune valeur légale. La presse et le public en général croyaient qu'une des premières fonctions de cette cour était de contrôler la constitutionnalité des lois adoptées par les différentes législatures provinciales et par le Parlement de la Puissance. Cette idée, dans les circonstances, est en grande partie erronée. En vertu de l'Acte d'Union, nous n'avons pas la compétence de conférer à la Cour suprême une telle autorité ou juridiction. Si un jour, on juge opportun de doter la Cour suprême de cette compétence, comme les ÉtatsUnis l'ont fait pour leur Cour suprême, la responsabilité en incombera au seul Parlement impérial. Il n'y a qu'une seule façon de contester devant une cour fédérale ou devant un tribunal provincial, la constitutionnalité d'une loi provenant d'une législature provinciale; les personnes qui désirent intenter des poursuites judiciaires dans une affaire ayant trait à cette loi doivent s'opposer à son application en faisant valoir qu'elle est anticonstitutionnelle et par conséquent non contraignante. A ce moment-là, la question ressortirait légalement 504 COMMONS DEBATES powers which were inserted in the Act, as printed last session, have been omitted. The two clauses which he had read to the House enable the Governor General in Council to send before the Court any special case, analogous to the practice that prevails in England, when the Crown can at any time invite not only the opinion of the judges, but also of the Judicial Committee of the Privy Council on any special case, for the information of the Crown. The judges or the Judicial Committee grant a certificate containing their opinion upon the points submitted to them, but such a certificate would not have the effect of a judgment. It would only be the opinion of the Court for the information of the Crown, leaving to the Crown the responsibility to act upon it or disregard it. The certificate of the court would have a moral effect, though not a legal effect, upon the Provincial Courts and upon the whole community, because the Court, being a Court of Appeal, the same point could be referred to them as a last resort, and their opinion would not be likely to change, though, of course, they would not be bound to their original opinion, if after hearing the arguments in the case, and upon more mature deliberation, they saw fit to change or modify it. He would not trouble the House with any remarks as to the machinery by which it was proposed to carry out the provisions of the Bill. There was the simple ready system of summary appeal, which he thought ought to be encouraged as much as possible. Still the old form of a writ of error and appeal was maintained, because it was well known in the practice of all the Provinces, and it would not be well to sweep it away suddenly. It would be impossible to do so without interfering with the practice in the Provinces. But all the professional gentlemen who heard him would agree with him that the general current of authority was to do away with everything of that kind—to do away with the almost obsolete system of a writ of error, and versions of other old writs which were calculated rather to impede than assist justice; and to encourage, as much as possible, a system of ready, summary and inexpensive appeals from the lower Courts to the higher. The provision of the Bill, although it was omitted in the copies that had irregularly got out, was that the Provincial appeal should be exhausted before there could be an appeal to this Court. In other words, that there should be no appeal to this Court from any Court of original jurisdiction in the Provinces till the case had gone through the regular process from the Court of original jurisdiction to all the different Courts of Appeal in the Provinces: so that the appeal should only be from the final Court of Appeal in the Provinces, except by the consent of the parties, in which case there would be no objec[Hon. Sir John A. Macdonald — L'hon. sir John A. Macdonald.] March 18, 1870 à la Cour suprême en sa qualité de cour d'appel. L'Acte d'Union ne confère nullement à cette cour une juridiction de première instance dans des causes de ce genre. En conséquence, on a supprimé du présent projet de loi tous les pouvoirs introduits dans le texte de loi imprimé lors de la dernière session. Les deux articles qu'il a lus à la Chambre habilitent, selon la coutume britannique, le Gouverneur général en Conseil à envoyer devant la cour n'importe quelle cause spéciale. La Couronne peut, pour sa gouverne, solliciter à tout moment non seulement l'opinion des juges mais aussi celle des membres de la section judiciaire du Conseil privé sur n'importe quelle cause spéciale. Les juges ou les membres de la section judiciaire donnent leur opinion sur les points soumis à leur examen. Mais, ce n'est pas là un jugement; il ne s'agit que de l'avis de la cour, pour la gouverne de la Couronne, et c'est à cette dernière qu'incombe la responsabilité d'y donner suite ou de n'en pas tenir compte. Cette opinion influence moralement mais non légalement les cours provinciales et toute la collectivité, parce que cette cour étant un tribunal d'appel, on peut en dernier ressort lui référer de nouveau la question. Vraisemblablement, son opinion ne changerait pas; évidemment elle pourrait modifier ses conclusions, le cas échéant, après avoir entendu les arguments et après de plus amples délibérations. Il n'ennuiera pas la Chambre avec des remarques sur les mécanismes d'application de la nouvelle loi. Le système d'appel sommaire, simple et disponible devrait être prôné dans la mesure du possible. Cependant, on maintient l'ancienne formule de recours pour cause d'erreur et pour cause d'appel. Il ne serait pas convenable de supprimer cette formule bien connue de toutes les provinces et il serait impossible de le faire sans s'immiscer dans les affaires provinciales. Mais tous ces messieurs qui exercent une profession libérale et qui l'entendent, sont sûrement d'accord pour dire que la tendance générale est de supprimer ce genre de choses c'est-à-dire de se débarasser du système presque désuet de recours pour erreur ainsi que des interprétations d'autres vieilles ordonnances qui entravent plutôt que favorisent la justice, et de prôner le plus possible, pour les tribunaux de première instance, un système d'appels immédiats, sommaires et peu coûteux à une cour qui leur est supérieure. Les dispositions du projet de loi, non indiquées sur les exemplaires distribués irrégulièrement, stipulent qu'on doit épuiser les appels devant les cours provinciales avant d'aller devant la Cour suprême. En d'autres mots, on ne peut en appeler devant cette cour d'une décision d'un tribunal provincial de première instance avant que la cause ait suivi le processus régulier, c'est-àdire qu'elle ait été entendue devant la cour de 18 mars 1870 505 DÉBATS DES COMMUNES tion to bring the case directly from the Court of original jurisdiction to the Supreme Court. With these remarks he would move the first reading of the Bill. juridiction de première instance et devant les différentes Cours d'appels provinciales. Ainsi l'appel ne doit provenir que de la dernière Cour d'appel de la province exception faite des cas où les deux parties consentent à passer outre à cette disposition. Il n'y a alors aucune objection à ce que la contestation devant la Cour suprême provienne directement de la cour de juridiction de première instance. Après ces remarques, il propose qu'on passe à la première lecture du projet de loi. Mr. Blake said it was by no means his intention to enter into a discussion of the particular measure which had been introduced. He merely rose for the purpose of expressing the satisfaction with which he had heard from the hon. gentleman that it was not the intention to propose to the House to sanction the establishment of a Court for original jurisdiction in a great many of the various matters in which it was proposed last Session by the Bill then introduced. He apprehended it to be perfectly clear, however questionable some of the powers proposed to be conferred upon the Court by the amended Bill might be, that as to some of the subject matters of jurisdiction it was beyond the power of that Parliament to have conferred upon the Court powers which they had not the power to do. He thought it would be a very unseemly thing to do so. It was the very last place in which they should overstep the bounds of their authority. It would be impossible to discuss the Bill at the present time. If he rightly understood the statement of the Minister of Justice with reference to the Supreme Court of the United States, there was some misunderstanding in the matter. If he rightly understood it, that Court had not the power to determine, except upon a case properly brought before it, between parties in which the question of right came up on the constitutionality or non-constitutionality of an Act of the Legislature. M. Blake déclare qu'il n'a aucunement l'intention de traiter du projet de loi déposé devant la Chambre. Il prend seulement la parole pour dire avec quelle satisfaction il a entendu son honorable collègue déclarer qu'il n'avait pas l'intention de proposer à la Chambre de ratifier le projet d'établissement d'un tribunal de première instance selon toutes les modalités proposées à la dernière session dans le projet de loi présenté alors. Il est parfaitement clair dans son esprit, quoique certaines idées soient discutables, que certains des pouvoirs que l'on projette de conférer à la cour par le biais du projet de loi modifié peuvent toucher certaines questions de juridiction que le Parlement n'a pas le pouvoir de donner à la Cour suprême. Il est très peu convenable d'agir de la sorte et la Cour suprême est le dernier endroit où le Parlement doit outrepasser son autorité. Il est pour le moment impossible de discuter du projet de loi. S'il comprend bien l'affirmation du ministre de la Justice, dans laquelle il est fait mention de la Cour suprême des États-Unis, il y a un malentendu sur les causes où la constitutionnalité d'une loi est contestée et qui sont légitimement amenées devant elle. Hon. Sir George-É. Cartier said, if the Supreme Court gave its opinion, that an Act is against the constitution, that decision is final in any case afterwards, and that Act cannot be invoked as law in any part of the union afterwards. L'honorable sir George É. Cartier déclare que si la Cour suprême stipule qu'une loi est anticonstitutionnelle, cette décision est finale et valable pour toutes les causes ultérieures; par la suite, on ne peut plus se prévaloir de cette loi au Canada. Hon. Mr. Cameron asked whether there was any provision with regard to the veto power by the Dominion Government upon Acts of Local Legislature, exactly in the same way as in cases laid before the Judicial Committee of the Privy Council. He had been in England respecting the Act relating to the Synod of the Diocese of Toronto, to which the Crown off icers had determined to refuse assent, when it was referred to the Privy Council, as to whether they should advise the Crown to assent to L'honorable M. Cameron demande si le projet de loi comporte des dispositions relatives au droit de veto du Gouvernement de la Puissance sur les lois de la législature provinciale comme dans le cas des causes soumises à la section judiciaire du Conseil privé. Il est allé en Angleterre discuter de la loi ayant trait au Synode du diocèse de Toronto. Les représentants de la Couronne ont décidé de refuser leur assentiment à cette loi et on l'a référée au Conseil privé pour savoir si on devait recom- - 506 COMMONS DEBATES March 18, 18'0 the appeal or not. They advised that it should be assented to, though this was against the opinion of the Crown officers. There was no reason why it should not be the same here. There was no provision in the Bill by which the Local Legislatures or Local Government could submit a case to the Supreme Court without the consent of the Dominion Government, and he did not see why there should not be such provisions, unless there were strong reasons against it. The Dominion Government might not desire to have such a case submitted, and by long delays could prevent its submission. mander à la Couronne de l'approuver. Celui-ci a donné son approbation même si cette recommandation était contraire à l'opinion des représentants de la Couronne. Il n'y a aucune raison pour qu'on ne procède pas de la même façon ici. Aucune disposition dans le projet de loi ne permet aux législatures ou aux gouvernements provinciaux de soumettre une cause à la Cour suprême sans l'assentiment du Gouvernement de la Puissance. Il ne comprend pas pourquoi le projet de loi ne comporterait pas de dispositions en ce sens; peut-être y a-t-il de sérieuses raisons pour s'y opposer. Il se peut que le Gouvernement de la Puissance ne désire pas que de telles causes soient soumises à la Cour suprême et que par de longs délais, il y fasse obstacle. Hon. Sir John A. Macdonald said the veto power was conferred upon the Crown, and the Crown must be governed, or ought to be governed, by the same reasons that govern the Crown in England. The Court has no power of stating authoritatively to the Crown that a Bill should be allowed or disallowed. The Crown may in this country either allow or disallow a Bill of its own accord, or can refer any question of law to the Imperial Court and upon their certificate—which would be a document or instrument analagous in all respects to the certificate of the judicial committee of the Privy Council—the Crown will be guided in acting upon it. L'honorable sir John A. Macdonald déclare que la Couronne a un droit de veto et qu'elle doit ou devrait se laisser guider par les mêmes règles que celles de la Couronne d'Angleterre. La cour n'a pas le pouvoir d'ordonner à la Courronne d'approuver ou de désapprouver un projet de loi. Au Canada, la Couronne peut approuver ou désapprouver un projet de loi de son propre chef ou référer toute question de loi à la Cour impériale. Elle se guide, pour prendre position sur le projet de loi, sur le jugement rendu par les membres de cette cour et produit un document ou un instrument identique en tout point à celui délivré par la section judiciaire du Conseil privé. Mr. Blake inquired if the Supreme Court would decide only questions as to the constitutionality of Provincial Acts, or would it extend to Acts of the Dominion of Canada. M. Blake demande si la Cour suprême décidera seulement des questions portant sur la constitutionnalité des lois provinciales, ou si elle étendra sa juridiction aux lois de la Puissance du Canada. Hon. Sir John A. Macdonald said as regards Acts passed by the Dominion Parliament, under the system of responsible Government, the Crown must assent to Bills, although there is an older power possessed by the Crown, which has never been formally abdicated, by which it can refuse assent; but this power has, recently, never been exercised and never will be exercised; for it would produce a revolution if the Crown were to veto the deliberate action of the two branches of the Legislature. The power to reject or affirm exists in England, but it has never been exercised. It would be a difficult thing for any responsible Minister to advise the Crown to reject any measure passed by the Lords and Commons. In our colonial existence there is a power reserved to the Governor, under his instructions, which does not exist, even to the Sovereign herself, that is the power of reservation. Here the Governor General, under instructions, can reserve a measure for the consideration of the Crown. It is well understood that as the Sovereign cannot be before us in person, she must exercise her L'honorable sir John A. Macdonald déclare qu'en ce qui concerne les lois adoptées par le Parlement de la Puissance la Couronne doit, en vertu du système de gouvernement responsable, approuver les lois, même si un ancien pouvoir auquel elle n'a jamais renoncé officiellement lui permet de refuser son approbation. Mais depuis quelques années, elle n'a jamais exercé ce pouvoir et n'en usera jamais. Si la Couronne opposait son droit de veto à l'action réfléchie des deux composantes de la législature, elle provoquerait une révolution. Le pouvoir d'écarter ou de ratifier un projet de loi existe en Angleterre, mais il n'a jamais été exercé. Il serait difficile à tout ministre responsable de recommander à la Couronne d'écarter un projet de loi adopté par la Chambre des Lords et par la Chambre des Communes. Dans notre colonie, il existe un pouvoir que la Reine elle-même n'a pas et qui est réservé en vertu des dispositions adoptées par lui, au seul Gouverneur; c'est le droit de réservation des lois des dominions. Ici le Gouverneur général peut réserver un projet de loi à l'examen de la Cou- [Hon. Mr. Cameron—L'hon. M. Came ron.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 507 power by her representatives, and it is quite consistent with our colonial existence for the representative of the Crown to reserve any measure for the consideration of the Crown itself. But, with that single exception, that the Governor General may reserve acts for the consideration of the Crown—the Governor General is bound to act upon the advice of his constitutional advisers, and no constitutional Ministers can advise the rejection of any measure which has received the sanction of the Commons and Senate of Canada. ronne. On comprend très bien que la Reine ne peut être parmi nous, qu'elle doit exercer son pouvoir par l'intermédiaire de ses représentants et qu'il est parfaitement logique que dans la colonie le représentant de la Couronne réserve un projet de loi pour le soumettre à l'étude de la Couronne. Cependant, dans tous les autres cas, le Gouverneur général est tenu de suivre les conseils de ses spécialistes en droit constitutionnel et aucun ministre ne peut recommander le rejet d'un projet de loi qui a reçu la sanction de la Chambre des Communes et du Sénat du Canada. Hon. Mr. Cameron asked whether the Government had had under consideration the question of appeal to England? Whether they intended, when the Supreme Court was established here, to ask for the repeal of the Imperial Statute, by which appeal to England was now made? Whether the judgment of the Supreme Court here was final, or whether a case was still liable to be taken across the Atlantic to the Privy Council? L'honorable M. Cameron demande si le Gouvernement a étudié la question du droit d'en appeler à l'Angleterre. S'il a l'intention, lorsque la Cour suprême sera instituée, de demander l'abrogation de la Loi impériale selon laquelle on en appelle maintenant à l'Angleterre? Si le jugement rendu par la Cour suprême d'ici est final ou si une cause peut encore être soumise à l'attention du Conseil privé de l'autre côté de l'Atlantique? Hon. Sir John A. Macdonald said we had no power to deprive a British subject of the right of going to the foot of the Throne for redress, and he would be sorry to see that power abdicated. It would give great confidence to our own fellow-subjects, coming from the Mother Country to this country, to know in this (to them) a comparatively foreign country, that they would be protected in the last resort by an appeal to the tribunals they know. With every respect to the distinguished men who composed our courts, he thought it was a great advantage to our Provincial Courts to resort to the body of great and good men who compose the Courts of England. He thought it better that the right of appeal to the foot of the Throne should continue; for, so long as that continues, our Courts will be obliged to look up to the decisions of the great Courts of England as an authority, and not merely read, as are the decisions of some great lawyers, or of the United States Courts, and valued simply for their intrinsic merit from the reasons contained in them. He thought this was very important—especially in a country like ours, to have such a means of uniformity of law as to have the decisions of the great Courts of England as our authority. The same practice would be followed in the Supreme Court of the Dominion as in the Privy Council, in regard to expediting cases of appeal, and in preventing harassing and wearying appeals, and delays in unimportant matters. L'honorable sir John A. Macdonald déclare qu'ils n'ont pas le pouvoir de priver un sujet britannique du droit d'aller demander réparation au pied du trône et que lui-même serait désolé de voir ce droit abrogé. Ce recours, c'est-à-dire le fait de savoir que dans ce pays plus ou moins étranger (pour eux) ils sont en dernier ressort protégés par un appel aux tribunaux qu'ils connaissent, donnera grande confiance à nos concitoyens venant de la métropole. Sans porter atteinte au respect dû aux hommes distingués qui composent nos tribunaux, il pense qu'il sera très avantageux pour nos cours provinciales d'avoir recours aux honnêtes et grands hommes des cours d'Angleterre. Il croit préférable de conserver le droit d'appel au trône parce qu'aussi longtemps que ce droit sera préservé, nos cours seront obligées de considérer les décisions des grands tribunaux d'Angleterre comme faisant autorité et ils les apprécieront pour leurs valeurs intrinsèques. Ces décisions ne seront pas tout simplement lues comme le sont celles des grands juristes ou celles des cours des États-Unis. A son avis, il est très important que, spcécialement dans un pays comme le nôtre, les décisions des grandes cours d'Angleterre nous servent d'autorité en ce qui concerne l'uniformisation des lois. On suivra à la Cour suprême la même procédure qu'au Conseil privé pour renvoyer les causes d'appel et éviter les délais dans les affaires ordinaires ainsi que les appels harassants et fastidieux. Mr. Blake inquired if the Bill proposed to provide, that an intermediate stage of appeal shall be necessary; or if a case could be appealed to the ultimate Court at once. M. Blake demande si le projet de loi prévoit un niveau intermédiaire d'appel ou si l'on pourra immédiatement interjeter appel à la cour de dernière instance. 508 COMMONS DEBATES March 18, 1870 Hon. Sir John A. Macdonald said it was desirable that all the Courts of Appeal in the different Provinces should be exhausted before they came to the Highest Tribunal—the ultimate Court of Appeal on the other side of the water. L'honorable sir John A. Macdonald déclare qu'il est souhaitable d'épuiser les recours à toutes les cours d'appel des provinces avant de se présenter devant le plus haut tribunal, soit la dernière Cour d'appel de l'autre côté de l'océan. Mr. Blake asked whether a man could appeal directly from the ultimate Court of Appeal in his own Province to the Privy Council, or was he obliged to go through the Supreme Court. M. Blake demande si un homme peut en appeler directement au Conseil privé de la décision de la Cour d'appel de dernière instance de sa province ou s'il est obligé de passer par l'intermédiaire de la Cour suprême. Hon. Sir John A. Macdonald said it was not obligatory to come to the Supreme Court, unless it might be so provided an appeal could be made from any Court of Record to the Privy Council. L'honorable sir John A. Macdonald déclare qu'il n'est pas obligatoire d'aller à la Cour suprême à moins que le projet de loi ne comporte des dispositions en ce sens et que l'on peut en appeler des décisions de n'importe quelle Cour d'archives au Conseil privé. The Bill was read a first time, and the second reading fixed for Tuesday next. Le projet de loi est lu une première fois et la deuxième lecture est fixée au mardi suivant. SICK MARINERS Hon. Sir John A. Macdonald moved the third reading of the Bill intituled: "An Act to Amend the Act respecting the treatment and relief of sick and distressed mariners"; and said in reference to the question of the member for Lambton, as to a check on improper persons obtaining access to the Hospitals, that the Bill provided, that no person would be admitted except on the certificate of the Collector of Customs, that he was a seaman on board the ship to which he represented himself to belong. The Bill was read a third time and passed. ELECTION OF MEMBERS Mr. Mills resumed the debate on the second reading of the Bill intituled: "An Act respecting Elections of Members of the House of Commons". He said he felt some embarrassment, knowing the views he entertained on the subject were not shared by many in the House. In regard to the qualification; while the question ought to be what a voter was, the answer in the Bill defined what he had. In asking the aid of a professional man, the first question was as to his capability, not as to his possession, and that seemed to have been overlooked in this case. In England, he admitted there should be some relation between representation and taxation, owing to the old custom of laying on a land tax on the boroughs. But here the chief part of the taxation was indirect, and the man who smoked a cigar, or who wore a shirt, paid taxes and could claim in this way the right to be represented, and therefore it was unphilosophical and absurd to say that only the property of [Mn Blake—M. Blake.] MARINS MALADES L'honorable sir John A Macdonald propose qu'on procède à la troisième lecture du projet de loi intitulé: «Acte pour amender l'Acte concernant le traitement et les secours à donner aux marins dans les cas de maladie et de détresse». Il déclare, en réponse à la question du député de Lambton relative au contrôle des personnes qui n'ont pas accès aux hôpitaux, que d'après le projet de loi, aucune personne ne sera admise sauf si elle présente un certificat du Receveur des douanes attestant qu'il est bien marin à bord du navire auquel il prétend appartenir. On fait la troisième lecture du projet de loi et on l'adopte. ÉLECTION DES MEMBRES M. Mills poursuit le débat sur la deuxième lecture du projet de loi intitulé: «Acte concernant les élections des membres de la Chambre des Communes.» Il déclare qu'il est embarrassé, sachant que plusieurs députés de la Chambre des Communes ne partagent pas ses vues sur la question. En ce qui concerne les conditions à remplir pour avoir le droit de vote, on devrait définir ce qu'est un électeur et non, comme dans le projet de loi, ce qu'il possède. Lorsqu'on a recours aux services d'un professionnel, la première question qu'on lui pose a trait à ses aptitudes et non à ses possessions. Il admet qu'en Angleterre, il doit y avoir une certaine relation entre la représentation et la taxation parce qu'une ancienne coutume veut qu'une ville possédant un statut municipal en vertu d'une charte royale soit frappée d'une taxe foncière. Mais ici le principal mode de taxation est indirect et l'homme qui fume un cigare ou porte une chemise, paie des taxes et 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES another should be admitted as the qualification. He could not understand why such a rule should exist in municipal bodies which dealt only with questions of property, but not that it should be laid down for a body dealing on a subject affecting personal rights and liberty. It was said that every one should have a stake in the country, and this he admitted, but this every sober, industrious man had, and such a one might take as much interest in the Government as the men who possessed great wealth. The member for Argenteuil had complained that the Bill did not go far enough, that a large number would be disfranchised and that on the ground of intelligence men should be admitted to the franchise. He (Mr. Mills) admitted, with the Minister of Justice, that the franchise was not a right but a trust. But he could not see what right they had to exclude those who could show by their intelligence, they were qualified, for this intelligence, not the mere accident of property, should give such a right. There were many reasons why they should extend the franchise here that did not exist in Britain; there was an unlimited area; there was no class necessarily paupers, and there was no more independant class anywhere than were the ordinary day labourers. It would be a libel on the educational advantages and institutions of the country, if they attempted to maintain that there was a large class not qualified to exercise the franchise. Nor did the immigration leave them any reason for fear, that it would act prejudicially in the general body of the people. Even suppose that they were ignorant, they were too few in number to affect the general vote. The Minister of Justice refused to recognise the great impulse that the franchise gave to the people. Even amid much evil that might exist where universal suffrage prevailed, he contended that modern societies where it was the rule, were advancing sensibly, for the more the franchise was extended the more were the efforts of the good and wise increased, as did also the responsibility of those who governed and controlled society in the welfare of society. Such a franchise would unite all classes, and not cut adrift the lower classes from those above them, a levelling, but a levelling up, not down. The greatest obstacle to the advance of the country, proceeded not from those who would be benefited by the franchise, but by the wealthy classes who formed rings to perpetuate worn-out legislation. Would the Government insist on such conditions from those who might be called upon to enter the militia, as they did from those who sought the suffrage? Gladstone observed that the success of the Northern Republic in the late war, was due to the extension of the franchise, because whether the people had property or not, it had a voice in the Government of the Country. The excel- 509 peut réclamer de cette façon le droit d'être représenté. En conséquence, il est irrationnel et absurde de déterminer que seuls les biens de quelqu'un d'autre puissent conférer le droit de vote. Il peut comprendre pourquoi une telle règle s'applique aux corps municipaux qui ne s'occupent que de questions immobilières, mais il ne comprend pas qu'un organisme préoccupé de questions touchant les droits personnels et la liberté la retienne. On prétend que tous devraient avoir une part de ce pays, chose qu'il conçoit très bien. D'ailleurs, c'est le cas pour tout homme industrieux et sensé, mais cet homme peut avoir autant d'intérêt en ce qui concerne le Gouvernement que celui qui possède beaucoup de biens. Le député d'Argenteuil s'est plaint que le projet de loi n'a pas une assez grande portée, qu'un grand nombre d'électeurs sera privé du droit de vote et que les hommes sont habilités à voter en raison de leur intelligence. Il (M. Mills) est d'accord avec le ministre de la Justice que voter n'est pas un droit, mais une marque de confiance. Par contre, il ne comprend pas de quel droit on retire le droit de vote à ceux qui peuvent montrer par leur intelligence qu'ils sont aptes à le faire. C'est l'intelligence et non la possession de biens, qui n'est qu'un accident, qui doit accorder un tel privilège. Pour plusieurs raisons propres au pays on devrait étendre le droit de vote; le territoire est vaste, il n'y a pas de classe nécessairement pauvre et il n'y a nulle part ailleurs de classe plus libre que les journaliers. On commet une diffamation envers les maisons d'enseignement du pays et les avantages qu'elles procurent en soutenant qu'une importante classe de la population n'est pas apte à exercer le droit de vote. L'immigration non plus ne donne aucune raison de craindre que ce droit aura une influence préjudiciable sur l'ensemble du peuple. Même si l'on suppose que les moins fortunés sont ignorants, ils sont trop peu nombreux pour modifier le vote général. Le ministre de la Justice refuse de reconnaître l'élan considérable que le droit de vote donne au peuple. Il prétend qu'une société moderne régie par le suffrage universel, progresse d'une façon appréciable même au milieu de tous les maux que son existence peut susciter. Ceci parce que plus on étend le droit de vote, plus on augmente les efforts de l'honnête homme et du sage tout comme on augmente la responsabilité de ceux qui gouvernent et contrôlent la société en vue de son bien-être. Un tel droit unira toutes les classes et ne séparera pas les classes inférieures des classes supérieures. Ce sera un nivellement, mais un nivellement vers le haut. Le plus grand obstacle au progrès du pays provient non de ceux qui jouiront du droit de vote mais des classes riches qui se liguent afin de perpétuer une loi périmée. Le Gouvernement exigera-t-il de la part 510 COMMONS DEBATES March 18, 1870 lence of representative institutions was not that better laws could be made; a few able men might make these better; a despot might have a cheaper Government than the Minister of Justice gave them. But a representative Government was a great school for the people, yet they proposed to let the most important time pass among the class whom this Bill proposed to exclude. It was the young men, under 21 years, who were without debt or responsibility, to whom they refused the franchise, and offered it to them when the cares of life and its struggles prevented them from giving such attention to the subject they were called to vote upon. The prosperity of the country was not due to the fisheries or to agriculture alone, but to the education of the people. All the evils spoken of as existing in the United States were drawn from New York, which was all the United States to many Canadians, and for this the immense immigration was in great part accountable. Even with this he thought the country, with the extended suffrage, would compare favourably with that where it was less so, and under it they had raised the level of the immigrants, who many of them came ignorant and untrained to any political life. The Bill before them with regard to machinery was unsatisfactory. It seemed to change the qualification arbitrarily, as for instance, in the franchise in towns and cities, many might be disfranchised without any change in their property. If a town became a city, and on the incorporation of every new town, the same thing might happen. Then, again, a town, it might be decided, should, in Ontario, not have less than 5,000 of a population, while in New Brunswick it might be 1,000. A proprietor may be disfranchised, while his tenant may have a vote. Now they had proposed that an income of $400 was to give a vote, but it now turned out that this was only if it represented capital, while personal property derived from industry was deprived of it. de ceux qui peuvent être appelés à entrer dans la Milice de remplir les mêmes conditions que ceux qui désirent obtenir le droit de vote? William E. Gladstone a remarqué que lors de la dernière guerre, le succès de la République du Nord était dû à l'élargissement du droit de vote. Dans ce pays, tout homme, riche ou non, pouvait voter. L'excellence des organes représentatifs ne réside pas dans le fait qu'ils peuvent créer de meilleures lois; quelques hommes capables peuvent le faire beaucoup mieux et un despote peut avoir un gouvernement moins bon que celui du ministre de la Justice. Mais un gouvernement représentatif est pour le peuple une bonne école et malgré cela, le présent projet de loi propose d'écarter la catégorie d'âge la plus importante. On refuse le droit de vote aux jeunes de moins de 21 ans qui n'ont pas de dettes ni de responsabilités et on le leur accorde lorsque les soucis et les dettes de la vie les empêchent d'apporter toute l'attention nécessaire à la question sur laquelle ils doivent se prononcer. La prospérité du pays est attribuable non seulement à la pêche ou à l'agriculture, mais aussi à l'éducation du peuple. Tous les maux que connaîtraient les États-Unis sont des exemples tirés de New York, ville que plusieurs Canadiens considèrent comme les ÉtatsUnis et sont en grande partie dus à une vaste immigration. Même à cela, il pense que le pays, avec l'élargissement du droit de vote, soutiendrait favorablement la comparaison avec d'autres pays où l'immigration est moins importante et qu'on a haussé le niveau d'éducation des immigrants qui, en arrivant, n'ont aucune connaissance ni aucune expérience de la vie politique. Le mécanisme du projet de loi dont le Parlement est saisi, est insatisfaisant. Il semble que l'on change arbitrairement les conditions à remplir pour exercer le droit de vote; par exemple, dans les villes et les villages on peut en priver plusieurs personnes sans que leurs biens n'aient en rien été modifiés. La même chose peut se produire si un village devient ville et lors de l'incorporation de chaque nouveau village. La encore, on peut décider qu'en Ontario, la population d'un village ne doit pas être inférieure à 5,000 habitants tandis qu'au Nouveau-Brunswick, elle ne doit pas être inférieure à 1,000 habitants. On peut priver un propriétaire de son droit de vote alors que son locataire en jouit. On a proposé qu'une personne ayant un revenu de $400 ait le droit de vote. Maitenant, il semble que cette personne ait ce droit seulement dans le cas où ce montant représente un capital alors que l'autre dont le bien personnel provient de l'industrie en est privée. Hon. Sir John A. Macdonald said, that the franchise was given to any one having an L'honorable sir John A. Macdonald déclare qu'on accorde le droit de vote à toute personne [Mr. Mills—M. Mills.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 511 annual salary or income, not the aggregate amount of days' wages. ayant un salaire ou un revenu annuel et qu'on ne tient pas compte du montant global des revenus provenant des journées de travail. Mr. Mills said it was objected to use the local machinery because the Government had no control over it to direct it; yet they had in other matters, they had exerted control over the local officers in respect to legal duties. The American Government did the same thing, and no inconvenience had been felt to arise from it. The member for West Toronto had argued that there ought to be uniformity, but there was no uniformity in individual qualifications, and if not necessary in individuals, he did not see why it was necessary in the Provinces. He referred to the dissatisfaction that would arise from the disfranchisement of young men in Ontario, ten per cent of the whole in rural constituencies being young men who were assessed on their father's property. It was against the law, but public opinion outran the law, and they had the franchise. By the present Bill they will be excluded. M. Mills déclare qu'on refuse d'utiliser des mécanismes provinciaux parce que le Gouvernement n'a pas l'autorité pour les contrôler. Néanmoins, le Gouvernement a autorité sur d'autres questions; il exerce un contrôle sur les fonctionnaires provinciaux en ce qui concerne les obligations légales. Le Gouvernement américain agit de la même façon et sans aucun inconvénient. Le député de Toronto-Ouest a soutenu qu'il devrait y avoir uniformité. Mais il n'y a aucune uniformité lorsqu'on parle de qualités individuelles et il ne voit pas pourquoi cette uniformité existerait nécessairement dans les provinces si on ne la retrouve pas chez les personnes. Il fait allusion au mécontentement qui naîtra chez les jeunes gens de l'Ontario privés de leur droit de vote; la population des circonscriptions rurales est formée, dans une proportion de dix pour cent de jeunes gens dont le taux de taxation est fondé sur la propriété de leur père. Ce fait est contraire à la loi, mais l'opinion publique l'emporte et ils ont le droit de lvote. En vertu du présent projet de loi ils en seront privés. Hon. Sir John A. Macdonald asked if he (Mr. Mills) wished to sanction acts done contrary to law. L'honorable John A. Macdonald demande si M. Mills désire approuver des actions qui sont contraires à la loi. Mr. Mills spoke of law in a moral sense—a higher law. M. Mills parle de la loi à son sens moral et fait donc référence à une loi plus élevée. Hon. Sir John A. Macdonald asked if he meant fraud on an assessor was a new moral sense? L'honorable sir John A. Macdonald demande s'il veut dire que tromper un évaluateur est une nouvelle vertu morale. Mr. Mills then attacked the Government for arousing again the discontent that had existed in Nova Scotia. They had expected the opening up of trade with South America, the South of Europe and elsewhere, and in this way their discontent might have been allayed by their material progress. In Prince Edward Island every man paying road tax had a vote; in Newfoundland every householder voted. Yet they asked the people of these Provinces, out of their great love for Confederation, to vote to disfranchise themselves. M. Mills attaque ensuite le Gouvernement parce que celui-ci a encore suscité le mécontentement en Nouvelle-Écosse. Les habitants de cette province espéraient l'ouverture de relations commerciales avec l'Afrique du Sud, le sud de l'Europe et d'autres pays. De cette façon, le progrès matériel qu'ils en auraient retiré aurait pu apaiser leur mécontentement. A l'Île-du-Prince-Édouard, tous les hommes qui paient une taxe routière ont le droit de vote; à Terre-Neuve, tous les propriétaires de maison peuvent voter. Néanmoins, on demande aux gens de ces provinces, par amour pour la Confédération, de se priver de leur droit. Hon. Sir John A. Macdonald said perhaps he would wish to have universal suffrage as in British Columbia. L'honorable sir John A. Macdonald laisse entendre que peut-être le député aimerait qu'on adopte le suffrage universel comme en Colombie-Britannique. Mr. Mills said, certainly he would, and he believed the opinion was leading in the right direction. He advocated the franchise being left to the Provincial Legislatures, any objection to the provisions being thus more easily M. Mills déclare que certainement il le désire et il croit que son idée est dans la logique des choses. Il préconise qu'on laisse les législatures provinciales prendre les décisions relatives au droit au vote parce que toute objection aux 512 COMMONS DEBATES reached as the Local Houses were more amenable to public opinion than that of the Dominion. In New Brunswich the ballot should be more respected, and he believed if the officers of the Crown were to vote, the ballot would be absolutely necessary. Otherwise their votes would be simply so many placed in the hands of the Government. There was much to be said in favour of open voting, but he warned the House that if the officers of the Government were to vote, they would introduce the system so much objected to in the United States, with these officers changing with each administration to the great detriment of the service. With respect to simultaneous voting, having all the election on one day, he did not deny the independence of the people of this country, but the country was liable to be overrun with camp-followers, who, being intent on booty, would plunder the dead, and kill the wounded. These men were not such as would be disfranchised. They occupied a higher strata, but were trusting to this for a living, being too indolent to work, and too proud to beg. He objected to the continuance of the system in existence, as by it the Government constituencies were first taken, and the fighting could be all done on one side. March 18, 1870 dispositions du projet de loi s'y exprime plus facilement étant donné qu'elles sont plus responsables face à l'opinion publique que celle de la Puissance. Au Nouveau-Brunswick, on devrait tout simplement maintenir le scrutin secret et il croit que si les fonctionnaires de la Couronne avaient le droit de vote, le scrutin secret serait absolument nécessaire. Autrement leurs votes ne seraient que des votes supplémentaires placés dans les mains du Gouvernement. Il y a beaucoup d'arguments en faveur du scrutin découvert, mais le député prévient le Parlement que si les fonctionnaires du Gouvernement votent, ils introduiront le système auquel on s'oppose tant aux États-Unis; ils changeront avec chaque administration au grand détriment du service. En ce qui concerne le scrutin simultané, c'est-à-dire la tenue d'une élection en un seul jour, il ne nie pas que les gens de ce pays ont un esprit d'indépendance, mais le Canada est susceptible d'être envahi par des partisans qui, attirés par l'appât du gain se prévaudront du droit de vote des morts et des indécis. On ne peut pas priver ces individus de leur droit de vote car ils occupent un niveau social élevé; ils tirent leur subsistance de ce trafic; ils sont trop paresseux pour travailler et trop fiers pour mendier. Le député s'oppose à ce que l'on maintienne le système en place parce que ce système permet aux membres du Gouvernement de conserver leurs sièges et l'Opposition seule doit livrer bataille. It being six o'clock the House rose. A six heures du soir, la séance est levée. After recess, A la reprise de la séance, Mr. Mills resumed—he said he had no doubt, the Bill would have most mischievous effects in the Maritime Provinces, where the defranchisement of many, now enjoying full electoral privileges, would create a formidable party among those who had made up their minds to accept the situation. There was no doubt, if any chance were offered of withdrawing from the Union, the Anti-party would be as strong as when the House first sat. He did not object to the member for Hants joining the Government, but he thought it a most unjudicious step, on the part of the Government, to promote an hon. gentleman from this House to the Senate, making the latter a sort of Magdalen asylum for gentlemen seduced by the hon. gentleman opposite. This House must be very careful as to what laws were passed that might have the effect of further annoying the people of the Lower Provinces. Every householder in Newfoundland has now a vote, yet the hon. gentleman opposite asked them to come into the Union to be disfranchised. The position of the Government all along, seemed to be, that they considered this Parliament, as that of old Canada, continued. He thought it most unjudi[Mr. Mills—M. Mills.] M. Mills reprend. Il déclare ne pas douter que le projet de loi aura des répercussions très dommageables dans les provinces Maritimes; le fait d'enlever le droit de vote à un grand nombre de citoyens jouissant maintenant de tous les privilèges électoraux, entraînera le regroupement de ceux qui s'étaient résignés à accepter la situation. Il n'y a pas de doute que si on offre aux adversaires de la Confédération une chance de se retirer de l'Union, ceux-ci seront aussi forts que lorsque la Chambre siégeait au début. Il ne s'oppose pas à ce que le député de Hants se joigne au Gouvernement, mais il croit que c'est une démarche très peu judicieuse de la part du Gouvernement que de promouvoir un député de cette Chambre au Sénat, faisant ainsi du Sénat une maison de madelonnettes pour messieurs séduits par l'Opposition. La Chambre doit se montrer très prudente lorsqu'elle songe à adopter des lois qui pourraient contrarier davantage les gens des provinces du Bas-Canada. Tous les propriétaires de maison de Terre-Neuve ont maintenant le droit de vote; néanmoins l'honorable député qui lui fait face, leur demande de se joindre à l'Union et de perdre leur droit de vote. Il 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 513 cious and unfriendly to say beforehand, what the electoral franchise shall be in the Provinces, not yet in the Union; to tell them, in fact, that their influence here shall not be felt. He called the attention of the House to the irrelevancy of the franchise proposed. He thought that the Minister of Justice could, with propriety, adopt the franchise of the local Houses. His opinion was that the time was not far off, when every man in the country would have a vote, when the political sentiment of the country would not be demoralised by the registration system. semble que le Gouvernement ait, dès le début, considéré ce Parlement comme la continuation de celui du vieux Canada. Il croit qu'il est très peu judicieux et très peu amical de dire d'avance en quoi consistera le droit de vote dans les provinces qui ne font pas encore partie de l'Union; de leur dire en réalité que leur influence ne se fera pas sentir ici. Il attire l'attention de la Chambre sur l'inopportunité du droit de vote tel que suggéré. Il pense que le ministre de la Justice pourrait adopter avec avantage le mode de scrutin en vigueur dans les provinces. Il croit que le temps est proche où chaque citoyen aura le droit de vote et où le sentiment politique ne sera pas corrompu par le système d'inscription sur une liste électorale. Hon. Mr. Wood—The hon. gentleman says that it is desirable that the elections should not be simultaneous and on one day, because it would deprive persons having votes in different constituencies from exercising the franchise in more than one constituency. Should he not then, to be logical, provide for the elections to take place in each constituency on successive days, so as to give full opportunity for all having the franchise in different constituencies, (hear, hear). L'honorable M. Wood déclare qu'il est souhaitable que les élections ne se tiennent pas simultanément et en une seule journée parce que cette méthode priverait les personnes qui ont le droit de vote dans différentes circonscriptions de l'exercer en plus d'une circonscription. Ne serait-il pas logique que le Gouvernement prévoie des élections consécutives dans chacune des circonscriptions de façon à donner à ceux qui ont le droit de voter à plusieurs endroits la possibilité de le faire. (Bravo! Bravo! Rires.) Hon. Col. Gray—Why this would be impossible; it is the reductio ad absurdum. L'honorable colonel Gray—Mais ceci est impossible. C'est un non-sens. Hon. Mr. Wood—It is reducing your argument ad absurdum, (hear, hear and laughter). L'honorable M. Wood—C'est votre argumentation qui est un non-sens. (Bravo! Bravo! Rires.) Hon. Col. Gray thought that the House was indebted to the hon. member for Bothwell for awakening an interest in another subject of discussion than the one they had for the last seven or eight days, (hear). If every man were an educated man, and if there were no moral wrong, then the theories of the hon. gentleman would be right. But they must take men as they were, and look at the interest a man had in the country in which he resided. The possession of property was an evidence of capacity of an interest in the country to be affected by legislation, and should serve as a criterion on which the franchise should be based, (hear, hear). As to the argument that the proposed franchise was different from that of Newfoundland and Prince Edward Island, with whom we were negotiating to enter the Dominion, he (Col. Gray) would say that it would be absurd to frame a measure not based upon the wishes, the wants, or the interests of the 4,000,000 of the Dominion, but on the local practice of a population not larger than two of our counties in Ontario, and of Provinces which refused to join us, (hear, hear). If the Govern- L'honorable colonel Gray pense que la Chambre est redevable au député de Bothwell de l'avoir intéressée à un sujet de discussion autre que celui des sept ou huit derniers jours. (Bravo!) Si chaque homme était instruit et si l'immoralité n'existait pas, alors les théories de l'honorable député seraient correctes. Mais on doit accepter les hommes comme ils sont et voir l'intérêt qu'ils portent au pays dans lequel ils résident. La possession de biens est un signe évident de cette capacité de s'intéresser à son pays et devrait servir de critère de base pour l'octroi du droit de vote. (Bravo! Bravo!) Quant à l'argument qui veut que le droit de vote proposé diffère de celui qui existe à TerreNeuve et à l'Île-du-Prince-Édouard dont on négocie l'entrée dans la Puissance, il déclare qu'il serait absurde de concevoir un projet de loi qui ne s'appuie pas sur les désirs, les demandes ou les intérêts des 4,000,000 d'habitants de la Puissance mais sur ceux de provinces qui refusent de se joindre à nous et sur la procédure provinciale d'une population moins importante que celle de deux de nos comtés en Ontario. (Bravo! Bravo!) Il eut été absurde que 514 COMMONS DEBATES March 18, 1870 ment had brought down a measure of that character, it would be absurd. One might as well ask the people of the United States to frame their laws on the customs of the inhabitants of the Fiji Islands. If there were any attempts to deprive the people of the Maritime Provinces of their rights, as the member for Bothwell seemed pleased to intimate, there were men from those Provinces, their own representatives, who were perfectly able to look after their interests. The people of New Brunswick were content with the franchise as they had it, and the franchise there was based on the £100 qualification, mixed of real and personal estate or income—and in case of land of $100. In Ontario the franchise had always been connected in some way or other with the land. In the Maritime Provinces the franchise went further, and was based on salary and income. The principle of the Bill was to extend to Ontario the same advantages which were possessed by the Maritime Provinces, (hear, hear). le Gouvernement présente une mesure de ce Mr. Mackenzie—The franchise for the counties remains the same as it is now in Ontario$100. M. Mackenzie—Dans les comtés, les conditions d'attribution du droit de vote demeurent les mêmes que celles que l'on trouve maintenant en Ontario—$100. Hon. Col. Gray said that the provisions of the Bill were more liberal to Ontario than those of the Act passed by their own Legislature last winter. In this respect this Bill represented the interests of Ontario better than their own Legislature represented them. L'honorable colonel Gray déclare que les dispositions du projet de loi sont plus libérales envers l'Ontario que celles de la loi adoptée l'hiver dernier par la législature de cette province. A cet égard le projet de loi fait valoir les intérêts de l'Ontario beaucoup mieux que la propre législature de cette province. Mr. Mackenzie—Hear, hear. genre. On pourrait tout aussi bien demander au peuple des Etats-Unis de faire leurs lois en se fondant sur les coutumes des habitants des Îles Fidji. Si on tente de priver les gens des provinces Maritimes de leurs droits, comme il plaît au député de Bothwell de le laisser entendre, des hommes de ces provinces, leurs propres représentants, sont parfaitement capables de prendre les intérêts des gens de leur comté en main. Les habitants du Nouveau-Brunswick sont satisfaits des conditions à remplir pour obtenir le droit de vote; celui-ci s'appuie sur une capacité financière de 100 livres sterling, une combinaison de biens mobiliers et immobiliers ou de revenus, ou sur la possession d'une terre d'une valeur de $100. En Ontario, le droit de vote a toujours été d'une façon ou d'une autre relié à la terre. Dans les provinces Maritimes, il va plus loin et s'appuie sur le salaire et le revenu. Le principe du projet de loi est d'étendre à l'Ontario les mêmes avantages dont jouissent les provinces Maritimes. (Bravo! Bravo!) M. Mackenzie—Bravo! Bravo! Hon. Col Gray—Another principle of the Bill was to prevent the floating population of the country from controlling the affairs of the country, by making residence a qualification of voting. Registration as well as residence and property was required. If the representatives of Ontario were prepared to adopt the principle of universal suffrage, then he would say that the people of the Maritime Provinces would not have it, (hear, hear). Those people were determined that practical and not theoretical qualifications should be the result of voting. L'honorable colonel Gray—Le projet de loi vise aussi à empêcher la population flottante d'avoir la main mise sur les affaires du pays en tenant compte de la résidence comme exigence pour obtenir le droit de vote. Pour avoir droit de participer au scrutin, un citoyen doit avoir son nom inscrit sur la liste électorale et posséder une résidence ou une propriété. Si les représentants de l'Ontario sont prêts à adopter le principe du suffrage universel, il dit alors que les gens des provinces Maritimes ne l'auront pas. (Bravo! Bravo!) Ces gens sont résolus à ce que, par le vote, on détermine des conditions d'admissibilité pratiques et non théoriques. Mr. Mills—But you would employ these men who have no property to defend the country? (Hear, hear.) M. Mills —Mais vous utiliseriez ces hommes démunis pour défendre le pays? (Bravo! Bravo!) Hon. Col. Gray said he would trust every man brought up in the country to defend it even if he had not a shilling, (hear, hear). L'honorable colonel Gray déclare qu'il se fierait à tout homme élevé dans le pays pour le [Hon. Col. Gray—L'hon. colonel Gray.] défendre, même s'il n'a pas un sou. (Bravo! Bravo!) 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 515 Hon. Mr. Wood—Yes, they would be good for fighting. L'honorable M. Wood—Oui, ils seraient assez bons pour le combat. Hon. Col. Gray said at the time of the Fenian invasion the volunteers of New Brunswick, who were prepared to come to the aid of Canada, were all men who had a stake in the country. They were the men on whom the country could depend more than on the floating population. Another good principle in the Bill was its uniformity. The great want they sought in Confederation was a uniformity of interests, and there was no mode by which we could so well perpetuate differences as to keep up differences in the exercise of the franchise. The whole tendency of modern legislation in England was uniformity in the franchise. It was difficult in a country where old customs, and prejudices, and habits of thought, the results of centuries, existed, to produce uniformity at once; but in the great Reform Bill introduced by Lord Grey in 1832, in England— and which in the same session, was extended to Scotland and Ireland—uniformity was sought as much as possible, the franchise in all was extended to leaseholders and ten pound householders—and the tendency to extend in the same direction for each had continued since. As to the United States, there was no country in the world in which there was such uniformity of the franchise, viz: universal suffrage. He believed if there were one point of excellence in the Bill which ought to be admired more than another, it was uniformity of franchise. As to the proposed system of registration, it had been said that an army of Government officials would be appointed to carry out this work in the interests of the Government, (hear, hear). It was well known that the Assessors—who had been suggested—were frequently elected by party, for the very purpose of influencing the registration. But the members of the Government who would appoint the Preparers of the Electoral lists and the Revisors would be amenable to the House, and that House to the country. It has been suggested that the County Judges would be the Revisors—men above suspicion. The Bill proposed that there should be only one day for voting, and there could be no doubt as to the propriety of that enactment. But he did not think that there could be so much said on behalf of simultaneous polling, (hear, hear). A man who owned property in several districts had an inherent right to vote in each of these districts, and should not be deprived of it; representation is based upon taxation. If there were simultaneous polling in one day, such a man would be deprived of his right, although he had to bear his share of the taxation in each of districts in which he held property. He came to another point which was not included in that L'honorable colonel Gray déclare que lors de l'invasion des Fénians, les volontaires venant du Nouveau-Brunswick qui étaient prêts à venir en aide au Canada, étaient tous des hommes qui possédaient quelque chose et le député pouvait compter beaucoup plus sur eux que sur la population flottante. Un autre principe valable dans le projet de loi est son uniformité. Ce qu'ils attendent de la Confédération est une uniformité d'intérêts et il n'y a pas de meilleure façon de perpétuer des différences que de les conserver dans l'exercice du droit de vote. En Angleterre, la tendance générale de la législation moderne est d'uniformiser le droit de vote. Il est difficile dans un pays où d'anciennes coutumes, des préjugés et des façons de penser séculaires existent de créer instantanément l'unité. Mais en 1832, dans le fameux Bill de Réforme présenté en Angleterre par lord Grey et étendu à l'Écosse et à l'Irlande à la même session, on recherchait dans la mesure du possible l'uniformité. On y a étendu le droit de vote dans son intégralité aux locataires et aux propriétaires de maison évaluée à 10 livres sterling et depuis, cette tendance s'est maintenue. Pour ce qui est des États-Unis, il n'y a aucun pays au monde où on retrouve pareille uniformité dans l'exercice du droit de vote, c'est-à-dire le suffrage universel. Il croit que si un aspect du projet de loi doit susciter le plus d'admiration, c'est bien l'uniformité du droit de vote. En ce qui concerne le système proposé d'inscriptions sur la liste électorale, on a dit qu'une armée d'agents du Gouvernement serait nommée pour exécuter ce travail dans l'intérêt de ce dernier. (Bravo! Bravo!) C'est un fait bien connu que les évaluateurs sont souvent choisis par un parti dans le seul but d'influer sur l'établissement de la liste électorale. Si c'était le Gouvernement qui nommait ceux qui sont chargés d'établir les listes électorales et les réviseurs de ces listes, il devrait répondre de ses actes devant la Chambre qui serait ellemême responsable de sa conduite devant la nation. On suggère que les juges des cours de comté, hommes au-dessus de tout soupçon, fassent office de réviseurs. Le Bill propose que le scrutin ne dure qu'une seule journée, et le bien-fondé d'une telle mesure ne fait aucun doute. Cependant, on oublie qu'on pourrait en dire autant du vote simultané. (Bravo!) Un homme possédant une propriété dans plusieurs circonscriptions peut de ce fait voter dans chacune d'entre elles et on ne doit pas lui retirer ce droit, puisque la représentation repose sur l'imposition. Si on procédait au vote simultané en une même journée, cet homme se verrait déposséder de ses droits et devrait quand même payer sa part d'impôt dans chacune des cir- 516 COMMONS DEBATES March 18, 1870 Bill: he alluded to the ballot which was in operation in New Brunswick. Some 18 years ago he voted against the ballot, in the Legislature of New Brunswick, he must say, with a little prejudice against it: but he had found that for 18 years it had worked pretty well. It was a simple and easy mode of carrying on an election; but at the same time, it was subject to some abuse. In the first place, it was liable to abuse by personation. conscriptions où il possède une propriété. Il aborde ensuite une autre question non traitée dans le projet de loi, à savoir le scrutin secret en vigueur au Nouveau-Brunswick. Il avoue s'être prononcé il y a environ 18 ans, devant l'assemblée législative du Nouveau-Brunswick, contre le scrutin secret vis-à-vis duquel il avait certaines réserves; cependant, il constate que celui-ci fonctionne assez bien depuis 18 ans. C'est une façon simple et facile de tenir une élection mais qui peut en même temps donner lieu à certains abus. Premièrement, elle permet les usurpations d'identité. Mr. Mackenzie—This could be done under any system, and is no argument against the ballot, (hear). M. Mackenzie—La chose peut se produire dans n'importe quel système et ne peut constituer un argument contre le scrutin secret. (Bravo!) Hon. Col. Gray admitted the fact, and said he did not use it as an argument against the ballot, but simply to show it did not cure all the evils which were said to abound in open voting. He would vote for the ballot again. There was another abuse of the ballot, and that was making dead people vote. L'honorable colonel Gray est d'accord et ajoute qu'il n'a pas voulu se servir de ce fait comme argument contre le scrutin secret, mais qu'il a tout simplement cherché à démontrer que celui-ci ne remédie pas à tous les maux qu'on attribue en si grand nombre au scrutin découvert. D'ailleurs, il votera encore en faveur du scrutin secret. Mais cette méthode donne lieu à un autre délit, le vote des personnes décédées. Mr. Mackenzie—That is done here. 15,000 dead men voted in Quebec some sixteen years ago, (great laughter). M. Mackenzie—Cela s'est produit ici. Il y a environ seize ans, 15,000 personnes décédées ont voté au Québec. (Rire général.) Hon. Col. Gray said that although he was in favour of the ballot, he would not be in favour of forcing it upon three millions of people if they did not like it. His own Province used it; let them retain it. He had now brought the main features of the Bill before the notice of the House, and would admit that it was not a perfect Bill. In some of its details, when in Committee, it might have to be amended. It would be all the better for that. The historian Froude, laid it down that it was the most unfortunate legacy a statesman could leave his country, when he left it a measure which was incapable of being improved. He hoped that the measure would cement the people of the country together and make them feel that their individual interests were best maintained by the general welfare of the Dominion, (applause). L'honorable colonel Gray dit encore que bien qu'il soit en faveur du scrutin secret, il s'oppose à ce qu'on l'impose à trois millions de gens, si ces derniers n'en veulent pas. Sa propre province a recours à cette méthode; qu'on en conserve donc l'usage. Puis il porte à l'attention de la Chambre les principales caractéristiques du projet de loi et veut bien admettre que celui-ci n'est pas parfait. On devra peut-être en modifier certains détails, lorsqu'on l'étudiera en Comité. Il n'en sera que meilleur. L'historien Froude a affirmé que l'héritage le plus regrettable qu'un homme d'État puisse laisser à son pays, c'est une mesure qu'il est impossible d'améliorer. Il espère que la loi consolidera les liens entre les habitants du pays et qu'elle leur fera sentir que les intérêts des particuliers seront d'autant mieux défendus que la Puissance se portera bien. (Applaudissements.) Mr. Mackenzie said the hon. gentleman seemed to doubt his statement as to the 15,000 personations in Quebec. The hon. gentleman had a witness near him (Mr. Simard). That gentleman got the vote of the Apostle Paul and his confrere Chauveau. His adversary got Martin Luther. (Great laughter.) He (Mr. Mackenzie) said he only mentioned the fact to show that electoral frauds could not be abso- M. Mackenzie dit que son honorable collègue semble douter de sa déclaration lorsqu'il affirme qu'on a déjà usurpé l'identité de 15,000 personnes au Québec. Près de l'honorable collègue se trouve un témoin de l'événement (M. Simard). Ce gentleman a obtenu le vote de l'apôtre Paul et de son confrère Chauveau et son adversaire, celui de Martin Luther. (Rire général.) Il (M. Mackenzie) ajoute qu'il a men- [Hon. Col. Gray—L'hon. colonel Gray.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 517 lutely prevented in any place and under any system. tionné ce fait uniquement pour démontrer qu'aucun endroit ni aucun système n'est tout à fait à l'abri des fraudes électorales. Mr. Simard said he was in no way an instrument to the fraud. He was entirely exonerated from all blame in the matter. (Hear.) M. Simard précise qu'il n'est en rien responsable de cette fraude. Il a été mis tout à fait hors de cause dans cette affaire. (Bravo!) Mr. Mackenzie did not impute any personal blame to the hon. member. M. Mackenzie dit qu'il n'adresse aucun reproche personnel à son honorable collègue. Hon. Mr. Howe made a few remarks, which were inaudible in consequence of loud cries of "Order". L'honorable M. Howe émet quelques commentaires qui sont couverts par de forts cris de rappel à l'ordre. Hon. Mr. Connell said the measure now before the House was of vast importance to the people of the Dominion, and the Bill, therefore, deserved the most serious consideration. There were of course some provisions which he desired to see changed, but in the observations made by the members for St. John and for Bothwell, they had gone so fully into the theory and practice involved that it was not desirable for him to go fully into the question at the present stage of the proceedings. He had risen chiefly for the purpose of speaking with regard to a few points that had apparently been overlooked or not sufficiently explained. With regard to the proposed machinery, he believed it to be too complicated and too expensive. He thought that in use in the Province of New Brunswick was as simple and inexpensive as any that could be devised. By it, the assessors of the different municipalities were charged with the duty of making up the lists which were afterwards corrected and modified by the revisors, wherever a necessity arose for doing so. The work was conducted in a very simple manner, and the whole machinery was attended with little expense. In the country which he had the honour to represent, and which contained a population of 20,000, the whole expense was only about $200. By the present bill the machinery would be much more complicated and the expense greatly increased. There did not appear, either, to be any mode of apportioning the districts prescribed, although he presumed that each county would be treated as a district, there being no indication in the Bill to the contrary. L'honorable M. Connell dit que le projet déposé actuellement devant la Chambre est d'une importance considérable pour le peuple de la Puissance et que, par conséquent, le Bill mérite une grande attention. Celui-ci contient bien sûr certaines dispositions qu'il souhaite voir modifier, mais il estime que les représentants de Saint-Jean et de Bothwell ont déjà suffisamment élaboré sur les questions théoriques et pratiques suscitées par le projet qu'il n'est donc pas souhaitable qu'il s'étende sur le sujet à ce stade-ci des travaux. Il s'est levé avant tout pour soulever certains points qu'on semble avoir négligés ou insuffisamment explicités. En ce qui concerne le système proposé, il le croit trop compliqué et trop coûteux. Il pense que celui utilisé par la province du NouveauBrunswick compte parmi les plus simples et les plus économiques que l'on puisse imaginer. Dans ce système, les évaluateurs des différentes municipalités sont chargés de constituer les listes qui sont par la suite corrigées et modifiées parles réviseurs lorsque cela est nécessaire. Le travail est effectué d'une manière très simple et l'organisation fonctionne à un coût minime. Dans la région qu'il a l'honneur de représenter et qui compte une population de 20,000 personnes, le coût total de cette opération n'est que de 200 dollars environ. Le présent projet de loi rendrait le système beaucoup plus compliqué et accroîtrait considérablement les dépenses. Il ne semble pas indiquer, non plus, de mode de partage des districts, bien qu'il suppose que chaque comté sera considéré comme un district, puisque le Bill ne comporte pas d'indications contraires. Hon. Sir John A. Macdonald said that each constituency would be regarded as a district. L'honorable sir John A. Macdonald répond que chaque circonscription électorale constituera un district. Hon. Mr. Connell said with respect to the franchise in New Brunswick which the hon. member for St. John said was the same as that provided by this Bill, he thought the honourable gentleman was mistaken. In New Brunswick there was diversity of qualification. It might arise from the possession or real estate worth $100; or from personal property, such as 99263-35 L'honorable M. Connell ajoute, au sujet du droit de vote au Nouveau-Brunswick, décrit par l'honorable député de Saint-Jean comme identique à celui prévu par le Bill, qu'à son avis l'honorable gentleman est dans l'erreur. Au Nouveau-Brunswick, il y a diverses façons d'acquérir le droit de vote. Par exemple, il suffit de posséder des biens immobiliers d'une 518 COMMONS DEBATES for instance a house worth $400 built on leased land, a very frequent occurence there; or from goods and chattels in a house of the same value, or from the possession of $400 a year income, either as salary or otherwise. The election law, as it stood, gave very great satisfaction in New Brunswick, but such changes as were here contemplated, would disfranchise many of those who were best qualified to vote, and would otherwise give eminent dissatisfaction. He noticed in the Bill that the Minister of Justice provides that for polling purposes the districts are to be so divided that 600 shall vote at each polling place. He believed that this would be found to be a most objectionable provision. In many parts of the country, which were thinly settled, there would probably be many neighbourhoods in which there were not 50 electors, so that in order to exercise the right of franchise, it would not unfrequently happen that the people would have to travel 20 or 30 miles, at very great inconvenience and practically to the exclusion of many from the polls, which, in so far as it did this, would be, he did not say designedly, to deprive them of the franchise. In New Brunswick the districts were defined to be the parishes, and whenever it was found that the voters in a parish became too numerous, an application was made to the Legislature to change the division for electoral purposes so as to reduce the number to a reasonable limit. He thought, however, that it was desirable to avoid too frequent applications to the Legislature and that the Bill itself should provide for such cases. Turning then to the question of the ballot, which had been made law in New Brunswick in 1855, he knew that that law had worked satisfactorily there, having first been applied to the election of Municipal Councils. He had no wish to press the amendment of which he had given notice, so that it would take effect beyond New Brunswick. But he was satisfied that the principle was a sound one and would ultimately be adopted, and he said frankly that if an amendment were proposed by any member from another province, he would feel bound to vote in support of the affirmation of the principle. He trusted that the Government would see fit to yield on this point. The people of New Brunswick had always been very quiet, conducted their operations without noise and made no disturbances. They had joined these Provinces without any promise that the mode in which they voted should be preserved, but he felt confident that the members of the House would do what was right and respect the wishes, even if they should regard them as the prejudices, of the people of New Brunswick. He had been glad to hear the remarks of the member for St. John, as he might now congratulate himself that all the members of the [Hon. Mr. Connell-L'hon. M. Connell.] March 18, 1870 valeur de 100 dollars; ou des biens personnels comme une maison d'une valeur de 400 dollars construite sur un terrain loué, ce qui est chose courante là-bas; ou des biens et effets d'égale valeur dans une maison, ou un revenu annuel de 400 dollars reçu à titre de salaire ou autre. La Loi sur les élections, telle qu'elle est actuellement, donne réellement satisfaction à la population du Nouveau-Brunswick, alors que des changements comme ceux qu'on envisage de faire ici priveraient de leur droit de vote bon nombre de ceux qui sont le mieux en mesure de voter et provoqueraient à d'autres égards un grand mécontentement. Il remarque que le ministre de la Justice prévoit dans le Bill qu'à des fins électorales, les districts doivent être partagés de manière à ce que chaque bureau de vote accueille 600 électeurs. Il voit en cette disposition une des clauses les moins acceptables du Bill. Dans plusieurs régions peu peuplées, il y aura probablement beaucoup d'endroits où on ne pourra trouver 50 électeurs; aussi beaucoup de gens devront-ils franchir 20 ou 30 milles pour exercer leur droit de vote; ce grave inconvénient empêchera beaucoup d'électeurs de voter; cette situation, dans la mesure où elle se produira, aura un effet non voulu, soit priver ces gens de leur droit de vote. Au Nouveau-Brunswick, les districts coïncident avec les paroisses et chaque fois qu'on s'aperçoit que les électeurs d'une paroisse sont devenus trop nombreux, on adresse une demande à l'assemblée législative pour que soit modifiée la circonscription électorale, de façon à ramener le nombre des électeurs à un chiffre raisonnable. Il croit cependant qu'il serait bon d'éviter un recours trop fréquent à l'assemblée législative et que le Bill devrait contenir des dispositions pour le cas mentionné ci-dessus. Passant ensuite à la question du scrutin secret adopté par l'assemblée législative du NouveauBrunswick en 1855, il ajoute qu'il sait que cette loi a donné des résultats satisfaisants dans cette province et qu'on s'en est servi, la première fois, pour l'élection des conseils municipaux. Il ne veut pas insister pour que l'amendement dont il a donné avis prenne effet en dehors du Nouveau-Brunswick. Mais il a la certitude que le principe énoncé est valable et qu'on finira par l'adopter, et il dit franchement que si un député d'une autre province proposait un amendement, il se sentirait tenu de voter en faveur de l'acceptation du principe. Il croit que le Gouvernement jugerait bon de céder sur ce point. La population du NouveauBrunswick a toujours été très calme; elle vaque à ses occupations sans faire d'histoires. Le Nouveau-Brunswick s'est joint aux autres provinces sans qu'on lui ait promis qu'il conserverait le mode de scrutin secret; néanmoins, il est convaincu que les membres de la Chambre des Communes agiront comme il se doit et qu'ils 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES Province were as one on the subject. He thought England was almost the only country having representative institutions in which the ballot was not made use of in elections. He found that the ballot was employed in France, America, Italy, Spain, Wallachia, New Zealand, Australia, New Brunswick. In Nova Scotia they had not exactly the ballot, but during the last meeting of the Legislature, a Bill had been passed involving that principle. In England the ballot was employed in scientific societies, in the election of boards of directors to banking and other corporations. In the British House of Commons a measure of this nature had gone to a second reading, the mover, Mr. Leatham, stating that the ballot was the only remedy for the great evils that existed, expecially in Ireland, where it was indispensable to the protection of voters against landlords and priests, and other leading men had spoken strongly in its favour, the Marquis of Hartington deprecating any debate before the Report of the Committee was heard, which included the ballot among its recommendations. These utterances showed what was the feeling with regard to the ballot in the British Parliament, and it was said a few days ago that Mr. Disraeli had made some important statements favourable to the same view. If it was attracting so much attention there, it might well be worthy of some attention here also. He had, with others, a great regard and respect for the opinions of British statesmen, but there were measures affecting this country which it was necessary should be judged by the country itself. He called the attention of the Minister of Customs (Mr. Tilley) to this subject, as he did not see how he could support this bill with the ballot clause left out, considering his past course in dealing with the question. It was the Government of the honourable gentleman which had passed the law in New Brunswick, and he had himself been a strong advocate for the measure, had spoken much in its favour and had actively forwarded it in every way. He (Mr. Connell) was at a loss, therefore, to conceive how he (Mr. Tilley) could vote in favour of the present bill which would deprive New Brunswick of the privilege which his Government had been the means of obtaining and which the country so highly valued. The Minister of Customs could not be unaware of the feeling which existed in his own constituency. As evidence of this, he would read an extract from the St. John News, a journal which has always consistently supported the Government. The extract is as follows: 99263-35'/2 519 respecteront les désirs de la population du Nouveau-Brunswick, même si ceux-ci devaient leur paraître préjudiciables. Il est content d'avoir entendu les observations du député de Saint-Jean, car il peut maintenant se féliciter de ce que tous les députés de la province sont du même avis sur la question. Il pense que l'Angleterre est presque le seul, parmi les pays dotés d'institutions parlementaires, à ne pas utiliser le scrutin secret. Il constate que cette méthode est employée en France, en Amérique, en Italie, en Espagne, en Valachie, en NouvelleZélande, en Australie, au Nouveau-Brunswick. La Nouvelle-Écosse n'a pas à proprement parler le scrutin secret, mais l'assemblée législative de cette province a adopté un projet de loi en ce sens au cours de la dernière session. En Angleterre, on a recours au scrutin secret dans les sociétés scientifiques pour élire les conseils de direction des sociétés bancaires et autres. A la Chambre des Communes du Parlement britannique, une mesure de ce genre a franchi l'étape de la première lecture, le motionnaire, M. Leatham, affirmant que le scrutin secret est le seul remède aux grands maux qui existent, en Irlande en particulier, où cette méthode est indispensable pour protéger les électeurs contre les grands propriétaires et les prêtres; d'autres personnalités en vue se sont prononcées chaleureusement en faveur du mode de scrutin secret: le marquis de Hartingodéspuvel todébavn que ne soit entendu le rapport du comité qui recommande, en autres choses, l'adoption du scrutin secret. Voilà qui démontre bien les sentiments du Parlement britannique à l'égard de ce dernier, et on a dit, il y a quelques jours, que M. Disraeli aurait fait des déclarations importantes selon lesquelles il partagerait les vues du Parlement. Si la question retient à ce point l'attention des Anglais, elle mérite probablement que la présente assemblée s'y attarde aussi. Il fait partie de ceux qui ont beaucoup de considération et de respect pour les opinions des hommes d'États anglais, mais il considère qu'il est des mesures touchant le pays dont celui-ci seul doit décider. Il attire l'attention du ministre des Douanes (M. Tilley) sur ce sujet, car il ne voit pas comment celui-ci peut appuyer le présent projet de loi s'il ne comporte pas l'article relatif au scrutin secret, étant donné la position qu'il a adoptée vis-à-vis de la question dans le passé. C'est le Gouvernement de l'honorable gentleman qui a voté la loi au Nouveau-Brunswick et celui-ci a farouchement défendu ladite mesure; il a souvent pris la parole en sa faveur et il a activement fait avancer cette cause de toutes les façons possibles. Il (M. Connell) a donc peine à concevoir comment M. Tilley pourrait voter en faveur du présent projet de loi qui priverait le Nouveau- 520 COMMONS DEBATES March 18, 1870 Brunswick du privilège que son Gouvernement a réussi à obtenir et auquel la population accorde tellement de prix. Le ministre des Douanes n'est pas sans savoir quel sentiment prévaut dans sa propre circonscription. Comme preuve de ce qu'il avance, il se prépare à lire un passage tiré du News de Saint-Jean, un journal qui a toujours appuyé le Gouvernement. L'extrait dit en substance ce qui suit: New Brunswick has experience in this matter. We in this Province speak from personal knowledge on the subject. We have tried open voting; and we have tested the ballot box plan. We have had experience of the practice of keeping open the polls for several days, and we know all about the effect of keeping them open in the same constituency for only one day. We have no need to go abroad for illustrations or testimonies on this subject, or to rely on untested theories in relation to the question—our own experience in the matter is full and decisive. And that experience has demonstrated that although vote by ballot does not and cannot prevent recourse being had to bribery, does not preclude fraudulent voting, and does not make intimidation of voters impossible, yet, while it is not, at least, more favourable to the operations of the briber and the fraudulent voter than open voting, it does afford very considerable protection to timid men, and tends to prevent at the hustings scenes of riot and violence only too common where the ballot is not in use. Our experience, also, has placed it beyond doubt that one day affords ample time for polling the votes of any given constituency. In New Brunswick the matter is not open to debate in any shape or form. New Brunswick, if left to its own judgment, would never surrender the ballot or extend the period of voting. The man who in our Legislature would venture to propose such absurd ideas would be the object of universal derision. A government among us attempting to force such a measure embodying those ideas would be laughed out of existence or kicked out of office amid general contempt and indignation. The mind of New Brunswick from personal knowledge derived from its own ample experience is made up irrevocably on this subject. But if the Ontario and Quebec statesmen are not disposed to adopt our superior electoral practices, let not those statesmen for one moment cherish the purpose of imposing their inferior electoral usages upon us. We say again that there is no need of uniformity throughout the Provinces on the points referred to. Therefore if the Upper Provinces people are not prepared to rise to our level, they would be utterly in the wrong to drag us down to theirs, and thus bring back to us those days of comparative electoral barbarism from which we long since escaped. A strong and united representation to the Government from the New Brunswick and Nova Scotia members would, we imagine, at once settle the question in our favour. Proper efforts should also be made, in any case, to enlighten the minds of the true friends of the Union from the other two Provinces on this subject. It cannot be, it is not the wish of these Province Unionists to discourage the Union sentiment of the Maritime Provinces. They can have no desire to play into the hands of the disunionists anywhere. They cannot feel indifferent to the feelings with which we of the Maritime Provinces regard our numerous brethren of the Upper ones. They will not, if they are brought to understand the question properly, be parties to inflicting upon us needlessly, without any object to be gained thereby by any part of the Dominion or any interest in it, evils which we earnestly deprecate. [Hon. Mr. Connell-L'hon. M. Connell] Le Nouveau-Brunswick a une certaine expérience en la matière. Nous, les habitants de cette province, nous parlons d'un sujet que nous connaissons. Nous avons essayé la méthode du scrutin découvert, et nous avons expérimenté l'utilisation de l'urne. Nous savons ce que signifie un bureau de vote ouvert pendant plusieurs jours et nous connaissons les conséquences qu'entraîne l'ouverture d'un bureau de scrutin une seule journée. Nous n'avons nul besoin d'aller chercher à l'étranger des exemples ou des témoignages sur le sujet, ou de nous appuyer sur des théories non vérifiées; notre propre expérience en la matière est suffisante et concluante. Et celle-ci nous a appris que bien que le vote secret ne puisse empêcher la corruption, qu'il ne prévient pas les fraudes électorales et qu'il ne rend pas impossibles les manœuvres d'intimidation des électeurs, il ne rend pas pour autant la tâche plus facile au suborneur et au fraudeur que le vote par scrutin découvert, que de plus, il offre une protection très grande aux timides et qu'il a tendance à empêcher, lors des assemblées électorales, les bagarres et les scènes de violence trop répandues là où le scrutin secret n'est pas en usage. Notre expérience nous a également convaincus hors de tout doute qu'une seule journée suffit amplement pour recueillir les votes d'une circonscription donnée, quelle qu'elle soit. Au Nouveau-Brunswick, la question ne peut faire l'objet d'aucune discussion. Si le NouveauBrunswick devait seul en décider, jamais il ne renoncerait au scrutin secret, pas plus qu'il ne prolongerait la durée du vote. Le député de notre assemblée législative qui se hasarderait à faire des propositions aussi absurdes deviendrait la risée de tous. Le Gouvernement qui tenterait d'imposer une mesure comprenant de telles idées se verrait anéanti par le ridicule ou forcé de démissionner au milieu du mépris et de l'indignation de toute la population. Le Nouveau-Brunswick s'est fait une opinion bien arrêtée sur la question, en se fondant sur ses connaissances qui lui viennent de sa vaste expérience. Mais si les hommes d'État de l'Ontario et du Québec ne sont pas disposés à adopter nos mœurs électorales qui sont supérieures aux leurs, ne les laissons pas nourrir un seul instant le dessein de nous imposer leurs coutumes électorales inférieures. Nous l'avons déjà dit, il n'est pas nécessaire que les mesures mentionnées soient adoptées par toutes les provinces. Par conséquent, si celles du HautCanada ne sont pas prêtes à s'élever à notre niveau, elles auraient entièrement tort de nous forcer à descendre jusqu'au leur, nous ramenant ainsi à cette ère de barbarie électorale relative à laquelle nous avons échappé depuis longtemps. Une délégation forte et unie de représentants du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse pourrait, croyons-nous, trancher sur-le-champ la question en notre faveur. Il faut faire le nécessaire, de toute façon, pour ouvrir les yeux des véritables amis de la Confédération des deux autres provinces sur cette question. Les fédéralistes de ces provinces ne veulent pas décourager le sentiment unioniste des provinces Maritimes. Ils ne peuvent avoir envie de jouer le jeu des séparatistes où qu'ils soient. Ils ne peuvent rester indifférents devant les sentiments que nous, habitants des provinces Maritimes, ressentons à l'égard de nos nombreux frères des provinces du Haut-Canada. Si on leur fait bien comprendre la situation, ils ne consentiront pas à nous infliger inutilement, sans qu'aucune région de la Puissance y ait quoi 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 521 que ce soit à gagner et sans y avoir aucun intérêt, des maux que nous combattons énergiquement. Another journal,. the St. John Telegraph, says also: Un autre journal, le Telegraph de Saint-Jean, ajoute ce qui suit: The principle of a Federal Union does not imply or require uniformity in the mode of voting, though it does and must deal with the number of representatives which each member of the Confederation is entitled to send to Parliament. It makes no difference to the Upper Provinces whether our elections extend over two days, or are finished in one, or whether we use the ballot or the opposite system:—why then should we be compelled to abandon, by the sheer force of superior numbers and without rhyme or reason, what we prize so highly? It cannot be maintained that absolute uniformity is demanded by any considerations whatever in this case. The Constitutions of the Provinces differ from each other. The Government is prepared to make exceptional terms with Newfoundland, Prince Edward Island and Red River, in various matters, including some quite as much within the federal province as the mode of voting. We would, therefore, advise ministers to avoid inflicting upon us a clamant wrong for the sake of an idea, fraught with so much injury and humiliation to us, without any corresponding benefit to any other person. They may not listen to our advice, and we have to yield. If we do so, however, our surrender to superior numbers will be a bitter one and accompanied with corresponding maledictions, and should the day ever come when we can make our oppressors understand how keenly we feel the wrongs they have done to us, the opportunity will be one which we shall most heartily welcome. The laws of the Provinces of Quebec and Ontario are, in some respects, very different. In short, there is no good reason for wresting the ballot from us, and if it be done, we can only attribute the act to an utter disregard of our feelings and interests. The Anti-Confederates used to tell us that such would be our experience under Confederation. We stoutly denied it. We did so in good faith. Nor would we, on any account, go back to the dangerous condition of isolation in which we remained too long. We feel that we now stand on a much higher platform, politically and commercially, than we formerly did. But we do not like to have valuable privileges wrested from us without reason, by sheer numerical force. It is not right for the Government to do so, but if they disregard right we should ask them, is it politic? Are they so strong, has their public platform been so successful, and their friends so numerous and defections from their ranks so unprecedented, that they can afford to trample on the aspirations of their friends and fulfil the worst predictions of their enemies? The contrary may be safely asserted to be the case. If the members of the Government connot see this they must be very blind. Is the support of the Maritime Provinces or their Press of any account? Perhaps not just at present. It might be useful by and bye to members who are not much among their constituents and who have not that hold on them they once had,—will these members earn that support? Will they tell the Government that the Maritime Provinces do not desire to part with the ballot? Will they take their stand on that point? If so, they will gain many friends here—they will need them all, however; but if they do not take a stand on this point, they will most assuredly lose the support of many friends in and out of the Press. What is more, they will be despised by those who propose to deprive us of a right which we prize very highly. Le principe d'une union fédérale n'implique ni ne nécessite un mode de scrutin qui soit le même partout, bien qu'il faille s'en tenir au nombre de représentants que chacun des membres de la Confédération a le droit de déléguer au Parlement. Il importe peu aux provinces du Haut-Canada que nos élections durent deux jours ou qu'elles se fassent en une journée, ou que nous ayons recours au mode du scrutin secret ou à l'autre système:—pourquoi devrions-nous, dans ce cas, être contraints d'abandonner, simplement parce qu'on est minoritaire et sans rimes ni raisons, ce à quoi nous accordons tant de prix? On ne peut prétendre qu'il existe une raison quelconque d'exiger l'uniformité absolue, dans ce cas. Les constitutions des provinces diffèrent les unes des autres. Le Gouvernement est disposé à faire des arrangements exceptionnels avec Terre-Neuve, l'île-du-Prince-Édouard et la région de la Rivière Rouge sur différents sujets, parmi lesquels on retrouve des points qui sont aussi importants que la question du mode de scrutin. Nous désirons, par conséquent, conseiller aux ministres d'éviter de nous faire subir une injustice criante au nom d'un principe qui nous porte préjudice et qui nous humilie à ce point, sans qu'ailleurs on en retire des avantages proportionnels au tort causé. Ils peuvent ne pas tenir compte de notre avertissement et nous devrons alors nous rendre. Si nous devons céder, cependant, notre reddition à la majorité sera chargée d'amertume et accompagnée des malédictions de circonstance; et si jamais nous avions un jour l'occasion de faire comprendre à nos oppresseurs avec quelle acuité nous percevons les injustices qu'ils nous ont fait subir, une telle occasion sera des plus chaleureusement accueillies. Les lois du Québec et de l'Ontario sont très différentes sous certains rapports. En somme, il n'existe aucune raison valable de nous enlever le scrutin secret et si cela se produisait, nous ne pourrions trouver d'autre raison à ce geste qu'un manque total de respect à l'égard de nos sentiments et de nos intérêts. Les adversaires du fédéralisme nous ont dit et redit que tel serait notre sort au sein de la Confédération. Nous avons nié la chose énergiquement. Nous l'avons fait en toute bonne foi. Pour rien au monde nous ne retournerions à la dangereuse situation d'isolement où nous nous sommes trouvés trop longtemps. Nous pensons que nous nous situons maintenant à un niveau de beaucoup supérieur, du point de vue politique et commercial, à celui où nous étions auparavant. Mais nous n'aimons pas qu'on nous arrache des privilèges précieux sans raison, par la seule force du nombre. En agissant ainsi, le Gouvernement commet une injustice; cependant, s'il ne se soucie pas de la justice, nous devrions lui demander si sa conduite est habile sur le plan politique. Ses membres sont-ils si sûrs d'euxmêmes, leur vie publique est-elle si réussie, leurs amis sont-ils si nombreux et la défection parmi leurs rangs est-elle si rare qu'ils puissent se permettre de fouler aux pieds les aspirations de leurs amis et de réaliser les prédictions les plus sombres de leurs ennemis? On peut affirmer à coup sûr qu'il n'en est rien. Si les membres du Gouvernement ne peuvent s'en apercevoir, c'est qu'ils ont la vue bien courte. L'appui des provinces Maritimes ou de leurs journalistes n'a-t-il aucune valeur? Peut-être qu'il n'en a pas, pour l'instant. Mais bientôt il pourrait s'avérer utile aux députés qui ne visitent pas souvent leurs électeurs et qui n'exercent plus sur ceux-ci l'emprise qu'ils ont déjà eue-ces députés se gagneront-ils notre appui? Diront-ils au Gouvernement que les provinces Maritimes ne veulent pas renoncer au scrutin secret? Nous appuieront-ils sur cette question? S'ils le font, ils se feront beaucoup d'amis parmi nous—ils en auront grand besoin 522 COMMONS DEBATES March 18, 1870 du reste; dans le cas contraire, ils perdront très certainement l'appui de beaucoup d'amis journalistes et autres. Qui plus est, ils seront méprisés par ceux qui se proposent de nous déposséder d'un droit auquel nous attachons beaucoup d'importance. With regard to the other provisions of the Bill, he thought they were prepared to take it up, and to give it a fair hearing, and when the proper stage arrived would go into the details of the measure, and move such amendments as might be necessary. He still trusted that such amendments would be made by the Minister of Justice himself, as would render the Bill satisfactory to New Brunswick. And he should be glad when he went home, to be able to tell his constituents, that there had been one act of legislation brought in and passed through the House, on the part of the Government, of which he could heartily approve. Knowing, as he did, the strong feeling which existed on the part of New Brunswick, he felt and the Government could not but be aware, that it was one which they could not ignore. He trusted the Government would move of their own accord, and accept of their own free will, the clauses which he had given notice of his intention to move. If not, at the proper time, he would do so himself. He had received letters couched in the strongest terms on this subject, but not stronger than the existence of the feeling in the Province warranted, and he trusted that the majority of the House would comply with the well understood wishes of New Brunswick, and confirm to them a privilege to which they attached so much value, that feeling being grounded on the experience of the beneficial result of the system gained during the period, in which it had been in existence. Pour ce qui concerne les autres dispositions du Bill, il pense qu'ils sont prêts à aborder la discussion du projet de loi et à le débattre dans les règles; et le moment venu, ils étudieront en détail la mesure et proposeront tous les amendements qu'ils jugeront nécessaires. Il espère toujours que c'est le ministre de la Justice lui-même qui proposera des amendements susceptibles de rendre le Bill acceptable pour les députés du Nouveau-Brunswick. Et quand il rentrera chez lui, il sera content de pouvoir dire à ses électeurs que le Gouvernement a déposé et adopté en Chambre une mesure législative qu'il peut approuver sans réserve. Il connaît bien le profond sentiment que ressent la population du Nouveau-Brunswick, et il pense que ce dernier est bien perçu par le Gouvernement comme étant l'un de ceux qu'il ne peut ignorer. Il espère que le Gouvernement proposera lui-même et qu'il acceptera de plein gré les amendements qu'il a explicitement manifesté l'intention de proposer. Sinon, il le fera luimême au moment opportun. Il a reçu des lettres rédigées en des termes extrêmement vigoureux sur le sujet; mais cet emportement est moins grand que le sentiment qui prévaut dans la province; il a confiance que la majorité des députés de la Chambre se rendront aux désirs bien légitimes du Nouveau-Brunswick et qu'ils lui conserveront un privilège auquel la population de cette province attache autant d'importance, du fait qu'elle connaît les avantages que le système a procurés tout au long de sa mise en application. Mr. Caron congratulated the Hon. Premier on the suitable manner in which he had introduced this measure to the House. Several amendments had been suggested, of some of which he approved, but there were others which he could not recommend, for instance, vote by ballot and the preparation of the voters' lists by municipal officers. He was of opinion that the salaries of Returning Officers should be clearly fixed, whether the elections were contested or not. In his own experience, he had known Returning Officers, who, in order to increase the amount of their fees, brought about a contest, and this could not occur if the salaries were fixed. He thought that the day of nomination should be abolished in the same manner as the day of proclamation had been done away with. He thought that by the provision of the proposed Bill, sound electoral lists would be secured, but they would prove very expensive; that the mode of preparing them might be simplified by striking out M. Caron félicite l'honorable premier ministre de la façon avec laquelle celui-ci présente ce projet de loi devant la Chambre. Parmi les nombreux amendements qui ont été proposés, il en est qu'il approuve; par contre, il y en a d'autres qu'il ne peut appuyer comme le vote par scrutin secret et l'établissement des listes d'électeurs par des fonctionnaires municipaux. Il est d'avis qu'on doit établir clairement le salaire des présidents d'élection, qu'il y ait contestation d'élection ou non. Il a lui-même connu des présidents qui, dans le but d'augmenter leurs honoraires, ont provoqué une contestation d'élection; cette situation ne pourrait pas se produire si les salaires étaient établis d'avance. Il pense qu'il faut abolir le jour de la présentation des candidatures de la même manière qu'on a supprimé le jour de l'avis d'élection. Selon lui, les dispositions du Bill garantiront la constitution de listes électorales valables qui vont cependant coûter très cher; il croit qu'on peut en simplifier l'établissement [Hon. Mr. Connell—L'hon. M. Connell.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 523 the clause relating to preliminary revision which seemed useless; that the revising barristers in the Province of Quebec might fairly be replaced by the notaries public residing in each electoral district. In conclusion, he thoroughly approved of the principle of the Bill, and felt firmly convinced that after some amendments were made in Committee of the Whole, it would be found to be an excellent measure. en supprimant la disposition relative à la première révision qui semble inutile; on pourrait bien remplacer les contrôleurs de listes électorales dans la province de Québec par les officiers ministériels demeurant dans chaque circonscription électorale. En guise de conclusion, il est entièrement d'accord avec l'esprit du Bill et il est fermement convaincu qu'une fois que le Comité général y aura apporté certaines modifications, on pourra le considérer comme une excellente mesure législative. Mr. McDonald (Lunenburg) would not detain the House with any long remarks. He was prepared to recognize the necessity of a uniform system for the whole Dominion, which was just as important as a uniform system for the Province. It would be absurd to see in the next House gentlemen elected by different classes of voters. They had recently in Nova Scotia an illustration of the inconvenience and danger of leaving an election law to be dealt with by the Local Legislature. There, a member of the Provincial Government had dictated how the election for a member of this House should be held. He had dictated to the Sheriffs of Yarmouth and of Hants respecting the way of conducting the elections of members of the House of Commons, these officers being under the control of the Government of which he was a member, and knowing that they were liable to be removed from office if they disobeyed his orders. In adopting a uniform franchise for the whole Dominion, each Province must concede something; but he thought Nova Scotia was asked to give up more than her share. The Bill, as it stands, would disfranchise at least fifteen per cent of her voters. It proposes to raise the real estate qualification from $150 to $200. The provision that a man should not vote unless he held a lease for five years, would disfranchise a large class in the country districts and country towns in Nova Scotia. There were many young men in his Province who held property in the shape of shares in ships and fishing vessels, who had a stake in the country. Yet, under this Bill, they would be disenfranchised. Personal property, as a qualification, ought to be recognized, and he hoped the Bill would be modified in this respect in committee. To do this would be only a measure of justice to that Province, and would be no injustice, but on the contrary would be a great gain to the larger Provinces of Ontario and Quebec. Another important reason for changes in this Bill in the direction he had indicated, was that without these changes it would work injuriously against Newfoundland, if that Province came into the union. It would, in fact, be the strongest inducement to it to reject Confederation. M. McDonald (Lunenburg) ne veut pas retenir l'attention de la Chambre par de longs commentaires. Il est prêt à reconnaître la nécessité d'instaurer un système uniforme à travers toute la Puissance, ce qui est tout aussi important que de mettre sur pied un système uniforme à travers la province. Il serait ridicule que les députés du prochain Parlement soient élus par des catégories d'électeurs différentes. La Nouvelle-Écosse vient d'avoir un exemple des inconvénients et du danger que l'on court à laisser l'assemblée législative locale s'occuper de l'application de la loi électorale. En effet, un député du gouvernement provincial a décidé de quelle façon il fallait procéder pour élire un membre de cette Chambre. Il a dicté aux chefs de la police de Yarmouth et de Hants la façon de tenir l'élection des députés de la Chambre des Communes, les officiers en question se trouvant sous la coupe du gouvernement auquel appartenait ledit député tout en sachant qu'ils pouvaient être démis de leurs fonctions s'ils désobéissaient aux ordres donnés. Pour que la loi électorale devienne la même pour toutes les régions de la Puissance, il faut que chaque province fasse des concessions; mais croit-il, on demande à la NouvelleÉcosse de faire plus que sa part. Le Bill, sous sa forme actuelle priverait au moins 15 pour cent des électeurs de cette province de leur droit de vote en proposant qu'on porte de 150 à 200 dollars la valeur des biens immobiliers donnant accès au vote. La disposition suivant laquelle un homme ne pourrait pas voter à moins de détenir un bail de cinq ans priverait de son droit de vote une bonne partie de la population des circonscriptions et des municipalités de la Nouvelle-Écosse. Il y a plusieurs jeunes, dans sa province, qui possèdent des biens sous la forme de parts dans des navires ou des bateaux de pêche et qui ont des intérêts dans ce pays; le présent Bill les empêcherait de voter. Il pense que la possession de biens personnels doit garantir le droit de vote et il espère que le Bill sera modifié en ce sens lorsque le Comité l'examinera. Agir ainsi ne serait que justice envers cette province et il n'y aurait là nulle injustice, tandis qu'agir autrement favoriserait grandement les autres provinces plus populeuses du Québec et de l'Onta- 524 COMMONS DEBATES March 18, 1870 rio. Le député donne une autre raison importante pour modifier le Bill selon les modalités qu'il propose: sans lesdites modifications, dit-il, le Bill nuirait considérablement à Terre-Neuve si cette province venait à se joindre à la Confédération. Celle-ci y verrait, en fait, un motif des plus valables pour ne pas faire partie de la Confédération. Mr. Costigan approved of the general principles of the Bill. With regard to the ballot system he knew, from his own personal knowledge, that it had not worked well in New Brunswick. It ought not to be credited with bringing peace and quiet at elections, because that was due to the fact of registration and also to the fact that the number of voting places were increased, and thereby the number of electors collected together was less. There was not a single feature of corruption and bribery under the system of open voting that had been done away with by the ballot. On the contrary, it had introduced new features of corruption that had never been heard of before. The ballot was unpopular in his constituency; the elector preferred to come up to the polls and vote openly for the man of his choice. The only persons who benefited by the ballot were those who wanted to make money out of elections by selling their votes. It gave them an opportunity, which they did not lose, of selling their votes to two or three different parties, though it did not prevent candidates from buying votes, as some of them were bound to buy them any way. There was a certain moral influence connected with the open system of voting, which prevented people from selling their votes, but which was totally destroyed under the ballot. He objected to a property qualification for members, over and above the qualifications for electors. He thought the nomination day had a good effect, when candidates came before the whole country, and had to give a fair statement of their politics. The majority of the people of the county he represented were French, and he thought both languages should be used on reading the writ and other proclamations. Before sitting down he would explain his position in the House. He had given the Government a fair support, though when he came into the House he had occupied an awkward position, as he came from a part of New Brunswick where people had been called Anticonfederates, Fenians, and other names. He had noticed the cheers which had been given to speakers in this House who spoke in favour of Confederation, and the coldness which was awarded to others. When New Brunswick had decided that it should be represented by Confederation advocates, he had declined to accept, and he was still opposed to Confederation, but he had no desire to throw anything in [Mr. McDonald (Lunenburg)-M. McDonald (Lunenburg).] M. Costigan est d'accord avec les grandes lignes du Bill. En ce qui concerne le scrutin secret, il sait personnellement que cette méthode n'a pas bien marché au NouveauBrunswick. Ce n'est pas grâce à elle que la paix et le calme règnent pendant les élections; la véritable cause en est l'inscription des électeurs et aussi le fait que le nombre des bureaux de vote a été augmenté et que, par conséquent, le nombre d'électeurs pour un seul lieu est moins élevé. Le scrutin secret n'a supprimé aucune des caractéristiques de la corruption électorale qui sévit dans le système du scrutin découvert. Il a même introduit des éléments de corruption dont on n'avait encore jamais entendu parler. La méthode du scrutin secret est mal vue dans sa circonscription; l'électeur préfère se présenter au bureau de scrutin et voter ouvertement pour l'homme de son choix. Les seules personnes qui profitent du scrutin secret sont celles qui veulent faire de l'argent avec les élections en vendant leur vote. Cela leur donne une chance, qu'elles ne laissent pas passer, de se laisser acheter par deux ou trois partis différents; cela n'empêche pas les candidats d'acheter des votes, puisque certains d'entre eux vont le faire de toute façon. Le système du scrutin découvert comporte un certain élément de moralité qui empêche les gens de vendre leur vote, alors que cet élément disparaît complètement avec le scrutin secret. Il s'oppose à la disposition selon laquelle les députés doivent posséder davantage de biens que les électeurs. Il pense que le jour de la déclaration de candidature où les candidats se présentent devant le pays tout entier et doivent exposer dans les règles leurs idées politiques, a du bon. La majorité des gens du comté qu'il représente sont francophones et il estime qu'il faut utiliser les deux langues lorsqu'on fait la lecture du décret de convocation des électeurs et d'autres proclamations. Avant de se rasseoir, il désire expliquer à la Chambre quelle est sa position. Il a donné loyalement son appui au Gouvernement, bien que s'étant trouvé dans une position embarrassante au moment de son arrivée en Chambre, du fait qu'il vient d'une région du Nouveau-Brunswick où les gens ont été traités d'anti-fédéralistes, de Fénians et d'autres noms. Il a remarqué la chaleur avec laquelle on a applaudi les députés qui ont pris la parole en Chambre en faveur de la Confédération, ainsi que la froideur 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 525 the way of the progress of the country, and would be glad if all the arguments against Confederation were disproved. But he noticed that the first and strongest supporters of Confederation were now giving to the weakest support, and those who were anti-confederates, and had been called traitors, rebels and Fenians were literally waiting for Government to carry out their plans. This being the hon. gentleman's maiden speech, he was loudly cheered on taking his seat. manifestée aux autres. Quand le NouveauBrunswick a décidé qu'il devait être représenté par des partisans de la Confédération, le député a refusé d'accepter le principe de la Confédération et il s'y oppose toujours; mais il n'a aucune envie de faire obstacle aux progrès du pays et il serait content de voir rejetés tous les arguments contre la Confédération. Mais il constate que les premiers et les plus ardents défenseurs de la Confédération accordent maintenant leur appui aux plus faibles et que les anti-fédéralistes ainsi que ceux que l'on a qualifié de traîtres, de rebelles, et de Fénians attendent en fait que le Gouvernement mette ses plans à exécution. Son premier discours public terminé, l'honorable député regagne son siège sous les applaudissements de ses collègues. Mr. Chipman said he felt it to be his duty to express his opinion on the Franchise Bill now before the House, as he considered it one of the most important Bills ever brought before this Parliament, and thought party feeling should be laid aside—and our action should be for the general good. The Nova Scotia Election Law was prepared and passed by some of our ablest and best qualified men, some of whom had the honour of seats in this House, and among the number was the honourable member for Colchester, a man of great talent and ability. After having tried Franchise based on freehold estate alone, rate bill system wihtout any limit to the amount, then universal suffrage, and lastly the assessment roll, which is now in force, and working satisfactorily to the people—which I am desirous to retain—said Roll was prepared by persons recommended by the Grand Jury, and approved by the Court of General Sessions in each County, revised Rolls or lists filed with the Clerk of the Peace, as a record, and lists furnished by that office to the returning officers. The qualification of an elector was, $150 assessed on Real Estate, and $300 on Personal, or Real and Personal Estate together. Candidates have the same qualification as an elector, or the owner of Real Estate, worth eight dollars per year. We have in Nova Scotia the simultaneous polling, which works admirably. We are sorry to find that consolidating the Laws means here, to destroy, repeal or expunge the Laws of Nova Scotia altogether, and substitute others obnoxious and distasteful. The Bill now before the House fixes qualifications: Real Estate, $200; tenant under five years' lease at $20 rental; lease of Land or purchase from the Crown, $200; an annual Income of $400. Sir, the five years' lease is seldom, if ever known with us, and I am fully satisfied that a large number of the present electors will be disfranchised in Nova Scotia, by the present Bill. Sir, the patronage M. Chipman déclare qu'il croit de son devoir d'exprimer son opinion sur le projet de loi électorale dont la Chambre est saisie, puisqu'il le considère comme l'un des Bills les plus importants jamais présentés devant le Parlement, et il pense qu'il faut oublier pour l'instant son appartenance à un parti pour ne penser qu'au bien-être de la collectivité. La Loi sur les élections de la Nouvelle-Écosse a été conçue et adoptée par des hommes qui sont parmi les plus compétents et les mieux qualifiés; certains d'entre eux ont l'honneur de siéger dans cette Chambre, comme l'honorable représentant du comté de Colchester, homme d'une grande intelligence. Pour accorder le droit de vote, on s'est d'abord fondé uniquement sur la nu-propriété; ensuite on a eu recours au système du suffrage proportionnel sans aucun montant limite, puis au suffrage universel et enfin, au rôle des contributions, système qui est maintenant en vigueur et qui fonctionne d'une façon satisfaisante selon les dires de la population—et que je désire conserver; ledit rôle est établi par des personnes recommandées par le grand jury et approuvées par la Cour des sessions générales de chaque comté; les rôles ou listes révisés sont conservés par le greffier de la paix; celui-ci en fait parvenir un exemplaire aux présidents d'élection. Une personne a le droit de vote si elle possède des biens immobiliers d'une valeur de $150 et des biens mobiliers (ou des biens meubles et immeubles réunis) d'une valeur de $300. Les candidats doivent remplir les mêmes conditions que les électeurs, ou être propriétaires de biens immobiliers pour lesquels ils paient des taxes de $8 par année. En Nouvelle-Écosse, nous avons adopté la méthode du scrutin simultané qui fonctionne admirablement bien. Nous sommes désolés de constater que la refonte des lois signifie ici l'anéantissement, l'annulation ou la suppression absolue des lois de la Nouvelle-Écosse et la substitution d'au- 99263-36 526 COMMONS DEBATES March 18, 1870 given to the Government under the Bill, will enable them to use a power and control over the elections highly improper. Besides, this Law will be very expensive, there being several hundred officers and clerks, the most of them Lawyers and Judges, requiring about three hundred thousand dollars, or thereabouts, to cover the expenses. For these and many other reasons, I object to the Bill. I thank the House for a patient hearing—and will not intrude further. tres lois qui sont odieuses et répugnantes. Le Bill dont la Chambre est actuellement saisie, fixe de la façon suivante les conditions à remplir; la possession de biens immobiliers d'une valeur de $200, la détention d'un bail de cinq ans d'une valeur locative de $20, la jouissance d'un bail à ferme ou l'acquisition de biens de la Couronne d'une valeur de $200, un revenu annuel de $400. La jouissance d'un bail de cinq ans est chose rare sinon inconnue chez nous et je suis tout à fait convaincu que le présent Bill privera de leur droit de vote un grand nombre de nos électeurs. Les pouvoirs conférés au Gouvernement en vertu du présent Bill vont lui permettre d'influencer et de contrôler les élections d'une manière inadmissible. De plus, cette loi va nous coûter très cher, étant donné qu'elle emploiera plusieurs centaines d'agents et de greffiers, la plupat d'entre eux étant des avocats et des juges; elle entraînera des dépenses d'environ $300,000. C'est pour cela et aussi pour beaucoup d'autres raisons que je m'oppose à ce Bill. Je remercie les membres de la Chambre de m'avoir écouté patiemment—je n'interviendrai plus. Mr. Renaud said that he did not wish to oppose the present Bill of Election, but he could not permit the second reading without informing the Government that he is entirely opposed to the 82nd section, in which it is said that the Returning Officers shall publish all the proceedings of an election in Quebec, in the two languages—French and English—and that in the Provinces of Ontario, Nova Scotia and New Brunswick, all the proceedings shall be only in the English Language. He must say that, in New Brunswick, one-fifth of the population speak no other language than the French, and he could not see why all the proceedings in that Province should not also be in the two languages, the Acadian population having an equal right to their language with the English part of the population in the Province of Quebec. He would remark to the Government that the Local Government of New Brunswick had lately shewn their liberality in having all the proceedings of their Parliament published in French as well as in English. He hoped that the Federal Government will be as liberal towards New Brunswick. He would also call the attention of the Government to the nomination of an Election Barrister. He did not see the necessity of such an officer at useless expense. If three Commissioners are appointed, why appoint a fourth one? And if a fourth one is necessary, why appoint a Lawyer or Barrister? He (Mr. Renaud) was confident that a Merchant or Farmer, having education, would be as fit and proper a person to prepare the electoral lists as barristers; and, in resuming his seat, he had confidence that the Govern- M. Renaud enchaîne en disant qu'il ne veut pas faire opposition au présent Bill, mais qu'il ne peut permettre que l'on passe à la seconde lecture sans informer le Gouvernement qu'il en désaccord total avec le 82e article du projet de loi où il est dit que les présidents d'élection doivent publier en français et en anglais au Québec tous les documents relatifs aux élections et que dans les provinces de l'Ontario, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, ces documents doivent être rédigés en anglais seulement. Il se doit de dire qu'au NouveauBrunswick, 1/5 de la population ne parle pas d'autre langue que le français et il ne voit pas pourquoi tous les documents électoraux publiés dans cette province ne seraient pas rédigés également dans les deux langues, les Acadiens ayant autant droit à leur langue que les anglophones du Québec. Il désire faire remarquer au Gouvernement que les dirigeants du NouveauBrunswick ont manifesté, dernièrement, leur ouverture d'esprit en faisant publier tous les actes et débats de leur Parlement en français aussi bien qu'en anglais. Il espère que le Gouvernement fédéral se montrera aussi ouvert à l'égard du Nouveau-Brunswick. Il désire également attirer l'attention du Gouvernement sur la nomination du contrôleur des listes électorales. Il ne voit pas la nécessité de pareille nomination et estime que celle-ci occasionnera des dépenses inutiles. Si on nomme trois commissaires, pourquoi un quatrième? Et si on a vraiment besoin d'un quatrième commissaire pourquoi choisir un avocat? Il (M. Renaud) est persuadé qu'un marchand ou un fermier possédant une certaine instruction s'acquitterait [Mr. Chipman—M. Chipman.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 527 ment will amend the Bill, and make these sections less objectionable. aussi bien de l'établissement des listes électorales qu'un avocat; et tout en regagnant son siège il ajoute qu'il a confiance que le Gouvernement amendera le Bill de façon à rendre les articles en cause plus acceptables. Hon. Mr. Smith could not agree with the member for Victoria (Mr. Costigan) in reference to the working of the ballot in New Brunswick. He was quite prepared to admit that it had not reformed all the abuses of the open system; but on the whole it had worked well, and had brought peace at elections and done away with a good deal of briebery, though not of it all. He hoped the Government would not take away this boon from New Brunswick, as the people of that Province were very much wedded to that system. He pointed out that this Bill would restrict franchise in New Brunswick and disenfranchise many people who had long enjoyed the franchise. The New Brunswick franchise he thought might be adopted for the whole Dominion without any danger, especially in regard to allowing personal property to be the qualification. With reference to the system of Registration, he pointed out that it involved the examination of every title to real estate, because the boundaries had to be given, which would involve an immense amount of labour and expense. This evil might perhaps be remedied by adopting the last Assessor's list for the purpose of ascertaining who had the necessary amount of property. Every man with a mortgage on his property would be deprived of his vote, as the Bill provided that he must hold his property in a free and common socage. He doubted the propriety of imposing upon the County Judges the work of revising Barristers, as they had already as much to do as they could attend to. Besides, he thought Judges should not in any way be mixed up in politics. There was very extensive power given to Revising Barristers; they have power, for instance, of fixing the value of the property on which the qualification was based, and if judges had this work to do, he was afraid it would place them in a position where they would be liable to be regarded with suspicion. He thought the Sheriffs should be made ex officio Returning Officers. It was a large power to give the Government, that of appointing Returning Officers just before election, who would have the appointing of those under them. He also thought elections should always be held at the shire-town. With regard to the general features of the Bill exempting the restriction of franchise and the power it gave to the Government to appoint a Board of Registrators, and other objectionable features, he approved of them. L'honorable M. Smith n'est pas d'accord avec le député du comté de Victoria (M. Costigan) en ce qui concerne le déroulement du scrutin secret au Nouveau-Brunswick. Il est bien prêt à admettre que cette méthode n'a pas évité tous les abus du scrutin découvert; mais somme toute, celle-ci a été efficace; elle a fait régner la paix pendant les élections et a éliminé en grande partie la corruption. Il espère que le Gouvernement ne privera pas le Nouveau-Brunswick d'un tel avantage, puisque la population de cette province tient vraiment beaucoup à ce système. Il fait remarquer que le présent Bill limiterait le droit de vote au Nouveau-Brunswick et qu'il priverait de ce droit beaucoup de personnes qui en jouissent depuis longtemps. A son avis, la façon dont le Nouveau-Brunswick accorde le droit de vote pourrait être adoptée sans risque par toute la Puissance, surtout pour ce qui concerne le fait qu'on admette comme condition à remplir pour acquérir ce droit la possession de biens personnels. Quand au système de l'inscription des électeurs, il fait observer que celui-ci implique l'examen de tous les titres de propriété de biens immobiliers parce qu'il faut indiquer les limites de son terrain; cette tâche suppose une dépense énorme d'énergie et d'argent. On pourrait peut-être remédier à cet inconvénient, en utilisant la dernière liste établie par l'évaluateur pour connaître le nom des personnes qui possèdent suffisamment de biens. Tous les hommes dont la propriété est hypothéquée seront privés de leur droit de vote, puisque le Bill stipule qu'il faut posséder des biens immobiliers en franc et commun socage. Il trouve inopportun d'obliger les juges des cours de comté à faire le travail des contrôleurs des listes électorales, étant donné qu'ils ont déjà plus que leur part de travail. De plus, il pense que les juges ne doivent être mêlés d'aucune façon à la politique. Les contrôleurs des listes électorales se voient conférer des pouvoirs très étendus; ils peuvent, par exemple, fixer la valeur de la propriété permettant d'acquérir le droit de vote, et si les juges doivent prendre de telles décisions, il craint que ces derniers soient mal vus. D'après lui, les chefs de police doivent être nommés d'office, présidents d'élection. C'est accorder au Gouvernement un pouvoir considérable que de lui permettre de nommer les présidents d'élection immédiatement avant une élection, ceux-ci étant redevables de leur emploi aux autorités. Il pense également que les élections devraient toujours être tenues au chef-lieu. De façon générale, il 99263-36 1h 528 COMMONS DEBATES March 18, 1870 est d'accord avec les grandes lignes du Bill sauf pour ce qui est de la limitation du droit de vote, du pouvoir conféré au Gouvernement lui permettant de nommer une Commission des registraires et de certains autres points. Mr. Carmichael spoke in favour of the simultaneous polling system. He said he believed that the people of Nova Scotia would rather give back the subsidy granted them, than to give up that system. M. Carmichael se prononce en faveur du scrutin simultané. Il est convaincu que la population de la Nouvelle-Écosse aimerait mieux rendre la subvention qu'on lui a accordée que de renoncer à ce système. Mr. Masson (Soulanges) said, at that late hour of the night, he would make but very few observ ations. No person would reasonably oppose the principles of the Election Bill. But he might say that all things made by the hands of men are not perfect; and that, notwithstanding the high talents and legal capacities of the Hon. Minister of Justice, he surely could not be perfect in all his works, otherwise he would be wiser than the old Puritans of Massachusetts, who held three yearly sessions to enact "That it was not lawful for any person to be seen in highways, after nine o'clock, without having in his hands a lantern, into which it was of strict obligation to place a candle lighted." This present Bill, perfect as it now appears to be, would, from Parliament to Parliament, be amended to meet the wishes of the people, becoming from day to day more enlightened, and will demand the universal suffrage which he (Mr. Masson) was not ashamed to advocate, as the most just way to settle all the difficulties now raised by the hon. members from our Provinces in regard of the qualifications of electors. He wished to call the attention of the hon. members of the Government to a few sections of the Bill very objectionable to him. By the present Bill a tenant—(farmer)—to be a legal voter, must have a five years' lease in writing, and he would say that such an enactment will be very wrong in our rural districts—because generally proprietors of lands had no such leases with their tenants—and generally, if there exists a lease, it is from year to year. The Hon. Minister of Militia is proud of his fifty thousand volunteers, the true and loyal defenders of our country, and having a deep interest in its welfare, they being generally the sons of our wealthy farmers. Why then not give them the right to vote, if not otherwise qualified, when the Bill will permit the registration of the votes of newcomers into the Dominion, paying but a few dollars of house rent? He (Mr. Masson) had no objection to one day's polling, but he would insist that a poll is granted to every two hundred electors. He could not approve the appointment of an Election Barrister to revise the electoral lists— after a due preparation under oath by the three electoral Commissioners—and he might well M. Masson (Soulanges) déclare qu'étant donné l'heure tardive, il ne fera que très peu de commentaires. Aucune personne sensée ne peut s'opposer aux principes dont s'inspire le Bill sur les élections. Mais il permet d'ajouter que rien de ce qui vient de l'homme n'est parfait et que l'honorable ministre de la Justice, malgré ses grandes aptitudes et ses connaissances juridiques, ne peut certainement pas s'acquitter de toutes ses tâches à la perfection, ou alors il ferait preuve d'une plus grande sagesse que les anciens puritains du Massachusetts qui tenaient trois assemblées par année pour décréter que personne n'avait le droit de marcher sur la grande-route, après neuf heures, sans porter à la main une lanterne contenant une bougie allumée. Le présent Bill, si parfait qu'il puisse paraître maintenant, sera amendé de Parlement en Parlement pour répondre aux désirs d'une population devenant de jour en jour plus avertie, et qui finira par exiger le suffrage universel qu'il (M. Masson) n'a pas honte de préconiser comme le moyen le plus juste de résoudre toutes les difficultés que soulèvent actuellement les honorables députés de nos provinces au sujet des conditions permettant à un citoyen d'obtenir le droit de vote. Il désire attirer l'attention de ses honorables collègues du Gouvernement sur quelques-uns des articles du Bill qui lui semblent inacceptables. En vertu de celui-ci, pour avoir le droit de vote, un locataire (un fermier) doit détenir un bail écrit d'une durée de cinq ans; d'après lui, l'adoption d'une telle disposition sera très mauvaise pour nos régions rurales, parce qu'en général, les propriétaires de terres ne contractent pas de tels baux avec leurs locataires et que lorsqu'il existe un bail, ce dernier n'est généralement que d'une année. L'honorable ministre de la Milice est fier de ses cinquante mille volontaires, les défenseurs fidèles et dévoués de notre pays qui s'intéressent de très près à son bien-être, ceux-ci étant généralement les fils de nos riches fermiers. Pourquoi alors ne pas leur accorder le droit de vote, s'ils ne l'ont pas obtenu autrement; le Bill ne va-t-il pas accorder ce droit à des nouveaux venus au sein de la Puissance qui ne verseront que quelques dollars pour la location d'une maison? Il (M. Masson) ne s'oppose pas à ce que le vote ne [Hon. Mr. Smith—L'hon. M. Smith.] 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 529 say that if these Commissioners were chosen without any regard to party feelings, fair justice would be given to all the electors. Three fit and qualified persons will be found in each electoral district to prepare these electoral lists, without that great tribunal of a Revising Election Barrister. The member for Kent, N. B., representing, as it may well be said, the French-speaking population of the Maritime Provinces, has very properly insisted that the proceedings of elections be published in those Provinces, in the two languages. He (Mr. Masson) is proud of this action of his hon. friend, and he had reason to expect, from the liberality of the House, that not a voice will be raised to oppose his wishes. The French language is, by the Constitution, an official language, as much as the English—and now that any subject of the Crown has the right to speak his own language all over the Dominion, he (Mr. Masson) would remind the Government that there are near one hundred thousand French Canadians in the Province of Ontario, and he would insist that in all the counties where there is a respectable portion of electors of French origin, the Returning Officers do also publish their proceedings in their language. Before resuming his seat he (Mr. Masson) regretted not to see the member for Hochelaga in his seat. That hon. member had accused the Catholic Bishops, and the Catholic clergy, of having taken an undue part, and exercised an undue influence, at the last general election. These words are Anti-Canadian, from the chief of the liberal party in Quebec. He (Mr. Masson), in common with his hon. friends on this side of the House, repudiates such words. Religiously speaking, the clergy of Quebec are respected and loved, as they ought to be—but civilly he could not understand why a Priest should not exercise his electoral franchise, and his share of influence, as well as ministers of other denominations. He well understood that, in the excitement of debate, the member for Hochelaga may have used expressions which he must certainly regret. dure qu'une journée, mais il insiste pour qu'on prévoit un bureau de scrutin pour chaque groupe de deux cents électeurs. Il ne peut approuver la nomination d'un contrôleur de listes électorales—celles-ci étant dressées sous serment par les trois commissaires des élections—et il ajoute que si ces commissaires sont choisis sans qu'intervienne l'esprit de parti, justice sera rendue à tous les électeurs. On pourra trouver trois personnes compétentes et à la hauteur de la tâche, dans chaque circonscription, pour établir ces listes sans le recours à cet imposant tribunal de contrôle des listes électorales. Le député de Kent au NouveauBrunswick qui représente, pour ainsi dire, la population francophone des Maritimes, a exigé à juste titre que les documents électoraux soient publiés dans les deux langues dans ces provinces. Il est fier du geste de son honorable ami et il a des raisons de penser, qu'étant donné la largeur des vues de la Chambre, personne ne prendra la parole pour s'opposer à ses voeux. En vertu de la Constitution, le français est une langue officielle au même titre que l'anglais—et maintenant que tous les sujets de la Couronne ont le droit de parler leur propre langue à travers toute la Puissance, il (M. Masson) désire rappeler au Gouvernement que la province de l'Ontario compte près de cent mille Canadiens français; il demande donc que dans les comtés où on retrouve une proportion respectable d'électeurs d'origine française, les présidents d'élection publient également les documents électoraux en français. Avant de regagner son siège, il (M. Masson) regrette de ne pas apercevoir le représentant du comté d'Hochelaga à sa place habituelle. Cet honorable collègue a accusé les évêques et le clergé catholiques d'avoir joué un rôle qui ne leur appartenait pas et d'avoir usé de leur influence d'une manière indue lors des dernières élections générales. De telles paroles sont anticanadiennes dans la bouche du chef du Parti libéral du Québec. De concert avec ses honorables collègues qui, à la Chambre, sont du même côté que lui, il (M. Masson) condamne de tels propos. Sur le plan religieux, le clergé du Québec est respecté et aimé comme il se doit; et sur le plan civil, il ne comprend pas pourquoi un prêtre de l'église catholique ne devrait pas exercer son droit de vote ni se servir de l'autorité qu'il possède, tout comme les ministres des autres cultes. Il croit comprendre que dans l'animation de la discussion, le député d'Hochelaga peut avoir utilisé des mots qu'il doit certainement regretter. Hon. Mr. Howe said it was the duty of the Government to establish a uniform system, and he believed it would receive wise consideration from the House. He thought the Local Legislatures should not be allowed in any way L'honorable M. Howe, affirme que le Gouvernement a le devoir de mettre sur pied un système uniforme et pense que la Chambre se penchera avec prudence sur la question. Selon lui, on ne doit pas permettre aux assemblées 530 COMMONS DEBATES to control elections to this House, which would be the case if they were allowed to appoint the officers to carry out the elections. He said in Nova Scotia they had tried the experiment of allowing every man who was assessed for any amount to vote; and the effect was that every man who paid 6d. of County rates had the franchise, and rate collectors could qualify or disqualify for small sums, or by leaving names off the list. They also tried universal suffrage in Nova Scotia, and the result was that in a close election there were always enough of poor wretches who could turn the scale of election by selling their votes. There must be a compromise in this matter; Nova Scotia nor New Brunswick could not be expected to control the Dominion. Ontario and Quebec had the votes, but he did not believe they would do the Lower Provinces injustice in this matter. The Ballot system had never been asked for in Nova Scotia; and if New Brunswick had to give it up they should be content to take the best terms they could get in a great measure of compromise. The simultaneous system of voting had worked well in Nova Scotia; and though it was not now in the Bill, he thought there would not be much difficulty in making elections simultaneous in each Province— (hear, hear, and cheers)—however, the system had its drawbacks; and he went on to recount in a humourous style his experiences under that system, when he was defeated at a general election, and had to remain out of the Legislature till a vacancy occurred. March 18, 1870 législativ es provinciales d'intervenir dans l'élection des députés de cette Chambre de quelque façon que ce soit, ce qui se produirait si on les laissait choisir le personnel chargé de mener à bien les élections. Il dit qu'en Nouvelle-Écosse, on a tenté d'accorder le droit de vote à tout homme qui devait payer des impôts, quelle qu'en soit la somme; le résultat a été le suivant: tous ceux qui versaient une contribution de 6 dollars au comté obtenaient le droit de vote et les percepteurs d'impôt pouvaient accorder ce droit ou le retirer pour des sommes modiques ou en n'inscrivant pas certains noms sur la liste. On a également eu recours au suffrage universel en Nouvelle-Écosse; lors d'une élection serrée, il y avait toujours suffisamment de pauvres diables pour faire pencher la balance du pouvoir en vendant leur vote. On doit pouvoir en arriver à un compromis; on ne peut s'attendre à ce que la Nouvelle-Écosse ou le Nouveau-Brunswick gouverne la Puissance. L'Ontario et le Québec détiennent la majorité des votes, mais il ne croit pas qu'ils se montreront injustes envers les provinces du BasCanada. La Nouvelle-Écosse n'a jamais demandé l'instauration du scrutin secret; et si le Nouveau-Brunswick doit y renoncer, il voudra tirer le meilleur parti possible du grand compromis qui surviendra. Le système du scrutin simultané a bien fonctionné en NouvelleÉcosse; et bien que cela ne soit pas actuellement prévu par le Bill, il pense qu'il ne serait pas bien difficile d'instituer le système des élections simultanées dans chaque province— (applaudissements et bravos). rependant, ce système comporte certains inconvénients; et M. Howe de raconter sur un ton humoristique les expériences qu'il a connues lorsque ce système était en vigueur, alors qu'ayant perdu une élection générale, il avait dû se retirer de l'assemblée législative jusqu'à ce qu'il y ait un siège de libre. Hon. Mr. Wood wished to know from the hon. gentleman before he left that point on which he had dwelt so long, whether or not the House was to understand that the hon. gentleman was in favour of simultaneous elections all over the Dominion. His argument as he (Mr. Wood) understood it, was in favour of that principle, (hear, hear). L'honorable M. Wood désire savoir de l'honorable gentleman, avant que celui-ci n'abandonne le sujet sur lequel il s'est attardé si longtemps, si la Chambre doit comprendre que celui-ci favorise la tenue d'élections simultanées dans toute la Puissance. Il (M. Wood) croit comprendre que les arguments de son collègue vont dans ce sens. (Bravo!). Hon. Mr. Howe said he was in favour of many things that he could not get, (great laughter). Hon. gentlemen should remember that there must be more or less compromise in all legislation. He then went on to criticise humourously the arguments of the member for Bothwell. There had been an allusion to "camp followers" who would strip the wounded and all that sort of thing; but were there no camp followers on the other side? Would not the gentlemen opposite be willing to strip the L'honorable M. Howe lui répond qu'il est en faveur de beaucoup de choses qu'il ne peut obtenir. (Rire général.) Ses honorables collègues doivent se rappeler que toute loi doit plus ou moins faire l'objet de compromis. Et il poursuit en critiquant avec humour les arguments du député de Bothwell. On a fait allusion aux mercantis qui volaient les blessés et à diverses autres choses; mais n'y avait-il pas des mercantis de l'autre côté? Les honorables collègues de l'Opposition ne sont-ils pas prêts à dépouiller iHon. Mr. Bowe—L'hon. M. Howe.} 18 mars 1870 DÉBATS DES COMMUNES 531 habiliments of the Government even to those satin breeches, which seemed at this moment the great topic of conversation in Ontario? (Great laughter.) le Gouvernement de ses habillements même jusqu'à la culotte de satin, ce qui semble le grand sujet de conversation présentement en Ontario. (Rire général.) Mr. Bolton said, he was prepared to yield many points in a measure of compromise; but the question of the ballot was one which was very popular in New Brunswick, and the removal of which would be regarded as a great injury, and he hoped the Government would consent to allow the ballot to be still enjoyed in New Brunswick, though in all other respects, the law might be made uniform in all the Provinces. Such a course would be no injury to the other Provinces, and would allow New Brunswick to continue to enjoy what they considered a great boon. In other points the people of New Brunswick would yield their opinions if they would be allowed to retain the ballot. M. Bolton affirme qu'il est prêt à céder sur plusieurs points pour en arriver à un compromis; cependant, le scrutin secret est très populaire au Nouveau-Brunswick; la population de cette province considérerait sa suppression comme un grave préjudice et il espère que le Gouvernement permettra au Nouveau-Brunswick de profiter encore du scrutin secret, la loi pouvant par ailleurs être la même, sur tous les autres points, pour toutes les provinces. Cette façon de faire n'enlèverait rien aux autres provinces tout en permettant aux habitants du Nouveau-Brunswick de continuer à jouir de ce qui est, d'après eux, un grand avantage. Ceux-ci seraient prêts à concéder d'autres points, s'ils pouvaient conserver le scrutin secret. Mr. Ross (Victoria, N.S.)—During the eight years that I had the honour of a seat in the Parliament of Nova Scotia, I had no desire to be considered anything more than one of its silent members, and here also, I have no desire to take up the time by imposing my ideas on the attention of the House, but the franchise of the country is a matter in which we are all interested, and I would like to say a little on that subject. I have examined carefully the Franchise Act now before the House, and find that at least one-fourth of my constituency will be disfranchised by it, and that will apply to the whole Province of Nova Scotia. I was pleased to find the Minister of Justice state that he had no doubt but the Bill would be largely amended in committee; and I hope it will be cut up, dissected and disembowelled, so that when it passed its various stages very little more than the name would be left. The present franchise has worked well in Nova Scotia, and there is no desire to have it changed. If, then, the Government desire to have the franchise under their own control, all that they have to do is to appoint their own officers to prepare the rolls, and then they will have all the guards necessary to have everything they require. In this progressive age, when Conservative England is extending the franchise in all parts of the Empire, will it be said that in her name have been curtailed the responsibilities and privileges already conferred on the people? Once you confer the franchise on a people, taking it away again will be considered and resented as a grievance. It is quite evident that the Government have abandoned all hope of having Newfoundland brought into this Union, or to have the intend- M. Ross (Victoria, N.-É.)— Durant huit années, j'ai eu l'honneur de siéger au Parlement de la Nouvelle-Écosse et je n'ai jamais souhaité que l'on vît en moi autre chose qu'un parlementaire silencieux; maintenant encore, je n'ai nulle envie de prendre le temps de la Chambre pour l'obliger à écouter mes opinions; cependant, le droit de vote au pays étant une question qui nous intéresse tous, j'aimerais dire quelques mots sur ce sujet. J'ai étudié avec soin le projet de loi électorale dont la Chambre se trouve actuellement saisie et je constate que celui-ci privera au moins un quart des électeurs de ma circonscription de leur droit de vote; la population de la province de la Nouvelle-Écosse subira le même tort. J'ai été ravi d'apprendre que, selon le ministre de la Justice, le Bill serait grandement modifié lors de son étude en Comité; et j'espère qu'il sera découpé, disséqué et éventré de telle sorte que, lorsqu'il aura franchi les étapes habituelles, il n'en restera guère plus que le nom. Le mode d'attribution du droit de vote en NouvelleÉcosse a été efficace jusqu'ici et personne ne souhaite qu'on le change. Si le Gouvernement désire exercer lui-même un contrôle sur ce droit, il n'a qu'à nommer ses propres agents pour surveiller l'établissement des listes et il aura alors toutes les sentinelles nécessaires pour se procurer ce qu'il veut. En ce siècle de progrès, alors que l'Angleterre conservatrice étend le droit de vote à toutes les parties de l'Empire, dira-t-on qu'en son nom, ont été restreints les responsabilités et privilèges déjà accordés à la population? Enlever à une personne le droit de vote qu'on lui a accordé, sera considéré et ressenti comme une injustice. Il est bien évident que le Gouvernement a aban- 532 COMMONS DEBATES ed franchise extended to that Province; for, under its operation, you would not poll 8,000 votes outside of St. John's and Harbour Grace. The simultaneous polling Act was first introduced in Nova Scotia by the present Judge in Equity, and its operation has proved a great blessing to us in preserving peace and order, and preventing riots and bloodshed in many counties where political feeling ran high. Taking this great blessing away from us will be doing us a great injury, and one that is calculated to restore trouble and confusion, when all this would be avoided by permitting us to retain this beneficial feature in the Act refused. If the Government will not extend this Act to all parts of the Dominion, I hope they will allow it still to be retained in Nova Scotia. The hon. member from St. John stated what a loss it would be to England if the present Prime Minister would have lost his election; but, suppose that he was to be removed by death, would not the Government of England go on the same as ever, and would not the country prosper as if he never had existed? Suppose that the member from St. John would be defeated at the next election—a calamity we would all have to deplore—but if such a thing could be possible, what then but that the people of St. John would have returned another member—certainly not one possessing as much eloquence or as much military experience—but possessing more independence than the present member. Great men change sides, and are removed; and many think that if some of the members of the present Government were cast aside that better men would replace them; but one thing certain is, that the prosperity of the country would not be retarded, should some of them at any time lose their seats at an election. On motion of Mr. Fortin, the debate was adjourned. The House then adjourned at 12:35 a.m. March 18, 1870 donné tout espoir d'attirer Terre-Neuve dans notre fédération ou d'étendre à cette province le droit de vote tel qu'il le conçoit, parce que si ce système était mis en vigueur, on ne recueillerait pas 8,000 votes à Saint-Jean et à Harbour Grace. La loi sur le scrutin simultané a été introduite pour la première fois en NouvelleÉcosse par le juge actuel de la Cour d'équité et son application nous a été grandement salutaire, car elle a maintenu la paix et l'ordre et a empêché les bagarres et les effusions de sang dans beaucoup de comtés fortement politisés. En nous enlevant cet énorme avantage, on nous causera un grave préjudice, le tort ainsi subi étant de nature à ramener le désordre et la confusion, alors qu'on pourrait éviter tout cela en nous permettant de conserver cette caractéristique bénéfique de la loi rejetée. Si le Gouvernement n'applique pas cette loi à toutes les parties de la Puissance, j'espère qu'il va permettre à la Nouvelle-Écosse de la conserver. L'honorable représentant du comté de SaintJean nous a dit quelle perte l'Angleterre aurait subie si l'actuel premier ministre avait perdu ses élections; mais supposons que la mort emporte ce dernier, le Gouvernement de l'Angleterre ne continuerait-il pas à fonctionner comme toujours et le pays ne prospérerait-il pas comme si le premier ministre n'avait jamais existé? Supposons que le député de Saint-Jean soit vaincu lors des prochaines élections—un malheur que nous aurions tous à déplorer—supposons qu'une telle chose soit possible et que la population de Saint-Jean le remplace par quelqu'un qui n'ait certes pas autant d'éloquence et d'expérience des choses militaires que l'actuel député, mais qui possède une autonomie plus grande. Les grands hommes changent de partis et disparaissent; et plusieur pensent que si certains des membres de l'actuel Gouvernement étaient mis au rancart, des hommes plus compétents prendraient leur place; mais une chose est certaine, c'est que la prospérité du pays ne serait pas retardée, même si certains d'entre eux devaient un jour perdre leur siège à la suite d'une élection. M. Fortin propose un ajournement. La séance est levée à minuit trente-cinq minutes.