House of Commons Debates / Débats de la Chambre des

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House of Commons Debates / Débats de la Chambre des
DÉBATS DES COMMUNES
18 mars 1870
HOUSE OF COMMONS
Friday, March 18, 1870
The Speaker took the chair at 3:35 p.m.
CORRECTION
501
CHAMBRE DES COMMUNES
Le vendredi 18 mars 1870
L'Orateur ouvre la séance à 3 h 35.
RECTIFICATION
Hon. Mr. Huntington begged to correct the
summary of the debate given in one of the city
morning papers, in which he was represented
as admitting, that if the Commercial policy he
advocated was adopted, the British Empire
could not be maintained. What he did say was
that the prosperity and progress of the Colonies consequent upon such a policy would tend
to preserve and consolidate the Empire.
L'honorable M. Huntington demande qu'on
corrige le résumé du débat donné dans un des
journaux locaux du matin et selon lequel il
reconnaît que si on adopte la politique qu'il
préconise en matière commerciale, on ne
pourra maintenir l'Empire britannique. En réalité, il a déclaré que la prospérité et le progrès
des colonies résultant de cette politique tendraient à préserver et à consolider l'Empire.
PRINTING COMMITTEE REPORT
RAPPORT DU COMITÉ DES IMPRESSIONS
The Printing Committee's report recommended the printing of certain documents laid
before the House.
Le rapport du Comité des impressions
recommande l'impression de certains documents présentés à la Chambre.
CREDIT FONCIER
CRÉDIT FONCIER
Mr. Dufresne introduced the Bill intituled:
"An Act to facilitate the formation of Institutions of Landed Credit (Crédit foncier) ".
M. Dufresne dépose un projet de loi intitulé:
«Acte pour faciliter la création d'institutions de
Crédit foncier».
PUBLISHING DEBATES
PUBLICATION DES DÉBATS
adoption of the report of the Printing Committee, recommending that the tender by Mr.
Cotton for the printing and publishing of the
debates in French and English, which would be
done at a cost of $10,000 for 2,000 copies in
English and 1,000 in French, 1,000 of the one
and 500 of the other being distributed daily,
and the remainder delivered bound at the end
of the Session.
L'honorable Dr Tupper propose l'adoption
du raport du Comité des impressions qui
recommande de retenir la soumission de M.
Cotton concernant l'impression et la publication des débats en anglais et en français. L'édition et la publication de 2,000 exemplaires en
anglais et de 1,000 exemplaires en français dont
1,000 des uns et 500 des autres seront distribués
quotidiennement et le reste, relié et disponible
à la fin de la session, entraîneraient des dépenses de l'ordre de $10,000.
Mr. Cameron (Huron) objected to the
motion as being out of order. He intended to
oppose the report altogether.
M. Cameron (Huron) s'oppose à la motion
qu'il considère irrecevable et a l'intention de
contester l'ensemble du rapport.
After a few words from the Hon. Sir George-É. Cartier, the motion was withdrawn.
Après quelques mots prononcés par l'honorable sir George-É. Cartier, la motion est
retirée.
PAYMENTS TO BANK OF MONTREAL
PAIEMENTS VERSÉS A LA BANQUE DE
MONTREAL
Mr. Young moved that the returns and payments to the Bank of Montreal be referred to
the Public Accounts Committee.
M. Young demande que les relevés bancaires
et les versements destinés à la Banque de
Montréal soient renvoyés au Comité des comptes publics.
Hon. Dr. Tupper asked leave to move for the
NAVIGABLE STREAMS
COURS D'EAU NAVIGABLES
Mr. Cartwright introduced a Bill intituled:
"An Act for the better protection of navigable
streams and rivers."
M. Cartwright présente un projet de loi intitulé: Acte pour mieux protéger les cours d'eau
et rivières navigables».
502
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
SUPREME COURT BILL
PROJET DE LOI CONCERNANT LA COUR
SUPRÊME
Hon. Sir John A. Macdonald introduced a
Bill intituled: "An Act to establish a Supreme
Court for Canada." He said the measure submitted to Parliament last session, was rather
more for the purpose of suggestion and consideration, than for a final measure which
Government hoped to become law, but had
been carefully revised, the suggestions and
criticisms of the different benches in the
Dominion having been carefully considered.
He might mention that some early copies of the
measure had been distributed quite irregularly,
and he would warn hon. gentlemen who might
have got any of these copies, that they were
defective in many respects. The chief object of
the measure was the establishment of a Court
of Error and Appeal for the whole Dominion,
from Provincial Courts, under power conferred
upon this Parliament by the 104th clause of the
British North America Act. He did not propose
to discuss the measure until it was in the
hands of members, but he would briefly
explain its provisions. The Court is to be composed of a Chief Justice and six Judges. As to
the number of the Bench, a good deal of dif ference of opinion might fairly arise. The amount
of business thrown upon the Court at first,
could not be expected to be very large, and it
might, perhaps, be held that seven Judges was
too large a Bench. At any rate that was a fair
subject for discussion by the House. One of the
reasons for fixing the number at seven, was,
that it would be the Court of Appeal for the
whole Dominion; not merely for the four Provinces now in the Dominion, but also for those
other British North American Provinces which
we may confidently hope within a short time
to be embraced within our bounds. It was of
great importance that this Court should have
the confidence of the people and the profession
in all the Provinces. And while it would be
impossible and unwise that there should be a
cast iron rule, by which every Province should
be represented upon the Bench, yet it was
expedient, and greatly conducive to the
popularity of the Court, and to its usefulness,
to have as far as possible, the different Bars in
the different Provinces represented upon the
bench. Then again, in Ontario, where the
system of Courts involved a separation of
equity and common law, it might be considered
of great importance, if not of absolute necessity, that the Bars of equity and common law
should both be represented upon the Bench of
the Supreme Court. Then in the Province of
Quebec, there were two different systems of
law, the French law in civil cases, and the
criminal law, which was based upon English
criminal law. The commercial law of that Prov-
L'honorable sir John A. Macdonald présente un projet de loi intitulé: «Acte pour établir une Cour suprême pour la Puissance du
Canada». Il déclare que le projet de Loi présenté au Parlement à la dernière session était
beaucoup plus une proposition et un sujet
d'étude qu'on projet de loi définitif dont
l'adoption était souhaitée par le Gouvernement. On l'a minutieusement modifié en tenant
compte des propositions et des critiques apportées par les différents tribunaux de la Puis
sance. Il signale qu'on a distribué certains
exemplaires primitifs du projet de loi d'une
façon irrégulière et il informe ses collègues qui
pourraient en posséder un que ceux-ci comportent des lacunes sous plusieurs rapports. Le
but principal dudit projet de loi est d'établir,
en vertu du pouvoir conféré au Parlement par
l'article 104 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, une cour de cassation et d'appel
pour toute la Puissance où non pourrait contester les décisions des cours provinciales. Il n'envisage pas de discuter du projet de loi avant
qu'il soit entre les mains des membres du Parlement, mais il explique brièvement les dispositions qu'il contient. La cour se composera du
président de la Cour suprême et de six juges.
Quant à ce nombre, il peut facilement donner
naissance à de nombreuses divergences d'opinions. Au début, on ne peut s'attendre à ce que
la charge de travail incombant à cette cour soit
très lourde et on peut prévoir que certains
soutiendront qu'il est exagéré d'y nommer sept
juges. De toute façon, il y a lieu d'en discuter
au Parlement. On a fixé à sept le nombre de
juges car ce tribunal sera une Cour d'appel
pour tout la Puissance; non seulement pour les
quatre provinces qui en font partie actuellement, mais aussi pour les autres provinces britanniques de l'Amérique du Nord que le Gouvernement, il en est confiant, va sous peu
amener à faire partie de la Confédération. Il
est primordial que dans toutes les provinces
cette pour jouisse de la confiance des membres
de la profession juridique et de tous. Tandis
qu'il serait impossible et peu avisé qu'il y ait
une règle impérative exigeant que chaque province soit représentée au tribunal, il serait
néanmoins avantageux que, dans la mesure du
possible, le barreau de chaque province y soit
représenté. Cela contribuerait grandement à la
popularité de la cour ainsi qu'à son utilité. De
plus, en Ontario, où le système judiciaire établit une distinction entre common law et equity,
on peut considérer de première importance,
sinon d'une absolue nécessité, que les tribunaux compétents en ces matières soient représentés à la Cour suprême. Dans la province de
Québec, il y a deux systèmes de droit: le droit
[Mr. Cartwright—M. Cartwright.]
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DÉBATS DES COMMUNES
ince was also assimilated in its principles to
the commercial law of England. So that there
were two distinct sources of law in the Province of Quebec. The law of the Provinces of
Nova Scotia and New Brunswick, like the law
of Ontario, was based on the common law of
England. In New Brunswick there was a complete union of law and equity, and almost complete union in Nova Scotia. It was, however, a
matter for the calm and full consideration of
the House and country, whether it should be so
large as the Bill provided. The principal object
of course being to establish a Court of final
appeal from the various Provincial Courts of
Appeal, the clauses connected with that branch
of the subject were given in full length. With
respect to the original jurisdiction of this
Court, the Bill as introduced last session
included a great number of subjects which on
full consideration it was found wise to omit,
and confine the original jurisdiction to the
causes in which the Crown is party, such as
revenue causes, causes connected with the Post
Offices and other great public departments,
administered after the same fashion as causes
between the Crown and the people are conducted in Courts of Exchequer in England.
There were two clauses in the Bill respecting
constitutional questions, which he read, and
which were to the effect that the Court should
not have the power of vetoing any Act of the
Legislatures, but that the Crown might ask the
opinion of the Court on any disputed point,
which opinion, however, was to have no legal
effect. In the public press and public mind
generally, there had been an idea that one of
the chief functions of this Court was to try the
constitutionality of the Acts of the different
Provincial Legislatures and of the Parliament
of the Dominion. That idea was ex necessitate
to a great extent erroneous. Under the Act of
Union we had no power to confer any such
authority or jurisdiction upon the Supreme
Court. And if it be found advisable at any time
that such a power be conferred as is conferred
by the constitution of the United States upon
the Supreme Court of that country, that power
could only be given by the Imperial Parliament. The only mode in which the constitutionality of any Act of the Provincial Legislature could be brought before a tribunal in
Canada, or any of the tribunals in any of the
Provinces, would be for persons interested in a
suit between parties in a matter founded upon
the Act, to resist the execution of the law on
the ground that it was unconstitutional, and
therefore he was not bound by it; and then the
question would come legitimately before the
Supreme Court as a Court of Appeal. But there
was no mode under the Union Act of conferring original jurisdiction in such matters upon
this Court. Therefore, in this Bill, all those
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pénal anglais et le droit civil français. Le droit
commercial de cette province est aussi comparable, dans ses principes, au droit commercial
anglais. C'est ainsi que dans la province de
Québec, le droit provient de deux sources différentes. Tout comme le droit ontarien celui de la
Nouvelle-Écosse et celui du Nouveau-Brunswick se fondent sur le common law anglais. Au
Nouveau-Brunswick, on a effectué une union
complète entre le droit et l'équity et en Nouvelle-Écosse, l'union est presque complète.
Néanmoins, il incombe à la Chambre et au pays
d'étudier globalement et dans le calme si ce
tribunal doit avoir l'importance prévue dans le
projet de loi. Le but principal étant évidemment d'établir une cour de dernière instance,
recours ultime après les différentes cours d'appel provinciales; on a remis en entier aux membres du Parlement les articles reliés à cette
question. En ce qui concerne la compétence
première de ce tribunal, le projet de loi, tel que
présenté à la dernière session, comprenait un
grand nombre de question qu'après étude on a
jugé sage d'omettre. On a aussi cru bon de
limiter cette juridiction aux causes où la Couronne est partie comme c'est le cas pour les
causes fiscales, celles qui ont trait aux Bureaux
de poste et aux autres services publics importants. Ces procès sont instruits selon la même
procédure que celle utilisée en Angleterre à la
Cour de l'Échiquier pour les questions mettant
en cause la Couronne et le peuple. Le projet de
loi comporte deux articles portant sur des
questions d'ordre constitutionnel. Il lit ces articles qui stipulent que la cour n'a pas de droit
de veto sur aucune loi émanant des assemblées
législatives, mais que la Couronne peut demander son avis sur tous les points discutés. Cet
avis, cependant, n'a aucune valeur légale. La
presse et le public en général croyaient qu'une
des premières fonctions de cette cour était de
contrôler la constitutionnalité des lois adoptées
par les différentes législatures provinciales et
par le Parlement de la Puissance. Cette idée,
dans les circonstances, est en grande partie
erronée. En vertu de l'Acte d'Union, nous
n'avons pas la compétence de conférer à la
Cour suprême une telle autorité ou juridiction.
Si un jour, on juge opportun de doter la Cour
suprême de cette compétence, comme les ÉtatsUnis l'ont fait pour leur Cour suprême, la responsabilité en incombera au seul Parlement
impérial. Il n'y a qu'une seule façon de contester devant une cour fédérale ou devant un
tribunal provincial, la constitutionnalité d'une
loi provenant d'une législature provinciale; les
personnes qui désirent intenter des poursuites
judiciaires dans une affaire ayant trait à cette
loi doivent s'opposer à son application en faisant valoir qu'elle est anticonstitutionnelle et
par conséquent non contraignante. A ce
moment-là, la question ressortirait légalement
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COMMONS DEBATES
powers which were inserted in the Act, as
printed last session, have been omitted. The
two clauses which he had read to the House
enable the Governor General in Council to
send before the Court any special case, analogous to the practice that prevails in England,
when the Crown can at any time invite not
only the opinion of the judges, but also of the
Judicial Committee of the Privy Council on
any special case, for the information of the
Crown. The judges or the Judicial Committee
grant a certificate containing their opinion
upon the points submitted to them, but such a
certificate would not have the effect of a judgment. It would only be the opinion of the Court
for the information of the Crown, leaving to
the Crown the responsibility to act upon it or
disregard it. The certificate of the court would
have a moral effect, though not a legal effect,
upon the Provincial Courts and upon the whole
community, because the Court, being a Court
of Appeal, the same point could be referred to
them as a last resort, and their opinion would
not be likely to change, though, of course, they
would not be bound to their original opinion, if
after hearing the arguments in the case, and
upon more mature deliberation, they saw fit to
change or modify it. He would not trouble the
House with any remarks as to the machinery
by which it was proposed to carry out the
provisions of the Bill. There was the simple
ready system of summary appeal, which he
thought ought to be encouraged as much as
possible. Still the old form of a writ of error
and appeal was maintained, because it was
well known in the practice of all the Provinces,
and it would not be well to sweep it away
suddenly. It would be impossible to do so without interfering with the practice in the Provinces. But all the professional gentlemen who
heard him would agree with him that the general current of authority was to do away with
everything of that kind—to do away with the
almost obsolete system of a writ of error, and
versions of other old writs which were calculated rather to impede than assist justice;
and to encourage, as much as possible, a system
of ready, summary and inexpensive appeals
from the lower Courts to the higher. The provision of the Bill, although it was omitted in the
copies that had irregularly got out, was that
the Provincial appeal should be exhausted
before there could be an appeal to this Court.
In other words, that there should be no appeal
to this Court from any Court of original jurisdiction in the Provinces till the case had gone
through the regular process from the Court of
original jurisdiction to all the different Courts
of Appeal in the Provinces: so that the appeal
should only be from the final Court of Appeal
in the Provinces, except by the consent of the
parties, in which case there would be no objec[Hon. Sir John A. Macdonald — L'hon. sir John A. Macdonald.]
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à la Cour suprême en sa qualité de cour d'appel. L'Acte d'Union ne confère nullement à
cette cour une juridiction de première instance
dans des causes de ce genre. En conséquence,
on a supprimé du présent projet de loi tous les
pouvoirs introduits dans le texte de loi
imprimé lors de la dernière session. Les deux
articles qu'il a lus à la Chambre habilitent,
selon la coutume britannique, le Gouverneur
général en Conseil à envoyer devant la cour
n'importe quelle cause spéciale. La Couronne
peut, pour sa gouverne, solliciter à tout
moment non seulement l'opinion des juges
mais aussi celle des membres de la section
judiciaire du Conseil privé sur n'importe
quelle cause spéciale. Les juges ou les membres
de la section judiciaire donnent leur opinion
sur les points soumis à leur examen. Mais, ce
n'est pas là un jugement; il ne s'agit que de
l'avis de la cour, pour la gouverne de la Couronne, et c'est à cette dernière qu'incombe la
responsabilité d'y donner suite ou de n'en pas
tenir compte. Cette opinion influence moralement mais non légalement les cours provinciales et toute la collectivité, parce que cette cour
étant un tribunal d'appel, on peut en dernier
ressort lui référer de nouveau la question.
Vraisemblablement, son opinion ne changerait
pas; évidemment elle pourrait modifier ses conclusions, le cas échéant, après avoir entendu les
arguments et après de plus amples délibérations. Il n'ennuiera pas la Chambre avec des
remarques sur les mécanismes d'application de
la nouvelle loi. Le système d'appel sommaire,
simple et disponible devrait être prôné dans la
mesure du possible. Cependant, on maintient
l'ancienne formule de recours pour cause d'erreur et pour cause d'appel. Il ne serait pas
convenable de supprimer cette formule bien
connue de toutes les provinces et il serait
impossible de le faire sans s'immiscer dans les
affaires provinciales. Mais tous ces messieurs
qui exercent une profession libérale et qui l'entendent, sont sûrement d'accord pour dire que
la tendance générale est de supprimer ce genre
de choses c'est-à-dire de se débarasser du système presque désuet de recours pour erreur
ainsi que des interprétations d'autres vieilles
ordonnances qui entravent plutôt que favorisent la justice, et de prôner le plus possible,
pour les tribunaux de première instance, un
système d'appels immédiats, sommaires et peu
coûteux à une cour qui leur est supérieure. Les
dispositions du projet de loi, non indiquées sur
les exemplaires distribués irrégulièrement, stipulent qu'on doit épuiser les appels devant les
cours provinciales avant d'aller devant la Cour
suprême. En d'autres mots, on ne peut en appeler devant cette cour d'une décision d'un tribunal provincial de première instance avant que
la cause ait suivi le processus régulier, c'est-àdire qu'elle ait été entendue devant la cour de
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DÉBATS DES COMMUNES
tion to bring the case directly from the Court
of original jurisdiction to the Supreme Court.
With these remarks he would move the first
reading of the Bill.
juridiction de première instance et devant les
différentes Cours d'appels provinciales. Ainsi
l'appel ne doit provenir que de la dernière Cour
d'appel de la province exception faite des cas
où les deux parties consentent à passer outre à
cette disposition. Il n'y a alors aucune objection à ce que la contestation devant la Cour
suprême provienne directement de la cour de
juridiction de première instance. Après ces
remarques, il propose qu'on passe à la première
lecture du projet de loi.
Mr. Blake said it was by no means his intention to enter into a discussion of the particular
measure which had been introduced. He
merely rose for the purpose of expressing the
satisfaction with which he had heard from the
hon. gentleman that it was not the intention to
propose to the House to sanction the establishment of a Court for original jurisdiction in a
great many of the various matters in which it
was proposed last Session by the Bill then
introduced. He apprehended it to be perfectly
clear, however questionable some of the
powers proposed to be conferred upon the
Court by the amended Bill might be, that as to
some of the subject matters of jurisdiction it
was beyond the power of that Parliament to
have conferred upon the Court powers which
they had not the power to do. He thought it
would be a very unseemly thing to do so. It was
the very last place in which they should overstep the bounds of their authority. It would be
impossible to discuss the Bill at the present
time. If he rightly understood the statement of
the Minister of Justice with reference to the
Supreme Court of the United States, there was
some misunderstanding in the matter. If he
rightly understood it, that Court had not the
power to determine, except upon a case properly brought before it, between parties in which
the question of right came up on the constitutionality or non-constitutionality of an Act of
the Legislature.
M. Blake déclare qu'il n'a aucunement l'intention de traiter du projet de loi déposé
devant la Chambre. Il prend seulement la
parole pour dire avec quelle satisfaction il a
entendu son honorable collègue déclarer qu'il
n'avait pas l'intention de proposer à la Chambre de ratifier le projet d'établissement d'un
tribunal de première instance selon toutes les
modalités proposées à la dernière session dans
le projet de loi présenté alors. Il est parfaitement clair dans son esprit, quoique certaines
idées soient discutables, que certains des pouvoirs que l'on projette de conférer à la cour par
le biais du projet de loi modifié peuvent toucher certaines questions de juridiction que le
Parlement n'a pas le pouvoir de donner à la
Cour suprême. Il est très peu convenable d'agir
de la sorte et la Cour suprême est le dernier
endroit où le Parlement doit outrepasser son
autorité. Il est pour le moment impossible de
discuter du projet de loi. S'il comprend bien
l'affirmation du ministre de la Justice, dans
laquelle il est fait mention de la Cour suprême
des États-Unis, il y a un malentendu sur les
causes où la constitutionnalité d'une loi est
contestée et qui sont légitimement amenées
devant elle.
Hon. Sir George-É. Cartier said, if the
Supreme Court gave its opinion, that an Act is
against the constitution, that decision is final
in any case afterwards, and that Act cannot be
invoked as law in any part of the union
afterwards.
L'honorable sir George É. Cartier déclare
que si la Cour suprême stipule qu'une loi est
anticonstitutionnelle, cette décision est finale
et valable pour toutes les causes ultérieures;
par la suite, on ne peut plus se prévaloir de
cette loi au Canada.
Hon. Mr. Cameron asked whether there was
any provision with regard to the veto power by
the Dominion Government upon Acts of Local
Legislature, exactly in the same way as in
cases laid before the Judicial Committee of the
Privy Council. He had been in England
respecting the Act relating to the Synod of the
Diocese of Toronto, to which the Crown off icers had determined to refuse assent, when it
was referred to the Privy Council, as to whether they should advise the Crown to assent to
L'honorable M. Cameron demande si le
projet de loi comporte des dispositions relatives au droit de veto du Gouvernement de la
Puissance sur les lois de la législature provinciale comme dans le cas des causes soumises à
la section judiciaire du Conseil privé. Il est allé
en Angleterre discuter de la loi ayant trait au
Synode du diocèse de Toronto. Les représentants de la Couronne ont décidé de refuser leur
assentiment à cette loi et on l'a référée au
Conseil privé pour savoir si on devait recom-
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COMMONS DEBATES
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the appeal or not. They advised that it should
be assented to, though this was against the
opinion of the Crown officers. There was no
reason why it should not be the same here.
There was no provision in the Bill by which
the Local Legislatures or Local Government
could submit a case to the Supreme Court
without the consent of the Dominion Government, and he did not see why there should not
be such provisions, unless there were strong
reasons against it. The Dominion Government
might not desire to have such a case submitted,
and by long delays could prevent its submission.
mander à la Couronne de l'approuver. Celui-ci
a donné son approbation même si cette recommandation était contraire à l'opinion des représentants de la Couronne. Il n'y a aucune raison
pour qu'on ne procède pas de la même façon ici.
Aucune disposition dans le projet de loi ne
permet aux législatures ou aux gouvernements
provinciaux de soumettre une cause à la Cour
suprême sans l'assentiment du Gouvernement
de la Puissance. Il ne comprend pas pourquoi le
projet de loi ne comporterait pas de dispositions en ce sens; peut-être y a-t-il de sérieuses
raisons pour s'y opposer. Il se peut que le Gouvernement de la Puissance ne désire pas que de
telles causes soient soumises à la Cour suprême
et que par de longs délais, il y fasse obstacle.
Hon. Sir John A. Macdonald said the veto
power was conferred upon the Crown, and the
Crown must be governed, or ought to be governed, by the same reasons that govern the
Crown in England. The Court has no power of
stating authoritatively to the Crown that a Bill
should be allowed or disallowed. The Crown
may in this country either allow or disallow a
Bill of its own accord, or can refer any question
of law to the Imperial Court and upon their
certificate—which would be a document or
instrument analagous in all respects to the
certificate of the judicial committee of the
Privy Council—the Crown will be guided in
acting upon it.
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
que la Couronne a un droit de veto et qu'elle
doit ou devrait se laisser guider par les mêmes
règles que celles de la Couronne d'Angleterre.
La cour n'a pas le pouvoir d'ordonner à la
Courronne d'approuver ou de désapprouver un
projet de loi. Au Canada, la Couronne peut
approuver ou désapprouver un projet de loi de
son propre chef ou référer toute question de loi
à la Cour impériale. Elle se guide, pour prendre
position sur le projet de loi, sur le jugement
rendu par les membres de cette cour et produit
un document ou un instrument identique en
tout point à celui délivré par la section judiciaire du Conseil privé.
Mr. Blake inquired if the Supreme Court
would decide only questions as to the constitutionality of Provincial Acts, or would it extend
to Acts of the Dominion of Canada.
M. Blake demande si la Cour suprême décidera seulement des questions portant sur la
constitutionnalité des lois provinciales, ou si
elle étendra sa juridiction aux lois de la Puissance du Canada.
Hon. Sir John A. Macdonald said as regards
Acts passed by the Dominion Parliament,
under the system of responsible Government,
the Crown must assent to Bills, although there
is an older power possessed by the Crown,
which has never been formally abdicated, by
which it can refuse assent; but this power has,
recently, never been exercised and never will
be exercised; for it would produce a revolution
if the Crown were to veto the deliberate action
of the two branches of the Legislature. The
power to reject or affirm exists in England, but
it has never been exercised. It would be a
difficult thing for any responsible Minister to
advise the Crown to reject any measure passed
by the Lords and Commons. In our colonial
existence there is a power reserved to the Governor, under his instructions, which does not
exist, even to the Sovereign herself, that is the
power of reservation. Here the Governor General, under instructions, can reserve a measure
for the consideration of the Crown. It is well
understood that as the Sovereign cannot be
before us in person, she must exercise her
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
qu'en ce qui concerne les lois adoptées par le
Parlement de la Puissance la Couronne doit, en
vertu du système de gouvernement responsable, approuver les lois, même si un ancien pouvoir auquel elle n'a jamais renoncé officiellement lui permet de refuser son approbation.
Mais depuis quelques années, elle n'a jamais
exercé ce pouvoir et n'en usera jamais. Si la
Couronne opposait son droit de veto à l'action
réfléchie des deux composantes de la législature, elle provoquerait une révolution. Le pouvoir d'écarter ou de ratifier un projet de loi
existe en Angleterre, mais il n'a jamais été
exercé. Il serait difficile à tout ministre responsable de recommander à la Couronne d'écarter
un projet de loi adopté par la Chambre des
Lords et par la Chambre des Communes. Dans
notre colonie, il existe un pouvoir que la Reine
elle-même n'a pas et qui est réservé en vertu
des dispositions adoptées par lui, au seul Gouverneur; c'est le droit de réservation des lois
des dominions. Ici le Gouverneur général peut
réserver un projet de loi à l'examen de la Cou-
[Hon. Mr. Cameron—L'hon. M. Came ron.]
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power by her representatives, and it is quite
consistent with our colonial existence for the
representative of the Crown to reserve any
measure for the consideration of the Crown
itself. But, with that single exception, that the
Governor General may reserve acts for the
consideration of the Crown—the Governor
General is bound to act upon the advice of his
constitutional advisers, and no constitutional
Ministers can advise the rejection of any measure which has received the sanction of the
Commons and Senate of Canada.
ronne. On comprend très bien que la Reine ne
peut être parmi nous, qu'elle doit exercer son
pouvoir par l'intermédiaire de ses représentants et qu'il est parfaitement logique que dans
la colonie le représentant de la Couronne
réserve un projet de loi pour le soumettre à
l'étude de la Couronne. Cependant, dans tous
les autres cas, le Gouverneur général est tenu
de suivre les conseils de ses spécialistes en
droit constitutionnel et aucun ministre ne peut
recommander le rejet d'un projet de loi qui a
reçu la sanction de la Chambre des Communes
et du Sénat du Canada.
Hon. Mr. Cameron asked whether the Government had had under consideration the question of appeal to England? Whether they
intended, when the Supreme Court was established here, to ask for the repeal of the Imperial Statute, by which appeal to England was
now made? Whether the judgment of the
Supreme Court here was final, or whether a
case was still liable to be taken across the
Atlantic to the Privy Council?
L'honorable M. Cameron demande si le
Gouvernement a étudié la question du droit
d'en appeler à l'Angleterre. S'il a l'intention,
lorsque la Cour suprême sera instituée, de
demander l'abrogation de la Loi impériale
selon laquelle on en appelle maintenant à l'Angleterre? Si le jugement rendu par la Cour
suprême d'ici est final ou si une cause peut
encore être soumise à l'attention du Conseil
privé de l'autre côté de l'Atlantique?
Hon. Sir John A. Macdonald said we had no
power to deprive a British subject of the right
of going to the foot of the Throne for redress,
and he would be sorry to see that power
abdicated. It would give great confidence to
our own fellow-subjects, coming from the
Mother Country to this country, to know in
this (to them) a comparatively foreign country, that they would be protected in the last
resort by an appeal to the tribunals they know.
With every respect to the distinguished men
who composed our courts, he thought it was a
great advantage to our Provincial Courts to
resort to the body of great and good men who
compose the Courts of England. He thought it
better that the right of appeal to the foot of the
Throne should continue; for, so long as that
continues, our Courts will be obliged to look up
to the decisions of the great Courts of England
as an authority, and not merely read, as are the
decisions of some great lawyers, or of the
United States Courts, and valued simply for
their intrinsic merit from the reasons contained in them. He thought this was very
important—especially in a country like ours, to
have such a means of uniformity of law as to
have the decisions of the great Courts of England as our authority. The same practice would
be followed in the Supreme Court of the
Dominion as in the Privy Council, in regard to
expediting cases of appeal, and in preventing
harassing and wearying appeals, and delays in
unimportant matters.
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
qu'ils n'ont pas le pouvoir de priver un sujet
britannique du droit d'aller demander réparation au pied du trône et que lui-même serait
désolé de voir ce droit abrogé. Ce recours,
c'est-à-dire le fait de savoir que dans ce pays
plus ou moins étranger (pour eux) ils sont en
dernier ressort protégés par un appel aux tribunaux qu'ils connaissent, donnera grande
confiance à nos concitoyens venant de la
métropole. Sans porter atteinte au respect dû
aux hommes distingués qui composent nos tribunaux, il pense qu'il sera très avantageux
pour nos cours provinciales d'avoir recours aux
honnêtes et grands hommes des cours d'Angleterre. Il croit préférable de conserver le droit
d'appel au trône parce qu'aussi longtemps que
ce droit sera préservé, nos cours seront obligées
de considérer les décisions des grands tribunaux d'Angleterre comme faisant autorité et ils
les apprécieront pour leurs valeurs intrinsèques. Ces décisions ne seront pas tout simplement lues comme le sont celles des grands
juristes ou celles des cours des États-Unis. A
son avis, il est très important que, spcécialement dans un pays comme le nôtre, les décisions des grandes cours d'Angleterre nous servent d'autorité en ce qui concerne
l'uniformisation des lois. On suivra à la Cour
suprême la même procédure qu'au Conseil
privé pour renvoyer les causes d'appel et éviter
les délais dans les affaires ordinaires ainsi que
les appels harassants et fastidieux.
Mr. Blake inquired if the Bill proposed to
provide, that an intermediate stage of appeal
shall be necessary; or if a case could be
appealed to the ultimate Court at once.
M. Blake demande si le projet de loi prévoit
un niveau intermédiaire d'appel ou si l'on
pourra immédiatement interjeter appel à la
cour de dernière instance.
508
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
Hon. Sir John A. Macdonald said it was
desirable that all the Courts of Appeal in the
different Provinces should be exhausted before
they came to the Highest Tribunal—the ultimate Court of Appeal on the other side of the
water.
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
qu'il est souhaitable d'épuiser les recours à
toutes les cours d'appel des provinces avant de
se présenter devant le plus haut tribunal, soit
la dernière Cour d'appel de l'autre côté de
l'océan.
Mr. Blake asked whether a man could appeal
directly from the ultimate Court of Appeal in
his own Province to the Privy Council, or was
he obliged to go through the Supreme Court.
M. Blake demande si un homme peut en
appeler directement au Conseil privé de la
décision de la Cour d'appel de dernière instance de sa province ou s'il est obligé de passer
par l'intermédiaire de la Cour suprême.
Hon. Sir John A. Macdonald said it was not
obligatory to come to the Supreme Court,
unless it might be so provided an appeal could
be made from any Court of Record to the Privy
Council.
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
qu'il n'est pas obligatoire d'aller à la Cour
suprême à moins que le projet de loi ne comporte des dispositions en ce sens et que l'on
peut en appeler des décisions de n'importe
quelle Cour d'archives au Conseil privé.
The Bill was read a first time, and the second
reading fixed for Tuesday next.
Le projet de loi est lu une première fois et la
deuxième lecture est fixée au mardi suivant.
SICK MARINERS
Hon. Sir John A. Macdonald moved the
third reading of the Bill intituled: "An Act to
Amend the Act respecting the treatment and
relief of sick and distressed mariners"; and said
in reference to the question of the member for
Lambton, as to a check on improper persons
obtaining access to the Hospitals, that the Bill
provided, that no person would be admitted
except on the certificate of the Collector of
Customs, that he was a seaman on board the
ship to which he represented himself to belong.
The Bill was read a third time and passed.
ELECTION OF MEMBERS
Mr. Mills resumed the debate on the second
reading of the Bill intituled: "An Act respecting Elections of Members of the House of Commons". He said he felt some embarrassment,
knowing the views he entertained on the subject were not shared by many in the House. In
regard to the qualification; while the question
ought to be what a voter was, the answer in the
Bill defined what he had. In asking the aid of a
professional man, the first question was as to
his capability, not as to his possession, and that
seemed to have been overlooked in this case. In
England, he admitted there should be some
relation between representation and taxation,
owing to the old custom of laying on a land tax
on the boroughs. But here the chief part of the
taxation was indirect, and the man who
smoked a cigar, or who wore a shirt, paid taxes
and could claim in this way the right to be
represented, and therefore it was unphilosophical and absurd to say that only the property of
[Mn Blake—M. Blake.]
MARINS MALADES
L'honorable sir John A Macdonald propose
qu'on procède à la troisième lecture du projet
de loi intitulé: «Acte pour amender l'Acte concernant le traitement et les secours à donner
aux marins dans les cas de maladie et de
détresse». Il déclare, en réponse à la question
du député de Lambton relative au contrôle des
personnes qui n'ont pas accès aux hôpitaux,
que d'après le projet de loi, aucune personne ne
sera admise sauf si elle présente un certificat
du Receveur des douanes attestant qu'il est
bien marin à bord du navire auquel il prétend
appartenir.
On fait la troisième lecture du projet de loi et
on l'adopte.
ÉLECTION DES MEMBRES
M. Mills poursuit le débat sur la deuxième
lecture du projet de loi intitulé: «Acte concernant les élections des membres de la Chambre
des Communes.» Il déclare qu'il est embarrassé, sachant que plusieurs députés de la
Chambre des Communes ne partagent pas ses
vues sur la question. En ce qui concerne les
conditions à remplir pour avoir le droit de vote,
on devrait définir ce qu'est un électeur et non,
comme dans le projet de loi, ce qu'il possède.
Lorsqu'on a recours aux services d'un professionnel, la première question qu'on lui pose a
trait à ses aptitudes et non à ses possessions. Il
admet qu'en Angleterre, il doit y avoir une
certaine relation entre la représentation et la
taxation parce qu'une ancienne coutume veut
qu'une ville possédant un statut municipal en
vertu d'une charte royale soit frappée d'une
taxe foncière. Mais ici le principal mode de
taxation est indirect et l'homme qui fume un
cigare ou porte une chemise, paie des taxes et
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
another should be admitted as the qualification. He could not understand why such a rule
should exist in municipal bodies which dealt
only with questions of property, but not that it
should be laid down for a body dealing on a
subject affecting personal rights and liberty. It
was said that every one should have a stake in
the country, and this he admitted, but this
every sober, industrious man had, and such a
one might take as much interest in the Government as the men who possessed great wealth.
The member for Argenteuil had complained
that the Bill did not go far enough, that a large
number would be disfranchised and that on the
ground of intelligence men should be admitted
to the franchise. He (Mr. Mills) admitted, with
the Minister of Justice, that the franchise was
not a right but a trust. But he could not see
what right they had to exclude those who could
show by their intelligence, they were qualified,
for this intelligence, not the mere accident of
property, should give such a right. There were
many reasons why they should extend the
franchise here that did not exist in Britain;
there was an unlimited area; there was no class
necessarily paupers, and there was no more
independant class anywhere than were the
ordinary day labourers. It would be a libel on
the educational advantages and institutions of
the country, if they attempted to maintain that
there was a large class not qualified to exercise
the franchise. Nor did the immigration leave
them any reason for fear, that it would act
prejudicially in the general body of the people.
Even suppose that they were ignorant, they
were too few in number to affect the general
vote. The Minister of Justice refused to recognise the great impulse that the franchise gave
to the people. Even amid much evil that might
exist where universal suffrage prevailed, he
contended that modern societies where it was
the rule, were advancing sensibly, for the more
the franchise was extended the more were the
efforts of the good and wise increased, as did
also the responsibility of those who governed
and controlled society in the welfare of society.
Such a franchise would unite all classes, and
not cut adrift the lower classes from those
above them, a levelling, but a levelling up, not
down. The greatest obstacle to the advance of
the country, proceeded not from those who
would be benefited by the franchise, but by the
wealthy classes who formed rings to perpetuate worn-out legislation. Would the Government insist on such conditions from those who
might be called upon to enter the militia, as
they did from those who sought the suffrage?
Gladstone observed that the success of the
Northern Republic in the late war, was due to
the extension of the franchise, because whether the people had property or not, it had a voice
in the Government of the Country. The excel-
509
peut réclamer de cette façon le droit d'être
représenté. En conséquence, il est irrationnel
et absurde de déterminer que seuls les biens de
quelqu'un d'autre puissent conférer le droit de
vote. Il peut comprendre pourquoi une telle
règle s'applique aux corps municipaux qui ne
s'occupent que de questions immobilières, mais
il ne comprend pas qu'un organisme préoccupé
de questions touchant les droits personnels et
la liberté la retienne. On prétend que tous
devraient avoir une part de ce pays, chose qu'il
conçoit très bien. D'ailleurs, c'est le cas pour
tout homme industrieux et sensé, mais cet
homme peut avoir autant d'intérêt en ce qui
concerne le Gouvernement que celui qui possède beaucoup de biens. Le député d'Argenteuil
s'est plaint que le projet de loi n'a pas une
assez grande portée, qu'un grand nombre
d'électeurs sera privé du droit de vote et que
les hommes sont habilités à voter en raison de
leur intelligence. Il (M. Mills) est d'accord avec
le ministre de la Justice que voter n'est pas un
droit, mais une marque de confiance. Par
contre, il ne comprend pas de quel droit on
retire le droit de vote à ceux qui peuvent montrer par leur intelligence qu'ils sont aptes à le
faire. C'est l'intelligence et non la possession
de biens, qui n'est qu'un accident, qui doit
accorder un tel privilège. Pour plusieurs raisons propres au pays on devrait étendre le droit
de vote; le territoire est vaste, il n'y a pas de
classe nécessairement pauvre et il n'y a nulle
part ailleurs de classe plus libre que les journaliers. On commet une diffamation envers les
maisons d'enseignement du pays et les avantages qu'elles procurent en soutenant qu'une
importante classe de la population n'est pas
apte à exercer le droit de vote. L'immigration
non plus ne donne aucune raison de craindre
que ce droit aura une influence préjudiciable
sur l'ensemble du peuple. Même si l'on suppose
que les moins fortunés sont ignorants, ils sont
trop peu nombreux pour modifier le vote général. Le ministre de la Justice refuse de reconnaître l'élan considérable que le droit de vote
donne au peuple. Il prétend qu'une société
moderne régie par le suffrage universel, progresse d'une façon appréciable même au milieu
de tous les maux que son existence peut susciter. Ceci parce que plus on étend le droit de
vote, plus on augmente les efforts de l'honnête
homme et du sage tout comme on augmente la
responsabilité de ceux qui gouvernent et contrôlent la société en vue de son bien-être. Un
tel droit unira toutes les classes et ne séparera
pas les classes inférieures des classes supérieures. Ce sera un nivellement, mais un nivellement vers le haut. Le plus grand obstacle au
progrès du pays provient non de ceux qui jouiront du droit de vote mais des classes riches
qui se liguent afin de perpétuer une loi périmée. Le Gouvernement exigera-t-il de la part
510
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
lence of representative institutions was not
that better laws could be made; a few able men
might make these better; a despot might have a
cheaper Government than the Minister of Justice gave them. But a representative Government was a great school for the people, yet
they proposed to let the most important time
pass among the class whom this Bill proposed
to exclude. It was the young men, under 21
years, who were without debt or responsibility,
to whom they refused the franchise, and
offered it to them when the cares of life and its
struggles prevented them from giving such
attention to the subject they were called to
vote upon. The prosperity of the country was
not due to the fisheries or to agriculture alone,
but to the education of the people. All the evils
spoken of as existing in the United States were
drawn from New York, which was all the
United States to many Canadians, and for this
the immense immigration was in great part
accountable. Even with this he thought the
country, with the extended suffrage, would
compare favourably with that where it was
less so, and under it they had raised the level
of the immigrants, who many of them came
ignorant and untrained to any political life.
The Bill before them with regard to machinery
was unsatisfactory. It seemed to change the
qualification arbitrarily, as for instance, in the
franchise in towns and cities, many might be
disfranchised without any change in their
property. If a town became a city, and on the
incorporation of every new town, the same
thing might happen. Then, again, a town, it
might be decided, should, in Ontario, not have
less than 5,000 of a population, while in New
Brunswick it might be 1,000. A proprietor may
be disfranchised, while his tenant may have a
vote. Now they had proposed that an income of
$400 was to give a vote, but it now turned out
that this was only if it represented capital,
while personal property derived from industry
was deprived of it.
de ceux qui peuvent être appelés à entrer dans
la Milice de remplir les mêmes conditions que
ceux qui désirent obtenir le droit de vote? William E. Gladstone a remarqué que lors de la
dernière guerre, le succès de la République du
Nord était dû à l'élargissement du droit de
vote. Dans ce pays, tout homme, riche ou non,
pouvait voter. L'excellence des organes représentatifs ne réside pas dans le fait qu'ils peuvent créer de meilleures lois; quelques hommes
capables peuvent le faire beaucoup mieux et un
despote peut avoir un gouvernement moins bon
que celui du ministre de la Justice. Mais un
gouvernement représentatif est pour le peuple
une bonne école et malgré cela, le présent
projet de loi propose d'écarter la catégorie
d'âge la plus importante. On refuse le droit de
vote aux jeunes de moins de 21 ans qui n'ont
pas de dettes ni de responsabilités et on le leur
accorde lorsque les soucis et les dettes de la vie
les empêchent d'apporter toute l'attention
nécessaire à la question sur laquelle ils doivent
se prononcer. La prospérité du pays est attribuable non seulement à la pêche ou à l'agriculture, mais aussi à l'éducation du peuple. Tous
les maux que connaîtraient les États-Unis sont
des exemples tirés de New York, ville que plusieurs Canadiens considèrent comme les ÉtatsUnis et sont en grande partie dus à une vaste
immigration. Même à cela, il pense que le pays,
avec l'élargissement du droit de vote, soutiendrait favorablement la comparaison avec d'autres pays où l'immigration est moins importante et qu'on a haussé le niveau d'éducation
des immigrants qui, en arrivant, n'ont aucune
connaissance ni aucune expérience de la vie
politique. Le mécanisme du projet de loi dont
le Parlement est saisi, est insatisfaisant. Il
semble que l'on change arbitrairement les conditions à remplir pour exercer le droit de vote;
par exemple, dans les villes et les villages on
peut en priver plusieurs personnes sans que
leurs biens n'aient en rien été modifiés. La
même chose peut se produire si un village
devient ville et lors de l'incorporation de
chaque nouveau village. La encore, on peut
décider qu'en Ontario, la population d'un village ne doit pas être inférieure à 5,000 habitants tandis qu'au Nouveau-Brunswick, elle ne
doit pas être inférieure à 1,000 habitants. On
peut priver un propriétaire de son droit de vote
alors que son locataire en jouit. On a proposé
qu'une personne ayant un revenu de $400 ait le
droit de vote. Maitenant, il semble que cette
personne ait ce droit seulement dans le cas où
ce montant représente un capital alors que
l'autre dont le bien personnel provient de l'industrie en est privée.
Hon. Sir John A. Macdonald said, that the
franchise was given to any one having an
L'honorable sir John A. Macdonald déclare
qu'on accorde le droit de vote à toute personne
[Mr. Mills—M. Mills.]
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
511
annual salary or income, not the aggregate
amount of days' wages.
ayant un salaire ou un revenu annuel et qu'on
ne tient pas compte du montant global des
revenus provenant des journées de travail.
Mr. Mills said it was objected to use the local
machinery because the Government had no
control over it to direct it; yet they had in other
matters, they had exerted control over the local
officers in respect to legal duties. The American Government did the same thing, and no
inconvenience had been felt to arise from it.
The member for West Toronto had argued that
there ought to be uniformity, but there was no
uniformity in individual qualifications, and if
not necessary in individuals, he did not see
why it was necessary in the Provinces. He
referred to the dissatisfaction that would arise
from the disfranchisement of young men in
Ontario, ten per cent of the whole in rural
constituencies being young men who were
assessed on their father's property. It was
against the law, but public opinion outran the
law, and they had the franchise. By the present
Bill they will be excluded.
M. Mills déclare qu'on refuse d'utiliser des
mécanismes provinciaux parce que le Gouvernement n'a pas l'autorité pour les contrôler.
Néanmoins, le Gouvernement a autorité sur
d'autres questions; il exerce un contrôle sur les
fonctionnaires provinciaux en ce qui concerne
les obligations légales. Le Gouvernement américain agit de la même façon et sans aucun
inconvénient. Le député de Toronto-Ouest a
soutenu qu'il devrait y avoir uniformité. Mais
il n'y a aucune uniformité lorsqu'on parle de
qualités individuelles et il ne voit pas pourquoi
cette uniformité existerait nécessairement
dans les provinces si on ne la retrouve pas chez
les personnes. Il fait allusion au mécontentement qui naîtra chez les jeunes gens de l'Ontario privés de leur droit de vote; la population
des circonscriptions rurales est formée, dans
une proportion de dix pour cent de jeunes gens
dont le taux de taxation est fondé sur la propriété de leur père. Ce fait est contraire à la loi,
mais l'opinion publique l'emporte et ils ont le
droit de lvote. En vertu du présent projet de loi
ils en seront privés.
Hon. Sir John A. Macdonald asked if he
(Mr. Mills) wished to sanction acts done contrary to law.
L'honorable John A. Macdonald demande
si M. Mills désire approuver des actions qui
sont contraires à la loi.
Mr. Mills spoke of law in a moral sense—a
higher law.
M. Mills parle de la loi à son sens moral et
fait donc référence à une loi plus élevée.
Hon. Sir John A. Macdonald asked if he
meant fraud on an assessor was a new moral
sense?
L'honorable sir John A. Macdonald
demande s'il veut dire que tromper un évaluateur est une nouvelle vertu morale.
Mr. Mills then attacked the Government for
arousing again the discontent that had existed
in Nova Scotia. They had expected the opening
up of trade with South America, the South of
Europe and elsewhere, and in this way their
discontent might have been allayed by their
material progress. In Prince Edward Island
every man paying road tax had a vote; in Newfoundland every householder voted. Yet they
asked the people of these Provinces, out of
their great love for Confederation, to vote to
disfranchise themselves.
M. Mills attaque ensuite le Gouvernement
parce que celui-ci a encore suscité le mécontentement en Nouvelle-Écosse. Les habitants de
cette province espéraient l'ouverture de relations commerciales avec l'Afrique du Sud, le
sud de l'Europe et d'autres pays. De cette
façon, le progrès matériel qu'ils en auraient
retiré aurait pu apaiser leur mécontentement.
A l'Île-du-Prince-Édouard, tous les hommes
qui paient une taxe routière ont le droit de
vote; à Terre-Neuve, tous les propriétaires de
maison peuvent voter. Néanmoins, on demande
aux gens de ces provinces, par amour pour la
Confédération, de se priver de leur droit.
Hon. Sir John A. Macdonald said perhaps
he would wish to have universal suffrage as in
British Columbia.
L'honorable sir John A. Macdonald laisse
entendre que peut-être le député aimerait
qu'on adopte le suffrage universel comme en
Colombie-Britannique.
Mr. Mills said, certainly he would, and he
believed the opinion was leading in the right
direction. He advocated the franchise being
left to the Provincial Legislatures, any objection to the provisions being thus more easily
M. Mills déclare que certainement il le désire
et il croit que son idée est dans la logique des
choses. Il préconise qu'on laisse les législatures
provinciales prendre les décisions relatives au
droit au vote parce que toute objection aux
512
COMMONS DEBATES
reached as the Local Houses were more amenable to public opinion than that of the Dominion. In New Brunswich the ballot should be
more respected, and he believed if the officers
of the Crown were to vote, the ballot would be
absolutely necessary. Otherwise their votes
would be simply so many placed in the hands
of the Government. There was much to be said
in favour of open voting, but he warned the
House that if the officers of the Government
were to vote, they would introduce the system
so much objected to in the United States, with
these officers changing with each administration to the great detriment of the service. With
respect to simultaneous voting, having all the
election on one day, he did not deny the independence of the people of this country, but
the country was liable to be overrun with
camp-followers, who, being intent on booty,
would plunder the dead, and kill the wounded.
These men were not such as would be disfranchised. They occupied a higher strata, but were
trusting to this for a living, being too indolent
to work, and too proud to beg. He objected to
the continuance of the system in existence, as
by it the Government constituencies were first
taken, and the fighting could be all done on
one side.
March 18, 1870
dispositions du projet de loi s'y exprime plus
facilement étant donné qu'elles sont plus responsables face à l'opinion publique que celle de
la Puissance. Au Nouveau-Brunswick, on
devrait tout simplement maintenir le scrutin
secret et il croit que si les fonctionnaires de la
Couronne avaient le droit de vote, le scrutin
secret serait absolument nécessaire. Autrement
leurs votes ne seraient que des votes supplémentaires placés dans les mains du Gouvernement. Il y a beaucoup d'arguments en faveur
du scrutin découvert, mais le député prévient
le Parlement que si les fonctionnaires du Gouvernement votent, ils introduiront le système
auquel on s'oppose tant aux États-Unis; ils
changeront avec chaque administration au
grand détriment du service. En ce qui concerne
le scrutin simultané, c'est-à-dire la tenue d'une
élection en un seul jour, il ne nie pas que les
gens de ce pays ont un esprit d'indépendance,
mais le Canada est susceptible d'être envahi
par des partisans qui, attirés par l'appât du
gain se prévaudront du droit de vote des morts
et des indécis. On ne peut pas priver ces individus de leur droit de vote car ils occupent un
niveau social élevé; ils tirent leur subsistance
de ce trafic; ils sont trop paresseux pour travailler et trop fiers pour mendier. Le député
s'oppose à ce que l'on maintienne le système en
place parce que ce système permet aux membres du Gouvernement de conserver leurs
sièges et l'Opposition seule doit livrer bataille.
It being six o'clock the House rose.
A six heures du soir, la séance est levée.
After recess,
A la reprise de la séance,
Mr. Mills resumed—he said he had no doubt,
the Bill would have most mischievous effects
in the Maritime Provinces, where the defranchisement of many, now enjoying full electoral
privileges, would create a formidable party
among those who had made up their minds to
accept the situation. There was no doubt, if any
chance were offered of withdrawing from the
Union, the Anti-party would be as strong as
when the House first sat. He did not object to
the member for Hants joining the Government,
but he thought it a most unjudicious step, on
the part of the Government, to promote an hon.
gentleman from this House to the Senate,
making the latter a sort of Magdalen asylum
for gentlemen seduced by the hon. gentleman
opposite. This House must be very careful as to
what laws were passed that might have the
effect of further annoying the people of the
Lower Provinces. Every householder in Newfoundland has now a vote, yet the hon. gentleman opposite asked them to come into the
Union to be disfranchised. The position of the
Government all along, seemed to be, that they
considered this Parliament, as that of old
Canada, continued. He thought it most unjudi[Mr. Mills—M. Mills.]
M. Mills reprend. Il déclare ne pas douter
que le projet de loi aura des répercussions très
dommageables dans les provinces Maritimes; le
fait d'enlever le droit de vote à un grand
nombre de citoyens jouissant maintenant de
tous les privilèges électoraux, entraînera le
regroupement de ceux qui s'étaient résignés à
accepter la situation. Il n'y a pas de doute que
si on offre aux adversaires de la Confédération
une chance de se retirer de l'Union, ceux-ci
seront aussi forts que lorsque la Chambre siégeait au début. Il ne s'oppose pas à ce que le
député de Hants se joigne au Gouvernement,
mais il croit que c'est une démarche très peu
judicieuse de la part du Gouvernement que de
promouvoir un député de cette Chambre au
Sénat, faisant ainsi du Sénat une maison de
madelonnettes pour messieurs séduits par l'Opposition. La Chambre doit se montrer très prudente lorsqu'elle songe à adopter des lois qui
pourraient contrarier davantage les gens des
provinces du Bas-Canada. Tous les propriétaires de maison de Terre-Neuve ont maintenant
le droit de vote; néanmoins l'honorable député
qui lui fait face, leur demande de se joindre à
l'Union et de perdre leur droit de vote. Il
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
513
cious and unfriendly to say beforehand, what
the electoral franchise shall be in the Provinces, not yet in the Union; to tell them, in fact,
that their influence here shall not be felt. He
called the attention of the House to the irrelevancy of the franchise proposed. He thought
that the Minister of Justice could, with propriety, adopt the franchise of the local Houses.
His opinion was that the time was not far off,
when every man in the country would have a
vote, when the political sentiment of the country would not be demoralised by the registration system.
semble que le Gouvernement ait, dès le début,
considéré ce Parlement comme la continuation
de celui du vieux Canada. Il croit qu'il est très
peu judicieux et très peu amical de dire
d'avance en quoi consistera le droit de vote
dans les provinces qui ne font pas encore partie
de l'Union; de leur dire en réalité que leur
influence ne se fera pas sentir ici. Il attire
l'attention de la Chambre sur l'inopportunité
du droit de vote tel que suggéré. Il pense que le
ministre de la Justice pourrait adopter avec
avantage le mode de scrutin en vigueur dans
les provinces. Il croit que le temps est proche
où chaque citoyen aura le droit de vote et où le
sentiment politique ne sera pas corrompu par
le système d'inscription sur une liste électorale.
Hon. Mr. Wood—The hon. gentleman says
that it is desirable that the elections should not
be simultaneous and on one day, because it
would deprive persons having votes in different constituencies from exercising the franchise in more than one constituency. Should he
not then, to be logical, provide for the elections
to take place in each constituency on successive days, so as to give full opportunity for all
having the franchise in different constituencies, (hear, hear).
L'honorable M. Wood déclare qu'il est souhaitable que les élections ne se tiennent pas
simultanément et en une seule journée parce
que cette méthode priverait les personnes qui
ont le droit de vote dans différentes circonscriptions de l'exercer en plus d'une circonscription. Ne serait-il pas logique que le Gouvernement prévoie des élections consécutives dans
chacune des circonscriptions de façon à donner
à ceux qui ont le droit de voter à plusieurs
endroits la possibilité de le faire. (Bravo!
Bravo! Rires.)
Hon. Col. Gray—Why this would be impossible; it is the reductio ad absurdum.
L'honorable colonel Gray—Mais ceci est
impossible. C'est un non-sens.
Hon. Mr. Wood—It is reducing your
argument ad absurdum, (hear, hear and laughter).
L'honorable M. Wood—C'est votre argumentation qui est un non-sens. (Bravo! Bravo!
Rires.)
Hon. Col. Gray thought that the House was
indebted to the hon. member for Bothwell for
awakening an interest in another subject of
discussion than the one they had for the last
seven or eight days, (hear). If every man were
an educated man, and if there were no moral
wrong, then the theories of the hon. gentleman
would be right. But they must take men as
they were, and look at the interest a man had
in the country in which he resided. The possession of property was an evidence of capacity of
an interest in the country to be affected by
legislation, and should serve as a criterion on
which the franchise should be based, (hear,
hear). As to the argument that the proposed
franchise was different from that of Newfoundland and Prince Edward Island, with
whom we were negotiating to enter the Dominion, he (Col. Gray) would say that it would be
absurd to frame a measure not based upon the
wishes, the wants, or the interests of the 4,000,000 of the Dominion, but on the local practice
of a population not larger than two of our
counties in Ontario, and of Provinces which
refused to join us, (hear, hear). If the Govern-
L'honorable colonel Gray pense que la
Chambre est redevable au député de Bothwell
de l'avoir intéressée à un sujet de discussion
autre que celui des sept ou huit derniers jours.
(Bravo!) Si chaque homme était instruit et si
l'immoralité n'existait pas, alors les théories de
l'honorable député seraient correctes. Mais on
doit accepter les hommes comme ils sont et
voir l'intérêt qu'ils portent au pays dans lequel
ils résident. La possession de biens est un signe
évident de cette capacité de s'intéresser à son
pays et devrait servir de critère de base pour
l'octroi du droit de vote. (Bravo! Bravo!) Quant
à l'argument qui veut que le droit de vote
proposé diffère de celui qui existe à TerreNeuve et à l'Île-du-Prince-Édouard dont on
négocie l'entrée dans la Puissance, il déclare
qu'il serait absurde de concevoir un projet de
loi qui ne s'appuie pas sur les désirs, les
demandes ou les intérêts des 4,000,000 d'habitants de la Puissance mais sur ceux de provinces qui refusent de se joindre à nous et sur la
procédure provinciale d'une population moins
importante que celle de deux de nos comtés en
Ontario. (Bravo! Bravo!) Il eut été absurde que
514
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
ment had brought down a measure of that
character, it would be absurd. One might as
well ask the people of the United States to
frame their laws on the customs of the inhabitants of the Fiji Islands. If there were any
attempts to deprive the people of the Maritime
Provinces of their rights, as the member for
Bothwell seemed pleased to intimate, there
were men from those Provinces, their own representatives, who were perfectly able to look
after their interests. The people of New Brunswick were content with the franchise as they
had it, and the franchise there was based on
the £100 qualification, mixed of real and personal estate or income—and in case of land of
$100. In Ontario the franchise had always been
connected in some way or other with the land.
In the Maritime Provinces the franchise went
further, and was based on salary and income.
The principle of the Bill was to extend to
Ontario the same advantages which were possessed by the Maritime Provinces, (hear, hear).
le Gouvernement présente une mesure de ce
Mr. Mackenzie—The franchise for the counties remains the same as it is now in Ontario$100.
M. Mackenzie—Dans les comtés, les conditions d'attribution du droit de vote demeurent
les mêmes que celles que l'on trouve maintenant en Ontario—$100.
Hon. Col. Gray said that the provisions of
the Bill were more liberal to Ontario than
those of the Act passed by their own Legislature last winter. In this respect this Bill represented the interests of Ontario better than
their own Legislature represented them.
L'honorable colonel Gray déclare que les
dispositions du projet de loi sont plus libérales
envers l'Ontario que celles de la loi adoptée
l'hiver dernier par la législature de cette province. A cet égard le projet de loi fait valoir les
intérêts de l'Ontario beaucoup mieux que la
propre législature de cette province.
Mr. Mackenzie—Hear, hear.
genre. On pourrait tout aussi bien demander au
peuple des Etats-Unis de faire leurs lois en se
fondant sur les coutumes des habitants des Îles
Fidji. Si on tente de priver les gens des provinces Maritimes de leurs droits, comme il plaît au
député de Bothwell de le laisser entendre, des
hommes de ces provinces, leurs propres représentants, sont parfaitement capables de prendre les intérêts des gens de leur comté en main.
Les habitants du Nouveau-Brunswick sont
satisfaits des conditions à remplir pour obtenir
le droit de vote; celui-ci s'appuie sur une capacité financière de 100 livres sterling, une combinaison de biens mobiliers et immobiliers ou
de revenus, ou sur la possession d'une terre
d'une valeur de $100. En Ontario, le droit de
vote a toujours été d'une façon ou d'une autre
relié à la terre. Dans les provinces Maritimes, il
va plus loin et s'appuie sur le salaire et le
revenu. Le principe du projet de loi est d'étendre à l'Ontario les mêmes avantages dont jouissent les provinces Maritimes. (Bravo! Bravo!)
M. Mackenzie—Bravo! Bravo!
Hon. Col Gray—Another principle of the Bill
was to prevent the floating population of the
country from controlling the affairs of the
country, by making residence a qualification of
voting. Registration as well as residence and
property was required. If the representatives
of Ontario were prepared to adopt the principle
of universal suffrage, then he would say that
the people of the Maritime Provinces would
not have it, (hear, hear). Those people were
determined that practical and not theoretical
qualifications should be the result of voting.
L'honorable colonel Gray—Le projet de loi
vise aussi à empêcher la population flottante
d'avoir la main mise sur les affaires du pays en
tenant compte de la résidence comme exigence
pour obtenir le droit de vote. Pour avoir droit
de participer au scrutin, un citoyen doit avoir
son nom inscrit sur la liste électorale et posséder une résidence ou une propriété. Si les
représentants de l'Ontario sont prêts à adopter
le principe du suffrage universel, il dit alors
que les gens des provinces Maritimes ne l'auront pas. (Bravo! Bravo!) Ces gens sont résolus
à ce que, par le vote, on détermine des conditions d'admissibilité pratiques et non théoriques.
Mr. Mills—But you would employ these men
who have no property to defend the country?
(Hear, hear.)
M. Mills —Mais vous utiliseriez ces hommes
démunis pour défendre le pays? (Bravo!
Bravo!)
Hon. Col. Gray said he would trust every
man brought up in the country to defend it
even if he had not a shilling, (hear, hear).
L'honorable colonel Gray déclare qu'il se
fierait à tout homme élevé dans le pays pour le
[Hon. Col. Gray—L'hon. colonel Gray.]
défendre, même s'il n'a pas un sou. (Bravo!
Bravo!)
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
515
Hon. Mr. Wood—Yes, they would be good
for fighting.
L'honorable M. Wood—Oui, ils seraient
assez bons pour le combat.
Hon. Col. Gray said at the time of the Fenian
invasion the volunteers of New Brunswick,
who were prepared to come to the aid of
Canada, were all men who had a stake in the
country. They were the men on whom the
country could depend more than on the floating population. Another good principle in the
Bill was its uniformity. The great want they
sought in Confederation was a uniformity of
interests, and there was no mode by which we
could so well perpetuate differences as to keep
up differences in the exercise of the franchise.
The whole tendency of modern legislation in
England was uniformity in the franchise. It
was difficult in a country where old customs,
and prejudices, and habits of thought, the
results of centuries, existed, to produce uniformity at once; but in the great Reform Bill
introduced by Lord Grey in 1832, in England—
and which in the same session, was extended to
Scotland and Ireland—uniformity was sought
as much as possible, the franchise in all was
extended to leaseholders and ten pound householders—and the tendency to extend in the
same direction for each had continued since.
As to the United States, there was no country
in the world in which there was such uniformity of the franchise, viz: universal suffrage. He
believed if there were one point of excellence
in the Bill which ought to be admired more
than another, it was uniformity of franchise.
As to the proposed system of registration, it
had been said that an army of Government
officials would be appointed to carry out this
work in the interests of the Government,
(hear, hear). It was well known that the Assessors—who had been suggested—were frequently elected by party, for the very purpose of
influencing the registration. But the members
of the Government who would appoint the Preparers of the Electoral lists and the Revisors
would be amenable to the House, and that
House to the country. It has been suggested
that the County Judges would be the Revisors—men above suspicion. The Bill proposed
that there should be only one day for voting,
and there could be no doubt as to the propriety
of that enactment. But he did not think that
there could be so much said on behalf of simultaneous polling, (hear, hear). A man who
owned property in several districts had an
inherent right to vote in each of these districts,
and should not be deprived of it; representation is based upon taxation. If there were
simultaneous polling in one day, such a man
would be deprived of his right, although he had
to bear his share of the taxation in each of
districts in which he held property. He came to
another point which was not included in that
L'honorable colonel Gray déclare que lors
de l'invasion des Fénians, les volontaires
venant du Nouveau-Brunswick qui étaient
prêts à venir en aide au Canada, étaient tous
des hommes qui possédaient quelque chose et
le député pouvait compter beaucoup plus sur
eux que sur la population flottante. Un autre
principe valable dans le projet de loi est son
uniformité. Ce qu'ils attendent de la Confédération est une uniformité d'intérêts et il n'y a
pas de meilleure façon de perpétuer des différences que de les conserver dans l'exercice du
droit de vote. En Angleterre, la tendance générale de la législation moderne est d'uniformiser
le droit de vote. Il est difficile dans un pays où
d'anciennes coutumes, des préjugés et des
façons de penser séculaires existent de créer
instantanément l'unité. Mais en 1832, dans le
fameux Bill de Réforme présenté en Angleterre
par lord Grey et étendu à l'Écosse et à l'Irlande
à la même session, on recherchait dans la
mesure du possible l'uniformité. On y a étendu
le droit de vote dans son intégralité aux locataires et aux propriétaires de maison évaluée à
10 livres sterling et depuis, cette tendance s'est
maintenue. Pour ce qui est des États-Unis, il
n'y a aucun pays au monde où on retrouve
pareille uniformité dans l'exercice du droit de
vote, c'est-à-dire le suffrage universel. Il croit
que si un aspect du projet de loi doit susciter le
plus d'admiration, c'est bien l'uniformité du
droit de vote. En ce qui concerne le système
proposé d'inscriptions sur la liste électorale, on
a dit qu'une armée d'agents du Gouvernement
serait nommée pour exécuter ce travail dans
l'intérêt de ce dernier. (Bravo! Bravo!) C'est un
fait bien connu que les évaluateurs sont souvent choisis par un parti dans le seul but d'influer sur l'établissement de la liste électorale.
Si c'était le Gouvernement qui nommait ceux
qui sont chargés d'établir les listes électorales
et les réviseurs de ces listes, il devrait répondre
de ses actes devant la Chambre qui serait ellemême responsable de sa conduite devant la
nation. On suggère que les juges des cours de
comté, hommes au-dessus de tout soupçon, fassent office de réviseurs. Le Bill propose que le
scrutin ne dure qu'une seule journée, et le
bien-fondé d'une telle mesure ne fait aucun
doute. Cependant, on oublie qu'on pourrait en
dire autant du vote simultané. (Bravo!) Un
homme possédant une propriété dans plusieurs
circonscriptions peut de ce fait voter dans chacune d'entre elles et on ne doit pas lui retirer ce
droit, puisque la représentation repose sur l'imposition. Si on procédait au vote simultané en
une même journée, cet homme se verrait déposséder de ses droits et devrait quand même
payer sa part d'impôt dans chacune des cir-
516
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
Bill: he alluded to the ballot which was in
operation in New Brunswick. Some 18 years
ago he voted against the ballot, in the Legislature of New Brunswick, he must say, with a
little prejudice against it: but he had found
that for 18 years it had worked pretty well. It
was a simple and easy mode of carrying on an
election; but at the same time, it was subject to
some abuse. In the first place, it was liable to
abuse by personation.
conscriptions où il possède une propriété. Il
aborde ensuite une autre question non traitée
dans le projet de loi, à savoir le scrutin secret
en vigueur au Nouveau-Brunswick. Il avoue
s'être prononcé il y a environ 18 ans, devant
l'assemblée législative du Nouveau-Brunswick,
contre le scrutin secret vis-à-vis duquel il avait
certaines réserves; cependant, il constate que
celui-ci fonctionne assez bien depuis 18 ans.
C'est une façon simple et facile de tenir une
élection mais qui peut en même temps donner
lieu à certains abus. Premièrement, elle permet
les usurpations d'identité.
Mr. Mackenzie—This could be done under
any system, and is no argument against the
ballot, (hear).
M. Mackenzie—La chose peut se produire
dans n'importe quel système et ne peut constituer un argument contre le scrutin secret.
(Bravo!)
Hon. Col. Gray admitted the fact, and said
he did not use it as an argument against the
ballot, but simply to show it did not cure all
the evils which were said to abound in open
voting. He would vote for the ballot again.
There was another abuse of the ballot, and that
was making dead people vote.
L'honorable colonel Gray est d'accord et
ajoute qu'il n'a pas voulu se servir de ce fait
comme argument contre le scrutin secret, mais
qu'il a tout simplement cherché à démontrer
que celui-ci ne remédie pas à tous les maux
qu'on attribue en si grand nombre au scrutin
découvert. D'ailleurs, il votera encore en faveur
du scrutin secret. Mais cette méthode donne
lieu à un autre délit, le vote des personnes
décédées.
Mr. Mackenzie—That is done here. 15,000
dead men voted in Quebec some sixteen years
ago, (great laughter).
M. Mackenzie—Cela s'est produit ici. Il y a
environ seize ans, 15,000 personnes décédées
ont voté au Québec. (Rire général.)
Hon. Col. Gray said that although he was in
favour of the ballot, he would not be in favour
of forcing it upon three millions of people if
they did not like it. His own Province used it;
let them retain it. He had now brought the
main features of the Bill before the notice of
the House, and would admit that it was not a
perfect Bill. In some of its details, when in
Committee, it might have to be amended. It
would be all the better for that. The historian
Froude, laid it down that it was the most
unfortunate legacy a statesman could leave his
country, when he left it a measure which was
incapable of being improved. He hoped that the
measure would cement the people of the country together and make them feel that their
individual interests were best maintained by
the general welfare of the Dominion,
(applause).
L'honorable colonel Gray dit encore que
bien qu'il soit en faveur du scrutin secret, il
s'oppose à ce qu'on l'impose à trois millions de
gens, si ces derniers n'en veulent pas. Sa propre
province a recours à cette méthode; qu'on en
conserve donc l'usage. Puis il porte à l'attention de la Chambre les principales caractéristiques du projet de loi et veut bien admettre que
celui-ci n'est pas parfait. On devra peut-être en
modifier certains détails, lorsqu'on l'étudiera
en Comité. Il n'en sera que meilleur. L'historien Froude a affirmé que l'héritage le plus
regrettable qu'un homme d'État puisse laisser
à son pays, c'est une mesure qu'il est impossible d'améliorer. Il espère que la loi consolidera
les liens entre les habitants du pays et qu'elle
leur fera sentir que les intérêts des particuliers
seront d'autant mieux défendus que la Puissance se portera bien. (Applaudissements.)
Mr. Mackenzie said the hon. gentleman
seemed to doubt his statement as to the 15,000
personations in Quebec. The hon. gentleman
had a witness near him (Mr. Simard). That
gentleman got the vote of the Apostle Paul and
his confrere Chauveau. His adversary got
Martin Luther. (Great laughter.) He (Mr.
Mackenzie) said he only mentioned the fact to
show that electoral frauds could not be abso-
M. Mackenzie dit que son honorable collègue semble douter de sa déclaration lorsqu'il
affirme qu'on a déjà usurpé l'identité de 15,000
personnes au Québec. Près de l'honorable collègue se trouve un témoin de l'événement (M.
Simard). Ce gentleman a obtenu le vote de
l'apôtre Paul et de son confrère Chauveau et
son adversaire, celui de Martin Luther. (Rire
général.) Il (M. Mackenzie) ajoute qu'il a men-
[Hon. Col. Gray—L'hon. colonel Gray.]
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
517
lutely prevented in any place and under any
system.
tionné ce fait uniquement pour démontrer
qu'aucun endroit ni aucun système n'est tout à
fait à l'abri des fraudes électorales.
Mr. Simard said he was in no way an instrument to the fraud. He was entirely exonerated
from all blame in the matter. (Hear.)
M. Simard précise qu'il n'est en rien responsable de cette fraude. Il a été mis tout à fait
hors de cause dans cette affaire. (Bravo!)
Mr. Mackenzie did not impute any personal
blame to the hon. member.
M. Mackenzie dit qu'il n'adresse aucun
reproche personnel à son honorable collègue.
Hon. Mr. Howe made a few remarks, which
were inaudible in consequence of loud cries of
"Order".
L'honorable M. Howe émet quelques commentaires qui sont couverts par de forts cris de
rappel à l'ordre.
Hon. Mr. Connell said the measure now
before the House was of vast importance to the
people of the Dominion, and the Bill, therefore,
deserved the most serious consideration. There
were of course some provisions which he
desired to see changed, but in the observations
made by the members for St. John and for
Bothwell, they had gone so fully into the
theory and practice involved that it was not
desirable for him to go fully into the question
at the present stage of the proceedings. He had
risen chiefly for the purpose of speaking with
regard to a few points that had apparently
been overlooked or not sufficiently explained.
With regard to the proposed machinery, he
believed it to be too complicated and too
expensive. He thought that in use in the Province of New Brunswick was as simple and
inexpensive as any that could be devised. By it,
the assessors of the different municipalities
were charged with the duty of making up the
lists which were afterwards corrected and
modified by the revisors, wherever a necessity
arose for doing so. The work was conducted in
a very simple manner, and the whole machinery was attended with little expense. In
the country which he had the honour to represent, and which contained a population of
20,000, the whole expense was only about $200.
By the present bill the machinery would be
much more complicated and the expense greatly increased. There did not appear, either, to be
any mode of apportioning the districts prescribed, although he presumed that each
county would be treated as a district, there
being no indication in the Bill to the contrary.
L'honorable M. Connell dit que le projet
déposé actuellement devant la Chambre est
d'une importance considérable pour le peuple
de la Puissance et que, par conséquent, le Bill
mérite une grande attention. Celui-ci contient
bien sûr certaines dispositions qu'il souhaite
voir modifier, mais il estime que les représentants de Saint-Jean et de Bothwell ont déjà
suffisamment élaboré sur les questions théoriques et pratiques suscitées par le projet qu'il
n'est donc pas souhaitable qu'il s'étende sur le
sujet à ce stade-ci des travaux. Il s'est levé
avant tout pour soulever certains points qu'on
semble avoir négligés ou insuffisamment explicités. En ce qui concerne le système proposé, il
le croit trop compliqué et trop coûteux. Il pense
que celui utilisé par la province du NouveauBrunswick compte parmi les plus simples et les
plus économiques que l'on puisse imaginer.
Dans ce système, les évaluateurs des différentes municipalités sont chargés de constituer les
listes qui sont par la suite corrigées et modifiées parles réviseurs lorsque cela est nécessaire. Le travail est effectué d'une manière très
simple et l'organisation fonctionne à un coût
minime. Dans la région qu'il a l'honneur de
représenter et qui compte une population de
20,000 personnes, le coût total de cette opération n'est que de 200 dollars environ. Le présent projet de loi rendrait le système beaucoup
plus compliqué et accroîtrait considérablement
les dépenses. Il ne semble pas indiquer, non
plus, de mode de partage des districts, bien
qu'il suppose que chaque comté sera considéré
comme un district, puisque le Bill ne comporte
pas d'indications contraires.
Hon. Sir John A. Macdonald said that each
constituency would be regarded as a district.
L'honorable sir John A. Macdonald répond
que chaque circonscription électorale constituera un district.
Hon. Mr. Connell said with respect to the
franchise in New Brunswick which the hon.
member for St. John said was the same as that
provided by this Bill, he thought the honourable gentleman was mistaken. In New Brunswick there was diversity of qualification. It
might arise from the possession or real estate
worth $100; or from personal property, such as
99263-35
L'honorable M. Connell ajoute, au sujet du
droit de vote au Nouveau-Brunswick, décrit
par l'honorable député de Saint-Jean comme
identique à celui prévu par le Bill, qu'à son avis
l'honorable gentleman est dans l'erreur. Au
Nouveau-Brunswick, il y a diverses façons
d'acquérir le droit de vote. Par exemple, il
suffit de posséder des biens immobiliers d'une
518
COMMONS DEBATES
for instance a house worth $400 built on leased
land, a very frequent occurence there; or from
goods and chattels in a house of the same
value, or from the possession of $400 a year
income, either as salary or otherwise. The election law, as it stood, gave very great satisfaction in New Brunswick, but such changes as
were here contemplated, would disfranchise
many of those who were best qualified to vote,
and would otherwise give eminent dissatisfaction. He noticed in the Bill that the Minister of
Justice provides that for polling purposes the
districts are to be so divided that 600 shall vote
at each polling place. He believed that this
would be found to be a most objectionable
provision. In many parts of the country, which
were thinly settled, there would probably be
many neighbourhoods in which there were not
50 electors, so that in order to exercise the right
of franchise, it would not unfrequently happen
that the people would have to travel 20 or 30
miles, at very great inconvenience and practically to the exclusion of many from the polls,
which, in so far as it did this, would be, he did
not say designedly, to deprive them of the
franchise. In New Brunswick the districts were
defined to be the parishes, and whenever it was
found that the voters in a parish became too
numerous, an application was made to the
Legislature to change the division for electoral
purposes so as to reduce the number to a
reasonable limit. He thought, however, that it
was desirable to avoid too frequent applications to the Legislature and that the Bill itself
should provide for such cases. Turning then to
the question of the ballot, which had been
made law in New Brunswick in 1855, he knew
that that law had worked satisfactorily there,
having first been applied to the election of
Municipal Councils. He had no wish to press
the amendment of which he had given notice,
so that it would take effect beyond New Brunswick. But he was satisfied that the principle
was a sound one and would ultimately be
adopted, and he said frankly that if an amendment were proposed by any member from
another province, he would feel bound to vote
in support of the affirmation of the principle.
He trusted that the Government would see fit
to yield on this point. The people of New
Brunswick had always been very quiet, conducted their operations without noise and
made no disturbances. They had joined these
Provinces without any promise that the mode
in which they voted should be preserved, but
he felt confident that the members of the
House would do what was right and respect the
wishes, even if they should regard them as the
prejudices, of the people of New Brunswick. He
had been glad to hear the remarks of the
member for St. John, as he might now congratulate himself that all the members of the
[Hon. Mr. Connell-L'hon. M. Connell.]
March 18, 1870
valeur de 100 dollars; ou des biens personnels
comme une maison d'une valeur de 400 dollars
construite sur un terrain loué, ce qui est chose
courante là-bas; ou des biens et effets d'égale
valeur dans une maison, ou un revenu annuel
de 400 dollars reçu à titre de salaire ou autre.
La Loi sur les élections, telle qu'elle est actuellement, donne réellement satisfaction à la
population du Nouveau-Brunswick, alors que
des changements comme ceux qu'on envisage
de faire ici priveraient de leur droit de vote bon
nombre de ceux qui sont le mieux en mesure de
voter et provoqueraient à d'autres égards un
grand mécontentement. Il remarque que le
ministre de la Justice prévoit dans le Bill qu'à
des fins électorales, les districts doivent être
partagés de manière à ce que chaque bureau de
vote accueille 600 électeurs. Il voit en cette
disposition une des clauses les moins acceptables du Bill. Dans plusieurs régions peu peuplées, il y aura probablement beaucoup d'endroits où on ne pourra trouver 50 électeurs;
aussi beaucoup de gens devront-ils franchir 20
ou 30 milles pour exercer leur droit de vote; ce
grave inconvénient empêchera beaucoup
d'électeurs de voter; cette situation, dans la
mesure où elle se produira, aura un effet non
voulu, soit priver ces gens de leur droit de vote.
Au Nouveau-Brunswick, les districts coïncident avec les paroisses et chaque fois qu'on
s'aperçoit que les électeurs d'une paroisse sont
devenus trop nombreux, on adresse une
demande à l'assemblée législative pour que soit
modifiée la circonscription électorale, de façon
à ramener le nombre des électeurs à un chiffre
raisonnable. Il croit cependant qu'il serait bon
d'éviter un recours trop fréquent à l'assemblée
législative et que le Bill devrait contenir des
dispositions pour le cas mentionné ci-dessus.
Passant ensuite à la question du scrutin secret
adopté par l'assemblée législative du NouveauBrunswick en 1855, il ajoute qu'il sait que cette
loi a donné des résultats satisfaisants dans
cette province et qu'on s'en est servi, la première fois, pour l'élection des conseils municipaux. Il ne veut pas insister pour que l'amendement dont il a donné avis prenne effet en
dehors du Nouveau-Brunswick. Mais il a la
certitude que le principe énoncé est valable et
qu'on finira par l'adopter, et il dit franchement
que si un député d'une autre province proposait un amendement, il se sentirait tenu de
voter en faveur de l'acceptation du principe. Il
croit que le Gouvernement jugerait bon de
céder sur ce point. La population du NouveauBrunswick a toujours été très calme; elle vaque
à ses occupations sans faire d'histoires. Le
Nouveau-Brunswick s'est joint aux autres provinces sans qu'on lui ait promis qu'il conserverait le mode de scrutin secret; néanmoins, il est
convaincu que les membres de la Chambre des
Communes agiront comme il se doit et qu'ils
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
Province were as one on the subject. He
thought England was almost the only country
having representative institutions in which the
ballot was not made use of in elections. He
found that the ballot was employed in France,
America, Italy, Spain, Wallachia, New Zealand,
Australia, New Brunswick. In Nova Scotia they
had not exactly the ballot, but during the last
meeting of the Legislature, a Bill had been
passed involving that principle. In England the
ballot was employed in scientific societies, in
the election of boards of directors to banking
and other corporations. In the British House of
Commons a measure of this nature had gone to
a second reading, the mover, Mr. Leatham,
stating that the ballot was the only remedy for
the great evils that existed, expecially in Ireland, where it was indispensable to the protection of voters against landlords and priests,
and other leading men had spoken strongly in
its favour, the Marquis of Hartington deprecating any debate before the Report of the Committee was heard, which included the ballot
among its recommendations. These utterances
showed what was the feeling with regard to
the ballot in the British Parliament, and it was
said a few days ago that Mr. Disraeli had made
some important statements favourable to the
same view. If it was attracting so much attention there, it might well be worthy of some
attention here also. He had, with others, a great
regard and respect for the opinions of British
statesmen, but there were measures affecting
this country which it was necessary should be
judged by the country itself. He called the
attention of the Minister of Customs (Mr.
Tilley) to this subject, as he did not see how he
could support this bill with the ballot clause
left out, considering his past course in dealing
with the question. It was the Government of
the honourable gentleman which had passed
the law in New Brunswick, and he had himself
been a strong advocate for the measure, had
spoken much in its favour and had actively
forwarded it in every way. He (Mr. Connell)
was at a loss, therefore, to conceive how he
(Mr. Tilley) could vote in favour of the present
bill which would deprive New Brunswick of
the privilege which his Government had been
the means of obtaining and which the country
so highly valued. The Minister of Customs
could not be unaware of the feeling which
existed in his own constituency. As evidence of
this, he would read an extract from the St.
John News, a journal which has always consistently supported the Government. The extract
is as follows:
99263-35'/2
519
respecteront les désirs de la population du
Nouveau-Brunswick, même si ceux-ci devaient
leur paraître préjudiciables. Il est content
d'avoir entendu les observations du député de
Saint-Jean, car il peut maintenant se féliciter
de ce que tous les députés de la province sont
du même avis sur la question. Il pense que
l'Angleterre est presque le seul, parmi les pays
dotés d'institutions parlementaires, à ne pas
utiliser le scrutin secret. Il constate que cette
méthode est employée en France, en Amérique,
en Italie, en Espagne, en Valachie, en NouvelleZélande, en Australie, au Nouveau-Brunswick.
La Nouvelle-Écosse n'a pas à proprement
parler le scrutin secret, mais l'assemblée législative de cette province a adopté un projet de
loi en ce sens au cours de la dernière session.
En Angleterre, on a recours au scrutin secret
dans les sociétés scientifiques pour élire les
conseils de direction des sociétés bancaires et
autres. A la Chambre des Communes du Parlement britannique, une mesure de ce genre a
franchi l'étape de la première lecture, le
motionnaire, M. Leatham, affirmant que le
scrutin secret est le seul remède aux grands
maux qui existent, en Irlande en particulier, où
cette méthode est indispensable pour protéger
les électeurs contre les grands propriétaires et
les prêtres; d'autres personnalités en vue se
sont prononcées chaleureusement en faveur du
mode de scrutin secret: le marquis de
Hartingodéspuvel todébavn
que ne soit entendu le rapport du comité qui
recommande, en autres choses, l'adoption du
scrutin secret. Voilà qui démontre bien les sentiments du Parlement britannique à l'égard de
ce dernier, et on a dit, il y a quelques jours, que
M. Disraeli aurait fait des déclarations importantes selon lesquelles il partagerait les vues
du Parlement. Si la question retient à ce point
l'attention des Anglais, elle mérite probablement que la présente assemblée s'y attarde
aussi. Il fait partie de ceux qui ont beaucoup de
considération et de respect pour les opinions
des hommes d'États anglais, mais il considère
qu'il est des mesures touchant le pays dont
celui-ci seul doit décider. Il attire l'attention du
ministre des Douanes (M. Tilley) sur ce sujet,
car il ne voit pas comment celui-ci peut
appuyer le présent projet de loi s'il ne comporte pas l'article relatif au scrutin secret,
étant donné la position qu'il a adoptée vis-à-vis
de la question dans le passé. C'est le Gouvernement de l'honorable gentleman qui a voté la loi
au Nouveau-Brunswick et celui-ci a farouchement défendu ladite mesure; il a souvent pris
la parole en sa faveur et il a activement fait
avancer cette cause de toutes les façons possibles. Il (M. Connell) a donc peine à concevoir
comment M. Tilley pourrait voter en faveur du
présent projet de loi qui priverait le Nouveau-
520
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
Brunswick du privilège que son Gouvernement
a réussi à obtenir et auquel la population
accorde tellement de prix. Le ministre des
Douanes n'est pas sans savoir quel sentiment
prévaut dans sa propre circonscription. Comme
preuve de ce qu'il avance, il se prépare à lire un
passage tiré du News de Saint-Jean, un journal
qui a toujours appuyé le Gouvernement. L'extrait dit en substance ce qui suit:
New Brunswick has experience in this matter. We in
this Province speak from personal knowledge on the
subject. We have tried open voting; and we have tested
the ballot box plan. We have had experience of the
practice of keeping open the polls for several days, and
we know all about the effect of keeping them open in the
same constituency for only one day. We have no need to
go abroad for illustrations or testimonies on this subject,
or to rely on untested theories in relation to the question—our own experience in the matter is full and decisive. And that experience has demonstrated that
although vote by ballot does not and cannot prevent
recourse being had to bribery, does not preclude fraudulent voting, and does not make intimidation of voters
impossible, yet, while it is not, at least, more favourable
to the operations of the briber and the fraudulent voter
than open voting, it does afford very considerable protection to timid men, and tends to prevent at the hustings
scenes of riot and violence only too common where the
ballot is not in use. Our experience, also, has placed it
beyond doubt that one day affords ample time for polling
the votes of any given constituency. In New Brunswick
the matter is not open to debate in any shape or form.
New Brunswick, if left to its own judgment, would never
surrender the ballot or extend the period of voting. The
man who in our Legislature would venture to propose
such absurd ideas would be the object of universal derision. A government among us attempting to force such a
measure embodying those ideas would be laughed out of
existence or kicked out of office amid general contempt
and indignation. The mind of New Brunswick from personal knowledge derived from its own ample experience
is made up irrevocably on this subject. But if the Ontario
and Quebec statesmen are not disposed to adopt our
superior electoral practices, let not those statesmen for
one moment cherish the purpose of imposing their inferior electoral usages upon us. We say again that there is no
need of uniformity throughout the Provinces on the
points referred to. Therefore if the Upper Provinces
people are not prepared to rise to our level, they would be
utterly in the wrong to drag us down to theirs, and thus
bring back to us those days of comparative electoral
barbarism from which we long since escaped. A strong
and united representation to the Government from the
New Brunswick and Nova Scotia members would, we
imagine, at once settle the question in our favour. Proper
efforts should also be made, in any case, to enlighten the
minds of the true friends of the Union from the other two
Provinces on this subject. It cannot be, it is not the wish
of these Province Unionists to discourage the Union sentiment of the Maritime Provinces. They can have no
desire to play into the hands of the disunionists anywhere. They cannot feel indifferent to the feelings with
which we of the Maritime Provinces regard our numerous brethren of the Upper ones. They will not, if they are
brought to understand the question properly, be parties
to inflicting upon us needlessly, without any object to be
gained thereby by any part of the Dominion or any
interest in it, evils which we earnestly deprecate.
[Hon. Mr. Connell-L'hon. M. Connell]
Le Nouveau-Brunswick a une certaine expérience en la
matière. Nous, les habitants de cette province, nous parlons d'un sujet que nous connaissons. Nous avons essayé
la méthode du scrutin découvert, et nous avons expérimenté l'utilisation de l'urne. Nous savons ce que signifie
un bureau de vote ouvert pendant plusieurs jours et nous
connaissons les conséquences qu'entraîne l'ouverture
d'un bureau de scrutin une seule journée. Nous n'avons
nul besoin d'aller chercher à l'étranger des exemples ou
des témoignages sur le sujet, ou de nous appuyer sur des
théories non vérifiées; notre propre expérience en la
matière est suffisante et concluante. Et celle-ci nous a
appris que bien que le vote secret ne puisse empêcher la
corruption, qu'il ne prévient pas les fraudes électorales et
qu'il ne rend pas impossibles les manœuvres d'intimidation des électeurs, il ne rend pas pour autant la tâche plus
facile au suborneur et au fraudeur que le vote par scrutin
découvert, que de plus, il offre une protection très grande
aux timides et qu'il a tendance à empêcher, lors des
assemblées électorales, les bagarres et les scènes de violence trop répandues là où le scrutin secret n'est pas en
usage. Notre expérience nous a également convaincus
hors de tout doute qu'une seule journée suffit amplement
pour recueillir les votes d'une circonscription donnée,
quelle qu'elle soit. Au Nouveau-Brunswick, la question
ne peut faire l'objet d'aucune discussion. Si le NouveauBrunswick devait seul en décider, jamais il ne renoncerait au scrutin secret, pas plus qu'il ne prolongerait la
durée du vote. Le député de notre assemblée législative
qui se hasarderait à faire des propositions aussi absurdes
deviendrait la risée de tous. Le Gouvernement qui tenterait d'imposer une mesure comprenant de telles idées se
verrait anéanti par le ridicule ou forcé de démissionner
au milieu du mépris et de l'indignation de toute la population. Le Nouveau-Brunswick s'est fait une opinion bien
arrêtée sur la question, en se fondant sur ses connaissances qui lui viennent de sa vaste expérience. Mais si les
hommes d'État de l'Ontario et du Québec ne sont pas
disposés à adopter nos mœurs électorales qui sont supérieures aux leurs, ne les laissons pas nourrir un seul
instant le dessein de nous imposer leurs coutumes électorales inférieures. Nous l'avons déjà dit, il n'est pas nécessaire que les mesures mentionnées soient adoptées par
toutes les provinces. Par conséquent, si celles du HautCanada ne sont pas prêtes à s'élever à notre niveau, elles
auraient entièrement tort de nous forcer à descendre
jusqu'au leur, nous ramenant ainsi à cette ère de barbarie
électorale relative à laquelle nous avons échappé depuis
longtemps. Une délégation forte et unie de représentants
du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse pourrait, croyons-nous, trancher sur-le-champ la question en
notre faveur. Il faut faire le nécessaire, de toute façon,
pour ouvrir les yeux des véritables amis de la Confédération des deux autres provinces sur cette question. Les
fédéralistes de ces provinces ne veulent pas décourager le
sentiment unioniste des provinces Maritimes. Ils ne peuvent avoir envie de jouer le jeu des séparatistes où qu'ils
soient. Ils ne peuvent rester indifférents devant les sentiments que nous, habitants des provinces Maritimes, ressentons à l'égard de nos nombreux frères des provinces
du Haut-Canada. Si on leur fait bien comprendre la
situation, ils ne consentiront pas à nous infliger inutilement, sans qu'aucune région de la Puissance y ait quoi
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
521
que ce soit à gagner et sans y avoir aucun intérêt, des
maux que nous combattons énergiquement.
Another journal,. the St. John Telegraph, says
also:
Un autre journal, le Telegraph de Saint-Jean,
ajoute ce qui suit:
The principle of a Federal Union does not imply or
require uniformity in the mode of voting, though it does
and must deal with the number of representatives which
each member of the Confederation is entitled to send to
Parliament. It makes no difference to the Upper Provinces whether our elections extend over two days, or are
finished in one, or whether we use the ballot or the
opposite system:—why then should we be compelled to
abandon, by the sheer force of superior numbers and
without rhyme or reason, what we prize so highly? It
cannot be maintained that absolute uniformity is
demanded by any considerations whatever in this case.
The Constitutions of the Provinces differ from each
other. The Government is prepared to make exceptional
terms with Newfoundland, Prince Edward Island and
Red River, in various matters, including some quite as
much within the federal province as the mode of voting.
We would, therefore, advise ministers to avoid inflicting
upon us a clamant wrong for the sake of an idea, fraught
with so much injury and humiliation to us, without any
corresponding benefit to any other person. They may not
listen to our advice, and we have to yield. If we do so,
however, our surrender to superior numbers will be a
bitter one and accompanied with corresponding maledictions, and should the day ever come when we can make
our oppressors understand how keenly we feel the
wrongs they have done to us, the opportunity will be one
which we shall most heartily welcome. The laws of the
Provinces of Quebec and Ontario are, in some respects,
very different. In short, there is no good reason for
wresting the ballot from us, and if it be done, we can only
attribute the act to an utter disregard of our feelings and
interests. The Anti-Confederates used to tell us that such
would be our experience under Confederation. We stoutly denied it. We did so in good faith. Nor would we, on
any account, go back to the dangerous condition of isolation in which we remained too long. We feel that we now
stand on a much higher platform, politically and commercially, than we formerly did. But we do not like to
have valuable privileges wrested from us without reason,
by sheer numerical force. It is not right for the Government to do so, but if they disregard right we should ask
them, is it politic? Are they so strong, has their public
platform been so successful, and their friends so numerous and defections from their ranks so unprecedented,
that they can afford to trample on the aspirations of their
friends and fulfil the worst predictions of their enemies?
The contrary may be safely asserted to be the case. If the
members of the Government connot see this they must be
very blind. Is the support of the Maritime Provinces or
their Press of any account? Perhaps not just at present. It
might be useful by and bye to members who are not
much among their constituents and who have not that
hold on them they once had,—will these members earn
that support? Will they tell the Government that the
Maritime Provinces do not desire to part with the ballot?
Will they take their stand on that point? If so, they will
gain many friends here—they will need them all, however; but if they do not take a stand on this point, they
will most assuredly lose the support of many friends in
and out of the Press. What is more, they will be despised
by those who propose to deprive us of a right which we
prize very highly.
Le principe d'une union fédérale n'implique ni ne
nécessite un mode de scrutin qui soit le même partout,
bien qu'il faille s'en tenir au nombre de représentants
que chacun des membres de la Confédération a le droit de
déléguer au Parlement. Il importe peu aux provinces du
Haut-Canada que nos élections durent deux jours ou
qu'elles se fassent en une journée, ou que nous ayons
recours au mode du scrutin secret ou à l'autre système:—pourquoi devrions-nous, dans ce cas, être contraints
d'abandonner, simplement parce qu'on est minoritaire et
sans rimes ni raisons, ce à quoi nous accordons tant de
prix? On ne peut prétendre qu'il existe une raison quelconque d'exiger l'uniformité absolue, dans ce cas. Les
constitutions des provinces diffèrent les unes des autres.
Le Gouvernement est disposé à faire des arrangements
exceptionnels avec Terre-Neuve, l'île-du-Prince-Édouard
et la région de la Rivière Rouge sur différents sujets,
parmi lesquels on retrouve des points qui sont aussi
importants que la question du mode de scrutin. Nous
désirons, par conséquent, conseiller aux ministres d'éviter de nous faire subir une injustice criante au nom d'un
principe qui nous porte préjudice et qui nous humilie à ce
point, sans qu'ailleurs on en retire des avantages proportionnels au tort causé. Ils peuvent ne pas tenir compte de
notre avertissement et nous devrons alors nous rendre. Si
nous devons céder, cependant, notre reddition à la majorité sera chargée d'amertume et accompagnée des malédictions de circonstance; et si jamais nous avions un jour
l'occasion de faire comprendre à nos oppresseurs avec
quelle acuité nous percevons les injustices qu'ils nous ont
fait subir, une telle occasion sera des plus chaleureusement accueillies. Les lois du Québec et de l'Ontario sont
très différentes sous certains rapports. En somme, il
n'existe aucune raison valable de nous enlever le scrutin
secret et si cela se produisait, nous ne pourrions trouver
d'autre raison à ce geste qu'un manque total de respect à
l'égard de nos sentiments et de nos intérêts. Les adversaires du fédéralisme nous ont dit et redit que tel serait
notre sort au sein de la Confédération. Nous avons nié la
chose énergiquement. Nous l'avons fait en toute bonne
foi. Pour rien au monde nous ne retournerions à la dangereuse situation d'isolement où nous nous sommes trouvés
trop longtemps. Nous pensons que nous nous situons
maintenant à un niveau de beaucoup supérieur, du point
de vue politique et commercial, à celui où nous étions
auparavant. Mais nous n'aimons pas qu'on nous arrache
des privilèges précieux sans raison, par la seule force du
nombre. En agissant ainsi, le Gouvernement commet une
injustice; cependant, s'il ne se soucie pas de la justice,
nous devrions lui demander si sa conduite est habile sur
le plan politique. Ses membres sont-ils si sûrs d'euxmêmes, leur vie publique est-elle si réussie, leurs amis
sont-ils si nombreux et la défection parmi leurs rangs
est-elle si rare qu'ils puissent se permettre de fouler aux
pieds les aspirations de leurs amis et de réaliser les
prédictions les plus sombres de leurs ennemis? On peut
affirmer à coup sûr qu'il n'en est rien. Si les membres du
Gouvernement ne peuvent s'en apercevoir, c'est qu'ils ont
la vue bien courte. L'appui des provinces Maritimes ou de
leurs journalistes n'a-t-il aucune valeur? Peut-être qu'il
n'en a pas, pour l'instant. Mais bientôt il pourrait s'avérer
utile aux députés qui ne visitent pas souvent leurs électeurs et qui n'exercent plus sur ceux-ci l'emprise qu'ils
ont déjà eue-ces députés se gagneront-ils notre appui?
Diront-ils au Gouvernement que les provinces Maritimes
ne veulent pas renoncer au scrutin secret? Nous appuieront-ils sur cette question? S'ils le font, ils se feront
beaucoup d'amis parmi nous—ils en auront grand besoin
522
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
du reste; dans le cas contraire, ils perdront très certainement l'appui de beaucoup d'amis journalistes et autres.
Qui plus est, ils seront méprisés par ceux qui se proposent de nous déposséder d'un droit auquel nous attachons
beaucoup d'importance.
With regard to the other provisions of the
Bill, he thought they were prepared to take it
up, and to give it a fair hearing, and when the
proper stage arrived would go into the details
of the measure, and move such amendments as
might be necessary. He still trusted that such
amendments would be made by the Minister of
Justice himself, as would render the Bill satisfactory to New Brunswick. And he should be
glad when he went home, to be able to tell his
constituents, that there had been one act of
legislation brought in and passed through the
House, on the part of the Government, of
which he could heartily approve. Knowing, as
he did, the strong feeling which existed on the
part of New Brunswick, he felt and the Government could not but be aware, that it was
one which they could not ignore. He trusted
the Government would move of their own
accord, and accept of their own free will, the
clauses which he had given notice of his intention to move. If not, at the proper time, he
would do so himself. He had received letters
couched in the strongest terms on this subject,
but not stronger than the existence of the feeling in the Province warranted, and he trusted
that the majority of the House would comply
with the well understood wishes of New
Brunswick, and confirm to them a privilege to
which they attached so much value, that feeling being grounded on the experience of the
beneficial result of the system gained during
the period, in which it had been in existence.
Pour ce qui concerne les autres dispositions
du Bill, il pense qu'ils sont prêts à aborder la
discussion du projet de loi et à le débattre dans
les règles; et le moment venu, ils étudieront en
détail la mesure et proposeront tous les amendements qu'ils jugeront nécessaires. Il espère
toujours que c'est le ministre de la Justice
lui-même qui proposera des amendements susceptibles de rendre le Bill acceptable pour les
députés du Nouveau-Brunswick. Et quand il
rentrera chez lui, il sera content de pouvoir
dire à ses électeurs que le Gouvernement a
déposé et adopté en Chambre une mesure législative qu'il peut approuver sans réserve. Il connaît bien le profond sentiment que ressent la
population du Nouveau-Brunswick, et il pense
que ce dernier est bien perçu par le Gouvernement comme étant l'un de ceux qu'il ne peut
ignorer. Il espère que le Gouvernement proposera lui-même et qu'il acceptera de plein gré les
amendements qu'il a explicitement manifesté
l'intention de proposer. Sinon, il le fera luimême au moment opportun. Il a reçu des lettres rédigées en des termes extrêmement
vigoureux sur le sujet; mais cet emportement
est moins grand que le sentiment qui prévaut
dans la province; il a confiance que la majorité
des députés de la Chambre se rendront aux
désirs bien légitimes du Nouveau-Brunswick et
qu'ils lui conserveront un privilège auquel la
population de cette province attache autant
d'importance, du fait qu'elle connaît les avantages que le système a procurés tout au long de
sa mise en application.
Mr. Caron congratulated the Hon. Premier
on the suitable manner in which he had introduced this measure to the House. Several
amendments had been suggested, of some of
which he approved, but there were others
which he could not recommend, for instance,
vote by ballot and the preparation of the voters' lists by municipal officers. He was of opinion that the salaries of Returning Officers
should be clearly fixed, whether the elections
were contested or not. In his own experience,
he had known Returning Officers, who, in
order to increase the amount of their fees,
brought about a contest, and this could not
occur if the salaries were fixed. He thought
that the day of nomination should be abolished
in the same manner as the day of proclamation
had been done away with. He thought that by
the provision of the proposed Bill, sound electoral lists would be secured, but they would
prove very expensive; that the mode of preparing them might be simplified by striking out
M. Caron félicite l'honorable premier ministre de la façon avec laquelle celui-ci présente
ce projet de loi devant la Chambre. Parmi les
nombreux amendements qui ont été proposés,
il en est qu'il approuve; par contre, il y en a
d'autres qu'il ne peut appuyer comme le vote
par scrutin secret et l'établissement des listes
d'électeurs par des fonctionnaires municipaux.
Il est d'avis qu'on doit établir clairement le
salaire des présidents d'élection, qu'il y ait contestation d'élection ou non. Il a lui-même
connu des présidents qui, dans le but d'augmenter leurs honoraires, ont provoqué une contestation d'élection; cette situation ne pourrait
pas se produire si les salaires étaient établis
d'avance. Il pense qu'il faut abolir le jour de la
présentation des candidatures de la même
manière qu'on a supprimé le jour de l'avis
d'élection. Selon lui, les dispositions du Bill
garantiront la constitution de listes électorales
valables qui vont cependant coûter très cher; il
croit qu'on peut en simplifier l'établissement
[Hon. Mr. Connell—L'hon. M. Connell.]
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
523
the clause relating to preliminary revision
which seemed useless; that the revising barristers in the Province of Quebec might fairly be
replaced by the notaries public residing in each
electoral district. In conclusion, he thoroughly
approved of the principle of the Bill, and felt
firmly convinced that after some amendments
were made in Committee of the Whole, it
would be found to be an excellent measure.
en supprimant la disposition relative à la première révision qui semble inutile; on pourrait
bien remplacer les contrôleurs de listes électorales dans la province de Québec par les officiers ministériels demeurant dans chaque circonscription électorale. En guise de conclusion,
il est entièrement d'accord avec l'esprit du Bill
et il est fermement convaincu qu'une fois que
le Comité général y aura apporté certaines
modifications, on pourra le considérer comme
une excellente mesure législative.
Mr. McDonald (Lunenburg) would not
detain the House with any long remarks. He
was prepared to recognize the necessity of a
uniform system for the whole Dominion, which
was just as important as a uniform system for
the Province. It would be absurd to see in the
next House gentlemen elected by different
classes of voters. They had recently in Nova
Scotia an illustration of the inconvenience and
danger of leaving an election law to be dealt
with by the Local Legislature. There, a
member of the Provincial Government had dictated how the election for a member of this
House should be held. He had dictated to the
Sheriffs of Yarmouth and of Hants respecting
the way of conducting the elections of members of the House of Commons, these officers
being under the control of the Government of
which he was a member, and knowing that
they were liable to be removed from office if
they disobeyed his orders. In adopting a uniform franchise for the whole Dominion, each
Province must concede something; but he
thought Nova Scotia was asked to give up more
than her share. The Bill, as it stands, would
disfranchise at least fifteen per cent of her
voters. It proposes to raise the real estate
qualification from $150 to $200. The provision
that a man should not vote unless he held a
lease for five years, would disfranchise a large
class in the country districts and country
towns in Nova Scotia. There were many young
men in his Province who held property in the
shape of shares in ships and fishing vessels,
who had a stake in the country. Yet, under this
Bill, they would be disenfranchised. Personal
property, as a qualification, ought to be recognized, and he hoped the Bill would be modified
in this respect in committee. To do this would
be only a measure of justice to that Province,
and would be no injustice, but on the contrary
would be a great gain to the larger Provinces of
Ontario and Quebec. Another important reason
for changes in this Bill in the direction he had
indicated, was that without these changes it
would work injuriously against Newfoundland, if that Province came into the union. It
would, in fact, be the strongest inducement to
it to reject Confederation.
M. McDonald (Lunenburg) ne veut pas
retenir l'attention de la Chambre par de longs
commentaires. Il est prêt à reconnaître la
nécessité d'instaurer un système uniforme à
travers toute la Puissance, ce qui est tout aussi
important que de mettre sur pied un système
uniforme à travers la province. Il serait ridicule que les députés du prochain Parlement
soient élus par des catégories d'électeurs différentes. La Nouvelle-Écosse vient d'avoir un
exemple des inconvénients et du danger que
l'on court à laisser l'assemblée législative
locale s'occuper de l'application de la loi électorale. En effet, un député du gouvernement provincial a décidé de quelle façon il fallait procéder pour élire un membre de cette Chambre. Il
a dicté aux chefs de la police de Yarmouth et
de Hants la façon de tenir l'élection des députés de la Chambre des Communes, les officiers
en question se trouvant sous la coupe du gouvernement auquel appartenait ledit député
tout en sachant qu'ils pouvaient être démis de
leurs fonctions s'ils désobéissaient aux ordres
donnés. Pour que la loi électorale devienne la
même pour toutes les régions de la Puissance, il
faut que chaque province fasse des concessions; mais croit-il, on demande à la NouvelleÉcosse de faire plus que sa part. Le Bill, sous sa
forme actuelle priverait au moins 15 pour cent
des électeurs de cette province de leur droit de
vote en proposant qu'on porte de 150 à 200
dollars la valeur des biens immobiliers donnant accès au vote. La disposition suivant
laquelle un homme ne pourrait pas voter à
moins de détenir un bail de cinq ans priverait
de son droit de vote une bonne partie de la
population des circonscriptions et des municipalités de la Nouvelle-Écosse. Il y a plusieurs
jeunes, dans sa province, qui possèdent des
biens sous la forme de parts dans des navires
ou des bateaux de pêche et qui ont des intérêts
dans ce pays; le présent Bill les empêcherait de
voter. Il pense que la possession de biens personnels doit garantir le droit de vote et il
espère que le Bill sera modifié en ce sens lorsque le Comité l'examinera. Agir ainsi ne serait
que justice envers cette province et il n'y
aurait là nulle injustice, tandis qu'agir autrement favoriserait grandement les autres provinces plus populeuses du Québec et de l'Onta-
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COMMONS DEBATES
March 18, 1870
rio. Le député donne une autre raison
importante pour modifier le Bill selon les
modalités qu'il propose: sans lesdites modifications, dit-il, le Bill nuirait considérablement à
Terre-Neuve si cette province venait à se joindre à la Confédération. Celle-ci y verrait, en
fait, un motif des plus valables pour ne pas
faire partie de la Confédération.
Mr. Costigan approved of the general principles of the Bill. With regard to the ballot
system he knew, from his own personal knowledge, that it had not worked well in New
Brunswick. It ought not to be credited with
bringing peace and quiet at elections, because
that was due to the fact of registration and also
to the fact that the number of voting places
were increased, and thereby the number of
electors collected together was less. There was
not a single feature of corruption and bribery
under the system of open voting that had been
done away with by the ballot. On the contrary,
it had introduced new features of corruption
that had never been heard of before. The ballot
was unpopular in his constituency; the elector
preferred to come up to the polls and vote
openly for the man of his choice. The only
persons who benefited by the ballot were those
who wanted to make money out of elections by
selling their votes. It gave them an opportunity, which they did not lose, of selling their
votes to two or three different parties, though
it did not prevent candidates from buying
votes, as some of them were bound to buy them
any way. There was a certain moral influence
connected with the open system of voting,
which prevented people from selling their
votes, but which was totally destroyed under
the ballot. He objected to a property qualification for members, over and above the qualifications for electors. He thought the nomination
day had a good effect, when candidates came
before the whole country, and had to give a fair
statement of their politics. The majority of the
people of the county he represented were
French, and he thought both languages should
be used on reading the writ and other proclamations. Before sitting down he would explain
his position in the House. He had given the
Government a fair support, though when he
came into the House he had occupied an awkward position, as he came from a part of New
Brunswick where people had been called Anticonfederates, Fenians, and other names. He
had noticed the cheers which had been given to
speakers in this House who spoke in favour of
Confederation, and the coldness which was
awarded to others. When New Brunswick had
decided that it should be represented by Confederation advocates, he had declined to
accept, and he was still opposed to Confederation, but he had no desire to throw anything in
[Mr. McDonald (Lunenburg)-M. McDonald (Lunenburg).]
M. Costigan est d'accord avec les grandes
lignes du Bill. En ce qui concerne le scrutin
secret, il sait personnellement que cette
méthode n'a pas bien marché au NouveauBrunswick. Ce n'est pas grâce à elle que la paix
et le calme règnent pendant les élections; la
véritable cause en est l'inscription des électeurs et aussi le fait que le nombre des bureaux
de vote a été augmenté et que, par conséquent,
le nombre d'électeurs pour un seul lieu est
moins élevé. Le scrutin secret n'a supprimé
aucune des caractéristiques de la corruption
électorale qui sévit dans le système du scrutin
découvert. Il a même introduit des éléments de
corruption dont on n'avait encore jamais
entendu parler. La méthode du scrutin secret
est mal vue dans sa circonscription; l'électeur
préfère se présenter au bureau de scrutin et
voter ouvertement pour l'homme de son choix.
Les seules personnes qui profitent du scrutin
secret sont celles qui veulent faire de l'argent
avec les élections en vendant leur vote. Cela
leur donne une chance, qu'elles ne laissent pas
passer, de se laisser acheter par deux ou trois
partis différents; cela n'empêche pas les candidats d'acheter des votes, puisque certains d'entre eux vont le faire de toute façon. Le système
du scrutin découvert comporte un certain élément de moralité qui empêche les gens de
vendre leur vote, alors que cet élément disparaît complètement avec le scrutin secret. Il
s'oppose à la disposition selon laquelle les
députés doivent posséder davantage de biens
que les électeurs. Il pense que le jour de la
déclaration de candidature où les candidats se
présentent devant le pays tout entier et doivent exposer dans les règles leurs idées politiques, a du bon. La majorité des gens du comté
qu'il représente sont francophones et il estime
qu'il faut utiliser les deux langues lorsqu'on
fait la lecture du décret de convocation des
électeurs et d'autres proclamations. Avant de
se rasseoir, il désire expliquer à la Chambre
quelle est sa position. Il a donné loyalement
son appui au Gouvernement, bien que s'étant
trouvé dans une position embarrassante au
moment de son arrivée en Chambre, du fait
qu'il vient d'une région du Nouveau-Brunswick où les gens ont été traités d'anti-fédéralistes, de Fénians et d'autres noms. Il a remarqué
la chaleur avec laquelle on a applaudi les députés qui ont pris la parole en Chambre en faveur
de la Confédération, ainsi que la froideur
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
525
the way of the progress of the country, and
would be glad if all the arguments against
Confederation were disproved. But he noticed
that the first and strongest supporters of Confederation were now giving to the weakest
support, and those who were anti-confederates,
and had been called traitors, rebels and Fenians were literally waiting for Government to
carry out their plans. This being the hon. gentleman's maiden speech, he was loudly cheered
on taking his seat.
manifestée aux autres. Quand le NouveauBrunswick a décidé qu'il devait être représenté
par des partisans de la Confédération, le
député a refusé d'accepter le principe de la
Confédération et il s'y oppose toujours; mais il
n'a aucune envie de faire obstacle aux progrès
du pays et il serait content de voir rejetés tous
les arguments contre la Confédération. Mais il
constate que les premiers et les plus ardents
défenseurs de la Confédération accordent
maintenant leur appui aux plus faibles et que
les anti-fédéralistes ainsi que ceux que l'on a
qualifié de traîtres, de rebelles, et de Fénians
attendent en fait que le Gouvernement mette
ses plans à exécution. Son premier discours
public terminé, l'honorable député regagne son
siège sous les applaudissements de ses collègues.
Mr. Chipman said he felt it to be his duty to
express his opinion on the Franchise Bill now
before the House, as he considered it one of the
most important Bills ever brought before this
Parliament, and thought party feeling should
be laid aside—and our action should be for the
general good. The Nova Scotia Election Law
was prepared and passed by some of our ablest
and best qualified men, some of whom had the
honour of seats in this House, and among the
number was the honourable member for Colchester, a man of great talent and ability. After
having tried Franchise based on freehold
estate alone, rate bill system wihtout any limit
to the amount, then universal suffrage, and
lastly the assessment roll, which is now in
force, and working satisfactorily to the people—which I am desirous to retain—said Roll
was prepared by persons recommended by the
Grand Jury, and approved by the Court of
General Sessions in each County, revised Rolls
or lists filed with the Clerk of the Peace, as a
record, and lists furnished by that office to the
returning officers. The qualification of an elector was, $150 assessed on Real Estate, and $300
on Personal, or Real and Personal Estate together. Candidates have the same qualification
as an elector, or the owner of Real Estate,
worth eight dollars per year. We have in Nova
Scotia the simultaneous polling, which works
admirably. We are sorry to find that consolidating the Laws means here, to destroy,
repeal or expunge the Laws of Nova Scotia
altogether, and substitute others obnoxious
and distasteful. The Bill now before the House
fixes qualifications: Real Estate, $200; tenant
under five years' lease at $20 rental; lease of
Land or purchase from the Crown, $200; an
annual Income of $400. Sir, the five years' lease
is seldom, if ever known with us, and I am
fully satisfied that a large number of the
present electors will be disfranchised in Nova
Scotia, by the present Bill. Sir, the patronage
M. Chipman déclare qu'il croit de son devoir
d'exprimer son opinion sur le projet de loi
électorale dont la Chambre est saisie, puisqu'il
le considère comme l'un des Bills les plus
importants jamais présentés devant le Parlement, et il pense qu'il faut oublier pour l'instant son appartenance à un parti pour ne
penser qu'au bien-être de la collectivité. La Loi
sur les élections de la Nouvelle-Écosse a été
conçue et adoptée par des hommes qui sont
parmi les plus compétents et les mieux qualifiés; certains d'entre eux ont l'honneur de
siéger dans cette Chambre, comme l'honorable
représentant du comté de Colchester, homme
d'une grande intelligence. Pour accorder le
droit de vote, on s'est d'abord fondé uniquement sur la nu-propriété; ensuite on a eu
recours au système du suffrage proportionnel
sans aucun montant limite, puis au suffrage
universel et enfin, au rôle des contributions,
système qui est maintenant en vigueur et qui
fonctionne d'une façon satisfaisante selon les
dires de la population—et que je désire conserver; ledit rôle est établi par des personnes
recommandées par le grand jury et approuvées
par la Cour des sessions générales de chaque
comté; les rôles ou listes révisés sont conservés
par le greffier de la paix; celui-ci en fait parvenir un exemplaire aux présidents d'élection.
Une personne a le droit de vote si elle possède
des biens immobiliers d'une valeur de $150 et
des biens mobiliers (ou des biens meubles et
immeubles réunis) d'une valeur de $300. Les
candidats doivent remplir les mêmes conditions que les électeurs, ou être propriétaires de
biens immobiliers pour lesquels ils paient des
taxes de $8 par année. En Nouvelle-Écosse,
nous avons adopté la méthode du scrutin
simultané qui fonctionne admirablement bien.
Nous sommes désolés de constater que la
refonte des lois signifie ici l'anéantissement,
l'annulation ou la suppression absolue des lois
de la Nouvelle-Écosse et la substitution d'au-
99263-36
526
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
given to the Government under the Bill, will
enable them to use a power and control over
the elections highly improper. Besides, this
Law will be very expensive, there being several hundred officers and clerks, the most of
them Lawyers and Judges, requiring about
three hundred thousand dollars, or thereabouts, to cover the expenses. For these and
many other reasons, I object to the Bill. I thank
the House for a patient hearing—and will not
intrude further.
tres lois qui sont odieuses et répugnantes. Le
Bill dont la Chambre est actuellement saisie,
fixe de la façon suivante les conditions à remplir; la possession de biens immobiliers d'une
valeur de $200, la détention d'un bail de cinq
ans d'une valeur locative de $20, la jouissance
d'un bail à ferme ou l'acquisition de biens de la
Couronne d'une valeur de $200, un revenu
annuel de $400. La jouissance d'un bail de cinq
ans est chose rare sinon inconnue chez nous et
je suis tout à fait convaincu que le présent Bill
privera de leur droit de vote un grand nombre
de nos électeurs. Les pouvoirs conférés au Gouvernement en vertu du présent Bill vont lui
permettre d'influencer et de contrôler les élections d'une manière inadmissible. De plus,
cette loi va nous coûter très cher, étant donné
qu'elle emploiera plusieurs centaines d'agents
et de greffiers, la plupat d'entre eux étant des
avocats et des juges; elle entraînera des dépenses d'environ $300,000. C'est pour cela et aussi
pour beaucoup d'autres raisons que je m'oppose à ce Bill. Je remercie les membres de la
Chambre de m'avoir écouté patiemment—je
n'interviendrai plus.
Mr. Renaud said that he did not wish to
oppose the present Bill of Election, but he
could not permit the second reading without
informing the Government that he is entirely
opposed to the 82nd section, in which it is said
that the Returning Officers shall publish all
the proceedings of an election in Quebec, in the
two languages—French and English—and that
in the Provinces of Ontario, Nova Scotia and
New Brunswick, all the proceedings shall be
only in the English Language. He must say
that, in New Brunswick, one-fifth of the population speak no other language than the
French, and he could not see why all the proceedings in that Province should not also be in
the two languages, the Acadian population
having an equal right to their language with
the English part of the population in the Province of Quebec. He would remark to the Government that the Local Government of New
Brunswick had lately shewn their liberality in
having all the proceedings of their Parliament
published in French as well as in English. He
hoped that the Federal Government will be as
liberal towards New Brunswick. He would also
call the attention of the Government to the
nomination of an Election Barrister. He did not
see the necessity of such an officer at useless
expense. If three Commissioners are appointed,
why appoint a fourth one? And if a fourth one
is necessary, why appoint a Lawyer or Barrister? He (Mr. Renaud) was confident that a
Merchant or Farmer, having education, would
be as fit and proper a person to prepare the
electoral lists as barristers; and, in resuming
his seat, he had confidence that the Govern-
M. Renaud enchaîne en disant qu'il ne veut
pas faire opposition au présent Bill, mais qu'il
ne peut permettre que l'on passe à la seconde
lecture sans informer le Gouvernement qu'il en
désaccord total avec le 82e article du projet de
loi où il est dit que les présidents d'élection
doivent publier en français et en anglais au
Québec tous les documents relatifs aux élections et que dans les provinces de l'Ontario, de
la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick,
ces documents doivent être rédigés en anglais
seulement. Il se doit de dire qu'au NouveauBrunswick, 1/5 de la population ne parle pas
d'autre langue que le français et il ne voit pas
pourquoi tous les documents électoraux publiés
dans cette province ne seraient pas rédigés
également dans les deux langues, les Acadiens
ayant autant droit à leur langue que les anglophones du Québec. Il désire faire remarquer au
Gouvernement que les dirigeants du NouveauBrunswick ont manifesté, dernièrement, leur
ouverture d'esprit en faisant publier tous les
actes et débats de leur Parlement en français
aussi bien qu'en anglais. Il espère que le Gouvernement fédéral se montrera aussi ouvert à
l'égard du Nouveau-Brunswick. Il désire également attirer l'attention du Gouvernement sur
la nomination du contrôleur des listes électorales. Il ne voit pas la nécessité de pareille nomination et estime que celle-ci occasionnera des
dépenses inutiles. Si on nomme trois commissaires, pourquoi un quatrième? Et si on a vraiment besoin d'un quatrième commissaire pourquoi choisir un avocat? Il (M. Renaud) est
persuadé qu'un marchand ou un fermier possédant une certaine instruction s'acquitterait
[Mr. Chipman—M. Chipman.]
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
527
ment will amend the Bill, and make these sections less objectionable.
aussi bien de l'établissement des listes électorales qu'un avocat; et tout en regagnant son
siège il ajoute qu'il a confiance que le Gouvernement amendera le Bill de façon à rendre les
articles en cause plus acceptables.
Hon. Mr. Smith could not agree with the
member for Victoria (Mr. Costigan) in reference to the working of the ballot in New
Brunswick. He was quite prepared to admit
that it had not reformed all the abuses of the
open system; but on the whole it had worked
well, and had brought peace at elections and
done away with a good deal of briebery, though
not of it all. He hoped the Government would
not take away this boon from New Brunswick,
as the people of that Province were very much
wedded to that system. He pointed out that
this Bill would restrict franchise in New
Brunswick and disenfranchise many people
who had long enjoyed the franchise. The New
Brunswick franchise he thought might be
adopted for the whole Dominion without any
danger, especially in regard to allowing personal property to be the qualification. With
reference to the system of Registration, he
pointed out that it involved the examination of
every title to real estate, because the boundaries had to be given, which would involve an
immense amount of labour and expense. This
evil might perhaps be remedied by adopting
the last Assessor's list for the purpose of ascertaining who had the necessary amount of property. Every man with a mortgage on his property would be deprived of his vote, as the Bill
provided that he must hold his property in a
free and common socage. He doubted the propriety of imposing upon the County Judges the
work of revising Barristers, as they had
already as much to do as they could attend to.
Besides, he thought Judges should not in any
way be mixed up in politics. There was very
extensive power given to Revising Barristers;
they have power, for instance, of fixing the
value of the property on which the qualification was based, and if judges had this work to
do, he was afraid it would place them in a
position where they would be liable to be
regarded with suspicion. He thought the Sheriffs should be made ex officio Returning Officers. It was a large power to give the Government, that of appointing Returning Officers
just before election, who would have the
appointing of those under them. He also
thought elections should always be held at the
shire-town. With regard to the general features
of the Bill exempting the restriction of franchise and the power it gave to the Government
to appoint a Board of Registrators, and other
objectionable features, he approved of them.
L'honorable M. Smith n'est pas d'accord
avec le député du comté de Victoria (M. Costigan) en ce qui concerne le déroulement du
scrutin secret au Nouveau-Brunswick. Il est
bien prêt à admettre que cette méthode n'a pas
évité tous les abus du scrutin découvert; mais
somme toute, celle-ci a été efficace; elle a fait
régner la paix pendant les élections et a éliminé en grande partie la corruption. Il espère
que le Gouvernement ne privera pas le Nouveau-Brunswick d'un tel avantage, puisque la
population de cette province tient vraiment
beaucoup à ce système. Il fait remarquer que le
présent Bill limiterait le droit de vote au Nouveau-Brunswick et qu'il priverait de ce droit
beaucoup de personnes qui en jouissent depuis
longtemps. A son avis, la façon dont le Nouveau-Brunswick accorde le droit de vote pourrait être adoptée sans risque par toute la Puissance, surtout pour ce qui concerne le fait
qu'on admette comme condition à remplir pour
acquérir ce droit la possession de biens personnels. Quand au système de l'inscription des
électeurs, il fait observer que celui-ci implique
l'examen de tous les titres de propriété de biens
immobiliers parce qu'il faut indiquer les limites de son terrain; cette tâche suppose une
dépense énorme d'énergie et d'argent. On pourrait peut-être remédier à cet inconvénient, en
utilisant la dernière liste établie par l'évaluateur pour connaître le nom des personnes qui
possèdent suffisamment de biens. Tous les
hommes dont la propriété est hypothéquée
seront privés de leur droit de vote, puisque le
Bill stipule qu'il faut posséder des biens immobiliers en franc et commun socage. Il trouve
inopportun d'obliger les juges des cours de
comté à faire le travail des contrôleurs des
listes électorales, étant donné qu'ils ont déjà
plus que leur part de travail. De plus, il pense
que les juges ne doivent être mêlés d'aucune
façon à la politique. Les contrôleurs des listes
électorales se voient conférer des pouvoirs très
étendus; ils peuvent, par exemple, fixer la
valeur de la propriété permettant d'acquérir le
droit de vote, et si les juges doivent prendre de
telles décisions, il craint que ces derniers
soient mal vus. D'après lui, les chefs de police
doivent être nommés d'office, présidents
d'élection. C'est accorder au Gouvernement un
pouvoir considérable que de lui permettre de
nommer les présidents d'élection immédiatement avant une élection, ceux-ci étant redevables de leur emploi aux autorités. Il pense également que les élections devraient toujours
être tenues au chef-lieu. De façon générale, il
99263-36 1h
528
COMMONS DEBATES
March 18, 1870
est d'accord avec les grandes lignes du Bill sauf
pour ce qui est de la limitation du droit de vote,
du pouvoir conféré au Gouvernement lui permettant de nommer une Commission des registraires et de certains autres points.
Mr. Carmichael spoke in favour of the
simultaneous polling system. He said he
believed that the people of Nova Scotia would
rather give back the subsidy granted them,
than to give up that system.
M. Carmichael se prononce en faveur du
scrutin simultané. Il est convaincu que la
population de la Nouvelle-Écosse aimerait
mieux rendre la subvention qu'on lui a accordée que de renoncer à ce système.
Mr. Masson (Soulanges) said, at that late
hour of the night, he would make but very few
observ ations. No person would reasonably
oppose the principles of the Election Bill. But
he might say that all things made by the hands
of men are not perfect; and that, notwithstanding the high talents and legal capacities of the
Hon. Minister of Justice, he surely could not be
perfect in all his works, otherwise he would be
wiser than the old Puritans of Massachusetts,
who held three yearly sessions to enact "That
it was not lawful for any person to be seen in
highways, after nine o'clock, without having in
his hands a lantern, into which it was of strict
obligation to place a candle lighted." This
present Bill, perfect as it now appears to be,
would, from Parliament to Parliament, be
amended to meet the wishes of the people,
becoming from day to day more enlightened,
and will demand the universal suffrage which
he (Mr. Masson) was not ashamed to advocate,
as the most just way to settle all the difficulties now raised by the hon. members from our
Provinces in regard of the qualifications of
electors. He wished to call the attention of the
hon. members of the Government to a few
sections of the Bill very objectionable to him.
By the present Bill a tenant—(farmer)—to be a
legal voter, must have a five years' lease in
writing, and he would say that such an enactment will be very wrong in our rural districts—because generally proprietors of lands
had no such leases with their tenants—and
generally, if there exists a lease, it is from year
to year. The Hon. Minister of Militia is proud
of his fifty thousand volunteers, the true and
loyal defenders of our country, and having a
deep interest in its welfare, they being generally the sons of our wealthy farmers. Why then
not give them the right to vote, if not otherwise
qualified, when the Bill will permit the registration of the votes of newcomers into the
Dominion, paying but a few dollars of house
rent? He (Mr. Masson) had no objection to one
day's polling, but he would insist that a poll is
granted to every two hundred electors. He
could not approve the appointment of an Election Barrister to revise the electoral lists—
after a due preparation under oath by the three
electoral Commissioners—and he might well
M. Masson (Soulanges) déclare qu'étant
donné l'heure tardive, il ne fera que très peu de
commentaires. Aucune personne sensée ne
peut s'opposer aux principes dont s'inspire le
Bill sur les élections. Mais il permet d'ajouter
que rien de ce qui vient de l'homme n'est parfait et que l'honorable ministre de la Justice,
malgré ses grandes aptitudes et ses connaissances juridiques, ne peut certainement pas s'acquitter de toutes ses tâches à la perfection, ou
alors il ferait preuve d'une plus grande sagesse
que les anciens puritains du Massachusetts qui
tenaient trois assemblées par année pour décréter que personne n'avait le droit de marcher
sur la grande-route, après neuf heures, sans
porter à la main une lanterne contenant une
bougie allumée. Le présent Bill, si parfait qu'il
puisse paraître maintenant, sera amendé de
Parlement en Parlement pour répondre aux
désirs d'une population devenant de jour en
jour plus avertie, et qui finira par exiger le
suffrage universel qu'il (M. Masson) n'a pas
honte de préconiser comme le moyen le plus
juste de résoudre toutes les difficultés que soulèvent actuellement les honorables députés de
nos provinces au sujet des conditions permettant à un citoyen d'obtenir le droit de vote. Il
désire attirer l'attention de ses honorables collègues du Gouvernement sur quelques-uns des
articles du Bill qui lui semblent inacceptables.
En vertu de celui-ci, pour avoir le droit de vote,
un locataire (un fermier) doit détenir un bail
écrit d'une durée de cinq ans; d'après lui,
l'adoption d'une telle disposition sera très mauvaise pour nos régions rurales, parce qu'en
général, les propriétaires de terres ne contractent pas de tels baux avec leurs locataires et
que lorsqu'il existe un bail, ce dernier n'est
généralement que d'une année. L'honorable
ministre de la Milice est fier de ses cinquante
mille volontaires, les défenseurs fidèles et
dévoués de notre pays qui s'intéressent de très
près à son bien-être, ceux-ci étant généralement les fils de nos riches fermiers. Pourquoi
alors ne pas leur accorder le droit de vote, s'ils
ne l'ont pas obtenu autrement; le Bill ne va-t-il
pas accorder ce droit à des nouveaux venus au
sein de la Puissance qui ne verseront que quelques dollars pour la location d'une maison? Il
(M. Masson) ne s'oppose pas à ce que le vote ne
[Hon. Mr. Smith—L'hon. M. Smith.]
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
529
say that if these Commissioners were chosen
without any regard to party feelings, fair justice would be given to all the electors. Three fit
and qualified persons will be found in each
electoral district to prepare these electoral
lists, without that great tribunal of a Revising
Election Barrister. The member for Kent, N. B.,
representing, as it may well be said, the
French-speaking population of the Maritime
Provinces, has very properly insisted that the
proceedings of elections be published in those
Provinces, in the two languages. He (Mr.
Masson) is proud of this action of his hon.
friend, and he had reason to expect, from the
liberality of the House, that not a voice will be
raised to oppose his wishes. The French language is, by the Constitution, an official language, as much as the English—and now that
any subject of the Crown has the right to
speak his own language all over the Dominion,
he (Mr. Masson) would remind the Government that there are near one hundred thousand
French Canadians in the Province of Ontario,
and he would insist that in all the counties
where there is a respectable portion of electors
of French origin, the Returning Officers do
also publish their proceedings in their language. Before resuming his seat he (Mr.
Masson) regretted not to see the member for
Hochelaga in his seat. That hon. member had
accused the Catholic Bishops, and the Catholic
clergy, of having taken an undue part, and
exercised an undue influence, at the last general election. These words are Anti-Canadian,
from the chief of the liberal party in Quebec.
He (Mr. Masson), in common with his hon.
friends on this side of the House, repudiates
such words. Religiously speaking, the clergy of
Quebec are respected and loved, as they ought
to be—but civilly he could not understand why
a Priest should not exercise his electoral franchise, and his share of influence, as well as
ministers of other denominations. He well
understood that, in the excitement of debate,
the member for Hochelaga may have used
expressions which he must certainly regret.
dure qu'une journée, mais il insiste pour qu'on
prévoit un bureau de scrutin pour chaque
groupe de deux cents électeurs. Il ne peut
approuver la nomination d'un contrôleur de
listes électorales—celles-ci étant dressées sous
serment par les trois commissaires des élections—et il ajoute que si ces commissaires sont
choisis sans qu'intervienne l'esprit de parti,
justice sera rendue à tous les électeurs. On
pourra trouver trois personnes compétentes et
à la hauteur de la tâche, dans chaque circonscription, pour établir ces listes sans le recours à
cet imposant tribunal de contrôle des listes
électorales. Le député de Kent au NouveauBrunswick qui représente, pour ainsi dire, la
population francophone des Maritimes, a exigé
à juste titre que les documents électoraux
soient publiés dans les deux langues dans ces
provinces. Il est fier du geste de son honorable
ami et il a des raisons de penser, qu'étant
donné la largeur des vues de la Chambre, personne ne prendra la parole pour s'opposer à ses
voeux. En vertu de la Constitution, le français
est une langue officielle au même titre que
l'anglais—et maintenant que tous les sujets de
la Couronne ont le droit de parler leur propre
langue à travers toute la Puissance, il (M.
Masson) désire rappeler au Gouvernement que
la province de l'Ontario compte près de cent
mille Canadiens français; il demande donc que
dans les comtés où on retrouve une proportion
respectable d'électeurs d'origine française, les
présidents d'élection publient également les
documents électoraux en français. Avant de
regagner son siège, il (M. Masson) regrette de
ne pas apercevoir le représentant du comté
d'Hochelaga à sa place habituelle. Cet honorable collègue a accusé les évêques et le clergé
catholiques d'avoir joué un rôle qui ne leur
appartenait pas et d'avoir usé de leur influence
d'une manière indue lors des dernières élections générales. De telles paroles sont anticanadiennes dans la bouche du chef du Parti
libéral du Québec. De concert avec ses honorables collègues qui, à la Chambre, sont du même
côté que lui, il (M. Masson) condamne de tels
propos. Sur le plan religieux, le clergé du
Québec est respecté et aimé comme il se doit; et
sur le plan civil, il ne comprend pas pourquoi
un prêtre de l'église catholique ne devrait pas
exercer son droit de vote ni se servir de l'autorité qu'il possède, tout comme les ministres des
autres cultes. Il croit comprendre que dans
l'animation de la discussion, le député d'Hochelaga peut avoir utilisé des mots qu'il doit certainement regretter.
Hon. Mr. Howe said it was the duty of the
Government to establish a uniform system,
and he believed it would receive wise consideration from the House. He thought the Local
Legislatures should not be allowed in any way
L'honorable M. Howe, affirme que le Gouvernement a le devoir de mettre sur pied un
système uniforme et pense que la Chambre se
penchera avec prudence sur la question. Selon
lui, on ne doit pas permettre aux assemblées
530
COMMONS DEBATES
to control elections to this House, which would
be the case if they were allowed to appoint the
officers to carry out the elections. He said in
Nova Scotia they had tried the experiment of
allowing every man who was assessed for any
amount to vote; and the effect was that every
man who paid 6d. of County rates had the
franchise, and rate collectors could qualify or
disqualify for small sums, or by leaving names
off the list. They also tried universal suffrage
in Nova Scotia, and the result was that in a
close election there were always enough of
poor wretches who could turn the scale of election by selling their votes. There must be a
compromise in this matter; Nova Scotia nor
New Brunswick could not be expected to control the Dominion. Ontario and Quebec had the
votes, but he did not believe they would do the
Lower Provinces injustice in this matter. The
Ballot system had never been asked for in
Nova Scotia; and if New Brunswick had to give
it up they should be content to take the best
terms they could get in a great measure of
compromise. The simultaneous system of
voting had worked well in Nova Scotia; and
though it was not now in the Bill, he thought
there would not be much difficulty in making
elections simultaneous in each Province—
(hear, hear, and cheers)—however, the system
had its drawbacks; and he went on to recount
in a humourous style his experiences under
that system, when he was defeated at a general
election, and had to remain out of the Legislature till a vacancy occurred.
March 18, 1870
législativ es provinciales d'intervenir dans
l'élection des députés de cette Chambre de
quelque façon que ce soit, ce qui se produirait
si on les laissait choisir le personnel chargé de
mener à bien les élections. Il dit qu'en Nouvelle-Écosse, on a tenté d'accorder le droit de
vote à tout homme qui devait payer des impôts,
quelle qu'en soit la somme; le résultat a été le
suivant: tous ceux qui versaient une contribution de 6 dollars au comté obtenaient le droit
de vote et les percepteurs d'impôt pouvaient
accorder ce droit ou le retirer pour des sommes
modiques ou en n'inscrivant pas certains noms
sur la liste. On a également eu recours au
suffrage universel en Nouvelle-Écosse; lors
d'une élection serrée, il y avait toujours suffisamment de pauvres diables pour faire pencher
la balance du pouvoir en vendant leur vote. On
doit pouvoir en arriver à un compromis; on ne
peut s'attendre à ce que la Nouvelle-Écosse ou
le Nouveau-Brunswick gouverne la Puissance.
L'Ontario et le Québec détiennent la majorité
des votes, mais il ne croit pas qu'ils se montreront injustes envers les provinces du BasCanada. La Nouvelle-Écosse n'a jamais
demandé l'instauration du scrutin secret; et si
le Nouveau-Brunswick doit y renoncer, il
voudra tirer le meilleur parti possible du grand
compromis qui surviendra. Le système du scrutin simultané a bien fonctionné en NouvelleÉcosse; et bien que cela ne soit pas actuellement prévu par le Bill, il pense qu'il ne serait
pas bien difficile d'instituer le système des
élections simultanées dans chaque province—
(applaudissements et bravos). rependant, ce
système comporte certains inconvénients; et M.
Howe de raconter sur un ton humoristique les
expériences qu'il a connues lorsque ce système
était en vigueur, alors qu'ayant perdu une élection générale, il avait dû se retirer de l'assemblée législative jusqu'à ce qu'il y ait un siège de
libre.
Hon. Mr. Wood wished to know from the
hon. gentleman before he left that point on
which he had dwelt so long, whether or not the
House was to understand that the hon. gentleman was in favour of simultaneous elections
all over the Dominion. His argument as he (Mr.
Wood) understood it, was in favour of that
principle, (hear, hear).
L'honorable M. Wood désire savoir de l'honorable gentleman, avant que celui-ci n'abandonne le sujet sur lequel il s'est attardé si
longtemps, si la Chambre doit comprendre que
celui-ci favorise la tenue d'élections simultanées dans toute la Puissance. Il (M. Wood)
croit comprendre que les arguments de son
collègue vont dans ce sens. (Bravo!).
Hon. Mr. Howe said he was in favour of
many things that he could not get, (great
laughter). Hon. gentlemen should remember
that there must be more or less compromise in
all legislation. He then went on to criticise
humourously the arguments of the member for
Bothwell. There had been an allusion to "camp
followers" who would strip the wounded and
all that sort of thing; but were there no camp
followers on the other side? Would not the
gentlemen opposite be willing to strip the
L'honorable M. Howe lui répond qu'il est en
faveur de beaucoup de choses qu'il ne peut
obtenir. (Rire général.) Ses honorables collègues doivent se rappeler que toute loi doit plus
ou moins faire l'objet de compromis. Et il poursuit en critiquant avec humour les arguments
du député de Bothwell. On a fait allusion aux
mercantis qui volaient les blessés et à diverses
autres choses; mais n'y avait-il pas des mercantis de l'autre côté? Les honorables collègues de
l'Opposition ne sont-ils pas prêts à dépouiller
iHon. Mr. Bowe—L'hon. M. Howe.}
18 mars 1870
DÉBATS DES COMMUNES
531
habiliments of the Government even to those
satin breeches, which seemed at this moment
the great topic of conversation in Ontario?
(Great laughter.)
le Gouvernement de ses habillements même
jusqu'à la culotte de satin, ce qui semble le
grand sujet de conversation présentement en
Ontario. (Rire général.)
Mr. Bolton said, he was prepared to yield
many points in a measure of compromise; but
the question of the ballot was one which was
very popular in New Brunswick, and the removal of which would be regarded as a great
injury, and he hoped the Government would
consent to allow the ballot to be still enjoyed
in New Brunswick, though in all other
respects, the law might be made uniform in all
the Provinces. Such a course would be no
injury to the other Provinces, and would allow
New Brunswick to continue to enjoy what they
considered a great boon. In other points the
people of New Brunswick would yield their
opinions if they would be allowed to retain the
ballot.
M. Bolton affirme qu'il est prêt à céder sur
plusieurs points pour en arriver à un compromis; cependant, le scrutin secret est très populaire au Nouveau-Brunswick; la population de
cette province considérerait sa suppression
comme un grave préjudice et il espère que le
Gouvernement permettra au Nouveau-Brunswick de profiter encore du scrutin secret, la loi
pouvant par ailleurs être la même, sur tous les
autres points, pour toutes les provinces. Cette
façon de faire n'enlèverait rien aux autres provinces tout en permettant aux habitants du
Nouveau-Brunswick de continuer à jouir de ce
qui est, d'après eux, un grand avantage.
Ceux-ci seraient prêts à concéder d'autres
points, s'ils pouvaient conserver le scrutin
secret.
Mr. Ross (Victoria, N.S.)—During the eight
years that I had the honour of a seat in the
Parliament of Nova Scotia, I had no desire to
be considered anything more than one of its
silent members, and here also, I have no desire
to take up the time by imposing my ideas on
the attention of the House, but the franchise of
the country is a matter in which we are all
interested, and I would like to say a little on
that subject. I have examined carefully the
Franchise Act now before the House, and find
that at least one-fourth of my constituency will
be disfranchised by it, and that will apply to
the whole Province of Nova Scotia. I was
pleased to find the Minister of Justice state
that he had no doubt but the Bill would be
largely amended in committee; and I hope it
will be cut up, dissected and disembowelled, so
that when it passed its various stages very
little more than the name would be left. The
present franchise has worked well in Nova
Scotia, and there is no desire to have it
changed. If, then, the Government desire to
have the franchise under their own control, all
that they have to do is to appoint their own
officers to prepare the rolls, and then they will
have all the guards necessary to have everything they require. In this progressive age,
when Conservative England is extending the
franchise in all parts of the Empire, will it be
said that in her name have been curtailed the
responsibilities and privileges already conferred on the people? Once you confer the franchise on a people, taking it away again will be
considered and resented as a grievance. It is
quite evident that the Government have abandoned all hope of having Newfoundland
brought into this Union, or to have the intend-
M. Ross (Victoria, N.-É.)— Durant huit
années, j'ai eu l'honneur de siéger au Parlement de la Nouvelle-Écosse et je n'ai jamais
souhaité que l'on vît en moi autre chose qu'un
parlementaire silencieux; maintenant encore,
je n'ai nulle envie de prendre le temps de la
Chambre pour l'obliger à écouter mes opinions;
cependant, le droit de vote au pays étant une
question qui nous intéresse tous, j'aimerais
dire quelques mots sur ce sujet. J'ai étudié
avec soin le projet de loi électorale dont la
Chambre se trouve actuellement saisie et je
constate que celui-ci privera au moins un quart
des électeurs de ma circonscription de leur
droit de vote; la population de la province de la
Nouvelle-Écosse subira le même tort. J'ai été
ravi d'apprendre que, selon le ministre de la
Justice, le Bill serait grandement modifié lors
de son étude en Comité; et j'espère qu'il sera
découpé, disséqué et éventré de telle sorte que,
lorsqu'il aura franchi les étapes habituelles, il
n'en restera guère plus que le nom. Le mode
d'attribution du droit de vote en NouvelleÉcosse a été efficace jusqu'ici et personne ne
souhaite qu'on le change. Si le Gouvernement
désire exercer lui-même un contrôle sur ce
droit, il n'a qu'à nommer ses propres agents
pour surveiller l'établissement des listes et il
aura alors toutes les sentinelles nécessaires
pour se procurer ce qu'il veut. En ce siècle de
progrès, alors que l'Angleterre conservatrice
étend le droit de vote à toutes les parties de
l'Empire, dira-t-on qu'en son nom, ont été restreints les responsabilités et privilèges déjà
accordés à la population? Enlever à une personne le droit de vote qu'on lui a accordé, sera
considéré et ressenti comme une injustice. Il
est bien évident que le Gouvernement a aban-
532
COMMONS DEBATES
ed franchise extended to that Province; for,
under its operation, you would not poll 8,000
votes outside of St. John's and Harbour Grace.
The simultaneous polling Act was first introduced in Nova Scotia by the present Judge in
Equity, and its operation has proved a great
blessing to us in preserving peace and order,
and preventing riots and bloodshed in many
counties where political feeling ran high.
Taking this great blessing away from us will
be doing us a great injury, and one that is
calculated to restore trouble and confusion,
when all this would be avoided by permitting
us to retain this beneficial feature in the Act
refused. If the Government will not extend
this Act to all parts of the Dominion, I hope
they will allow it still to be retained in Nova
Scotia. The hon. member from St. John stated
what a loss it would be to England if the
present Prime Minister would have lost his
election; but, suppose that he was to be
removed by death, would not the Government
of England go on the same as ever, and would
not the country prosper as if he never had
existed? Suppose that the member from St.
John would be defeated at the next election—a
calamity we would all have to deplore—but if
such a thing could be possible, what then but
that the people of St. John would have
returned another member—certainly not one
possessing as much eloquence or as much military experience—but possessing more independence than the present member. Great men
change sides, and are removed; and many think
that if some of the members of the present
Government were cast aside that better men
would replace them; but one thing certain is,
that the prosperity of the country would not be
retarded, should some of them at any time lose
their seats at an election.
On motion of Mr. Fortin, the debate was
adjourned.
The House then adjourned at 12:35 a.m.
March 18, 1870
donné tout espoir d'attirer Terre-Neuve dans
notre fédération ou d'étendre à cette province
le droit de vote tel qu'il le conçoit, parce que si
ce système était mis en vigueur, on ne recueillerait pas 8,000 votes à Saint-Jean et à Harbour
Grace. La loi sur le scrutin simultané a été
introduite pour la première fois en NouvelleÉcosse par le juge actuel de la Cour d'équité et
son application nous a été grandement salutaire, car elle a maintenu la paix et l'ordre et a
empêché les bagarres et les effusions de sang
dans beaucoup de comtés fortement politisés.
En nous enlevant cet énorme avantage, on nous
causera un grave préjudice, le tort ainsi subi
étant de nature à ramener le désordre et la
confusion, alors qu'on pourrait éviter tout cela
en nous permettant de conserver cette caractéristique bénéfique de la loi rejetée. Si le Gouvernement n'applique pas cette loi à toutes les
parties de la Puissance, j'espère qu'il va permettre à la Nouvelle-Écosse de la conserver.
L'honorable représentant du comté de SaintJean nous a dit quelle perte l'Angleterre aurait
subie si l'actuel premier ministre avait perdu
ses élections; mais supposons que la mort
emporte ce dernier, le Gouvernement de l'Angleterre ne continuerait-il pas à fonctionner
comme toujours et le pays ne prospérerait-il
pas comme si le premier ministre n'avait
jamais existé? Supposons que le député de
Saint-Jean soit vaincu lors des prochaines élections—un malheur que nous aurions tous à
déplorer—supposons qu'une telle chose soit
possible et que la population de Saint-Jean le
remplace par quelqu'un qui n'ait certes pas
autant d'éloquence et d'expérience des choses
militaires que l'actuel député, mais qui possède
une autonomie plus grande. Les grands
hommes changent de partis et disparaissent; et
plusieur pensent que si certains des membres
de l'actuel Gouvernement étaient mis au rancart, des hommes plus compétents prendraient
leur place; mais une chose est certaine, c'est
que la prospérité du pays ne serait pas retardée, même si certains d'entre eux devaient un
jour perdre leur siège à la suite d'une élection.
M. Fortin propose un ajournement.
La séance est levée à minuit trente-cinq
minutes.