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1
de
Virginie Barreteau
Mise en scène
Louise Dudek
Collaborateur artistique
Anthony Thibault
Création sonore et jeu
Elisa Monteil
Création vidéo
Boris Carré
Création lumière
Lila Meynard
Scénographie
Charlène Dubreton
Création à La Loge (Paris)
du 13 au 21 décembre 2016
avec le soutien de
La Chapelle Saint-Louis (Rouen),
du Théâtre des Bains-Douches (Le Havre),
de Lilas en Scène et de La Fabrique
Éphéméride (Val-de-Reuil)
Avec
Marie Doreau
Antoine Formica
Céline Langlois
Miglen Mirtchev
en alternance avec
Xavier Tchili
INTRODUCTION
Un théâtre traversé d’échos du monde contemporain
Tout d’abord c’est l’écriture de Virginie Barreteau, son style sec et implacable où
chaque mot est choisi et prend plusieurs sens au fur et à mesure que l’on avance
dans la tragédie. C’est cet univers qui flirte avec le fantastique pour échapper au réel
trop brut, trop dur. C’est ce mélange très particulier qui donne une pièce qui reste
au fond de soi, après sa lecture, qui remue et qui questionne l’organisation de notre
société, l’organisation sociale, l’accès à la culture, au savoir. Pas un mot de trop,
pas un silence de trop. Et le manque de mots qui mène à la violence, au sang,
comme si là où les mots manquent, ce que l’on y trouve, c’est la mort. Ce sont
des personnages dont l’humanité est flagrante et dont la trajectoire glissante les
emmène là où, bien sûr, on rêverait qu’ils n’aillent pas. Mais la tragédie les y emmène
malgré nous et nous les regardons. C’est une histoire qui se dit entre les mots, dans
les corps. C’est une histoire de gens qui n’ont pas les mots. Mais qui ont les corps
qui crient. La mère étire les mots, les allonge, ils sortent de sa bouche et elle s’en
étonnerait presque, elle tente de les retenir mais ne peut pas et c’est en gestes,
en violence qu’ils se transforment. La mère qui est toujours là, toujours dans
l’appartement, presque comme une ombre. Qui ne bouge que très peu, par peur.
Mais qui chantonne. La fille qui parle et parle et n’arrête pas, la fille qui chante à voix
haute car elle est la petite dernière, qu’elle comprend tout et sait mieux que les autres
la légèreté nécessaire à la vie, mais trop petite, et personne ne veille sur elle. Le frère
et la sœur qui se ressemblent, la relation fraternelle amour-fascination-haine, l’un
finit les phrases de l’autre, dans les gestes, dans les regards, ils sont pareils. Le frère
qui rêve, ne s’intéresse pas aux filles mais à autre chose, le frère qui disparait, qui
passe des heures à observer, à rêver. Et au milieu l’absence du père, ou, plutôt, les
lettres du père qui disent son absence. Le père qui envoie de l’argent et qui, malgré
lui, à cause d’un retard de paiement, est à l’origine de la catastrophe, l’incendie.
Louise Dudek
« La Centrale fait place à des répliques sèches, taillées à
la serpe. [ ... ] L’onirisme cède place à une réalité blafarde.
Crue. [ ... ] Glauques, les personnages de Virginie
Barreteau ? Leur vie l’est certainement. Mais eux vont,
viennent, impuissants. Dans ce monde qui semble fait
pour les autres. »
Marion Aubert
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RÉSUMÉ
Un endroit en France. Un frère et une soeur, une mère massive
et un père absent. Et au milieu de tout ça, un endroit
mystérieux, une centrale abandonnée. Un lieu qui attire, qui
aspire, et dont on ressort transformé, quand on a eu le courage
d’y entrer. La Centrale, c’est une tragédie contemporaine aux
phrases ciselées, qui parle des oubliés de notre société.
C’est aussi un parcours initiatique dont l’univers flirte avec
le fantastique.
GENÈSE
J’ai découvert ce texte lors de ma formation en master mise en scène et dramaturgie
à l’université de Poitiers. J’ai eu l’occasion, avec un groupe d’étudiants, de participer
en tant que dramaturge et assistante à la mise en scène, à la mise en espace
de ce texte au CDN d’Orléans. Le texte avait été selectionné l’année précédente par
le comité de lecture du CDN. Depuis, l’envie de le mettre en scène ne m’a pas quittée.
SCÉNOGRAPHIE
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Sur scène, les lieux s’enchaînent et se répètent : de l’appartement au seuil,
à la centrale puis au chantier.
Le frère et la soeur sont habillés d’une façon similaire, simple.
La mère attend, souvent dans la pénombre, clouée sur sa chaise.
Les corps des comédiens et le texte, font apparaitre la maison, le seuil.
La lumière, la vidéo et le son les accompagnent.
L’appartement est presque vide : un tabouret, un panier, peu de choses. La lumière de
la fenêtre l’éclaire.
La Centrale est un amas de matière qui grossit et qui va contaminer peu à peu
l’appartement, avec les allers et venus du fils. Lieu de l’imaginaire et du fantastique,
la centrale est matérialisée en vidéo, par une projection au sol et au lointain.
C’est lorsque l’imaginaire du garçon s’active que la vidéo se déclenche.
Les espaces disparaissent et réapparaissent, c’est un ballet de fantômes, à la fois
quotidien et étrange.
La lumière sera parfois diffuse et poreuse, sur la centrale, par exemple, laissant place
à la vidéo. Et parfois très dessinée, dans la maison ou sur le seuil. Elle sera électricité
ou lumière du jour, projecteurs de chantier qui aveuglent ou lumière de la bougie,
Nous irons jusqu’à l’entremêlement des espaces, jusqu’à la contamination ultime
de la maison et du seuil par la centrale.
Récolter des sons et des images in situ et les utiliser
pour LA CRÉATION SONORE et pour la CRÉATION VIDÉO
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Note d’intention création sonore
À la lecture du texte de La Centrale, j’ai entendu les grondements de l’usine,
les rythmes mécaniques, les respirations humaines et la vivacité des gestes, les voix
noyées dans le bruit des machines. Puis le silence. L’absence des humains.
Et les fantômes de ce qu’il reste d’une industrie désertée. Les souvenirs rôdent,
ce sont des spectres, la centrale est un monstre endormi, une ombre. Le paysage
qui la cerne m’apparaît triste et tranquille, à peine quelques oiseaux, quelques
voitures au loin, à peine le vent.
Le projet sonore pour cette mise en scène n’est pas de reconstituer de façon réaliste
la centrale. Mais de travailler sa présence comme un lieu fantastique, à la fois
intrigant et effrayant.
Le son, dans ses récurrences, dans ses transformations, doit exister comme un lien
entre le réel palpable, et un espace plus trouble, celui du personnage du garçon,
de ses émotions, de ses fantasmes, de ses souvenirs. Élisa Monteil
Récolter des sons et des images in situ et les utiliser
pour LA CRÉATION SONORE et pour la CRÉATION VIDÉO
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// ... le centre est partout,
la circonférence nulle part...
//
J-L. Borges
Note d’intention vidéo
La Centrale appelle des images géométriques. De quel centre est-il question ?
De quoi est-elle entourée ?
Peut-être de vide. D’absences en tout cas. L’absence de repères, de père,
de perspectives.
Elle m’évoque en tout cas un espace un peu achronique, tendu entre la bougie
et le charbon de l’ère industrielle et notre modernité nucléaire et mondialisée.
La vidéo ne saurait être illustrative. Elle devra chercher à suggérer. Donner puis
retirer. Soustraire. Abstraire.
De fil en aiguille, elle s’impose liquide, fuyante et abyssale. Le rêve-cauchemar
du garçon tend vers l’intra-utérin ou vers les marécages de Stalker.
Le mapping vidéo permet d’utiliser l’image de manière inattendue, hors d’un cadre
figé. Elle peut ainsi envahir tout le plateau ou bien n’en utiliser qu’une infime partie.
Elle peut se révéler sur n’importe quel support. Elle peut être ténue, surprenante
et presque imperceptible.
Liée intimement à la création sonore, qu’elle contredira ou soutiendra, la vidéo
sera une matière à part entière, lumineuse, qui texturera les éléments de l’espace
scénique. Elle pourra évoquer un hors champ indistinct autant qu’elle viendra teinter
les espaces mentaux des personnages.
Concentrée sur le jeune homme, elle en extériorise l’inconscient et devient une
représentation de son douloureux parcours initiatique.
Boris Carré
EXTRAIT DE TEXTE
Debouts essouflés face à la Centrale.
Fille - C’est ça ! ?
Garçon - …
Fille - C’est tout.. ?
Garçon - …
Fille - C’est là que tu viens.. ?
Garçon - …
Fille - La centrale.
Garçon - Oui.
Fille - Pourquoi ?
Il hausse les épaules.
Tu connaissais quelqu’un ?
Garçon - Pourquoi ?
Fille - Comme elle a fermé.
Garçon - C’est pas vrai.
Fille - Depuis longtemps.
Garçon - C’est pas vrai.
Fille - Si. Elle est fermée depuis longtemps.
Garçon - Non.
Fille - Si ! Un matin les ouvriers sont venus
comme d’habitude mais il n’y avait plus rien.
C’était vide.
Garçon - C’est impossible.
Fille - Je l’ai lu dans les journaux.
Garçon - Tu les crois ?
Elle hausse les épaules. Temps.
Tu n’entends pas le bruit des machines ?
Elle hausse les épaules. Temps. Il la regarde.
La plaque au sol.
Tu sens pas comme ça vibre ?
Elle fait non de la tête. Il la lâche.
Sont assis tous deux. Face à la centrale.
Fille - Je te dis qu’elle est vide.
Il hausse les épaules.
Elle est fermée depuis longtemps.
Il hausse les épaules.
Tu pouvais pas savoir. Tu entendais.
Le vent qui siffle. Une vraie passoire.
Ça fait longtemps tu sais.
Temps. Il fait non de la tête.
Garçon - C’est impossible.
Fille - Je l’ai lu.
Temps. Il surgit debout avec tous ses membres impuissants il frappe. Le ciel de ses poings. Sa sœur
de ses pieds. Il arrête. Semble calmé. Ou se contient.
La fille resurgit à nouveau. Assise. Des ecchymoses
sur la figure et le corps.
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Je vais voir.
Garçon - Non !
Fille - Seul moyen de savoir.
Se lève. Va lentement mais droit à la centrale
pendant tout le dialogue qui suit. Jusqu’à y
disparaître complètement.
Garçon - De quoi je me mêle ?
Fille - Tu veux pas me croire !
Garçon - Ça te regarde pas.
Fille - Ça nous regarde. Elle est vide.
Garçon - N’y va pas. Elle fonctionne !
Fille - Plus. Elle est vide…
Garçon - Arrête !
Fille - Tu peux venir avec moi…
Garçon - C’est dangereux !
Fille - C’est vide.
Garçon - Arrête !
Fille - Quand tu verras tu auras des raisons
de frapper.
Garçon - Je reste là.
Fille - Quand tu verras…
Garçon - Arrête !
Fille - Tu veux pas savoir…
Garçon - Reviens !
Fille - Quand tu sauras tu auras des raisons
de frapper…
Garçon - Arrête !
Fille - Je veux voir…
Garçon - Mais puisqu’il n’y a plus rien à voir !
Fille - Tu vois tu admets…
Garçon - Rien du tout. Reviens ! C’est dangereux !
Fille - Mais puiqu’il n’y a plus rien…
Garçon - Elle fonctionne je te dis !
Fille - Elle est vide je te dis…
Garçon - Pourquoi j’entends.. ?
Fille - Quand tu viendras…
Garçon - Elle fonctionne je te dis !
Fille - Dans ta tête…
Garçon - Reviens !
Elle a disparu.
Reviens ! Oh ! Oh !
Temps.
Viens ! Oh !
Il frappe de tous ses membres impuissants la terre
et le ciel. Il arrête. Semble calmé. Ou se contient.
Reste longtemps à attendre. Face à la centrale.
Le jour tombe…
L’AUTEURE
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Virginie Barreteau
Virginie Barreteau est comédienne, auteure et metteure en scène. Formée au
Conservatoire National de Région de Bordeaux puis à l’Atelier Volant au Théâtre de
la Cité à Toulouse, elle joue sous la direction de Jacques Nichet, Jérôme Hankins,
Richard Mitou...
En tant qu’auteure, elle écrit en 2002 Le Crachoir qu’elle met en scène à Gaillac.
Puis Le Geste des endormis ( 1er prix au Concours d’Écriture Dramatique de Guérande )
qu’elle crée trois ans plus tard à Bordeaux pour le festival Prémisses en Scène.
Elle travaille régulièrement en tant que comédienne et/ou assistante à la mise en scène
avec la Cie Tire pas la Nappe ( Marion Aubert et Marion Guerrero ). En 2006, elle fonde,
avec les comédiens Yves Arcaix et Sophie Merceron, le café littéraire L’Ogre à Plumes
( Paris xie ).
Éditée chez Quartett, elle écrit une dizaine de pièces. Elle crée Machine au Glob
Théâtre à Bordeaux en décembre 2012, avec la Cie La Nageuse au Piano.
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAU
DANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ
La famille en catastrophe
S.D. On va précisément essayer de déterminer ce que raconte ton théâtre. Une question
que je me suis posé en préparant l’entretien, c’était de savoir si un motif thématique
traversait toutes tes pièces. Il y a un élément constant, c’est celui de la famille, tant celle
dont on hérite que celle que l’on choisit, comme le dit Lagarce dans Le Pays lointain
( 1995 ).
V.B. Effectivement, il y a toujours une famille — une famille tronquée : il y a toujours la
mère et les enfants ; et pas de père, rarement là. Dans La Centrale ( 2005 ), il est absent ;
dans Plage ( 2010 ), on n’en parle pas ; dans Hinterland ( 2006 ), les hommes sont absents
mais ils sont en train d’arriver. L’autre motif c’est celui de l’enfermement. Mes personnages
sont souvent comme emprisonnés, pris au piège de leur condition humaine. Mais ils ont
la volonté de s’arracher à une situation, à une communauté, à une maison ... Dans Plage,
la Mère et le Fils sont censés trouver le bonheur dans un espace qui lui est dédié,
un espace factice, recomposé, mais même là, ils ne peuvent pas rester en place.
Il y a l’impuissance aussi, l’empêchement. L’impossibilité d’aller au-delà, de faire un pas,
de sortir de soi. Mes personnages vont à la découverte d’eux-mêmes ; ils ne savent pas
qu’ils vont devoir faire un pas pour comprendre quelque chose.
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAU
DANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ
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S.D. C’est particulièrement vrai du Fils dans La Centrale confronté à la mort de sa mère
et de sa sœur, contraint de quitter le lieu où il vit pour aller retrouver son père.
V.B. Oui. Dès le début de la pièce, le fils apparaît fasciné par la centrale qui se trouve
près de chez lui, espace protégé, espace interdit. Est-ce qu’il rêve d’un ailleurs ? Est-ce
que c’est l’endroit du père? Est-ce qu’il est face à une construction, une architecture
qui lui échappe, comme un mystère qu’il veut comprendre ? Il se tient immobile face à
cette centrale. Il reste immobile longtemps, avec cette tension, et quand il part retrouver
le père, il marche comme s’il n’allait plus s’arrêter ( mais c’était à l’œuvre avant, il fallait
un déclencheur ). Dans La Geste des endormis aussi, il y a comme un rite de passage.
Dans Hinterland aussi. Cette fois-ci on le met en place, on le cherche, à la manière
de somnambules, on tâte pour voir où ça va flancher, s’ouvrir, changer.
S.D. Autre motif majeur de ton œuvre, la catastrophe — terme qui, dans la poétique classique,
désigne le dénouement. Ton théâtre est traversé de catastrophes qui n’arrivent pas
nécessairement au dénouement.
V.B. Non souvent, ça commence avec une catastrophe.
S.D. C’est vrai dans Hinterland qui s’ouvre sur le malaise de Madeleine. Dans La Centrale,
la catastrophe est surtout prégnante à la fin : c’est à ce moment-là qu’on la comprend
même si elle est convoquée dès le début, dans une scène de flashback. Le Geste des
endormis se referme sur un triple meurtre. Pourquoi cette présence de la catastrophe ?
V.B. C’est vrai que dans toutes les pièces il y a des meurtres, des morts, des gens qui
s’évanouissent ... Il y a toujours ça : des gens qui tombent ou qui meurent. Il y a toujours
un malaise physique. Dans Le Geste ..., la mort est un passage. Les enfants reviennent,
ressuscitent dans l’histoire originale ( celle de saint Nicolas ) ; dans la pièce, ils sont là
à nouveau comme s’ils se réveillaient, ouvraient les yeux, et chantaient la chanson
( d’origine ) et peut-être n’ont-ils fait que chanter et imaginer cette histoire. Il y a donc
une sorte de renversement par lequel on se retrouve comme au début de la pièce, comme
si rien n’avait bougé. Il s’agit de petites morts symboliques. Je ne crois pas être dans
un théâtre réaliste : ce sont rarement de vraies morts. Elles servent à franchir quelque
chose, une étape. Dans La Centrale, la mort de la Mère et de la Sœur permet au Garçon
de franchir une étape.
S.D. C’est aussi ça qui est surprenant : il y a une surprésence de la catastrophe
— qui n’apparaît pas immédiatement : c’est en y repensant qu’elle m’a sauté aux yeux —
et une volonté de travailler sur un refus de l’action, avec des personnages qui sont posés
là et qui ne se racontent rien. C’est le cas dans Plage notamment, pièce qui est le fruit
d’une commande.
[...]
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN / PORTRAIT DE VIRGINIE BARRETEAU
DANS LA REVUE AGON, PAR SYLVAIN DIAZ
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L’individu et son environnement, le théâtre et le monde
S.D. Il y a une autre thématique importante dans tes pièces, c’est l’individu et son
environnement : le Fils et la centrale dans La Centrale, la fratrie et la forêt dans
Le Geste ..., les hommes et la cuvette dans Hinterland.
V.B. Écrire du théâtre pour moi, au départ, c’est écrire des voix dans un espace.
Il y a donc d’abord un espace et le rapport des voix dans cet espace. Je ne sais pas si
c’est lié. Dans mes pièces, il y a en effet un attachement au lieu, à l’environnement,
un rapport sensible, et c’est là qu’on rejoint sans doute les Symbolistes.
S.D. Dans tes pièces, il y a donc un rapport tendu, ambigu, entre des personnages fermés,
repliés sur eux-mêmes — c’est particulièrement vrai dans Plage où la troisième voix pose,
en ouverture de la pièce, une dissociation entre le monde et la scène : « Dans cette pièce,
autrement appelée “ Plage ”, on préférera mettre de côté les affaires courantes » — et le
monde. Seuls certains personnages font le pas et vont à la rencontre du monde, comme
dans La Centrale. Aller vers le monde, c’est souvent faire surgir des problématiques contemporaines : le chômage, les délocalisations, etc. Quel rapport entre le théâtre
et le monde pour toi ?
V.B. À chaque pièce, je me pose cette question-là. Et j’ai toujours l’impression d’être en
retard, de ne pas être suffisamment clairvoyante, de manquer de distance. Et puis on ne
sait pas toujours comment ça resurgit dans l’écriture mais ça resurgit. Je ne me dis pas :
« ah, je vais écrire une pièce sur le chômage », par exemple. Mais en tous les cas, comment
parler du monde aujourd’hui, c’est une question évidemment que je me pose.
Et pourquoi écrire ça aujourd’hui? Et comment ? Ça n’est pas très confortable, ça peut
être aussi très décevant : on peut ne pas réussir, à dépasser une question, à comprendre
de quoi on parle, à élucider un problème par la pièce.
S.D. Tu n’écris donc pas un théâtre à vocation politique mais traversé d’échos au monde
contemporain.
V.B. Non, je n’écris pas un théâtre politique. Je n’ai pas la volonté de délivrer un discours,
une pensée. Si c’était le cas, je n’écrirais pas du théâtre, je crois.
[...]
LOUISE DUDEK - Mise en scène
2016 /
2017
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Maquette de La Rage de Fanchon Tortech, Scène Nationale de Dieppe, septembre 2016
Mise en lecture de Terres Closes, S.Grangeat, juin 2016, MC93 de Bobigny
Collaboratrice artistique d’Anthony Thibault sur La loi de la gravité, Espace Intermonde
(La Rochelle), La Loge (Paris) création aux francophonies en Limousin en septembre 2016
Collaboratrice artistique de Yan Allegret sur La collecte de rêve, Lilas en scène
Participation au comité de lecture Jeunes Textes en Liberté, compagnie La Nuit te soupire
2015 /
2014
Je vais te donner une bonne raison de crier m.e.s Rebecca Chaillon. Assistante à la m.e.s
L’Estomac dans la peau m.e.s Rebecca Chaillon Dramaturgie et assistante à la m.e.s
Stage AFDAS avec Jean-Yves Ruf, mettre en scène : diriger ou accompagner, TNS
2013
Et je resterai la toute la nuit sans faillir m.e.s L. Dudek et A. Lameda-Waksmann
2012
La Fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer
m.e.s Louise Dudeket Alexis Lameda-Waksmann
2011
Jours souterrains. m.e.s Jacques Vincey. Assistante à la m.e.s
L’Entêtement. m.e.s E.Vigier, M. Di Fonzo Bo. Assistante à la m.e.s
2010
La Centrale. Mise en espace CDN d’Orléans. Dramaturgie et assistanat
Participation au comité de lecture du CDN d’Orléans
Stage avec Elise Vigier et Nanténée Traoré sur Louise, elle est folle
ANTHONY THIBAULT - Collaboration artistique
Diplômé d’un master professionnel dramaturgie et mise en scène à l’université de Poitiers,
et d’un master recherche Etudes théâtrales à l’université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.
2016
Création de Jeunes textes en liberté, label d’écriture contemporaine
2015
International Community Arts Academy - Berliner Philarmoiker, London Symphony Orchestra et Festival d’Aix en Provence
Affabulation de Pasolini, mise en scène de Stanislas Nordey
2014
Atelier classe preparatoire conduit par Stanislas Nordey à La Colline. Assistant de Valérie
Dréville, Jean-François Sivadier, Nicolas Bouchaud, Emmanuelle Huynh, Agnès Godard.
Kojiki m.e.s Yan Allegret. Assistant m.e.s et dramaturge.
Collecte de rêves m.e.s Yan Allegret. Collaborateur artistique. St Ouen. La Réunion.
Maison d’arrêt Fleury-Merogis.
2013
Lucia di lammermoor, m.e.s Stanislas Nordey. Assistant m.e.s
Par les villages, m.e.s Stanislas Nordey. Festival d’Avignon 2013. Assistant m.e.s
2012
Neiges m.e.s Yan Allegret. Assistant m.e.s
2013 /
2011
Atelier d’ecriture et de jeu à La Colline, théâtre national, assistant dramaturge et assistant
m.e.s. de Stanislas Nordey, Leslie Six, et Thierry Parret.
2011
Trois folles journees, m.e.s Sophie Lecarpentier. Assistant m.e.s
2010
Mary mother of Frankenstein m.e.s Claude Schmitz, Le Groupov. Assistant m.e.s, dramaturge.
CÉLINE LANGLOIS - Comédienne - La Mère
12
2015
À ce projet personne ne s’opposait – d’après Eschyle, mise en scène et adaptation Alexis
Armengol / Théâtre à Cru / Théâtre national de La Colline, Centre Dramatique de Tours
2013
Hiver – de Jon Fosse mise en scène Sophie Langevin, Grand Théâtre de Luxembourg
2012
Platonov, mais… - tournée
2011
Platonov, mais…. - d’après Tchekhov, mise en scène et adaptation Alexis Armengol /
Théâtre à Cru, Scènes Nationales de Evry, Blois, Petit Quevilly, Saint-Nazaire.
2010
Les larmes amères de Petra von Kant - de R. W. Fassbinder, mise en scène Yvon Lapous
Le Grand T, scène conventionnée de Nantes
2009
Je ne suis jamais allé à Bagdad - de Abel Neves mise en scène de Sophie Langevin
Théâtre du Centaure / Luxembourg
2008
Nathan le sage - de Lessing, mise en scène Laurent Hatat
- Centres Dramatiques Nationaux de Lille, d’Aubervilliers, de Besançon
MARIE DOREAU - Comédienne- La Fille, La Femme
Formée au conservatoire du xiiie arr. de Paris puis au studio d’Asnières, CFA des comédiens.
2016 /
2017
2013 /
2014
2012 /
2014
2011 /
2013
2011 /
2012
Fais de ta vie un rêve ! , chorégraphie Célia Chauvière, Cie des Corps Bruts
2010 /
2011
Le Nerf de la guerre, m.e.s Hervé Van Der Meulen
L’île des esclaves de Marivaux, m.e.s Chantal Déruaz
La Dame de chez maxim de Feydeau, m.e.s Hervé Van Der Meulen
2009 /
2010
La Savetière prodigieuse de Garcia Lorca, m.e.s Nathalie Texier
La Caravane, m.e.s Véronique Widock et Elisabetta Barucco
2007 /
2008
2006 /
2009
Le Collier d’Hélène de C. Fréchette, m.e.s Célia Chauvière
Je vous demande la route, texte et m.e.s Christine Deroin
Ana, chorégraphie Célia Chauvière et Marie Doreau
L’Échange de Claudel, m.e.s Grégory Benoit
Amerika, suite de Biljana Srbjanovic, m.e.s Christophe Lemaitre
Un bon petit diable, d’après la Comtesse de Ségur, m.e.s Yveline Hamon et Jean-Louis
Martin-Barbaz
La Mouette de Tchekhov, m.e.s Grégory Benoit
ANTOINE FORMICA - Comédien - Le Fils
13
Formé à l’ERAC et à la Comédie Française.
2015
Navire Night - m.e.s Armel Veillan
Merlin de Tankred Dorst m.e.s Paul Balagué
Tout ce que je dis est faux...joie! - m.e.s. Magalie Dupuis et Antoine Formica
2014
La fabuleuse histoire de la jeune fille qui cherchait la mer - m.e.s L. Dudek et A. Lameda
2013 /
2014
2012 /
2013
Norma Jeane m.e.s John Arnold ( Théâtre 13 )
2011 /
2012
Le malade imaginaire de Molière m.e.s Claude Stratz ( Tournée Officielle en ASIE de la
Comédie Française )
Norma Jeane m.e.s John Arnold ( Théâtre des Quartiers d’IVRY et tournée 2012-2014 )
Amphitryon de Molière m.e.s Jacques Vincey ( Comédie Française )
2010 /
2011
Elève-comédien de la Comédie Française :
L’Avare de Molière m.e.s Catherine Hiegel - Les Oiseaux d’Aristophane, m.e.s Alfredo Arias
- Les Habits neufs de l’Empereur d’Andersen, m.e.s Jacques Allaire - Un Fil à la patte de
Feydeau m.e.s Jérôme Deschamps - L’Opéra de Quat’sous de Brecht m.e.s Laurent Pelly
Lecture de textes d’Antonin Artaud m.e.s Jerome Pouly - Peanuts de Fautso Paravidino,
m.e.s Marie-Sophie Ferdanne - Pauvre Julien de Jehan Rictus m.e.s Felicien Juttner
2010
Le Journal d’un fou Nikolai Gogol , m.e.s Mikael Teyssié
2008
La Cantatrice chauve Ionesco, m.e.s Alain Terrat.-Joël Collin - La Fémis
2016
Mère Courage et ses enfants de Brecht m.e.s Gerold Schuman
La farce de maître Pathelin m.e.s J-M Alloche
Quelque chose de commun écriture collective m.e.s Juliette Peytavin
MIGLEN MIRTCHEV - Comédien - Le Père
Formé au CNSAD de Sofia.
Lulu de Frank Wedekind, msc de Thomas Matalou
Mère Courage de B. Brecht, msc Jean Boillot
Le Roi de la Tour du grand horloge de W.B.Yeats,
msc Eram Sobhani
Mais n’te promène donc pas toute nue
de G.Feydeau, msc Sandrine Lanno
AII Rh+ de Nicoletta Esinencu, msc Michèle Harfaut
Demain la belle msc Jérôme Savary
Le Manteau adaptation et msc Laurent Maklès
Café noir pour rose rouge texte et msc Igor Futterer
Irma la douce msc Jérôme Savary
La dernière nuit de Socrate de Stéphane Tsanev,
msc Alexandre Tchobanov
La Périchole msc Jérôme Savary
Le Jardin des délices texte et msc Jacques Roux
American Buffalo de David Mamet,
msc Gilbert Tiberghien
Oedipe – Oedipe msc Jacques Roux
La Mort véridique de Jeanne D’arc
de Stéphane Tsanev, msc Gilbert Tiberghien
Jeunes Filles seules ... de Enzo Moscatto,
msc Arturo Caruso
Opera Nostra msc Gilbert Tiberghien
La Nuit au cirque et Amphitryon msc François Rancillac
La Cerisaie msc Jean-Yves Simon
L’éloge de la chose de Jean-Daniel Magnin,
msc Norma Guevara
La Route des épices msc Claire Benjamin RADIX
msc Jean-Michel Bruyère
La Taverne du diable msc Claire Benjamin
ELISA MONTEIL - La Femme - Création sonore
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2016
Monstres d’amour, m.e.s. Rébecca Chaillon, exploitation : Théâtre Paris Villette,
Emmetrop Bourges, Carreau du Temple Paris, Friche Belle de Mai Marseille…
(interprétation)
Lecture pour le label Jeunes textes en liberté, texte de G. de Richaud, mise en espace
de Rébecca Chaillon (interprétation)
Pourvu que ça se passe sans spectateurs (interprétation, création sonore), Cie Dans le
Ventre, Mains d’oeuvres (St Ouen), 232 U, Carreau du Temple
Performance Cannibales, avec Rébecca Chaillon (interprétation), Festival Transform, Jerk
Off, Only Porn, (interprétation)
2015
Rage dedans (32 fois), Cie Dans le Ventre, création théâtrale, festival Brouillage
(mise en scène, interprétation, conception sonore)
20112016
20122013
L’estomac dans la peau, Cie Dans le Ventre, théâtre (co-conceptrice sonore, et régie son)
20122016
Je vous aime bien mais je me préfère, Cie Dans le Ventre, théâtre performance (mise en
scène, interprétation, conception sonore)
Réalisatrice de documentaires sonores pour Arte Radio, Jeff Klak, France culture
La Machinajouer, Cie L’Immédiat, spectacle de cirque actuel (présentation et
conception sonore)
BORIS CARRÉ - Création vidéo
2016
Ruy Blas, m-e-s Malik Rumeau, Scène Nationale de Corbeil-Essonnes, création avril 2016
Les lettres Persanes, m-e-s Guillaume Clayssen, création décembre 2015 + tournée
2015 /
2016
Monstres d’amour, m-e-s Rebecca Chaillon, création Théatre de la Friche (Marseille), nov
2016 + tournée
Ô ma méMoire, m-e-s Kévin Keiss, Centre Dramatique National de Caen, création sept
2014 /
2015
AffaBulazione, m-e-s Lucas Bonnifait, Théâtre de Vanves, nov 2014 + tournée
L’effet W, m-e-s Laurent Bazin, maquette à l’Ecole nationale de l’Opéra de de Pékin,
avril (création 2017)
Un Captif amoureux, m-e-s Guillaume Clayssen, Théâtre de l’Etoile du Nord (Paris)
+ tournée
Vous dansez ?, m-e-s Emmanuelle Rigaud, Théâtre de Sevran
Monsieur Belleville, m-e-s Thibault Amorfini, Théâtre de Belleville
Le rêve d’un homme ridicule, m-e-s Sergueï Ryschenkov, Théâtre des Halles
LA COMPAGNIE M42
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M42 vient de la nécessité de créer, de raconter des histoires, d’en écrire, d’en jouer,
d’en mettre en scène, d’en voir et d’en discuter.
Au centre de notre travail, il y a l’écriture contemporaine, sous toutes ses formes :
pièces ou adaptations de textes, écritures de plateau, pour le jeune et le tout public.
Les créations sont issues d’un travail collaboratif, de recherche, nous souhaitons
donc avoir le temps de l’expérimentation avec les équipes techniques et artistiques.
Recherche esthétique, formelle, dramaturgique, technologique. Recherche au
plateau, avec des auteurs et autrices, avec des comédiens et comédiennes, avec
des créateurs et créatrices de tous horizons.
Voilà ce qui nous intéresse : les chemins multiples qui font notre humanité commune,
les miroirs tendus et les prismes à travers lesquels nous pouvons nous entrevoir
et interroger notre place, notre manière de faire et de prendre part à un même
mouvement.
Et grâce à l’acteur et au plateau, nous voulons partager ce qui nous traverse,
le remettre constamment en jeu et en commun.
C’est également dans cette idée que nous envisageons le théâtre comme un art
permettant d’inclure le public dès les prémices de la création, à travers l’action
culturelle et la médiation.
www.compagniem42.com
CALENDRIER
Périodes de résidence
Du 2 au 7 avril 2016 au Théâtre des Bains-Douches, Le Havre
Du 29 février au 10 mars 2016 à La Fabrique Éphéméride, Val-de-Reuil
Présentation de maquette
Le 10 mars 2016 à La Fabrique Éphéméride à Val-de-Reuil.
Une captation de la lecture du 12 juin 2015 à la Chapelle Saint-Louis
est disponible sur demande.
Présentation de maquette à Lilas en Scène
(Les Lilas) le vendredi 20 mai 2016.
Représentations
13-14-15-16 & 19-20-21 Décembre 2016
au théâtre de La Loge (Paris, 11e) INFORMATIONS PRATIQUES
Administration / production
Alice Brun-Caratini
[email protected]
Artistique
Louise Dudek
06 45 51 69 51
[email protected]
Siège social
8 rue du Fort-Châtillon
76200 Dieppe
SIRET: 527 541 767 00028
Licence d’entrepreneur de spectacles n° 2-1051115
Graphisme & mise en page
Alice Saey
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