Bronze final en Armorique : dépôt à épée en langue de

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Bronze final en Armorique : dépôt à épée en langue de
Bronze final en Armorique : dépôt à épée en langue de carpe, application à la Chevallerais (Puceul)
L'épée en langue de carpe.
http://miltiade.pagesperso-orange.fr/histoire-de-l-Armorique.htm
Cette épée tire bizarrement son nom de sa
pointe effilée analogue à celle, paraît-il,
d'une langue de carpe.
Ce terme curieux a rapidement eu une notoriété internationale due au rayonnement de ce type
dans la zone atlantique européenne puisqu'on retrouve les « tipo de carpa » en Espagne, les
« carps'tong » dans les îles britanniques ou les « Karpenzungen » jusqu'en Allemagne du Nord.
L’homogénéité de cette épée surprend. C'est la perfection de sa fabrication qui entraîna sa production à des centaines d'exemplaires très voisins les uns des autres.
L'épée langue de carpe se retrouve dans les dragages des grands fleuves, Seine, Loire et encore
une fois dans la région nantaise.
Mais surtout, on la connaît fragmentée, dans ces énormes dépôts de la fin de l'âge du Bronze
entre -900 et -700 av.J.C.
En Bretagne, l'on peut dénombrer une centaine de dépôts, essentiellement maritimes.
La Loire-Atlantique joue un rôle essentiel d'un côté par la proximité des gisements d'étain
(Piriac), mais surtout, grâce au fleuve, véritable voie d'arrivée des influences et aussi des matières premières venues de l'Est comme ces lingots plano-convexes en cuivre venant alimenter
les bronziers armoricains.
Les dépôts langue de carpe montrent une grande variété de haches à ailerons et à douille, de
pointes de lance, d'outillage et surtout de parure. …
« La Protohistoire de Bretagne et d'Armorique », Jacques Briard, Editions JP Gisserot 1991, 112p
Cinq dépôts de Loire-Atlantique et des départements voisins (fig. 4), caractéristiques du Bronze
final atlantique, ont été analysés selon les mêmes critères puis comparés à la cachette de La
Tiédenaie.
Ce travail clôt une série d'études consacrées aux grands dépôts du Bronze final III découverts à
ce jour en Loire-Atlantique (Prairie de Mauves (Briard, 1966) et Jardin des Plantes (Briard, 1972),
Sainte-Marguerite, Pornichet (Bigotteau, 1976).
Les dépôts appartenant à l’horizon métallique de l’épée en langue de carpe présentent des caractéristiques communes qui permettent de bien les identifier : présence récurrente d’objets «
marqueurs » (épées en langue de carpe, poignards à languette, pointes de lance, haches à ailerons et à douille, racloirs et autres outils, bracelets,éléments de harnachement et pièces de char,
lingots plano-convexes et déchets de fonderie), fragmentation très élevée des objets rarement
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déposés dans leur globalité et difficulté, voire impossibilité, à identifier une panoplie personnelle
à l’intérieur de ces ensembles.
Tout récemment, une étude de B. Mille a confirmé que les alliages à base cuivreuse du BF IIIb ne
présentent pas la même composition élémentaire dans le domaine atlantique que dans le domaine nord-alpin (Mille, à paraître), la « recette »atlantique se caractérisant par un fort pourcentage d’étain (environ 10 %) et de plomb (souvent supérieur à 5 %), ainsi que par un très faible
taux d’impuretés (moins de 0,5 %)
L’important taux de fragmentation et la présence d’un grand nombre d’éléments liés directement
à la métallurgie ont poussé nombre d’auteurs à qualifier ces ensembles de dépôts de fondeur,
appellation adoptée de façon quasi-unanime et jusqu’à nos jours par une grande partie de la
communauté scientifique.
Ce terme supposant une connaissance de la fonction précise et de la destination de ces lots d’objets, il nous semble, comme à beaucoup de nos collègues, tout à fait urgent de l’abandonner au
plus vite. En effet, il paraît peu probable que ces dépôts si nombreux - plusieurs centaines, à
l’échelle de l’Europe occidentale - aient tous été initialement constitués en vue d’un recyclage à
venir, avant d’être oubliés par des artisans métallurgistes distraits ou victimes d’une insécurité
galopante.
Il ne fait aucun doute que la refonte des objets ratés, hors d’usage ou des déchets de fonte a été
très largement pratiquée, mais dans le cas des dépôts de l’horizon de l’épée en langue de carpe,
la fragmentation volontaire des objets et la dénaturation de ceux-ci par des traitements volontairement destructeurs ne peuvent s’expliquer uniquement par un souci de faciliter le recyclage.
Pour le moment, la logique de la sélection des objets et celle des manipulations, bris et ploiements intentionnels nous échappent totalement pour le domaine atlantique (Milcent, Leroy
2003 : 225). Cependant, ces gestes et pratiques complexes répondent sans aucun doute à des
règles précises dont la portée symbolique, voire rituelle, peut difficilement être écartée.
Rev. archéol. Ouest, IL 1994, p. 119-130.
SAINT-PERE-EN-RETZ (Loire-Atlantique)
PAITIER**
DEPOT DU BRONZE FINAL DE LA TIEDENAIE, A
Christine MAGGI* avec la collaboration de Hervé
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rao_0767-709x_1994_num_11_1_1015
LES DEPOTS DU BRONZE FINAL CARACTERISTIQUES DU GROUPE A L'EPEE LANGUE DE CARPE,
RECENSES EN LOIRE-ATLANTIQUE
10 - PUCEUL, l'Ile aux Lièvres ou La Chevallerais: nombreux objets dont 1 hache. plate, 2 pointes
de lance, 6 fragments. épées 1. de carpe (1886(?)).
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Synthèse sur l’âge du Bronze final en Armorique : dépôts à épée en langue de carpe
L'âge du Bronze:
Au milieu du troisième millénaire, des contacts existent entre les Armoricains et les peuples
d'Europe centrale qui maîtrisent l'extraction et le travail des métaux. Dans les tombes, on a retrouvé des poignards et des pointes de javelines en cuivre et en bronze et des poteries campaniformes. De nombreuses haches plates en cuivre sont importées d'Ibérie ou imitées sur place.
Les peuples armoricains entrent dans les échanges commerciaux puisque si l'étain peut se trouver en Armorique, le cuivre est importé de Cornouailles ou de la péninsule ibérique.
La découverte d'ambre dans les tombes et la similitude entre les poignards découvert en Hesse
rhénane et les poignards armoricains évoque une diffusion de techniques et d'armes en provenance de la civilisation de la Baltique, relayée par le nord de l'Allemagne, puis les côtes de la mer
du Nord et de la Manche vers les îles Britanniques et l'Armorique.
Au cours du deuxième millénaire apparaissent des tombes à structure en bois, déjà connues en
Allemagne du Nord et au Danemark. Ce sont des riches sépultures individuelles, alors que les
tombes mégalithiques sont collectives. La société semble fortement hiérarchisée en plusieurs
castes séparant les guerriers et les métallurgistes nouvellement arrivés, des pasteurs et des agriculteurs issus du Néolithique.
L'âge du Bronze moyen vers - 1400, - 1000, est celui de la généralisation de l'usage du bronze. Il
n'est plus limité aux armes, mais sert à fabriquer des outils ainsi que des parures. Simultanément
les riches sépultures de guerriers se font plus rares. Cette production intensive de bronze s'accompagne de stocks métalliques dans l'intérieur des terres et nécessite de rechercher des gisements d'étain, de plomb ainsi que du combustible. De même des embarcations adaptées sont
construites pour le transport vers la péninsule ibérique.
A la fin de l'âge de Bronze, entre - 1000 et - 700, une production d'épée à la pointe très effilée, se
propage de l'Allemagne du Nord à l'Ibérie, en passant par les Iles Britanniques et l'Armorique. Il
s'agit des épées en langue de carpe, pouvant frapper d'estoc (pointe) ou de taille (à la façon d'un
sabre) et longue jusqu'à 77 centimètres, plutôt utilisée par des cavaliers.
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De nouveaux changements se produisent vers -1100.
Des nouveautés apparaissent en Europe centrale : longues épées, haches à ailerons, bijoux à tête
de pavot, rasoirs, pratiques de l'incinération, poteries à décor cannelé.
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Beaucoup de modes venues de l'Est vont atteindre l'Armorique, qui se transforme surtout dans le
domaine de l'armement au cours de la période du Bronze récent de -1100 à -700.
Faut-il envisager une recrudescence de l'activité guerrière en raison d'une situation de surpopulation relative ? Ce n'est pas exclu.
Une certitude : la fabrication d'armement est prospère et ne cesse d'améliorer ses techniques.
Deux centres de production dominent à cette époque : Rosnoën et St Brieuc-les-Iffs.
Spectaculaires sont les innovations du groupe métallurgique de St Brieuc-les-Iffs en Ille et Vilaine
vers -900, les améliorations concernant à la fois les outils utilisés (burins, tranchets et goujes) et
les armes produites.
L'existence d'une cavalerie militaire est attestée par les phalères en bronze retrouvés pour orner
l' harnachement des chevaux).
Le plus remarquable est l'apparition de l'épée en « langue de carpe » à pointe effilée et renforcement axial, dont le pommeau se termine en « queue de poisson ».
Arme redoutable, dont on retrouve l'équivalent dans les îles britanniques, en Espagne, en Allemagne du Nord. La pratique des offrandes d'épées dans les rivières renforce l'impression d'une
société à prédominance guerrière.
Une centaine de dépôts de ce type d'armes a été retrouvé, presque toujours près des côtes.
Nouvelle Histoire de Bretagne , Georges Minois, 1992, 928 p
Les dépôts à épée de type « langue de carpe » (800 à 600 av. J.-C. environ) sont les témoins de
l’apogée du bronze atlantique, période marquée par une fabrication intense d’armes et d’outils
qui se retrouve typologiquement sur toute la façade atlantique. Elle est marquée aussi par des
échanges avec le monde continental et méditerranéen, chaque groupe gardant son caractère
propre. L’épée en langue de carpe est longue (77 cm) et pourrait être une arme de cavalier. Ces
dépôts témoignent de la fin de l’Âge du Bronze, certains accueillant des objets typiques du premier Age du fer.
L’évolution de ces grands dépôts et des compositions des objets montre un appauvrissement
régulier des teneurs en étain, remplacées par l’augmentation des teneurs en plomb. Il peut s’agir
d’un choix destiné à améliorer la coulée, mais aussi d’une conséquence de l’appauvrissement des
gisements d’étain. Les derniers grands dépôts pourraient être les témoins de la fin de la prospérité des ateliers de bronzier.
http://www.pays-de-dinan.fr/mediastore/11/34927_1_FR_original.pdf
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