revue du rhumatisme tocilizumab
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Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab 1 Que faire en cas d’ affections cardiovasculaires Evidence Based Medicine Recommandations officielles ? Avis des experts Il n’existe pas à ce jour de recommandations dédiées à la prévention de la maladie cardiovasculaire ou de la dyslipidémie au cours d’un traitement par tocilizumab dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) [1]. En revanche, il existe : - des recommandations institutionnelles relatives à la prise en charge thérapeutique des patients dyslipidémiques [2], hypertendus [3], diabétiques de type 2 [4] et à la bonne utilisation des agents antiplaquettaires [5], - des recommandations d’experts relatives à l'évaluation et la prise en charge du risque cardiovasculaire de la PR en pratique quotidienne [6], - des recommandations européennes pour la prise en charge du risque cardiovasculaire dans la PR et pour la prise en charge des dyslipidémies [7, 8]. Ces recommandations peuvent nous aider à définir une stratégie de prévention de la maladie cardiovasculaire et de prise en charge d’une dyslipidémie au cours d’un traitement par tocilizumab dans la PR. Que faire avant le traitement en cas d’antécédent de maladie cardiovasculaire ou de dyslipidémie ? l Une prise en charge des facteurs de risque Le résumé des caractéristiques du produit ne mentionne pas de contre-indication au tocilizumab en cas de maladie cardiovasculaire ou de dyslipidémie préexistante. Il souligne uniquement dans la rubrique des précautions d’emploi, que « les patients atteints de PR sont exposés à une augmentation des risques de troubles cardiovasculaires et seraient susceptibles de présenter des facteurs de risque (par exemple hypertension, hyperlipidémie) qui dans ce cas feront l’objet d’une prise en charge selon les recommandations en vigueur » [1]. Pour ce qui concerne la prise en charge spécifique d’une dyslipidémie chez les patients à haut risque cardiovasculaire, en prévention secondaire ou à risque équivalent, les recommandations sont les suivantes : - le traitement médicamenteux doit être institué le plus précocement possible (grade B), associé à la prescription diététique et à la correction des autres facteurs de risque (sédentarité, tabagisme, surpoids …), - le traitement médicamenteux hypolipémiant et la dose prescrite doivent être par principe ceux qui ont fait leurs preuves dans des grands essais d’intervention. L’habitude est de commencer par une posologie faible et de l’augmenter par la suite en fonction de l’efficacité et de la tolérance. L’utilisation de fortes doses voire d’association d’hypolipémiants, est à envisager au cas par cas et ne doit pas se faire au détriment d’une bonne tolérance et observance du traitement, - il n’existe pas de preuve absolue permettant de définir un objectif thérapeutique : il dépend de chaque cas particulier (tolérance du traitement, concentrations initiales du cholestérol). La règle générale est d’obtenir des concentrations de LDL-cholestérol <1 g/l (2,6 mmol/l) ou pour les recommandations les plus récentes <0,7 g/l [2, 8]. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab l Une prise en compte des interactions potentielles Si le patient est traité pour une pathologie cardiovasculaire, il faut savoir que l’expression des isoenzymes hépatiques du CYP450 (CYP1A2, CYP 2C9, CYP2C19 et CYP3A4) est réduite par l’IL-6 et peut être restaurée lors de la mise en place d’un traitement par tocilizumab [1]. Lors de l’instauration ou lors de l’interruption d’un traitement par tocilizumab, les patients recevant des médicaments qui sont métabolisés par ces isoenzymes (par exemple l’atorvastatine, les inhibiteurs calciques, la warfarine, la théophylline, la phénytoïne, la ciclosporine ou les benzodiazépines) doivent être contrôlés, dans la mesure où la posologie de ces médicaments peut nécessiter un ajustement à la hausse afin de maintenir leur effet thérapeutique [1] (Voir fiche « Bilan préthérapeutique »). Compte tenu de sa demi-vie d’élimination relativement longue, l’effet du tocilizumab sur l’activité des isoenzymes du CYP450 peut persister plusieurs semaines après l’arrêt du traitement [1]. Que faire avant le traitement en l’absence d’antécédent de maladie cardiovasculaire (prévention primaire) ? l Dépistage d’une dyslipidémie Le bilan lipidique de première intention, réalisé après 12 heures de jeûne, doit consister en une Exploration d’une Anomalie Lipidique (EAL) comportant la détermination des concentrations du cholestérol total, des triglycérides et du HDL-cholestérol, afin de permettre le calcul du LDLcholestérol [2]. Chez un patient sans autre facteur de risque que la PR, le bilan lipidique suivant sera considéré comme normal : LDL-cholestérol <1,60 g/l (4,1 mmol/l), triglycérides <1,50 g/l (1,7 mmol/l) et HDL-cholestérol >0,40 g/l (1 mmol/l). Au-delà de ces seuils, on parle de dyslipidémie [2]. Dans le cas particulier de l’introduction d’un traitement par tocilizumab dans la PR, l’exploration des anomalies lipidiques doit être réalisée avant l’initiation du traitement, puis renouvelée avant la 3ème perfusion de tocilizumab (avant la 8ème semaine) [1]. l Évaluation du risque cardiovasculaire En France, dans la pratique quotidienne, une simple addition du nombre des facteurs de risque présents chez l’individu (tableau 1) est effectuée (Accord Professionnel) [2]. Ceci permet de définir trois niveaux de risque : - Risque faible : aucun facteur de risque associé à la dyslipidémie, - Risque intermédiaire : au moins un facteur de risque associé à la dyslipidémie, - Haut risque : antécédents de maladie coronaire et/ou vasculaire avérée ; diabète de type 2 à haut risque cardiovasculaire ; risque d’événement coronarien ≥20% dans les 10 ans (tableau 2) [2]. La PR est ajoutée aux facteurs de risque retenus par l’ANSM, anciennement AFSSAPS, pour l’estimation du risque cardiovasculaire. Le calcul du risque cardiovasculaire à 10 ans repose actuellement sur des équations de risque, développées notamment à partir de l’étude de Framingham et du projet SCORE. L’équation de Framingham définit un risque d’événements coronariens à 10 ans et a été recalibrée pour la population française (équation de Laurier) [5]. L’équation SCORE, validée dans la population française, définit le risque de mortalité cardiovasculaire à 10 ans. Elle vient d’être recalibrée en ajoutant aux facteurs déjà pris en compte (âge, sexe, tabagisme, pression artérielle systolique, cholestérol total), le HDL-cholestérol fréquemment abaissé dans la PR et fixe des nouveaux seuils optimaux pour le LDL-cholestérol [8]. Décembre 2013 2 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab 3 Elle permet de classer les patients en très haut risque vasculaire (SCORE ≥10%, maladie vasculaire prouvée, diabète de type 1 ou 2 avec atteinte viscérale, insuffisance rénale modérée à sévère (clairance de la créatinine entre 30 et 60 ml/minutes/1,73 m2 de surface corporelle)) ; à haut risque cardiovasculaire (SCORE >5% et <10%, augmentation importante d’un seul facteur de risque cardiovasculaire (HTA, dyslipidémie familiale, diabète de type 2)) ; à risque modéré (SCORE >1% et <5%). Si on évalue le risque cardiovasculaire global à partir d’une équation de risque, il faut selon les recommandations de l’EULAR, multiplier le risque par 1,5 lorsque la PR a 2 des 3 caractéristiques suivantes : évolution depuis plus 10 ans, facteurs rhumatoïdes (FR) ou anticorps anti-peptides citrullinés (ACPA) positifs, manifestations extra-articulaires [7]. l Prise en charge d’une dyslipidémie Objectifs thérapeutiques de prise en charge d’une dyslipidémie Recommandations françaises En fonction du nombre de facteurs de risque associés à la dyslipidémie, calculé après avoir ajouté la PR aux facteurs de risque cardiovasculaire retenus par l’ANSM, anciennement AFSSAPS, ces objectifs sont les suivants (Accord Professionnel) : - en l’absence de facteur de risque : LDL-cholestérol <2,20 g/l (5,7 mmol/l), - en présence d’un facteur de risque : LDL-cholestérol <1,90 g/l (4,9 mmol/l), - en présence de deux facteurs de risque : LDL-cholestérol <1,60 g/l (4,1 mmol/l), - en présence de plus de deux facteurs de risque : LDL-cholestérol <1,30 g/l (3,4 mmol/l), - en présence d’antécédents de maladie cardiovasculaire avérée ou de risques équivalents (risque d’événement coronarien ≥20% dans les 10 ans) : LDL-cholestérol <1 g/l (2,6 mmol/l) [2]. Recommandations européennes A partir de l’équation de SCORE, de nouveaux seuils optimaux pour le LDL-cholestérol ont été définis. Chez les patients à très haut risque, la cible du LDL-cholestérol doit être inférieure à 0,7 g/l (1,8 mmol/l). En cas de haut risque cardiovasculaire, la cible du LDL-cholestérol doit être inférieure à 1 g/l (2,5 mmol/l) et lorsque le risque est modéré, la cible doit être inférieure à 1,15 g/l (3 mmol/l) [8]. Schéma général de prise en charge d’une dyslipidémie Règles générales - Tout sujet ayant un LDL-cholestérol >1,60 g/l (4,1 mmol/l), ainsi que tout sujet ayant au moins un facteur de risque cardiovasculaire et ce, quel que soit son niveau de LDL-cholestérol, doit bénéficier d’une prise en charge diététique. - Le traitement diététique sera toujours associé à des conseils d’activité physique régulière, comme la marche rapide quotidienne pendant 30 minutes. - Une prise en charge des facteurs de risque associés est nécessaire : tabagisme, diabète de type 2, hypertension artérielle (HTA) [2]. Règles de prise en charge du patient dyslipidémique en prévention primaire Le traitement diététique sera proposé en monothérapie pour une période minimum de 3 mois. Il sera poursuivi même si l’objectif thérapeutique est atteint. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab Si l’objectif thérapeutique n’est pas atteint au-delà de 3 mois d’un régime diététique bien conduit, une thérapeutique médicamenteuse visant à obtenir une diminution supplémentaire du LDLcholestérol, doit être instituée, en complément du traitement diététique [2]. l Dépistage et prise en charge des facteurs de risque associés Le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque associés (tabagisme, diabète de type 2 et HTA notamment) se référeront aux recommandations disponibles et ne seront pas détaillés ici [3, 4]. Quels sont les signes d’appel d’une maladie cardiovasculaire sous traitement ? Même si aucun n’est spécifique, les différents signes cliniques pouvant faire évoquer une maladie cardiovasculaire sont : - dyspnée d’effort, de repos ou de décubitus, - douleur ou oppression thoracique, - palpitations, - tachycardie à l’auscultation cardiaque, - crépitants à l’auscultation pulmonaire, - œdèmes des membres inférieurs. Dans le cas particulier de l’introduction d’un traitement par tocilizumab dans la PR, l’exploration des anomalies lipidiques doit être réalisée avant l’initiation du traitement, puis renouvelée avant la 3ème perfusion de tocilizumab (avant la 8ème semaine) [1]. Quelle conduite à tenir en cas de survenue d’un événement cardiovasculaire ou d’une dyslipidémie sous traitement ? l En cas de survenue d’un événement cardiovasculaire sous tocilizumab Les données de tolérance issues du programme de développement clinique du tocilizumab dans la PR ont été actualisées. Ont été inclus 4.211 patients dans les études cliniques de phase III (OPTION, AMBITION, RADIATE, TOWARD et LITHE), et 23 dans une étude d’interaction. Dans le cadre des études d’extension en ouvert (GROWTH95, GROWTH96, LITHE), 3.512 patients ont été suivis. Les données d’efficacité et de tolérance ont pu ainsi être analysées chez 12.293 patients-année (PA) avec une durée d’exposition moyenne de 4,6 ans [9]. L’incidence de l’ensemble des événements indésirables graves a été de 15,5 pour 100 PA. L’incidence des infarctus du myocarde a été de 0,29 pour 100 PA, celle des accidents vasculaires cérébraux de 0,16 pour 100 PA. L’incidence des événements indésirables graves, de nature cardiovasculaire, a été stable au cours de la période de suivi et n’a pas semblé excéder l’incidence attendue de tels événements indésirables graves dans une population de PR comparable [9]. Les concentrations sériques du cholestérol total, du LDL-cholestérol, du HDL-cholestérol et des triglycérides ont augmenté à la 6ème semaine puis sont restées relativement stables au cours du temps [9]. Malgré l’absence d’augmentation des événements indésirables graves de nature cardiovasculaire dans le cadre du programme de développement clinique du tocilizumab, il est recommandé de suspendre le traitement par tocilizumab en phase aiguë d’un événement coronarien ou d’un accident vasculaire cérébral ischémique, en attendant la stabilisation des paramètres cardiovasculaires. Décembre 2013 4 5 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab l En cas de survenue d’une dyslipidémie sous tocilizumab Le tocilizumab (TCZ) entraîne une dyslipidémie (Tableau 3). Maini et al. ont rapporté pour la première fois les effets du tocilizumab donné à des posologies de 2 mg/kg, 4 mg/kg et 8 mg/kg, sur le métabolisme lipidique dans l’étude CHARISMA [10]. Il existait une augmentation du cholestérol total et du HDL-cholestérol [10]. Les autres grands essais de phase III sont difficiles à comparer car les paramètres lipidiques ne sont pas rapportés de façon identique et exhaustive (Tableau 3). Dans l’étude SAMURAI, il est mentionné qu’il existe une augmentation du cholestérol total dans 38% des cas, des triglycérides dans 17% des cas et du LDL-cholestérol dans 26% des cas [11]. L’indice d’athérogénicité (rapport TC/HDL), qui semble être le marqueur de risque lipidique le plus approprié au cours de la PR, était stable [11-13]. A l’inverse dans l’étude OPTION, une augmentation de l’indice d’athérogénicité de plus de 30% a été observée à la 24ème semaine chez 8% des patients recevant 4mg/kg de tocilizumab, 17% des patients recevant 8 mg/kg et chez 3% des patients recevant du placebo [14]. Dans l’étude TOWARD, une augmentation de l’indice d’athérogénicité de plus de 30% est observée chez 12% des patients recevant 8 mg/kg de tocilizumab et chez 7% des patients sous placebo [15]. Dans les études LITHE et RADIATE, nous ne disposons pas des résultats de l’indice d’athérogénicité [16, 17]. Dans l’étude RADIATE, une augmentation de l’indice LDL/HDL supérieur à 30% a été retrouvée chez 19% des patients recevant 4 mg/kg de tocilizumab, 22,2% des patients recevant 8 mg/kg de tocilizumab et chez, uniquement, 10,1% des patients sous placebo [17]. Dans les études OPTION, TOWARD et RADIATE, il n’existe pas de différence significative entre les groupes traités par tocilizumab et les groupes placebo pour les pourcentages de patients ayant une augmentation >30% du rapport Apo B/Apo A1 par rapport à l’inclusion [14, 15, 17]. Une augmentation du cholestérol total supérieure à 2,4 g/L, témoin d’une dyslipidémie, a été observée chez les patients recevant 8 mg/kg de tocilizumab dans, par ordre croissant, 13,2% des cas dans l’étude AMBITION, 21% des cas dans l’étude OPTION, 21,9% des cas dans l’étude ROSE, 23% des cas dans l’étude TOWARD et 26% des cas dans l’étude LITHE [14-16, 18, 19]. Une augmentation du LDL-cholestérol supérieure à 1,60 g/L, témoin également d’une dyslipidémie, a été observée dans, toujours par ordre croissant, 3,1% des cas dans l‘étude AMBITION, 16% des cas dans l’étude TOWARD et 18% des cas dans l’étude LITHE [15, 16, 18]. Dans l’étude ADACTA, comparant l’efficacité du tocilizumab par rapport à l’adalimumab, nous ne disposons pas de l’indice d’athérogénicité [20]. Toutefois, l’élévation moyenne du LDL-cholestérol entre l’inclusion et S24 a été plus importante chez les patients recevant le tocilizumab que l’adalimumab (0,45 ± 0,843 mmol/l versus 0,16 ± 0,593 mmol/l). De même, plus de patients non traités par hypolipémiants ont un LDL-cholestérol supérieur à 1,6 g/L après l’inclusion (11/118 vs 2/125). Dans l’étude de Kume et al., l’augmentation du cholestérol total a été plus importante chez les patients recevant du tocilizumab que chez les patients recevant de l’étanercept ou de l’adalimumab mais l’effectif des patients étudiés a été faible (20 patients par groupe) [21]. Le tocilizumab, dans l’étude de Strang et al, a entrainé une dyslipidémie et n’a pas amélioré l’activité anti-inflammatoire du HDL-cholestérol, diminué au cours de la PR, à l’inverse de ce qui avait été retrouvé dans l’étude MEASURE (22, 23). Au total, contrairement aux anti-TNFα, qui n’augmentent pas de façon significative l’indice d’athérogénicité, le tocilizumab induit une augmentation de l’indice d’athérogénicité TC/HDL [12, 13]. La dyslipidémie induite par le tocilizumab pourrait résulter d’une diminution de la clairance du cholestérol, secondaire à une diminution des récepteurs hépatiques du LDL-cholestérol mais ceci demande confirmation [22]. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab Ainsi, la diminution des paramètres inflammatoires obtenue avec le tocilizumab, s’accompagne de façon concomitante d’une élévation des paramètres lipidiques, sans que l’on soit en mesure d’évaluer à ce jour, en raison de la taille des effectifs et de la durée du suivi, l’impact de ces variations des paramètres inflammatoires et lipidiques sur l’incidence des événements cardiovasculaires au cours de la PR. Une étude clinique est en cours afin d’évaluer les événements cardiovasculaires chez les patients ayant une PR avec facteur de risque cardiovasculaire survenant sous tocilizumab ou sous étanercept, puisque l’on sait que les anti-TNFα diminuent le risque cardiovasculaire observé au cours de la PR [24-26]. Pour l’instant, on dispose d’études sur l’évolution de l’athérome infra clinique. Le tocilizumab entraîne une amélioration de la compliance artérielle, facteur de risque cardiovasculaire du même ordre que les anti-TNF [21, 27]. En cas de survenue d’une dyslipidémie au cours d’un traitement par tocilizumab : - il n’est pas recommandé de suspendre le traitement par tocilizumab - il est recommandé de dépister les autres facteurs de risque cardiovasculaire afin de définir un objectif thérapeutique en terme de LDL-cholestérol - chez un patient sans antécédent cardiovasculaire (prévention primaire), il est recommandé de proposer le traitement diététique en monothérapie pour une période de 3 mois, de contrôler l’exploration des anomalies lipidiques à l’issue de cette période et d’engager un traitement par statines en cas de confirmation de la dyslipidémie - chez un patient avec antécédents cardiovasculaires (prévention secondaire), il est recommandé d’instaurer le traitement médicamenteux par une statine le plus précocement possible, en association à la prescription diététique et à la correction des autres facteurs de risque (sédentarité, tabagisme, surpoids …) : • le traitement par une statine sera débuté à une posologie faible afin d’optimiser la tolérance et l’observance du traitement, • la fluvastatine, la pravastatine et la rosuvastatine ne sont pas métabolisées par les isoenzymes hépatiques du CYP 450 dont l’activité est réduite par l’IL-6, contrairement à la simvastatine et l’atorvastatine qui sont métabolisées par CYP3A4 avec une marge thérapeutique [28] étroite. - il est recommandé de renouveler l’exploration des anomalies lipidiques un mois après l’instauration du traitement médicamenteux par statines. Si l’objectif du LDL-cholestérol n’a pas été atteint, il est recommandé d’adapter à la hausse la posologie de la statine et de renouveler l’exploration des anomalies lipidiques un mois après. Si l’objectif du LDL-cholestérol a été atteint, il est recommandé de renouveler l’exploration des anomalies lipidiques 3 mois après, puis tous les 6 mois. Quand reprendre le traitement par tocilizumab ? À l’issue de la phase aiguë d’un événement coronarien ou d’un accident vasculaire cérébral ischémique, il est possible de réintroduire un traitement par tocilizumab à la dose antérieure. Cette réintroduction sera précédée d’un dépistage et d’une prise en charge adaptée des facteurs de risque cardiovasculaire, justifiant d’un avis, puis d’un suivi cardiologique ou neurologique régulier. La présence d’une insuffisance cardiaque NYHA de grades III/IV n’est pas mentionnée en tant que contre-indication à la reprise d’un traitement par le tocilizumab dans le résumé des caractéristiques du produit [1]. Cependant, compte tenu des données expérimentales concernant le rôle de l’IL-6 dans le développement, la maintenance et la protection du myocarde [29], la réintroduction d’un Décembre 2013 6 7 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab traitement par tocilizumab sera précédée d’une prise en charge adaptée de cette insuffisance cardiaque, justifiant d’un avis, puis d’un suivi cardiologique régulier. Pour en savoir plus l Données générales concernant les maladies cardiovasculaires et leur prévention Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité et de handicap dans les pays développés. Leur fréquence diminue si l’on considère des groupes à âge constant, mais elle stagne ou elle augmente si l’on prend en compte le vieillissement de la population. Elles constituent en France et dans le monde, un enjeu majeur de santé publique. Les maladies cardiovasculaires sont classiquement représentées par la maladie coronaire, l’accident vasculaire cérébral ischémique et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs. Elles constituent les complications, le plus souvent tardives, de l’athérosclérose, phénomène inflammatoire artériel chronique, induit et entretenu par des facteurs de risque cardiovasculaire, dont certains sont considérés comme majeurs et ont le statut de facteur causal : augmentation du LDL-cholestérol, HTA, diabète et tabagisme. Ils font l’objet de recommandations spécifiques de l’ANSM anciennement AFSSAPS. Il est admis que les maladies cardiovasculaires sont remarquablement accessibles à la prévention qui se conçoit à deux niveaux : - la prévention primaire concerne les patients sans maladie cardiovasculaire, - la prévention secondaire concerne les patients qui ont une maladie cardiovasculaire [2]. Les enseignements des grandes études d’intervention ont fait évoluer les bases de la prévention cardiovasculaire par les hypolipémiants sur 5 points : 1- La prévention secondaire s’adresse aux patients qui présentent non seulement des antécédents coronaires, mais aussi d’autres maladies vasculaires athéromateuses avérées : accident vasculaire cérébral/accident ischémique transitoire, artériopathie oblitérante symptomatique des membres inférieurs. 2- Le bénéfice de la prévention cardiovasculaire par les hypolipémiants n’est pas exclusivement coronaire. Chez les patients à haut risque, une diminution du risque de premier accident vasculaire cérébral est démontrée. Ce bénéfice s’étend à l’ensemble des événements cardiovasculaires. 3- La prévention cardiovasculaire a des effets démontrés dans de nouveaux groupes de patients parmi les sujets âgés de 70 à 80 ans, les femmes ménopausées, les patients hypertendus, les diabétiques de type 2 ou les patients ayant des antécédents vasculaires personnels. 4- Les patients ayant fait un accident coronaire doivent bénéficier du traitement préventif au décours de l’accident aigu. 5- La réduction du risque cardiovasculaire dépend de l’abaissement des concentrations de LDLcholestérol. Elle est également observée chez les sujets à risque ayant des concentrations de LDL-cholestérol proches des valeurs moyennes de la population générale [2]. L’abaissement des concentrations sériques de LDL-cholestérol est le meilleur indicateur d’efficacité de la prévention cardiovasculaire par les hypolipémiants (grade A) et c’est à partir de ce paramètre simple à obtenir qu’il a été décidé de définir les recommandations de dépistage et de prise en charge du patient dyslipidémique. Néanmoins, la prise en compte d’autres paramètres lipidiques, comme les concentrations du HDL-cholestérol et celles des triglycérides, est nécessaire et des résultats d’essais de prévention en cours pourraient à l’avenir modifier la stratégie actuellement proposée [2]. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab La prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique intègre la correction de l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire (tableau 1). Elle a pour but de retarder l’apparition (prévention primaire) ou la récidive (prévention secondaire) des complications cliniques de l’athérosclérose (grade A) [2]. l Place de l’IL-6 dans la pathogénie de la maladie cardiovasculaire Les cytokines pro-inflammatoires (Il-1, TNFα, IL-6 et IL-17) ont un rôle proathérogène et pourraient rendre compte de l’augmentation de l’athérome dans la PR [30]. Ainsi, les augmentations de la concentration de la C-réactive proteine (CRP) et de l’IL-6 sont associées à une majoration du risque d’événement cardiovasculaire chez le patient ayant une cardiopathie ischémique, chez les patients à haut risque cardiovasculaire mais aussi chez les sujets sains [31, 32]. Malgré cela, l’imputabilité de la CRP dans l’augmentation du risque cardiovasculaire reste controversée [33]. Tout d’abord la CRP est significativement associée aux facteurs de risque cardiovasculaire (obésité, HTA, hypertriglycéridémie, diminution du HDL-cholestérol) et il est ainsi difficile de savoir s’il s’agit d’un acteur ou d’un témoin de l’athérome [33]. Cela rend probablement compte des divergences concernant la valeur additive de la CRP aux autres facteurs de risque cardiovasculaire [31]. Enfin, même si les statines entrainent une diminution des risques cardiovasculaires chez les patients ayant une CRP élevée, ceci ne prouve pas son rôle dans l’athérome [34]. Les études génétiques utilisant le concept de la randomisation mendélienne, permettent de mieux répondre à cette question. Ces études ont pour but d’évaluer l’association entre le génotype, le phénotype et le risque de la maladie coronarienne, arguant du fait qu’un individu ayant une prédisposition génétique à un facteur de risque cardiovasculaire élevé, doit avoir une augmentation proportionnelle du risque cardiovasculaire. Ces études ont montré que ce n’était pas le cas pour la CRP, rendant peu probable son implication dans la genèse de l’athérome [35]. Par contre, les études génétiques ont montré que l’IL-6 semblait être impliquée dans l’athérome [36, 37]. Ainsi, le variant Asp358Ala du gène du récepteur de l’IL-6 est associé à une augmentation du clivage du récepteur de l’IL-6 à la surface des cellules effectrices conduisant à des concentrations plus importantes de la forme soluble du récepteur et de l’IL-6 [36, 37]. Malgré une augmentation des concentrations d’IL-6, cette mutation diminue l’effet de l’IL-6 sur les hépatocytes, les monocytes, les macrophages et entraîne ainsi une diminution de la CRP et du fibrinogène, clairement associée à une diminution du risque cardiovasculaire. Le tocilizumab entraîne un profil identique à celui associé au variant Asp358Ala [37]. l Risque de maladie cardiovasculaire ou de dyslipidémie au cours de la polyarthrite rhumatoïde La mortalité des patients ayant une PR est supérieure à celle de la population générale [38]. Cet excès de mortalité est en majeure partie d’origine cardiovasculaire, avec un indice standardisé de mortalité (SMR) (IC95%) évalué à 1,5 (1,39-1,61) dans une méta-analyse récente, soit une augmentation de 50% de la mortalité par maladie cardiovasculaire, avec notamment une augmentation de 59% de la mortalité par maladie coronaire et de 52% de la mortalité par accident vasculaire cérébral ischémique [39]. L’augmentation du risque de mortalité par rapport à l’ancienneté de la PR reste discutée [38-40]. Il n’existe pas dans la méta-analyse de Zubietta et al., d’augmentation du risque dans les PR débutantes [39]. Selon les études, le risque apparaît dès les premières années d’évolution de la PR ou seulement après dix ans d’évolution [38, 40]. L’augmentation de la mortalité est plus importante et pour certains, seulement observée chez les Décembre 2013 8 9 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab patients ayant une PR avec facteurs rhumatoïdes ou des ACPA [38, 40]. La présence de manifestations extra-articulaires augmente le risque [38, 40]. Alors que la mortalité dans la PR a diminué et que la mortalité cardiovasculaire dans la population générale a diminué, il n’existe pas de diminution du risque de décès d’origine cardiovasculaire dans les cohortes de PR les plus récentes [39]. La morbidité cardiovasculaire est également augmentée et la PR est un facteur de risque cardiovasculaire aussi important que le diabète [41-43]. Là aussi les données concernant l’apparition du risque restent discutées [38, 40]. Cet excès de morbi-mortalité par maladie cardiovasculaire chez les patients atteints de PR pourrait résulter d’une augmentation de la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaire, d’une insuffisance de prise en charge thérapeutique de ces facteurs de risque, de la PR en elle-même via la composante inflammatoire chronique, des traitements de la PR ou d’une combinaison de ces facteurs [38]. En ce qui concerne les facteurs de risque traditionnels, la prévalence du tabagisme est plus élevée chez les patients ayant une PR que chez les témoins [44]. L’HTA est commune chez les patients ayant une PR mais elle ne semble pas plus fréquente que dans la population générale. [45]. Il semble toutefois que l’HTA soit souvent sous-diagnostiquée et sous-traitée chez les patients ayant une PR et qu’elle soit plus fréquente chez les patients ayant une PR mal contrôlée par le traitement [45]. De nombreux autres facteurs peuvent influencer le contrôle de la pression artérielle chez les patients ayant une PR, qu’il s’agisse de l’inactivité physique, de l’obésité, des traitements antiinflammatoires non stéroïdiens, stéroïdiens et des traitements de fond (léflunomide). La prévalence du diabète est augmentée chez les patients ayant une PR par rapport aux contrôles [44]. Le diabète pourrait être secondaire à l’obésité abdominale, à l’activité de la maladie et à la corticothérapie. A l’inverse, l’hydroxychloroquine et le traitement par anti-TNFα semblent capables de diminuer l’incidence de diabète [46, 47]. La dyslipidémie reflète bien l’interaction complexe entre les facteurs de risque traditionnels et l’inflammation. L’inflammation au cours de la PR entraîne une diminution du cholestérol total et du HDL-cholestérol avec une augmentation de l’indice d’athérogénicité [12, 13]. Toutefois, les variations du cholestérol total et du HDL-cholestérol sont parallèles et l’indice d’athérogénicité fluctue moins que ses deux composants pris séparément en fonction de l’activité de la PR [12, 13]. Les facteurs de risque traditionnels n’expliquent pas à eux seuls l’augmentation du risque observé. En effet, après ajustement sur les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels, le risque relatif (RR) d’événements cardiovasculaires n’est que discrètement diminué au cours de la PR et la PR constitue en elle-même un facteur de risque cardiovasculaire indépendant [38]. Des incertitudes persistent cependant sur la cause exacte de l’augmentation de la morbi-mortalité observée. Il pourrait s’agir d’un athérome accéléré mais aussi d’une plus grande fréquence de plaques instables qui exposent le plus aux événements coronariens et vasculaires [38]. La prise en charge des comorbidités est fréquemment négligée chez les patients atteints de maladies chroniques. La PR n’échappe pas à la règle pour ce qui concerne la prise en charge des comorbidités cardiovasculaires. La prise en charge de la dyslipidémie dans la PR n’est pas satisfaisante. En France, en considérant la PR comme un facteur de risque additionnel, il a été montré que 20% des patients suivis en ambulatoire nécessiteraient la prescription d’une statine [48]. Dans l’expérience de la Mayo Clinic, seuls 27% des patients qui le nécessitaient ont eu une prescription de statines [49]. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab En ce qui concerne la prise en charge de l’HTA chez des patients atteints de PR, seuls 60% des patients hypertendus recevaient un traitement à visée anti-hypertensive et seuls 22% des patients traités l’étaient de façon optimale [45]. Ce déficit de prise en charge des comorbidités cardiovasculaires s’accompagne par ailleurs d’un déficit d’information et d’éducation des patients dans ce domaine [50]. l Impact de la prise en charge de la PR Comme nous l’avons déjà souligné, la PR constitue un facteur de risque cardiovasculaire indépendant. Il est probable que le meilleur contrôle de l’activité de la PR permette de réduire la mortalité cardiovasculaire. Ceci est suggéré par le fait que les patients en rémission ont des marqueurs cliniques (tension artérielle), biologiques et d’athérome infra clinique (compliance artérielle), moins augmentés que les patients ayant une PR active [51]. - Ainsi, le MTX diminue le risque cardiovasculaire global de 21% (0,73-0,87) et de 18% le risque d’infarctus du myocarde (0,71-0,96) selon une méta-analyse récente [52]. - Les anti-TNFα semblent également avoir un effet protecteur sur la survenue des événements cardiovasculaires, avec une réduction du risque de tous les événements cardiovasculaires de 31% (RR 0,69 ; 0,53-0,89), d’infarctus du myocarde de 19% (RR 0,81 ; 0,68-0,96) et des accidents vasculaires cérébraux de 15% (RR 0,85 ; 0,53-0,89) dans une méta-analyse incluant 16 études de cohorte [53]. Les données du registre CORONA publiées après cette méta-analyse, sont encore plus démonstratives avec une diminution du risque d’événements cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, décès) de 61% (homme : 0,39 (0,19-0,82)) et d’infarctus non mortel de 75% (HR : 0,24 (0,06-0,95)) chez les patients sous anti-TNFα par rapport aux patients sous MTX ou sous un autre traitement de fond) [26]. - Le problème des AINS et de la corticothérapie dans l’augmentation du risque cardiovasculaire dans la PR reste débattu. Il est clairement établi que les AINS augmentent la morbi-mortalité cardiovasculaire par augmentation des accidents coronariens pour les coxibs et le diclofénac dans la population générale [54, 55]. Cette augmentation du risque n’est pas observée avec le naproxène et est discutée avec les fortes posologies d’ibuprofène [26, 55]. Chez les patients ayant une PR, la toxicité cardiovasculaire semble moindre [56]. L’augmentation du risque cardiovasculaire est observée avec le rofécoxib et le diclofénac [56]. - Les corticoïdes pourraient favoriser l’athérome en raison de leur effet délétère sur le métabolisme lipidique, glucidique et la tension artérielle. Cependant, les corticoïdes pourraient aussi diminuer le risque cardiovasculaire en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires. Une revue récente de la littérature montre que le risque cardiovasculaire augmente avec la dose [57]. Une étude récente montre que le risque est associé avec la prise de corticoïdes (HR 1,68 ; 1,14-2,47), augmente avec la posologie (HR 1,14 ; 1,05-1,24) pour chaque augmentation de 5mg/jour et la durée du traitement (HR 1,06 ; 1,02-1,10 par gramme) [58]. La posologie de corticoïdes la plus faible possible durant la période la plus courte possible est donc recommandée [7]. Décembre 2013 10 11 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab Références 1. Résumé des Caractéristiques du Produit RoActemra®. 2. 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Facteurs de risque - homme de 50 ans ou plus - femme de 60 ans ou plus • Antécédents familiaux de maladie coronaire précoce : - infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou chez un parent du 1er degré de sexe masculin - infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou chez un parent du 1er degré de sexe féminin • Tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans • HTA permanente traitée ou non (se reporter aux recommandations spécifiques) • Diabète de type 2 ou non (se reporter aux recommandations spécifiques) • HDL-cholestérol <0,40 g/l (1,0 mmol/l) quel que soit le sexe • Age : Facteur protecteur • HDL-cholestérol ≥0,60 g/l (1,5 mmol/l) : soustraire alors ”un risque” au score de niveau de risque (Exemple : une femme de 60 ans ayant une concentration de HDL-cholestérol égale à 0,70 g/l (1,8 mmol/l) est considérée comme sans facteur de risque. Décembre 2013 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab l Tableau 2 - Les trois catégories de patients à haut risque cardiovasculaire pour lesquels le LDL–cholestérol doit être inférieur à 1 g/l [2]. 1 - Patients ayant des antécédents • de maladie coronaire avérée (angor stable et instable, revascularisation, infarctus du myocarde, infarctus du myocarde silencieux documenté) • de maladie vasculaire avérée (accident vasculaire cérébral ischémique, artériopa- thie périphérique à partir du stade II) 2 - Les patients ayant un diabète de type 2, sans antécédent vasculaire mais ayant un haut risque cardiovasculaire défini par : • une atteinte rénale* • ou au moins deux des facteurs de risque suivants : - âge: • homme de 50 ans ou plus • femme de 60 ans ou plus - antécédents familiaux de maladie coronaire précoce - infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou chez un parent du 1er degré de sexe masculin - infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou chez un parent du 1er degré de sexe féminin - tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans - HTA permanente traitée ou non (se reporter aux recommandations spécifiques) - HDL-cholestérol <0,40 g/l (1,0 mmol/l) quel que soit le sexe - microalbuminurie (>30 mg/24 heures) 3 - Les patients ayant un risque >20% de faire un événement coronarien dans les 10 ans (risque calculé à partir d’une équation de risque)** * Protéinurie >300 mg/24 h ou clairance de la créatinine estimée par la formule de Cockcroft-Gault <60 ml/min Formule de Cockcroft-Gault : clairance de la créatinine = (140 – âge ans) x poids (kg) x K en ml/min/1,73 m2 créatininémie en μmol/L (K = 1,23 chez l’homme et 1,04 chez la femme). ** Cf. ANAES : Recommandations sur les Méthodes d’évaluation du risque cardiovasculaire Décembre 2013 14 Prise en charge pratique des patients sous tocilizumab 15 l Tableau 3 - Dyslipidémie et tocilizumab. OPTION [14] AMBITION [18] Cholestérol total > 2,4 g/l Cholestérol LDL > 1,6 g/L Cholestérol HDL > 0,60 g/l CT/HDL > 30% LDL/HDL > 30% APOB/APO A1 > 30% TCZ 8 mg/kg N=288 MTX N=284 TCZ 4 mg/kg N=212 TCZ 8 mg/kg N=206 Pbo N=204 13,2% 0,4% 26% 21% 3% 3,1% - 0% - - - 8% - 17% - 5% - comparable(a) comparable(a) comparable(a) TOWARD [15] LITHE [16] Cholestérol total > 2,4 g/l Cholestérol LDL > 1,6 g/L Cholestérol HDL > 0,60 g/l CT/HDL > 30% LDL/HDL > 30% APOB/APO A1 > 30% TCZ 4 mg/kg N=398 TCZ 8 mg/kg N=399 Pbo N=393 TCZ 8 mg/kg N=805 Pbo N=415 14% 26% 8% 23% 5,5% 14% 13% 18% 15% - 3,8% 10% - 16% 15% 12% 20% 10% 3% 6% 7% 12% 8% - - ) ROSE [19] RADIATE [17] Cholestérol total > 2,4 g/l Cholestérol LDL > 1,6 g/L Cholestérol HDL > 0,60 g/l CT/HDL > 30% LDL/HDL > 30% APOB/APO A1 > 30% (a) TCZ 4 mg/kg N=161 TCZ 8 mg/kg N=170 Pbo N=158 TCZ 8 mg/kg N=412 Pbo N=207 - - - 21,9% 7,7% - - 20,2% 17,1% ND 19,1% 9,4% ND 22,2% 11,6% données non précisées dans la publication [14] Décembre 2013 ND 10,1% 9,7% )