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10:16 Página 1 1Rencontre Rencontre Difusión Difusión FLEFLE 24/10/06 re ère Dossier La perspective actionelle : Tâches et projets La perspective actionnelle : La perspective Tâches et projets actionnelle : Tâches et projets Barcelone, 17 et 18 novembre 2006 Barcelone, 17 et 18 novembre 2006 Coordination pédagogique pédagogique :: K. Coppola Katia Coppola Coordination technique technique :: S. Battais,Martinez P. Liria etetA.Philippe MartinezLiria Antonia Coordination pédagogique : Katia Coppola Coordination technique : Antonia Martinez et Philippe Liria | Avant-propos “ L’usage d’une langue y compris son apprentissage , comprend les actions accomplies par des gens qui, comme individus et comme acteurs sociaux, développent un ensemble de compétences générales, et notamment une compétence à communiquer langagièrement. Ils mettent en oeuvre les compétence dont ils disposent dans des contextes et des conditions variés et en se pliant à différentes contraintes afin de réaliser des activités langagières permettant de traiter (en réception et en production) des textes portant sur des thèmes à l’intérieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratégies qui paraissent le mieux convenir à l’accomplissement des tâches à effectuer.” Extrait du chapitre 2 du Cadre européen commun de référence pour les langues. Cette première Rencontre de professeurs de français a pour objectif d’analyser les conséquences de l’application du Cadre Européen Commun de Référence dans l’enseignement et l’apprentissage du Français Langue Étrangère. Les conférences et les ateliers permettront donc d’appréhender, dans toute sa complexité, la problématique de la perspective actionnelle et les nouveaux rôles des apprenants et des enseignants. Cette perspective est-elle un prolongement de l’approche communicative ou s’agit-il d’une nouvelle approche ? Nous espérons qu’à travers cette Rencontre vous pourrez trouver des éléments de réponse à cette question. C’est parce que nous croyons que pour apprendre une langue, il faut avoir un objectif de communication authentique que nos ouvrages s’inscrivent pleinement dans cette perspective et que nous avons organisé cette première Rencontre. Nous espérons également que ces journées seront l’occasion d’échanger et de partager vos expériences en tant qu’enseignants, responsables de centres et formateurs. Département de Français Langue Étrangère de Difusión. Barcelone, 17-18 novembre 2006. Vendredi 17 novembre 2006 9.00 – 9.45 9.45 – 10.00 10.00 – 11.15 11.15 – 11.45 11.45 – 13.00 Accueil - Remise du dossier de présentation Inauguration de la 1ère rencontre Difusión FLE Auditorio (RDC) Conférence Présentation générale de la perspective actionnelle définie par le CECR et ses répercussions dans l’enseignement des langues. Monique Denyer (Inspectrice des langues romanes) Belgique Auditorio (RDC) o Pause café Conférence Diversité de styles et de parcours d’apprentissage Maria-Luisa Villanueva (Professeur de français à l’Université Jaume Ier, Castellón) Espagne 13.00 – 15.00 Déjeuner libre 15.00 – 16.30 Ateliers au choix : Atelier A Mise en place de la tâche dans la classe de FLE. Corinne Royer-Josiane Labascoule (Professeurs à ESADE) Espagne Auditorio (RDC) Salle 207-208 (2ème étage) Atelier B Développer des compétences grâce à l’intégration d’Internet dans une perspective actionnelle de l’apprentissage des langues. Christian Ollivier (Professeur agrégé à l’Université de Salzbourg) Autriche Salle 001 (RDC) Atelier C Le français : une langue à vivre et à partager. Michel BOIRON (Directeur du CAVILAM et formateur) France Auditorio (RDC) 16.30 – 16.45 Pause 16.45 – 18.15 Ateliers au choix : Atelier A Corinne Royer-Josiane Labascoule 18.30 RDC Salle 207-208 (2ème étage) Atelier B Christian Ollivier Salle 001 (RDC) Atelier C Michel Boiron Auditorio (RDC) r Apéritif - Cocktail RDC Programme Samedi 18 novembre 2006 10.00 – 11.15 Conférence Quelle évaluation proposer dans une perspective actionnelle? Réflexion sur le changement des rôles élève/enseignant. Filomena Capucho (Professeur agrégée à l’Université de Viseu) Portugal 11.15 – 11.45 Pause 11.45 – 13.15 Ateliers au choix : Atelier D Le français en jeux... ou comment faire rimer plaisir et efficacité. Anouk Pouliquen-Groz (Formatrice à l’IMEF) France 13.30 Auditorio (RDC) Salle 207-208 (2ème étage) Atelier E De la tâche globale aux micro-tâches. Yves-Alexandre NARDONE (Professeur et coordinateur des cours de français/Chambre de Commerce française de Barcelone) Espagne Salle 001 (RDC) Atelier F TV5 Monde “7 jours sur la planète” Isabelle MORIEUX (Formatrice Cavilam/TV5) France Auditorio (RDC) r Clôture - Verre de l’amitié. RDC Sommaire La perspective actionnelle définie par le CECR et ses répercussions dans l’enseignement des langues Monique Denyer 9 Diversité de styles et de parcours d’apprentissage Maria Luisa Villanueva 17 La tâche, l’apprenant, l’enseignant et leur interaction Josiane Labascoule Corinne Royer 21 Développer des compétences grâce à l’intégration d’Internet dans une perspective actionnelle de l’apprentissage des langues Christian Ollivier Le français, une langue à vivre et à partager Michel Boiron L’approche actionnelle – apprentissage des langues et évaluation Maria Filomena Capucho 24 31 40 LE FRANÇAIS EN JEU Anouk Pouliquen-Groz 45 Atelier : De la tâche globale aux micro-tâches Yves-Alexandre Nardone 49 TV5MONDE « 7 JOURS SUR LA PLANETE » Isabelle Morieux 58 © Les auteurs des conférences et des ateliers © Difusión La perspective actionelle : Tâches et projets | La perspective actionnelle définie par le CECR et ses répercussions dans l’enseignement des langues Monique Denyer Professeur de FLM et d’ELE dans l’enseignement secondaire. Vice-présidente durant 13 ans des cours d’été de FLE et des stages de didactique de l’Université libre de Bruxelles. De 1993 à 2000, formatrice des enseignants de FLE et d’ELE au Centre d’auto-formation et de formation continue de la Communauté française de Belgique. Actuellement, inspectrice des langues romanes en Communauté Française de Belgique. Auteur de manuels de FLM, FLE et ELE chez De Boeck (Belgique) et auteur des guides pédagogiques 1 et 2 de Rond-Point (Difusión). Chaque fois qu’une réforme se met en place dans un système éducatif, chaque fois qu’une nouvelle approche de l’enseignement des langues s’installe, on se plaît en même temps à insister sur sa nouveauté (sinon, à quoi bon ?) et à minimiser les changements inhérents, ne serait-ce que pour rassurer les troupes, c’est-à-dire tous ceux qui auront à mettre en œuvre, concrètement. Qu’en est-il de la « perspective actionnelle » prônée par le Cadre Européen Commun de Référence ? Cette fameuse perspective impose-t-elle un changement radical, une révolution dans l’enseignement des langues ? Ou se trouve-t-elle dans la continuité, voire dans le prolongement de la perspective communicative ? On tentera de répondre à cette question par le concret, en abordant quatre aspects de tout enseignement et donc aussi de celui des langues : • Les activités de classe : s’agit-il, en classe, de faire autre chose ou la même chose qu’avant ? • Les programmes ou curriculums : que vise-t-on ? • Le rôle de l’élève : son rôle a-t-il changé ? si oui, en quoi ? • Le rôle de l’enseignant : son rôle a-t-il changé ? si oui, en quoi ? 1. Les activités de classe : des « tâches » Le CECR associe très clairement la perspective qu’il qualifie d’«actionnelle» à la notion de « tâche » (et on comprendra pourquoi lorsqu’on s’interrogera sur l’évolution du rôle de l’élève) : « l’approche adoptée se centre sur l’action dans la mesure où elle considère les usagers et les apprenants de langues comme des acteurs sociaux c’est-à-dire comme les membres d’une société qui ont des tâches à accomplir (pas seulement langagières)… ». En d’autres termes, le CECR justifie l’action par un renvoi aux pratiques sociales, lesquelles sont des tâches (et pas des exercices). Il faut donc que nous nous demandions très sérieusement ce qu’est une « tâche ». Est-ce un exercice vraiment différent des autres, dont nous avons l’habitude ? Si oui, en quoi ? 10 | 1ère Rencontre Difusión FLE Pour répondre à cette question, voici un exemple de tâche, emprunté… au cours de chimie !… Tout simplement parce que l’on voit souvent plus clair dans le jardin des autres que dans le sien. Ton voisin envisage l’achat d’une nouvelle voiture. Il s’interroge sur l’opportunité de faire équiper son véhicule au gaz de pétrole liquéfié ou GPL (en anglais, Liquid Petroleum Gas ou LPG). Comme il parcourt en moyenne 20000km par an et change de véhicule tous les 5 ans, il te demande où est son intérêt du point de vue économique (prix de revient au KM) et, comme il est très ecolo, quel carburant est le moins polluant (masse de Co2 au KM). Aide-le. (*) * adapté de «Les compétences, où en est-on ? » (Denyer, Furnemont, Poulain, Van Loubbeeck, Bruxelles, De Boeck, 2004 Pourquoi peut-on dire que cette « activité » d’enseignement-apprentissage est une tâche ? Et en quoi se différencie-t-elle de ce que l’on faisait –le plus souventauparavant ? • Cette activité est contextualisée : elle présente une situation que chacun de nous est susceptible de rencontrer —ou a déjà rencontrée— dans la vie de tous les jours : acheter une voiture. Cette contextualisation dans une « situation » signifie que toute tâche de langues aura comme premier objectif, un objectif extra-linguistique : prendre le train à l’heure, convenir d’une heure de rendez-vous, avoir raison sur un adversaire,… et non manier les relatifs complexes ou le plus-que-parfait. • Cette activité pose un problème : quel type de voiture acheter ? • Cette activité est finalisée : elle a un but, une finalité à savoir résoudre le problème du voisin en lui apportant une information fiable. • Cette activité est complexe : elle oblige à convoquer une série de savoirs, à faire des calculs, tout cela selon une démarche pertinente… et c’est bien la raison pour laquelle le voisin fait appel à vous car lui-même en est incapable ; il ne dispose pas de cette expertise. • Cette activité doit donner un résultat : votre avis, étayé. Une tâche d’enseignement-apprentissage, dans quelque discipline que ce soit, doit donc répondre au schéma suivant : • contexte • problème • but • produit - physique - institutionnel - socio-culturel (agir, s’informer, se former …) (résoudre le problème) (langagier) C’est bien ainsi que le CECR définit la tâche : « on appelle tâche toute action intentionnée qu’un individu juge nécessaire pour obtenir un résultat concret à propos de la résolution d’un problème, de l’accomplissement d’une obligation ou de l’atteinte d’un objectif. » (traduit de la version espagnole 2, 2.1.) Il doit donc en aller ainsi aussi des activités réalisées non au moyen de connaissances ou de calculs en chimie, en plomberie, en droit ou en cuisine, mais au moyen du langage. C’est cela que prône le CECR et, déjà, un certain nombre de programmes de différents pays. Essayons donc ! (Rond-Point, Unité 2) • un contexte : un mariage ; les membres de deux familles ; l’habitude culturelle de rassembler les gens après la cérémonie lors d’un dîner • un problème à résoudre : placer les gens autour de trois tables • un but que chacun se sente bien, passe un bon moment avec ses voisins et que les règles de bienséance soient respectées • un résultat ou produit : le plan dont on défend la pertinence avec les parents de la mariée, qui paient La perspective actionelle : Tâches et projets | 11 12 | 1ère Rencontre Difusión FLE La perspective actionelle : Tâches et projets | 13 Mais, dira-t-on, où se situe « l’action », dans tout cela ? Eh bien, dans la résolution du problème. • contexte • problème • but - physique - institutionnel - socio-culturel (agir, s’informer, se former …) (résoudre le problème) ressources (intégrées) ACTION (autonome) • produit (+/- imprévisible) (langagier) Et ceci n’est pas sans tenants ni aboutissant : - tenants, car pour agir, il faut disposer d’outils ; et ceux-ci doivent avoir été antérieurement fournis ; - aboutissant, car le produit de l’action n’est jamais exactement le même d’un artisan à l’autre, ce qui implique une évaluation crétériée ; - enfin, l’action elle-même est du ressort de l’acteur ; on ne peut pas lui tenir éternellement la main ; ce n’est même pas possible ; quand il résoud il est seul maître à bord et… compétent ! Il nous faut donc ajouter trois nouvelles et dernières caractéristiques à notre définition de la tâche : • elle est complexe car elle présuppose la maîtrise de ressources ou d’outils, en l’occurrence de savoirs et de savoir-faire, voire d’attitudes (ce qui exige préalablement toute une séquence d’apprentissage) et, durant l’exécution de la tâche, leur « orchestration », leur « intégration », la plus pertinente, c’est-à-dire efficace et économique • elle est ouverte : son produit n’est jamais (totalement) prévisible ; • elle est adidactique ou non guidée : elle consiste en une consigne, mais c’est aux élèves à savoir comment la résoudre, quels outils utiliser et… le faire, de façon autonome! 2. Les activités de classe : des tâches et des exercices Deux questions cruciales se posent alors, la deuxième généralement plus porteuse d’angoisse que la première : est-ce à dire que la tâche - est radicalement différente d’un exercice au sens où on l’entendait avant ? - exclut la présence de tout autre type d’exercice ? 2.1. Différences entre une « tâche » et un « exercice » Mettons-nous d’abord bien d’accord sur la terminologie : un exercice, ou une systématisation ou un drill, c’est toute activité qui vise l’acquisition, l’installation, l’automatisation d’une ressource : par exemple, même s’il est comique, même s’il est ludique, un exercice visant la maîtrise de la morphologie du démonstratif, du relatif complexe, l’emploi des temps du passé, etc. Bref une ressource linguistique, est un exercice et non une tâche. Essayons alors de systématiser : Tâche • contextualisation : oui • un problème à résoudre : oui : extra linguistique (+ floppée de ling.) • finalisation : oui : extra-ling • complexité : oui ! ! ! exercice non oui : linguistique (généralemet un) oui : ling non 14 | 1ère Rencontre Difusión FLE • produit : • didactisation : peu prévisible et long (plusieurs critères d’ éval.) non prévisible et limité (juste/faux) oui 2.2. Exclusion ou complémentarité des tâches et des exercices Il est donc bien clair que la tâche n’exclut pas l’exercice —elle l’appelle même, et en quantité— alors que l’exercice n’appelle pas la tâche… En tous cas cela fait des décennies qu’il reste muet à ce propos. Comme me disait un jour un de mes supérieurs « Ne t’en fais pas quand tes élèves arriveront dans le pays, ils utiliseront bien ce que tu leur as enseigné ! » Soit dit en passant, dans le pays bi et même tri lingue d’où je viens, cela fait près de 60 ans que je n’applique pas le lexique et la grammaire du néerlandais qui m’ont pourtant été enseignés… Pourquoi ? mais parce que entre la possession de savoirs et leur mobilisation effective, intégrée et finalisée, il y a un fossé. La relation entre les deux types d’activités s’impose donc et se pose dans les termes suivants : quels sont les ressources/outils/savoirs/savoir-faire nécessaires à la réalisation de telle tâche ? Tâche ← ← ← ← ressource 1 ressource 2 ressource 3 …… (exercice 1) (exercice 2) (exercice 3) …… 3. Du couple tâche/exercice au curriculum L’impact/l’incidence de l’approche actionnelle ou pédagogie par tâches sur les objectifs et la programmation (d’un manuel, d’un cours, d’un programme de cours…) devient dès lors très vite évident, même si difficile à réaliser et, jusqu’à présent… assez peu existant. La programmation d’objectifs, dans une perspsective actionnelle, se dédouble nécessairement : il faut penser - une progression de situations de communication ou de tâches - une progression de ressources et d’exercices Tâche 1 ← ← ← ressource ressource 2 ressource 3 ←…… 1 (exercice 1) (exercice 2) (exercice 3) …… Tâche 2 ← ← ← ← ressource 1 ressource 2 ressource 3 …… (exercice 1) (exercice 2) (exercice 3) …… Tâche 3 ← ← ← ← ressource 1 ressource 2 ressource 3 …… (exercice 1) (exercice 2) (exercice 3) …… selon quelle logique ? selon quelle logique ? La deuxième existe depuis belle lurette puisque même l’approche grammaire/ traduction avait déjà établi une programmation des savoirs ; et chaque professeur sait, d’expérience, que certains outils sont plus difficiles à acquérir que d’autres ou en présupposent d’autres (qui va « voir » le subjonctif dès les premières leçons ?) Mais, d’une part, ces savoirs-là n’étaient pas articulés à des tâches, et, d’autre part, la progression des tâches, elle, n’est généralement pas pensée. Elle est faite —bien ou mal— à l’intuition. Il y a là un énorme boulot à faire. La perspective actionelle : Tâches et projets | 15 4. Le rôle de l’élève : de l’auto-école au centre-ville Confronté à une tâche complexe, il est clair que le rôle de l’élève n’est plus d’ouvrir son cerveau tout grand pour y recevoir la bonne parole, ni même d’accomplir une petite activité bien délimitée, comme le fait encore l’élève d’auto-école qui reçoit ses cours théoriques, en vue de prendre le volant un de ces jours prochains : il doit envisager d’interagir, en toute autonomie, avec la situation ! …comme s’il était au volant de sa voiture en plein centre de Barcelone, de Bruxelles ou de Paris, vers 20H… Cette « action »-là peut se décomposer en trois phases, aussi exigeantes et déterminantes l’une que l’autre : • Analyser la situation pour en percevoir l’objectif, d’une part, et en déduire la démarche de traitement, d’autre part ; • Faire le bilan des outils dont il dispose et y puiser ceux qui sont susceptibles de se révéler efficaces ; • Les mobiliser et les orchestrer/intégrer de telle sorte que sa démarche soit la plus efficace et économe possible. Trois types de difficultés sont donc susceptibles de surgir : • L’apprenant ne comprend rien à la situation • Il ne dispose pas des outils nécessaires • Il en dispose mais est incapable de les mobiliser tous en même temps La réussite d’une approche par tâches dépend de l’entraînement dont l’apprenant aura eu l’occasion de bénéficier lors de ces trois étapes… ce qui, on le constate tout de suite, amène à envisager les répercussions sur le rôle de l’enseignant. 5. Le rôle de l’enseignant : de la salle de conférence au terrain de tennis Le changement que provoque l’approche par tâches dans le rôle de l’enseignant est évidemment parallèle à celui de l’élève : il ne s’agit plus pour lui de déverser des savoirs (et d’en vérifier la restitution) ou de diriger des exercices (et d’en contrôler l’exécution) mais de fonctionner comme le coach d’un sportif : bien sûr, il lui arrivera encore de donner une bonne explication sur la bonne position du poignet en revers (sur la morphologie des démonstratifs ou du subjonctif) ; d’entraîner à faire des lobbes ou des passings (à accorder des participes ou à conjuguer des verbes), mais le but, tout de même, c’est le math/la tâche et, à ce moment-là, il ne s’agit plus pour lui de « tenir un discours sur… » Bref, au discours magistral, la pédagogie par tâches substitue une « action » magistrale qui consiste à : • observer, analyser, orienter, rectifier la démarche de résolution de la tâche • fournir, faire trouver ou construire, selon les circonstances, les outils nécessaires à cette résolution. Discours magistral restitution, application par l’élève Action de l’élève interventions régulatrices/informatives du professeur Conclusion La conclusion, nous la laisserons aux soins de Ernesto Martin Peris (à qui nous devons, depuis longtemps, beaucoup) qui, il y a déjà plusieurs années, lors d’un des premiers colloques relatifs aux compétences et aux tâches disait déjà à Louvainla Neuve (Belgique) : « L’évolution (de l’approche communicative) vers les projets et les situations-problèmes (…) concrétise le passage d’un apprentissage pour la communication (objectifs) et de la communication (contenus) à un apprentissage par la communication (procédés ou méthodologie). Cette évolution débouche sur un 16 | 1ère Rencontre Difusión FLE nouveau mode de programmation de la matière, dans lequel contenus et méthodologie partagent d’amples zones d’intersection, dans une interrelation dynamique avec les objectifs et l’évaluation. » E. Martín Peris: “ Le développement des compétences en didactique de l’espagnol ”, en Collès, L. Dufays, J-L. Fabry, G. y Maeder, C. (Dirs.). Didactique des langues romanes. Le développement de compétences chez l’apprenant, pp. 44-49. Bruselas, 2001. ISBN: 2-8041-3577-2. Bibliographie • Adams, G., Davister, J., Denyer, M., Lisons futé, Stratégies de lecture, Bruxelles, De Boeck, 1998 • Barth, B.-M., Le savoir en construction, former à une pédagogie de la compréhension, Paris, Retz, 1993 • Beckers,J., Développer et évaluer des compétences à l’école : vers plus d’efficacité et d’équité, Bruxelles, Labor, 2002 • Bosman,C., Gérard, F.-M., Roegiers,X., Quel avenir pour les compétences ?,Bruxelles, De Boeck, 2000 • Chevallard, Y., La transposition didactique du savoir savant au savoir enseigné, Grenoble, La pensée sauvage, 1985 • Conejo Lopez-Lago, E., « Qu’est-ce qu’une tâche ? », in Rahmen des Projektes, traduit par P. Liria • Denyer,M., Janssen,D., Navarro,M., Leer con tino. Estrategias de lectura, Bruxelles, De Boeck, 1998 • Denyer, M., Furnemont,J., Poulain,R., VanLoubbeeck,G. Les compétences, où en est-on ?, Bruxelles, De Boeck, 2004 • Dolz,J. et Ollagnier, E., L’énigme de la compétence en éducation, Bruxelles, De Boeck, 2000 • Estaire, S. y Zanon, J., « « El diseno de unidades didacticas en L.2 mediante tareas : principios y desarollo », in Comunicacion, lenguaje y educacion, 1990 • Jonnaert, P., Compétences et socio-constructivisme. Un cadre théorique, Bruxelles, De Boeck, 2002 • Le Boterf, G., De la compétence. Essai sur un attracteur étrange, Paris, Edition de l’organisation, 1994 • Martin Peris, E., « Le développement des compétences en didactique de l’espagnol » (document photocopié) • Perrenoud, P., Construire des compétences dès l’école, Paris, ESF, 1997 • Roegiers, X. Une pédagogie de l’intégration. Compétences et intégration des acquis dans l’enseignement, Bruxelles, De Boeck, 2000 • Romainville, M. Les implications didactiques de l’approche par les compétences, in « Enjeux »n°51/52, Service de pédagogie universitaire, FUND, 2001 • Vergnaud, G., « Forme opératoire et forme prédicative de la connaissance » in « Puzzle » n°11, CIFEN, Ulg, Liège, 2002 • Zanon, J., « Los enfoques por tareas para la ensenanza de lenguas extranjeras », CABLE, « Revista de didactica del espnol como lengua extranjera », 5, 19-28, 1990 La perspective actionelle : Tâches et projets | 17 Diversité de styles et de parcours d’apprentissage Maria Luisa Villanueva Professeur Titulaire de Langue et de Littérature Françaises du Département de Philologie et de Cultures Européennes de l’Université Jaume I de Castellón. Domaines de recherche : Analyse du Discours, TIC, Autonomie d’apprentissage et Plurilinguisme. Chercheur principal du GIAPEL (Groupe de recherche multilingue). Co-directrice du Premier Colloque International sur les TIC et l’Autonomie Appliquées à l’Apprentissage des Langues (TAAAL). Apprendre une langue c’est entreprendre un voyage La formation à l’autonomie en tant que processus de déconditionnement d’une culture d’enseignement exige le développement de stratégies de médiation de la part des conseillers, humains et/ou virtuels. La compétence de médiation est une compétence dialogique et interculturelle (Lévy, 2003) et elle ouvre l’espace de la complexité et de la diversité. Du point de vue des conseillers et des enseignants la formation à l’autonomie exige une démarche d’action-recherche-action et le développement de certaines nouvelles compétences. Celles-ci comportent, aussi bien chez le conseiller que chez l’apprenant autonome, le développement de savoirs et de savoir-faire méthodologiques, linguistiques, cognitifs et métacognitifs. Construire un terrain d’entente dans le but de bâtir, moyennant l’interaction, des plans d’apprentissage où la parole de l’apprenant devienne de plus en plus protagoniste, exige, de la part des conseillers, une nouvelle conception de la théorie, de la pratique et du rôle du métalangage, entre autres. Le défi est d’établir un rapport dialogique entre les savoirs et les apprentissages tout en intégrant la formation à l’autonomie. La conception des activités et des matériels ainsi que les conseils, et les aides méthodologiques devraient être capables de mettre en place un dialogue entre la diversité des apprenants et la diversité des textes et des discours. Ceci présuppose la construction d’un terrain de convergence fondé, d’une part, sur le fait de l’intercompréhension sociale des discours, et de l’autre, sur la possibilité d’identification de certains modèles de référence en ce qui concerne le profil linguistique et cognitif des apprenants. Cependant, ces espaces de rencontre entre les enseignants, les langues et les apprenants doivent être conçus en tant qu’espaces ouverts. La convergence doit être présentée comme un espace à négocier qui doit permettre des parcours alternatifs, des détours, des raccourcis, etc. C’est au cours de cette négociation que l’apprenant développe son image de la langue cible et construit un métalangage signifiant, dans la mesure où celui-ci deviendra pensée active : un outil pour la réflexion linguistique et métacognitive. Apprendre une langue c’est entreprendre un voyage. Un voyage pour lequel il faudra faire quelques plans selon le temps dont on disposera, les intérêts personnels et les objectifs à atteindre. Il faudra de même penser aux bagages à emporter, et donc prévoir les nécessités. Bien entendu, tout au long de la route, des situations imprévues pourront se présenter et il faudra chercher des stratégies pour les surmonter 18 | 1ère Rencontre Difusión FLE au fur et à mesure. Cependant, pour commencer, il est convenable de dresser un projet d’apprentissage. Tout voyage suppose une expérience enrichissante et c’est en voyageant qu’on apprend à voyager. Pour devenir un bon voyageur-apprenant de langues, il est indispensable d’apprendre à prendre des décisions de manière de plus en plus autonome. Styles d’apprentissage et dimension autobiographique La dimension autobiographique du Portfolio Européen est étroitement liée au paradigme de l’autonomie et donc à la prise de pouvoir de l’apprenant (« empowerment », Little, 2004), ce qui comporte le développement de la capacité de réflexion / réflexivité de celui-ci. Or, la formation à l’approche autobiographique (Molinié, 2005) doit être conçue, d’après nous, comme un processus spécifique d’apprentissage qui a des implications d’ordre émotionnel, cognitif et discursif (Fayol, 1985). Raconter la propre expérience d’apprentissage suppose avoir développé certains savoirs et savoir-faire qui sont à la base de la capacité métacognitive : a) être capable d’un effet de dédoublement qui permet de se percevoir soi-même comme un Autre ; b) s’identifier soi-même comme apprenant et comme sujet de langage ; c) savoir saisir et exprimer les changements d’identité en tant qu’apprenant au cours du processus d’apprentissage ; d) développer la capacité d’identifier les changements des propres représentations sur la langue et sur son apprentissage et savoir comment les exprimer ; e) acquérir des connaissances métalinguistiques et des savoirs et savoir-faire linguistiques. Pour notre part, quelques conclusions provisoires de l’application expérimentale de notre didacticiel SMAIL, qui s’inscrit dans un projet de recherche-action du GIAPEL (Villanueva, 2000), nous ont permis de confirmer l’importance du rôle des représentations sur l’apprentissage et sur les langues dans le comportement des apprenants vis à vis des activités et des ressources d’apprentissage qui leur sont proposées. Faire évoluer ces représentations c’est, comme le signalent Gremmo et Riley (1997), un processus lent qui suppose des moments d’apprentissage réel et des moments de réflexion et d’analyse. Ceci implique à son tour, de la part des conseillers en tant que concepteurs et chercheurs, non seulement une mise au point des stratégies de médiation mais aussi des séances de réflexion et d’échange. Il s’agit d’aider à : - Identifier le propre style d’apprentissage - Identifier le propre profil comme apprenant - Bâtir des plans d’apprentissage - Développer la capacité d’apprendre à apprendre les langues étrangères tout en apprenant une ou plusieurs langues Les styles d’apprentissage sont le résultat d’un ensemble de tendances personnelles qui amènent les apprenants à utiliser certaines stratégies d’apprentissage selon les tâches et les contextes. Ces tendances relèvent des caractéristiques idiosyncrasiques et des croyances sur l’apprentissage mais aussi des expériences vécues dans les rapports d’enseignement-apprentissage de langues. Notre Test de styles cognitifs et de styles d’apprentissage cherche à établir le profil des apprenants suivant le degré d’identification à certains styles, présentés selon le critère de paires opposées qui est habituel dans ce domaine de la recherche (Villanueva, 1997 ; 2002). Voici quelques exemples tirés des Journaux d’Apprentissage: Actif/Réflexif Je préfère me lancer à la communication sans avoir nécessairement planifié au préalable tous les détails […] / Je préfère réfléchir aux démarches possibles avant d’aborder une tâche. Je pourrais souscrire qu’ « il faut tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler » […] La perspective actionelle : Tâches et projets | 19 Emotionnel/Rationnel Je suis intéressé aux aspects culturels des langues et à connaître les coutumes des gens […] / Je crois qu’un des problèmes des langues c’est leur manque de logique. Je préfère en général les textes informatifs ayant une construction claire et précise, plutôt que les textes littéraires […] Synthétique /Analytique Je retiens mieux les idées générales que les petits détails. Je suis capable d’utiliser plusieurs sources d’information à la fois, car j’en choisis seulement les aspects qui intéressent à mon propos […] / Je préfère avancer pas à pas sans rien sauter. Je n’aime pas laisser derrière moi des détails qui ne sont pas clairs […] Visuel/Verbal Mes souvenirs sont souvent associés à des images […] / Mes souvenirs sont souvent associés à des phrases ou à des bribes de conversations […] Inductif/Déductif J’aime essayer de découvrir les règles à partir de l’observation et de l’analyse d’exemples […] / J’aime connaître les règles et puis essayer de les appliquer […] Coopératif/Individualiste J’aime travailler en couple ou en équipe. L’échange d’idées me semble stimulant […] / Je préfère le travail individuel. La négociation avec les autres me semble souvent une perte de temps […] Dépendant/Autonome Je préfère qu’un expert prenne en charge les décisions sur mon apprentissage […] / J’aime prendre en charge mon apprentissage et prendre conseil d’un expert après avoir évalué mes progrès et mes difficultés […] Le Test qui sert à établir le degré d’autonomie est aussi appelé test bipolaire puisqu’il cherche à mesurer le degré d’autonomie qui est censé se correspondre à la capacité de réflexion et au développement de la conscience du propre apprentissage. Certaines caractéristiques cognitives qui sont associées à la capacité de réflexion, telles que l’indépendance de champ ou la capacité d’élaboration, sont donc regroupées sous le critère +Réflexif, +Autonome (+R&+A), par contre le style sérialiste, simplificateur et dépendant de champ est associé aux traits –Réflexif, –Autonome (-R&-A). Nous offrirons des exemples des stratégies et des représentations qui sont reliées aux différents profils d’apprentissage en ce qui concerne : a) la lecture, la perception des textes et l’apprentissage du lexique ; b) la grammaire ; c) les activités d’apprentissage. En tout cas, un “bon” apprenant de langues est celui qui est capable d’adapter de manière souple ses stratégies d’apprentissage selon les contextes et selon les objectifs à atteindre. Pour devenir un apprenant de plus en plus autonome, afin de poursuivre son apprentissage tout le long de la vie (« apprentissage à long terme »), il est important de développer la capacité de réflexion sur soi-même et sur le propre apprentissage. Réciproquement, le rôle médiateur du professeur comporte le développement de la capacité autonome d’étudier les manières d’apprendre afin de bâtir des plans d’enseignement : il s’agit de devenir un « ingénieur des apprentissages » (Francis Carton, 1993) plutôt qu’un débiteur de savoirs. Bibliographie • Barbot, m.j. (1997): “Cap sur l’autoformation:multimédias, des outils à s’appropier”, Le Français dans le Monde, Recherches et Aplications, juillet, 1997, pp. 54-63. • Barbot, m.j. (2002) “Décalages entre offers et attentes”, Le Français dans le Monde, Recherches et Aplications, janvier, 2002, pp. 122-134. • Berkentotter, c.; huckin, t. (1995): Genre Knowledge in Disciplinary Communication: Cognition/ Culture/ Power. Lawrence Erlbaum Associates: Hove, UK., 20 | 1ère Rencontre Difusión FLE • Bhatia, v.k. (1993): Analysing Genre: Language Use in Professional Settings. London: Longman. • Bronckart, j-p. (1996): Activités langagières, textes et discours, Lausanne, Paris, Delachaux et Niestlé. • Bruner, j., (1984): Acción, pensamiento y lenguaje. Madrid, Alianza Psicología. hatim, b.; mason, i. (1995): Teoría de la traducción. Una aproximación al discurso, Barcelona, Ariel. • Paltridge, b. (1996): “Genre, text type and the language learning classroom.”, in ELT Journal 50/3, pp. 237-243 • R. Phillipson; e. kellerman, l. selinker (1991) : Foreign/Second Language Pedagogy Research, Clevedon, Philadelphia, Multilingual Matters. • Richterich, r.; north, b. (1991): Transparency and coherence in language learning in Europe: objectives, assessment and certification. Rüschlikon, 1991, Strasbourg, Council of Europe. • Riley; ph. ; bailly, s; gremmo, m-j. (1996) : Guide à l’usage des apprenants adultes, Conseil de l’Europe, Strasbourg. • Sanz gil, m ; villanueva, m.l. ; ruiz, n. (2004) : «Un outil au service des besoins d’apprentissage des langues en compréhension et expression écrites : le projet SMAIL», Études de Linguistique Appliquée nº 134, pp. 205-219 • Tardif, j. 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(2005): “Multimedia,autonomie et nouveaux enjeux de la médiation”, dans Nicole Koulayan (ed.): Francophonie en Méditérranée, Editions du CIPA/AIF (Agence Intergouvernementale de la francophonie), pp.149-169. • Villanueva, m.l. (2006): “ICT paradoxes from the point of view of autonomy training and plurilingualism”, Mélanges nº 28, Univ. de Nancy, pp.9-27 vykotski, l. s. (1977): Pensamiento y Lenguaje. Buenos Aires, La Pléyade, 1977, Moscú, 1934 La perspective actionelle : Tâches et projets | 21 La tâche, l’apprenant, l’enseignant et leur interaction Josiane Labascoule Professeur de FLE à ESADE (Escuela Superior de Administración y Dirección de Empresas) à Barcelone depuis 1996. Titulaire d’un Mastère en Langue et Littérature Européennes de l’Université de Londres (Queen Mary and Westfield College). Coauteur de Rond-Point. Corinne Royer Docteur en Philosophie et Sciences de l’Éducation. Enseigne le français à la Escuela Oficial de Idiomas (Esplugues) et la didactique du FLE dans le cadre du Certificat d’Aptitud Pedagògica (CAP) à l’Institut de Ciències de l’Educació (ICE) de l’Université de Barcelone. Co-auteur de Rond-Point. OBJECTIFS : Partager avec les enseignants de fle qui assisteront à l’atelier notre expérience de la gestion des tâches communicatives en classe de FLE. NIVEAUX: A1, A2, B1 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues MATÉRIEL: Rond-Point 1 et Rond-Point 2 DYNAMIQUE : Pédagogie de la tâche, activités en classe centrées sur l’apprenant. DÉVELOPPEMENT Tout d’abord, nous définirons le concept de tâche. Puis, nous analyserons la valeur de l’interaction et la négociation du sens dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Ensuite, nous montrerons au moyen d’exemples pratiques comment ce concept modifie profondément le rôle de l’apprenant et, par voie de conséquence, celui de l’enseignant. Nous appuierons notre démonstration sur l’utilisation que nous faisons en classe des manuels Rond-Point 1 et Rond-Point 2 ainsi que des autres composants de la méthode. Cependant, cette nouvelle approche pédagogique remet en question non seulement la démarche de l’enseignant et transforme les dynamiques de classe, mais aussi la façon d’évaluer les compétences des élèves. C’est pourquoi, nous présenterons également quelques nouveaux outils que nous avons testés avec nos classes. Rond-Point 1 - Unité 6 - page 63 22 | 1ère Rencontre Difusión FLE Rond-Point 2 - Unité 5 - page 50 Rond-Point 2 - Unité 6 - page 60 La perspective actionelle : Tâches et projets | 23 Rond-Point 2 - Unité 7 - page 71 GRILLE D’ÉVALUATION DE L’EXPRESSION ORALE DE NIVEAU B1 ÉPREUVE : INTERACTION ENTRE CANDIDATS DATE : _________________________________________________________ NOM DE L’ÉTUDIANT: ______________________________________________ GRILLE D’ÉVALUATION 1. CAPACITÉ À COMMUNIQUER 4,5 points Adaptation à la situation proposée /1,5 Adéquation des actes de parole /1,5 Capacité à répondre aux sollicitations de l’interlocuteur, à relancer /1,5 l’échange. 2. COMPÉTENCE LINGUISTIQUE 4,5 points Compétence phonétique et prosodique /1,5 Compétence morphosyntaxique /1,5 Compétence lexicale /1,5 3. ORIGINALITÉ DE L’EXPRESSION (“prime de risque”) /1 TOTAL /10 COMMENTAIRES: _____________________________________________________ __________________________________________________________________ __________________________________________________________________ 24 | 1ère Rencontre Difusión FLE Développer des compétences grâce à l’intégration d’Internet dans une perspective actionnelle de l’apprentissage des langues Christian Ollivier Professeur agrégé d’allemand et romaniste. Professeur de français et de didactique du FLE à l’Université de Salzbourg. Directeur du Centre de langues de cette université. Coordinateur des projets Babelnet (Lingua 2) et NetHorizon qui proposent des sites d’apprentissage du FLE. Depuis 2003, directeur du projet européen DidacTIClang (Comenius 2.1). Auteur de nombreuses publications, notamment sur les TICE et l’intercompréhension. De nombreuses études le montrent (cf. entre autres Ollivier et al. 2006), que ce soit dans le secondaire ou dans le supérieur, Internet reste encore relativement peu utilisé pour promouvoir le processus d’apprentissage des langues et contribuer au développement durable de compétences. L’une des utilisations les plus fréquentes consiste pour l’enseignant à rechercher des informations ou des documents qu’il exploite ensuite en classe sous forme de photocopies. Internet est donc principalement conçu comme un centre de ressources authentiques facilement accessibles. Or, l’utilisation des ressources de la Toile nous semble ouvrir des horizons didactiques plus larges permettant à l’apprenant d’acquérir plus d’autonomie et surtout plus d’assurance dans son apprentissage et son utilisation concrète de la langue. C’est précisément ce que nous essaierons de montrer sur la base d’une didactique mise au point dans le cadre du projet didacTIClang. Le projet DidacTIClang Le projet DidacTIClang, coordonné par le Centre de langues de l’Université de Salzbourg, est un projet européen de coopération pour la formation du personnel enseignant (Comenius 2.1) qui regroupe sept institutions de cinq pays européens. Un mélange entre établissements universitaires, établissements d’enseignement secondaire et un centre de formation pédagogique assure le lien direct entre recherche et pratique. (Cf. ci-dessous la liste des partenaires) Le projet, qui s’adresse aux (futurs) enseignants de langues européens, a pour objectif la définition d’une didactique de l’Internet appliquée à l’enseignement / apprentissage des langues et, sur cette base, la création et la mise en place d’un programme de formation comprenant un site d’autoformation (http://www.didacticlang.eu) et un cours Comenius. La didactique DidacTIClang: une didactique de l’autonomie La didactique développée et mise en œuvre par le projet DidacTIClang a pour but de rendre l’apprenant plus autonome dans son utilisation de la langue de sorte qu’il soit capable de réaliser, en langue étrangère, des tâches de la vie de tous les jours. La perspective actionelle : Tâches et projets | 25 Nous reviendrons ci-dessous amplement sur notre conception de la tâche et du cadre de toute activité langagière. Mais avant toute chose, nous définirons ce que nous entendons pas autonomie de l’apprenant. Envisager de développer l’autonomie de l’apprenant implique tout d’abord de renoncer à une vision instructionniste d’un processus d’enseignement / apprentissage centré sur un enseignant qui prendrait toutes les décisions (définition des objectifs, moyens, modalités temporelles et spatiales de l’apprentissage...) et de (re)donner d’importantes libertés aux apprenants en les laissant prendre des décisions sur leur apprentissage : Philippe Morin parle même de «prise de contrôle» (2000 : 31) et Henri Portine définit l’autonomie comme la faculté de «savoir se fixer des objectifs que l’on peut atteindre et gérer son temps et ses activités en fonction de ces objectifs au sein d’un ensemble plus grand qui détermine ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.» (1998 : 76) En d’autres termes : «l’autonomie, c’est construire un projet d’action et gérer la réalisation de ce projet au sein d’une structure qui définit les contraintes globales et apporte une aide lorsqu’elle est nécessaire.» (1998 : 73) DidacTIClang complète ainsi cette vision de l’autonomie : l’autonomie, c’est aussi avoir conscience, d’une part, des savoirs, stratégies et compétences dont on dispose et, d’autre part, de ses propres limites, et, en outre, la capacité à mobiliser, gérer et utiliser, en fonction de la tâche à accomplir, ses savoirs et compétences tout en sachant recourir efficacement à des ressources extérieures (humaines et non-humaines) pour compenser ses déficits personnels. L’autonomie, ce n’est donc en aucun cas «se débrouiller tout seul». Elle s’inscrit dans un ensemble structuré qui va soutenir et éventuellement guider l’apprenant dans son projet. Elle demande de repenser un enseignement qui demande à l’apprenant de tout savoir faire tout seul – or, c’est bien ce qu’exigent la grande majorité des examens – et de proposer des activités permettant à l’apprenant de développer de nouvelles stratégies qui l’aideront à trouver et exploiter les ressources extérieures qui lui permettront de compenser ses déficits. Car, comme le rappellent Maguy Pothier, Anne Lotz et Christine Rodrigues (2000 : 150), l’autonomie n’est pas donnée ; elle nécessite un apprentissage de la part du sujet apprenant : «elle est à construire et non à décréter». Elle s’acquiert dans un processus comprenant reculs et avancées (Cf. Portine 1998 : 74), comme le faisait déjà remarquer Vygotski pour tout apprentissage. L’objectif de DidacTIClang est donc de former les (futurs) enseignants à une didactique centrée sur la réalisation de tâches et incluant les éléments suivants : • Prise de conscience et mobilisation par l'apprenant de ses connaissances et compétences (langagières) • Prise de conscience par l'apprenant de ses déficits pour la réalisation d'une tâche spécifique • Développement de nouvelles stratégies et connaissances chez l'apprenant lui permettant de trouver, gérer et utiliser efficacement des ressources de l'Internet pour compenser les déficits identifiés. Tâche et cadre de toute activité langagière Nous inscrivons notre réflexion dans une perspective actionnelle telle que définie par le Cadre européen commun de référence : La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier. (Cadre 2001:15) Nous adoptons également la définition de la tâche que donne le Cadre européen commun de référence : 26 | 1ère Rencontre Difusión FLE Il y a « tâche » dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. (Cadre 2001: 15) La tâche n’est donc jamais purement langagière, mais elle représente un acte social plus large. Le schéma ci-dessous tente de visualiser comment nous concevons la réalisation d’une tâche et l’articulation entre ressources internes et externes de l’apprenant / usager de la langue. Interactions sociales Contexte: intention, lieu, moment... Ressources externes non-humaines: Ressources internes: Connaissances et compétences Tâche demandant la mise en œuvre d' dictionnaires, moteurs de recherche, traducteurs automatiques, correcteurs automatiques, banques de données, ressources didactiques… activités langagières Ressources externes humaines: forums, correcteurs, Email, chat... experts (p.ex.: enseignant), locuteurs natifs, pairs… En accord avec les récentes théories des philosophes du langage (Jacques : 1985 et Grillo : 2000), nous partons du principe que la réalisation de toute tâche et de toute activité langagière qui lui est liée dépend des interactions sociales dans le cadre desquelles elle a lieu. Autrement dit, c’est la relation interpersonnelle qui définit largement l’utilisation de la langue. Cela a pour conséquence que l’enseignant devrait, dans toute la mesure du possible, proposer des activités dans lesquelles les interactions sociales seront clairement définies et réelles. Pour cela, il est important de dépasser les activités qui demandent à l’apprenant d’agir au nom d’une tierce personne fictive. Ainsi une consigne du genre: «Michel passe ses vacances sur la côte Atlantique et écrit une carte postale à sa grandmère dans laquelle il lui parle de ce qu’il fait.» Ne précise en fait nullement la relation dans laquelle les deux personnages fictifs se trouvent. Au final, c’est l’apprenant qui écrit pour l’enseignant en faisant semblant d’être une personne fictive écrivant à un destinataire tout aussi fictif. L’interaction sociale est donc clairement faussée. Nous pensons que l’Internet, avec ses nombreuses possibilités de publication et de mise en commun des textes par exemple, peut présenter une alternative intéressante permettant des productions dans le cadre d’interactions réelles dépassant l’interaction apprenant – enseignant. L’utilisation de sites dynamiques tels que par exemple des sites de réservation de billets de train peuvent également préparer « en grandeur nature » à des interactions de la vie de tous les jours. Il va de soi que les activités langagières et l’accomplissement d’une tâche sont également largement définis par ce que nous nommons contexte et définissons comme tous les paramètres et toutes les contraintes particulières à l’exclusion de l’interaction sociale : l’intention, le lieu, le moment, le médium (téléphone, carte, sms, lettre…), etc. Dans la didactique de notre projet, nous préconisons des activités à réaliser au sein d’interactions et de contextes réels et mettons en avant la mobilisation par l’apprenant de ses ressources internes en considérant le recours aux ressources externes comme un complément permettant de pallier à des carences personnelles. Au niveau des ressources externes de la Toile, nous distinguons entre ressources humaines et non-humaines. Au nombre des ressources humaines, nous comptons la possibilité de contacter, par le biais de forums, de chats ou du courrier électronique, des experts La perspective actionelle : Tâches et projets | 27 (locuteurs natifs, enseignants, amis, pairs compétents…) auxquels on pourra demander une aide spécifique, mais aussi les services (humains) de traduction ou de correction tel que Orthonet proposé par le Conseil International de la langue française. Les ressources non-humaines peuvent être divisées en ressources en ligne conçues pour les apprenants et utilisateurs des langues: dictionnaires, conjugueurs… et ressources non-didactisées, qui n’ont pas été conçues pour apprendre les langues. L’utilisation de ces ressources et la réalisation des activités langagières et d’apprentissage doivent contribuer à l’élargissement des ressources internes (cf. flèches oranges). Autrement dit: en réalisant des tâches demandant de mettre en œuvre des activités langagières et d’avoir recours à Internet, l’apprenant développe ses connaissances et compétences en langue, mais aussi quant à l’utilisation de ressources de la Toile. Cependant, pour que l’apprenant soit en mesure d’utiliser efficacement ces ressources en ligne, il faut aussi l’aider à acquérir les nouvelles connaissances et stratégies dont il a besoin. Acquérir de nouvelles connaissances – Développer de nouvelles stratégies La plupart des ressources utilisables sont peu connues des apprenants ou du moins ceux-ci soupçonnent peu leurs potentiels. Utiliser Internet pour réaliser des activités langagières demande donc à l’apprenant de développer de nouvelles connaissances et stratégies. Il devra ainsi par exemple connaître l’existence de ressources conçues pour les utilisateurs de la langue tels que dictionnaires, conjugueurs, mais être, de plus, en mesure de trouver et utiliser ce genre de ressources s’il ne les a pas découvertes lors de sa formation en langues. Il convient donc d’une part d’éveiller sa conscience pour l’existence de telles ressources et de le familiariser avec les stratégies qui rendent efficaces l’utilisation de moteurs de recherche, d’autre part de l’habituer à se servir de ces ressources en fonction de ses besoins. Mais ce qui nous semble encore plus essentiel, c’est que l’apprenant connaisse et sache utiliser des ressources non-didactisées qui peuvent lui rendre de grands services lors de la réalisation d’une tâche nécessitant la mise en œuvre d’activités langagières. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, il nous apparaît important de faire découvrir à l’apprenant comment les moteurs de recherche peuvent grâce à leurs différentes fonctionnalités être des assistants très efficaces en matière de production écrite : Google permet ainsi de trouver des textes similaires à celui à produire, il permet également de trouver des éléments linguistiques utiles et même de contrôler et corriger des éléments incertains – à condition bien entendu de savoir comment exploiter les innombrables potentiels de ce moteur de recherche. De telles stratégies d’utilisation d’un moteur de recherche à des fins de production vont permettre à l’apprenant d’une part de développer son autonomie puisqu’il sera en mesure de compenser des déficits et d’augmenter ses possibilités de production, mais surtout elles lui apportent une plus grande assurance dans la réalisation des activités langagières lorsqu’il vérifiera par exemple la correction et pertinence d’expressions utilisées. C’est précisément le développement de ce genre de stratégies que DidacTIClang met au centre de son programme de formation pour enseignants de langues. Nous montrons comment les ressources de la Toile peuvent aider au développement durable de compétences de production écrite, de réception de l’écrit et d’interaction orale, mais aussi comment elles peuvent contribuer au développement et au renforcement des compétences lexicales et grammaticales tout en accordant une place particulière à la dimension interculturelle de l’apprentissage des langues. . Les collaborateurs d’Orthonet (http://www.sdv.fr/orthonet/) corrigent et renvoient par courrier électronique un texte de 1200 caractères par jour et par personne à condition qu’il s’agisse de «textes ayant un sens cohérent, et des phrases entières, à l’exclusion des textes injurieux ou grossiers, et des fragments de phrases.» De plus, Orthonet répond aux questions sur la langue. Ce service est entièrement gratuit. 28 | 1ère Rencontre Difusión FLE Il nous semble essentiel d’aider l’apprenant à acquérir ces nouvelles connaissances et stratégies qui, d’une part, lui permettront de savoir comment affronter en langue étrangère les tâches de la vie de tous les jours lorsqu’il aura quitté le système éducatif et, d’autre part, l’aideront à apprendre de nouvelles langues. Intégrer les outils de communication dans le développement des compétences Parallèlement à l’utilisation des ressources non didactisées, nous accordons une place importante à l’intégration des outils de collaboration et de communication dans le processus d’apprentissage des langues car, comme nous l’avons évoqué plus haut, ceux-ci peuvent permettre des productions dans des interactions sociales réelles: les apprenants peuvent ainsi produire leurs textes pour la Toile – pour un public réel donc – et les publier dans le cadre du site internet de leur école, mais aussi sur des blogs ou des sites spécialisés – nous avons par exemple réalisé des expériences intéressantes avec des publications sur Wikipedia (http://www.wikipedia.org), l’encyclopédie collaborative, «libre, gratuite et multilingue que chacun peut améliorer». Les possibles utilisations didactiques des outils de communication tels que chat et forum nous semblent également particulièrement riches et motivantes pour les apprenants de langue à condition de choisir le bon outil en fonction des objectifs poursuivis et de la tâche à réaliser et d’intégrer celui-ci au travail sur les compétences langagières. Ainsi, l’utilisation d’un wiki – logiciel d’écriture collaborative – peut familiariser l’apprenant avec l’écriture hypertextuelle et l’aider à mettre en place des stratégies d’écriture. Le tchat, quant à lui, peut largement contribuer à entraîner les apprenants à l’interaction orale (Cf. Tudini 2003 ou Warschauer 1996). De nouvelles connaissances et compétences pour l’apprenant et l’enseignant Nous l’avons largement souligné, l’intégration d’Internet dans l’apprentissage et l’utilisation de la langue demande à l’apprenant de développer de nouvelles connaissances et compétences. Afin que cela soit possible, il faut bien évidemment que l’enseignant acquière lui-même ces connaissances et compétences et qu’il soit à même de mettre au point des activités qui aideront l’apprenant à les acquérir à son tour. Au vu des résultats d’enquêtes sur l’utilisation d’Internet en classe de langue (cf. entre autres Ollivier 2006), il nous semble opportun de mettre en place des formations familiarisant à l’utilisation réfléchie et efficace de ce nouveau média et de ses potentialités dans le cadre d’une perspective actionnelle telle que définie par le Cadre de référence. Car, c’est en faisant entrer la tâche dans le cours de langue que l’on préparera réellement l’apprenant à utiliser la langue au sein de situations et d’interactions sociales réelles et c’est en familiarisant l’apprenant avec des stratégies d’utilisation des ressources en ligne qu’on pourra le préparer à réaliser avec plus d’assurance des tâches de la vie en langue étrangère. . DidacTIClang proposera régulièrement des cours de formation continue dans le cadre du programme Comenius. Des activités d’auto-formation et des informations sont également disponibles sur le site du projet. La perspective actionelle : Tâches et projets | 29 Informations sur le projet DidacTIClang http://www.didacticlang.eu Contacts Coordinateur: [email protected] Membres du projet Christian Ollivier (coordinateur), Gerhild Fallmann, Siegfried Trebuch, Gerda Weiss (Universität Salzburg, AT) / Ulrike Hofmann (Fachhochschule Salzburg, AT) / Maria Papaïoannou (1er lycée expérimental d’Athènes, GR) / Brigitte Cord (Paris 6, FR) / Francisca Soares (Cruz de Pau, PT) / Isabel Fernandes (Évora, PT), Maria José Silvestre (Évora, PT) / Frédérique Granath, Karin Zarrouk, Ulf Ǻkerberg (PC, Malmö, SE). Le projet est suivi et évalué par le professeur Henri Portine de l’Université Bordeaux III. Repères bibliographiques 1. Conseil de l’Europe. 2001. Un cadre européen commun de référence pour les langues: Apprendre, enseigner, évaluer. Paris: Didier. (cité: Cadre) 2. Grillo, Eric. 2000. Intentionnalité et signifiance : une approche dialogique. Bern / Berlin / Bruxelles / Frankfurt am Main / New York / Wien : Peter Lang, Publications Universitaires Européennes. 3. Grillo, Eric. 1997. La philosophie du langage. Paris : Seuil, 4. Jacques, Francis : L’espace logique de l’interlocution. Paris : Presses universitaires de France, 1985. 5. Morin, Philippe. 2000. «La FOAD, de quoi s’agit-il ? De la définition au marché.» Forum «Formation à distance et technologies de la communication, actes du 14 décembre 2000, 28-35. <http://www.cirffi.org/etudes/actes/Forum_foad_12-2000.pdf> Dernière consultation : juin 2006. 6. Ollivier, Christian; Krautgartner, Klara; Strasser, Margareta & Weiss, Gerda. 2006. Internet-Fremdsprachen-Didaktik an und für Sprachenzentren. Qualitätskriterien bzw. Modelle für den Einsatz des Internets im Lernprozess von Fremdsprachen. Vienne: BM: BWK. 7. Portine, Henri. 1998. «L‘‘autonomie‘ de l‘apprenant en questions.» ALSIC n° 1, vol. 1, 73-77. <http://alsic.u-strasbg.fr/Num1/portine/alsic_n01-poi1.pdf> Dernière consultation : juillet 2006. 8. Pothier, Maguy; Lotz Anne & Rodrigues, Christine. 2000. «Les outils multimédia d´aide à l´apprentissage des langues : de l´évaluation à la réflexion prospective.» ALSIC n°1, vol. 3, 137 – 153. <http://alsic.org> Dernière consultation : avril 2006. 9. Tudini, Vincenza. 2003. Éléments conversationnels du clavardage : un entraînement à l‘expression orale pour les apprenants de langues à distance? In: ALSIC vol. 6, n° 2, décembre 2003, 63-81. <http://alsic.u-strasbg.fr/Num11/tudini/alsic_n11-pra1.htm> Dernière consultation : juillet 2006 10. Warschauer, Mark 1996: Comparing Face-to-Face and Electronic Discussion in the Second Language Classroom. In: CALICO Journal, Volume 13, N° 2 & 3, 7-26. <http://calico. org/journalarticles/Volume13/ vol13-2and3/Warschauer.pdf> Dernière consultation : juillet 2006 30 | 1ère Rencontre Difusión FLE Atelier: Utiliser Internet pour développer une compétence de production forte et durable Cet atelier à orientation résolument pratique se propose de préciser tout d’abord le cadre de toute tâche impliquant une production écrite, définie par les interactions sociales et le contexte dans lequel elle s’inscrit. Dans un deuxième temps, nous présenterons un modèle didactique d’écriture adapté du modèle de Flower et Hayes et montrerons, sur la base d’exemples concrets, comment l’utilisation d’Internet peut aider l’apprenant à réaliser des tâches concrètes de façon aussi autonome que possible. Nous nous attacherons principalement à montrer comment le développement de stratégies spécifiques apportera un soutien important à l’apprenant dans les différentes opérations du processus d’écriture: planification, mise en texte, révision, sans oublier la publication sur des sites existant ou, entre autres, par l’intermédiaire de blogs. L’atelier sera donc également l’occasion de découvrir des ressources virtuelles : services en ligne, potentialités parfois insoupçonnées de certains sites Internet… Bibliographie succincte en complément à la bibliographie présentée ci-dessus 1. Fayol, Michel. 1992. «L’écrit : perspectives cognitives». In : Bentolila, A. (Ed.) : Les entretiens. Paris : Nathan, Lecture et écriture, p.101-126. 2. Fayol, Michel. 1997. Des idées au texte. Paris : PUF. 3. Flower, L. & Hayes, J. R. 1981. «A Cognitive Process Theory of Writing». In : College Composition and Communication, n° 32, p. 365-387. 4. Flower, L. / Hayes, J. R. . 1980. «The Dynamics of Composing : Making Plans and Juggling Contraints». In Gregg, L. / Steinberg, L. (Eds.) : Cognitive Processes in Writing. Hillsdale : Erlbaum, p. 31-50. 5. Mangenot, François. 2000. «Contexte et conditions pour une réelle production d’écrits en ALAO». In : Apprentissage des Langues et Systèmes d’Information et de Communication (ALSIC), vol. 3, numéro 2, p. 187-206. < http://alsic.u-strasbg.fr/Num6/ mangenot/alsic_n06-rec1.pdf> (consulté en juillet 2006) 6. Tognotti, Sandrine. 1997. Etude d’un dispositif de coopération rédacteur-lecteur pour l’apprentissage de la rédaction technique. Mémoire présenté en vue de l’obtention du DES STAF (Sciences et Technologie de l’Apprentissage et de la Formation). Genève. <http://tecfa.unige.ch/~tognotti/staf2x/memoire/garde.html> (consulté en juillet 2006) La perspective actionelle : Tâches et projets | 31 Le français, une langue à vivre et à partager Michel Boiron Directeur général du CAVILAM Vichy (Centre d’Approches Vivantes des Langues et des Médias). Spécialiste de la formation de professeurs et de la formation de formateurs de formateurs. Collabore régulièrement à des revues de didactique et de FLE comme « le Français dans le Monde ». Élabore du matériel pour le FLE et plus particulièrement avec TV5 Monde depuis 1996. L’académicien François Cheng, écrivain d’origine chinoise écrivant en langue française a déclaré que son mot français préféré était le mot « SENS »... Le concept d’« une langue française, langue à vivre et à partager » s’appuie sur cette idée : la langue est « SENS ». Sans doute le mot SENS a-t-il un beau son... C’est un mot agréable à prononcer et à entendre... Mais c’est sa polysémie merveilleuse qui nous met sur la bonne piste... Derrière le mot sens, il y a sens = direction, sens = signification, sens = contenu, les cinq sens = l’ouïe, la vue, le toucher, l’odorat et le goût... Un peu d’intuition sans doute aussi avec le sixième sens. En français, ce qui a du sens est important : avoir du sens = ce qui est utile, qui a de l’intérêt, qui revêt de l’importance. Et à l’inverse, qu’en est-il du non sens ? A priori, non sens = absurde, stupide, qui est contraire à la logique... Alors orientons-nous plutôt de manière déterminée vers le bon sens qui est ce qui se construit sur une réflexion logique qui conduit à l’action adéquate... (Ici, pendant la conférence, l’animateur distribue des petits sachets de pastilles Vichy, à goûter et à partager… le premier document authentique ne nécessitant aucune connaissance linguistique au préalable…) Pour la plupart des élèves, le français n’est pas une langue... c’est une matière scolaire. Dans de nombreux lieux, enseigner une langue reste encore une activité basée sur le principe d’une course d’obstacles : découverte d’un nouveau texte, explication du vocabulaire par le professeur, exposition d’un point de grammaire, exercices grammaticaux, tentative d’utilisation de la langue sur la base d’un jeu de questionsréponses entre le professeur et quelques élèves privilégiés… et à la sonnerie de fin de cours, rendez-vous est fixé au prochain cours pour reproduire le même scénario. Le français est devenu son propre objet d’apprentissage. Apprendre cette langue sert à apprendre du vocabulaire, construire des phrases, connaître des règles de grammaire. La langue n’est pas identifiée et reconnue comme outil de communication, elle ne sert pas à découvrir des cultures différentes ou à présenter son univers personnel... Pour les élèves et pour certains professeurs, le français est une langue morte... Voici en conséquence le premier message pour nos élèves : la langue est son, la langue est musique, la langue est saveur, la langue est parfum, la langue est culture, la langue est SENS. Nous aurions pu en français séparer ces affirmations par un point, . François Cheng, le dialogue, une passion pour la langue française, Desclée de Brower, Paris 2002. 32 | 1ère Rencontre Difusión FLE un point virgule, trois petits points... la virgule ici était requise, qui nous indique que toutes ces significations se mêlent, coexistent simultanément et sont indissociables. (Ici, dans la conférence, on entend une chanson gaie et animée... On voit défiler sur l’écran des photos de fleurs : tournesols, lilas, pensées...) Cette conception de la langue SENS est une formidable idée pour redonner au français son statut de langue vivante. Pourquoi apprendre le français ? Le français a-t-il un avenir ? L’enseignement du français se situe aujourd’hui dans un contexte très concurrentiel et une remise en cause des modes habituels d’enseignement et d’apprentissage. D’autres langues peuvent légitimement prétendre au même intérêt pour un apprenant potentiel. L’enseignement des langues en milieu scolaire est quant à lui régulièrement remis en question pour en être un jour exclu et confié à des écoles spécialisées. L’élève fournirait dans ce cas une attestation de connaissances basée sur un test ou un examen passé hors cursus scolaire... A notre niveau d’enseignant(e), nous ne pouvons sans doute pas de manière déterminante influencer durablement les mutations normales de l’influence et du rôle des langues dans le monde. L’histoire raconte l’existence de nombreuses langues disparues, l’aventure de langues qui ont joué un rôle véhiculaire majeur au niveau international, puis ont disparu elles-aussi ou sont mortes. Nous sommes dans le flux continu de l’histoire. Notre perception à l’échelle d’une génération ou d’un siècle n’est pas adéquate pour évaluer les évolutions. Ce que nous pouvons faire en tant qu’enseignant(e) pour attirer et séduire les élèves et les institutions scolaires, c’est donner à l’enseignement du français une identité, une qualité qui le rende d’utilité évidente au-delà même de la maîtrise linguistique... Au lieu d’en être les victimes, participons avec engouement à l’émulation engendrée par la concurrence des langues dans le monde de l’apprentissage. Il est en notre pouvoir de faire de l’enseignement du français un modèle à imiter, l’enseignement exemplaire d’une langue vivante. L’identité de l’enseignement du français Les pédagogies actives s’opposent depuis longtemps au cours magistral dans lequel le maître (du silence !) dispense le savoir. Les idées qui revendiquent la responsabilisation de l’apprenant, la volonté de motiver les élèves et l’acquisition du savoir apprendre peuvent paraître aujourd’hui banales. Mais qu’en est-il dans la réalité de la classe ? Questions simples sur la pratique au quotidien de l’enseignement d’une langue Quel est le temps de parole du professeur ? Combien de temps parlent les élèves ? (Prenez un chronomètre, vous verrez !) Qui travaille le plus ? Les élèves ou le professeur ? (Si c’est le professeur, il y a une erreur quelque part !) . Pour ne citer que les pédagogues les plus connus : J. Pestalozzi (1746-1827), G. Steiner (1861 – 1925), M. Montessori (1870-1952) ou C. Freinet (1896-1966) et J-J. Rousseau (1712-1778) avant eux, ont placé l’élève au centre de l’action pédagogique, de la découverte des connaissances. Dans les années 1970, le développement des exercices de créativité a permis de diversifier de manière significative les approches et de comprendre qu’une activité ludique n’était pas opposée à l’acquisition sérieuse de savoirs. Cf. Caré J-M., Debyser F. (1978) : Jeu, langage et créativité, Hachette, Paris. La perspective actionelle : Tâches et projets | 33 Combien d’élèves n’ont pas participé du tout pendant l’heure de cours ? (2, 5, 10 ou plus ? Que faisaient-ils alors ?) A la fin du cours quelle trace du cours gardent les élèves ? Qu’ont-ils appris ? Qu’ontils créé ? (Les mots gravés sur le plan de table ?) Y a-t-il création d’un résultat collectif ? (Et s’ils n’avaient attendu que la sonnerie ?) Que faire ? L’absence de motivation des élèves paraît d’abord un obstacle insurmontable. Nous allons en conséquence, presque par jeu (sérieux bien sûr !), définir une stratégie d’enseignement basée sur une hypothèse de travail : le degré zéro de motivation. Le rôle du professeur consiste à amener l’élève à se décider à apprendre, à fournir les efforts et le travail nécessaires à tout apprentissage. Enseigner intègrera dorénavant comme activité normale et planifiée la stimulation de la motivation, la création de l’intérêt de l’élève. Observons le professeur de violon L’objectif d’un professeur de violon par exemple est que ses élèves apprennent à jouer du violon (c’est très normal, semble-t-il...) Et pour cela, les élèves jouent du violon. Il n’est pas possible d’apprendre à jouer de cet instrument sans le toucher, tenir un archer, faire vibrer les cordes. L’enseignant se place à côté de l’élève, il guide ses gestes, il soutient ses efforts... Son rêve est peut-être d’avoir parmi ses élèves une personne très douée qui un jour deviendra soliste ou... professeur de violon à son tour... mais cet élève exceptionnel n’efface pas le travail quotidien dont le but est que chacun apprenne et aille aussi loin que possible dans la connaissance... Devenons donc tous des professeurs de violon, pardon (!), des professeurs de français qui travaillent comme des professeurs de violon. C’est à l’élève d’apprendre, pas au professeur de montrer qu’il sait tout. Les outils, les aides Les dernières années ont vu apparaître des outils qui ne sont pas tous spécifiques au français, mais peuvent nous aider dans notre démarche. Les travaux et publications du Conseil de l’Europe Les travaux de la Division des politiques linguistiques du Conseil de l’Europe et du Centre européen pour les langues vivantes animent depuis plus de 25 ans les débats dans les domaines de l’apprentissage et l’enseignement des langues. Ils ont abouti au développement de plusieurs outils fondamentaux qui sont progressivement reconnus par l’ensemble des acteurs de l’enseignement des langues et influencent de façon déterminante les évolutions méthodologiques : Le cadre européen commun de référence pour l’apprentissage et l’enseignement des langues et le Portfolio européen . Site du Conseil de l’Europe : http://www.coe.int/DefaultFR.asp. . Site du Centre européen pour les langues vivantes (CELV) à Graz : http://www.ecml.at. Le CIEP publie par ailleurs trois fois par an le Courriel européen des langues destiné à faire connaître les activités du CELV. Pour s’abonner : http://www.ciep.fr/courrieleuro. 34 | 1ère Rencontre Difusión FLE des langues. Ils s’appuient sur une conception élargie du rôle de l’enseignement des langues dans l’éducation et la formation tout au long de la vie. Le cadre européen commun de référence (CECR) Le CECR constitue un apport essentiel : il invite à réfléchir aux trois activités fondamentales de l’apprentissage d’une langue : apprendre, enseigner et évaluer. Chaque chapitre se termine par une série d’interrogations auxquelles l’utilisateur est invité à apporter des réponses en fonction de sa situation d’enseignement ou de son rôle dans la chaîne éducative (concepteur de manuels, cadre pédagogique, enseignant, apprenant...). Le CECR est un outil de réflexion et non une liste d’affirmations définitives sur l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation. Il est par définition évolutif. A la limite, il est à réécrire en permanence. La diffusion du CECR comme outil de référence entraîne avec elle la création d’outils pédagogiques concrets pour l’enseignement du français : • l’élaboration et la rédaction de référentiels correspondant à l’échelle des niveaux définis dans le CECR ; • l’étalonnage des tests de vérification des connaissances dans les langues par rapport à l’échelle des niveaux ; • la transformation des examens nationaux français : DELF (Diplôme élémentaire de langue française), DALF (Diplôme approfondi de langue française) et maintenant le DILF (Diplôme d’initiation à la langue française)10; • l’introduction systématique des objectifs et niveaux du CECR dans les manuels européens d’apprentissage et d’enseignement des langues. Le Portfolio européen des langues (PEL) Développé de 1998 à 2000, le PEL a été lancé en 2001 à l’occasion de l’année européenne des langues. Il a été adapté dans de nombreux pays et s’adapte à plusieurs publics.11 Il comprend le passeport des langues, la biographie langagière et le dossier. Son objectif est de permettre à l’apprenant d’archiver, classer et mettre en valeur son parcours d’apprentissage de différentes langues.12 Une conception élargie du rôle de l’enseignement / apprentissage des langues Les auteurs liés au Conseil de l’Europe citent comme objectifs fondamentaux de l’enseignement des langues des valeurs extralinguistiques : le développement personnel, l’esprit critique, la tolérance, l’ouverture aux autres cultures, la valorisation du plurilinguisme et de la diversité culturelle, la citoyenneté européenne… Les savoirs partagés Vous n’êtes plus seuls au monde ! Une véritable révolution du mode des échanges et du partage d’idées est en cours. Les sites d’enseignants, d’équipes pédagogiques, se sont multipliés. Ils offrent aujourd’hui la possibilité à chaque professeur de faire partager son expérience, de trouver des idées, des pistes pédagogiques et des ressources pour sa classe, de participer à des groupes de discussion et d’échanger des idées sur des problèmes rencontrés au quotidien. . Ouvrage collectif (2001), Cadre européen commun de référence pour l’apprentissage et l’enseignement des langues. Apprendre, enseigner, évaluer, Didier, Paris. . Cf. Beacco J-C, Bouquet S., Porquier R. (2004), Texte et référence du niveau B2, Didier, Paris et Beacco J-C, Porquier R. (2006), Niveau A1 pour le français, un référentiel, Didier, Paris. . C’est le cas par exemple pour le TCF ou le TEF. 10. Voir les informations sur les DILF, DELF, DALF... sur le site du CIEP : www.ciep.fr. 11. CIEP (2001), Portfolio européen des langues lycée (passeport + cahier), Didier, Paris. 12. Pour une information complète sur le sujet, on se reportera au site du Conseil de l’Europe : http://www.coe.int/portfolio. La perspective actionelle : Tâches et projets | 35 De nombreux sites portail spécialisés sélectionnent quant à eux des sites pour leur pertinence et leur qualité pédagogiques. On voit par ailleurs apparaître de plus en plus des espaces numériques de travail ou des blogs dans lesquels des groupes définis décident de mutualiser leurs connaissances, leurs idées, leurs documents. Chacun participe activement à la vie de la communauté. 13 Ces espaces de travail concernent aussi bien les enseignants que les apprenants. De nombreuses expériences de classes virtuelles sont menées. Le professeur ne disparaît pas, il est au contraire confirmé dans son rôle de conseil, de ressource, de partenaire de l’apprentissage. Enfin, de plus en plus de sites proposent des activités d’apprentissage en ligne, qui permettent à l’élève une activité autonome. Le travail de l’enseignant s’en trouve modifié : il ne doit plus créer l’exercice mais trouver, sélectionner, proposer les activités.14 Des idées concrètes pour la classe La panoplie des idées originales (par rapport à ce qui est fait habituellement dans la classe) est magnifiquement riche. Voici quelques exemples : • Diversifier les formes de travail : travail individuel, en tandem, en petits groupes, tutorat pédagogique des élèves les plus faibles par les meilleurs, etc. • Changer fréquemment la disposition de classe, faire entrer un équipement permettant d’utiliser régulièrement plusieurs médias (magnétoscope, lecteur de CDs ou DVD, vidéo projecteur, ordinateur avec connexion Internet, tableau interactif, etc.) en fonction des possibilités techniques et financières. • Multiplier les supports d’enseignement : le manuel, des documents authentiques radiophoniques, télévisuels, articles de presse, etc. ; préférer les documents récents, très actuels. • Proposer des activités au quotidien contribuant à la motivation, au désir d’apprendre, à créer une relation vraie avec la langue cible, à renforcer le sentiment d’appartenance au groupe classe, à responsabiliser l’élève : • Se saluer, faire participer (parler, écrire, dessiner, chanter, jouer, etc.) le plus possible d’élèves, encourager, laisser réfléchir... • Construire le cours comme une succession de tâches d’élèves. Que font les élèves ? Que font-ils quand ils ont fini ? Proposer des successions d’activités très courtes... • Organiser des sorties en français (cinéma, théâtre, musée, exposition, etc.), des randonnées, des voyages d’études (exemples : suivre des itinéraires de découverte des lieux de vie des écrivains ou retrouver des lieux décrits dans un roman ou dans le manuel), des rencontres de personnalités francophones habitant la même ville (pâtissiers, boulangers, restaurateurs, chauffeurs de taxi, etc.), des rencontres d’écrivains, de conteurs, d’artistes... • Proposer des échanges : échanges de classes, mais aussi communiquer en français via Internet avec d’autres classes dans le monde, créer un jumelage avec une classe francophone en Afrique ou au Canada... • Mettre en place de vrais projets où chacun doit s’impliquer pour la réussite de tous : organiser une fête en français, une rencontre gastronomique – crêpes, fromages, etc. – cuisiner ensemble, créer un spectacle en français, etc. 13. Voir, par exemple, le site du projet Formacom. 14. Voir, par exemple, les sites de TV5 et RFI : http://www.tv5.org et http://www.rfi.fr. 36 | 1ère Rencontre Difusión FLE • Elaborer de vrais documents : un site Internet, la version en français du catalogue d’un musée de la ville, proposer à la mairie, à l’office de tourisme de diffuser le site de la ville en français sur Internet, etc. • Passer à une communication immédiate, authentique et non simulée en langue cible : participer sur Internet à des forums, à un « chat », un atelier d’écriture, écrire et publier un journal, etc. • Participer à des concours (les élèves communiquent à l’extérieur le résultat de leur travail, celui-ci a une finalité). • Proposer régulièrement des activités « cadeaux » qui ne soient pas associées à un objectif linguistique : écouter en classe une chanson en français qui passe à la radio, visionner un clip, lire et jouer un petit poème, etc. Une pédagogie de la réussite C’est un principe hérité d’une lecture du Petit Prince d’Antoine de St-Exupéry. Le petit prince arrive dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Nous sommes au chapitre X. Il y rencontre un roi, un drôle de roi en fait. Le roi ordonne le matin au soleil de se lever et... le soleil se lève… Le roi ordonne le soir au soleil de se coucher et... le soleil se couche. « C’était un monarque absolu. Mais, comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables. « Si j’ordonnais, disait-il couramment, si j’ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute. » Le petit prince demande « Je voudrais un coucher de soleil... Faites-moi plaisir... Ordonnez au soleil de se coucher... » Et le roi répond : « Si j’ordonnais à un général de voler d’une fleur à l’autre à la façon d’un papillon, ou d’écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n’exécutait pas l’ordre reçu, qui de lui ou de moi serait dans son tort ? - Ce serait vous, dit fermement le petit prince. - Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. »15 Et bien, en pédagogie, il est vraiment idiot et déraisonnable de demander aux élèves de faire quelque chose lorsque l’on sait à l’avance qu’ils ne le peuvent pas. La stratégie de la pédagogie de la réussite est basée sur le principe de toujours proposer des activités fondées sur le questionnement suivant : que peut faire l’élève ? Que peut-il comprendre, dire, faire... ? Ici, dans la conférence, à titre d’exemple, deux activités pratiques sont proposées pour les débutants complets ou presque en français : 1. L’écoute d’une chanson de Manu Chao. Les participants comptent dans la chanson le nombre de fois qu’apparaît la phrase : « Je ne t’aime plus mon amour »... C’est une activité d’écoute et de reconnaissance qui ne demande aucune connaissance préalable du français. 2. Sur l’écran apparaît le texte d’une chanson du groupe français de Manchester en Grande-Bretagne : « The Lovers ». La chanson s’appelle « Toc toc ». Le texte est très simple. Les élèves doivent suivre le texte des yeux en écoutant la chanson. Pour réussir, il faut savoir lire, mais il n’est pas absolument nécessaire de connaître le français. Ces deux exemples montrent qu’il est possible de travailler avec des documents en langue authentique dès le début de l’apprentissage. Ce sont les tâches demandées aux élèves qui déterminent essentiellement le niveau de difficulté de l’activité. 15. St. Exupéry A. (1943), Le petit prince, Gallimard, Paris, chapitre X. La perspective actionelle : Tâches et projets | 37 Professeurs, élèves, nouveaux métiers, nouveaux enjeux ? Etre professeur aujourd’hui, c’est à la fois être animateur, conseiller, personne ressource, gestionnaire, facilitateur, médiateur, chercheur, concepteur, vendeur, promoteur, technicien... (Non, Arrêtez ! C’est trop !)… L’enseignant n’est plus la personne qui sait, qui sanctionne, qui dit ce qui est vrai ou faux, il est « partenaire » de l’apprentissage. Etre élève aujourd’hui, c’est agir, prendre ses responsabilités… Etre élève, c’est définir, modifier, faire évoluer continuellement son rapport au savoir, à l’autorité, à l’éducation, à l’école, à l’apprentissage, sa motivation, sa manière de voir l’avenir, sa conception du monde, de la consommation, de la réussite, ses valeurs tout en respectant les attentes institutionnelles. Etre élève aujourd’hui, c’est difficile. Désormais, la pédagogie contemporaine redéfinit sans cesse les objectifs d’apprentissage, le rôle de l’enseignant et de l’apprenant et les manières d’apprendre. Conclusion(s) Quatre principes simples : • • • • essayer, explorer le possible ; partager, communiquer et discuter son expérience avec des collègues ; être conscient qu’il n’est pas nécessaire de tout inventer ; faire confiance aux élèves, être convaincu de leur éducabilité. Nous voulons d’une part rendre l’apprentissage de la langue intéressant, utile, enthousiasmant pour nos élèves, et d’autre part, faire de notre enseignement un lieu où nous continuons à apprendre, où nous nous enrichissons au quotidien. Enseigner, c’est apprendre. (La conférence se termine par la projection sur écran d’un duo de danse sur une chorégraphie contemporaine de Dominique Hervieu.16) Bibliographie Barbot M.-J (éd.) (1999), « De nouvelles voies pour la formation », Les cahiers de l’Asdifle 11. Beacco, J.-C., Porquier R. (2006), Niveau A1 pour le français, un référentiel, Didier Paris. Beacco J.-C., Bouquet S., Porquier R. (2004), Texte et référence du niveau B2, Didier, Paris. Bérard E. 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(1999), Apprendre les langues autrement, Le français dans le monde, Recherches et applications, Hachette, Paris. Charaudeau P. (1992), Grammaire du sens et de l’expression, Hachette Education, Paris. Conseil de l’Europe (2001), Cadre européen commun de référence pour l’apprentissage et l’enseignement des langues, apprendre, enseigner, évaluer, Didier, Paris. Coste D., Courtillon J., Ferenczi V. et autres (1976), Un niveau seuil, Hachette-Larousse, Paris. Coste D. (dir.) (1994), Vingt ans dans l’évolution de la didactique des langues (19681988), Langues et apprentissage des langues, Didier-CREDIF, Paris. Crinon J., Gautellier C. (2001), Apprendre avec le multimédia et Internet, Retz, Paris. Cuq, J.-P. (1996), Une introduction à la didactique de la grammaire en FLE, DidierHatier, Paris. Cuq J.-P. (éd.) (2001), « La recherche en FLE », Les cahiers de l’Asdifle 12. Cuq J.-P., Gruca, I. 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Sitographie http://www.tv5.org, le site de TV5MONDE où vous trouverez de très nombreuses idées pour l’enseignement et l’apprentissage du français et le dispositif : « 7 jours sur la planète ». http://www.rfi.fr le site de Radio France Internationale avec une section passionnante consacrée à la langue française. http://www.francparler.org, le site portail de la communauté des professeurs de français. http://www.fdlm.org, la revue Le Français dans le monde. http://www.eduscol.education.fr, le site pédagogique du ministère de l’Education nationale. http://innovalo.scola.ac-paris.fr/Innovalos_en_france/innovalo_en_france.htm, liens directs sur les missions d’innovation pédagogique des académies en France. http://www.lamaisondesenseignants.com, un site d’échanges d’expériences pédagogiques. http://www.cafepedagogique.net, un site d’information et d’échanges d’expériences du monde éducatif. http://www.vousnousils.fr, un site consacré au monde de l’éducation. http://www.form-a-com.org, le site du projet FORMACOM. http://ecolesdifferentes.free.fr, site de présentation des écoles alternatives. http://lemanuel.fr.fm, « Manuel de survie à l’usage des enseignants, même débutants ». Réflexions et idées pratiques sur tous les aspects du métier. http://www.leplaisirdapprendre.com, le site pédagogique du CAVILAM. 40 | 1ère Rencontre Difusión FLE L’approche actionnelle – apprentissage des langues et évaluation Maria Filomena Capucho Professeur agrégée de Langues modernes et Littérature (Université de Lettres de Viseu– Portugal). Participe à de nombreuses évaluations et groupes de formation et multilinguïsme au sein de la Commission Européenne ainsi qu’à des projets de recherche. Auteur de nombreuses publications sur l’apprentissage des langues étrangères. Conférencière depuis 2000 dans les universités européennes, sur les thèmes de l’évaluation, des compétences et des tâches. Dans les dernières décennies, l´évolution de la réflexion théorique, dans le domaine de l’apprentissage des langues a déclenché un nouveau regard sur les méthodologies à développer et sur les pratiques pédagogiques en classe de langue étrangère. Le CECR, qui établit les bases de l’enseignement/apprentissage des langues en Europe, ouvre la voie au développement de l’approche actionnelle, tout en se basant sur un nouveau regard sur les compétences. Lors de notre conférence, nous nous pencherons sur les notions de compétence et de tâche. Nous essaierons ensuite d’esquisser le cadre adapté à la mise en œuvre de cette nouvelle approche méthodologique. Depuis 1998, le CECR est venu poser théoriquement les bases d’une nouvelle approche méthodologique des langues, ce qui a lentement déclenché un renouveau dans les pratiques de classe qui est, d’ailleurs, encore en cours. Il est un peu étonnant que l’influence du CECR dans le terrain ait pris 8 ans pour se répandre d’une manière générale, nous dirions même institutionnelle, mais il est vrai aussi que tous les changements dans le cadre de l’éducation, notamment ceux en méthodologie, passent inévitablement par la prise de décision des institutions, la formation des enseignants et la transformation des esprits. Or, bien sûr, tout cela prend du temps ! Le CECR est donc désormais devenu le point d’ancrage des instructions officielles concernant l’enseignement/apprentissage des langues à tous les niveaux, un peu partout en Europe. Le « cadre » est entré dans notre jargon quotidien, dans les programmes de formation d’enseignants, dans les manuels publiés un peu partout, même si on estime qu’environ 75% de enseignants en exercice en Europe… ne connaissent pas le cadre (même si les situations varient selon les pays). Et il est intéressant de remarquer que, souvent, ce sont justement les changements au niveau des examens officiels de certification (qu’ils soient nationaux ou internationaux, comme le DELF et le DALF) qui éveillent la curiosité et la motivation de nos collègues par rapport au CECR —ce que j’appellerai, la fonction formatrice des examens par rapport à la formation continue des enseignants. Parler d’évaluation aujourd’hui, c’est justement parler du renouveau méthodologique apporté par le cadre et de ses implications quasi-immédiates par rapport à la façon dont on mesure, on pèse, les résultats obtenus— au niveau du « quoi » et du « comment » évaluer. Qu’y a-t-il de profondément nouveau dans le cadre qui provoque tous ces changements en cours ? Je relèverai 5 items fondamentaux, qui, en fait, sont interdépendants et qui interagissent entre eux, créant une structure, une toile de fond systémique : La perspective actionelle : Tâches et projets • • • • • | 41 Le développement de compétences Les descripteurs L’apprentissage social et autonome L’approche actionnelle Une nouvelle perspective de l’évaluation J’essaierai alors de développer un peu chacun de ces items et d’analyser justement son influence sur nos pratiques dans les classes de LE, de FLE dans notre cas précis. 1. Le développement de compétences Partons de deux définitions de compétence : • La Compétence, c’est “de la connaissance en action” (Perrenoud, 1998) • Les compétences sont l’ensemble des connaissances, des habiletés et des dispositions qui permettent d’agir (CECR). Dans les deux cas, il est certain que la compétence n’exclut pas la connaissance, mais qu’elle implique son utilisation concrète dans un but actionnel précis. S’il est vrai que la connaissance peut exister sans compétence, l’inverse n’est pas vrai – la compétence sous-entend l’acquisition de connaissances, qui sont ensuite mobilisées dans un cadre dynamique. Dans le contexte du CECR, on considère l’existence des compétences générales individuelles suivantes : • • • • SAVOIR • la connaissance du monde (savoir expérienciel et encyclopédique) • le savoir socioculturel (horaires, manières de table, langage du corps…) APTITUDES ET SAVOIR-FAIRE SAVOIR-ÊTRE • les motivations • les traits de la personnalité (silencieux, bavard, entreprenant, curieux, timide, industrieux, paresseux…) SAVOIR-APPRENDRE • la capacité à observer • les stratégies de transfert • les aptitudes à l’étude (concentration ; conscience, en tant qu’apprenant, de ses forces et de ses faiblesses…) Ces compétences sont toutes essentielles au développement des compétences communicatives spécifiques : • la compétence linguistique – qui concerne la capacité de mobilisation des connaissances grammaticales et lexicales • la compétence textuelle – qui comprend la mise en action de connaissances relevant de l’organisation textuelle (types et genres de textes ; formats textuels ; règles de progression, de cohérence et de cohésion) • la compétence pragmatique – qui concerne des savoirs et savoirs-faire sociolinguistiques (routines et rituels sociolangagiers, structures de politesse, …), interactionnels (gestion de la communication et négociation discursive) et pragmatiques (notamment la capacité à identifier des intentions et des buts communicationnels) 2. Les descripteurs La description de la compétence communicative est organisée en 6 niveaux distincts qui vont du niveau de découverte de l’utilisateur élémentaire (A1) au niveau de maîtrise de l’utilisateur expérimenté (C2). 42 | 1ère Rencontre Difusión FLE • • • • Ces niveaux se déclinent en 4 types d’activités langagières: La réception La production L’interaction La médiation Chacun de ces modes d’activités étant susceptible de s’accomplir soit à l’oral, soit à l’écrit, soit à l’oral et à l’écrit, les descripteurs sont déclinés ensuite par rapport aux différents domaines d’activités et aux contextes spécifiques d’utilisation de la langue. Les descripteurs permettent ainsi de construire des Référentiels de Compétences adaptés aux besoins de chaque public (ou individu) concerné. 3. L’apprentissage social et autonome Le développement des compétences part de l’identité réelle des apprenants et les implique affectivement et intellectuellement. Il ne s’agit pas d’un enseignement imposé, mais d’un travail basé sur l’autonomie et la responsabilité de l’apprenant, intégré dans un contexte de socialisation spécifique (dont le premier cadre est la classe elle-même, en tant que groupe social). 4. L’approche actionnelle Etant donné l’accent qui est mis sur les compétences, il faudra que, du point de vue méthodologique, on puisse créer un cadre d’action susceptible au développement de ces compétences. Remarquons qu’une compétence n’est pas possible d’être transmise ni acquise, une compétence se développe à travers… l’action. On apprend donc à faire… en faisant. La perspective actionnelle (dénommée également approche par tâches) semble répondre à ce besoin de cohérence entre la théorie sous-jacente au CECR et les pratiques concrètes de la salle de classe. Cette approche n’est pas si nouvelle que certains ne le croient. La première référence habituellement citée dans ce domaine est celle de Prabhu (1987 : 24), responsable du Bangalore Project, qui définit la tâche de la façon suivante : “An activity which requires learners to arrive at an outcome from given information through some process of thought, and which allowed learners to control and regulate that process”. La définition que nous trouvons dans le CECR (chapitre 7, section 1, p. 121) n’est pas très différente : “La réalisation d’une tâche par un individu suppose la mise en oeuvre stratégique de compétences données afin de mener à bien un ensemble d’actions finalisées dans un domaine donné avec un but défini et un produit particulier”. De ces définitions nous retiendrons : • • • • La mise en oeuvre stratégique de compétences Des actions finalisées Un but défini Un produit particulier (“outcome”) Je distinguerai forcément une tâche des activités pédagogiques d’apprentissage qui permettent de préparer sa réalisation. Dans une tâche: • il y a toujours un objectif extralinguistique. • il y a toujours un problème à résoudre. • les apprenants génèrent l’événement communicatif et il y a toujours une dimension interactive. • • • • La tâche dépend donc des besoins spécifiques de développement des compétences des ressources disponibles des motivations et des caractéristiques des apprenants de la réalité sociale de la classe La perspective actionelle : Tâches et projets | 43 5. Une nouvelle perspective de l’évaluation Dans ce nouveau cadre théorique (et dans la pratique de classe qui lui correspond), il faudra donc adapter les processus et les instruments d’évaluation. Nous pouvons considérer deux grandes formes d’évaluation : • L’évaluation des processus, qui est faite en collaboration avec l’apprenant qui doit prendre conscience de sa progression, de ses réussites et de ses lacunes. Il s’agit donc d’une évaluation formatrice qui • constitue une partie intégrante de l’apprentissage • conduit à la responsabilisation et à l’autonomie des apprenants • les implique directement • doit accompagner TOUTES les formes de travail : elle est donc continue et systématique C’est à ce niveau que les portfolios d’apprentissage et les questionnaires d’auto-évaluation se révèlent des outils essentiels à la réflexion personnelle et interpersonnelle. • L’évaluation des résultats, qui doit mesurer les niveaux de compétence atteints. Elle est • extérieure au processus • centrée sur des compétences spécifiques • exprimée quantitativement par rapport aux niveaux atteints et conduit à une classification ou même à une certification. Cependant, et dans le cadre de ce renouveau méthodologique, une des grandes questions qui se posent à tous les acteurs concernés est la suivante : • Comment évaluer les compétences ? Si, comme affirme Perrenoud (1998), que nous avons déjà cité, la compétence est “de la connaissance en action”, l’évaluation des compétences de communication devrait partir de l’observation et de l’analyse d’actions (concrètes, authentiques, sociales) dans lesquelles la connaissance serait mobilisée. Or, dans le cas d’un examen, ou d’un test, ce qui se passe (ce qui peut se passer), dans presque tous les cas de figure, ce n’est que la simulation de situations sociales, créées artificiellement pour des finalités de contrôle. D’autre part, l’analyse des réponses, que la séparation des activités de réception, de production, d’interaction et de médiation présuppose, rencontre souvent de sérieux problèmes techniques, car ce n’est pas facile de reconnaître dans une situation réelle quelle est la compétence spécifique qui est en cause. Il faut encore ajouter que, pour le moment, personne n’a une vaste expérience dans la construction de tests spécifiques et il est donc encore bien difficile de réaliser des tests complètement adaptés. Souvent, les tests ne sont pas cohérents, même ceux qui ont déjà été validés dans des contextes expérimentaux élargis. Par exemple, dans le test diagnostic17 de compétences communicatives le plus connu (et le plus renommé) de nos jours en Europe, Dialang (qui est d’ailleurs mentionné dans l’Annexe C du CECR), dans la partie concernant la compréhension orale, la réponse écrite 20 à la question “A quelle heure la fête s’est-elle terminée?” est considérée comme erronée, car la seule réponse acceptable est 20h. Dans ce cas, il est vrai que 20 est sémantiquement correct, même s’il s’agit d’une façon incomplète de répondre, du point de vue de la production. Il s’agit donc d’un problème d’analyse de réponses. Dans le même test, des simples fautes d’orthographe (ou des coquilles involontaires), encore dans le domaine de l’évaluation de la compréhension orale, provoquent le même type de 17. Je me demande pourtant si les instruments créés pour une évaluation de diagnostic ne devraient pas être semblables á ceux visant une évaluation sommative. Est-ce que, dans les deux cas, il ne s’agit pas de placer l’apprenant par rapport à un référentiel du niveau atteint ? 44 | 1ère Rencontre Difusión FLE jugement, alors que ce qui est en cause n’est pas la production. L’analyse d’autres tests du même type nous suscite encore davantage de perplexités… Dans le test Azurlingua, disponible sur Internet, nous retrouvons la question suivante (entre autres…), dans un test de compréhension écrite : Des cambrioleurs commettent un cambriolement une cabriole un cambriolage une chambrée Est-ce qu’une question de ce type évalue la compétence d’un texte ou la connaissance lexicale ? Il faudra ainsi que nous développions nous-mêmes, enseignants, de nouvelles compétences : des compétences d’évaluation des compétences… Pour cela, une analyse critique de documents déjà existants (tests en ligne, examens officiels dans les différents pays) s’avère indispensable. Conclusions Pour nous tous, il s’agit d’un nouveau contexte de travail, qui fait appel à de nouveaux apprentissages, de nouvelles compétences —bien sûr, de nouvelles formations adaptées— mais surtout de nouvelles attitudes. Il s’agit aussi d’un contexte qui provoque le besoin impérieux de nouveaux matériels d’enseignement, de nouveaux manuels méthodologiquement cohérents. Nous savons qu’ils ne sont pas nombreux sur le marché actuel…. Mais surtout, il s’agit d’un défi passionnant que nous aimerions tous réussir ! Références bibliographiques • Cadre européen commun de référence pour les langues, en ligne http://culture.coe. fr/lang./fr/fedu2.4f.html [2006, mai,31] • Perrenoud, P. (1998). Construire des compétences, est-ce tourner le dos aux savoirs? In Résonances. Mensuel de l’école valaisanne, nº3, dossier “Savoirs et compétences”, novembre, pp.3-7. Tests cités Azurlingua in http://www.bonjourdefrance.com/ Dialang in www.dialang.org/ La perspective actionelle : Tâches et projets | 45 LE FRANÇAIS EN JEU Anouk Pouliquen-Groz Intervient depuis maintenant 11 ans à l’IMEF/Institut Européen de Français (Montpellier-France) en tant que formatrice de formateurs sur les stages à l’année et le stage pédagogique d’été. Spécialiste des approches dites « non conventionnelles », des techniques de classe, du français sur objectifs spécifiques et de l’enseignement-apprentissage des langues étrangères aux enfants. Des jeux et des activités ludiques … Pour QUOI faire ? On en parle ! On en veut ! On en crée ! En 2004, Le Monde de l’Education et Les Sciences Humaines lui ont consacré des dossiers. En 2006, c’est au tour des Cahiers Pédagogiques de lancer un appel à contribution. Le jeu a le vent en poupe dans le domaine de la formation professionnelle et, en ce qui nous concerne plus particulièrement ici, de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères (à titre anecdotique : une simple recherche « jeux et activités ludiques » sur Google nous propose 646 000 résultats). Ce n’est pas un scoop, ferez-vous remarquer avec raison, tout juste un constat, l’approche communicative ayant largement ouvert la brèche, il y a un quart de siècle de cela… Les effets « bénéfiques » du jeu, ou plutôt de l’utilisation qui en est faite, sont reconnus par leurs utilisateurs : apprenants et pédagogues, mais également par les psychologues et les thérapeutes. Erik Pigani, psychologue et auteur de l’article intitulé « pourquoi les adultes ont besoin de jouer », paru en 2001 dans la revue Psychologies nous rappelle que si, chez l’enfant, le jeu est un moyen de structuration de la personnalité, d’apprentissage de la vie, de découverte des autres, de développement des facultés d’imagination, de logique, d’adresse physique ; chez l’adulte le mécanisme psychologique est différent qui repose sur le fait que le jeu favorise l’oubli de soi. Associé au plaisir, il permettra de se dépasser et d’être créatif. Et d’après une étude portant sur les conditions psychologiques qui favorisent le travail, réalisée par un professeur de psychiatrie californien, « les joueurs arrivent à mieux se concentrer et sont plus productifs que les autres » ; ajoutons qu’ils sont aussi certainement plus heureux que les autres !! Pour le formateur en entreprise et spécialiste de la créativité Hubert Jaoui « Les créatifs, qui s’amusent et sourient, savent que la réalité est flexible. Ils ont donc du plaisir à jouer avec elle pour, sans cesse, la recréer. Si on prend l’existence trop au sérieux, on se prive du pouvoir de la modifier. Jouer est un besoin fondamental pour la santé mentale et la créativité ». Mais retournons en classe et à l’utilisation pédagogique du jeu, les bénéfices susceptibles d’être retirés de cette pratique sont nombreux… à condition de respecter certains préalables : évidents pour tout un chacun, cela va sans dire : - bien connaître et maîtriser les différents types de jeux, les ressorts de ceux-ci, les avantages et… les limites de leur utilisation. - Bien connaître son public, les besoins de celui-ci, le contexte et les ressources dont on dispose. 46 | 1ère Rencontre Difusión FLE - Avoir en tête des objectifs d’enseignement et d’apprentissage clairement définis. - Choisir le jeu parce que c’est le support idoine à ce moment-là de la progression. - Etre soi-même créatif (vous allez rapidement avoir des idées et des envies de production), tolérant (oui, un peu de bruit dans la classe est plutôt bon signe, non ?), dans l’échange et la mutualisation (si vous travaillez avec des collègues vous vous constituerez très rapidement une banque de jeux importante, ce qui évitera le découragement tant la fabrication est chronophage). - Avoir présent à l’esprit que cette pratique va avoir pour conséquence (souhaitable !!) un changement de « statut » de l’enseignant, accepter cette nouvelle donne, développer de nouvelles compétences. Le jeu au service d’une pédagogie active et motivante Quand on évoque le jeu, ce sont les notions de plaisir (synonyme pour les esprits chagrins ou méfiants de « non sérieux ») et de spontanéité qui viennent à l’esprit en premier lieu. Le jeu favorise les échanges linguistiques authentiques dans la classe de langue à la faveur d’interactions entre les apprenants et permet de mettre en place des situations d’apprentissage dédramatisantes (parce que l’enjeu —et l’attention de l’élève— sont déplacés sur autre chose) et implicantes (parce que « collant » aux centres d’intérêts des élèves, à leurs compétences ; à leur désir d’agir, d’avoir un rôle à jouer dans le groupe, d’avoir la possibilité de choisir ce rôle parmi d’autres, parce que l’élève peut mobiliser ses compétences et les mettre au service d’un projet collectif, qui aura fait l’objet de négociation le cas échéant). Pour les futurs acteurs sociaux que sont les enfants et adolescents, les jeux coopératifs en particulier, développent l’esprit d’initiative et d’entre aide, le « faire-ensemble » ; est-il abusif de dire que nous travaillons alors sur des objectifs de citoyenneté ? À vos jeux ! Prêts ? Partez ! Des jeux, oui, mais QUELS jeux ? Le philosophe Roger Caillois, dans « Les jeux et les Hommes » (3) distingue quatre catégories de jeux répondant chacune à une fonction psychologique dominante : - la compétition (Agôn) - le hasard (Alea) - le simulacre (Mimicry) - le vertige (Ilinx) Ce sont principalement les trois premières fonctions qui vont être sollicitées dans la mise en place de jeux et activités ludiques visant à : - instaurer un climat de confiance et de détente, assurer la cohésion du groupe : par exemple les activités « brise-glace », - mieux se connaître, mieux connaître les autres, trouver sa place dans le groupe en explorant le langage du corps : les jeux non verbaux, les jeux faisant intervenir la gestuelle et les mimiques, des activités basées sur la multi sensorialité, des activités de théâtralisation, - créer de bonnes conditions de réception et de production orales : jeux sur la voix, sur le rythme, la phonétique, la prosodie, - favoriser et stimuler les interactions, la communication : les activités communicatives basées sur la recherche et l’échange d’informations, les jeux de rôles, la simulation globale. Dans le cadre d’un jeu collectif par exemple (imaginons un rallye), le découpage en tâches successives à accomplir (par chacun des participants ou chacune des équipes) va donner du sens aux activités : l’élève s’implique dans ce qu’il fait, dans ce qu’il dit, intéresse son auditoire ; les moments d’échanges entre groupes sont intenses, car utiles : chacun des sous-groupes, ou le groupe classe, a besoin des informations transmises pour avancer dans le projet. La perspective actionelle : Tâches et projets | 47 Parce que, répétons-le, quel que soit le projet, sa finalité reste identique : il s’agira toujours d’impliquer l’élève dans la réalisation de tâches langagières concrètes dont il perçoit le sens et la cohérence de l’enchaînement. ********************************************************************************* Déroulement de l’atelier Vous l’aurez peut-être anticipé… ? Je vous demanderai votre participation active ! Il s’agira en effet d’explorer, dans les limites du temps qui nous est imparti, différentes pistes, de pratiquer les activités proposées, de réagir, échanger, s’enrichir mutuellement… Menu du jour - Mise en bouche : des activités « brise-glace » - Plat du jour : des jeux et des activités ludiques pour travailler des objectifs linguistiques - « Trucs et ficelles » pour animer la classe ? - Synthèse, vos réactions « à chaud », commentaires, propositions. Nous aurons recours à une partie de notre « boîte à outils » : jeux traditionnels et jeux du commerce, adaptés et/ou détournés, jeux « maison » (en particulier lorsque nous travaillons sur des objectifs langagiers), petit matériel pour l’animation… Pour compléter ces propositions, nous vous invitons à consulter les excellents parcours pédagogiques (« jeux et activités ludiques », « simulation globale ») en ligne sur le site franc-parler.org. Biblio-sitographie très sélective Caillois, Roger, Les Jeux et les hommes, le masque et le vertige.- éd. revue et augmentée.- Paris : Gallimard, 1967.- 373 p.- Idées [1ère éd. : 1958]. Fournier, Martine, À quoi sert le jeu ?- Sciences Humaines, août septembre 2004, n° 152, pp. 19-45. Dossier -l’Empire des jeux.- Le Monde de l’Education, décembre 2004, n° 331, pp. 18-37. Quelques recueils d’activités Augé, Hélène - Jeux pour parler, jeux pour créer Paris : clé international, 1989 Basset-Clidière, Martine - Le guide marabout des jeux d’intérieur Alleur (Belgique) : Marabout,1988 Bellanger, Françoise - La grammaire amusante Paris : Retz, 1995 Caré, Jean-Marc - Jeu, langage et créativité Paris : Hachette, 1991 Caré, Jean-Marc - Jeu et techniques d’expression Paris : CIEP-BELC, 1995 Debyser, Francis - Cartes noires Paris : BELC Frattini, Stéphane - Copain des jeux Toulouse : Milan, 1999 (une vraie mine !) Lamblin, C. - La grammaire en scènes, Paris : Retz, 1995 Rivais, Yak - Pratique des jeux littéraires en classe, Paris : Retz-Nathan, 1993 Rivais, Yak - Jeux de langage et d’écriture, Paris : Retz, 1992 Weiss, François - Jeux et activités communicatives dans la classe de langue, Paris : Hachette, 1983. Weiss, François -Jouer, communiquer, apprendre Paris : Hachette, 2002 Yaiche, Francis - Photos Expressions Paris : BELC, 1990 48 | 1ère Rencontre Difusión FLE Les sites « incontournables » - Le jeu en classe de langue ; ce site de l’académie de Limoges est une vraie mine d’or ; fiches pédagogiques détaillées à imprimer : http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/cddp_eile/thema/presentation.htm - EduFLE : pour les parcours pédagogiques http://www.edufle.net - De même que franc-parler.org : voir en particulier les parcours sur l’utilisation du jeu et des activités ludiques en classe (« faites vos jeux ») et sur la simulation globale. http://www.franc-parler.org - …Sans oublier le cartable connecté que Martine Dubreucq enrichit chaque mois de ses trouvailles, pour notre plus grand plaisir. http://www.fle.fr/pro/ressources/sites-spe.html La perspective actionelle : Tâches et projets | 49 Atelier : De la tâche globale aux micro-tâches Yves-Alexandre Nardone Diplômé de l’Institut européen de distribution et négociation de Toulouse et du Centre international d’études pédagogiques (CIEP). Directeur des cours à l’Institut Français de Saragosse. Membre des jurys nationaux du DELF et du DALF et examinateur des certifications de la CCI de Paris. Professeur et coordinateur pédagogique à l’ESEC (Barcelone) et à la Chambre de Commerce Française de Barcelone. Les participants auront pour mission d’élaborer le schéma d’une unité didactique à partir d’une tâche globale : la recherche d’un emploi et/ou d’un stage en France. En groupe, les participants devront décomposer la tâche en une série d’étapes ou micro-tâches. Pour chacune d’elles, ils feront l’inventaire des compétences —langagières ou non— que les apprenants devront mettre en œuvre pour les mener à bien. Ensuite, ils formuleront des propositions d’activités formatrices pour les doter de ces compétences. Enfin, des points de contrôle (auto-évaluation et évaluation) seront définis pour aboutir à un canevas de travail (unité didactique) favorisant le plus possible l’autonomie des apprenants. Le document de départ proposé, l’Optique marketing de la Recherche d’Emploi, servira de colonne vertébrale à nos réflexions dans la mesure où il recouvre l’ensemble des étapes de la recherche d’emploi. En fin de séance, nous rapprocherons les résultats de nos recherches de la perspective actionnelle du CECR dans ses trois axes : Apprendre, Enseigner, Évaluer. Documents de travail Document 1 : Optique marketing de la recherche d’emploi Bilan personnel et professionnel Projet de vie et projet professionnel Stratégie de recherche d’emploi Outils (CV et lettre de candidature) Suivi Entretien d’embauche Emploi 50 | 1ère Rencontre Difusión FLE Document 2 : Extraits adaptés du test de personnalité de Porot Facilité dans la prise de décisions 1. Refuse d’en prendre 2. Se réfugie dans l’analyse 3. Prend systématiquement des décisions 4. Décide souvent 5. Se décide rapidement et de façon juste Autorité 1. Jamais respecté 2. A du mal à se faire obéir 3. Obéi parce que craint 4. Naturellement respecté 5. On lui demande souvent d’arbitrer Adaptabilité 1. N’accepte jamais les changements 2. Assez rigide 3. Accepte les nouvelles situations 4. Assez flexible 5. Toujours à l’aise où il se trouve Aptitude à la communication 1. Très isolé 2. A du mal à communiquer 3. Comprend et se fait comprendre 4. Aime parler et qu’on l’écoute 5. Très écouté. Sait très bien parler. Ambition 1. Très passif 2. Cherche peu à se réaliser 3. Ambitieux à la mesure de lui-même 4. Désire fortement progresser 5. Va droit au but Concentration 1. A du mal à se concentrer sur un sujet 2. Papillonne facilement 3. Ne se distrait pas facilement 4. Très concentré 5. Son attention est toujours en éveil Aptitude à animer 1. Incapable dans ce domaine 2. Se sent mal à l’aise à la tête d’un groupe 3. peut animer si on le lui demande 4. Fonctionne bien 5. Animateur né Relations humaines 1. Glacial 2. Assez froid 3. Banal 4. Met en confiance 5. Vraiment chaleureux Anxiété 1. Très anxieux 2. Anxieux 3. Un peu nerveux et tendu 4. Souvent calme 5. Très calme Discipline 1. Ne cède jamais 2. Caractère très indépendant 3. Peut céder 4. Accepte les règles 5. Obéit toujours Aptitude à rédiger 1. Inhibé face au papier 2. A du mal à rédiger 3. Lettres et rapports bien rédigés 4. Agréable à lire 5. Rédige avec facilité et précision Dynamisme 1. Suiveur 2. Accompagnant 3. Quelques impulsions 4. Souvent actif 5. Toujours en avant Aptitude à s’exprimer 1. Confus et soporifique 2. Un peu ennuyeux 3. Exprime bien les choses 4. Expose de façon claire 5. Sobre, précis et convaincant Émotivité 1. Vibre pour tout et pour tous 2. Réagit souvent aux événements 3. Bon autocontrôle 4. Les événements l’affectent peu 5. Toujours impassible Sens de l’Argumentation 1. Incapable d’expliquer un sujet 2. Mauvais 3. Relativement clair 4. Très persuasif 5. parvient toujours à convaincre Esprit d’équipe 1. Rejette le travail en équipe 2. S’intègre avec difficulté à un groupe 3. Accepte le travail en groupe 4. Bon élément de groupe 5. Canalise et stimule les groupes La perspective actionelle : Tâches et projets Goût du risque 1. Inhibé 2. Le rejette dès qu’il peut 3. Pas très sûr de lui-même 4. L’accepte volontiers 5. Le recherche Sens de la hiérarchie 1. Insoumis 2. Obéit à contrecœur 3. Obéit en apparence 4. Docile 5. Très respectueux Sens de l’humour 1. Toujours déprimé 2. Lunatique 3. Sobre 4. Plutôt gai malgré les aléas 5. Toujours en forme Indépendance 1. Incapable de travailler seul 2. A besoin d’être suivi de près 3. N’aime agir qu’au sein d’un cadre 4. Travaille bien mieux seul 5. Adore travailler seul Méthode 1. Sans aucune méthode 2. Assez désordonné 3. S’efforce d’être méthodique 4. Travaille avec logique et rigueur 5. Très organisé pour tout Aptitude à la négociation 1. Discute très mal 2. Peu diplomate 3. Aime marchander 4. Aime bien négocier 5. Excellent commerçant Sens de l’observation 1. Nul 2. Perçoit rarement les choses 3. Attention toujours en éveil 4. Observe bien 5. Capte toujours tout Ordre 1. Désordonné 2. Bricoleur 3. S’efforce d’être ordonné 4. Ordonné 5. Soigneux, voire méticuleux Ouverture aux autres 1. Fermé 2. Méfiant | 51 3. Prudent, mais sait s’ouvrir 4. Assez ouvert 5. Très ouvert Ouverture d’esprit 1. Fermé 2. N’aime pas les changements 3. Perméable aux nouvelles idées 4. Ravi d’accepter les changements 5. Recherche les changements Persévérance 1. Abandonne facilement 2. S’efforce de tenir 3. Tient bon si on l’encourage 4. Résiste bien aux échecs 5. Tenace jusqu’au bout Ponctualité 1. Toujours en retard 2. Souvent en retard 3. Parfois en retard 4. Rarement en retard 5. Presque jamais en retard Réaction aux critiques 1. Ne supporte aucune critique 2. Se fâche facilement 3. Susceptibilité contrôlée 4. Réagit intelligemment 5. Toujours ouvert au progrès Santé 1. Souvent malade 2. Fragile 3. Bon organisme 4. Fort et résistant 5. Ignore la maladie Stabilité 1. Très touche-à-tout 2. Incapable d’aller au bout des choses 3. Arrive à se contrôler 4. Stable 5. Très équilibré Tact 1. Aucun tact 2. Souvent maladroit et lourd 3. Gaffeur sympathique 4. Habile 5. Excellent négociateur Timidité 1. Blocage maladif, inhibé 2. Manque de confiance en lui-même 3. Se domine bien 4. A plus de courage qu’un torero 5. Extraverti 52 | 1ère Rencontre Difusión FLE Document 3 Pages 46 et 47 de Rond-Point 2 –Unité 5 La perspective actionelle : Tâches et projets | 53 54 | 1ère Rencontre Difusión FLE Document 4 Pages 52 et 53 de Rond-Point 2 La perspective actionelle : Tâches et projets | 55 56 | 1ère Rencontre Difusión FLE Document 5 Quelques adresses Internet spécialisées - Le Bottin – Base de donnée sur les entreprises http://www.bottin.fr - INPI – Pour déposer une marque http://www.inpi.fr - Les Échos – Version en ligne du journal d’actualités économiques http://www.lesechos.fr - Agence pour la création des entreprises – Toutes les informations pour la monter http://www.apce.com - Chambre de Commerce de Paris http://www.ccip.fr - Chambre de Commerce Française de Barcelone http://www.camarafrancesa.es - CFCE – Centre Français du Commerce extérieur http://www.cfce.fr - BNF – Bibliothèque Nationale de France http://www.bnf.fr - CNAM – Conservatoire National de Arts et Métiers http://www.cnam.fr - ANPE - Agence Nationale pour l’emploi http://www.anpe.fr - APEC – Agence Pour l’Emploi des Cadres http://www.apec.fr La perspective actionelle : Tâches et projets Document 6 Des films à voir et à exploiter sur le monde du travail Attention danger travail Français - 2003 - 1h49 - Couleur Un documentaire de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe. Distribution : Cp Productions / Cara M Violence des échanges en milieu tempéré Français - 2003 - 1h39 – Couleur Une comédie dramatique de jean-Marc Moutout Avec Jérémie Renier, Laurent Lucas, Cylia Malki, Olivier Perrier. Distribution : Les Films Du Losange Ressources humaines Français - 1999 - 1h40 - Couleur Une comédie dramatique de Laurent Cantet Avec Jalil Lespert, Jean-Claude Vallod, Véronique de Pandelaere, Chantal Barre. Distribution : Haut et Court Distribution Le couperet Français - 2004 - 2h02 - Couleur Un film dramatique de Costa Gavras Avec José Garcia, Karin Viard, Ulrich Tukur, Olivier Gourmet. Distribution : Mars Distribution Riens du tout Français - 1992 - 1h35 – Couleur Une comédie de Cédric Klapish Avec Fabrice Luchini, Karin Viard, Daniel Berloux, Jean-Pierre Darroussin. Distribution : Mkl Distribution L’emploi du temps Français - 2001 - 2h12 – Couleur Une comédie dramatique de Laurent Cantet Avec Aurélien Recoing, Karin Viard, Serge Livrozet. Distribution : Haut et Court | 57 58 | 1ère Rencontre Difusión FLE 7 JOURS SUR LA PLANèTE, un dispositif interactif multimédia pour apprendre le français avec tv5monde Isabelle Morieux Enseignante de FLE et formatrice de formateurs au CAVILAM. A participé à la mise en place de la démarche « Apprendre & Enseigner avec TV5Monde ». Animatrice des formations dans ce domaine au CAVILAM et à l’étranger dans le cadre de missions du MAE (Ministère des Affaires Etrangères). Intervient régulièrement pour le CIEP pour des journées de formation d’enseignants de FLE et sur l’approche pédagogique des médias. Michel Boiron, Directeur du CAVILAM, [email protected]. Présentation par Isabelle Morieux, CAVILAM, [email protected]. 7 jours sur la planète est le dernier né des outils pédagogiques mis en place par TV5MONDE pour soutenir l’enseignement du français. Ce dispositif interactif multimédia permet de travailler la compréhension écrite et orale à partir de séquences d’un journal télévisé tout en participant à une éducation progressive aux médias. Le projet constitue une vraie innovation pédagogique accessible gratuitement qui associe l’acquisition de la langue française à une ouverture sur le monde. L’utilisation régulière du dispositif va conduire les apprenants, adolescents ou adultes, à progresser rapidement dans les compétences visées et à développer des stratégies adéquates. Cette acquisition se fait ici en lien étroit avec l’actualité et les tâches proposées permettent d’accéder aux documents dès le niveau élémentaire. De prime abord d’accès difficile, les documents proposent une immense diversité de contenus, mais révèlent rapidement une construction reconnaissable et répétitive, une fréquence importante de certains mots et expressions qui reviennent toujours, car ils appartiennent au même genre, les séquences d’un journal télévisé : en moins de deux minutes l’information essentielle sur un sujet choisi doit être transmise de manière compréhensible et intéressante pour le téléspectateur. TV5MONDE, la chaîne francophone internationale et les enseignants La chaîne francophone TV5MONDE a été créée en 1984. Elle diffuse sur huit signaux différents dans le monde entier des émissions françaises (France 2, France 3, France 4, France 5, Arte et l’INA), belges (RTBF), suisses (TSR) et canadiennes (consortium de chaînes québécoises : Télé-Québec et Radio-Canada) ainsi que ses propres productions essentiellement consacrées à l’information. Ces émissions constituent pour le professeur de français un flux continu de documents authentiques télévisuels utilisables en classe. En parallèle à la diffusion télévisée, la chaîne dispose d’un site Internet extrêmement riche : www.tv5.org. La perspective actionelle : Tâches et projets | 59 Depuis 1995, la chaîne a initié un dialogue intense avec ses usagers enseignants et apprenants de français et développé avec diverses institutions pédagogiques (essentiellement le CAVILAM, mais aussi le CIEP, les Alliances françaises et la CCIP) une démarche pédagogique appelée « apprendre et enseigner avec TV5MONDE » destinée à faciliter l’utilisation pédagogique de ses émissions dans le cadre de la classe de français. Cette démarche est accessible gratuitement en ligne sur le site de la chaîne. Elle comprend : - le dispositif 7 jours sur la planète ; - des fiches pédagogiques génériques sur les émissions régulières de la chaîne ; - l’abonnement à une lettre pédagogique rédigée par le CAVILAM qui propose des activités pédagogiques précises sur une émission diffusée quelques jours après l’envoi de la lettre ; - une lettre d’information qui alerte les enseignants sur la diffusion d’émissions susceptibles de les intéresser particulièrement ; - des fiches pédagogiques hebdomadaires sur des clips vidéos sous-titrés diffusés chaque semaine dans le cadre d’une émission : « Paroles de clips » - des parcours pédagogiques sur différents supports disponibles sur le site : Cités du monde, Mains et merveilles, etc. - un forum d’échanges d’expériences pour les enseignants. 7 jours sur la planète, un journal télévisé accompagné d’une démarche pédagogique multiforme 7 jours sur la planète est avant tout un journal télévisé hebdomadaire dont l’objet est de proposer un regard sur les faits marquants de la semaine écoulée. Il est présenté par sa rédactrice en chef, Valérie Tibet, enregistré le vendredi matin et diffusé en Europe le samedi à 8h23. (Vite ! A vos magnétoscopes !) Ce journal et son accompagnement pédagogique sont le fruit d’une collaboration étroite de TV5MONDE avec la direction de la coopération internationale et du français du ministère français des Affaires étrangères (Dgcid), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Les contenus pédagogiques sont réalisés en alternance par le CAVILAM (Centre d’Approches vivantes des Langues et des Médias) et l’Alliance française de Bruxelles (AFBE). 60 | 1ère Rencontre Difusión FLE Une démarche pédagogique pour l’auto-apprentissage et le face à face pédagogique Plusieurs utilisations de 7 jours sur la planète ont été prévues dès le départ : soit en autonomie chez soi pour l’apprenant, soit en salle informatique ou multimédia en autoapprentissage individuel ou tutoré ou encore dans le cadre de la classe habituelle. En auto apprentissage indépendant, chaque internaute peut aller sur le site de TV5MONDE et s’exercer régulièrement et gratuitement à réaliser les exercices proposés en ligne. Le matériel nécessaire pour en profiter est relativement basique : il suffit d’avoir un ordinateur et un accès Internet. Les logiciels Realplayer et Acrobat Reader nécessaires pour lire les fichiers textes, sons ou les images sont en téléchargement gratuit. Dans le cadre d’une salle informatique ou multimédia, ces exercices peuvent être réalisés individuellement ou à deux. Le professeur joue ici un rôle de tuteur et se déplace de poste d’élève en poste d’élève pour apporter son soutien à la réalisation des exercices. Cette démarche peut marquer une étape afin d’inciter les élèves, adolescents ou adultes, à continuer eux-mêmes un entraînement à domicile s’ils ont le matériel. Dans la classe habituelle, deux hypothèses sont possibles : la présentation des séquences choisies et enregistrées le samedi matin avec un magnétoscope et un téléviseur et l’utilisation de copies des feuilles de travail proposées, ou bien, pour les chanceux, la vidéo projection avec un ordinateur avec accès et des enceintes pour le son. L’image est alors projetée sur le mur ou sur un écran. L’idée du visionnage en direct a évidemment un fort impact motivationnel sur les élèves. Un dispositif interactif multimédia 7 jours sur la planète a été conçu dès le départ pour être utilisé dans le cadre de l’enseignement du français : il est donc entièrement sous-titré en français, les sujets choisis touchent le monde entier ; aucune connaissance préalable de l’actualité ou des protagonistes cités n’est supposée connue par le téléspectateur. Le journal est archivé pendant quinze jours sur le site www.tv5.org et accompagné d’un dispositif complet pour l’apprentissage du français. Le sommaire et chaque séquence du journal sont accessibles directement sans être obligé de tout regarder. Chaque semaine, le dispositif pédagogique comprend : - le sous-titrage et le visionnage possible du journal en ligne sujet par sujet ; - trois séquences didactisées pour trois niveaux de connaissance linguistique : A2 (élémentaire), B1 (intermédiaire) et B2 (avancé) selon l’échelle des niveaux du Cadre européen commun de référence (CECR) ; - des outils complémentaires pour pouvoir utiliser facilement d’autres séquences du journal. La perspective actionelle : Tâches et projets | 61 La didactisation de chaque séquence contient : - la transcription des messages linguistiques contenus dans la séquence (voix off, prises de parole de témoins, d’acteurs impliqués dans l’information, etc.), cette transcription est associée à un système hypermédia de traduction qui permet d’avoir la traduction de chaque mot instantanément dans 21 langues ou sa définition en français ; - un résumé de la séquence ; - 6 exercices interactifs autocorrectifs (2 par niveau) ; - 3 feuilles de travail (une par niveau) imprimables et photocopiables pour une utilisation directe en classe ; - 3 fiches professeurs (une par niveau) pour indiquer clairement les objectifs du cours, proposer des corrigés aux exercices interactifs, suggérer des scénarios de classe et inviter l’enseignant(e) à réfléchir sur les pratiques pédagogiques suggérées ; - l’accès direct à la séquence qui peut être visionnée autant de fois qu’on le souhaite en faisant les exercices. Le dispositif dans son ensemble reste en ligne quinze jours avant d’être remplacé par la nouvelle émission actuelle. 62 | 1ère Rencontre Difusión FLE Les exercices interactifs autocorrectifs Deux exercices autocorrectifs par niveau sont proposés pour chaque séquence. On retrouve ici une typologie d’exercices relativement habituelle mais agrémentée d’un accès direct au document lui-même et souvent de captures d’images extraites de la séquence : questions à choix multiples, glisser – déposer, vrai – faux, remettre dans l’ordre, textes à trous avec réponse ouverte ou textes à trous indiquant le nombre de lettres du mot recherché, textes à trous avec deux ou trois propositions de réponses à insérer, zones à cliquer pour identifier des mots appartenant à un champ sémantique, etc. L’élève travaille à son rythme et selon sa stratégie personnelle. Il réalise l’exercice puis obtient une évaluation quantitative des réponses justes et fausses avec un écran d’aide qui lui donne une indication pour trouver les bonnes réponses, par exemple, pour un texte à trous : « N’hésitez pas à faire des pauses dans votre écoute du reportage. Les phrases proposées suivent l’ordre du reportage. » L’apprenant a alors le choix soit de reprendre l’exercice et de tenter de trouver les réponses restantes, soit de regarder les solutions. Les auteurs sont attachés à diversifier le plus possible les exercices proposés afin d’éviter toute accoutumance excessive et à réellement acquérir les compétences visées. La perspective actionelle : Tâches et projets | 63 Les exercices interactifs combinent divers objectifs : - la compréhension écrite : au niveau A2, par exemple, la compréhension de la consigne écrite et des phrases proposées comme items constituent déjà un exercice en soi ; - la compréhension orale : chaque exercice proposé associe la séquence du journal télévisé à une tâche, une action - par exemple, identifier des mots qui ont été prononcés dans la séquence - et facilite ainsi l’accès au sens ; par ailleurs, comme plusieurs exercices s’appliquent à chaque séquence, l’apprenant est conduit à visionner plusieurs fois le document et ainsi à améliorer sa compréhension ; - une éducation progressive aux médias : les exercices mettent en scène une vision active dans laquelle on prend conscience de tous les éléments constitutifs de la séquence du journal télévisé : identité et statut des locuteurs, lieux, bruits, structure de la séquence ou du montage, importance du commentaire en voix off, relations entre les informations linguistiques et l’image, etc. Les fiches élèves Souvent, les enseignants n’ont que peu de temps pour se préparer et rédiger des documents de travail pour leurs élèves sur des sujets d’actualité. 7 jours sur la planète propose donc d’associer en même temps le document source et du prêt à enseigner. Aux compétences visées de compréhension orale et écrite, s’ajoute ici l’expression écrite. Des propositions de corrigé des exercices sont données dans la fiche professeur correspondante. Les fiches élèves sont conçues pour un cours de 45 à 50 minutes et sont constituées d’une page unique recto comprenant une succession de tâches pour les apprenants. Elles sont imprimables, photocopiables et directement utilisables en classe. Elles sont remplies soit individuellement, à deux ou en petits groupes par les apprenants. Pour chaque séquence choisie dans l’émission, le professeur dispose de 3 feuilles de travail adaptées au niveau de ses élèves. (Voir annexe A, un exemple de feuille de travail du 4 novembre 2006 sur une séquence concernant Georges Brassens.) Les fiches professeurs De nombreux professeurs n’utilisent jamais de document télévisuel en classe. Parmi ceux qui font entrer ce type de documents dans leurs cours, une enquête réalisée par TV5MONDE en 2005 a révélé que 66% d’entre eux travaillaient avec les infos. La séquence de journal télévisé apparaît donc comme un document privilégié pour le face à face pédagogique. Beaucoup d’enseignants restent cependant relativement démunis méthodologiquement pour pouvoir se sentir à l’aise face à leurs élèves. Pour répondre à ces interrogations légitimes, TV5MONDE a donc décidé de soutenir les enseignants dans leur réflexion et de leur apporter une aide concrète avec la rédaction de véritables scénarios de classes. Trois fiches professeurs sont donc consacrées à chaque séquence choisie dans 7 jours sur la planète. Elles sont rédigées pour rappeler les objectifs visés, proposer des déroulements de cours et contribuer à l’autoformation ou la formation des enseignants de français. Elles contiennent des suggestions de réponses pour les activités demandées aux élèves et apportent aussi souvent que possible des éléments pour une réflexion interculturelle. (A titre d’exemple, voir l’annexe B, la fiche professeur du 4 novembre 2006 concernant la séquence sur Georges Brassens) 64 | 1ère Rencontre Difusión FLE Les outils complémentaires Avec un peu d’attention, on se rend rapidement compte que certains thèmes ou sujets reviennent régulièrement dans l’actualité et sont dès lors traités de manière à peu près équivalente d’une fois à l’autre : des élections, des événements culturels, un exploit sportif, un sujet de santé, le décès d’une personnalité qui conduit à reprendre sa biographie, etc. Ces sujets sont donc par définition prévisibles. On constate aussi qu’il est possible d’aborder le même document à des niveaux de connaissance linguistique différents : c’est la tâche qui détermine le niveau de difficulté et non uniquement le document. Une séquence télévisuelle contient par définition des informations visuelles et sonores qui contribuent à la construction du sens tout autant que le message linguistique. Les activités proposées explorent en conséquence la totalité des informations. C’est donc sur ces deux principes que sont construites les fiches génériques proposées dans le cadre des outils complémentaires. Chaque fiche traite d’un sujet fréquemment représenté dans les séquences du journal télévisé et donne plusieurs démarches possibles à plusieurs niveaux. Très utiles pour la formation ou l’autoformation des enseignants, ces fiches permettent aussi de travailler facilement avec de très nombreuses séquences du journal télévisé. Ce qui compte alors, c’est d’aider les apprenants à mettre en place des stratégies de compréhension qui touchent non pas un seul document mais des types de documents. Quand enseigner c’est apprendre Au-delà de toutes les qualités pédagogiques qui aident à l’apprentissage et l’ensei gnement du français que ce soit en classe ou hors classe avec un support inhabituel et novateur, 7 jours sur la planète place l’enseignant(e) dans un parcours très privilégié qui le situe lui-même ou elle-même en situation d’acquisition de connaissances. Le professeur continue à apprendre le français actuel avec ses élèves, il poursuit son perfectionnement. A travers l’actualité de chaque semaine, il est placé au cœur des événements du monde, il se cultive, il acquiert des connaissances factuelles. Il entre ainsi lui-même dans une relation nouvelle avec le savoir qui donne du sens à son activité et qui par conséquent ajoute du sens à la relation pédagogique professeur / élève. Enfin, avec 7 jours sur la planète, la langue est porteuse de contenu, d’information et de savoir. L’acquisition linguistique devient l’appropriation d’un outil au service de la compréhension du monde. Sites Internet www.TV5.org www.cavilam.com www.leplaisirdapprendre.com La perspective actionelle : Tâches et projets Annexe A : documents apprenants | 65 66 | 1ère Rencontre Difusión FLE La perspective actionelle : Tâches et projets | 67 68 | 1ère Rencontre Difusión FLE La perspective actionelle : Tâches et projets | 69 Annexe B : documents enseignant 1 70 | 1ère Rencontre Difusión FLE � � � � 2 La perspective actionelle : Tâches et projets | 71 3 Avec la collaboration de : Cette Rencontre aura lieu à l’adresse suivante : Institut d’Educació Contínua Balmes, 132 08008 Barcelone en métro : station Diagonal en train : station Provença Mise en page : Oscar García Ortega Institut d’Educació Contínua - Services Culturels de l'Ambassade de France - Délégation Générale des Alliances Françaises en Espagne - La Maison du Québec - Institut européen de français (IMEF) - Groupement FLE.FR - Centre d'Approches Vivantes des Langues et des Médias (CAVILAM) - TV5MONDE - Institut Français de Barcelone - Chambre de Commerce et d’Industrie Française de Barcelone - Universidad Politécnica de Valencia - Le Petit Journal - Champagne Taittinger - Bodegas Julian Chivite - Le chic de Barcelone - Gallina Blanca