FAMILLE DU CŒUR DE DIEU - Centre spirituel de la Pomarède

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FAMILLE DU CŒUR DE DIEU - Centre spirituel de la Pomarède
FAMILLE DU CŒUR DE DIEU
Lettre Bien-aimé Jésus
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Le 06. 02. 2005
Patient dans l’épreuve
et persévérant dans la prière
Voilà une prière essentielle. Elle nous fait demander au Seigneur la force
d’assumer dans une confiance inébranlable en son amour les difficultés, les
adversités et les contrariétés qui ne manquent pas de se dresser sur le chemin de
notre existence quotidienne. Cette prière s’enracine dans la conviction que Dieu
est le Maître de la création. À cause de cela rien de ce qui s’y passe ne saurait
échapper à sa connaissance ni à son pouvoir. Il sait tout et domine chaque
événement de notre histoire, le bien comme le mal. Mais parce que nous croyons
que Dieu est Père, qu’il nous aime et désire notre bonheur nous avons la certitude
que rien de ce qui nous arrive, aussi négligeable soit-il, n’est étranger à sa
présence d’amour, « même nos cheveux sont tous comptés » (Lc 12,6-7) et pas un
ne tombe de notre tête sans qu’il le veuille ! (cf. Mt 6,25-34)
Forts de cette espérance, nous savons que nous pouvons toujours compter sur lui.
Il ne peut nous décevoir puisque nous mettons notre confiance en lui. Dieu est
fidèle ! Quoi qu’il arrive, quoi que nous fassions, quel que soit notre malheur ou
notre faute, le Seigneur ne nous abandonnera jamais à notre détresse (cf. Ps 26).
Il sera toujours à nos côtés pour tirer le bien le meilleur du mal qui nous atteint.
Telle est le fondement de l’espérance et de la confiance qui sont à la base de la
prière des psaumes : « Un pauvre crie, le Seigneur entend ». L’amour de Dieu en
faveur de l’homme ne connaît aucune éclipse ni aucune limite. Il suffit de le croire
de tout son cœur et de nous y référer sans cesse.
Patient dans l’épreuve (2 Tm 2,24)
« Le serviteur du Seigneur doit être… patient dans l’épreuve. » (2 Tm 2,2)
L’épreuve n’épargne personne, mais la façon de la vivre diffère selon que l’on est
croyant ou non. Celui qui prétend être serviteur du Seigneur doit se conformer à
son modèle, le Serviteur annoncé par Isaïe (52,13 à 53,12), serviteur incarné dans la
Personne de Jésus-Christ et dont l’unique objectif est de faire la volonté de son
Père :
« Tu n’as voulu ni sacrifice, ni oblation, mais tu m’as façonné un corps…
Alors j’ai dit : « Voici je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté. » (He 10,5-6)
Le choix de nous rendre disponibles comme Jésus l’a été pour accomplir la volonté
du Seigneur quelles qu’en soient les circonstances implique de notre part un
abandon amoureux et inconditionnel à celui que nous désirons servir. Un tel choix
ne se conçoit que dans la mesure où nous nous savons follement aimé du Père :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » (Mt 3,17) et dans la
mesure où nous croyons à son amour fidèle, plus fort que toutes nos infidélités.
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Lettre Bien-aimé Jésus
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Heureux l’homme qui endure l’épreuve (Jc 1,12)
Confrontés que nous sommes aux limites de notre fragilité humaine, appelés à le
vivre dans un monde marqué par le péché, ce choix, bien qu’il soit noble et
généreux, ne nous met pas à l’abri de l’épreuve, bien au contraire ! Si l’apôtre
Jacques estime que celle-ci est une chance pour l’homme, l’intérêt de l’épreuve
n’est pas dans la souffrance ou dans les difficultés qu’endurent ceux qui la
supportent, mais dans le résultat obtenu par ceux qui, grâce à leur fidélité, sont
vainqueurs de l’épreuve : « Une fois testés, ils recevront la couronne de la vie
promise à ceux qui L’aiment. »
Saint Jacques, à l’instar de beaucoup de croyants de la Bible, considère l’épreuve
comme une occasion offerte à l’homme d’exercer sa liberté, de montrer sa fidélité à
l’Alliance, de manifester son attachement confiant au Seigneur envers et contre
tout et, finalement, de lui témoigner son amour. On peut effectivement, en ce senslà, considérer l’épreuve comme un bien. Nous retrouvons cette même perspective
dans le sermon sur la montagne où Jésus déclare solennellement que celui qui est
patient dans l’épreuve à cause du Royaume est appelé au bonheur et que Dieu luimême sera son bonheur. (Mt 5,1-12)
Mais de quelle épreuve parlons-nous ? Que mettons-nous sous ce mot ?
Globalement, on pourrait appeler épreuve tous ces événements ou ces attitudes,
ces adversités et contrariétés qui rendent notre vie difficile, voire insupportable, qui
font obstacle à notre croissance humaine, affective, professionnelle, sociale,
spirituelle etc. Ce mot recouvre une multitude de réalités humaines douloureuses
conséquentes à notre péché ou indépendantes de notre volonté qu’il est
impossible d’énumérer, mais qui sont à l’origine de toutes ces blessures qui nous
font souffrir et viennent contredire notre droit fondamental à être heureux comme
les déficiences liées à notre condition de créatures : la maladie, la mort etc. Ou
comme ces événements incontrôlés et incontrôlables que sont les cataclysmes, les
guerres etc. (cf. Par ses blessures nous sommes guéris, édition La Pomarède)
Suivre les traces du Christ
« Si, après avoir fait le bien, vous souffrez avec patience, c’est là une
grâce aux yeux de Dieu. Or c’est à cela que vous avez été appelés, car
le Christ a aussi souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que
vous suiviez ses traces. » (I Pi 2,21)
Jésus est notre modèle. Il ne vit pas l’épreuve comme un hasard ou une fatalité :
« C’était écrit ! C’est le destin ! » , mais comme un appel à aller jusqu’au bout de
l’amour. Puisque le Père est présent à tout ce qu’il vit (cf. Mt 6,6-7) et que son
amour accompagne ses moindres faits et gestes, il reconnaît en chaque
circonstance de sa vie, y compris dans l’épreuve, la présence fidèle et aimante de
son Père. Pour lui, tous les événements sont « paroles de Dieu » et contiennent un
appel à aimer, à se dépasser sans cesse pour faire sa volonté. Jésus ne subit pas
la volonté de son Père, mais comme le dit l’épître aux Hébreux (5,7-8), il s’offre à lui
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librement pour l’accomplir et assumer dans l’amour les épreuves et les difficultés
liées aux limites humaines de son incarnation. Cette volonté profonde d’offrande de
soi par amour conditionne et donne sens à tous les événements et aux souffrances
qu’il supportera dans la suite. Dès lors, chacun d’eux sera pour lui l’occasion
d’aimer le Père et de sauver les hommes.
L’homme patient tient bon jusqu’à son heure (Si 1,23)
Être patient dans l’épreuve, c’est tenir bon dans l’adversité et ne pas baisser les
bras ni se décourager devant une difficulté qui s’éternise ou qui s’amplifie. C’est
supporter les contrariétés et les souffrances de notre vie en regardant Jésus et en
adoptant la même motivation que lui : l’amour du Père et des frères. C’est vivre
l’épreuve, la persécution, le rejet, l’humiliation ou l’incompréhension comme lui
dans la dignité, avec douceur et maîtrise de soi, sans révolte ni agressivité, sans
murmure ni plainte, sans récrimination et surtout sans mettre Dieu au défi de nous
arracher à la souffrance qui nous angoisse (cf. Mt 4,1-11 & 27,39-49). C’est comme lui
croire à l’amour fidèle du Père, lui remettre notre vie et demeurer sereins, certains
que rien ni personne ne nous arrachera de sa main. Qu’importe alors si nous ne
comprenons pas ce qui nous arrive ! Puisque le Père sait tout de nous et qu’il
connaît les tenants et les aboutissants de notre vie, que cela nous suffise pour
nous abandonner à lui dans la confiance, avec la certitude qu’il est toujours avec
nous dans l’épreuve et que son amour de Père ne nous fera jamais défaut.
Être patient dans l’épreuve n’a donc rien à voir avec la passivité de celui qui la
subit comme une réalité inévitable : « On ne peut rien y faire ! » ni avec la
fainéantise de celui qui invoque la confiance pour se croiser les bras en disant :
« Je suis sûr du Seigneur ! Attendons ! » Au contraire ! la patience nous engage à
collaborer activement à l’heure de Dieu par une soumission confiante et une
adhésion amoureuse aux événements qui nous appellent à aimer envers et contre
tout : « Aide-toi et le ciel t’aidera ! » Patience rime avec espérance et confiance (cf.
Lc 13,6-9). L’épreuve nous pousse dans nos derniers retranchements et nous oblige
à aller jusqu’au bout de l’amour. Elle nous fait certes grandir dans la foi, dans la
fidélité et la générosité, mais la patience, en nous rendant attentifs aux signes qui
annoncent l’heure de Dieu, fait de nous des collaborateurs avisés qui attendent
tout de lui, mais qui agissent comme si tout dépendait de nous.
Soyez assidus dans la prière (Col 4,2)
La Bible foisonne d’exemples de femmes et d’hommes qui sont sortis vainqueurs du
creuset de l’épreuve grâce à leur confiance en Dieu. Mais chaque fois, ils le doivent à
leur persévérance dans la prière. Parmi eux citons : Joseph (Gn 37 + 39 à 46) ; Judith
(Jdt 8 à 15) ; les trois jeunes gens dans la fournaise (Dn 3) ; Daniel dans la fosse aux
lions (Dn 6) ; Suzanne (Dn 13) ; Tobie ; Job ; Eléazar (2 M 6,12) ; les sept frères (2 M 7) ;
le Serviteur (Is 52,13 à 53,12) ; Etienne (Ac 8,54-60) et Paul (Ac 16.16-34) etc.
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Mais le témoignage absolu nous est donné par Jésus durant son agonie à Gethsémani et
pendant sa Passion. C’est en priant avec persévérance et en répétant inlassablement ces
mêmes paroles : « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux », que Jésus traverse
l’épreuve et en sors victorieux. L’angoisse le tourne vers le Père qui seul a le pouvoir de l’en
délivrer. Il ne lui demande pas de lui épargner la souffrance, mais la force de l’affronter. Il ne
peut remporter ce combat que dans la prière et par la prière, car la prière le relie au Père en
qui il puise la force d’aller jusqu’au bout de sa mission, jusqu’au bout de l’amour.
Jésus nous montre par là que le seul moyen de faire face à l’épreuve, surtout quand elle
nous écrase, est de persévérer dans la prière. Plus celle-ci est difficile et douloureuse, plus
la prière doit être assidue. Hélas ! combien abandonnent la prière au moment où ils en
auraient le plus besoin sous prétexte que cela ne sert à rien. Quand tout bascule dans leur
vie, au lieu de s’interroger sur le sens des événements qui les bousculent comme la mort
d’un être cher, une rupture ou un échec que la prière n’a pas réussi à empêcher, ils
s’enferment dans une révolte stérile contre Dieu ou les autres : l’Etat, les proches etc. La
révolte est normale, mais elle est mortifère si on ne la dépasse pas en priant humblement. Si
par la prière nous avons le droit de crier au Seigneur notre détresse, nous avons la certitude
qu’en l’appelant à notre secours, il nous accompagne et nous donne l’aide nécessaire pour
vivre notre épreuve avec lui. L’épreuve est toujours un défi lancé à notre foi en l’amour fidèle
de Dieu. Le seul moyen de relever ce défi est de prier sans cesse (I Th 5,17 & Ep 5,20) :
« Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation » (Mt 26,41) et de continuer
à prier envers et contre tout, car la prière si pauvre soit-elle agit en nous comme le goutte à
goutte : elle nous relie à Dieu et maintient en nous sa vie.
Je me souviens de cet homme totalement coupé de l’Eglise depuis plus de quarante ans. Il
avait accepté, quelques semaines avant de mourir, de me recevoir pour se réconcilier avec
Dieu. Profondément blessé et révolté par certaines façons de faire du clergé local, il avait
abandonné toute pratique religieuse, mais me confiait-il : « Même si je n’allais plus à la
messe, j’ai fait tous les jours la prière que ma mère m’avait apprise. » C’était peu de chose
sans doute, mais par cette humble prière, il n’a jamais cessé d’être rattaché à Dieu. Elle a été
pour lui comme le feu sous la cendre. Il a suffi que quelqu’un le rallume pour faire renaître
cet homme à l’espérance et à la vie. Aussi, quoi qu’il arrive, quels que soient notre vie, notre
passé ou notre péché, on est toujours digne de prier. N’abandonnons jamais la prière. Tant
que nous prions, nous tenons la main de Dieu et rien ne peut nous séparer de lui.
P. Henri CALDELARI msc
Écoutons la Parole de Dieu
1.
2.
3.
4.
Is 52,13 à 53,12 + Ps 21 et 39
He 4,14 à 5,1-3 + 5-9
I P 2,19-25
Mt 26,36-46 + Lc 11,5-13 & 18,1-8
: Le Serviteur de Dieu
: Patient dans l’épreuve
: Suivre les traces du Christ
: Persévérant dans la prière
Laissons-nous interpeller par la Parole de Dieu
Nous pourrions pendant ce temps du Carême être attentifs aux divers textes et
exemples bibliques proposés dans cette lettre. En quoi et comment leurs
situations peuvent-elles nous rejoindre dans notre vécu et nous aider à affronter
nos épreuves ? Connaissons-nous autour de nous des exemples semblables ?
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