Zibeline n° 92 en PDF

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Zibeline n° 92 en PDF
92
ZIBELINE
JOURNALZIBELINE.FR
du
23.01 au
26.02.2016
2€
Société
festivals
Critiques
Métropole Aix-Marseille
Théâtre à la Maison centrale
Mais où va la France ?
Les Élancées Fest’hiver
Télémaque Les Hivernales
Reevox Festival Parallèle
Mustafa Benfodil
Cartographie algérienne au MuCEM
Nos livres du mois
T H É Â T R E
J O L I E T T E
M i n o T E R i E
SCÈNE CONVENTIONNÉE
POUR LES EXPRESSIONS
CONTEMPORAINES
2 place Henri Verneuil
13002 Marseille
saison III
2015-2016
Métro 2 Joliette
Tram T2 et T3 Euroméditerranée
Bus 35, 55, 82
HANOkH LEVIN / dAVId STROSbERg
kVs / BRUXELLEs
« Ce qui est merveilleux dans ce théâtre, c’est que les personnages ont beau
être des affreux, ils sont en même temps profondément sympathiques. Leur
dimension caricaturale y est bien sûr pour quelque chose. La précision et l’humour
phénoménal des interprètes jouent un rôle essentiel dans la réussite de cette satire
aussi méchante que désopilante. » Hugues Le Tanneur - Libération
JEUdI 25 fÉVRIER 20h
V E N dR E dI 2 6 fÉVRIER 20h
SAMEdI 27 fÉVRIER 19h
aU THéâTRE JoLiETTE-MinoTERiE
www.theatrejoliette.fr
04 91 90 74 28 / [email protected]
photo © Danny Willems
JANVIER
FÉVRIER
2016
RETROUVEZ ZIBELINE ET VOS INVITATIONS
SUR NOTRE SITE JOURNALZIBELINE.FR
Mensuel payant paraissant un samedi par mois
Édité à 16 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé
Édité par Zibeline
BP 90007 13201 marseille Cedex 1
Dépôt légal : janvier 2008
SORTIR
de l’hébétude
S
e taire, face à la récupération en cours de l’extrême droite ? Se taire, face au
soupçon de racisme, au repli identitaire, aux sourires goguenards du type
je vous l’avais bien dit ?
Imprimé par Riccobono
2015 entamée et conclue par les traumatismes des attentats islamistes, ouvre
Crédit couverture : Alouette sans tête © Yann Marquis
sur des vœux 2016 bien difficiles à prononcer. Ankara, Paris, Ouagadougou et
Conception maquette
Tiphaine Dubois / Alouette sans tête
le réveillon de Cologne nous ont acheminé vers une année nouvelle, et l’ère de
l’hébétude.
Directrice de publication & rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected] 06 09 08 30 34
Rédactrice en chef adjointe
Dominique Marçon
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Secrétaire de rédaction
Delphine Michelangeli
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Aujourd’hui la presse compte les morts. Aujourd’hui la presse dénombre les
agressions sexuelles, les plaintes, les pourcentages de réfugiés parmi les suspects. Les européens progressistes savent qu’ils ont perdu le combat, et les réfugiés venus chercher la paix en Europe rasent les murs. La presse compte, et
ne sait plus comment commenter.
Après Cologne elle s’est tue. Scandaleusement. 776 plaintes, dont
ARTS VISUELS
Claude Lorin
[email protected]
l’essentiel pour délits sexuels. Ces femmes ont vécu un enfer que
LIVRES
Fred Robert
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MUSIQUE ET DISQUES
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CINÉMA
Annie Gava
[email protected]
06 82 84 88 94
chacun minimise, comme si leurs tenues, leur désinvolture, la
proximité de leurs corps (un bras de distance !) les rendaient quelque part coupables. Le sempiternel soupçon
06 20 42 40 57
06 86 94 70 44
92
face au viol et aux attouchements.
On les écoute avec gêne. La police allemande a camouflé
Élise Padovani
[email protected]
les faits, brouille aujourd’hui les pistes en ne distinguant pas
André Gilles
[email protected]
les plaintes pour viol, pour agression sexuelle, pour agression
ÉDITO
06 25 54 42 22
simple, pour vol. Elle compte, comme la presse, sans penser, hébétée.
De fausses photos de victimes circulent sur Internet. La désinformation
Polyvolants
Chris Bourgue
[email protected]
Maryvonne Colombani
[email protected]
06 03 58 65 96
06 62 10 15 75
Gaëlle Cloarec
[email protected]
est totale, et on ne sait si ces agressions qui ont eu lieu simultanément dans
plusieurs villes ont été téléguidées, ou spontanées.
Où va-t-on, vers quel chaos, vers quels dénis ? Les agresseurs de Cologne ne
sont pas des réfugiés, ce sont des criminels, a déclaré la Chancelière qui ferme
Marie-Jo Dhô
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Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected] 06 64 97 51 56
Jan Cyril Salemi
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les frontières. Les terroristes ne méritent pas d’être Français, déclare Manuel
Valls qui établit des degrés de citoyenneté en décrétant qui peut la perdre. Le
Front national et Pegida se frottent les mains, et osent de monstrueux amalgames entre réfugiés, musulmans, et sexisme criminel.
Maquettiste
Philippe Perotti
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Mais pourquoi taire que certains Musulmans ont un rapport aux femmes pro06 19 62 03 61
Directrice Commerciale
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La régie
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Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy,
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Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn
Administration
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blématique ? Certes l’Islam n’en est pas responsable, certes ils ne sont pas les
seuls, mais nier Cologne est une infamie. Et revient à renoncer à vivre vraiment
ensemble, tous, en progressant vers l’autre. À laisser la place à ceux qui attisent
la haine et instrumentalisent ces violences, contre lesquelles plusieurs centaines
d’habitantes de Cologne ont officiellement porté plainte.
AGNÈS FRESCHEL
sommaire
92
SociÉtÉ
Métropole Aix-Marseille, épisode 1 [P.6-7]
Théâtre à la Maison centrale d’Arles [P.8-9]
Vœux à la presse de Christian Estrosi [P.10]
Vœux à la presse de Jean-Claude Gaudin [P.11]
Politique culturelle
Dispositif régional « Trop puissant » [P.12]
Fermeture annoncée de l’École de Paysage [P.13]
Entretien avec Raymond Yana, président AF&C [P.14]
Expo du MuCEM [P.15]
Théâtres Liberté et Châteauvallon labellisés [P.16]
Port des créateurs Toulon [P.17]
© Creative Commons
Évènements
MuCEM [P.18-19]
Festival Reevox [P.20]
Festival Télémaque [P.21]
Festival Parallèle [P.22]
Opera Mundi, Villa Méditerranée [P.23]
Festival Les Élancées [P.24]
Festival Greli Grelo [P.25]
Fest’hiver, Festival Hivernales [P.26-27]
Flying Cow, Cie De Stilte © Hans Gerritsen
critiques
Théâtre, rencontres [P.28-30]
Musique [P.32]
Smashed © Ludovic des cognets
au programme
Musiques [P.34 À 38]
Spectacles [P.43 À 61]
Ainsi soit-il, exposition Andres Serrano, Collection Lambert, déc 2015
© Delphine Michelangeli
Arts visuels [P.68 À 71]
livres [P.72-76]
patrimoine [P.78]
6
société
MÉTROPOLE OU MONOPOLE ?
SERPENT DE MER, FANTASME, FANTÔME, DEPUIS DES ANNÉES,
UNE MÉTROPOLE QUI REGROUPERAIT LES TERRITOIRES D’AIX,
MARSEILLE ET LES ALENTOURS RESTE DU DOMAINE VIRTUEL...
V
ieil idéal nourri par de nombreux
acteurs économiques et politiques, sa
réalisation s’est toujours heurtée à des
freins et de vives polémiques qui n’ont jamais
permis la moindre avancée. Depuis 2014, tout
semblait pourtant réglé. Le gouvernement,
par sa réforme territoriale, actait le principe
définitif de l’aire métropolitaine Aix-Marseille-Provence. La nouvelle entité verrait le
jour le 1er janvier 2016, c’était certain. Sauf
que... Ici, c’est pas pareil !
Loin d’être
nourricière pour ses
« enfants » alentour,
Marseille jouerait
plutôt les ogresses
Dans le premier volet de ce dossier -qui en
comptera deux autres, à paraître dans les
prochains numéros de Zibeline- nous allons
tenter de cerner cette métropole, ses enjeux,
et les barrages qui la laissent au point mort.
Un peu d’étymologie éclaire parfois sur une
situation. À la racine du mot « métropole »,
les termes grecs « mêtêr », mère, et « polis »,
ville. Autrement dit, une métropole serait
une vaste « ville-mère », enveloppante et
nourricière. Dans l’idéal. Dans les faits, ici,
la réalité est moins idyllique. Sur le territoire provençal, pour imager le propos, il
y aurait une ville-mère, Marseille. Et loin
d’être nourricière pour ses « enfants » alentour, Marseille jouerait plutôt les ogresses.
Ses enfants, refusant de se laisser faire, lui
résistent farouchement. D’autant plus qu’il
y a bien longtemps qu’ils se sont émancipés
de cette vieille mère, coincée entre collines
et mer. Pendant que Marseille stagnait
dans l’immobilité, eux ont grandi, se sont
développés, enrichis, et il n’est pas question
aujourd’hui qu’ils se laissent avaler par la
marâtre. L’idée d’une métropole, ils n’y sont
pas forcément hostiles. Ce qu’ils refusent,
c’est qu’elle se transforme en monopole, qui
servirait en priorité les intérêts de Marseille.
Ceinture rouge
Ailleurs en France, la notion de métropole
s’est développée bien des années avant que
la forme devienne une entité administrative officielle. Dans des villes comme Lyon,
Toulouse, Rennes ou Lille, le déséquilibre
entre la ville phare et ses satellites est bien
moins marqué qu’ici. Les passerelles entre les
territoires ont été de longue date facilitées,
encouragées, et les métropoles y ont vu le jour
à la date prévue, en janvier 2015. La situation en Provence est en fait un héritage des
gestions politiques successives de Marseille,
qui, au lieu de collaborer avec ses voisines, a
fait le choix initial de s’en couper.
À l’origine de ce choix, il y a la volonté de
Gaston Defferre, qui régna sur la ville entre
1953 et 1986, et qui, par tactique politique,
refusa l’ouverture vers ce qui était alors une
« ceinture rouge ». Quand, dans les années 60,
une communauté urbaine du Grand Marseille
fut envisagée, le maire s’y opposa, par crainte
de donner trop de poids aux villes communistes des environs. Martigues, Port-de-Bouc
à l’ouest, Berre, Septèmes au nord, Aubagne
à l’est. Marseille resta donc repliée sur ellemême, sans pour autant se développer. L’autre
« ceinture rouge » d’alors était un caillou déjà
bien assez encombrant dans la chaussure de
Defferre. Elle regroupait les quartiers nord
de la ville, du 13e au 16e arrondissements, et le
vote de leurs habitants, populaires, ouvriers,
issus de l’immigration, penchait très à gauche.
Inutile de risquer d’accroître l’influence communiste en s’ouvrant au-delà des collines.
Tandis que les autres villes de France amorçaient des regroupements avec leurs voisines,
Marseille se figea sur elle-même et prit 30
ans de retard. En son sein même, l’inertie
dominait, et les quartiers rouges furent laissés
pour compte et enclavés, tels qu’ils le sont
encore aujourd’hui. En 2016, pour traverser
la ville du nord au sud, aller de Saint-Antoine
à Luminy, en transports en commun ou en
voiture, il faut à peu près autant de temps
que pour se rendre de Marseille à Nîmes.
Le rassemblement tardif, en 1992, de 18 communes autour de Marseille-Provence-Métropole ne suffit pas à combler le fossé déjà
creusé. Quant à la gestion de Jean-Claude
Gaudin, maire depuis 1995, elle a aggravé
les fractures du territoire marseillais, tandis
qu’autour les communes se regroupaient et
accéléraient leur développement, laissant
Marseille à la traîne.
Désaccords majeurs
Aujourd’hui, la métropole, censée fonctionner depuis le 1er janvier, concerne 1,8 millions
d’habitants et 92 communes, réparties sur
six entités : Marseille-Provence-Métropole, Pays d’Aubagne et de l’Étoile, Pays
d’Aix, Pays de Martigues, Ouest Provence
et Salon-Etang de Berre-Durance. Ces entités, devenues des conseils de territoire, sans
personnalité morale, ont fusionné sous la
bannière Aix-Marseille-Provence. En théorie.
À SUIVRE
Dans les prochains numéros de Zibeline, vous trouverez la suite de notre dossier. En février, nous évoquerons plus en détail les objectifs de la métropole,
en recueillant les avis de ceux qui y sont favorables. Quelle est son importance
pour l'unité du territoire, quel rôle peut-elle tenir pour amorcer des réalisations
en matière de transports ou d'urbanisme. Enfin, en mars, nous donnerons la
parole aux opposants. Quelles sont leurs raisons, pourquoi élus de droite et de
gauche se rejoignent dans ce combat et quelles sont leurs propositions.
7
3
5
2
6
1
1 - MARSEILLE-PROVENCE
1 045 823 hab.
131 conseillers métropolitains
4 - PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ÉTOILE
103 497 hab.
16 conseillers métropolitains
2 - PAYS D’AIX
382 690 hab.
55 conseillers métropolitains
5 - OUEST PROVENCE
98 113 hab.
10 conseillers métropolitains
3 - SALON - ÉTANG DE BERRE - DURANCE
140 879 hab.
21 conseillers métropolitains
6 - PAYS DE MARTIGUES
70 457 hab.
7 conseillers métropolitains
En réalité, la métropole est bloquée, et c’est
parti pour durer.
Les précédentes entités avaient des compétences qui variaient selon chacune. La métropole sera un bloc et dictera la ligne des transferts de compétences issus des communes, des
départements, de la région ou de l’État. Au
lieu de réduire le fameux mille-feuille territorial, elle ajoutera sa couche. Difficile d’en
connaître les détails, d’autant qu’une période
transitoire est prévue jusqu’en 2018, mais la
métropole aura des compétences obligatoires
qui seront de fait retirées aux communes.
Dans des domaines aussi vastes que le développement économique, social et culturel,
l’habitat ou l’environnement. Bon nombre
de communes craignent d’être absorbées et
livrées à tel ou tel intérêt stratégique, sans
prise pour résister.
Largement majoritaires parmi les 92 maires
concernés, les opposants à la création de la
métropole, et surtout à la prédominance de
Marseille sur son fonctionnement, ont usé de
tous les rouages pour la mettre à l’arrêt. En
tête de la fronde, Maryse Joissains, maire
d’Aix, et présidente du riche Pays d’Aix.
Elément majeur de discorde, le nombre
démesuré de conseillers communautaires
attribués à Marseille, grâce à un amendement
initié par le sénateur Gaudin : 108 sur 240,
quand Aix n’en comptera que 17, Aubagne,
Martigues ou Salon, à peine 5, et toutes les
villes de moins de 20 000 habitants, un seul.
Le maire de Marseille, convaincu de son
affaire, pensait pourtant prendre les rênes
de la métropole au 1er janvier, et voir venir.
Dans des circonstances rocambolesques,
il en avait été finalement élu président en
novembre.
Mais en décembre le Conseil d’État prononce
la suspension de la métropole, en raison
notamment de cette répartition déséquilibrée
des conseillers. D’ici fin février, le Conseil
constitutionnel doit statuer définitivement
sur cette question. Coup de grâce pour Gaudin, le 7 janvier, le Tribunal administratif de
Marseille annule son élection, toujours au
motif de cette répartition, véritable faille
ouverte pour les opposants. La décision est
contestée en appel auprès du Conseil d’État,
4
qui mettra des mois avant de livrer son verdict. L’appel étant suspensif, le président
annulé considère qu’il dirige toujours une
institution dont la mise en œuvre a été suspendue ! Avec, pour conclure cet imbroglio,
la question de qui payera les 7500 fonctionnaires territoriaux. La métropole, qui n’existe
pas, assure Gaudin. Les six communautés
de communes, qui n’existent plus, certifie
Joissains. Non, vraiment, ici, c’est pas pareil...
JAN-CYRIL SALEMI
8
société
À LA FIN D’UNE ANNÉE OÙ LA CONFIANCE EN LA NATURE
HUMAINE A ÉTÉ MISE À RUDE ÉPREUVE, LA PLUS DURE DES
PRISONS A DÉLIVRÉ UN MESSAGE D’ESPOIR.
THÉÂTRE L
SOUS ÉCROU :
CROIRE EN LA
PERFECTIBILITÉ
HUMAINE
a Maison Centrale d’Arles est un établissement pénitentiaire particulier.
Une des neuf prisons françaises qui hébergent les condamnés aux peines les plus
longues. 135 détenus y vivent chaque jour
l’enfermement, 230 personnes y travaillent,
et si la préoccupation essentielle est la sécurité, la surveillance, il s’agit également
d’y préparer une lointaine sortie, et d’éviter
la récidive. C’est-à-dire, profondément, de
faire évoluer les détenus, pour la plupart
coupables d’homicides ou d’assassinats :
57% y purgent des peines de plus de 20 ans,
dont 13% à perpétuité, et les condamnés à
des peines plus courtes sont en Maison Cen-
ojic
tS
cen
© Vin
trale pour juguler la violence manifestée en
centre de détention, ou lors de tentatives
d’évasions. Il est donc question, puisqu’ils
sont enfermés sans perspective tangible de
sortie, même provisoire, que leur séjour
entre ces très hauts murs soit vivable, et que
leur violence y soit apprivoisée.
À la Maison Centrale d’Arles, le théâtre
a déjà accompli ce petit miracle. À la fois
modeste et immense, parce qu’il dit, mieux
que tout, ce que le rapport à la culture et
à l’art peut changer. Deux représentations
ont eu lieu, les 29 et 30 décembre, d’une
pièce écrite par un condamné, Jean Ruimi,
et jouée par lui et six de ses codétenus. Il
a commencé à l’écrire aux Baumettes, où
il purgeait ses premières années de peine
avant d’être transféré en Centrale. Là,
en arrivant, il l’a fait lire à la directrice,
Christine Charbonnier, et lui a demandé
s’il pouvait la monter avec des codétenus,
sans présence extérieure. Elle l’a lue, et a
accepté de les laisser travailler sans surveillance, seuls.
Après plusieurs mois en autonomie, en
panne d’un savoir faire qu’ils ne soupçonnaient pas, ils ont demandé si des professionnels pouvaient les aider. Et JeanMichel Gremillet, ancien directeur de la
scène nationale de Cavaillon qui mène de
nombreux projets culturels dans les prisons,
a demandé à Joël Pommerat de venir. Ce
que l’un de nos plus grands metteurs en
scène a accepté, accompagné de Caroline
Guiela Nguyen. Il est venu les faire travailler plusieurs fois par mois, et elle plus
souvent encore ; eux se sont réunis trois
après-midis par semaine, pendant 15 mois,
puis tous les jours les derniers temps. Les
théâtres d’Arles, de Cavaillon, de Valence,
ont pourvu aux lumières, au son, et conçu
un décor, modeste. Et le 29 décembre, les
lourdes et nombreuses grilles de la prison se
sont ouvertes, successivement, longuement,
pour que quelques familles, quelques journalistes, quelques professionnels de théâtre,
entrent dans cet univers hallucinant qu’est
une prison hyper sécurisée, et s’assoient aux
côtés de détenus dont certains visages nous
sont familiers, pour regarder d’autres détenus nous parler, à travers une fiction à peine
décollée de leur réel, de ce qu’ils vivent en
prison.
9
Sortir dedans
Car Désordres d’un futur passé met en
scène des prisonniers lourdement condamnés, et qui ne cessent de s’évader. Pas en hélicoptère ou en prenant des otages, non, en
laissant leur esprit s’envoler au cours d’un
rêve éveillé, en imaginant qu’ils gagnent
au loto et peuvent enfin manger d’énormes
steaks ou être généreux avec leurs proches,
en construisant une machine à voyager dans
le temps pour se projeter vers la fin de leur
peine... Parlant sans cesse, à toute vitesse,
les comédiens s’affrontent, se coupent la
parole, exigent de l’autre un respect qu’ils
ont du mal à s’accorder, une écoute dont
ils sont à peine capables. Mais ils communiquent, jouent, bougent, rient, sont totalement investis, eux qui, aux dires de Jean
Ruimi, avaient auparavant du mal à prononcer ne serait ce qu’un mot en public.
Les dialogues et leurs relations sonnent
juste, d’une vérité qui n’est pas celle du
théâtre, mais celle de non-dits douloureux.
Car ce dehors qu’ils imaginent et désirent
est menaçant : projetés par erreur dans un
camp de concentration nazi, ils échouent à
sortir de l’enfer carcéral et la fin de la pièce,
où le personnage principal dit adieu à ses
camarades parce qu’il est finalement libérable, raconte aussi combien il est difficile
de revenir au réel, sans avoir gagné au loto,
et en laissant les autres derrière, dedans.
Dehors, dedans. D’un mur à l’autre, comme
des humains en cage, ces comédiens de deux
jours arpentent le court plateau d’un atelier
de confection transformé pour l’occasion
en étroite scène de spectacle. Après le spectacle ils disent que le théâtre leur a permis
Les dialogues et leurs
relations sonnent juste,
d’une vérité qui n’est
pas celle du théâtre,
mais celle de non-dits
douloureux
de « tout laisser dehors », les coups durs de
la vie carcérale, les mauvaises nouvelles,
pour se ménager un espace à eux. Ils parlent
aussi de cet autre lieu à eux, l’Unité de Vie
Familiale où ils ont le droit parfois, durant
48 heures, de retrouver leur famille, sans
surveillance. L’un parle de ce fils qu’il ne
connait que grâce à cette UVF parce qu’il
avait 6 ans lorsqu’il a été arrêté : il vient de
passer son bac, et son père en est fier, parce
que « l’éducation, l’instruction, est la chose
la plus précieuse à donner ». Lisaient-ils,
faisaient-ils du théâtre, avaient-ils une pratique artistique avant la prison ? Aucun, ni
l’auteur ni les autres, mais chacun y trouve
une liberté qu’il veut continuer à goûter,
parce qu’elle a canalisé ses émotions, fabriqué du lien entre eux, ouvert une porte vers
le monde.
Généraliser l’expérience
« Jamais je n’avais eu autant le trac que
quand j’ai vu que les gradins étaient
pleins », avouent plusieurs d’entre eux. Ni
à leur procès, ni durant leur vie criminelle,
ces hommes n’ont éprouvé d’émotion aussi
forte que lors de ces représentations. Des
membres de l’administration pénitentiaire et du cabinet de Christiane Taubira
étaient là, pour partager cette expérience.
Est-elle reproductible ? La culture et l’art
ne sont pas absents des prisons, de nombreux ateliers, d’écriture, multimédia, photographiques, existent.... mais il s’agit là
d’une initiative personnelle, porté par un
désir singulier, qui parle de l’enfermement
et de l’évasion. Peut-on imaginer de généraliser un dispositif aussi exceptionnel ?
Jean Ruimi et ses compagnons sont persuadés qu’il faut le faire, et disent qu’ils sont capables d’aller plus loin, de jouer autre chose,
de travailler à mettre en place des théâtres
dans toutes les maisons centrales, et dans
tous les centres de détention qui hébergent
de plus courtes peines. Au vu de l’efficacité humaine tangible de l’expérience, on ne
peut que le souhaiter à nos établissements
pénitentiaires qui s’en trouveraient pacifiés,
et à notre société qui aurait moins à craindre
de la violence des 77 000 personnes qui vivent
actuellement sous écrou, et sont destinées à
recouvrer leur liberté un jour.
Quant au théâtre, qu’y gagne-t-il ? La dé-
« Jamais je n’avais
eu autant le trac que
quand j’ai vu que les
gradins étaient pleins »,
avouent plusieurs
d’entre eux
monstration éclatante de son utilité sociale
et humaine, de ses vertus réformatrices,
mais pas seulement. Formellement l’enfermement, les murs, la lumière et ses noirs
coupants, la parole qui libère vraiment
l’émotion et permet d’imaginer une histoire, l’espace du jeu qui figure un ailleurs
qu’on ne peut atteindre ou connaître, tout
cela est son enjeu même. Il est commun
à tous, et il est urgent de recommencer à
partager cette essence dramatique, en libérant les pratiques. En prison, partout où
les hommes et les femmes travaillent, rient
et souffrent. Pour retrouver ce que le jeu
met en jeu, que Joël Pommerat cherche si
finement dans son théâtre professionnel, et
que ces amateurs si particuliers ont su, malgré leur fébrilité souvent maladroite, faire
surgir avec force dans l’atelier de confection d’une des prisons les plus sécurisées de
France.
AGNÈS FRESCHEL
10
société
LES 100 JOURS
DE CHRISTIAN ESTROSI
N
apoléon s’était donné 100 jours pour
arracher la France à la monarchie
restaurée, et le premier Président Socialiste avait, en 1981, augmenté le SMIC
de 10%, abaissé la retraite à 60 ans, octroyé
une 5e semaine de congés payés, et fait passer les lois Auroux sur le travail...
Parler de Cent Jours n’est donc pas neutre !
et Christian Estrosi affirme ainsi ses ambitions politiques de changement. Républicain, dit-il, confirmant ainsi le programme
élaboré avant le premier tour, et le désir
rassembleur qu’il avait affirmé après : il
veut améliorer la situation économique par
l’investissement vers les entreprises, et renforcer la sécurité dans les gares et les lycées,
mesures plutôt de droite ; il veut soutenir
l’économie sociale et solidaire, et renforcer le budget de la culture, mesures qui
relèvent traditionnellement d’une politique
de gauche.
Mais où sont nos repères dans un hémicycle où l’opposition est désormais le Front
national ? Affirmant qu’il ne passera aucun
compromis « avec quiconque a été élu sur ces
listes », Christian Estrosi veut organiser dès
le 29 janvier une « conférence territoriale »
avec l’opposition de gauche, composée « des
acteurs politiques, économiques, culturels, et des
intellectuels ». Il affirme également, devant
un parterre de journalistes, vouloir soutenir la presse, en particulier la presse écrite :
conscient de la crise qu’elle traverse, il se dit
aussi confiant dans son avenir.
Autant de marques de son attention à
rassembler.
dans une région désindustrialisée où l’offre
d’emploi s’amenuise...
Plus inquiets, aussi, quand il déclare vouloir faire 25% d’économie sur le budget de
fonctionnement de la Région. Vente de la
Maison de la Région ? Certes, mais ce n’est
pas en retirant leur téléphone portable ou
leur voiture de fonction au personnel qu’on
réduit son coût d’un quart... Une grande
part des dépenses est consacrée aux salariés
des lycées, personnels administratifs ou
techniques, et il est impossible de réduire
leurs salaires, indexés sur une échelle fixe
très basse, ou leur nombre, déjà insuffisant.
D’autant que Christian Estrosi y veut renforcer la sécurité.
L’annonce est donc peu réaliste : les dotations
d’État sont en baisse et la Région n’a pas de
recettes fiscales. Même si Christian Estrosi
veut renégocier le Contrat de Plan État
Région, on ne voit pas où il peut dégager
des marges...
« Relancer l’économie par l’investissement et
non par la consommation » ? Espérons qu’il
pourra trouver un équilibre budgétaire lui
permettant de financer les mesures nouvelles en matière de sécurité, de développement du réseau routier, de soutien aux
entreprises, sans amputer les budgets de
l’ESS et les mesures sociales que la région
a mises en place, dans les transports, les
lycées, les centres d’apprentissage.
Les moyens d’une politique
On est plus dubitatifs lorsqu’il déclare vouloir faire passer le chômage de 12% à moins
de 10% : il suit en cela le Medef qui affirme
que 25 000 emplois ne sont pas pourvus
dans la région, comme si les chômeurs ne
voulaient pas travailler, et qu’il suffisait
d’adapter la formation professionnelle,
« Je veux faire de
l’économie et des
économies, parce
que ma priorité
c’est l’emploi »
Et la culture ?
En matière de politique culturelle, une
vision fondée sur les retombées économiques directes peut amener à privilégier
certains événements rentables : la commission qui s’occupait auparavant de « la
culture et du patrimoine », s’appelle désormais « Commission du rayonnement culturel, du patrimoine et des traditions ».
Un changement notable de dénomination,
dont on espère qu’il n’augure pas d’un
désengagement envers la culture qui ne
rapporte qu’aux esprits, et au corps social..
AGNÈS FRESCHEL
© Claude Almodovar
PRÉSENTANT SES VŒUX À LA
PRESSE, LE NOUVEAU PRÉSIDENT
DE LA RÉGION PACA A DÉTAILLÉ
LES 12 TRAVAUX QU’IL SE PROPOSE
D’ACCOMPLIR EN CENT-JOURS.
HERCULÉEN, NAPOLÉONIEN OU
MITTERRANDISTE ?
11
Des vœux sportifs !
© X-D.R.
C’
est au Stade Vélodrome que JeanClaude Gaudin a accueilli la presse
pour sa cérémonie des vœux, qui
pourtant s’attacha surtout à expliquer sa
position sur les imbroglios de la métropole.
Il fut clair : l’appel est suspensif, la Métropole
existe bien depuis le 1er janvier, son élection à
sa tête reste effective, et les EPCI qui géraient
les groupement de communes n’ont plus
d’existence. Quant
aux raisons de la
fronde, il explique
qu’il ne la comprend pas, et que la
répartition des sièges
n’est pas à l’avantage
de Marseille (voir p
6 et 7). Sinon pour
l’essentiel, il fut
question de sport et
des victoires de Marseille en matière de
tourisme, de French
Tech, de développement économique dans une période difficile
où « le gouvernement nous a enlevé plus de 20
millions ». De culture il fut peu question : la
fermeture de l’Espaceculture fut expliquée
« parce que le lieu coutait trop cher et ne nous
satisfaisait pas » : le bâtiment serait sans doute
transformé en bureau municipal de proximité.
Le Maire évoqua ensuite la place importante
de la Culture dans le budget de la Ville. Mais
SCène Conventionnée
PôLe régionaL
de déveLoPPement CuLtureL
PôLe tranSfrontaLier
16:00
Chouz
Le Chagrin
danSe
Jazz
hadouk Quartet
ven 05 fev
sam 06 fev
oktobre
21:00
19:00
Cirque
cie oktobre
ven 26 fev
21:00
MARDI 2 FÉVRIER À 20H30
MERCREDI 3 FÉVRIER À 19H30
Création © breSt breSt breSt
21:00
Nous reviendrons dans Zibeline 93 sur
le Plan Lecture, ambitieux et historique,
que le Conseil Municipal a adopté suite
au rapport que la Ville avait demandé sur
les pratiques de lecture des Marseillais
Théâtre
cie Nathalie corNille
ven 29 jan
A.F.
LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119
mer 27 jan
il fut davantage question d’un Apple store, du
Hard rock Café, du fait que la ville est la plus
filmée de France après Paris, que du plan
lecture ambitieux que le Conseil Municipal
a pourtant adopté, et de la médiathèque de
Saint Antoine qui va enfin voir le jour.
On espère que la Mairie aura a cœur de souligner publiquement l’importance de ce plan à
destination des citoyens et non des touristes,
attentif à la vie des différents quartiers et des
besoins réels en matière de lecture publique :
Marseille a du retard a rattraper, et veut s’en
donner les moyens. Mais la culture ne semble
plus être un enjeu aussi important à la Mairie :
la ville veut avant tout être Capitale, du sport,
du foot, de l’art contemporain, du high tech,
des soaps à la française. Il s’agit d’attirer les
investissements. Peu importe avec quoi ?
théâtre
Mise en scène Caroline Guiela Nguyen
maCbeth / fatum
Cie Les Hommes Approximatifs
théâtre des crescite
infos résa 04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
©JeanLouis Fernandez
Mise en place d’une navette à partir de Marseille en collaboration
avec le Festival Parallèle le mardi 2 février 2016.
04160
Château–arnoux
Saint–auban
www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51
POLITIQUE CULTURELLE
À s’en faire péter
les oreilles !
de l’audition, et en montrant
UNE CATASTROPHE SANITAIRE ? laparphysiologie
un historique des musiques amplifiées
1 JEUNE SUR 4 EST ATTEINT DE pourquoi le volume a tant augmenté...
TROUBLES AUDITIFS DUS À UNE LES PRATIQUES DES JEUNES
Car le seuil de danger pour l’oreille se situe à
SUREXPOSITION SONORE !
C
elle-ci provoque une baisse nette
de l’audition, des acouphènes, une
hyperacousie, extrêmement gênants
et douloureux. En cause ? Le bruit trop élevé
dans certains milieux professionnels, mais
surtout leur écoute des musiques amplifiées,
sur baladeurs et en concert, l’usage constant
du casque ou des oreillettes, avec des volumes
sonores trop puissants, devant les ordinateurs,
ou même la nuit « pour s’endormir ».
Le dispositif Trop puissant mis en place par
la Région PACA vise à informer les premières
victimes, en s’adressant directement à eux.
Lycéens en Lycées généraux, Techniques
et Professionnels, apprentis en CFA, 4100
élèves de 82 établissements sont concernés
pour cette 14e édition. On leur explique grâce
à un matériel pédagogique clair les dangers
auxquels ils s’exposent (vidéos en ligne,
livret pédagogique, application smartphone
téléchargeable qui mesure les décibels en
temps réel, à l’écoute...), et surtout on les
convie à une séance concert où des musiciens,
cette année les groupes PinkNoColor et
Namaste!, les enjoignent à écouter autrement. En expliquant les techniques du son,
85 décibels, et le seuil de douleur à 120 : nous
ne savons pas quand notre oreille souffre. Les
lecteurs MP3 ont un volume maximum à 100
db, ce qui au-delà d’une écoute de 5 mn porte
atteinte à l’audition. De façon pernicieuse :
on ne s’habitue pas aux volumes trop élevés,
l’oreille ne s’endurcit pas, elle souffre... Or
on sait que la plupart des jeunes écoutent
On ne s’habitue pas
aux volumes trop
élevés : l’oreille ne
s’endurcit pas,
elle souffre
leur MP3 au maximum, pendant des heures,
qu’ils ne le quittent que pour se mettre devant
leur ordinateur, casque vissé sur les oreilles :
les formats compressés actuels égalisent les
diverses sources et brouillent l’écoute, en
particulier de la voix, et les jeunes montent
le son pour comprendre.
Quant aux volumes sonores des concerts,
© X-D.R
12
contrairement aux idées reçues, une seule
surexposition à 120 db peut suffire à détruire
un tympan. Or le son d’une batterie monte à
100 db, un public qui crie peut aller à 105, et
pour couvrir tout cela ou l’accompagner les
musiciens amplifiés montent le son...
La seule solution serait-elle les bouchons
d’oreille ? Un technicien de la Cité de la
Musique de Marseille, où 5 concerts avaient
lieu, expliquait que dans son métier on avait
généralement pris conscience du danger, et
que les musiciens étaient de plus en plus
nombreux à chercher des solutions pour baisser le son. En s’inspirant de la Scandinavie
où le volume sonore des salles est limité à
95db, en utilisant des batteries moins sonores,
des oreillettes, en soignant l’acoustique des
salles pour qu’on y entende bien sans monter
le son...
Eric Michel, directeur de la Cité de la
Musique, confia que le secteur des musiques
actuelles n’était pas la seule victime de cette
habitude d’écouter fort, et que les amateurs
de musique classique « qui écoutent Beethoven
à fond » étaient parfois déçus par le volume
réel d’une voix d’opéra non amplifiée, d’un
groupe vocal, d’un quatuor à cordes...
Quant à Sophie Joissains, vice-présidente
de la Région tout fraîchement nommée
Déléguée à la Culture et au Patrimoine, elle
rappela qu’elle tenait à soutenir ce dispositif :
la nouvelle élue veut « pérenniser une politique
qui a fait ses preuves » et qui « responsabilise sans
donner de leçons ». Car toute la difficulté, quand
on s’adresse aux Lycéens, est « d’avoir le ton
juste » : il s’agit de faire renoncer les jeunes
à un plaisir privé, souvent rebelle. Les 29
concerts/conférences qui leur sont offerts
dans de véritables salles de spectacle par
des musiciens qu’ils apprécient, sont sans
doute le plus efficace moyen de leur faire
entendre, à un âge souvent hédoniste où le
plaisir immédiat passe avant tout, que leurs
oreilles doivent durer.
AGNÈS FRESCHEL
Trop puissant se déroule
jusqu’au 3 mars
Appli Dose le son téléchargeable
sur laregie-paca.com
13
DES paysagistes en Méditerranée
© Creative Commons
P
ar un courrier daté du 24 novembre dernier, le ministère de
l’Agriculture envisage la fermeture progressive du site marseillais de l’École Nationale Supérieure de Paysage (ENSP),
pour recentrer la formation des paysagistes sur Versailles. Cette décision, probablement plus administrative que politique, selon nos
sources, serait même un non-événement, vu de la capitale. Dans
la cité phocéenne, on ne comprend pas ce qui la motive : l’ENSP
Marseille est l’un des seuls établissements en Europe à étudier le
bassin méditerranéen, ses spécificités environnementales, sociales
et géopolitiques.
Enseignants et élèves se mobilisent pour que vive leur école, centrée sur les enjeux les plus brûlants de notre siècle : car un paysagiste se nourrit d’histoire, de sociologie, s’imprègne d’un territoire
et de la vie de ses habitants pour pouvoir mieux les défendre. Le
ministère de l’Agriculture n’a, au jour où nous publions ces lignes,
pas répondu à nos sollicitations, ni répondu officiellement à ceux,
nombreux, qui s’inquiètent du devenir du site marseillais. Le Maire
de la ville, Jean-Claude Gaudin, a adressé un courrier à Manuel
Valls pour l’interpeller sur la question, l’Union Française des Etudiants du Paysage a écrit aux différents ministères concernés, celui
de l’Agriculture, donc, mais aussi ceux de l’Éducation nationale,
la Culture, l’Écologie et de la Décentralisation. Une pétition circule sur la plateforme Avaaz, particuliers et structures telles que
le Réseau des Grands Sites de France ont manifesté leur soutien
à l’école, et la presse locale relaie la situation comme il se doit. La
journée porte ouverte du site, le samedi 6 février, permettra de
faire circuler plus encore l’information auprès du grand public.
Cette mobilisation sera-t-elle suffisante pour éviter la fermeture ?
En tout état de cause, le nombre de places disponibles pour la
prochaine promotion de l’ENSP est stable, selon l’arrêté qui les
détermine chaque année, et ne précise pas leur répartition entre
Versailles et Marseille : 55 places en 1re année au concours externe,
5 au concours externe. Seule nouveauté, la possibilité de recruter
directement en 2e année. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au
8 février à minuit, et les candidatures ne devraient pas manquer, si
l’on en juge par l’enthousiasme manifesté par les étudiants quant à
l’enseignement qu’ils reçoivent dans l’établissement.
Cependant, même si sa tutelle administrative devait faire machine
arrière et renoncer à sa suppression, l’école marseillaise reste circonspecte : une « simple » réduction de voilure visant à appliquer
des principes d’austérité serait tout aussi problématique. Pour exister, elle doit développer des partenariats de qualité, et pour cela,
une « masse critique » minimale est nécessaire.
GAËLLE CLOAREC
À NOTER
PAGE FACEBOOK DE LA MOBILISATION
https://www.facebook.com/contrelafermeturedelENSP/
PÉTITION EN LIGNE
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Stephane_Le_Foll_Ministre_de_lAgriculture_Sauvons_lENSP_Marseille/
POLITIQUE CULTURELLE
Off d’Avignon : réguler et dialoguer
LE NOUVEAU PRÉSIDENT D’AF&C, ÉLU LE 13 JANVIER, NE PROMET AUCUN « CHANGEMENT
SPECTACULAIRE » MAIS « UNE GOUVERNANCE PLUS COLLÉGIALE »
R ay m o n d Ya n a ,
metteur en scène et
comédien (directeur
pendant le Off de
l’Espace Alya et du
Chapeau d’Ebène
Théâtre), succède à
Greg Germain à la
tête d’AF&C, l’association coordinatrice
du festival Off d’Avignon. L’occasion d’un
premier entretien.
Raymond Yana © Dominique Sierra
14
Zibeline : Seul à candidater au poste, vous
avez donc été élu, de fait, à l’unanimité ?
Raymond Yana : Il n’y a pas eu d’autre candidature mais on a quand même procédé à
un vrai vote à bulletin secret, le résultat était
très confortable. Après l’annonce du départ de
Greg Germain mi-novembre, compte tenu de
mon expérience, il nous a naturellement semblé que je pouvais porter cette candidature.
Quelles sont vos orientations face aux problématiques du Off ?
J’ai surtout proposé une méthode pour régler
ces problématiques repérées : la professionnalisation des lieux et des compagnies, le développement des publics, l’accompagnement à
la création, le problème de l’affichage et la
marchandisation. On ne peut pas rester sans
rien faire, sinon c’est le marché qui décide
et il n’y a rien de pire ! Les plus petits disparaitront, alors que l’ADN du Off c’est de
faire connaître les émergents.
Vos solutions pour réguler ce marché exponentiel dans une ville saturée ?
Je ne suis pas l’homme providentiel, mais
étant au CA depuis 2006, je connais le sujet.
On va mettre en place des commissions thématiques pour s’emparer de ces questions,
dès le prochain CA, le 1er février, puis une
fois par mois jusqu’au festival.
Jusqu’alors ces commissions ont donné peu
de résultats…
Elles existaient sur le papier mais ne se réunissaient pas. Notre intention est de les organiser,
de réunir les adhérents, d’animer un comité
de réflexion. Le développement du Off a ses
limites, mais si c’est à AF&C de réguler et
d’alerter, les tutelles doivent aussi s’impliquer,
sur les transports, l’hébergement...
L’Algérie de loin de près
La nouvelle focale du MuCEM sur l’Algérie
influence notre perception d’un territoire
abandonné par les naturalistes qui cartographiaient le monde au XVIIIe siècle. Excepté
l’Algérie, justement, restée longtemps sans
tracés. C’est à partir de cette « absence » que
le MuCEM a eu envie de penser comment ce
territoire avait été délimité, du XVIIIe siècle
à l’indépendance en 1962. Le résultat de ses
recherches prend la forme d’une exposition
dont le titre, Made in Algeria, généalogie d’un
territoire, fait polémique : pourquoi choisir la langue de Shakespeare pour évoquer
l’Algérie ? Zahia Rahmani, co-commissaire
de l’exposition avec Jean-Yves Sarazin s’en
défend, rappelant que phonétiquement on
peut entendre « médina »…
L’exposition, dédiée à la cartographie et à
son développement, offre une grille de lecture unique sur l’histoire de l’Algérie selon
qu’on examine le pays (et sa représentation)
à différentes époques. Elle opère des points
de vue de plus en plus rapprochés au fil
de quatre sections nourries de cartes, de
plans, de tracés, de tableaux et de gravures
anciennes, de cartes postales et d’affiches
publicitaires, de photographies et de vidéos.
Avec, en contre-champ, des œuvres d’artistes
contemporains qui viennent suggérer une
présence humaine, les cartes ne représentant
jamais l’homme. Vue du large, avant 1830,
l’Algérie est représentée sous l’angle guerrier compte tenu des relations conflictuelles
entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Après
le débarquement de l’armée française à
Sidi-Ferruch en juin 1830, son image se
concentre exclusivement sur les fortifications d’Alger entourées de vastes étendues
désertiques et donc supposées inhabitées.
Outil de « communication » avant l’heure,
les cartes revêtent une puissance subjective
qui témoigne de l’idéologie de la conquête.
Avec l’arrivée massive des colons à partir de
1842, puis son annexion à la France en 1848,
le territoire se retrouve divisé en trois départements : Oran, Alger, Constantine. Mais ses
frontières les plus au sud ne sont toujours
pas délimitées… Pourtant la pratique de la
cartographie scientifique et patrimoniale bat
son plein, chargée de corriger les erreurs
précédentes et de recenser les trésors enfouis
sous terre. À partir de 1962, sur la voie de la
réforme, l’Algérie est source d’inspiration
pour les artistes qui ont recours aux enquêtes
archivistes, aux relevés photographiques et
autres quadrillages topographiques pour
réinventer leur territoire.
Cette lecture savante de l’évolution de l’Algérie nécessite d’être commentée et accompagnée. C’est chose faite avec les nombreux rendez-vous satellites organisés par le MuCEM
qui donne la parole aux scientifiques, aux
écrivains, aux cinéastes et aux artistes. Dans
le même esprit, le catalogue s’avère précieux
pour appréhender en profondeur la problématique du tracé, de la délimitation d’un
territoire et de son recouvrement.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Made in Algeria, généalogie d’un
territoire
20 janvier au 2 mai
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Horace Vernet, Prise de Bône, 27 mars 1832, 1835, huile sur toile,
260x227 cm. Musée national des châteaux de Versailles
et de Trianon © RMN-Grand Palais - Chateau de VersaillesGerard Blot
15
Votre principal objectif ?
Faire respecter en concertation la liberté de
création sans qu’elle devienne anarchique, de
façon harmonieuse, en n’écartant personne.
Un rapprochement avec le In, et les Scènes
permanentes ?
Nous souhaitons rencontrer les Scènes, elles
ont un rôle majeur mais il faut participer
aux commissions. Quant au In, réduit à 19
jours en 2016 pour des raisons économiques
(ndlr : 6 au 24 juillet), nous continuerons une
semaine de plus (7 au 30) : elle sera difficile,
mais ça a fait l’objet d’un vote et ceux qui
veulent arrêter avant le peuvent. In et Off
ne peuvent plus s’ignorer, ce n’est pas qu’une
question de dates, il faut renouer le dialogue.
À SAVOIR
Réaction des Scènes d’Avignon
Pour Gérard Gélas (co-fondateur du Off avec André Benedetto) : « On a inventé le Off
sans faire exprès. Quand on voit ce qu’il est devenu, on ne peut pas en être le président ! On ne s’y reconnaît plus. Il faut réfléchir à une sortie de crise de cette marchandisation en remettant les artistes sur le devant. Dans une ville qui parle démocratie
participative, dialoguons et réfléchissons ensemble à l’avenir de ce festival. Avignon est
une belle endormie que les Scènes essayent de réveiller toute l’année ! »
Serge Barbuscia, face à la proposition de Greg Germain d’ouvrir à des résidences l’année sa Chapelle du Verbe Incarné, mise à disposition par la ville et ouverte jusqu’alors
uniquement l’été : « Rien ne l’a jamais empêché de le faire ! Les Scènes, ce sont des
artistes qui suent pour ouvrir leur lieu toute l’année au public. On défend un théâtre
professionnel permanent pour donner à cette ville la dimension qu’elle mérite. » DE.M.
Propos recueillis par DELPHINE MICHELANGELI
LIEU D’ARTS CONTEMPORAINS | CENTRE D’ART
RÉSIDENCES D’ARTISTES | AIX EN PROVENCE
JANVIER À JUILLET 2016
ART-TEMPS RÉEL / LIONEL KASPARIAN & EMMANUEL VIGIER
CAHIN-CAHA / GULKO
COLLECTIF ÉTAT D’URGENCE
CAMILLE LLOBET
CUBE / CHRISTIAN UBL
CIE ÉMILE SAAR / MARIE LELARDOUX
FABRICE PICHAT
FRANCESCA FOSCARINI
GETHAN&MYLES
JEANNE MOYNOT & ANNE-SOPHIE TURION / CIE LE PARC À THÈMES
MARIANNE HOUSPIE & PIERRE LANEYRIE / CIE VOL PLANÉ
PIANOANDCO / NATHALIE NÉGRO
PROTOCOLES MÉTA / JEAN-PAUL THIBEAU
WWW.3BISF.COM
Situé dans le Centre Hospitalier psychiatrique Montperrin, le 3 bis f
développe depuis 1983, un lieu de créations contemporaines tant dans
le domaine des arts vivants que dans celui des arts visuels. Plusieurs
moments de rencontres avec les résidences en cours sont proposés et
ouverts à tous les publics : pratiques collectives, training, rencontres avec
les artistes, expositions, sorties de résidences, répétitions ouvertes…
16
POLITIQUE CULTURELLE
Scène nationale Châteauvallon–Toulon :
liberté, égalité, fraternité
DEPUIS LE 22 DÉCEMBRE 2015, UNE SCÈNE NATIONALE BICÉPHALE, PREMIÈRE EN FRANCE,
RÉUNIT LE CNCDC CHÂTEAUVALLON À OLLIOULES ET LE THÉÂTRE LIBERTÉ À TOULON.
L
e vide varois est ainsi comblé au regard
des scènes nationales existantes en Paca :
La Passerelle à Gap, le Théâtre des Salins
à Martigues, le Théâtre du Merlan à Marseille
et La Garance à Cavaillon.
Imaginée par Frédéric Mitterrand alors
ministre de la Culture et de la Communication, et souhaitée par Hubert Falco, maire de
Toulon et président de Toulon-Provence-Méditerranée, la scène nationale varoise est née
au forceps ! Alors que le Théâtre Liberté était
encore en chantier, la polémique faisait rage
et il avait fallu le déplacement du ministre, le
31 juillet 2011, pour apaiser les esprits. Car
tous s’interrogeaient déjà sur la coexistence
de deux équipements culturels d’envergure
dans l’agglomération toulonnaise, et a fortiori, sur un «label à deux têtes»… Quatre
saisons plus tard, en avril 2015, la ministre
de la Culture Fleur Pellerin signait un Pacte
culturel avec la communauté d’agglomération TPM, avant d’officialiser en décembre
l’attribution du label. Il aura donc fallu
« toute l’opiniâtreté et l’obstination d’Hubert
Falco » saluées par Christian Tamet, directeur de Châteauvallon et « la promesse droit
dans les yeux de Fleur Pellerin » selon Pascale
Boeglin-Rodier, co-directrice du Théâtre
Le site de Châteauvallon © X.D-R
Liberté, pour faire accoucher cette idée que
l’on croyait remisée aux oubliettes.
THÉÂTRE DES CHAMPS,
THÉÂTRE DE VILLE
L’eau a coulé sous les ponts et les deux structures, l’une accrochée à la colline d’Ollioules
l’autre au cœur de la ville, n’ont pas attendu le
décret pour travailler ensemble. Aujourd’hui,
elles se félicitent de cette labellisation. Chacun à sa manière. « C’est bien, commente
Christian Tamet, car Châteauvallon correspond depuis longtemps aux missions d’une scène
nationale. C’est une vraie reconnaissance de 50
ans de travail. Ce n’est pas le succès de chacun
DATES
Châteauvallon
Théâtre liberté
1965 : découverte du site par Gérard Paquet et Henri
Komatis
1965-1977 : les années théâtre
1970-1973 : les années jazz
1977-1987 : un « pôle de création sur la côte
méditerranéenne »
1987 : création du Théâtre National de la Danse et de
l’Image et développement des résidences de création
1980-1995 : les années danse et sciences
décembre 1998 : nomination de Christian Tamet à la
direction du CNCDC
21 février 2003 : la ville de Toulon fait l’acquisition de l’ancien
cinéma Gaumont Pathé pour en faire un théâtre municipal
28 juin 2008 : l’agglomération et le conseil communautaire décident d’en faire un équipement qui rayonne sur
tout le territoire de Toulon Provence Méditerranée
avril 2010 : nomination de Charles et Philippe Berling qui
lui donnent une nouvelle destination, celui d’un théâtre
de création et de diffusion pouvant bénéficier du label de
scène nationale
juillet 2011 : livraison du chantier
17 septembre 2011 : inauguration
17
Toulon n’est pas
en rade
DEPUIS FIN NOVEMBRE, L’ESPACE DE
CO-WORKING BY TVT INNOVATION À TOULON
ABRITE L’ASSOCIATION LE PORT DES CRÉATEURS, NOUVEAU PONTON D’AMARRAGE
POUR LES PROJETS EN DEVENIR
C
Façade du Théâtre Liberté © Art Com Art 8
mais celui du territoire. Et c’est une récompense pour Hubert Falco qui a
porté le projet envers et contre tout ». De son côté Pascale Boeglin-Rodier se réjouit de l’abandon de la tentation de fusionner les deux
établissements (« chacun a 90% de remplissage, il est donc nécessaire
de garder les deux »), de la pérennisation des projets distincts et de
l’autonomie des équipes dans ce nouveau cadre. L’association Union
Châteauvallon-Liberté créée le 22 décembre, présidée par l’élu à la
culture de la Ville de Toulon l’Amiral Tainguy, n’a pas d’activités
propres ni de salariés ni de budget. Son rôle ? « Favoriser un vrai
rapprochement même si, rappelle Pascale Boeglin-Rodier, on a déjà fait
des gestes réciproques : l’harmonisation des tarifs, l’invitation réciproque
aux lancements de saison et la répartition de nos actions sur le territoire ». Il
va donc falloir être imaginatif à l’avenir pour que le label fasse sens !
Mais sans un centime supplémentaire, car à eux deux les théâtres sont
au-dessus du plancher du ministère (500 000 €). Chaque structure
caresse néanmoins l’espoir de financements supplémentaires. Avec
2,100 M€ de dotation de TPM et 223 000 € de l’État, le Théâtre
Liberté espère décrocher des crédits du ministère arguant de son
activité de création : « On aimerait avoir les moyens de faire une création
d’envergure par an. On ne lâche rien, on est gentil et doux mais tenace ».
Inversement, avec 569 000 € de dotation de TPM et 1,169 M€ de
l’État, Châteauvallon rêve d’une augmentation de l’agglomération…
Hormis ce sujet épineux, les cumulus accumulés à l’origine au-dessus
d’Ollioules et de Toulon semblent s’être évacués. Confiante, la directrice adjointe de Châteauvallon, Nathalie Anton, souligne « l’intérêt
d’amplifier le travail déjà réalisé en complémentarité et en affinités avec des
familles d’artistes différentes autour de la création contemporaine et de la
musique ». Et rappelle que les publics, là encore différents au départ,
forment désormais un socle commun qui n’hésite pas à quitter le
centre ville pour la campagne, et inversement.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
onstatant depuis quatre ans le frémissement d’initiatives
artistiques (Festival VRRRR, Constellations) et l’émergence
de structures culturelles (Théâtre Liberté, Metaxu, galerie
l’Axolotl), une poignée d’acteurs toulonnais ont décidé de tenir
la barre ensemble. Autour de son président Patrick Valverde,
directeur de TVT Innovation, et de sa secrétaire Hélène Bensoussan, l’association réunit trois opérateurs : Julien Carbone,
Yann Lasserre et Marion Fougerat. Leur cap ? Accompagner les
projets artistiques et les collectifs d’artistes dans leur émergence,
leur développement ou leur pérennisation, sur l’aire toulonnaise
et au-delà dans le Var. Tout en redynamisant le cœur de ville
qui opère un profond lifting urbanistique. Aussi, pour croiser
les compétences et favoriser l’interdisciplinarité, aucun frein
esthétique, tous types de projets sont bienvenus : arts vivants,
musiques, arts visuels. Et, à peine l’appel à projets arts visuels
lancé sur les réseaux et les plateformes spécialisés, Le Port des
créateurs a déjà reçu quarante dossiers venus du département, de
France, mais aussi de Suisse et de Chine ! Ils sont actuellement
en phase d’étude par le comité de sélection* chargé de sélectionner le ou les lauréats qui bénéficieront d’une résidence au titre
explicite, Booster, dans des locaux prêtés par la Ville. Démarrage
en trombe prévu début mars pour un programme de deux mois
d’accompagnement à la création et/ou à la diffusion, l’idée étant
de concevoir une résidence en fonction de la nature du projet,
de son identité, des besoins et des envies de l’artiste. L’équipe est
à l’œuvre et tisse des liens avec les acteurs culturels toulonnais
-Théâtre Liberté, Hôtel des arts notamment- pour permettre la
restitution publique du projet et lui donner une vraie visibilité.
Deux mois ça peut paraître court, mais c’est un premier pas,
explique Julien Carbone, car « Booster est un coup de pied à l’artiste
pour développer son réseau, sa pratique, acquérir une méthodologie dans
l’appréhension de son environnement ».
On ne peut que se réjouir de la création d’ateliers d’artistes à Toulon qui viendront combler un vide patent. Mais une fois le premier
« boosté » accueilli au Port, il s’agira pour l’association de structurer
et pérenniser ses actions. D’abord en consolidant ses financements
existants (Conseil départemental et Ville), puis en recherchant de
nouveaux apports du côté des mécènes et des financements privés.
Un nouveau cap…
M.G.-G.
* Comité composé de Patrick Valverde, Hélène Bensoussan, Catherine
Fekrane (prospectiviste), Isabelle Bourgeois (directrice du Moulin, La
Valette) et un plasticien (en cours).
Le Port des créateurs
Toulon
07 83 30 73 75 leportdescreateurs.net
18
événements
OÙ VA-T-ON ? AU MuCEM
LA SAISON HIVERNALE DU MUSÉE DES CIVILISATIONS ET DE LA MÉDITERRANÉE
BAT SON PLEIN, STIMULE LES NEURONES... ET SE DEMANDE OÙ VA LA FRANCE
Spectacles
Le 30 janvier, Tiphaine Raffier présentera
son texte Dans le nom, à l’occasion d’une
lecture mise en espace, dans le cadre du 6e
Festival Parallèle (voir aussi p. 22). Pour les
enfants, les vacances d’hiver seront l’occasion
de se gorger de contes, spectacles de clowns, et
théâtre : les 17 et 18 février avec la compagnie
Voix Off, le 19 avec Les muettes bavardes,
pour une adaptation du fameux Loulou de
Grégoire Solotareff (marionnettes et ombres
chinoises). Et le lendemain, ciné-concert ! Le
Trio Double Cadence enchantera les petits
en direct, devant les images de 120 ans de
cinéma... La même formation reprendra le
21 tout un Bri-Ka-Brak de machines à faire
de la musique.
Pour inaugurer une nouvelle exposition, rien
ne vaut une bonne fête ! C’est ce que propose, autour de Made in Algeria (lire p 14), la
Nuit Vernie du 12 février. Avec Borderline,
l’ESADMM et les étudiants d’Aix-Marseille
Université, on pourra déambuler en musique,
participer à un plateau expérimental, se restaurer, voire guincher jusqu’à 1h du matin...
Cours, rencontres
et conférences
L’École du Louvre prodigue des cours d’histoire de l’art au MuCEM, pour la seconde
année. Accessibles dans le cadre de la formation continue, mais également à tout
curieux, sur inscription (cours.regions@
ecoledulouvre.fr), ils ont lieu les lundis
de 17h30 à 19h. Le 25 janvier, Antonella
Fenech-Kroke abordera La Renaissance à
Florence au Quattrocento, et le 22 février La
Renaissance accomplie : Léonard, Michel-Ange,
Raphaël.
Le 28 janvier, l’Institut Méditerranéen des
Métiers du Patrimoine propose une journée
d’étude sur la cartographie, ses enjeux, ses
pratiques, aux frontières de la géographie,
l’histoire, et l’art. Du 11 au 13 février, un
colloque aura lieu à son invitation autour de
l’exposition J’aime les panoramas. Commissaires, scénographes, artistes et chercheurs
Patrick Boucheron © Ulf Andersen
19
« pourraient renouveler la définition et la
notion de panorama au regard d’expériences
et de recherches récentes ». Alléchant, d’autant que l’accès à ces rencontres scientifiques
est libre ! (sur inscription : [email protected]).
Le cycle Le temps des archives se poursuit :
Emmanuel Laurentin recevra le 1er février
une historienne, Sarah Fila Bakabadio, et
un poète-romancier, Daniel Maximin, lors
d’une rencontre-débat portant sur Le discours
sur le colonialisme d’Aimé Césaire. Un texte
coup de poing de 1950, qui mérite d’être lu
et relu, et sera là contextualisé en image et
son via les trésors de l’INA.
Février, c’est aussi la reprise du cycle de
grandes conférences Pensées du monde. Après
Tzvetan Todorov et Fethi Benslama, c’est un
géographe, Michel Foucher, qui reprend
le flambeau. Le 25, il inaugurera le thème
de cette année, L’avenir des frontières, en se
penchant sur L’Europe et le monde qui commence
à ses portes.
Mais où va la France ?
Fabienne Verstraeten, chargée des rencontres et débats au MuCEM, poursuit le
très pertinent dispositif qui avait conduit l’an
passé des étudiants de l’Institut de Sciences
Politiques d’Aix en Provence à interroger Gilles Clément ou Pierre Rabhi sur
Le bonheur, lors de conférences publiques
fort suivies. Le cycle de cette année s’intitule Mais où va la France ? Une interrogation
bien franchouillarde qui prend une tout autre
dimension en cette période post-attentats,
et invite la jeunesse et l’âge mûr à se rencontrer pour livrer une réflexion profonde,
comprendre et moins subir l’évolution de
notre société. Les intervenants de cette session répondront en public aux étudiants de
Sciences Po, qui leur soumettront en plus des
leurs une série de questions préparées par
des lycéens (tous auront été mis en condition pour ces entretiens par Agnès Freschel,
rédactrice en chef de Zibeline). Nilüfer Göle,
le 27 janvier, traitera du vécu des musulmans
en France ; la sociologue sera accompagnée
de Mehdi Meklat et Badroudine Saïd, journalistes au Bondy Blog, ce média citoyen créé lors
des émeutes de 2005 en région parisienne.
Le lendemain, Marie-José Mondzain, philosophe, et auteur de Une image peut-elle tuer ?,
interrogera le traitement médiatique de la
violence en présence du politologue espagnol
Josep Ramoneda. Le 29 janvier, prévoyez
de venir à l’avance : l’auditorium Germaine
Tillion risque de déborder, car il accueillera
l’historien Patrick Boucheron, qui vient de
donner une magistrale leçon inaugurale au
Collège de France... Sa thématique Déconstruire l’histoire, repenser la France risque d’en
réveiller plus d’un. Une juriste spécialisée en
libertés fondamentales, Farah Hached, sera
à ses côtés. Le cycle se conclura le 4 février,
avec un historien anglais cette fois, Sudhir
Hazareesingh. Vue d’ailleurs, que donne la
crise de la pensée à la française ?
GAËLLE CLOAREC
Retrouvez comme chaque mois sur notre
Webradio Comme au MuCEM, une émission
sous forme de traversée, consacrée aux temps
forts, découvertes et coulisses du Musée des
Civilisations d’Europe et de Méditerranée.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
mucem.org
ÉVÈNEMENTS
Reevoxons
ensemble !
Shapes of Collapses, Max Paskine © Cecilia Poggio
D
écidément, Christian Sébille, le directeur du GMEM, aime à travailler avec
d’autres et à ouvrir le champ de la
musique contemporaine. Électroacousticien,
il a conçu dès son arrivée à la tête du Centre
National de Création Musicale un festival des
musiques et arts électroniques. Comprenant
de l’électroacoustique bien sûr, musique dite
savante, mais aussi des musiques électroniques, qui font partie des « actuelles » et sont
plus destinées au dance-floor qu’au concert.
Il ouvre également Reevox aux arts numériques visuels, convaincu que les plasticiens
font preuve d’une invention sonore différente, et que l’image et le son se rencontrent
différemment dans leurs univers. En collaborant avec le Cabaret Aléatoire (Scènes de
Musiques actuelles, La Friche), avec Seconde
Nature (Arts numériques, Aix), en fusionnant avec le GRIM (Musiques Improvisées,
dirigé par Jean-Marc Montera), mais aussi en
programmant de nombreuses actions pédagogiques, en donnant à entendre les compositions des classes d’électroacoustique du
Conservatoire et de la Cité de La Musique,
c’est une véritable agora de musiques en création que Christian Sébille veut construire,
pour l’ouvrir à un public plus nombreux,
plus jeune, moins spécialiste.
Cette démarche est en voie de réussir, non
seulement pendant le Festival Les Musiques,
qui reste le temps fort de l’année en avril,
mais aussi durant une série d’événements
ponctuels, et les 5 soirées hivernales de
Reevox. Qui réservent de belles surprises !
Beaucoup plus de femmes que dans les précédentes éditions, des soirées en deux ou
trois temps pour écouter d’abord de petites
formes surprenantes et s’attarder ensuite
à des propositions plus spectaculaires, des
écoutes en journée pour 11 classes de Marseille... et la nuit électro live du samedi au
Cabaret Aléatoire (Saycet, François 1er,
Pantha du Prince, Acid Arab).
À part cela, à ne pas rater, des performances
de la plasticienne Félicia Atkinson, de
Max Paskine qui recycle des bibliothèques
sonores, d’Hervé Boghossian qui travaille
sur le son continu ; le spectacle Ruines, voyage
sensoriel qui maille images et sons, corps et
textes, pour parler d’écroulements contemporains (Franck Vigroux, Félicie d’Estienne
d’Orves) ; et Kasper T. Toeplitz qui fait
danser Myriam Gourfnik au KLAP.
Car Reevox c’est aussi un voyage dans des
lieux au caractère marqué : Montévidéo, où
le GRIM est encore pour un an ; la maison
pour la danse de Kelemenis ; l’École Supérieure d’Art aixoise ; et la Friche bien sûr,
au Studio, au Panorama, au Cabaret Aléatoire : dans un an le GMEM et le GRIM y
installent ensemble un lieu mirifique... on
vous en parlera !
AGNÈS FRESCHEL
REEVOX
2 au 6 février
Marseille et Aix
04 96 20 60 16
gmem.org
Shapes of Collapses, Max Paskine c Cecilia Poggio.jpg
20
MUSIQUES DE CHOIX POUR JEUNE PUBLIC
R
aoul Lay, le directeur de l’Ensemble Télémaque, présente
avec enthousiasme son nouveau projet, un festival de Grandes
musiques pour petites oreilles. Un projet qui a des racines
profondes : dès 2006, il s’est intéressé au jeune public, constatant
que si au théâtre des programmes pointus lui sont réservés, la
musique et l’enfance sont souvent reliées par un esprit « marketing » à tendance bêtifiante. Son intention est donc d’initier
un temps fort qui réunirait plaisir et exigence de qualité, et ce
d’autant plus que « vu le contexte politique et social, il est urgent de
travailler pour la jeunesse ; c’est passionnant ».
La manifestation aura lieu en deux étapes : les Quartiers d’hiver
lors de la première quinzaine de février, puis dans un deuxième
temps avec le Festival d’automne. Du 1er au 12 février, deux
des œuvres de Raoul Lay seront accueillies tour à tour dans six
arrondissements de Marseille, par des partenaires historiques
de l’Ensemble tels que la Cité de la Musique ou la Bibliothèque
Départementale Gaston Defferre, et de nouveaux comme le Château de la Buzine ou L’Affranchi.
La première composition a été créée l’an dernier au Festival Détours
de Babel ; Les errants de l’univers s’appuie sur l’œuvre poétique de
Percy Bysshe Shelley, membre de cette « intelligentsia rock du
XIXe siècle, menant une vie de bâton de chaise », et si féconde. Trois
voix de femmes jouant de l’anglais et du français, un percussionniste-batteur et un performer son (travaillant entre autres sur des
enregistrements cosmiques de la NASA) : un dispositif accrocheur
pour ce cycle électro-vocal à partir de 15 ans.
La seconde est une création, un prequel en quelque sorte, petite
forme qui prélude à l’opéra-bouffe en gestation chez Télémaque.
Consacré au Baron de Münchhausen, le Cyrano de Bergerac du
XVIIIe siècle allemand, on le prévoit « dans une ou deux saisons ».
Le chevalier déconcertant est son enfance fantasmée, selon le librettiste sollicité par l’Ensemble, Charles Eric Petit. Tête de turc à
l’école, le petit Rudolf décide de s’inventer une épopée, jusqu’à
devenir, de bobard en bobard, Münchhausen le magnifique...
Mis en scène par Olivier Pauls, ce spectacle est tout public, à
partir de 8 ans. Avec Grandes musiques pour petites oreilles, l’Ensemble Télémaque entend lancer une dynamique sur le territoire marseillais, et les prochaines éditions amèneront sans doute
d’autres formations, d’autres compositeurs, à rejoindre l’aventure.
La musique contemporaine a son festival jeunesse !
GAËLLE CLOAREC
Errants de l’univers @ auremar
# QUARTIERS D’HIVER
1er au 12 février
Divers lieux, Marseille
04 91 39 29 13 ensembletelemaque.com
22
ÉVÈNEMENTS
Le 6e parallèle
Ni tout à fait Nord ni franchement Sud mais
tout aussi bien Est et Ouest, ce Parallèle-ci
est tout simplement un festival annuel et
hivernal tracé sur toute la ligne par l’équipe
de KOMM’N’ACT, plateforme pour la jeune
création internationale ; dynamique et
encore jeune, jeune et plein de promesses,
d’abord simplement identifiable comme
Rencontres le Festival Parallèle a acquis
en quelques années une visibilité indéniable
grâce à la qualité de sa programmation et
l’engagement des scènes partenaires. On
retrouvera à partir de la mi-janvier des
artistes reconnus qui ont marqué les premières éditions : le collectif Mathieu Ma
Fille Foundation et son père fondateur
Arnaud Saury livreront dans En dépit de
la distance qui nous sépare leurs dernières
extases mystiques enfin (peut-être) fixées ;
la grecque et justement rigoureuse Argyro
Chioti dirigera un oratorio féroce pour 7 voix
à gorge coupée dont couleront sûrement des
Sangs (Emata) bien régénérants ; la grecque
et justement chorégraphe Lenio Kaklea
réinvestit le cadre du regard et jouera en duo
du trouble lié au port du masque mortuaire à
l’antique ; c’est ce que suggère son Margin
release ; on connaît aussi la 2b company et
les subtils délires suisses de la Conférence
de Choses dont Pierre Mifsud ouvrira
un nouveau volet. Des inconnu(e)s aussi
avec l’Association Wagons Libres de la
franco-libanaise Sandra Iché qui risque
-quelle chance- de nous tirer vers des territoires où l’histoire et la géographie rivalisent
d’imagination pour brouiller les cartes, ou
la performeuse serbe Sanja Mitrovic qui
invite à une impitoyable partie de ping-pong
verbal dont certaines balles seront sans
doute sournoisement truquées ; la Stand-up
Comedy de Bettina Atala détachée du
collectif Grand Magasin se lancera dans
la déconstruction hilarante du rire formaté,
tandis que la danseuse suisse Maud Blandel et ses six interprètes confondront sacre
et sacrifice à travers le corps déchaîné de la
tragique figure de la pom-pom girl ; autres
danseurs à l’esprit et à la pratique affûtés,
Madeleine Fournier et Jonas Chéreau
donneront à lire en musique un Sous-Titre
qui devrait nous faire remonter sans frémir jusqu’à l’origine du geste… Les deux
propositions de « théâtre » à première vue
divergent, mais l’une et l’autre semblent
bâties sur une profonde exigence : Adrien
Béal à partir de l’Objecteur de Michel Vinaver mettra en scène le questionnement
sans fin face à l’énigme de celui qui refuse
brusquement de jouer le jeu social ; Caroline Guiela Nguyen, accueillie avec ses
Hommes Approximatifs et son Chagrin
au théâtre d’Arles, engagera ses acteurs
et ses spectateurs sur le chemin périlleux
du deuil à dire. Et sur d’autres routes du
dedans nous pourrons aussi nous laisser
guider au FRAC, les yeux fermés, par les
mains expertes du duo suédois Lundahl
& Seitl ou les yeux ouverts, dans le quartier des Bernardines par l’arpenteur-poète
Pierre-Louis Gallo, histoire de faire se
lever quelques songes sous nos pas. Voilà
un programme qui dessine indéniablement
une belle perspective cavalière !
Speak !, Sanja Mitrovic © beaborgers
MARIE-JO DHO
LE FESTIVAL PARALLÈLE
27 janvier au 5 février
Gymnase-Bernardines, Minoterie-Joliette
et Merlan, Marseille
Théâtre d’Arles
La Garance-scène Nationale de Cavaillon
04 91 11 19 33
festivalparallele.com
Margin Release, Lenio Kaklea © Hervé Véronèse
23
UN NOUVEAU CYCLE
À LA VILLA EN HIVER
On appréciait tant le cycle Echange et diffusions des savoirs, qui
se tenait régulièrement à l’Hôtel du Département 13, que pour
citer Brassens, l’arrêt de ses conférences faisait « comme un trou
dans l’eau » difficile à refermer. Heureusement, la relève est là !
Avec la même curiosité, le goût du partage et la volonté de soumettre le savoir à l’examen public, c’est désormais Opera Mundi
qui organise à Marseille des rencontres fécondes avec la pensée
contemporaine la plus fine.
De janvier à mai 2016, la structure mettra Le climat en questions,
avec sept intervenants : philosophes, politologues, scientifiques ou
historiens. À commencer le 23 janvier, par une conférence intitulée
Le défi climatique et sa gouvernance. Quelles leçons en tirer ?
L’historienne des sciences Amy Dahan reviendra au FRAC sur
la récente COP21, non sans avoir retracé les deux décennies de
géopolitique qui ont abouti à ce compromis «contraignant». Le 23
février, un climatologue membre du GIEC1, Hervé le Treut, traitera
à la BMVR Alcazar des Changements climatiques : de nouveaux
enjeux scientifiques après la COP21 ? Pour lui, face à l’urgence,
la science doit impérativement « passer de l’alerte à l’action » : il
nous dira comment il envisage la sortie d’une « neutralité » pourtant traditionnellement revendiquée par ses pairs. En mars, c’est
un écologue, Jean-Pierre Féral (de l’Institut Méditerranéen de
Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale) qui interviendra
sur La mer et le changement de climat : admettre l’inéluctable
pour s’adapter. Lui succéderont au printemps Emilie Hache, sur
les apports et controverses de l’écoféminisme, et la très attendue
philosophe des sciences Isabelle Stengers, de l’Université belge de
Bruxelles. Sous le titre mystérieux de son allocution (Et nous avons
désespérément besoin d’autres histoires), se dessine une critique
radicale des rapports entre savoir et politique. En mai, Frédéric
Neyrat brossera une Théorie des hommes sans mondes, et le
politologue François Gémenne conclura ce cycle.
Actualité encore assez réduite en cette période à la Villa Méditerranée. Deux rendez-vous toutefois à retenir : le 31 janvier, la projection
(qui aura lieu au MuCEM) de Homeland : Irak Année Zéro. Réalisé
par le cinéaste irakien Abbas Fahdel, ce film relate en deux parties
le quotidien de sa propre famille, d’abord à l’approche de la chute
de Saddam Hussein, puis après l’invasion américaine du pays.
Le 23 février, les Mardis de la Villa auront pour thème la dimension
méditerranéenne de la sécurité algérienne. Organisée en partenariat avec l’association Euromed IHEDN, la soirée accueillera
une conférence d’Abdennour Benantar. Docteur en sciences
politiques, et spécialiste des relations inter-maghrébines et euro-méditerranéennes, il évoquera les enjeux brûlants liés à cette question,
tels que le terrorisme et les migrations.
A noter également que le 28 janvier, dans le cadre du programme
Ambassadeur in School, Bernard Valero, ambassadeur et directeur
de la Villa Méditerranée, ira à la rencontre d’élèves de Terminales
du Lycée Antonin Artaud dans le 13e arr. à Marseille.
J.C.S
Villa Méditerranée, Marseille
04 95 09 42 52 villa-mediterranee.org
annNoNoZibPS140x66.qxp_Mise en page 1 15/01/1
THÉÂTRE
GAËLLE CLOAREC
1
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
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30JANVIER 2016 20:30
Isabelle Stengers © X-D.R.
Opera Mundi, Marseille
facebook.fr/operamundi
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entrée libre sur réservation
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PRÉSENTATION
DE SAISON 16/17
24
ÉVÈNEMENTS
parade
La
du cirque et de la danse
Flying Cow, Cie De Stilte © Hans Gerritsen
LE FESTIVAL DES ARTS DU GESTE LES ÉLANCÉES, TEMPS FORT INCONTOURNABLE DE
LA SAISON CULTURELLE DE SCÈNES ET CINÉS, S’INSTALLE SUR LE TERRITOIRE DE OUEST
PROVENCE POUR SA 18E ÉDITION
L
ien et bien social, la culture est plus que
jamais nécessaire pour lutter contre la
barbarie et l’obscurantisme ; de fait, le
Festival Les Élancées est une manifestation
utile ! Ces mots sont ceux de Jean-Paul
Ori, directeur de Scènes et Cinés, et Anne
Renault, directrice artistique du Festival
et des théâtres qui a concocté cette belle
programmation, équilibrée cette année
entre les propositions dansées et circassiennes, et toujours tournée vers le vivre
ensemble en permettant la circulation des
œuvres et des publics sur les six villes du
territoire (Istres, Miramas, Fos, Port-SaintLouis, Grans et Cornillon). La fidélité et le
compagnonnage aussi sont au rendez-vous,
avec des compagnies qui reviennent au fil
des années comme Aracaladanza qui donnera la première en France de Vuelos inspiré
des œuvres de Léonard de Vinci ; la Cie du
Sillage emmenée par Jacques Fargearel qui
viendra fêter ses 25 ans avec À elle(s) seule(s),
une chorégraphie qui interroge la relation
d’une mère et ses deux enfants ; la Cie Max
et Maurice pour une fantaisie lyrique et
culinaire (de haute voltige !) qui s’attellera à
servir les convives conviés à dîner aux Grands
Fourneaux ; la Baro d’Evel Cirk Cie et leur
nouvelle création, Bestias, savant mélange de
danse, d’acrobaties, de chant et de dressage de
chevaux, entre autres animaux ; sans oublier
le trio de Cirque Exalté, présent l’année
dernière avec Furieuse Tendresse, qui dû arrêter
net ses représentations pour cause de blessure de l’un d’entre eux, et revient donc pour
offrir son hommage survolté à Patti Smith
et son album Horses (lire ici : http://www.
journalzibeline.fr/critique/ode-a-la-liberte/).
Le cirque vous emportera dans des univers
variés et toujours très inventifs, comme celui
du duo burlesque, hilarant et ingénieux de la
Cie Sacékripa, époustouflant et poétique de
la Cie Kadavresky, déjanté et acrobatique
de la Cie Piglet Circus, aérien et dansé de
la Cie Rouge Eléa (par ailleurs en résidence
sur le territoire), percutant, au sens propre
du terme, des Frères Colle, agile et minuté
de la Cie Sisters… La danse vous invitera
marseille
Un Vélo bien festif
L
e Festival Greli Grelo revient pour sa 9e
édition. Un classique international de la
route des spectacles jeunesse auquel les
adeptes du vélocipède théâtral nous invitent.
Certes, le lieu de départ est la ville d’Apt,
avec le Vélo Théâtre qui organise l’évènement, le Local Festival Ciné d’Afrique
et Les Carmes, mais la fête essaime à la
Maison du Livre de Bonnieux, à la Salle
des fêtes de Saint Saturnin Les Apt, celle
de Cazeneuve, de Cereste, de Gargas et au
théâtre de Cavaillon, La Garance. D’après
les affiches, un nouvel habitat se prépare
activement, jaune, rouge, orange, bleu…
La Compagnie anglaise Subject to change
présente un projet participatif (réalisation fin
avril 2016), Home sweet Home : sera proposée
une reproduction en miniature de la ville
d’Apt ; les spectateurs achètent une maison
en carton qu’ils aménagent… Participatif
encore, Greli Grelo est un temps fort de
La Belle Saison, qui fait de l’art un espace
de découverte et d’éducation (1000 élèves
et 2000 spectateurs en séances tout public,
chaque année). On déclinera le Mouvement de
lumières avec l’exposition de tableaux-sculptures-machines de Flop (Philippe Lefebvre),
Va-et-Vient. On retrouvera cet esprit décalé
avec Dal Vivo (de Flop), La grenouille au
fond du puits croit que le ciel est rond (Vélo
Théâtre), Hans Christian you must be an angel
(Gruppe 38) et Na(t)if (Lili DeSaStreS). On
rendra visite au fantôme du théâtre antique
d’Apt, on « ciné-goûtera » en s’immergeant
au voyage avec la Cie Nathalie Cornille, à
croiser et confronter les chorégraphies de
Merce Cunningham et Robert Swinston avec
le Centre National de danse contemporaine d’Angers, à la magie dégagée par la
Cie De Stilte, à l’univers fantastique de la
l’ACT2 compagnie… Et on en oublie, tant
l’offre est riche !
Car ce festival hors normes, en salles ou
sous chapiteaux (5 cette année), propose 29
spectacles, avec 62 représentations, dont 25
en direction des scolaires uniquement. C’est
l’une des particularités des Élancées que de
proposer des ateliers artistiques dans les
écoles (150 classes participantes en 2016)
avec des interventions pédagogiques de la
AU PROGRAMME
25
Scène conventionnée pour
la création jeune public tout public
3 > 5 FÉVRIER
ANNABELLE PLAYE
UBRIS STUDIO
COUAK !
Théâtre musical et vocal
+ 4 ans
Dal Vivo © Jef Rabillon
dans l’univers de Chopin et Beethoven, au
volant d’un piano magique, on verra une
marionnette indépendante se finir toute seule
(théâtre TOF), on sera un peu inquiets avec
le loup qui rôde autour de Conversation avec
un jeune homme (Cie Gare Centrale), on
appréhendera ce qui est vraiment important
dans la vie avec De passage (Johanny Bert
et Stéphane Jaubertie), ou l’on remontera
le temps avec Épique Époque (Cie C’était
mieux maintenant). Les tout-petits seront
conviés à l’escapade poétique de Et Si !
(théâtre du Champ exquis) et de Blanc (Cie
Tatem). Et toujours pour le prix tricycle de
trois euros !
MARYVONNE COLOMBANI
FESTIVAL GRELI GRELO
19 au 28 février
Apt
04 90 04 85 25 velotheatre.com
part de certains artistes pour permettre aux
enfants d’affirmer leur originalité et d’épanouir leur personnalité et leur sociabilité à
travers le plaisir de l’expérimentation. Ils
deviennent d’ailleurs par la suite de véritables
ambassadeurs du spectacle vivant au sein de
leur famille et viennent et reviennent dans les
théâtres ! Un pari sur l’avenir qu’il convient
de souligner… aussi.
DOMINIQUE MARÇON
18e FESTIVAL LES ELANCÉES
29 janvier au 7 février
Istres, Miramas, Fos,
Port-Saint Louis, Grans, Cornillon
scenesetcines.fr
19 > 21 FÉVRIER
CIE LA FAUX POPULAIRE
LE MORT AUX DENTS
LE CIRQUE
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ÉVÈNEMENTS
Le fest’hiver assure la permanence
ACCUEILLIE PAR LES SCÈNES « HISTORIQUES » ET PERMANENTES D’AVIGNON, LA 8e ÉDITION
DU FEST’HIVER FERA (RE)VIVRE LE CŒUR D’AVIGNON DU 27 JANVIER AU 3 FÉVRIER
« Dans ces moments difficiles, le théâtre trouve
sa nécessité. S’il n’y a pas les grands textes et les
poètes, où va notre société ?», c’est ainsi que
Serge Barbuscia, président de l’association
des scènes permanentes d’Avignon organisatrices du Fest’hiver, situe la raison d’être
de ce festival de théâtre avignonnais d’hiver
-moins impressionnant que son concurrent
d’été, mais tout aussi pertinent et incontournable pour la ville. Rappelant aussi la
volonté de chaque directeur d’inscrire, malgré
des coupes budgétaires récentes, une offre
culturelle de qualité dans la permanence de
la ville : « Le théâtre est ici, toute l’année ! »
5 compagnies régionales
sans lieux fixes
Les directeurs mêleront leur voix pour ouvrir
cette 8e édition au Palais des Papes avec
la lecture Les combats de Célestin Freinet
de Jean-Claude Idée, en partenariat avec les
Universités Populaires du Théâtre (27
janvier à 18h). Puis dès le 28, chaque jour,
deux représentations des compagnies régionales sans lieux fixes invitées seront données
dans deux des cinq scènes.
Le Théâtre des Halles accueillera Les
aventures de Pinocchio, montées par L’autre
Compagnie sur un ton burlesque proche de
la BD, dès 8 ans. Gérard Gelas, au Chêne
Noir, a « un peu dérogé à la règle en élargissant
la région paca à la Corse » avec la Compagnie
1er acte et Les monologues du Brocciu, avec
Daniel Delorme, mis en scène par l’avignonnaise Lucile Delanne. Au Chien qui Fume,
Gérard Vantaggioli ouvre son théâtre de la
Rue des Teinturiers à la création Gainsbourg
confidentiel, autour de ses années jazz plus
méconnues, montée par David Fabre et Les
Musiciens Associés. Musique encore avec
El nino Lorca au Balcon, un hommage tendre
et émouvant au poète Federico Garcia Lorca
par Christina Rosmini. Last but not least,
au Théâtre des Carmes, c’est la Cie Éclats
de Scènes, 17 ans de travail en ruralité au
Bidoch’Market © Eclats de Scènes © Gérard Coste
compteur, qui présentera sur le thème de la
disparition du travail Bidoch’Market de Michel
Bellier, mis en scène par Joëlle Cattino avec,
entre autres, Christian Mazzuchini.
Rajoutons que le CDC des Hivernales, inscrit depuis 2015 au sein des scènes d’Avignon (« par le biais d’Emmanuel Serafini »,
Hivernales de la relève ?
LE 38e FESTIVAL DE DANSE AVIGNONNAIS
DONNERA, EN TROIS TEMPS FORTS,
UNE ÉDITION TOURNÉE VERS LA PERFORMANCE.
POUR IMPULSER LA RELÈVE ?
Gymnopedies, Marie Chouinard © Nicolas Ruel
26
Présentée sur un rutilant canapé rouge le 11 janvier par l’équipe
féminine des Hivernales qui tentait d’afficher un sourire de
contenance, la programmation établie par Emmanuel Serafini
(licencié de la direction sans préavis début décembre) autour de
« la relève » dans un édito d’anticipation, conserve une couleur
passionnante. Malgré un silence pesant, et gênant, gardé sur
la situation délicate du CDC, le public venu nombreux pour
découvrir cette 38e édition et recueillir quelques explications
restées vaines (l’équipe est tenue à un « devoir de réserve » par
les tutelles et le Conseil d’Administration qui communiquera
le 29 janvier, a-t-on appris), aura l’embarras du choix lors de
cette quinzaine, grâce à une 38e édition foisonnante axée sur la
performance. Et l’avenir.
La jeunesse pour ouvrir le bal
Pensés en partenariat avec Arts Vivants en Vaucluse, les HiverÔmomes -2e édition du festival jeune public- offriront aux scolaires
la possibilité de découvrir les 3 et 4 février la malicieuse Cie
Métatarses (prix de la recherche 2015 des HiverÔclites, programmation parallèle, et en entrée libre, qui invite cette année
son lot d’artistes repérés) et le non moins fantaisiste Univers light
oblique de Georges Appaix (Vers un protocole de conversation sera
également joué).
On saute aux 11 et 12 février pour un nouveau programme autour
de la performance : Polder une extension des Hivernales, initié avec
l’École supérieure d’art d’Avignon, avec un colloque sur le
rappelaient les autres directeurs), s’est retiré de la programmation
pour des causes économiques.
Côté pratique, un pass à 50 € est mis en vente pour l’ensemble
des spectacles ; dès le 2e spectacle, un tarif réduit sera appliqué.
Les inscriptions se font dans chaque théâtre.
DELPHINE MICHELANGELI
FEST’HIVER
Divers lieux, Avignon
27 janvier au 3 février
scenesdavignon.com
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87 chenenoir.fr
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87 chienquifume.com
Le Balcon, Avignon
04 90 85 00 80 theatredubalcon.org
Théâtre des Carmes, Avignon
04 90 82 20 47 theatredescarmes.com
sujet durant lequel Julie Nioche, Yendi Nammour & Etienne
Fanteguzzi présenteront leurs recherches.
Enfin, la « semaine historique », qui combine 34 représentations, 23 compagnies (7 régionales), 3 expositions et des
stages, se tiendra du 13 au 20 février, avec de jeunes compagnies et chorégraphes trentenaires à suivre : Arthur Perole,
Thô Anothaï, Simon Tanguy, Shang-Chi Sun, Nans Martin, les Cies Dodescaden, Adequate, l’Eolienne et leurs
recherches performatives sur le travail et la contrainte…
Les fidèles pour confirmer
Côté « valeurs sûres », outre deux solos de Patricia Guannel et
Patrick Servius, on admirera les Nuits barbares d’Hervé Koubi,
les Spectres de Josette Baïz, les Gymnopedies et Mouvements à partir
de Michaux de Marie Chouinard. On écoutera le deuil traverser
le corps de Peter Savel sur les Variations Goldberg, on découvrira
les 12 solos des Garçons Sauvages de Camille Ollagnier ; on se
souviendra du solo Utt transmis par Carlotta Ikeda. Pour finir,
on suivra la carte blanche donnée à William Petit, et la pièce de
clôture d’Anton Lachky « un brin irrévérencieuse » : Sens interdit.
Aux Hivernales, tout est permis, même le silence !
DE.M.
FESTIVAL LES HIVERNALES
3 au 20 février
Divers lieux, Avignon
04 90 82 33 12 hivernales-avignon.com
28
CRITIQUEs
rencontres
spectacles
7 jours chrono
En décembre Mustapha Benfodil, journaliste et écrivain algérien, était en résidence à Peuple et Culture Marseille,
dans une ville à laquelle il est très attaché.
Comme à l’accoutumée, il donne sans
compter et captive les élèves des lycées
Mistral et Thiers avec Les six derniers
jours de Baghdad-Journal d’un voyage de
guerre, texte personnel rédigé pendant la
guerre en Irak (2003-2004) et Le point de
vue de La Mort, pièce de théâtre tragique
et crue sur les Algériens qui s’immolent
par le feu. À la Minoterie, le Cabinet des
Lecteurs propose à un large public une
très belle lecture d’extraits, notamment,
de Clandestinopolis, ou l’Archéologie du
Chaos (amoureux), roman déstructuré et
subversif sur l’Algérie contemporaine et le
politique réinventé par un mouvement artistique anarchiste, Les Anartistes. La rencontre se poursuit par un échange autour
du carrefour linguistique : Mustapha Benfodil jongle avec le français à l’écrit, l’arabe
à l’oral, et le kabyle, sa langue maternelle ;
avec
Mustapha Benfodil
pour lui, l’écriture d’un nouveau roman
suppose toujours un langage à redécouvrir.
À la librairie Histoire de l’œil, les auteurs
Nunzia Benedetti, Mustapha Benfodil, Sarah Kéryna, Vincent Laugier et
Nicolas Tardy donnent à entendre leurs
« écrits en chantier », dans un collectif soucieux d’échanges artistiques et sensibles.
Et c’est AlChérie, Journal Intense, un roman
inédit et plus que jamais brûlant, que livre
l’auteur au plus fort de son écriture-manifeste, un texte pétri des « saillies, sagesses,
fulgurances, patois populaires d’où suinte
le cambouis de la machine sociale ». Le
documentaire Contre-pouvoirs de Malek
Bensmaïl, en avant-première au Gyptis,
met en exergue le travail des journalistes
du quotidien algérien El Watan au moment
de l’imminente réélection du chef d’État
Abdelaziz Bouteflika. Membre du journal,
investissant le champ social, Mustapha
Benfodil enquête sur les bidonvilles, photographie les graffitis, donne la parole à ceux
qu’on oublie. Engagé politiquement dans
le mouvement « Barakat » (« ça suffit »), il
pousse un grand coup de gueule contre
le 4e mandat présidentiel. La projection
est suivie d’un débat sur la presse indépendante et de son financement. L’État
algérien ne soutenant que les journaux
pro-Bouteflika, El Watan, qui essuie les frais
de procès chroniques, ne peut compter que
sur son million de lecteurs francophones et
la publicité. Malek Bensmaïl évoque aussi
les difficultés de diffusion de ses documentaires en Algérie : aucun financement, pas
de diffuseurs et des salles de cinéma réduites à peau de chagrin ! Alors pour exister, pour résister, pour toucher le plus grand
nombre, le film devra emprunter le chemin
d’un marché parallèle...
MARION CORDIER
Mustapha Benfodil était invité par Peuple
et Culture, Marseille du 7 au 13 décembre
LA PATATE !!!
Si l’expression sortie toute chaude de la
bouche d’une adolescente ravie de sa soirée au Merlan paraît un peu triviale, elle
jette sans ambiguïté un cri de joie et d’admiration face à un travail époustouflant !
Elles sont neuf sur la scène, neuf chaises
en ligne qui attendent leur cavalier dans
la perpendiculaire chacune de six pommes
rouges bien sages pour le moment ! Comment ne pas penser immédiatement en effet à la chorégraphe Pina Bausch dont l’esthétique au sens large du terme imprègne
tout le spectacle ? L’entrée en scène des
protagonistes tirés à quatre épingles se
dandinant en rythme -« Ein zwei drei
one two three »- des pieds à la tête, de
l’œil et du sourcil, sourire figé et mains
virevoltantes autour du fruit de la tentation confirme le premier contact visuel…
mais ces danseurs de music-hall sont des
jongleurs et pas des moindres ! La compagnie so british créée par Sean Gandini et
Kati Ylä-Hokkala (aussi acteurs à part
entière) « tourne » avec Smashed depuis
cinq années sans altération aucune de la
fraîcheur du produit : perfection du geste
dans la tradition du jonglage et hors cadre ;
rigueur des chorégraphies -les scènes en-
Smashed © Ludovic des cognets
chaînent de petites histoires où chacun à
son tour se trouve confronté aux autres et il
y a un méchant-, construction dramatique
impeccable -quand la tea-party a volé en
éclats de porcelaine et que les fruits sont
tout écrasés, le show repart de plus belle
sur la scène jonchée-, musiques euphorisantes qui propulsent les petites boules
rouges encore plus haut… tout est parfait ! Et parfois comme un défi aux lois de
la gravitation universelle (Mister Newton
pardonne tout aux jongleurs qui lui doivent
tant), les pommes restent suspendues dans
l’horizontalité miraculeuse produite par les
jets à l’unisson. C’est bien beau !!
MARIE-JO DHO
Smashed a été présenté au théâtre
du Merlan, Marseille, les 12 et 13 janvier
Le choc vibre à côté
© Isabelle Meister
Le théâtre de la Joliette programmait une proposition de Jean
Louis Hourdin autour de deux textes très différents : L’Île des
Esclaves de Marivaux, et La Stratégie du Choc de Naomi
Klein. Une comédie prônant l’abolition des privilèges au temps
des Lumières, et un essai américain s’insurgeant avec force et
conviction contre le néolibéralisme et ses dévastations. Deux
textes de natures, d’époques et de pays très différents, mais
un propos qui peut s’apparenter, dans la défense des faibles
contre les forts, et la dénonciation de l’iniquité de systèmes
d’oppression qui font pourtant consensus. Pourtant l’ensemble
passe difficilement la rampe : les acteurs ne jouent pas entre
eux, ils s’adressent directement au public sans quatrième mur,
chantent des songs dans une esthétique résolument brechtienne,
cherchant à convaincre. Hélas ils chantent faux, jouent avec
trop ou trop peu de conviction dans la harangue, et peinent à
convaincre alors que L’Île des Esclaves est un texte étonnant
de modernité puisqu’il combat radicalement la situation de
servitude et de domination sociale ; et que l’essai de Naomi
Klein est éclairant, révoltant, sidérant, lorsqu’il décrit comment
quelques économistes hallucinés ont mis à bas le Chili, la Pologne,
la Russie, en expérimentant leurs théories d’un capitalisme
forcené. Ou en portant la guerre en Irak, en profitant des dégâts
de Katrina ou du Tsunami. On connait les dégâts que les théories
de Milton Friedman ont causés, et les réentendre ainsi sur scène
est salutaire. Soigner davantage la forme aurait rendu le propos
plus efficace...
AGNÈS FRESCHEL
Vous reprendrez bien un peu de liberté
ou comment ne pas pleurer ?
a été joué au théâtre de la Minoterie-Joliette,
à Marseille, du 14 au 16 janvier
pub zibeline janv-fev_Mise en page 1 15/01/16 16:11 Page1
Théâtre La passerelle, Gap
Janvier-février 2016
RÉCIT ENIVRANT
Savoir enfin qui nous buvons
Du21au23janvierà19:00
HIP-HOP & MAGIE NUMÉRIQUE
Pixel
Vendredi29etsamedi30janvierà20:30
FANTAISIE CIRCASSIENNE
Oktobre
Mercredi3févrierà20:30
THÉÂTRE D’OBJETS DÈS 5 ANS
Comment moi je ?
Mardi23etmercredi24févrierà18:00
EXPOSITION PHOTO
Maia Flore
&
Guillaume Martial
Lauréat 2015 du Prix HSBC pour la Photographie
Expositiondu19janvierau16avril
www.theatre-la-passerelle.eu
renseignements i réservations
04 92 52 52 52
30
CRITIQUEs
rencontres
spectacles
Pour une métaphysique
de la lumière
poésie c’est « l’art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse ».
Angélique Ionatos, flamme tragique et bouleversante, dit puis
chante le poète -quelle meilleure
introduction que le contact avec
non seulement les mots, mais les
sonorités originales, la musicalité
de la langue grecque ! L’œuvre du
chantre de la lumière est ensuite
évoquée, à travers ses textes
(beaux duos entre Thierry Fabre
et A. Ionatos), sa vie. Le caracAngelique Ionatos © Angelique Ionatos
tère visionnaire est souligné avec
Dans le cadre du cycle de rencontres force : « La Grèce est en train de se vendre
et débats du MuCEM Le grand livre des […] », insiste A. Ionatos qui raconte l’histoire
passages-Littératures, l’essayiste Thierry de la petite Anna que sa maman ne viendra
Fabre recevait à propos d’Odysséas Ely- pas chercher à l’école car elle n’a plus les
tis (mort en 1996), la grande chanteuse moyens matériels pour l’élever*. Les poètes
grecque Angélique Ionatos qui vient de sont des prophètes, ce qu’Elytis écrit dans
publier un volume bilingue, Le soleil sait / les années 50 est vrai aujourd’hui. Il parlait
Une anthologie vagabonde. On y retrouve sa déjà des ennemis déguisés en amis qui sont
traduction d’un florilège de textes de celui venus... et rappelle dans Laconique que la
qui affirmait dans son discours de réception vie « déclare à nouveau légitime l’Inespéré ».
au Prix Nobel en 1979 (et dont on entendra Applaudissements de la salle. Le lyrisme, la
quelques extraits lors de la conférence), la sensualité, la profondeur de ce chantre de
OÙ SE NICHE
L’HUMANITÉ ?
Le week-end marionnettes programmé
par le Théâtre d’Arles fut une belle proposition faite de découvertes multiples, et de
délicatesses qui disent le monde autrement.
Avec Limen, Uta Gebert s’adresse avant
tout à notre sensibilité, provoque des émotions qui ne se basent pas sur la compréhension d’un texte, voire d’une situation, mais
qui nous laissent nous installer durablement
dans la poésie d’images sensibles, dans
une lenteur qui nous permet de prendre le
temps du récit. Deux personnages, face à
face, s’affrontent dans un combat qui prend
sa source dans une porte dont on ne sait ce
qu’elle peut receler… La musique enivrante
d’Ulrich Kodjo Wendt et de Mark Badur
nous emporte vers un ailleurs qui ouvre
tous les possibles pour celui qui, enfin, en a
franchi le seuil… À peine décelable derrière
ses marionnettes, Uta Gebert mène l’histoire,
précise dans ses mouvements et dans une
temporalité inusuelle, onirique en diable,
qui provoque avec ce silence « musical »
et avec cette lenteur une impressionnante
opportunité de contemplation.
Avec Le Petit théâtre du bout du monde,
Ézequiel Garcia-Romeu invite les spectateurs-acteurs à prendre place au sein de
son « installation habitée » (magnifique scénographie !), dedans, autour, debout, assis…
Chacun peut choisir son angle de vue, la
vie qui s’offre au spectateur est incessante,
fourmillante, une lecture à plusieurs niveaux
que l’on s’approprie au fil du spectacle. Mille
détails et « petites choses » accrochent le
regard, dans une boîte faite de verre et de
bois à deux étages dans et sur laquelle des
marionnettes s’animent, de drôles de personnages auxquels Ézequiel Garcia-Romeu
donne vie. La vie du dessous nous offre la
vision d’un étrange laboratoire dans lequel
chacun s’active à de petites occupations
tandis qu’une voix off nous informe de l’état
environnemental lamentable du monde par
le biais de trois articles du journal Le Monde ;
au-dessus, un homme, une vieille femme et
une plus jeune, statiques, semblent attendre
qu’on les anime. Est-ce la vie du dessous qui
la lumière sont mis en exergue : ce n’est
pas un hasard si la philosophie est née en
Grèce, la lumière y est métaphysique. C’est
pourquoi Elytis disait aussi que le mystère
n’est pas situé dans l’ombre, mais dans la
lumière. La poésie est un art premier, on ne
peut pas vivre sans elle, notre vie sans poésie
serait insignifiante, déclare A. Ionatos citant
Yannis Ritsos : « La poésie a inventé le
monde mais le monde l’a oublié ». Se refusant à la mièvre tristesse, elle insiste sur la
grandeur tragique qui sait faire de l’humour,
mais exige aussi de l’humanité sa force de
résistance. « Non, le Paradis n’était pas une
nostalgie. Encore moins une récompense.
C’était un droit. » (Le Petit Navigateur).
MARYVONNE COLOMBANI
* journalzibeline.fr/critique/une-poetique-de-laction/
Le soleil sait, Une anthologie vagabonde,
Odysseas Elytis, éditions Cheyne,
collection D’une voix l’autre, 23€
La rencontre a eu lieu le 14 janvier
au MuCEM, à Marseille
Le Petit théâtre du bout du monde© Nathalie Sternalski
rend vivable celle du dessus ? L’interaction
entre les deux mondes se fait par le biais
d’un petit personnage très actif, le seul qui
semble savoir ce qu’il fait là et se promène
entre tous pour impulser son humanité. Serat-il seulement assez puissant pour éviter
que le monde ne se précipite dans ce néant
que suggère subtilement Garcia-Romeu ?
Car ne nous trompons pas, ces personnages
nous ressemblent de façon troublante, d’où
qu’on se trouve.
DOMINIQUE MARÇON
Le week-end marionnettes s’est déroulé au
Théâtre d’Arles les 8 et 9 janvier
Le Ballet National de Marseille,
Centre Chorégraphique National
présente
School
of Moon
Eric Minh Cuong Castaing
Compagnie Shonen
________
While
We Strive
Arno Schuitemaker
Compagnie SHARP
27 > 31 janvier 2016
© Marc Da Cunha Lopes
au Ballet National de Marseille
Le Cercle
du Ballet
National de
Marseille
Club
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du Ballet
National de
Marseille
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MARSEILLE
05/01/2016 14:21
-
PANIER
2 AU 14 F É VR I E R 2016
Texte :
Matéi Visniec
Mise en scène :
Gilbert Barba
Avec :
Jacques Germain,
Serge Pauthe,
Roland Peyron
4, PLACE DE LENCHE MARSEILLE 2°
04 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
32
CRITIQUEs
musiques
Noël en concorde...
Ils sont « gratuits », les concerts de Noël
proposés par le Conseil Départemental
dans les églises des Bouches-du-Rhône…
et font « recette » ! Imaginez qu’on a fait la
queue dès midi, le 19 décembre, à la porte
des Réformés (qui est loin d’être l’église la
plus petite de Marseille !) pour un concert
prévu à… 15h ! Hélas, beaucoup sont restés
sur le parvis… et c’est comme ça partout !
Les chanteuses Françoise Atlan et Lucille
Pessey, accompagnées par de jeunes mandolinistes issus de la classe de Vincent
Beer-Demander au CNRR de Marseille,
solistes de l’Académie de Mandoline de Marseille (Jean el Arafi-Recours, Nina Grimaud, Carmen Confalonieri, Bérangère
Vallier), de prestigieux musiciens rompus
aux traditions musicales du bassin méditerranéen, affichaient un beau Noël d’Orient.
Les voix, sereines et radieuses, se sont
élevées dans l’enceinte pleine à craquer,
chantant la tradition maronite et syriaque
du Liban, un Kyrie en arabe, des pièces en
araméen (la langue de Jésus, à l’origine de
l’hébreu et l’arabe), une partition napolitaine
évoquant la Nativité, un conte séfarade, une
sérénade ou une tarentelle pour mandolines,
luth ou guitare (Jean-Michel Robert), un
opus pour le qanun (Nidhal Jaoua)... tout
un chapelet d’antiques musiques rehaussé
de percussions (Mathias Autexier), auquel
Cinq Berlinois
dans le vent !
© X-D.R
se sont agrégées sept pièces en création,
commandées au compositeur Alexandros
Markeas, et inspirées, arrangées à partir
des répertoires d’Asie mineure, byzantin,
de Thrace, Chypre...
Et c’est un monde de paix qui a résonné,
chantant l’harmonie entre les civilisations,
les traditions et religions, issu de la bouche
vermeille de deux brillantes artistes de notre
région (elles ont donné, avec leurs compères
de tournée, une dizaine de concerts en
trois semaines dans tout le département !).
Cinq Berlinois se posent dans un rond de
lumière dessiné sur le parquet du magnifique auditorium du Conservatoire Darius
Milhaud à Aix. Le 12 janvier, le Quintette
à vent du « Philharmoniker » vient clore,
en apothéose, la Biennale qu’organise, depuis 20 ans, l’Institut
Français des Instruments à
Vents : un événement unique
au monde (comme le Concours
Tomasi) qui participe au rayonnement de Marseille et sa Région !
Ce qu’on entend est la « Rolls »
des quintettes (flûte, hautbois, clarinette, cor, basson), aussi bien dans
l’Adagio mozartien, joué en prélude
avec une harmonie supérieure, que
dans l’élégance lumineuse d’une
partition de Paul Taffanel. Chaque
musicien y trouve son espace de
Quintette à vent de la Philharmonie de Berlin © Peter Adamik
L’auditoire est sorti ravi. Et l’on n’imagine
guère meilleur hymne à la (ré)conciliation,
la concorde entre les peuples, au sortir d’une
période troublée, balayée cet après-midi-là par un instant de grâce… et une fête
universelle !
JACQUES FRESCHEL
Le concert a été donné le 19 décembre
dans l’église des Réformés, à Marseille
jeu ; chacun se met au service de l’autre !
Les artistes nous font découvrir une pièce
contemporaine qui leur est dédiée, mettent
en valeur l’écriture subtile du Finnois Kalevi
Aho dans son vaste 2e Quintette, avant de
donner la plus belle version sans doute
jamais jouée des Cinq danses profanes et
sacrées d’Henri Tomasi. Les pages virtuoses,
colorées, où prime la mélodie, s’emballent
au rythme d’un gospel fantasmé, d’un
mouvement d’horlogerie, de dynamiques
hallucinantes… Un moment rare !
J.F.
Le Quintette à vent du Philharmoniker s’est
produit le 12 janvier au Conservatoire
Darius Milhaud, à Aix
Lire aussi : www.journalzibeline.fr/critique/
quintettes-rares
FÉVRIER - MARS
2016
MARSEILLE
PERTUIS
TA R A S C O N
FORCALQUIER
SALON-DE-PROVENCE
ARLES
C I R C U L AT I O N S
D’AUTEURS
EN LIBRAIRIES
Sandrine Collette
Jérémy Fel
L e C a p i t a i n e P a u l Wa t s o n
www.librairie-paca.com
1
AU PROGRAMME
musiques
marseille
L’aiglon
Pas sur la bouche
La comédie musicale de Maurice Yvain
a même inspiré le cinéma d’Alain Resnais, tant l’intrigue comporte de rebondissements et de quiproquos farfelus. La
légèreté du propos, qui sait éviter tous les
pièges du vulgaire, est de mise, les airs et
les danses s’enchaînent en un rythme virevoltant de belle facture. Une présentation
en sera donnée à l’Alcazar le 20 février à
17h. Le charme de l’opérette est de ne pas
tout prendre au sérieux. Une bouffée de rire
bienvenue !
Musicatreize
Il ne voulait pas être un « front qui se colle à
des vitres » ; le fils de Napoléon 1er et MarieLouise d’Autriche, prisonnier des Habsbourg, vit dans la nostalgie de l’épopée
paternelle. La pièce d’Edmond Rostand
qui met en scène destin tragique du Roi
de Rome, adaptée par Henri Caïn, devient
grâce à Jacques Ibert et Arthur Honegger
un drame musical de haute volée, porté
par des interprètes hors pair cette saison à
l’Opéra de Marseille : la mezzo Stéphanie
d’Oustrac dans le rôle-titre, le baryton
Marc Barrard incarnera Flambeau et
le baryton-basse Franco Pomponi le
machiavélique Metternich.
13 au 21 février
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Le concert donné par l’ensemble de Roland
Hayrabédian sera consacré à un compositeur contemporain Zad Moultaka :
Maadann, une sorte de « liturgie du métal »
matière sensible aux sources de l’imaginaire alchimique ; Ikhtifa, (effacement,
disparition en arabe), qui s’articule autour
de deux tableau, d’Ubac et de Nicolas de
Staël ; et le cycle complet de Cadavres
exquis, où se conjuguent mémoire, reflets,
ombres, échos…
5 février
Temple Grignan, Marseille
04 91 00 91 31 musicatreize.org
Le concert sans retour
Chaillol
L’espace culturel de Chaillol, infatigable,
propose en hiver de petites formes pour
de grands interprètes, lors de Week-Ends
Musicaux qui présentent les formations
quatre fois dans quatre vallées. Ainsi, l’ensemble Tchayok, contrebasse, balalaïka
et chant séduit avec des musiques slaves
et tziganes (28 au 31 janvier à Bénévent,
Chorges, Orcières et Chabestan), puis le
ténor David Lefort et le pianiste Simon
Zaoui offriront un temps poétique avec le
cycle La Bonne Chanson de Verlaine, mis
en musique par Gabriel Fauré (25 au 28
février à Manteyer, La Bâtie Neuve, Gap et
Laye).
20 février
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Tchayok © Pascale Cholette
Cyrano La Parenthèse
Sur une idée originale et la chorégraphie
de Christophe Garcia, le spectateur
est invité à découvrir les personnages de
Cyrano de Bergerac à travers une promenade à l’intérieur de l’opéra, croisant
danseurs et musiciens sur une création
musicale de Laurier Rajotte. Architecture
et spectacle se marient dans une démarche
déconcertante et envoûtante.
04 96 12 52 70
27 & 28 février
L’Odéon, Marseille
culture.marseille.fr
© Charlotte Spillemaecker
© Marc Vanappelghem
34
festivaldechaillol.com
Cinq de cœur est le pendant vocal du
Quatuor qui sait si bien écorner le sérieux
compassé que certains pensent encore
comme l’apanage de la musique classique.
Les cinq chanteurs, deux sopranos, une
contralto, un ténor et un baryton-basse,
offre un programme romantique allemand,
Brahms, Schubert, Bach, qui s’autorise des
escapades du côté de Scorpions de Léo
Ferré ou du chant breton… exercice jubilatoire de haute volée !
26 février
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.fr
Bouches-du-rhône
vaucluse
var
musiques
AU PROGRAMME
35
Nathalie Dessay et Laurent Naouri © Sandrine Expilly.
Musique de Chambre
Sous l’égide de l’association des amis du
théâtre lyrique, sera donné dans sa version concertante le drame lyrique en deux
actes de Donizetti sur un livret de Guiseppe
Bardari, d’après l’œuvre de Schiller, Maria
Stuarda. L’art du bel canto sert avec finesse
l’affrontement tragique entre la reine
d’Écosse (Patrizia Ciofi) et la reine d’Angleterre, Élisabeth 1ère (Karine Deshayes)
sous la baguette de Luciano Acocella.
Dans la programmation des Grands Concerts
de l’Opéra de Toulon, une soirée est consacrée à la musique outre-Atlantique, avec
deux pièces d’Aaron Copland, Appalachian
Spring et Billy the Kid, Rhapsody in Blue de
George Gershwin, et Duet de Steve Reich. On
passera ainsi du premier western transposé
en langage musical et au ballet à la composition jazz et à la musique minimaliste. Un
beau panorama de la musique américaine de
la première moitié du XXe sous la direction
musicale de Dietrich Paredes avec le piano
de Frank Braley !
Frank Braley © Nicolas Tavernier
Un plateau de rêve se profile à l’Opéra d’Avignon avec deux stars unies sur scène comme
dans la vie, la soprano Nathalie Dessay et
le baryton-basse Laurent Naouri, accompagnés par le pianiste Maciej Pikulski. Un
programme de chant français tout de délicatesse, invite Fauré, Duparc, Poulenc, Delibes et
Widor (le 26 janvier). À ces envolées lyriques
succèdera le 5 février le Concerto n°1 pour
violoncelle (Pavel Gomziakov), le Tombeau
de Couperin de Ravel et la Symphonie n°2
de Weill.
Rhapsody in Blue
Patrizia Ciofi © Borghese.
Opéra du Grand Avignon
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
5 février
Opéra de Toulon
04 94 93 03 76 operadetoulon.fr
Pelléas et Mélisande
© Opéra de Nice
24 & 27 janvier
Opéra du Grand Avignon
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
GTP
The Fairy Queen
La pièce de Shakespeare, Le Songe d’une
nuit d’été, inspira à Purcell un semi-opéra
en cinq actes. Magie sylvestre, ivresses
poétiques, fées et comédiens, amours
dirigées par les caprices fantasques de la
lune… Une œuvre fantaisiste et baroque
sous la baguette de Sébastien d’Hérin
avec l’Orchestre Les Nouveaux Caractères,
en co-réalisation avec Musique Baroque
en Avignon pour sa création à l’Opéra
d’Avignon.
Un livret du poète Maurice Maeterlinck (prix
Nobel de littérature 1911), la composition
de Claude Debussy, et voici l’œuvre phare
de l’opéra français du XXe. Les amours tragiques de Pelléas et Mélisande se fondent
dans la poésie sensible d’une orchestration
qui emporte les mots et les scènes du drame
lyrique dans une labile fluidité. Le légendaire
Serge Baudo est à la baguette. Une production de l’opéra de Nice incontournable !
20 février
Opéra du Grand Avignon
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
26, 29 & 31 janvier
Opéra de Toulon
04 94 93 03 76 operadetoulon.fr
La Chambre Philharmonique que l’on
avait déjà applaudie en décembre sur un
programme Brahms, marque un deuxième
temps fort de sa résidence au GTP avec Grieg,
Bartók et Tchaïkovski, sous la houlette précise et bienveillante d’Emmanuel Krivine
(le 2 février). Le GTP aura le bonheur de recevoir l’immense pianiste, lauréat du Concours
Tchaïkovski, Nikolaï Lugansky qui interprètera avec une sensible intelligence des
œuvres de Schubert, Beethoven, Albéniz et
Rachmaninov (le 13 février).
Nikolai Lugansky © Marco Borggrev
Maria Stuarda
Grand Théâtre de Provence, Aix
08 2013 2013 lestheatres.net
AU PROGRAMME
musiques
marseille
Pour Kateb Yacine
Ladies in blues
Paroles de Méditerranée
Le grand écrivain Kateb Yacine est au
centre de la première journée du temps fort
Algérie, entre la carte et le territoire (qui se
déroulera en 2 parties, du 26 au 28 février, et
du 10 au 13 mars). Pour l’occasion, Brigitte
Fontaine crée un spectacle qui rend hommage à l’écrivain et au poète militant qu’il
fut, en tissant des lectures puisées dans son
œuvre théâtrale et dans son roman Nedjma
avec des morceaux de son propre répertoire.
Elle est accompagnée sur scène par Areski
Belkacem, Yann Péchin et Patrick Baudin.
26 février
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Aksak
Deux voix féminines exceptionnelles se
succèdent sur la scène de La Méson lors
de deux soirées remarquable : le 29 janvier
Marion Rampal, accompagnée de son
complice Pierre-François Blanchard et de la
Cie Nine Spirit, explorera un répertoire qui
mêlera blues, lied et chansons originales.
Le lendemain, Madam Waits, Alexandra
Satger, pose sa voix sur les chansons de Tom
Waits, avec Romain Morello au trombone et
Renaud Matchoulian à la guitare et au banjo.
26 février
Cité de la musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
29 & 30 janvier
La Méson, Marseille
04 91 50 11 61 lameson.com
Ange
Le groupe mythique de rock progressif formé
au début des années 70 sort un nouveau digipack, Emile Jacotey resurrection live, et repart
en tournée, toujours emmené par Christian
Décamps, fondateur du groupe, et seul
membre d’origine de la formation actuelle
et entouré de jeunes musiciens talentueux,
parmi lesquels son fils Tristan. Retour aux
racines, et renaissance pour Emile Jacotey,
vieux maréchal-ferrant et conteur hors pair,
avec un réenregistrement de l’album de 1974
comprenant de nouveaux arrangements et
des créations. Un événement !
Les cinq musiciens de ce groupe de «
musiques créatives des Balkans » -Isabelle
Courroy (flûte kaval), Philippe Franceschi
(clarinette), Patrice Gabet (violon), Christiane Ildevert (contrebasse) et Lionel
Romieu (guitare, oud, mandole)- fêtent
leurs 25 ans de vie musicale commune !
Leur spectacle Les Artisans du temps rend
compte des musiques collectées auprès
des habitants lors de leurs voyages dans
les Balkans, qui ont contribué à créer les
compositions originales qui le composent
pour le plus grand bonheur de tous.
Duo Machado / Ithursarry
Jean-Marie Machado, pianiste et compositeur, et Didier Ithursarry, accordéoniste,
conjuguent leurs univers musicaux pour un
voyage emprunt d’émotion, de poésie et
de partage. Les deux complices échangent
autour de Bach, Chopin ou du fado, transformant la musique en un dialogue tout en
nuances et surprises.
Ange © Yannick Perrin
23 janvier
Cité de la musique, Marseille
04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com
Madam Waits © X-D.R.
Anne Derivière-Gastine (au piano) et
Fouad Didi (à l’oud et au violon) mettent
en musique les textes de poètes Syriens,
Grecs, Palestiniens, Israéliens, Italiens,
Algérien… choisis et dits ou chantés par
Philippe Gastine. Quatorze poèmes qui
offrent quatre états d’une odyssée humaine
ordinaire : « Naître et Partir : l’arrachement »,
« Dans la chaleur de la nuit : la sensualité »,
« Les ténèbres du silence : la souffrance»
et «Retour aux sources de la lumière : la
sérénité ».
Machado-Ithursarry © Cecil Mathieu
Brigitte Fontaine © Robin
36
6 février
Espace Julien, Marseille
04 91 24 34 10 espace-julien.com
25 février
L’U.percut, Marseille
06 60 96 78 88 u-percut.fr
SAISON 15/16
marseille
JANVIER
FÉVRIER
2016
2016
2015/16
2016
23/01 > 26/02
JANVIER
23 > 24
27 > 28
30
Mickaël Phelippeau
théâtre
L A R E VA N C H E
Antonella Amirante
théâtre / danse / performance
FESTIVAL PARALLÈLE #6
LE PAS DE BÊME Cie Théâtre Déplié
TOUCH DOWN Maud Blandel
03 > 04
danse
PHORM
26
théâtre
CARNAGES
FÉVRIER
SAISON 15/16
danse
POUR ETHAN + AVEC ANASTASIA
David colas & Santiago Codon Gras
ASPHALTE
Pierre Rigal
François Cervantes
AU PROGRAMME
37
musiques
bouches-du-rhône
vaucluse
var
alpes
Revivre des Suds
Cinq garçons dans un vent de folie. Ces
semeurs de rythmes et de sons font de la
« chanson spectaculaire ». Une douzaine
d’instruments qui s’expriment, un peu de
poésie, de la danse, quelques masques, des
costumes déjantés, une bonne dose de rire,
de délire et de « franche déconnade ». Voilà
pour les ingrédients de La Belle vie, la bien
nommée, le méga-show de ces doux dingues. Entrez dans le feu de joie !
Kareyce Fotso
+ Martin Harley
Avec son timbre à la fois grave et chaleureux, Kareyce Fotso chante ses mélodies
d’Afrique et de métissage, accompagnée de
sa guitare et des percussions de François
Kokelaere. Dans un autre registre, le son
blues et rauque de Martin Harley dévoile
un univers poétique et envoûtant.
Airelle Besson © Lucille Reyboz.
Les Fouteurs de joie @ Marylene Eytier.
Les fouteurs de joie
Martin Harley © X-D.R.
27 février
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
Avishai Cohen
28 janvier
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Trompettiste de grand talent, Avishaï Cohen
est capable de compositions envoûtantes
comme de reprises très personnelles des
plus grands standards. Influencé par Miles
Davis, il est parfois comparé au maître du
jazz pour sa façon de donner une voix à son
instrument. Un batteur et un contrebassiste
l’accompagnent dans ce trio.
Deux jours de musique au programme pour le
traditionnel rendez-vous hivernal du Revivre
des Suds à Arles. En ouverture, le 12 février,
la projection d’un documentaire sur Paco de
Lucia, suivi d’un retour sur l’édition des Suds
2015. Puis dans la soirée, ambiance hip-hop
et dance-floor. Le 13, duo de cordes et de
cuivres. La jeune trompettiste Airelle Besson sera associée au violoncelliste Vincent
Segal pour une création acoustique spéciale
à la Chapelle du Méjan.
12 & 13 février
Divers lieux, Arles
04 90 96 06 27 suds-arles.com
Barbarie Boxon
29 janvier
Forum des Jeunes, Berre-l’Étang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
Barbarie Boxon © Fabrice Crénel.
AU PROGRAMME
Avishai Cohen © Jim Goldberg
38
Martin Harley
26 février
Forum des Jeunes, Berre-l’Étang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
Les agités du dance-floor
26 février
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com
Bienvenue au grand mix ! Avec Les agités du dance-floor, les sensations sont
garanties. Entre ambiance cabaret, sons à
l’ancienne, groove, électro ou funky, performances d’artistes plasticiens, vidéos et même
une touche de cirque, tous les ingrédients
sont réunis pour une fête grandeur nature.
Dans un Alpilium métamorphosé, le public
aura même le loisir de composer la playlist
de la soirée.
4 mars
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
30 janvier
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr
À l’issue de leur résidence au Théâtre des
Doms, du 5 au 12 février, les Barbarie Boxon
se présentent au public pour une soirée en
entrée libre. Comme son nom le laisse présager, le groupe a une certaine facilité à créer
des univers déjantés. Quatre garçons et une
fille signent des musiques entre rock, pop
et électro et des textes déroutants, dans la
forme comme dans le contenu. À découvrir !
12 février
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
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17/19 Cours d’Estienne d’Orves CS 81862 13221 MARSEILLE CEDEX 1
marseille
spectacles
AU PROGRAMME
43
Invasion !
des Exquis-mots de Marie-Jo (« dîners littéraires d’exception » à découvrir au fil de
la saison de La Criée) se retrouveront au
restaurant les Grandes Tables dans le hall
du théâtre pour mettre un point d’orgue
gourmand à cette Invasion. Phia Ménard
cuisine des nuages « à glace et à vapeur »,
ce qui présage de belles surprises.
Enfin hors-les-murs, on ne manquera pas
son Point de vue sur le MuCEM, une visite
privée des collections du musée, en entrée
libre sur réservation.
P.P.P Phia Ménard
26 & 27 janvier
L’après-midi d’un Foehn
28 au 30 janvier
Vortex
29 au 31 janvier
Les Exquis-mots de Marie-Jo
2 février
Vortex © Jean-Luc-Beaujault
Elle avait hypnotisé La Criée avec son Vortex en 2013, c’est à une véritable invasion
du théâtre qu’elle se livre cette fois. Cinq
spectacles s’y succéderont, pas moins, pour
que Phia Ménard, jongleuse, performeuse,
chorégraphe hors norme puisse déployer
amplement son univers. Vortex, donc, avis de
grand vent sur une dramaturgie de Jean-Luc
Beaujault, où elle lutte âprement contre une
tornade imaginaire. Mais aussi P.P.P., qui voit
l’artiste évoluer en solo dans un monde de
glace ; fine observatrice de la transformation
de la matière, elle en nourrit régulièrement
sa pratique. Dans Belle d’Hier, « ballet pour
danseuses et silhouettes gelées », elle laminera le mythe du prince charmant par une
belle métaphore : la prise de conscience
qui transforme cinq femmes figées dans
une attente standardisée en « rageuses »
assumant leur désir, correspond au dégel
progressif du plateau...
Les enfants ne sont pas oubliés : une « forme
chorégraphique pour sacs plastiques » leur
est réservée, avec L’après-midi d’un Foehn
(ce phénomène météorologique soufflant de
l’air sec et chaud au versant des montagnes).
Magique ! Cerise sur le gâteau, les amoureux
Le Dibbouk
ou Entre deux mondes
Belle d’Hier
3 au 5 février
Point de vue sur le MuCEM
6 février
04 91 54 70 54
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Le Misanthrope
La culture juive a son récit culte d’un destin
amoureux tragique, comme la Bretagne a
Tristan et Iseut, et Vérone Roméo et Juliette.
Benjamin Lazar met en scène une pièce de
Salomon An-Ski (1915), où l’on voit un amant
désespéré par le mariage de sa promise avec
un autre mourir d’amour... et revenir sous la
forme d’un dibbouk. Ce fantôme investit le
corps de la belle, refusant d’en sortir en dépit
des exorcismes. Du théâtre avec danseurs et
orchestre, joué en français, yiddish, hébreu
et russe.
04 91 54 70 54
24 au 26 février
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
Comment se prépare-t-on à un marathon
du merveilleux ? Pas besoin de culture physique intensive ou de réviser ses classiques
plusieurs nuits d’affilée : il suffit de se laisser emporter par le souffle narratif de notre
patrimoine conté. Durant toute une journée,
La Baleine qui dit « Vagues » tiendra le
public de La Criée en haleine avec un salon
du livre de conte, des ateliers, expositions,
conférences et spectacles.
04 91 54 70 54
24 janvier
La Criée, Marseille
theatre-lacriee.com
© Mathilde Dromard
© P. Gely
Le marathon
du merveilleux
Atrabilaire, misanthrope... mais jeune et
amoureux. L’Alceste d’Alexis Moati et
Pierre Laneyrie est comme chacun de
nous : pris dans une pièce qu’il se joue à luimême, où il excelle parfois, et parfois moins !
Après Le malade imaginaire et L’Avare, la
compagnie Vol plané revient avec une
distribution rajeunie, joue en alexandrins,
et gomme plus encore la distance entre le
spectateur et les interprètes.
27 février au 5 mars
La Criée, Marseille
04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com
AU PROGRAMME
spectacles
marseille
Anywhere
Richard II
© Vincent Schmitz
Antigone of Shatila
© Dalia Khamissy
4 au 6 février
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
29 & 30 janvier
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95 lafriche.org
22 au 24 janvier
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95 lafriche.org
Meursaults
23 au 27 février
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
© X-D.R
En 2013, le romancier algérien Kamel Daoud,
revisite L’Étranger, œuvre la plus connue
d’Albert Camus. Meursault, contre-enquête
donne existence à la victime, jamais nommée
dans le roman original. Le meurtre, commis
par Meursault sur cet « arabe » anonyme, a
remué des colères, ouvert des plaies, toujours
vives. Haroun, le frère de l’homme assassiné,
porte ces douleurs, aux côtés de sa mère.
Philippe Berling signe l’adaptation et la
mise en scène, avec Ahmed Benaïssa et
Anna Andreotti pour interprètes.
2 au 6 février
Les Bernardines, Marseille
08 2013 2013 lestheatres.net
Elle aime à travailler les matériaux éphémères comme la glace, et la met ici au cœur
de sa dramaturgie, pour évoquer les transformations d’Oedipe, marionnette gelée qui
fond au rythme de ses pérégrinations, puis
s’évapore... Elise Vigneron adapte le texte
phare d’Henry Bauchau, Œdipe sur la route.
Retrouvez l’artiste présentant son travail sur
notre webradio au micro d’Agnès Freschel,
lors d’un plateau radiophonique au Théâtre
des Doms cet été.
Petit boulot
pour vieux clown
© Clément Minair
Le 6e jour
Entre Catherine Germain, son clown
Arletti et François Cervantes, c’est une
histoire qui dure. La Cie L’Entreprise remet
en chantier ce spectacle créé il y a 20 ans,
qui voit Arletti dépoussiérer la Genèse à sa
façon, inénarrable. Un véritable travail de
re-création mené par le metteur en scène et
sa comédienne sera présenté à La Friche en
guise d’avant-première, puis le Théâtre des
Bernardines accueillera Le 6e jour nouvelle
version au printemps prochain.
© Alessia Contu
Voilà une occasion unique de rencontrer par
le théâtre la réalité la plus crue, la plus tragique et la plus humaine du drame syrien. 17
femmes réfugiées au Liban ont travaillé avec
le metteur en scène Omar Abusaada l’Antigone de Sophocle. Une renaissance pour
beaucoup d’entre elles, vivifiant le mythe
le plus rebelle de l’Antiquité. Magnifique
conclusion des 10e Rencontres à l’Échelle
à La Friche.
William Shakespeare s’est inspiré de la vie
(et la mort) de Richard II d’Angleterre, souverain controversé, destitué par son cousin
deux siècles auparavant, pour en faire un
drame historique plein de bruit et de fureur.
Clément Camar-Mercier a adapté la pièce,
et Guillaume Séverac-Schmitz l’a conçue
plutôt comme « une ode à la jeunesse et à
l’humanité », vibrant hommage au théâtre.
© Christophe Raynaud de Lage
44
« On demande vieux clown ». C’est pour
répondre à cette annonce que trois artistes
usés se retrouvent en compétition pour un
seul poste. Commence un huis clos mordant,
une comédie bien trempée dans la tragédie
contemporaine qui consiste à laisser les plus
faibles sur le carreau, et à faire du clown un
loup pour le clown.
Une rencontre avec l’auteur (Matei Visniec)
et l’équipe artistique est prévue le 4 février
à l’issue de la représentation.
2 au 14 février
Le Lenche, Marseille
05 91 91 52 22 theatredelenche.info
45
Schitz
Asphalte
L’histoire, malheureusement, résonne principalement du discours martial de ceux qui
ont commandité les guerres. Du trouffion
inconnu, nul ne sait quel a été le destin, et
encore moins celui de sa femme ! C’est, pour
une fois, à celles qui demeuraient «à l’arrière»
pendant le conflit de 14-18 que la parole est
donnée. Tout un vivier de correspondances
réelles constitue la trame de ce spectacle,
de et avec Laetitia Langlet, Catherine
Swartenbroekx, et Muriel Tschaen.
Le hip hop court derrière la danse contemporaine (ou est-ce l’inverse ?) dans ce
road-movie post-nucléaire, conçu par le
chorégraphe toulousain Pierre Rigal. Peuplé de silhouettes robotisées ou de zombies
mi-hommes mi-machines, le plateau du
Merlan prend forme urbaine, et les danseurs
tentent de conserver dans ce décor quelques
traces d’humanité : un corps, voire une identité, individuelle, et collective.
Spectacle précédé de Phorm, duo hip hop
de David Colas et Santiago Codon Gras.
© Danny Willems
Bien à vous
David Strosberg met en scène les écrits
féroces de l’auteur israëlien Hanokh Levin,
disséquant jusqu’à la moelle une famille
où les sentiments n’ont pas leur place, ses
membres étant tous plus cupides et voraces
les uns que les autres. On rit pourtant à
les voir s’écharper, tandis que les artistes
doivent le faire sous cape, en nous tendant
le miroir à peine déformant de notre société
de consommation.
25 au 27 février
Le Lenche, Marseille
05 91 91 52 22 theatredelenche.info
© Pierre Grosbois
© X-D.R
25 au 27 février
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
3 & 4 février
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
La Revanche
Carnages
© X-D.R
La Cie montpelliéraine Tire pas la nappe
a travaillé avec des enfants scolarisés en
primaire, leur posant une série de questions,
dont les réponses ont servi de matériau à ce
spectacle. Cette « classe d’imaginaire » a été
conçue par Marion Aubert en réponse à
une demande de son fils, qui voulait qu’elle
lui écrive une pièce : elle traite « de choses
extérieures, et de choses intérieures », bref
de tout ce qui intéresse les enfants d’aujourd’hui. Tout public à partir de 7 ans.
© Jean-Louis Fernandez
Antonella Amirante a toujours un pied
en Italie. Ses amours transalpines l’ont cette
fois conduite à mettre en scène un texte de
Michele Santeramo : la lutte face aux
coups durs de Vincenzo, agriculteur frappé
de stérilité par les pesticides, et menacé d’expropriation. « Comédie amère où des gens
ordinaires sont victimes d’une tornade créée
par le souffle d’un monstre trop grand pour
qu’on puisse en voir le visage», La Revanche
est un cri politique, et poétique.
3 au 5 février
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr
Les clowns les plus célèbres du XXe siècle
ouvrent à nouveau les portes du théâtre
grâce à la Cie L’Entreprise et François
Cervantes. Pipo et Rhum, Dario et Bario ou
encore les frères Fratellini invitent le public
à vivre une grande fête collective. Ces personnages considérés comme marginaux
démontrent qu’ils ont, aujourd’hui encore,
beaucoup de choses à partager mais aussi
plus de traits communs avec les spectateurs
qu’on ne le pense… Dès 11 ans.
© Christophe Raynaud de Lage
La classe vive
27 & 28 janvier
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
26 février
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20 merlan.org
AU PROGRAMME
spectacles
marseille
Scapin
Le cirque poussière
L’écran de fumée, ou le Cabaret du mensonge
heureux. Tout un programme en un titre-manifeste, tout un spectacle pour ceux qui souhaitent découvrir la vérité sur les bobards,
boniments, fables, escroqueries, mirages et
jésuitismes divers et variés...
La Cie du Maquis oppose son art du déni
à toutes les réalités désagréables, sur l’air de
« Tout va très bien madame la marquise » : 1
pauvre + 1 pauvre = 1 pauvre, c’est toujours
mieux pour les statistiques !
Prix 2015 du Festival Momix, ce spectacle
arrive à Marseille précédé d’une réputation
d’excellence. Son auteur, Julien Candy,
tient à respecter un rythme oublié à l’heure
de l’instantanéité des nouvelles technologies,
et pratique un «cirque du dénuement». Il
jongle avec des avions en papier ou lance
des fourchettes, tandis que ses compères
pratiquent le chant lyrique (Hervé Vaysse)
et la haute voltige (Juliette Christmann,
Rachel Schiffer). Un carrousel de bonheur,
pour petits et grands à partir de 7 ans.
© Sophie Darricau
L’écran de fumée
30 janvier
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.org
© Vincent d’Eaubonne
© Mélanie Derain
Le titre complet de cette oeuvre est « Scapin,
ou la vraie vie de Gennaro Costagliola ». Kristian Fredric a passé commande à l’auteur
François Drouan pour creuser le personnage finalement méconnu des Fourberies.
L’histoire se déroule en 1775, dix ans après
la parution de la pièce de Molière : le vieux
filou répare des filets sur le port de Naples,
lorsqu’on le sollicite à nouveau pour une
affaire louche...
23 au 27 février
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.org
19 au 21 février
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Couak !
De passage
© Clément Minair
Dans cette nouvelle création du Théâtre
du Corps, Yannaël Quenel accompagne
au piano la rencontre amoureuse entre deux
danseurs d’exception, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Leur relation naît, s’intensifie, s’installe, se love sous
la couette ou se joue autour de la table de
cuisine... Ces-deux-là, compagnons à la ville
bien avant la conception de ce duo, savent
de quoi ils parlent : ils sont tombés amoureux
en dansant.
2 février
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033 toursky.org
Annabelle Playe est une exploratrice dans
l’âme, du son principalement, mais aussi de la
vidéo ou de l’écriture. La soprano et compositrice livre ici une initiation toute en douceur
à la musique vocale contemporaine, pour les
jeunes oreilles de ses spectateurs (à partir de
4 ans). Elle s’appuie en cela sur le travail de
ses prédécesseurs, Luciano Berio, Cathy Berberian, John Cage et bien d’autres encore. À
noter : le dernier album de l’artiste, Vaisseaux,
est dans les bacs depuis novembre 2015.
3 au 5 février
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
Johanny Bert met en scène un texte de
Stéphane Jaubertie (publié aux Éditions
Théâtrales en 2013). L’histoire d’un garçon
d’une dizaine d’années, qui se découvre
enfant adopté et cherche à percer le secret
de sa famille, entre ombre et lumière, mystère et anticipation. À découvrir à partir
de 9 ans, l’âge où l’on découvre son identité, et construit les fondations de sa future
autonomie.
© Jean-Louis Fernandez
Je t’ai rencontré
par hasard
© Yves Burdet
46
26 au 28 février
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75 theatremassalia.com
marseille
bouches-du-rhône
spectacles
AU PROGRAMME
47
Empreintes
Next
© Jochem Jurgens
Jolie Sirène de février, à midi net le premier
mercredi du mois, sur le parvis de l’Opéra de
Marseille : une performance chorégraphique
et plastique de la Cie des Corps Parlants.
Mathilde Monfreux a travaillé avec la plasticienne Elisabeth Saint Jalmes un type
inédit de «sculptures en tissu à activer avec le
corps humain», dans le cadre du projet Mitsi.
Ce projet se décline ici avec sept danseurs,
voués à la transmission d’énergie.
Le chorégraphe Arno Schuitemaker joue
des neurosciences et de la philosophie
contemporaine pour redéfinir la/les sensations d’espace. While we strive met en scène
trois danseurs qui mêlent en un mouvement
ininterrompu les matières visuelle et sonore.
La dramaturgie de Guy Cools se glisse dans
le flux de la composition sonore et musicale
de Massimo Cervini, nous emportant dans
un voyage qui remodèle notre présent.
© Yann Marquis
© X-D.R
While we strive
3 février
Lieux Publics, Marseille / Parvis de l’Opéra
04 91 03 81 28 lieuxpublics.com
30 janvier
Ballet National de Marseille
04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com
School of Moon
Eric Minh Cuong Castaing à l’école de
la lune... Ou la métaphore d’une post-humanité faite de chair et de métal. Cette création
fait suite à une résidence de finalisation à
la Maison pour la Danse dirigée par Michel
Kelemenis, et la chorégraphie comprend dix
enfants, accompagnés de deux danseurs et...
six robots humanoïdes de compagnie.
30 janvier
Le Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
© Shonen
Festival
Polar en Lumières
Timide
© Luc Dagassart
Septième édition du Festival Polar en
Lumières au cinéma Les Lumières de
Vitrolles et toujours le même enthousiasme
et la même exigence de qualité pour une
programmation éclectique. Les séances de
cinéma se doublent de rencontres avec les
réalisateurs et le théâtre se joint à la fête,
avec Le couloir de la mort ou Love me tender 3 de Manuel Pratt, Mangez-le si vous
voulez de Jean Teulé, porté à la scène par la
Cie Théâtre Actuel. Le jeune public n’est
pas oublié, la réflexion non plus, une journée
conférence sera consacrée au thème Polar
et Cinéma…
27 au 29 janvier
Ballet National de Marseille
04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com
© Théâtre Actuel
2 au 4 février
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20 kelemenis.fr
20 au 28 février
Cinéma Les Lumières, Vitrolles
04 42 77 90 77 cinemaleslumieres.fr
La compagnie En Phase se meut dans les
mots du poète et essayiste martiniquais
Édouard Glissant, pour la pièce Empreintes
dont une étape de création avait été donnée en 2011 au théâtre Comoedia. Miguel
Nosibor, chorégraphe et interprète hip hop,
revient à Aubagne pour danser la version
achevée (dont la première s’est jouée en
novembre 2015 au théâtre Golovine d’Avignon), rencontrant le verbe de l’écrivain-diseur malgache Raharimanana. Croisement
enlevé de mémoires et de cultures où se
déchiffrent les traces.
Si l’on définit les contes par leur capacité à
nous apprendre à grandir, Timide de Catherine Verlaguet en est indéniablement un.
Lucas a quatre ans et sa timidité le paralyse.
Quelle malédiction pour celui qui deviendra
«accrocheur d’étoiles» ! Bénédicte Guichardon interprète ce conte initiatique
manipulant objets et marionnettes. Un beau
spectacle de la compagnie Le bel après-minuit (quel joli nom !) pour commencer l’année,
accessible dès 3 ans.
5 février
Le Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
AU PROGRAMME
spectacles
BOUCHES-DU-RHÔNE
Hêtre
Un dîner d’adieu
Une branche d’arbre, tourmentée, baignée
de lumière ocre émerge de la pénombre,
une jeune femme s’approche… commence
un numéro poétique, accompagnée par la
musique d’un bandonéon. La chorégraphie
de cette étrange voltige vous entraîne hors
du temps, portée par la grâce de Kamma
Rosenbeck dans une mise en scène de
l’auteure Fanny Soriano, et les airs de
Maguna Thomas Barrière. Une œuvre
atypique et envoûtante de la compagnie
Libertivore.
S’il est des expériences théâtrales essentielles, Randonnée en terres beckettiennes
par Danielle Bré, sa compagnie In pulverem reverteris et Mathieu Cipriani,
en est un troublant exemple. Le spectacle
invite le spectateur à user de l’ouïe plus que
de la vue, à déchiffrer l’énigme des silences
et des mots, dans la lecture d’un triptyque
qui convoque cinéma, théâtre, piano (Simon
Sieger). Non, la culture n’est pas le reflet
d’une quelconque loi du marché, mais nous
parle et nous renvoie à nous-mêmes, nous
offrant de nouveaux miroirs, de nouveaux
chemins.
© Emmanuel Murat
© Corine Letellier
Randonnée en terres
beckettiennes
17 février
Le Comœdia, Aubagne
04 42 18 19 88 aubagne.fr
© Patrice Claire
Barons perchés
© Christophe Raynaud De Lage
48
Pour ceux qui pensaient avec Italo Calvino
qu’il n’y avait qu’un Baron perché, Mathurin Bolze (désormais familier de la salle du
Bois de l’Aune) apporte le pluriel, et un défi
permanent à la gravitation universelle. On
oublie l’artifice du trampoline, pour s’immerger dans la poésie de Barons perchés ; le
plancher n’est plus le seul lieu d’appui de la
marche ou de la danse ; les murs, l’air même,
deviennent solides pour une performance
onirique époustouflante.
23 & 24 janvier
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr
4 & 5 février
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr
Si l’on se souvient de la comédie à succès
portée à l’écran, Le Prénom, on a une idée de
la qualité de la deuxième pièce de Matthieu
Delaporte et Alexandre de la Patellière,
Un dîner d’adieu, en plus caustique, plus
féroce. Ce vaudeville met en scène un couple
« aisé-blasé » qui a décidé de se débarrasser
de ses «amis-boulets», au cours d’un dîner
d’adieu. Pitreries et gags s’enchaînent, dans
la lignée de Dîner de cons. Un bel exercice
pour les zygomatiques !
2 au 6 février
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Tanto amore
Andreas
Le chemin de Damas est une pièce en trois
parties d’August Strindberg. Jonathan
Châtel en propose une traduction et une
adaptation, avec la mise en scène du premier
mouvement de cette œuvre monumentale,
accordant un nom à l’inconnu de Strindberg :
Andréas. Comme Saül qui devient Saint-Paul
sur le chemin de Damas, Andréas, écrivain
en proie au désespoir, fait une rencontre qui
bouleverse sa vie. Il s’agit ici d’une femme,
auprès de laquelle il recherchera l’absolu. La
pièce est portée par des acteurs d’exception
de la Cie ELK, nimbés de lumière.
26 & 27 février
Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr
Elles meurent toutes, nourrissant notre
mémoire d’airs sublimes, ces tragiques
héroïnes de Puccini, Madame Butterfly, Mimi,
Tosca, Turandot… La comédienne Simonne
Moesen dénonce, lors d’une conférence
chantée, l’acharnement des compositeurs à
sacrifier leurs personnages sous prétexte de
nous régaler d’arias où passion et souffrance
jouent du contre-ut jusqu’au vertige… Avec
sa complice, la compositrice Kaat De Windt
qui interprète au piano ses propres variations
sur les thèmes pucciniens, elle nous conduit
avec talent et humour dans le cruel univers
de l’opéra.
19 & 20 février
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
49
Contact
Le jeu de l’amour
et du hasard
24 au 27 février
Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
© Gadi Dagon
Il faut bien au moins la scène du GTP pour
accueillir la magie, l’imagination poétique,
la verve, l’élan de Philippe Decouflé et les
seize danseurs, acteurs, chanteurs, musiciens de sa compagnie DCA. Hommage à
la comédie musicale made in Hollywood,
clin d’œil à Pina Bausch, concert, cirque,
cabaret, les genres se mêlent, les styles,
les personnalités, les corpulences, pour un
spectacle hybride, chatoyant et jubilatoire.
Créée en 1987, par Liat Dror et Nir Ben
Gal, la pièce Two room apartment avait
déjà remporté le prix de la chorégraphie
au Concours de Bagnolet avant d’être élue
vingt-cinq ans plus tard « meilleure performance de l’année » par le Cercle des critiques de la danse israélienne. Le thème des
frontières, physiques ou non, est mené avec
brio par les deux danseurs, qui franchiront
la ligne interdite, pour créer enfin un espace
de liberté. Actualité brûlante !
25 au 28 février
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
L’imaginarium
2 au 6 février
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
Les Ballets russes
© Anton Zavjyanov
4 & 5 février
Grand Théâtre de Provence,
Aix-en-Provence
08 2013 2013 lestheatres.net
Kamuyot
© Yan Giraldou
Indissociables de Diaghilev, leur fondateur et mécène, les Ballets Russes sont
à l’honneur au GTP, avec le Ballet de
l’Opéra de Perm qui interprète des chorégraphies emblématiques : Les Sylphides,
Les Danses polovtsiennes, Shéhérazade, Le
Spectre de la rose, chorégraphies de Fokine
et la Sérénade de Balanchine. Le tout sur
des musiques de Chopin, Weber, Borodine,
Tchaïkovski. Une belle plongée dans une
page d’histoire virtuose de la danse.
De son titre complet, L’imaginarium, conte
à interpréter pour rêveur désordonné, le
nouveau spectacle de Yan Giraldou nous
entraîne dans un rêve partagé où curiosité
et imagination se conjuguent en poésie. La
réalité devient ici le vecteur du conte, et
de l’extraordinaire. L’histoire naît d’images,
d’évocations, qui laissent aux spectateurs
grands et petits (à partir de 5 ans) une
immense liberté. Une belle définition de la
démarche artistique.
26 au 30 janvier
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
Quatorze danseurs du Batsheva-Jeune
ensemble apportent leur débordante énergie à la pièce de Ohad Naharin Kamuyot ;
le quatrième mur s’efface, les spectateurs
deviennent les complices de la folie qui envahit le plateau, soutenue par une bande son
qui se nourrit de pop japonaise, de reggae,
de musiques de séries cultes. La tornade
connaît des accalmies, moments immobiles
de pure émotion avant de nouveaux élans
d’un rythme jubilatoire car partagé.
© Gadi Dagon
© Victor Tonelli
Théâtre dans le théâtre, jeu du moi et du
mensonge, de l’être et des apparences, la
pièce de Marivaux décline avec une subtile
efficacité des affres des sentiments et des
conventions. Lorsque le metteur en scène
Laurent Laffargue s’en mêle, l’élégance de
la mise en scène rencontre celle de la langue
de Marivaux. Bien sûr l’amour triomphe et
les conventions sont sauves. L’amour est-il
donc le fruit d’un « hasard » qui nous conforte
dans la hiérarchie de l’échelle sociale ?…
© Laurent Philippe
Two room apartment
26 au 28 février
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
04 42 93 48 14 preljocaj.org
AU PROGRAMME
spectacles
BOUCHES-DU-RHÔNE
Bottom
La compagnie marseillaise Cahin-Caha en
résidence de création au 3bisF, présente une
étape de travail de son nouveau spectacle
Bottom, écrit et joué par Gulko dans une
mise en scène d’Adèll Nodé-Langlois,
aussi à la co-écriture. Il semble qu’il sera
question d’amour… et de masques (un
atelier Jeux de masques/jeux de moi, sera
donné du 15 au 19 février par la compagnie).
La mégère apprivoisée
© X-D.R
© X-D.R
Jackie
© Philippe Nou
Au bout de sa vie, Jackie Kennedy nous parle
avec les mots d’Elfriede Jelinek, auteur
polygraphe, prix Nobel de Littérature 2004.
Sont ainsi énoncés les évènements, les confidences, soulignant la distance infrangible
entre le papier glacé des magazines et la
réalité humaine de cette femme qui, faisant
partie des « grands de ce monde » s’exclame :
« Nous n’existons même pas ! ». Valérie
Hernandez de la Cie La Variante porte
avec passion ce personnage complexe dans
une mise en scène de Michel Ducros.
Pinocchio
La compagnie Têtes de Bois (quel nom prémonitoire pour interpréter une telle pièce !),
reprend l’œuvre de Collodi, sans édulcorer
la cruauté du conte. Masques, musiques
napolitaines, jeu enlevé des acteurs, dans
une mise en scène de Mehdi Benabdelouhab et Valeria Emanuele qui mêle
commedia dell’arte et théâtre contemporain,
allègent les moments difficiles d’abandon,
de trahison, de deuil, et conduisent notre
marionnette fantastique et fantasque à sa
transformation en vrai petit garçon. À partir
de 6 ans.
Pièce misogyne ? Pas forcément souligne la
Cie Les Têtes de Bois, inscrivant l’œuvre
shakespearienne dans la fresque de la
Divine Tragédie, initiée avec Volpone de
Ben Jonson. Il s’agit bien davantage d’une
dénonciation des masques, d’un jeu des
contraires, des paradoxes… La troupe joue
des masques et met en évidence la rouerie
des apparences. La mégère apprivoisée,
après des passes d’arme dignes d’une vaillante corrida trouve un être à sa mesure. Le
vrai triomphe…
6 février
Maison du peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
Love letters
© Gaël Rebel
26 & 27 février
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
26 février
3bisF, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 3bisf.com
Andromaque
Tout le monde aime, mais jamais la bonne
personne ; Oreste aime Hermione qui ne
l’aime pas, qui aime Pyrrhus qui ne l’aime
pas, qui aime Andromaque qui ne l’aime
pas, qui aime Hector qui est mort. Amour
passion, raison d’état, folie, Racine est là,
sa métrique, la fluidité des alexandrins, la
grandeur tragique des personnages. On le
retrouve dans une mise en scène de Frédéric Poinceau dans le cadre des créations
universitaires du cursus de formation Arts
du spectacle de l’Université de Provence.
23 au 27 février
Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76 theatre-vitez.com
© X-D.R.
50
4 & 5 février
Maison du peuple, Gardanne
04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr
La pièce d’Albert Ramsdell Gurney,
écrite en 1989 a joui d’un énorme succès,
avec ses deux personnages qui lisent côte
à côte à un bureau leurs lettres. Melissa
(Cristiana Reali) et Andrew (Francis
Huster) se sont écrit pendant cinquante
ans depuis l’âge de huit ans. Depuis les mots
d’écoliers aux lettres d’amour adolescentes,
aux missives d’adultes, face à un quotidien
parfois délicat… ces deux êtres relisent
cette correspondance, drôle, anecdotique,
émouvante, profonde. Un grand moment !
04 42 87 75 00
5 février
Espace NoVa, Velaux
espacenova-velaux.com
51
Le conte d’hiver
Marie Chouinard
La compagnie Philippe Car s’empare de la
pièce de Shakespeare avec une merveilleuse inventivité. Renouant avec la tradition
du théâtre élisabéthain, les acteurs sont
clowns, circassiens, musiciens, marionnettistes… pour un spectacle enlevé, baigné
de magie et de poésie, accessible dès 8 ans.
Un moment de bonheur à partager (sans
compter le cabaret Shakespeare avec tables
rondes à l’issue de la représentation) !
La chorégraphe montréalaise revisite et se
réapproprie deux classiques de la danse, Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et
Le Sacre du printemps de Stravinsky, avec
une gestuelle qui lui est propre. Le travail
de Marie Chouinard, entamé il y a près de
quarante ans, ne cesse d’affirmer un intérêt
indéfectible pour le corps humain.
© Pierre Planchenault
Bliss
04 42 87 75 00
23 février
Espace NoVa, Velaux
espacenova-velaux.com
© X-D.R.
26 février
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
5 février
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
Libertés
MoTTes
Le Woop
© John Wax.
© X-D.R.
Derrière la dénomination anglo-saxonne, des
stars de la chaîne Youtube : le Woopgang.
Sept comparses adeptes du gag, du rire à
haute dose qui a déjà un public enthousiaste
et adolescent sur la toile. Aussi à l’aise sur
scène que sur le web, ils survoltent les salles
qui les accueillent.
04 42 87 75 00
27 février
Espace Nova, Velaux
espacenova-velaux.com
L’atelier qui occupe la scène est pour le
moins singulier : trois mottes de terre, trois
planches et deux caisses… C’est dans ce
décor que les comédiens François Salon
et Sébastien Dehaye, de la Cie Le pOissOn sOluble, vont façonner leur théâtre
d’argile en direct, faisant naître et s’animer
des paysages et des personnages éphémères
très poétiques. Sans mots, mais avec un langage corporel très parlant, ils explorent en
musique notre rapport à la terre.
24 & 27 février
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00 les-salins.net
La Cie Grat Théâtre/Jean-Louis Hourdin
explore notre besoin insatiable de liberté
avec une soirée théâtrale en deux parties,
étonnamment complémentaires, qui fait se
côtoyer Marivaux et Naomi Klein ! Avec
L’Île des esclaves, Marivaux décrit le joyeux
affrontement d’une lutte des classes douloureuse, dramatique et primitive. S’ensuit La
Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre, que la compagnie monte
en chansons, poèmes, pensées, musiques
et sketches dans la tradition de l’agitation
poétique.
© X-D.R
© Elian Bachini
Antony Egéa clame son amour pour la
danse avec cette chorégraphie qui revisite
l’univers extravagant des boîtes de nuit.
Sur fond d’une musique électro qui lie les
mouvements et les sensations, les danses se
nourrissent des techniques du hip hop pour
développer une gestuelle hybride et actuelle.
En 2e partie de soirée, la Cie Rêvolution
convie le public à poursuivre la soirée en
dansant, avec un after électro impulsé par
un DJ et les danseurs de la compagnie.
5 février
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39
theatre-semaphore-portdebouc.com
AU PROGRAMME
spectacles
BOUCHES-DU-RHÔNE
Comment moi je ?
Je clique donc je suis
© Raphaël Arnaud
Bric à Brac est une petite fille qui vient
de naître, seule au monde. C’est en cherchant son chemin dans l’existence qu’elle
apprendra qui elle est et le trouvera. La Cie
Tourneboulé questionne le monde qui nous
entoure en creusant le sillon de la philosophie, pour construire sa pensée et aider à
grandir.
19 février
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 39
theatre-semaphore-portdebouc.com
04 92 52 52 52
Agnès Régolo met en scène la pièce de
Beaumarchais avec une belle intelligence
du texte, de la scène et des acteurs. Elle
en a gardé la drôlerie mais surtout la force
révolutionnaire, la revendication d’égalité,
de liberté, l’impertinence de cette raison qui
s’impose et va quelque mois après l’écriture
renverser le système monarchique, conservant à la pièce une incroyable actualité.
© Ana Uzik.
© Colorbox
Le Mariage de Figaro
5 février
Forum des Jeunes, Berre L’Étang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
23 & 24 février
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
27 février
Salle Guy Obino, Vitrolles
04 42 02 46 50 vitrolles13.fr
Montagne
25 & 26 janvier
Forum des Jeunes, Berre L’Etang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
Primitifs
Quand un ours de la forêt et une biche de la
ville se rencontrent, l’histoire qui se raconte
est celle d’un voyage initiatique et poétique
au cœur de la nature. L’ours grand et puissant va protéger la biche gracieuse et intrépide qui, en équilibre sur sa main ou cachée
dans le creux de son genou, lui racontera la
solidarité et le vivre ensemble. La rencontre
est chorégraphiée par Florence Bernad
et écrite par Aurélie Namur, du Groupe
Noces.
À en croire les géologues et les historiens
contemporains, la Terre a désormais quitté
l’ère géologique de l’Holocène, datant d’il
y a près de 10 000 ans, pour entrer dans
l’Anthropocène, une nouvelle époque au
cours de laquelle l’action de l’Homme
est devenue la principale force de transformation de l’écosystème terrestre. Pour
ce nouveau projet, Michel Schweizer a
mobilisé des forces créatives, danseurs et
architectes, afin de réfléchir à la création d’un
monument pérenne destiné à informer les
générations futures de ce legs emblématique
d’un irréparable.
© Maïa Jannel
En 1942, en France durant l’occupation nazie,
un bébé juif échappe miraculeusement à
la rafle dont est victime toute sa famille ;
elle sera prise en charge par une dizaine de
« Justes » au cours de son enfance, qui sont
autant de chapitres qui rythment le spectacle
mis en scène par la Cie La Naïve, sur un
texte de Vincent Cuvellier.
24 février
Forum des Jeunes, Berre L’Etang
04 42 10 23 60 forumdeberre.com
Magicien et mentaliste, Thierry Collet
inscrit son spectacle interactif dans la
réalité très contemporaine des nouvelles
technologies et et techniques de captation
et d’utilisation des données personnelles. La
mentaliste et actrice Claire Chastel fera
la démonstration de quelques prototypes
d’applications et de logiciels aux propriétés
supposées miraculeuses destinées à nos
téléphones portables et à nos ordinateurs,
par ailleurs supports des effets magiques du
spectacle, en prenant à partie le public et en
créant des situations ludiques, burlesques,
bluffantes !
23 février à Boulbon
24 février à Tarascon
25 fév à Saint-Rémy-de-Provence
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51 theatre-arles.com
L’Histoire de Clara
© Laurence Hebrard
52
04 90 52 51 51
29 janvier
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
BOUCHES-DU-RHÔNE
gard
vaucluse
spectacles
AU PROGRAMME
53
© Loran Chourrau - le petit cowboy
Richard toi !
Pour Ethan
04 90 52 51 51
À partir de la relecture d’Angelica Liddell
de la pièce Richard III de Shakespeare, le
GroupeSansdiscontinu composé de
«vrais» techniciens joue la pièce qu’une
compagnie était censée interpréter mais
qui n’arrivera jamais. Des artisans à l’œuvre
qui sortent des coulisses avec fumigènes,
projecteurs, câbles et poulies, pour célébrer
le théâtre et déployer en direct « leur savoirfaire dans un parcours hallucinatoire sur la
figure du monstre ». À partir de 12 ans.
04 66 36 65 10
27 février
Théâtre d’Arles
theatre-arles.com
Ancien malade
des hôpitaux de Paris
Une nuit aux urgences pour un remède
assuré contre la morosité, en compagnie
de l’ex-Deschiens Olivier Saladin qui livre
une véritable performance sur la nouvelle de
Daniel Pennac. Une satire du monde médical que met en scène avec fougue Benjamin
Guillard, dans laquelle on croise un interne
volontaire, un patient aux symptômes des
plus étranges, des spécialistes à la pelle, des
courses de brancard et des couloirs labyrinthiques. Tout cela pour un seul acteur,
et quel acteur ! Hilarant et féroce à la fois.
© Emmanuel Noblet
© M. Phelippeau
Le chorégraphe-plasticien Mickaël Phelippeau, qui développe depuis 2008 de
passionnants bi-portraits photographiques
et dansés, questionne là l’interprétation
et l’altérité. Il invite sur scène Ethan, un
adolescent d’aujourd’hui qui pratique le
handball, joue du piano, et chante de sa
voix encore cristalline d’enfant. Pudique et
puissant, il danse aussi, et se dévoile dans
des rebondissements maîtrisés et magiques.
9 & 10 février
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
D’après une histoire
vraie
04 66 36 65 10
16 au 18 février
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
Adapté du grand roman russe de l’oisiveté
écrit par Ivan Gontcharov en 1859, Dorian
Rossel (artiste associé à La Garance) et la
O’Brother Company mettent à l’honneur
l’anti-héros par excellence, Oblomov (qui
donna son nom à l’oblomovisme, ou l’art
de la paresse absolue). Un jeune aristocrate,
nonchalant et rêveur, incapable de prendre
une décision, qui refuse tout et préfère s’enfermer dans sa chambre. Derrière l’apathie
se cache un cœur pur, un refus obstiné des
conventions, et un goût absolu de la liberté.
Une balade philosophique sur l’isolement qui
sortira sans douter le public de sa léthargie
hivernale !
20 & 21 février
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
11 & 12 février
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
© Christian Ganet
2 au 4 février
Théâtre de Nîmes
theatredenimes.com
Entre danse et transe, cette histoire composée par le chorégraphe Christian Rizzo à
partir d’un souvenir marquant -une danse
folklorique exclusivement masculine découverte en 2004 à Istanbul-, explore l’humanité et la fraternité. Harmonieux, fluides,
soudés, les corps de ces huit danseurs se
frôlent, se touchent, tombent, tiennent en
une communauté recréée à l’infini sur des
pratiques folkloriques, accompagnés par les
percussions de Didier Ambact et King
Q4. Un absolu chorégraphique tendu vers
l’universel.
04 66 36 65 10
04 66 36 65 10
© Erika Irmler
Oblomov
Adaptée du roman d’Alessandro Baricco
et interprétée par André Dussollier, voici
l’histoire d’un nourrisson né en 1900 et
abandonné par ses parents sur le piano
d’un paquebot qui devient la mascotte de
l’équipage. Prénommé Novecento, devenu
pianiste surdoué, il grandit entre l’Europe
et l’Amérique… sans jamais mettre pied à
terre. L’acteur, accompagné par un quartet
de jazz, nous transporte au milieu de l’Océan
pour une croisière surprenante !
© Marc Domage
Novecento
26 janvier
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
AU PROGRAMME
spectacles
vaucluse
Les bêtes
© Ifou pour le Pôle média
27 janvier au 2 février
La Garance, Cavaillon
04 90 78 64 64 lagarance.com
Catherine Graindorge, comédienne, violoniste et compositrice, en résidence au théâtre
des Doms, mène un travail d’écriture à partir
du deuil de son père, un homme célèbre et
marquant pour la Belgique. Autour du récit
« de l’échange entre celui qui s’en va et celle
qui reste » et pour évoquer sa mémoire, elle
s’entoure de la collaboration artistique du
plasticien Bernard Van Eeghem et du
comédien Mohamed El Khatib, qui a livré
sur le thème la magnifique pièce Finir en
beauté. De belles promesses. Entrée libre
sur réservation.
27 janvier
Théâtre des Doms, Avignon
04 90 14 07 99 lesdoms.be
Après un début de saison consacré à se
refaire une beauté, le théâtre du Balcon
rouvre ses portes avec cette pièce de Wajdi
Mouawad et Benoît Vermeulen montée
par la compagnie vauclusienne Le Bruit
de la rouille. Boon, un anthropologue
judiciaire, reconnaît le cadavre d’un ancien
camarade de classe qui avait mystérieusement disparu pendant son adolescence. Tout
lui remonte, son parcours, ses espoirs, son
univers poétique qu’il retrouve peu à peu…
L’occasion de s’interroger sur ce que sont
nos rêves devenus…
04 90 85 00 80
22 & 23 janvier
Le Balcon, Avignon
theatredubalcon.org
Jongle
© Catherine Graindorge
Julien Gosselin est le prochain invité des
rencontres mensuelles du Festival d’Avignon pour évoquer la pièce 2666 qu’il créera
pour la 70e édition cet été. Le jeune metteur
en scène avait marqué l’édition 2013 avec
Les Particules élémentaires adaptées de
Houellebecq. Avec sa Cie Si vous pouviez lécher mon cœur, il revient pour un
nouveau défi littéraire en adaptant le roman
massif posthume de Roberto Bolaño et une
galerie de personnages hétéroclites réunis
sur plusieurs époques : une nouvelle promesse d’épopée à venir…
04 90 27 66 50
11 au 14 février
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51 theatredeshalles.com
Avant la fin
Rencontre mensuelle
26 janvier
Festival d’Avignon
à La FabricA
festival-avignon.com
Avancée d’un mois -c’est aussi cela le spectacle « vivant »-, la nouvelle création d’Alain
Timár d’après l’auteur franco-libanais
Charif Ghattas, est l’histoire d’un couple
moderne qui invite un sans-abri à partager
son point de vue sur la société, ses codes
et ses masques. Une satire de la condition
humaine, où il est question de cynisme et de
barbarie, à laquelle le metteur en scène invite
à prendre part Maria de Medeiros, Manuel
Blanc et Thomas Durand. Ce trio ambigu
évoluera dans un espace labyrinthique
composé par Alain Timár, en scénographe
toujours inspiré, sur une musique de Chantal
Laxenaire. Vertige annoncé !
Assoiffés
© Roland Plenecassagne.
© Dominique Vérité.
Première partie d’un diptyque sur le thème
de la peur, présenté par l’artiste compagnonne de La Garance Laurance Henry
et sa compagnie AK Entrepôt. En tournée Nomades sur le territoire vauclusien,
À l’ombre de nos peurs met en scène deux
personnages qui livreront, dans des espaces
séparés, des instants de vie sur le sujet. La
pièce sera suivie d’une visite d’un petit cabinet de curiosités réalisé grâce à la collecte
de « boîtes à trouilles » que le public aura
alimenté depuis le début de saison.
La scène conventionnée pour le jeune public
reçoit le Théâtre Bascule à la Maison
pour Tous Monclar pour un spectacle qui
aborde, dès 2 ans, le sujet de l’autre et de la
construction de soi à travers la découverte
du monde. Ici deux personnages, l’un qui
manipule des objets cubiques et l’autre
des objets sphériques. Comment déjouer,
ensemble et en mêlant danse et jonglage,
les lois de l’apesanteur avec ces objets qui
roulent ou qui tombent, pour que s’invente
un monde en expansion. Et une forte envie
d’aller voir ailleurs.
© Patrick Bard
À l’ombre de nos peurs
Julien Gosselin © Simon Gosselin
54
11 & 12 février
Éveil artistique, Avignon
à la Maison pour Tous Monclar
04 90 85 59 55 eveilartistique.com
vaucluse
Ode à la neige
alpes
spectacles
AU PROGRAMME
55
Pixel
Oktobre
Chouz
Quand la chaussure devient partenaire privilégiée d’une chorégraphe aux pieds nus !
Pour cette création jeune public, à partir de 2
ans, Nathalie Cornille décline un univers
noir et blanc à partir de situations toutes
simples dont la chaussure est l’héroïne, et
qui font mouche à tous les coups. Mêlant à
son imaginaire inspiré des airs de comédie
musicale et d’opéra, convoquant le mime et
le film d’animation, tout le monde ressort de
cette petite forme à l’aise dans ses baskets !
27 janvier
Théâtre Durance, Château-Arnoux/
Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
04 92 52 52 52
Le chorégraphe Mourad Merzouki mêle
la danse aux arts numériques dans un
spectacle convoquant technologie, poésie
et virtuosité. Sur une musique envoûtante
d’Armand Amar, onze artistes, danseurs et
circassiens, évoluent dans le décor bluffant
imaginé par Claire Bardainne et Adrien
Mondot. Hip hop et arts du cirque s’entrelacent à merveille, et font voler en éclat
les frontières du réel et du virtuel. Une invitation à la rêverie pour une fête des corps
éblouissante !
04 92 52 52 52
3 février
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
29 & 30 janvier
La Passerelle, Gap
theatre-la-passerelle.eu
C’est la vie
Macbeth Fatum
Le Théâtre des Crescite s’empare sans
faillir de la pièce de Shakespeare que luimême soupçonnait d’être vouée au malheur.
Autour de l’histoire de ce couple mythique
prêt à tout pour monter sur le trône d’Ecosse,
il s’approprie et modernise la langue du
grand Will. Pour le jeune collectifs d’acteurs,
peu d’artifices, voire le strict nécessaire au
plateau, pour se poser la question principale
de la pièce : pourquoi tant d’inhumanité et
de cruauté chez les Macbeth.
© Sandra Bariller
10 février
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27 theatre-golovine.com
5 & 6 février
Théâtre Durance, Château-Arnoux/
Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
© Marc Toulin
Pour ce premier Mercredi des Bambini de
l’année au Théâtre Golovine, la compagnie
Mazette de Fanny Jeannin débarque avec
son «charluge» le temps d’un spectacle tout
simple et magique. Un chariot-luge traîné
par un petit lutin solitaire qui s’installe dans
le froid de l’hiver et tente, à force d’équilibres
et d’acrobaties, de retrouver un peu de chaleur. Un monde candide et décalé, poétique
et loufoque, qui régalera les jeunes spectateurs dès 3 ans. Avec la librairie L’Eau vive,
les enfants pourront à l’issue du spectacle
poursuivre l’aventure avec force nez rouges,
chapeaux pointus et boites à meuh.
© Daniel Michelon
© X-D.R
© Agathe Poupeney
Une trapéziste de haut vol, un acrobate à la
souplesse folle et un champion de l’illusion :
les talentueux artistes qui composent ce trio
développent un univers hors du commun.
Un spectacle envoutant, et juste ce qu’il
faut d’étrange et d’inquiétant, où la magie
nouvelle côtoie la danse-théâtre de Pina
Bausch et le cinéma de David Lynch. Un
monde fantastique où la logique ne fait plus
la loi et où les relations humaines brûlent
les planches…
26 février
Théâtre Durance, Château-Arnoux/
Saint-Auban
04 92 64 27 34 theatredurance.fr
Jean-Quentin Chatelain, dans une
interprétation magistrale, donne vie à cette
histoire écrite comme un oratorio par l’Autrichien Peter Turrini pour le metteur en
scène Claude Brozzoni. Entre témoignage
et confession, entouré par les musiciens
Claude Gomez et Grégory Dargent,
traversant les années 1944 à 2014, le comédien déroule la petite musique intime des
souvenirs et des périodes de dépression et
d’espérance.
29 janvier
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu
AU PROGRAMME
spectacles
alpes
var
Bestiaire allumé
Le cantique des cantiques
La dernière création du chorégraphe Abou
Lagraa s’ancre dans ce poème biblique
qui parle des peurs et réjouissances liées
au sentiment amoureux pour le confronter
à des « problématiques actuelles, face aux
intolérances, aux contradictions, à toutes les
formes d’hypocrisies de nos sociétés quand
il s’agit d’amour ». Chaque duo met ainsi en
mouvement plusieurs enjeux et situations
pour tenter de saisir ce qui constitue l’intimité d’un couple.
© Tiziana Tomasulo
Trois fables de La Fontaine au programme
de cette création cousue main d’Arketal.
Spécialisée dans l’art de la marionnette,
la compagnie a choisi les textes selon les
notions qu’ils évoquent : la propriété, dans
Le chat, la belette et le petit lapin, le dilemme
entre confort et liberté dans Le loup et le
chien, et le rapport à l’autre dans Le lion et
le moucheron. Sylvie Osman, Mathieu
Bonfils et Marion Duquenne signent la
mise en scène et manipulent les marionnettes conçues par Wozniak et créées par
Greta Bruggeman.
Pour l’auteur et metteur en scène italien
Fausto Paravidino, la création théâtrale se conjugue avec les problématiques
contemporaines. Avec ce spectacle, il rejoint
la troupe du Teatro Valle Occupato, qui,
depuis 2011, occupe et autogère un théâtre
historique de Rome. Il offre à ces acteurs,
débordants d’énergie et d’engagement, un
texte à leur mesure. Le système capitaliste
et la spéculation, broyeurs d’idéaux et
fossoyeurs des classes populaires, y sont
attaqués de front.
© Eric Boudet
© Wozniak
La boucherie de Job
2 février
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu
26 janvier
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
2 février
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
4 février
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Do you be
À l’approche du point B
Aucun homme
n’est une île
Composée de 14 tableaux, la pièce de Marie
Clavaguera-Pratx qu’elle met également
en scène pour la Cie La Lanterne, donne
à voir le dernier voyage d’un vieil homme,
interprété par un jeune danseur (Vincent
Clavaguerra) pour nous entrainer plus
encore dans un vertige théâtral total, vers
le point B de sa vie. Retrouvailles familiales,
fous-rires et soupirs, non-dits et pleurs
accompagnent le condamné sur son chemin de croix…
26 février
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu
© X-D.R.
Jacques et Oscar. Deux ados, deux amis, qui
jouent, s’amusent, se disputent. Rien de plus
banal, en somme. Sauf que l’un d’eux est une
créature virtuelle, qui ne vit que dans un ordinateur. Sur un texte de Fabrice Melquiot,
Roland Auzet met en scène un nouveau
genre : le cyber théâtre. Au milieu d’effets
visuels époustouflants, Julien Romelard
crée une relation déroutante avec cet avatar
sur écran. Conseillé à partir de 8 ans, ce
spectacle est programmé dans le cadre de
Regards sur les arts numériques.
© Emmanuelle Murbach
© Alexandre Jeanson
56
29 janvier
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Cette création de Nawal Lagraa se joue
en diptyque. D’abord un solo de la danseuse
et chorégraphe franco-marocaine, suivi du
travail qu’elle a accompli avec sept interprètes féminines. Lors d’une résidence-création à Lyon cet automne, elle a mené, avec
ces jeunes autodidactes, une recherche
autour du concept de «femme sauvage»,
développé par l’auteure Clarissa Pinkola
Estés. Délaissant la technique, leur danse de
l’instinct est un engagement social, humain
et féminin.
5 février
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Elena Sergueievna, une professeure, a la surprise de voir débarquer
quatre de ses élèves chez elle pour lui souhaiter son anniversaire. Elle
les convie à partager un gâteau, mais très vite, l’atmosphère s’alourdit.
Les lycéens ne sont pas là seulement pour faire la fête. Myriam
Boyer, actrice au registre fascinant, incarne la professeure
aux côtés de jeunes comédiens.
Ils donnent corps à ce texte de
Ludmilla Razoumovskaïa,
qui, en 1983, décrivait avec pessimisme la société soviétique, et
y fut alors censurée.
© Pascal Gely
Chère Elena
27 février
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr
Les Arts Florissants, sous la houlette de William Christie (aussi
au clavecin), reprennent dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger cet opéra naissant, plus encore que «comédie-ballet»
de Molière et Lully. Transposé pour cette version dans le Paris des
années 50, un certain Monsieur
de Pourceaugnac débarque à
la capitale pour contracter un
mariage arrangé avec la belle
Julie. L’amant d’icelle ourdit
une machination infernale pour
renvoyer dans sa lointaine province le lourdaud prétendant.
© Brigitte Enguerand
Monsieur de Pourceaugnac
27 au 30 janvier
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
Après une visite à la prison du Pontet, en janvier 2012, François
Cervantès entretient une correspondance nourrie avec des détenus. De cet échange épistolaire, l’homme de théâtre retrouve des
sensations d’écriture enfouies depuis son enfance. Ces caractères
tracés à la main et cette effervescence du courrier postal.
Entre lui et les prisonniers naît
un lien précieux d’homme libre
à homme enfermé, coupé du
monde. Il en tire un texte sobre,
digne, où chacun, en liberté,
comme en prison, porte sa part
d’humanité.
2 février
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
© Melania Avanzato
Prison possession
AU PROGRAMME
spectacles
var
En avant marche !
Monsieur Agop
2 février
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
26 & 27 février
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02 chateauvallon.com
26 janvier
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Quand Azad était enfant, il fut sauvé de
la guerre par un homme. Devenu adulte,
il débarque d’Arménie pour retrouver son
protecteur. Il ne connaît que son nom, Monsieur Agop, et un lieu, Marseille. Dans cette
ville, il rencontre des jumeaux farfelus et
une étonnante femme de ménage, qui l’accompagnent dans sa quête. Création de la
compagnie La Naïve, sur un texte et une
mise en scène de Jean-Charles Raymond,
ce spectacle, qui touche au cœur, est inspiré
d’une histoire vraie.
29 janvier
Théâtre Marelios, La Valette du Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
L’Odyssée de
la moustache
Sacco et Vanzetti
© Johann Hierholzer P.-Houssin
En 1927, Nicola Sacco et Bartolomeo
Vanzetti, deux anarchistes d’origine italienne, immigrés aux USA, passent à la
chaise électrique. À l’époque, et jusqu’à
aujourd’hui, la controverse autour de leur
exécution n’a jamais cessé. Alain Guyard
signe un texte où les deux hommes, dans
l’antichambre de la mort, se parlent à distance, se souviennent, et rêvent encore. Dans
ce contre-emploi, les humoristes Jacques
Dau et Jean-Marc Catella, mis en scène
par François Bourcier, trouvent un rôle à
la mesure de leur talent.
© Jogood
Le trait d’union
Un adolescent, gros, obèse, qui mange et
mange encore. Pourquoi ? Il y a bien une
explication à cette volonté irrépressible
d’engloutir toujours plus de nourriture. À
15 ans, on n’est pas très sérieux, mais les
choses sérieuses du monde alentour peuvent
atteindre en profondeur. Comme le divorce
des parents. Mêlant théâtre et vidéo, la compagnie belge Trou de Ver ASBL propose
un spectacle subtil et sensible. Guillaume
Kerbusch signe le texte, qu’il interprète
avec Denys Desmecht, sur une mise en
scène de Valentin Demarcin.
Le célèbre Roman de Renart, perle de la littérature du Moyen-Âge, est adapté de manière
singulière par Les Compagnons de Pierre
Ménard. Avec la réécriture du texte qu’en
fit Samivel en 1936, la troupe bordelaise
signe une version adressée à tous publics
dès 6 ans, où se mêlent un conteur, Nicolas Fagart, deux comédiennes, Isabelle
Florido et Sabrina Dalleau, et un violoncelliste Maxime Dupuis. Dimension supplémentaire, les deux actrices s’expriment
en mime et en langue des signes.
© Sylvain Caro
Non, il ne s’agit pas d’une injonction
militaire ! Cet ordre donné incite bien à
marcher ensemble, mais au rythme d’une
musique qui n’a rien de guerrière. Alain
Platel, chorégraphe flamand, et Frank Van
Laecke, auteur et metteur en scène, tous
deux Belges, cultivent une tradition vive
dans leur pays, celle de la fanfare locale.
Ils embarquent dans l’aventure La Lyre
Provençale, ensemble musical d’Ollioules.
Steven Prengels signe les compositions,
et acteurs et musiciens nous mènent sur les
pas de leur harmonie.
© Llaurence Hebrard
© Phile Deprez
Goupil
© X-D.R
58
10 février
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr
Comédien marseillais rompu aux matches
d’impro et autres exercices théâtraux, Ali
Bougheraba se livre seul en scène avec
humour et finesse. En père attentif, il conte,
chaque soir, une histoire à sa fille. La petite,
pour profiter encore un peu avant de s’endormir, lui pose toutes sortes de questions.
Alors le papa prend le temps de partager ses
souvenirs d’enfance, ses rêves, ses origines,
parfois aussi ses malaises ou ses craintes.
4 février
Théâtre Marelios, La Valette du Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
var
alpes maritimes
spectacles
AU PROGRAMME
59
La neige
Blackbird
Les bons contes
du bon vieux temps
© Koen Broos.
© X-D.R
Il était une fois, une jeune fille faite toute de
neige. Son langage était sans parole, seuls
le chant et la danse étaient son expression.
Isolée, au milieu de la nature et du froid glacial, elle vivait sereine. La soprano Natasha
Young incarne cette créature, inspirée du
conte russe Snégoerotsjka. Sa voix subtile
est accompagnée des notes du guitariste
Toon Callier. La conception et la mise en
scène de ce spectacle tout en légèreté sont
signées Inne Goris.
26 février
Théâtre Marelios, La Valette du Var
04 94 23 62 06 lavalette83.fr
Quand l’amour ignore les codes sociaux et
même la loi, a-t-il une place pour s’exprimer ? Le texte de David Harrower aborde
de front le thème de la pédophilie. Et en propose une approche déroutante. Una avait 12
ans quand elle a vécu son histoire avec Ray,
qui en avait 40. Il a purgé sa peine de prison,
a changé de vie et veut oublier. Elle a connu
les psychiatres et le jugement quotidien des
autres. Elle va faire 700 km pour le retrouver.
Créé par le Collectif Impakt, ce spectacle
est déconseillé aux moins de 16 ans.
25 au 27 janvier
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 carreleongaumont.com
L’homme d’habitude
© Celine Chariot
Quatre petits contes composent ce spectacle de la compagnie pUnChiSnOtdeAd.
Spécialiste des marionnettes, la troupe tente
sans cesse d’en développer et d’en renouveler l’expression. En l’associant, comme ici, au
théâtre d’ombre, à la vidéo et à la musique.
Ces bons contes du bon vieux temps sont
en fait tous contemporains, mais ils nous
plongent avec délicatesse et poésie dans
le passé. Ils sont mis en scène par Cyril
Bourgois, également à l’interprétation, aux
côtés de Charlotte Bonnet et Sylvain
Freyermuth.
25 février
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr
Rupture à domicile
L’écrivain et metteur en scène Tristan
Petitgirard renouvelle avec beaucoup de
fantaisie et de modernité le genre du vaudeville. L’ingrédient du trio amoureux est
toujours dans la recette, mais c’est la forme
et le style qui prennent une nouvelle saveur.
Dans l’univers imaginé par l’auteur, il est
possible d’engager un tiers pour annoncer à
son aimée qu’on la quitte. Sauf que l’employé
se retrouve avec surprise face à son ex-petite amie, et qu’entre-temps, l’employeur a
changé d’avis...
31 janvier
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59 theatresendracenie.com
Aviez-vous déjà imaginé un concert de
danse ? Les danseurs de Vilcanota et
les musiciens des Blérots de R.A.V.E.L.
ont fait mieux : ils l’ont réalisé ! Avec une
telle idée, vous vous attendez à tout ?
Attendez-vous encore à autre chose ! Les
onze interprètes de ce spectacle déroutant
débordent d’énergie et vous feront passer
par toutes les sensations. La musique et la
danse fusionnent leurs champs, prennent
corps ensemble et deviennent l’instrument
commun d’une même expression.
30 janvier
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55 aggloscenes.com
Être beau ne suffit pas, il faut sans cesse se
sublimer pour arpenter « la grande scène
du jeu social, avec ses codes, ses critères
sélectifs et normés, ses enjeux ». Thomas
Guerry et Camille Rocailleux, de la Cie
Arcosm, mettent en scène une pièce musicale et chorégraphique qui bouscule les clichés et renverse les tendances pour s’amuser
de nos différences et de nos subjectivités.
© Rouge Italique
© Fabienne Rappeneau
© Adrien Ropers
Sublime
04 93 40 53 00
29 janvier
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
AU PROGRAMME
spectacles
alpes maritimes
(En)quête de notre
enfance
Le Dîner de cons
À la demande du Théâtre de Grasse, Matthieu Loos, globe-trotteur de l’improvisation, est parti en Espagne, en Italie, au
Maroc, en Israël et en France pour recueillir
la parole des autochtones. Son spectacle
drôlissime est un étonnant compte-rendu
de ces voyages, improvisé par quatre comédiens, où il est question de rencontres, de
non-sens et d’altérité.
Qui ne connaît pas la pièce culte de Francis
Veber et les fameuses répliques du tandem
Pignon/Brochant ? Agnès Boury met en
scène l’irrésistible dîner en restant très fidèle
à l’originale, avec Patrick Haudecoeur et
Philippe Uchan dans les rôles-titres.
© X-D.R
Déplacés
04 93 40 53 00
04 93 40 53 00
© X-D.R
24 février
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
28 janvier
Palais des Festivals, Cannes
04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com
2 février
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
Scarlett
L’Errant
Cinématique
© Nina Flore Hernandez
Voilà un spectacle qui bouscule les certitudes rationnelles ! Adrien Mondot a
conçu une pièce où les matières virtuelles
composent de nouveaux paysages numériques. Deux danseurs-jongleurs, comme
rescapés à bord d’un radeau à l’assaut d’une
mer déchaînée, tissent d’une incroyable poésie visuelle d’infinis espaces qui ouvrent sur
de nouveaux possibles. Une pièce qui questionne la soif de liberté et le désir d’infini.
4 février
Théâtre de Grasse
à La Roquette/Siagne-ECSVS
04 93 40 53 00 theatredegrasse.com
Le jeune chorégraphe Arthur Perole nous
entraîne dans ses questionnements autour
de la figure de la muse et de son rapport
avec son créateur. Moderne ou emblématique, femme ou homme… pour l’incarner
quatre danseurs et un musicien captivent
notre regard, se reflètent dans des miroirs
troubles, cohabitent dans un espace-temps
poétique et vibrant. Également programmé
au Festival Les Hivernales (voir p. 26) le
20 février au Théâtre Girasole d’Avignon.
04 93 40 53 00
26 février
Théâtre de Grasse
theatredegrasse.com
En partant du tableau de Marc Chagall
Le Juif en vert, Charlotte Gosselin a
construit une marionnette, Mordekhaï, qui
lui a donné envie de parler de « l’errance de
l’être humain sur Terre depuis la nuit des
temps », de son origine et de l’incapacité
qu’a l’Homme de trouver sa place et d’être
en paix. L’univers de Marc Chagall accompagne le jeu de la comédienne, ouvrant une
porte sur le féérique jusqu’aux origines de
l’existence.
© X-D.R
© Djoul Marigliano
Le collectif I am a bird et la Cie d’À côté
invitent les enfants dès 6 mois à une promenade sensorielle en deux temps (opus
1/Blancs, opus 2/Chroma). Une installation
qui réveille les cinq sens et interroge sur le
développement du regard, en s’inspirant des
livres d’art pour enfants du designer japonais
Katsumi Komagata. Entre danse, théâtre
et musique, cette partition pour corps seul
est une parfaite manière de découvrir l’art.
© Magali Bazi
60
29 janvier
Théâtre Alexandre III, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
61
Le nouveau ciné-club
Boys don’t cry
Les origines du mal
L’excellent Manuel Pratt, qui mieux
que quiconque sait nous fait rire de nos
angoisses et nous montrer tel que l’on est,
est invité dans le cadre de Performance
d’Acteur avec ces irrévérencieuses Origines du mal (Love me tender 2). Le voilà
serial killer qui décrypte les raisons de son
job et nous raconte dans les moindres détails
ses meurtres et fantasmes les plus fous. Il
nous fait hurler de rire et trembler de peur, et
surtout, à travers la caricature, grandement
réfléchir sur nous-mêmes.
5 février
Théâtre Alexandre III, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
20 & 21 février
Palais des Festivals, Cannes
04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com
© Loran Chourrau
La compagnie Divergences interroge la
construction identitaire et sexuelle, alors que
le débat sur les représentations du genre est
aujourd’hui un enjeu politique. Dans Boys
dont cry, le chorégraphe Sylvain Huc
renouvèle le regard sur la masculinité en
décortiquant les performances et les figures
du viril d’aujourd’hui. Sur scène, deux corps
(masculins !) et un batteur, pour éprouver
le paradoxe de la danse, entre puissance
et fragilité.
27 février
Théâtre de La Licorne, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
Singing in the train
Le joueur d’échecs
Francis Huster campe brillamment ce
seul en scène dans lequel il interprète les
trois protagonistes issus du roman de Stefan Zweig qu’a adapté Eric-Emmanuel
Schmitt. Il est à la fois un champion du
monde d’échecs qui n’a jamais perdu une
partie, face à son partenaire de jeu, le mystérieux Monsieur B. qui vient d’échapper à la
gestapo. Il incarne aussi l’auteur lui-même,
passager du navire où se déroule la partie,
qui suit cette confrontation comme une allégorie de son opposition au régime barbare.
26 février
Théâtre Croisette, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
© E. Checco.
30 janvier
Espace Miramar, Cannes
04 97 06 44 90 cannes.com
© Alexandre Galliez
Que reste-t-il d’un film vu dans nos
mémoires ? Le collectif ildi! eldi s’appuie sur la relation qui s’instaure entre un
film et son spectateur pour imaginer trois
spectacles autour des films cultes que sont
Les Parapluies de Cherbourg, Alien et Les
Oiseaux. En complicité avec l’écrivaine Olivia Rosenthal, Sophie Cattani et Antoine
Oppenheim, ils interrogent les perturbations que provoquent en nous chacun de
ces extraits -les pleurs, la conception de
l’enfant et sa perte, la peur-, en croisant
théâtre et cinéma. Un exercice de style
entre analyse filmique, confession intime
et résumé halluciné.
La compagnie de cirque québécoise Les
7 doigts de la main élargit sa palette et
s’adresse à tous nos sens avec un spectacle
qui place la cuisine au cœur de la rencontre
des cultures. Une dose de toucher, un brin
d’odorat et beaucoup de goût : voici la
recette de Cuisine et confessions, dans
laquelle la vue et l’ouïe seront rassasiées
par ces danseurs acrobates venus nous
conter des instants de vie quotidienne.
Shana Carroll et Sébastien Soldevila,
en chefs de brigade, puisent dans la mémoire
inconsciente où sont enfouis les souvenirs
des saveurs et des odeurs. Une expérience
sensitive exquise !
© Christine Renaudie.
© J. Oppenheim
Cuisine & confessions
Comédie musicale, dont Christian Eymery
signe le livret et la mise en scène et Didier
Grojsman la direction musicale, jouée par
60 jeunes interprètes du Centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-Bois.
Accompagnés par des enseignants et des
élèves de la Principauté et de l’académie de
Nice, les jeunes artistes chantent, dansent et
jouent pour un voyage enjoué aux pays de
la comédie musicale, de Billy Elliot à Mary
Poppins.
25 & 26 février
Grimaldi Forum, Monaco
+377 98 06 28 55 balletsdemontecarlo.com
62
AU PROGRAMME
cinéma
marseille
Les Mangeurs
de poussière
Double cadence de
retour
La grâce de Thérèse
Les Mangeurs de poussière de Nathalie Démaretz
© Nathalie Démaretz
Jusqu’au 29 janvier, l’espace expo du cinéma
Les Variétés accueille l’installation de la
vidéaste plasticienne Nathalie Démaretz :
Les Mangeurs de poussière. Une œuvre
dédiée « aux êtres humains qui meurent
en chemin, en mer, en route, à la recherche
d’une respiration, dans leur quête d’un territoire de paix et de liberté ». Vidéo, masques,
personnages, univers sonore évoquent la
marche universelle et intemporelle des
migrants chassés par la guerre, la faim, la
nécessité, et le désir sans frontière de vivre.
En partenariat avec le Festival Parallèle
organisé par Komm’n’Act du 14 janvier au
5 février, le cinéma Le Gyptis accueille le
3 février à 19h30, le chorégraphe et danseur
Arnaud Saury pour présenter le chefd’œuvre d’Alain Cavalier : Thérèse. Prix
du Jury à Cannes en 1986, le film compose
avec une maîtrise et une humanité exceptionnelles, en 452 plans liés par des fondus
au noir, le portrait sensible de Thérèse Martin
de Lisieux, adolescente devenue carmélite et
Sainte, interprétée par Catherine Mouchet.
Ni biopic, ni film de catéchisme, ni mystique,
ni anticlérical, Thérèse se définit par sa
pureté, sa liberté de ton et de forme et une
grâce qui ne peut que toucher le spectateur.
Cinéma Les Variétés, Marseille
0982 68 05 97 cinemetroart.com
Double Cadence © Claire Lenormand
Le groupe Double Cadence, trio qui propose des spectacles où la création musicale
se conjugue à des œuvres cinématographiques, est de retour au MuCEM. Le 20
février à 17h, le spectacle sera autour de 120
ans de cinéma. Des premiers courts métrages
des frères Lumière à une œuvre du premier
metteur en scène centenaire du cinéma, le
portugais Manoel de Oliveira, en passant par
des films amateurs de familles brésiliennes à
travers le siècle dernier, Double cadence fait
dialoguer ces œuvres en créant une bande
son qui les illustre ou les détourne, offrant
un regard original sur ce siècle de cinéma.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Homeland Irak
année zéro
Une jolie vallée
Thérèse d’Alain Cavalier © AFC, Films A2
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis
Homeland Irak année zéro d’Abbas Fahdel © Nour Films
Remarqué aux États généraux du film documentaire de Lussas et aux Visions du réel
de Nyon, le film Homeland Irak année zéro
d’Abbas Fahdel bénéficie d’une avant-projection le 31 janvier à partir de 10h30 au
MuCEM, en présence de son réalisateur,
avant une éventuelle sortie en salle. Cette
fresque couvre deux années dans le quotidien de la famille du metteur en scène avant
la chute de Saddam Hussein et après l’invasion américaine. Articulée en deux parties :
avant la chute et après la bataille, l’œuvre
nous donne à voir le quotidien d’une famille
plongée dans une situation exceptionnelle.
Ce film fleuve, primé dans de nombreux festivals, a été salué par la critique et apprécié
par des documentaristes majeurs. Une occasion rare de voir ce film à Marseille.
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13 mucem.org
Que reste-t-il
de Sankara ?
Il y a 28 ans Thomas Sankara président
depuis 5 ans de la Haute Volta, rebaptisée Burkina Faso ou Terre des hommes
intègres, était assassiné. Il avait 38 ans. Le
réalisateur suisse Christophe Cupelin
lui rend hommage dans son documentaire
Capitaine Thomas Sankara. Il y fait revivre,
grâce à d’étonnantes archives, le flamboyant dirigeant burkinabé anticolonialiste,
révolutionnaire, qui défendit devant l’Onu
l’annulation de la dette africaine et œuvra
pour l’éducation et le droit des femmes. On
retrouvera Christophe Cupelin et ce personnage historique hors du commun au cinéma
Le Gyptis, le 17 février à 19h30.
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis
Une jolie vallée de Gaël Lépingle © La Musique de Léonie
Le 23 février à 20h, soirée Vidéo FID : projection d’Une jolie vallée de Gaël Lépingle
(compétition, première mondiale, FID 2015),
en présence du réalisateur. Une comédie
musicale sur un livret inspiré des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. Dans un village du Tarn, l’été, les habitants se réunissent
pour raconter une histoire ensemble, et pour
la chanter. Les chansons contaminent la vie
quotidienne, s’installent dans le paysage.
04 95 04 44 90
FID, Marseille
fidmarseille.org
bouches-du-rhône
vaucluse
cinéma
AU PROGRAMME
63
Paco de Lucia
Merci François !
Frank Cassenti à l’Eden
Avant sa sortie en salle le 24 février, le film
de François Ruffin Merci Patron ! fait
sa tournée d’avant-premières en France.
Rendez-vous le 4 février au cinéma Les
Variétés à 19h30 avec le réalisateur pour
découvrir ce thriller documentaire cocasse,
émouvant, tonique, mettant en scène des
David ch’tis contre le Goliath du luxe, le
groupe LVMH de Bernard Arnault. Une
bande de frondeurs picards constituée par
François Ruffin lui-même, fondateur du journal Fakir, un inspecteur des impôts belge,
une bonne sœur rouge, une déléguée CGT
et d’ex-vendeurs de La Samaritaine qui,
sur fond de capitalisme sauvage, communiquent aux spectateurs la joie salutaire de
la Fronde. Soirée organisée en collaboration
avec Attac fait son cinéma.
Les Lumières de l’Eden offrent une
Carte Blanche à Frank Cassenti les 19 et
20 février à l’Eden Théâtre de La Ciotat.
L’occasion de (re)voir deux de ses œuvres en
sa présence : le fameux film L’Affiche Rouge
(Prix Jean Vigo, 1976) ainsi que La Chanson
de Roland avec Pierre Clémenti, Klaus
Kinski et Dominique Sanda. Ce réalisateur qui est aussi musicien de jazz a choisi,
lui, de montrer The Rose (1980) de Mark
Rydell avec Bette Midler, l’évocation de
la vie tourmentée d’une chanteuse de rock
à la fin des années soixante.
Cinéma Les Variétés, Marseille
0982 68 05 97 cinemetroart.com
Anachronique,
fantasque et joyeux !
Vive le jeune cinéma d’auteur français quand
il est porté par des réalisateurs comme
Hubert Viel qui assume l’héritage de la
Nouvelle Vague, revendique le mélange des
genres, le «bric-à-brac onirique et décalé»,
l’anachronisme et une légèreté qui n’exclut
en rien la gravité !
Le cinéma Le Gyptis le reçoit le 25 février.
Il présentera ses deux longs métrages. À
19h45 : Artemis, cœur d’artichaut où on
retrouve la déesse grecque de la chasse
sous les traits d’une étudiante de Caen. Et à
20h45, en exclusivité à Marseille, Les Filles du
Moyen-Âge, comédie en noir et blanc, dans
laquelle des enfants d’aujourd’hui, transportés par le récit d’un grand-père érudit,
se retrouvent au temps des chevaliers et de
l’amour courtois, à jouer l’histoire de l’émancipation des femmes. Une leçon d’Histoire
très particulière !
Paco de Lucia, légende du flamenco de Curro Sanchez Varela
© Bodega Films
Le 27 février à 20h30 à l’Eden Théâtre, Art
et Essai Lumière propose le documentaire
que Curro Sanchez Varela a réalisé sur son
père, Francisco Sanchez Gomez, dit Paco de
Lucia : Paco de Lucia, légende du flamenco
(2015). Le guitariste andalou, disparu en 2014,
a croisé sur son chemin les plus grands :
on verra les témoignages exceptionnels de
Chick Corea, John McLaughin, Jorge Pardo
ou encore Rubén Blades. Invité à cette soirée, Juan Carmona qui viendra parler du
flamenco, de Paco de Lucia et qui, peut-être,
jouera 2 ou 3 morceaux !
Art et Essai Lumière, La Ciotat
06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr
L’amour, toujours
l’amour
Le Gyptis, Marseille
04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
Ciné-concert à Bonnieux
Le 30 janvier à 19h30, à la Maison du
Livre et de la Culture de Bonnieux
(84), Camera Lucida propose le cinéconcert Jasmine-musiques à modeler, un
projet d’Isabelle Courroy autour du film
d’animation Jasmine d’Alain Ughetto.
Dans le Téhéran de Khomeiny, mystérieux
et oppressant, l’histoire en pâte à modeler
d’Alain et Jasmine, une Iranienne qui change
le cours de sa vie. Avec les musiciens Isabelle
Courroy (flûtes kaval), Mireille Collignon
(viole de gambe) et Philippe Franceschi
(chant, clarinette).
Changement d’adresse d’Emmanuel Mouret © Shellac.
Le 6 février, Les Lumières de l’Eden proposent à l’Eden Théâtre de La Ciotat de
passer la soirée avec Emmanuel Mouret
et présente deux de ses longs métrages. À
18h30, Caprice où il interprète un instituteur
comblé jusqu’au jour où… en compagnie de
Virginie Efira et d’Anaïs Demoustier. À
21h, Changement d’adresse où l’on suivra
les efforts de David, un musicien, timide et
maladroit, pour séduire sa jeune élève dont
il est tombé fou amoureux.
04 96 18 52 49
Les Filles du Moyen-Âge d’Hubert Viel © Potemkine films
04 96 18 52 49
Eden Théâtre, La Ciotat
edencinemalaciotat.com
Jasmine d’Alain Ughetto © Shellac
Maison du Livre et de la Culture,
Bonnieux
09 83 07 40 72 cameralucida84.com
AU PROGRAMME
cinéma
COMME À CHAQUE FOIS,
LA PREMIÈRE FOIS !
horizons pour défendre comme à chaque
fois, haut et fort, des regards singuliers sur
le réel. Misant sur la diversité et l’originalité
La 7e édition du festival de premiers films des propositions, sur les rencontres entre
documentaires organisé par Les Films cinéastes et spectateurs, sur l’accompagnedu Gabian se tiendra du 23 au 27 ment de projets dans le cadre de l’Atelier
février à Marseille, Aix-en-Provence et « Premier jet » où deux jeunes réalisateurs
Saint-Cannat.
viennent présenter leurs rushes à des proAu programme, une quinzaine de courts, fessionnels confirmés, le festival La Premoyens et longs métrages venus de tous mière Fois se veut convivial, ouvert à tous
les cinéphiles curieux de
découvrir de nouveaux
talents. P’tits déj’ de 10h
à midi pour les after et
les before, et caravane
de Yes We Camp transformée en vidéothèque
près du Vidéodrome 2
pendant deux après-midi
consécutifs.
Invité d’honneur, l’espiègle Luc Moullet
© Les Films du Paradoxe - Luc Moullet in Terre de la folie
que Godard définissait
VOYAGES AU BOUT DE L’ÉCRAN
L’hiver tarde à venir en ce mois de janvier
et s’approchent les Rencontres cinéma
de Manosque, pour la 29e fois. Nul doute,
une fois de plus, que Pascal Privet va nous
emmener aux quatre coins de la terre pour
nous faire découvrir la vie et les rêves des
gens. Inédits, avant premières, fictions, documentaires, 23 films que vous pourrez voir au
théâtre Jean le Bleu et au cinéma Le Lido.
Des hommes au travail
Sur la Mer de Barents, dans le film d’ouverture, le 2 février à 18h, Seuls ensemble de
David Kremer. Dans le plus grand abattoir
d’Alger avec le film de Hassen Ferhani,
Dans ma tête un rond point. Des hommes
et des femmes qui travaillent à la chaine et
deviennent musiciens avec le compositeur
Nicolas Frize : Luc Joulé et Sébastien
Jousse se demandant : C’est quoi ce travail ? Pour la jeune Nastasjia, héroïne dans
le documentaire de son père, Frédéric Sojcher, c’est clair : « Je veux être actrice ».
Quant au jeune Portugais, Daniel, ce sont
les travaux des champs qui rythment sa vie
même s’il rêve d’amour dans Volta à terra
de João Pedro Plácido.
Découvertes
Les Rencontres sont aussi l’occasion de
découvrir. Le Chant de Sanaa, la tradition
musicale la plus classique du Yemen dans
L’Heure de Salomon, un inédit de Pascal
Privet. Ou le quotidien d’une famille en Irak
comme un « Courteline revu par Brecht »,
ouvrira la manifestation le 23 février à l’Institut de l’Image en présentant plusieurs de
ses films. Il tiendra, le lendemain, une master
class publique, à l’École d’Art d’Aix-enProvence où il évoquera son long parcours,
ses collaborations avec Marguerite Duras
et Jean Eustache, ses propres « premières
fois » avec la bande des Cahiers du Cinéma
et ses derniers opus : Terre de la folie et
Assemblée Générale.
ÉLISE PADOVANI
La Première Fois
23 au 27 février
Marseille, Aix-en-Provence et Saint-Cannat
festival-lapremierefois.org
avant et après la chute de Saddam Hussein
dans Homeland Irak année zéro d’Abbas
Fahdel. Ou encore la vie de Farraj, un paysan égyptien qui suit les bouleversements
secouant son pays à la télévision dans Je suis
le peuple d’Anna Roussillon. On pourra
faire la connaissance du Colombien Nicolás
Rincón Gille qui présente sa trilogie Campo
Hablado, un projet documentaire sur la tradition orale des paysans de la campagne
colombienne, mêlant réel et imaginaire.
Ou de jeunes cinéastes, venues du master
Métiers du film documentaire d’Aix-Marseille : Clara Teper, Sophie Charlotte
Laatsch et Nina Khada qui montreront
leur premier film.
Un Homme Coréen dont certaines scènes ont
été tournées dans la région, en particulier à
Mane. Claire Simon, qui soutient depuis
longtemps les Rencontres, et montrera son
nouveau travail, Le Bois dont les rêves sont
faits, un songe de nature à portée de main,
tourné au Bois de Vincennes.
Et encore…
Retrouvailles
On reverra avec plaisir les « habitués » de
Manosque : Markku Lehmuskallio et la
Nénètse Anastasia Lapsuy avec leur dernier opus, Tsamo, qui traite de la la problématique de l’intégration et de l’identité. Le
Coréen Jeon Soo-il avec son dixième film,
Seuls ensemble de David Kremer © Survivance
64
Impossible de vous parler de toute la programmation mais comment ne pas vous dire
que vous pourrez découvrir, en avant première, Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich,
retraçant l’extraordinaire épopée d’un film
fantôme qui devait être le plus grand film
de l’histoire du cinéma, l’adaptation de
Dune de Frank Herbert par Alejandro
Jodorowsky.
Et en cette période où l’on se souvient de la
tragédie de Charlie Hebdo, on (re)verra avec
émotion Bernard Maris dans le documentaire
de Richard Brouillette : Oncle Bernard,
L’anti-leçon d’économie.
Alors rendez-vous à Manosque du 2 au
7 février !
ANNIE GAVA
Rencontres Cinéma de Manosque
2 au 7 février
04 92 70 35 05 oeilzele.net
cinéma
La 7e édition du festival Polar en Lumières
se tiendra du 20 au 28 février au cinéma
Les Lumières de Vitrolles : un festival
qui conjugue musique, théâtre, expositions
et cinéma. L’association nantaise Fondu
au noir propose une exposition musique
et cinéma policier, tout au long de cette
manifestation dont la soirée d’ouverture, le
20 février à partir de 19h, se partage entre le
spectacle théâtral de Manuel Pratt, Couloir de la mort, et le film Les Anarchistes
qui, dans une reconstitution du Paris des
années 1899, réunit le couple Tahar Rahim
et Adèle Exarchopoulos. Le film sera
projeté en présence de son réalisateur Elie
Wajeman.
Le 21 février à 20h30, le réalisateur Gilles
Bannier sera présent pour la projection du
très récent Arrêtez-moi là, avec Reda Kateb
en chauffeur de taxi accusé, à tort, du rapt
d’une enfant. Soirée Jean-Pierre Melville
le 22 février dès 19h avec Sous le nom de
Melville, documentaire d’Olivier Bohler et
un film au choix, L’Armée des ombres, Le
Samouraï, Le Doulos.
Toute la semaine une rétrospective est
consacrée au réalisateur d’Un Flic et Le
Cercle rouge, l’occasion d’apprécier le sens
tragique de ce metteur en scène. Le théâtre
INDIGNATION(S) À L’ITALIENNE
Nous les avons tant aimés ces Vittorio
Gassman, Gian Maria Volontè, Alberto
Sordi, Ugo Tognazzi dirigés par les
Francesco Rosi, Dino Risi, Luigi Comencini et ce cinéma italien des années 60-70,
citoyen, dénonciateur, incisif, satirique, corrosif, grinçant, glaçant, émouvant, drôle !
Du 22 au 30 janvier, les 7e Rencontres du
Cinéma Européen conçues et produites
par Cinépage en partenariat avec l’Institut
de Fontblanche accueillera le 23 février à
20h30, la pièce Mangez-le si vous voulez de
Jean Teulé, par le Fouic Théâtre, compagnie
Théâtre Actuel. Le journaliste Denis Robert
sera présent le 24 février avec, à 17h, le film
de Vincent Garenq, L’Enquête, avec Gilles
Lellouche et Charles Berling, inspiré par
l’enquête sur l’affaire Clearstream, puis à
19h, Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde
j’écrirai, ainsi qu’à 21h30, un spectacle lecture et chant, Les Ritals, d’après l’œuvre
autobiographique du fondateur de Hara-Kiri.
Plongée dans les aléas de l’histoire le 25
février avec deux projections-débats : à
18h30 avec la réalisatrice Ana Dumitrescu
pour le documentaire Même pas peur, qui
commence le 12 janvier 2015 après les
attentats ; et à 21h30 avec
le réalisateur Robert Guédiguian pour Une Histoire de fou, qui travaille
la mémoire du génocide
arménien sur près d’un
siècle.
Le 26 février à 20h45, le
réalisateur Rabah Ameur
Zaimeche participera à
une projection-débat de
son film Histoire de Judas,
où le réalisateur revient
sur la mémoire collective attachée au plus
controversé des apôtres. Le lendemain, de
9h à 17h, l’association Fondu au noir anime
une conférence-stage sur le film noir.
Soirée de clôture le 28 février, avec du
théâtre : Love me tender 3 de et avec
Manuel Pratt et projection-conférence
les Serial Killers par Stéphane Bourgoin.
Sans oublier les buffets prévus pour égayer
les soirées de cette semaine variée.
Culturel Italien, l’Alcazar-BMVR, le Vidéodrome 2 et les Variétés, donnent l’occasion
de les retrouver ou de les découvrir pour les
plus jeunes !
En ouverture, le 22 janvier dès 16h, à l’Alcazar, hommage au Maestro Rosi, avec la
projection d’un de ses chefs-d’œuvre, référence du cinéma politique : Main basse sur
la ville, Lion d’or à Venise en 63. Projection
suivie d’un entretien avec le critique Michel
Ciment. Puis, après un concert-sérénade
de mandolines et un buffet pasta-chianti,
au regard de cette Italie des sixties, Viva la
libertà réalisée en 2013 par Roberto Andò.
À côté de films engagés comme Sacco et
Vanzetti de Giulano Montalno, de polars
désabusés comme Meurtre à l’italienne de
Pietro Germi (1952), on retrouvera pour
dénoncer les dysfonctionnements de la
société, ces comédies dites à l’italienne.
Ainsi Mafioso de Alberto Lattuada (1962),
auquel répond La mafia tue seulement l’été
de Pierfrancesco Diliberto (2013) inédit
en France. Ou encore, Le commissaire de
Luigi Comencini (1962) prolongé par une
rencontre avec Jean Gili, grand connaisseur
du cinéma italien !
La manifestation s’achèvera à l’Institut
culturel italien le 30 janvier par un Dino
Risi : Au nom du peuple italien qui oppose
un petit juge légaliste à un industriel véreux,
puis par un concert de Maura Guerrera,
en entrée libre.
ANDRÉ GILLES
Festival Polar en Lumières
20 au 28 février
Cinéma les Lumières, Vitrolles
04 42 77 90 77 cinemaleslumieres.fr
Jean-Pierre Melville © StudioCanal/Fono Roma
Meurtre à l’italienne de Pietro Germi © X-D.R.
LES LUMIÈRES EN PLEIN POLAR
AU PROGRAMME
ÉLISE PADOVANI
Les Rencontres du Cinéma Européen
22 au 30 janvier
Divers lieux, Marseille cinepage.com
65
66
CRITIQUEs
cinéma
réaliser ce Porno Policier Politique
(initiales de Pier Paolo Pasolini), co-écrit avec Noël Simsolo.
Christophe Bier, acteur, réalisateur, historien du cinéma porno
en France, qui a tout vu des Baiseuses, Tripoteuses, Jouisseuses
aux Gorges profondes, d’à Bout de
sexe à Zob zob zob, était là pour
compléter ces informations épistolaires et ouvrir une réflexion sur
le genre et la censure dont il est
frappé, s’amusant que ce cinéma
vilipendé resurgisse aujourd’hui
dans la catégorie patrimoine. Le X
Change pas de main © Shellac
qui barre, biffe, raye, stigmatise selon les critères fluctuants des censeurs, naît
avec le classement établi par la loi du 30
Change pas de main, un porno déc 1975 (toujours en vigueur) mettant un
vintage présenté au Gyptis dans terme à la vague du cinéma porno et érotique des années Pompidou-Poher, l’étranle cadre du Cycle Interdit(s)
glant fiscalement, le ghettoïsant dans des
ans le cycle thématique consacré aux salles de moins en moins nombreuses et
Interdits, le cinéma Le Gyptis avait pro- de plus en plus miteuses, le conduisant à
grammé ce 8 janvier, Change pas de main des tournages hâtifs souvent éprouvants
de Paul Vecchiali. N’ayant pu assister à pour acteurs et actrices surexploités -la
la projection, le cinéaste a laissé le soin à rentabilité primant sur la créativité-. CanJuliette Grimont de lire une lettre adres- tonné aujourd’hui aux vidéos Internet et
sée aux spectateurs où il évoque la genèse au crypté de Canal plus, très formaté, il ne
de ce film commandé par Jean-François se projette plus que dans la salle-vestige
Davy après le succès de Femmes Femmes, de Saint-Denis, le Beverley. Change pas
la liberté octroyée par le producteur pour de main marque cette histoire de la Cen-
HARD ET ESSAI
D
QUE LA JOIE DEMEURE !
U
n médecin juif de la Croix Rouge française, appelé à l’aide par sa jeune
consœur pour accoucher clandestinement
des Bénédictines polonaises violées par les
libérateurs soviétiques, dans un couvent
de Silésie pendant l’hiver 1945 ! Même lui
n’y croit pas ! C’est pourtant une des situations tragiques que les guerres savent si
bien générer et le sujet bouleversant choisi par Anne Fontaine pour son 14e film :
Les Innocentes.
Inspiré par le journal de Madeleine Pauliac,
médecin-chef de l’hôpital français de Varsovie en ruines, et chargée de la mission
de rapatriement, ce film sobre et singulier,
tourné en Pologne avec des actrices de
Varsovie dont la plupart ne parlaient pas
français, renoue avec la veine « noire » de la
réalisatrice qui ne s’est jamais laissée enfermer ni dans un genre, ni dans un style.
On y retrouve ses thèmes de prédilection :
les contradictions portées au cœur des personnages les poussant à des transgressions
douloureuses, fatidiques ou libératrices, le
sure, rattrapé une semaine après sa sortie
par la nouvelle législation, jugé pornographique par la commission de contrôle avec
circonstances aggravantes du fait de sa
« désinvolture ». Il n’échappe à l’interdiction totale qu’en raison de son « invraisemblance » et de la qualité artistique de sa
photo. Des griefs qui sont les parti-pris de
cet objet filmique déconcertant jouant sur
la parodie d’un polar et sur toute sa panoplie, thématique (chantage sur une future
ministre, enquête d’une inspectrice dans le
Paris partouzard et nocturne, vengeance et
manipulation sur fond de barbouzades de
l’OAS) et fétichitiste (grand imper de la détective, chapeau à la Marlowe, whiskies et
révolver). Mais où les femmes, si elles sont
fatalement fatales gardent la main (dans
tous les sens de l’expression). Jeu de rôles
théâtral, anti-naturaliste, qui se perd dans
les représentations de lui-même -photos,
vidéos, miroirs, scènes de voyeurisme- et
qui malgré des dialogues plutôt drôles par
leur décalage, et une grande liberté dans
la représentation du sexe en actes à deux,
trois, ou douze, reste très « propre » et suscite davantage la rêverie que le désir.
ELISE PADOVANI
Change pas de main a été projeté le 8 janvier
au cinéma Le Gyptis, à Marseille
rapport à l’impossible
et la vanité de tout
jugement moral. S’y
ajoute ici l’opposition
entre le laïque et le
spirituel. Ces femmes
recluses sont déchirées entre leur vœu de
chasteté, leur fidélité à
Jésus et cette maternité imposée, qui leur
causerait si elle était
connue, opprobre et
rejet, soumises à une
Les Innocentes d’Anne Fontaine © 2015 Mandarin Cinéma-Aéroplan Film - Anna Wloch
ironie terrible les métamorphosant en Vierges du Quattrocento cette jeune volontaire issue d’une famille
tout en bousculant leur foi. Une foi définie communiste qui a pris l’initiative périlcomme « 24h de doute pour 1 minute d’es- leuse d’aider ces femmes en détresse, par
pérance ». La caméra de Caroline Cham- le blanc chirurgical. Les corps dissimulés
petier, avec qui Anne Fontaine avait déjà sous les lourdes robes sombres laissant à
travaillé pour Nettoyage à sec, éclaire su- peine entrevoir la rotondité des ventres,
perbement les salles de prières, les pay- gardent leur secret. Seuls ces visages-mésages enneigés, ou encore les visages. Ces daillons qui semble diffuser la lumière du
derniers s’imposent en plans rapprochés, plus profond de l’âme, osent la nudité de
cadrés par la guimpe blanche et le voile la Grâce.
noir, ou pour le personnage de Mathilde, Aux personnages principaux : Mathilde
67
Beaulieu (Lou de Laâge), Sœur Maria
(l’extraordinaire Agata Buzek), la terrible
mère Abbesse (Agata Kulesca), la novice
Teresa (Eliza Rycembel), se joint Samuel
(Vincent Macaigne), chirurgien à l’humour triste et décalé, seul rescapé de sa
famille déportée dans les camps. Casting
impeccable pour un scénario qui n’oublie
personne.
Avec ce film très bien documenté -Anne
Fontaine a elle-même effectué deux re-
traites chez les Bénédictines-, nous découvrons par le regard de Mathilde, la vie communautaire d’un couvent au rythme des
chants grégoriens et des prières, « cette façon d’être ensemble, de prier et de chanter
sept fois par jour, comme dans un monde
suspendu où l’on a à la fois le sentiment
de flotter dans une sorte d’euphorie et celui d’être tenue dans une discipline très
forte ». Cette vie qui pourrait paraître hors
du temps, si ce dernier ne faisait pas irrup-
tion durant toutes les guerres, sous toutes
les latitudes par le viol et le massacre.
Un film réussi qui sort en salles le 10 février.
ANNIE GAVA
ELISE PADOVANI
Le film Les Innocentes a été présenté en
avant-première le 5 janvier au Renoir à
Aix-en-Provence
LES CINÉMATHÈQUES
ONT RENDEZ-VOUS
AU MUCEM
P
remière rencontre fixée par le MuCEM,
le 15 janvier, dans cette nouvelle série de
« Rendez-vous des cinémathèques ».
La cineteca di Bologna (cinémathèque de
Bologne), Méditerranée oblige, est la première invitée, avec son directeur Gianluca
Farinelli.
Ce « citoyen du cinéma » explique comment en 1962, le maire de cette Bologne la
rouge est le premier à créer un assessore
alla cultura quand il renouvelle et rajeunit
son conseil municipal. Cette fonction sera
à l’origine de la création d’une cinémathèque autour de jeunes critiques, intellectuels, spécialistes du 7e art. Ainsi à l’abri
des turbulences politiques -situation inestimable pour une institution culturelle-, la
cinémathèque s’attachera à programmer,
publier, montrer et restaurer. La continuité
dans la direction, le soutien financier continu et sans diminution de la municipalité
ont permis à cette institution de mener une
politique cohérente de longue haleine sans
traverser aucune crise. À une politique
« passive » de gestion des fonds existants
et des dépôts effectués par toutes sortes
de partenaires, s’ajoute une politique
« active » de faire ce que les autres ne font
pas, retrouver les incunables du cinéma italien, compléter les collections des
grands maîtres et s’intéresser aux œuvres
de pays qui n’ont pas de politique patrimoniale.
Au fil du temps, grâce à son laboratoire
l’immagine ritrovata, qui fait travailler plus
de 80 personnes, la cineteca est devenue
une référence mondiale dans la restauration des films.
Le mélodrame Assunta Spina de Gustavo
Serena et Francesca Bertini (1915), qui
Assunta Spina de Gustavo Serena et Francesca Bertini © X-D.R
a suivi cette conférence a pu faire quelquefois sourire, mais a été porté par l’accompagnement musical magistral de Guido
Solo et François Laurent, entre tradition
napolitaine et sonorité contemporaine, à
l’image de cette cinémathèque dont on at-
tend les prochaines livraisons alléchantes.
ANDRÉ GILLES
Ce premier Rendez-vous des cinémathèques a eu lieu au MuCEM le 15 janvier
68
CRITIQUEs
ARTS VISUELS
La Villa Tamaris
RELIT SON HISTOIRE
Personnage 6, diptyque et texte, technique sur papier, 2004
© Jean Le Gac
En guise de réponses, Pour / Suivre présente une poignée d’œuvres parmi les 650
de la collection et pose un faisceau de nouvelles questions : être de son temps signifie-t-il faire partie de la même génération ?
Appartenir aux mêmes mouvements ?
S’exprimer avec les mêmes médiums ? Ici
exclusivement la peinture, le dessin et la
photographie. Exit des acquisitions de la
Villa Tamaris la vidéo, les arts numériques
et les installations, soit un pan entier de
la création contemporaine effacé du tableau. L’exposition met en lumière malgré
elle la force et la faiblesse de la collection
Pour / Suivre s’inscrit dans le prolongement éditorial de
la Villa Tamaris, après Une Génération en 2013 et Une relecture en 2014. Cette fois l’exposition s’attache à mettre
la collection en perspective sous une forme interrogative : « Que signifie être de son temps ? »
constituée de talents régionaux
-la scène artistique régionale a
toujours trouvé un écho favorable
aux oreilles du directeur du centre
d’art Robert Bonaccorsi- et d’artistes internationaux de renom.
Un sentiment confus renforcé par
l’accrochage qui entremêle sans
distinction chronologique ou stylistique les peintures de Georges
Autard, Laurent Dessupoiu,
Jean-Pierre Giacobazzi, les
acryliques de Didier L’Honorey,
le Grand livre de Philippe Favier sagement ouvert dans sa mallette en bois, les
décors opératiques de Gilles Ghez, le
dessin monumental au crayon de Gérard
Eppelé et ses corps endormis pour l’éternité, une série de dessins en dialogue de
Nico Rubinstein, Véronique Bigo et
Muriel Poli… Et les incontournables
hérauts de la Figuration narrative, de la
Jeune peinture et de la Nouvelle figuration
choyés par la Villa Tamaris. Une collection
riche, mais peu encline à fouiller dans les
marges et à scruter l’avenir. Est-ce à dire
« qu’être de son temps » c’est être un veilleur plutôt qu’un visionnaire ?
Serrano, de la poésie à l’enfer
Jusqu’au 12 juin, plus de 150
œuvres d’Andres Serrano sont exposées à la Collection Lambert :
un intense panorama du photographe américain
Alternant séries cultes et politiques avec
des travaux récents et des commandes
passées par le collectionneur Yvon Lambert, l’exposition Ainsi soit-il est la plus
grande rétrospective européenne consacrée à Andres Serrano. Cette exposition
conçue par Eric Mezil initie aussi un cycle
de location d’expositions dévolues à l’art
sacré que la Collection organise au musée
Ainsi soit-il, exposition Andres Serrano, Collection Lambert,
déc. 2015 © Delphine Michelangeli
Comme en miroir
Fait remarquable, la collection s’est agrandie selon le principe des vases communicants : à chaque exposition, une acquisition et une publication. Des expositions
dont s’empare Claudie Mesnier à travers
la photographie et la création numérique
dans Mimétisme, travail de mémoire du
lieu, de l’exposition, des œuvres et du public mêlés. L’artiste se réapproprie les situations pour créer de nouvelles images issues du réel dans un jeu de dédoublement,
d’osmose, de duplication. Tableau dans le
tableau qui distille quelques indices à la
manière d’un jeu de piste.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Pour / Suivre
Collection de la Villa tamaris :
une mise en perspective
jusqu’au 13 mars
Mimétisme
Claudie Mesnier
jusqu’au 31 janvier
Villa Tamaris centre d’art,
La Seyne-sur-Mer
04 94 06 84 00 villatamaris.fr
69
de Vence, ville natale d’Yvon Lambert.
Après le scandale du Piss Christ en immersion saccagé en 2011 par des intégristes
catholiques, dont « la décision de justice
est toujours au point mort », le musée
avignonnais qui possède un fonds exceptionnel des œuvres de Serrano, un artiste
majeur nourri d’histoire de l’art à laquelle
il fait constamment référence, ouvre les
portes de son univers singulier et sans
concession, des années 80 à aujourd’hui.
Ainsi soit Serrano !
éclatantes et réalisés hors studio, en attestent encore : la série sur Cuba (2012)
sur les traces de sa mère cubaine met en
contraste intérieurs crasseux et univers
bourgeois après 60 ans de communisme ;
ou avec la chapelle du Rosaire de Matisse
(2015), à Vence, photographiée pour la première fois, on retrouve son intérêt pour la
religion.
Après la poésie de ces représentations du
réel, dans des cadrages toujours inventifs
et recherchés, au sous-sol : l’enfer ! Interdites aux moins de 18 ans « pour éviter toutes provocations », trois salles réunissent ses travaux moins « abordables » :
la série Shit empile des déjections animales
(en gros plan !), History of sex rassemble
des sex-addict blasés et sans plaisir, et la
série The morgue expose des images de
cadavres, dont certaines prises clandestinement, froides et tragiques. Un miroir du
monde actuel parfois difficilement supportable mais qui n’est, là encore, jamais nié.
Des rivières de sang (menstruel) microscopiques aux clochards «photographiés
comme des princes», des portraits des
sociétaires de la Comédie-Française à un
magistral triptyque sur les trois religions,
de la série du KKK à celles des Américains
faite au lendemain du 11 septembre, des
personnalités religieuses dans The Church
ou ses portraits d’armes… l’inspiration
de cet artiste toujours concerné par les
marges et les signes de son temps, ne fait
jamais dans le politiquement correct. Ser- Un nouveau regard
rano apparaît comme un « mémorialiste de sur la collection
son époque » qui sait anticiper l’actualité. Avec ses tirages Cibachrome saturés et
ZibelineSes
HDA
Salmon_Mise
en page aux
1 18/01/16
Page1
travaux
plus récents,
couleurs09:14
sur-brillants,
l’intensité de l’exposition est
compensée par le nouveau regard porté
sur les œuvres du fond permanent, visible
dans le premier musée par lequel on accède à la Collection. On redécouvre les
œuvres des trublions historiques du BMPT
(Buren, Mosset, Parmentier et Toroni), des
monochromes de Robert Ryman, des
photos de Louis Jammes sur l’immigration, un hommage de Giulio Paolini à
Cézanne, un Tricolore symbolique de Baptiste Croze, des pastels de Cy Twombly,
et encore des œuvres d’Adel Abdessemed, Anselm Kiefer, Louise Lawler…
et un étonnant manuscrit de Roland Barthes. Le calme avant la tempête Serrano !
DELPHINE MICHELANGELI
Ainsi soit-il
Un nouveau regard sur la Collection Lambert
jusqu’au 12 juin
Collection Lambert, Avignon
04 90 16 56 20 collectionlambert.fr
JACQUELINE SALMON
42,84 km 2 sous le ciel
L’oreille qui tombe
Frédérique Nalbandian
Vendredi 12 février 2016
À 18 h 30, vernissage de l'exposition
À 19 h 00 précises, performance de Ténèbres de Pascal Quignard
L’oreille qui tombe, textes de et dits par Pascal Quignard
avec la collaboration et la participation de Frédérique Nalbandian
du 13 février au 23 avril 2016
HÔTEL DES ARTS
30 JANV. > 24 AVRIL 2016
ENTRÉE LIBRE
CENTRE D’ART DU DÉPARTEMENT DU VAR
TOULON - 236 bd Maréchal Leclerc - Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h - Tél.04 83 95 18 40 - www.hdatoulon.fr
Espace d’art Le Moulin
8, avenue Aristide Briand - 83160 La Valette-du-Var
Du mardi au vendredi de 15 h à 18 h
Samedi de 14 h 30 à 18 h 30 et le matin sur rendez-vous - Entrée libre
04 94 23 36 49
[email protected] - www.lavalette83.fr
Conception graphique • www.studio-mcb.com
EXPOSITION
70
AU PROGRAMME
arts visuels
marseille
Printnoiz
Laboratoire d’expérimentations graphiques, Le Dernier cri investit
la Tour Panorama à l’occasion d’un salon des auteurs et collectifs
de la scène imprimée. De la gravure à la sérigraphie, des années 70
à nos jours, c’est toute l’aventure du graphzine qui nous est contée,
soit 40 ans d’édition indépendante et undergraphique disponible
sous nos yeux ! M.G-G.
jusqu’au 27 février
Tour panorama, Friche la Belle de Mai, Marseille 3e
04 95 04 96 49 lederniercri.org
ITO, Graphzine, Illustrations de Yann Taillefer, 60 pages, Sérigraphie, Livret offset de 32 pages, 40 x 30
cm, Editions Le Dernier Cri, 2008 © Le Dernier Cri
Manuel Ruiz Vida
Il fait partie de ces artistes qui travaillent obstinément par séries.
Pour cette exposition conçue avec l’association Grains de Sable,
Manuel Ruiz Vida présente un de ses dernières ensembles intitulé
sobrement récipients. Des objets d’apparence banale dont la fonction reste indéfinie mais que le peintre distingue par une couleur
particulière. C.L.
jusqu’au 26 février
Le Silo, Marseille
04 91 90 00 00 silo-marseille.fr
Manuel Ruiz Vida, récipient rouge orangé 2015, huile et laque sur toile, 97x146cm © François
Moura
Valentine Vermeil
Invitée par les Rencontres à l’échelle, la photographe Valentine
Vermeil présente une série réalisée en Israël et en Palestine, «un
territoire riche et complexe» dont elle tire un portrait éloigné des
clichés médiatiques. À l’image de toute sa pratique documentaire, Bab-El rend compte de la vie contemporaine (scènes de
rue, paysages, fêtes, femmes au quotidien) à travers ce qui lie les
êtres. M.G.-G.
Bab-El
jusqu’au 28 février
Galerie de la Salle des machines, Friche la Belle de Mai, Marseille 3e
04 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com
© Valentine Vermeil
Rachel Levine
Pour sa première exposition en France, Rachel Levine présentera ses
tout derniers travaux dont une série de pièces en verre moulé réalisées
lors de sa résidence marseillaise. L’artiste écossaise a bénéficié d’un
programme d’échanges entre Triangle France et Glasgow Sculpture
Studio, et d’un premier partenariat avec Rond-Point Projects. C.L.
Calquing
jusqu’au 20 février
Rond-Point Projects, Marseille
06 15 07 06 13 rondpointprojects.org
Rachel Levine, Fold, acier doux, 2014
© Rachel Levine.
bouches-du-rhône
var
arts visuels
AU PROGRAMME
Camille Llobet
Camille Llobet explore les champs investis par le langage. Voir
ce qui est dit, développé avec Noha El Sadawy, performeuse
sourde et un chef d’orchestre, interroge le réel et sa perception,
langue des signes et gestique. La restitution prend forme d’une
mise en espace immersive. Le 26 janvier, une conférence à l’École
supérieure d’art d’Aix-en-Provence précédera le vernissage du 3bisF,
le 27 de 16h à 21h. C.L.
Voir ce qui est dit
28 janvier au 1 avril
3bisF, Hôpital Montperrin, Aix-en-Provence
04 42 16 17 75 3bisf.com
Photogramme du film Voir ce qui est dit, 2015-2016 © Camille Llobet
Granet, dix ans d’acquisitions
De Cézanne à Masson et de Corot à Plossu, le musée Granet n’a
cessé d’enrichir ses collections permanentes depuis sa réouverture en
2006 (fonds ancien, art moderne, contemporain, artistes régionaux).
Aujourd’hui, il met en lumière ses acquisitions dans une exposition
qui croise histoires d’œuvres, d’objets et de personnes et fait acte
de pédagogie en expliquant les modes et processus de legs, dons
et donations. M.G.-G.
30 janvier au 24 avril
Musée Granet, Aix-en-Provence
04 42 52 88 32 museegranet-aixenprovence.fr
Philippe Favier, Sciophiligranes © X-D.R, ADAGP, Paris 2016
Eros et Nature
Pour sa troisième année, le projet porté par Clémentine Feuillet
poursuit sa réflexion sur les questions liées aux féminismes. Une
vingtaine d’artistes d’expressions variées et photographes autour
de la double thématique d’Eros/Nature. Vernissage le 13 février à
18h30 avec une performance de Douce Hollebecq. C.L.
04 90 99 53 31
13 février au 13 mars
Chapelle Sainte Anne, Arles
erosnaturefeminismes.blogspot.com
© Veronika Marquez
Jacqueline Salmon
La photographe Jacqueline Salmon est de retour à Toulon où, en
2000 déjà, elle avait pénétré l’antre de l’Arsenal. La nouvelle commande de l’Hôtel des Arts porte sur la traversée de la ville, balayée
par les vents et bouleversée par un vaste chantier de rénovation
urbaine. Son interprétation poétique donne naissance à des «cartes
de vents», des constellations et des portraits uniques en leur genre.
M.G-G.
42,84 km2 sous le ciel
30 janvier au 24 avril
Hôtel des Arts, Toulon
04 83 95 18 40 hdatoulon.fr
Femme à sa fenêtre - 37,5 x 54 cm
© jacqueline Salmon
71
72
CRITIQUEs
LIVRES
Quatre essais
sur le présent
Les ouvrages récents de la sociologue Nilüfer Göle, de la philosophe Marie
José Mondzain, des historiens Patrick Boucheron et Sudhir Hazareesingh
placent notre pays et son actualité au coeur de leur réflexion
L’
an dernier, le Musée des Civilisations
de l’Europe et de la Méditerranée
recevait Edgar Morin, Gilles Clément,
Pierre Rabhi, Roland Gori et Pierre Giannetti
sur un thème choisi : Le bonheur, quel bonheur ? Cette année, le cycle Mais où va la
France ? interroge la société française à
travers une série d’entretiens avec de grands
intellectuels, questionnés par les étudiants
de l’Institut de Sciences Politiques d’Aix-enProvence (voir p 18). Edités avant ou après
les attentats de janvier, et en tout état de
cause avant ceux du 13 novembre, les quatre
ouvrages parlent des questions qui agitent
aujourd’hui, après le traumatisme qu’elle a
vécu, la société française.
Les intellectuels français
Avec Ce pays qui aime les idées, histoire
d’une passion française, Sudhir Hazareesingh apparaît un peu comme le Huron
de Voltaire : professeur à Oxford, auteur
d’un livre sur Napoléon et d’un autre sur
De Gaulle, il aime la France comme un pays
un peu bizarre et étranger. Un pays qui ne
sait pas voir sa propre singularité, et souffre
d’un complexe global de mésestime de soi.
Son essai se lit comme un roman, ou plutôt
comme un de ces livres d’histoire à l’anglo-saxonne, relatant des faits, les colorant
d’anecdotes et de points de vue qui ne s’embarrassent pas d’une pseudo objectivité. En
cela aussi, vraiment, Sudhir Hazareesingh
n’est pas français !
On se réjouit de le voir combattre au fil des
pages le déclinisme de nos intellectuels
médiatiques, et de voir sur la couverture le
grand col blanc et la clope de notre BHL aux
sourcils froncés. Ceux-ci ne croient plus en
la pensée française, ne produisent plus de
concepts, ne savent que constater des échecs
et la fin de « valeurs »... Or cet Anglais-là
aime Napoléon (il n’en est pas à un paradoxe
près), défend la croyance en l’universalisme
qui permis l’énoncé des droits de l’homme,
admire les intellectuels comme Zola qui ont
lutté contre l’antisémitisme d’État, et tous
ces Français qui ont inventé le cartésianisme,
le socialisme, le structuralisme...
Mais cette admiration même marque les
limites de la démarche : si la réputation des
intellectuels français, avec leur universalisme, est sur le déclin, c’est aussi parce qu’ils
payent le prix de leurs silences, et de leurs
erreurs non dans le domaine des idées, mais
dans celui du réel. Si Zola avait fait libérer
Dreyfus, qu’en est-il de Sartre, de tous les
Maoïstes ? Maurras et Céline n’étaient-ils
pas aussi des intellectuels français ?
Il n’est pas anodin que Simone de Beauvoir
ne soit jamais citée que comme compagne
de Sartre, jamais comme théoricienne du
féminisme. Ou qu’Edouard Glissant et sa
magnifique théorie du Tout-Monde ne soit
même pas évoqués. Pourtant les admirations francophones de cet Anglais né à l’Île
Maurice commencent par Senghor et Yourcenar ! Mais si l’on veut écrire l’histoire de
la pensée française universaliste, on écrit
forcément celle des hommes, blancs, bourgeois et hétérosexuels. Celle qui a colonisé
et esclavagé, et qui aujourd’hui encore est
à la traîne en matière de représentation des
femmes. Doit-on aimer les idées sans voir
les faits ?
L’impossible catharsis
des images
Dans ce petit livre écrit en 2008, le plus
frappant est la récente préface. Écrite après
janvier 2015, et qui souligne après coup des
échos sidérants qui surgissent entre les
événements, et ce que la philosophe disait
des images. Les attentats de Charlie Hebdo
s’attaquaient à des producteurs d’images,
prenaient pour prétexte une offense, un
sacrilège. Oui, l’interrogation du titre prenait
un sens inattendu : L’image peut-elle tuer ?
Indirectement, la preuve était faite.
La réflexion de Marie José Mondzain
sur les images ne se résume pourtant pas à
cela. Il ne s’agit pas de s’en tenir aux images
choquantes, aux images violentes, mais de
s’interroger sur la nature même des images
d’aujourd’hui, en plongeant aussi dans leur
histoire. Elle cherche à comprendre ce que
l’image nous fait, et en particulier si la
catharsis opère. C’est-à-dire si les images
tragiques ou violentes apaisent notre peine
ou nos pulsions, ou si elles les exacerbent.
Sa réponse est classifiée, et elle distingue
les images qui permettent l’identification,
l’incarnation ou l’incorporation, et explique
pourquoi voir une décapitation sur YouTube
nous tue symboliquement, comment les
écrans font ou non écran, comment l’homo
spectator doit sortir de la passivité.
Les civilisations chrétiennes ont offert à
nos yeux des images édifiantes pour nous
faire désirer l’extase ou craindre l’enfer,
les Musulmans se méfient des représentations, le monde capitaliste globalisé sature
nos champs visuels d’images mouvantes,
sonores, avec lesquelles on peut interagir
dans les jeux vidéos, première industrie
culturelle du monde, et particulièrement
violente. Il serait temps, vraiment, de nous
demander ce que l’image nous fait.
Les Musulmans visibles
L’étude sociologique de Nilüfer Göle part
d’un principe clair : la recherche de visibilité
dans l’espace public des Musulmans d’Europe, que ce soit par le port du voile, par la
revendication de mosquées et de minarets,
et par la possibilité de prier, est un signe de
citoyenneté. Les « Musulmans ordinaires »
veulent faire partie des sociétés européennes
auxquels ils appartiennent, et que cette visibilité est une marque d’intégration à l’espace
commun, puisqu’ils veulent être reconnus
et vus. Et c’est parce que les Européens
ne veulent pas leur accorder une entière
citoyenneté que ces signes visibles, dits
parfois « ostentatoires », posent problème.
Musulmans au quotidien, une enquête
sur les controverses autour de l’islam,
adopte un point de vue peu courant dans
l’espace médiatique. Fondé sur des faits
et des témoignages. Très convaincants
lorsqu’ils montrent comment les minarets
73
sont devenus un objet de controverse, et
leur refus un symbole de l’extrême droite.
Moins quand ils s’attachent au port du voile,
et que la sociologue ne se demande pas, ou
ne demande pas, pourquoi ce bout de tissu
obligatoire ailleurs, et objet d’oppression
dans nombre de pays, est devenu la revendication d’une singularité. Moins aussi quand
elle n’interroge pas le rapport entre hommes
et femmes, séparées des hommes, à l’abri de
leur regard supposé concupiscent, placées
derrière dans les mosquées.
Mais l’essentiel n’est pas là : il existe en
France et en Europe une population importante, musulmane, moderne, croyante ou
non, et nos républiques laïques ou non
ont du mal avec cela. Le constat est clair,
la volonté de concilier leur foi avec les lois
des pays où ils vivent et dont ils font partie
l’est aussi. Quels que soient les problèmes
que cela pose, ce n’est pas en distinguant
nationaux et bi-nationaux, en établissant
une hiérarchie dans la citoyenneté comme
au temps des colonies, ou de l’occupation,
que les tensions s’apaiseront...
La montée des périls
Le petit livre de Patrick Boucheron et
Mathieu Riboulet est beau, et glaçant.
Écrit comme un journal à deux voix du 6
au 14 janvier 2015, il nous replonge dans le
déroulement de ce qui fut pour la France un
traumatisme majeur, et nous invite à Prendre
dates. Quelque chose s’est passé, au sens
fort du terme, qui ne passera pas. Un moment
historique, dans le sens où il a bouleversé
notre avenir.
Pourtant, Patrick Boucheron le répète, il
y a eu un avant. Khaled Kelkal en 1995,
Mohamed Merah en 2012. Il y a eu aussi la
mort d’un militant écologiste, Rémi Fraisse,
tué par la police. Patrick Boucheron, dans
Conjurer la peur, montre bien comment le
surgissement d’un ennemi extérieur peut
amener à prendre des mesures liberticides,
et tyranniques. Et l’historien reconnaît
bien ce que dans les manuels d’histoire on
appelait « la montée des périls ». C’est-àdire la période précédant la seconde guerre
mondiale.
Effectivement tout y est : les signes avant
coureurs, la « crise » économique (si durable
que le terme crise ne semble plus adéquat),
la crispation autour de valeurs identitaires,
le terrorisme, et depuis l’état d’urgence.
L’historien et l’écrivain racontent le choc.
Les morts. Celles des journalistes frondeurs
qui défendaient une liberté d’expression à
laquelle toute la nation a semblé, un temps,
attachée. Celle des apostats aux yeux des
islamistes, qui portaient des uniformes de
policiers alors qu’ils étaient musulmans.
Celle des juifs de l’hyper casher. Celle des
terroristes aussi, jeunes Français. 17 morts
plus 3.
Boucheron et Riboulet prennent date aussi
de l’unité nationale un temps recréée, puis
délitée, mais qui quand même là avait
existé. Prennent date de cette couverture
de Charlie Hebdo, du prophète qui pleure
les morts. Il est certain qu’ils auraient pris
date autrement le 13 novembre et qu’autre
chose encore s’est passé. Qu’il faudrait qu’ils
éclairent. Même si nous restons stupéfaits
par cette phrase de la préface : « Il y a beau
temps que je me demandais ce que cela
pouvait bien faire (…) de vivre une période
ou d’une année à l’autre tous les signaux
passent au rouge : est ce qu’on s’en aperçoit,
est-ce qu’on en prend la mesure (...) est ce
qu’on pense à partir, et quand ? »
AGNÈS FRESCHEL
Ce pays qui aime les idées
Sudhir Hazareesingh
Flammarion
L’image peut-elle tuer ?
Marie José Mondzain
Bayard
Musulmans au quotidien
Nilufer Göle
La découverte
Prendre dates
Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet
Verdier
74
CRITIQUEs
LIVRES
SUR LES ROUTES
DU TEMPS
Avec Temps mort, l’effacement des données,
le plasticien et galeriste arlésien Thibault
Franc livre un roman subtil et atypique ; à
la croisée des genres ; aux carrefours du
temps… et de la vie.
S’agit-il d’un roman ? Bien que le mot soit
imprimé en toutes lettres juste au-dessous
du titre, les premières pages de Temps mort
sèment le doute. Un prologue à visée générale
amorce la réflexion à partir d’une expérience
que chacun peut avoir vécue. Qui n’a eu
l’impression, lors d’un trajet en voiture, que
la route du retour est plus courte que celle de
l’aller ? Le voyageur aurait-il subrepticement
glissé dans « une faille temporelle » ? Serait-il
possible de remonter le courant du temps,
comme on revient d’une journée à la plage ?
Ne court-on pas alors le risque de sombrer
dans le « retour du même » ? À ce stade, le lecteur se croit à l’orée d’un essai sur le temps.
Ce que tendent à confirmer les petits cadrans
qui rythment les chapitres, ainsi que les nombreuses références et notes en bas de pages.
Pourtant, Thibault Franc a choisi de classer
son texte dans la catégorie « roman ». Et à y
regarder de plus près, on comprend. Le « on »
initial cède vite la place à un « je », celui d’un
narrateur (qu’on serait tenté de confondre
avec l’auteur, si la note de la page 40 n’établissait clairement la différence) dont on suit
l’évolution (plutôt que les aventures). Une
évolution que les cadrans indiquent, puisque
le temps y recule d’heure en heure durant
toute la première partie, avant de reprendre
son avancée jusqu’à la fin. Il ne faut pas chercher de véritable intrigue dans Temps mort,
À LA GRÂCE DE DIEU
Plongée dans un best-seller coréen tout
récemment traduit qui, s’il ne fait pas grimper
aux rideaux, propose un instructif voyage au
Pays du Matin Calme…
Conçu à l’origine pour la parution en feuilleton illustré et donc formaté pour offrir une lecture confortable au long cours, ce roman de
350 pages en 3 parties aux titres évocateurs
(« l’amour dans une plaine vide » par exemple)
ouvre de généreux points de vue sur une
société qui cherche encore son équilibre en
dessous du 38e parallèle. L’auteure Gong
Ji-Young a acquis une légitime notoriété
au travers de ses engagements en faveur
de la démocratie, des droits des femmes et
contre toute forme d’exclusion ; catholique
de cœur et de plume, elle pose dans L’Échelle
de Jacob de manière assez formelle et en tout
cas plutôt inoffensive quelques questions à
la vie et donc aux hommes perdus parfois
dans les méandres de leurs contradictions.
Le narrateur, frère Jean (ô combien éloigné de
son truculent homonyme rabelaisien) jeune
moine bénédictin va être confronté aux affres
de la passion amoureuse et à la mort violente
de ses deux compagnons les plus proches
dans un accident absurde. Rassurons-nous
sa vocation ne sera pas compromise, nous le
savons d’entrée, le roman ne se nourrissant
que de ses réflexions et émotions somme
toute bien mesurées « j’ai l’impression que
poussent des champignons blancs et froids
dans mon cœur qui bat la chamade » ; frôlement des âmes, sons de cloche et frémissements de monastère, le récit se trame en
fait comme un mince filet à attraper le sens
de la vie qui explose en éclats fracassants
dans les mots de deux personnages plus
intéressants bien qu’à peine ébauchés,
simples témoins porte-parole d’une réalité
historique qui dépasse la fiction : au seuil de
la mort, frère Thomas, religieux allemand pris
dans la tourmente de l’avancée des communistes et martyr de la Corée du Nord évoque
quoique les événements n’y manquent pas.
Plutôt une méditation existentielle, érudite et
poétique à la fois, un flux de digressions dans
lequel on se plaît à plonger… sur les conseils
de l’auteur : « Au moins le lecteur devrait-il
pouvoir faire le choix de glisser rapidement
vers le bas de la page, d’une vasque à une
autre, ou de revenir en arrière, circulant dans
le texte aussi librement que dans le lit d’un
cours d’eau, tel la Loue peinte par Courbet,
paysages de touches où l’œil peut tourner
sans ordre bien défini ».
FRED ROBERT
Temps mort, l’effacement des données
Thibault Franc
Collectif E3 éditions, 15 €
Pour en savoir plus sur le collectif E3
et Thibault Franc, on peut lire sur
journalzibeline.fr l’article de Claude Lorin
intitulé Elégies d’hiver
sans haine les sévices partagés, tandis que
dans la 3e partie enfin la grand-mère du
narrateur raconte le saisissant épisode du
sauvetage miraculeux à la veille de Noël -le
titre s’éclaire- de 14 000 réfugiés fuyant en
1950 l’invasion communiste chinoise par
le capitaine du cargo américain Meredith
Victory devenu à la fin de la guerre… frère
Marinus le bien nommé ! Si l’on sait que cinq
bébés sont nés pendant ce périple béni, il
est facile de pardonner à Gong Ji-Young sa
fascination face à cette source d’inspiration !
Pris comme la plupart des lecteurs dans la
fluidité lumineuse de la narration il ne restera
plus qu’à accorder à Thérèse d’Avila que
« si la vie est une nuit à passer dans une
mauvaise auberge » alors oui la lecture de
ce consolant roman peut aider à l’affronter !
MARIE-JO DHO
L’Échelle de Jacob Gong Ji-young
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee
et Mélanie Basnel
Éditions Philippe Picquier, 19,50 €
La Corée du Sud sera le pays invité
d’honneur du Salon du Livre de Paris en
mars 2016
75
CRÊMATION
Pour réveiller un peu nos sens engourdis
par les agapes de fin d’année, rien ne vaut
un petit livre, vif voire piquant. Exactement
ce que propose le roman de KIM Hoon
récemment paru aux Éditions Philippe
Picquier : En beauté. Livrons d’emblée,
pour expliquer l’accent circonflexe ci-dessus, une subtilité soulignée par les traducteurs de l’ouvrage, Han Yumi et Hervé
Péjaudier : en coréen ce titre, Hwajang,
implique deux significations : la crémation,
et la cosmétique.
Deux champs qui se recoupent au fil d’une
intrigue resserrée sur la période de deuil d’un
directeur commercial, chargé de vendre les
produits de beauté de sa grosse entreprise.
On aurait tort de se laisser décourager par
un pitch aussi plat. Cet homme ne remet
à aucun moment en question le modèle
économique délirant de sa société, mais la
façon dont l’auteur restitue sur un même
plan l’agonie de sa femme atteinte d’une
tumeur au cerveau, et les entourloupes
douteuses d’un marketing renonçant de
justesse à répandre sur le marché un gel
de toilette intime déclencheur d’infections,
est splendidement subversive. La raison qui
prévaut n’est pas d’ordre éthique, bien évidemment, il s’agit plutôt d’une question
de dépassement de budget... Les femmes
ont un degré d’acidité vaginale variant
d’un individu à l’autre, et « C’est pas parce
qu’elles sont pas fichues pareil qu’on va
se mettre à leur bricoler chacune leur truc.
Immense est le marché, mais bien tordues
les voies de sa pénétration... », se murmure
à lui-même le patron. Patron qui n’hésite
pas à solliciter son directeur commercial
pour qu’il orchestre une campagne depuis
l’hôpital où son épouse vient de mourir,
tandis que l’endeuillé lui-même, loin de
chercher le réconfort des ses proches ou de
sa progéniture, se remémore une attraction
jamais assouvie pour l’une de ses employées.
Frustration accumulée, règne de l’argent,
relations humaines frelatées... Oui, ce court
roman (76 pages) fouille efficacement les tréfonds de notre monde moderne impitoyable.
DE LA TROMPETTE
AU FUSIL
Deux voix se croisent dans le nouveau
roman de Fabrice Loi, Pirates. Celle de
Max Opale, ancien militaire, reconverti en
expert en balistique, et celle de Tony Palacio,
trompettiste de jazz, qui a quitté sa famille de
forains pour aller à Marseille. Entre les deux,
se dresse le personnage de la cantatrice
Awa, une Ève qui fait basculer leur histoire
dans un trio amoureux digne de Jules et Jim.
Les portraits émergent dessinés par la vie qui
les rabote, les sculpte, dans un style parfois
un peu trop bavard, mais qui sait remarquablement créer des atmosphères, saisir au
plus près les lieux et les êtres et s’autorise
de belles pages sur la musique. Marseille
(celle des bas-fonds, comme celle des beaux
quartiers) et la Somalie (des pirates et des
populations décimées), sont peintes avec
une incisive justesse. Le roman dépasse ici le
cadre du simple polar, et livre au lecteur une
description sans concession de la société
ainsi qu’une vision politique à l’échelle
Il est servi par un humour pince-sans-rire et
une dignité impeccable : en livrant détails
scatologiques -gargouillis compris- et affres
d’une prostate abîmée, il ne perd jamais de
vue l’être humain qui se dissimule sous un
costard-cravate.
GAËLLE CLOAREC
En beauté KIM Hoon
Éditions Philippe Picquier, 12 €
internationale. À l’instar du procureur Henri
Volney incarné par Yves Montand dans
I comme Icare de Verneuil, les personnages
ne peuvent survivre lorsqu’ils accèdent à la
connaissance. Celle-ci terrifiante dénonce,
preuves à l’appui le déversement criminel
de déchets radioactifs dans les eaux de la
Somalie, par différents états, France, Allemagne, Italie, USA, avec la complicité des
réseaux mafieux. Qui sont alors les vrais
pirates ? On aimerait que le sujet ne soit pas
confiné à la deuxième partie de l’ouvrage,
digne par ce qu’elle met en lumière de tenir
une œuvre entière.
MARYVONNE COLOMBANI
Pirates Fabrice Loi
Gallimard, 17,90 €
Auteure durable
Catherine Monin, comédienne (entre autres) pour
La Cie du Jour au Lendemain ou la toute récente
Cie vauclusienne Nage Libre (bienvenue !) ne perd
décidément pas le nord ! Après la publication en
2005, chez L’Harmattan déjà, d’un délicieux recueil de poèmes sur nos petits moments d’égarement, adroitement intitulé Le Nord perdu, qui avait
donné lieu à une création théâtrale touchante et
ultra poétique, elle récidive avec un deuxième ouvrage théâtral tout aussi réussi : À titre provisoire.
Une pièce a d‘ailleurs déjà été créée au théâtre des
Halles d’Avignon pour le OFF 2014 puis reprise à
Marseille, à la Minoterie, il y a un an tout juste. La
3e écriture est déjà dans les cartons : Sans Bêtes
(création automne 2017). Une auteure de théâtre
est née !
DE.M.
À titre provisoire Catherine Monin
L’Harmattan, 11 €
76
CRITIQUEs
LIVRES
TROIS JEUNES
SUR UN BATEAU
Ils en ont « emprunté » des voitures, et volé
des vêtements, de la nourriture, de l’argent,
durant les plus de mille kilomètres qu’a duré
leur cavale. Eux, ce sont Lucky et le Petit, des
presque frères, unis par un passé traumatisant
qu’ils ont laissé loin derrière eux, dans le Sud.
Les voilà à Saint-Malo, devant la Manche, à
quelques encablures de l’Angleterre. Les
voilà avec la Fille, la dernière conquête de
VILNIUS BLUES
Le roman de Ricardas Gavelis, Vilnius
Poker (1989), a été traduit en français en
2014 par Margarita Le Borgne. L’on suit
Vytautas Vargalys, survivant des camps de
concentration nazis et du goulag stalinien,
devenu archiviste dans la bibliothèque de
Vilnius. Il parcourt la ville à la recherche
d’un sens, d’une réalité, à travers peut-être
l’histoire de sa fondation et du loup de fer
qui la symbolise. Les récits, les époques se
superposent, se contaminent, dans une trame
hallucinée où tout est remis en cause ; les
apparences mentent, dans une paranoïa
généralisée ; les « ils, elles, eux » (en italique
dans le texte) épient, espionnent, harcèlent,
condamnent, torturent, s’emparent des corps
et des esprits. Ensuite, « les êtres kanuk’és
se chargeront eux-mêmes de leur autodestruction ». Remontant l’histoire de la pensée,
Vytautas démonte le mécanisme des dictatures, relisant Platon, Machiavel ou Staline,
pères des « kanuk’ai » qui décérèbrent les
populations. Dans cette insoutenable ère
du soupçon, il y a peut-être l’amour pour la
belle Lolita qui raccrocherait à un semblant
de vérité, mais là encore, le doute instille son
poison, Lolita/Lilith meurt. Atrocement. Trois
autres récits, plus courts, évoquent le personnage, auteur présumé du crime, chacun
apportant sa version, chacune contredisant
Lucky, qui rêve de fuir son ennuyeuse cité
malouine pleine « de vieux et de touristes ».
Et bientôt les voilà qui mettent les voiles à
bord du Slangevar. Cap au nord nord ouest.
« On part en balade mercredi et jeudi soir
on se tape une Guinness en Angleterre »,
a déclaré Lucky. Sauf qu’évidemment, rien
ne se passera comme prévu. Surtout qu’à
part les quelques notions de la Fille, ils ne
savent pas manœuvrer un voilier (d’ailleurs
pas équipé pour naviguer loin des côtes),
que le Petit n’a pas trouvé de cartes marines
-ils devront se contenter de l’Almanach du
marin breton, bien utile au demeurant, mais
pas pour tracer une route précise-, et que
leur stock de provisions ne fera pas long feu.
Chance des débutants ? Détermination de
la jeunesse ? Le trio ne s’en sort pas si mal.
Mais la « balade » tourne vite à l’odyssée
catastrophe…
Sylvain Coher connaît bien la mer, la
Manche et la navigation à voile. De nombreux
termes techniques jalonnent, sans l’alourdir,
son équipée narrative. Et il excelle aussi à
rendre les mouvements de Slangevar (un
véritable personnage, ce vieux quillard), les
ce qui précède, ajoutant au kaléidoscope
des faits, de nouvelles énigmes. La narration
flamboyante s’emporte dans une logique
sidérante et tragique où les mots mêmes
sont mis en doute dans ce voyage au bout
de la nuit, poétique, politique, philosophique,
qui broie tout sur son passage. Entre homo
sovieticus et homo lithuanicus, la ville, personnage central, joue son invraisemblable
musique, Vilnius Poker.
MARYVONNE COLOMBANI
Vilnius Poker Ricardas Gavelis
Éditions Monsieur Toussaint
Louverture, 24 €
moments de la vie à bord et sur l’eau : l’impression d’infini, les longues heures d’ennui,
les manœuvres précipitées, le dernier quart
de nuit (le plus rude), le froid… Sa phrase
se fait flottante comme la brume sur la mer,
heurtée quand les vagues chahutent le
bateau et les apprentis matelots. Si son flot
ne s’illumine pas de radiances rimbaldiennes,
il prend toutes les nuances de gris et porte
avec lui l’âpre poésie du large. Alors on se
laisse aller à la houle des mots… au risque
d’attraper le mal de mer !
FRED ROBERT
Nord nord ouest Sylvain Coher
Actes Sud, 20 €
Sylvain Coher était à Marseille en
décembre pour la création, au théâtre
de la Criée, du premier volet des Petites
cantates policières, opéra contemporain
(dirigé par Roland Eyrabédian) dont il a
écrit le livret. C’est à cette occasion qu’il
est venu parler aussi de ce roman à la
librairie Maupetit
Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne
AIX-EN-PROVENCE 96.2
MARSEILLE 92.8
jazzradio.fr
78
CRITIQUEs
patrimoine
Quand il la prend
dans ses bras…
L
e fleuve des caprices s’est bien assagi,
endigué, dragué, canalisé par l’activité
humaine. Il n’en a pas toujours été ainsi,
comme le montre avec éloquence la carte
interactive qui ouvre au musée de l’Arles
antique, l’exposition Camargue Archéologie et territoire, Enquêtes sur un Rhône
disparu. Depuis 4 000 ans av. J.-C., la côte
s’est transformée et a fait reculer la mer,
grâce à l’apport des alluvions charriées par
les bras du delta du Rhône. Leur nombre et
leur situation géographique n’a cessé d’évoluer. «Un delta est quelque chose de vivant»
souligne Claude Vella, géomorphologue
au Cerege*, l’un des commissaires scientifiques de l’exposition aux côtés de Corinne
Landuré, conservateur au service régional
de l’Archéologie et de Marion Charlet,
archéologue médiéviste. Les travaux présentés sont d’une remarquable originalité,
croisant archéologie et géomorphologie
(science qui unit géographie et géologie).
La relation entre l’activité humaine et les
variations physiques de l’environnement
est exposée ici de manière exemplaire,
nous poussant d’abord à renoncer à l’imagerie naïve d’une Camargue exclusivement
dédiée aux manades et aux flamants roses.
Installations agricoles, pêcheries, ports, lieu
de culte, canal, plus de cent sites offrent
des objets d’étude et de découvertes aux
La Camargue s’alanguit entre les bras du Rhône. L’eau
dort-elle ? Pas si sûr. L’archéologie dévoile des facettes
inattendues et surprenantes sur l’histoire de cette terre
d’entre les eaux…
chercheurs, dans le cadre d’une vivifiante
pluridisciplinarité, de l’archéologie à la
géographie en passant par les géologues,
les spécialistes des sciences de la nature,
les paléoécologues, les anthracologues, les
palynologues, les malacologues, les ostracologues… (ouf !). Ce sont plus de vingt
ans de fouilles et d’observations qui se
retrouvent sur les deux rives de l’exposition qui serpente dans la salle, à l’instar du
fleuve, s’offrant même le luxe d’un observatoire perché d’où l’on peut admirer en
plongée le pavement délicatement réticulé
de la Tour du Valat, du 1er siècle av. J.-C. Le
fleuve présenté appartient à notre imaginaire
autant qu’aux recherches, le Rhône d’Ulmet
a aujourd’hui disparu. Les eaux voyagent.
Les murs de l’exposition se tendent de
miroirs, jeu de reflets où les silhouettes des
visiteurs, éphémères, se mêlent aux vestiges,
mouvements aquatiques où résonnent les
voix des archéologues dont on peut regarder
les travaux in situ sur des écrans incrustés le
long des rives blanches du parcours. Quatre
sites sont présentés, évoquant chacun un
lieu significatif, le village de la Capelière,
installé depuis le Ve siècle avant notre ère, et
ses différentes phases d’occupation (la plus
longue connue en Camargue), rythmées par
la mobilité des chenaux et les inondations ;
le grand parc, petit établissement agricole du
1er siècle de notre ère, consacré à l’élevage
ovin et aux salaisons ; le port d’Ulmet (V et
VIe siècle ap. J.-C.) essentiel au trafic entre la
mer et Arles ; l’abbaye cistercienne d’Ulmet,
(fin du XIIe), dotée d’un farot (système en
chaîne, destiné à lancer l’alarme, par un feu
la nuit et une fumée le jour). Peu d’objets,
mais l’émouvante présence de jarres réparées, d’un dé oublié, d’une assiette peinte, de
quelques blocs de pierre (il en reste peu sur
place, tout est réutilisé !), évoquent et questionnent le temps et les strates enfouies. La
mémoire des lieux se double de celle des
pionniers de la recherche archéologique en
Camargue, des méthodes qui permettent de
dater, de restituer… Il est bon de s’attarder,
de lire, d’observer, d’user des moyens interactifs mis à disposition du public, puis de
se plonger dans le catalogue de l’exposition,
modèle de vulgarisation scientifique.
MARYVONNE COLOMBANI
* Cerege : Centre européen de
Recherche et d’Enseignement des
géosciences de l’environnement
Camargue Archéologie et territoire,
Enquêtes sur un Rhône disparu
jusqu’au 5 juin
Musée départemental Arles Antique
04 13 31 51 03 arles-antique.cg13.fr
Catalogue La Camargue,
Au détour d’un méandre
sous la direction de Corinne Landuré,
Claude Vella, Marion Charlet
édité par Département des
Bouches du Rhône et le Musée
départemental Arles Antique, 33 €
© Fou du Rhône (Anaglyphe) n°1, Philippe Rigaud
© Mireille Loup, 2015
6 -9
H
H
LE MEILLEUR DES RÉVEILS
LE MEILLEUR DE LA MUSIQUE
TOUTES LES FRÉQUENCES SUR RFM.FR
REJOIGNEZ-NOUS SUR
© VISION BY AG
ELODIE GOSSUIN
BRUNO ROBLÈS
Les concerts au PIC
Marseille l’Estaque
•
13 mars
Maluca Beleza,
quintet musique brésilienne
jazz
•
25 mars
Chœurs de femmes
Biennale des écritures du réel
•
26 avril
Concert avec la Casa de Velázquez
•
31 mai
Comme je l’entends
Benjamin Dupé
L’Ensemble Télémaque
en tournée
•
Madrid • 25 avril
Concert avec la Casa de Velázquez
Auditorium Reine Sofia
•
1er au 11 février, Marseille
Temps fort de la création musicale jeune public
Concert avec la Casa de Velázquez
Auditorium Marcel Landowski
•
Les lieux
L’Affranchi
L’Atelier des Arts
Bibliothèque Départementale G.Defferre
Château de la Buzine
Cité de la Musique
Musée du Château Borély
PIC
Paris • 30 avril
Aix-en-Provence • 12 mai
Ciné concert King Kong
(séance scolaire)
Salle du Bois de l’Aune
•
Aix-en-Provence • 13 mai
Ciné concert King Kong
Salle du Bois de l’Aune
•
Marseille • 19 mai
Cinéma l’Alhambra
Le Chevalier Déconcertant
avec choristes
Information et réservation
04 91 39 29 13
[email protected]
www.ensemble-telemaque.com