Foscarnet french

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Foscarnet french
FEUILLET d’information
LE FOSCARNET (FOSCAVIR)
Qu’est-ce que le foscarnet?
Vendu sous le nom commercial de Foscavir,
le foscarnet est un médicament antiviral. Il
est efficace contre le cytomégalovirus (CMV)
parce qu’il entrave son cycle de vie. À chacun
des stades de la vie du virus, des messagers
chimiques, appelés enzymes, l’aident à se
reproduire. Le foscarnet peut inhiber (retarder
ou arrêter) l’action de l’enzyme ADNpolymérase. On pense que l’incapacité de
cette enzyme de jouer efficacement son rôle
rendrait le virus moins apte à se reproduire
aussi vite, ce qui aurait pour effet de ralentir
la progression de l’infection à CMV.
Au Canada, le foscarnet est autorisé pour le
traitement de la rétinite à CMV. Toutefois,
même si son usage n’est pas spécifiquement
approuvé à ces fins, on a aussi recours au
foscarnet pour traiter d’autres maladies dues
au CMV telles que l’oesophagite, la colite, la
pneumonite, de même que les affections
herpétiques résistantes à l’acyclovir et le
sarcome de Kaposi (SK). On parle alors d’une
utilisation du médicament non conforme à ses
indications. Les études de laboratoire en
éprouvettes (in vitro) ont montré que le
foscarnet est efficace contre tous les virus
herpétiques connus, ce qui justifie son
utilisation dans les cas d’herpès simplex,
d’herpès zoster (zona) et de SK.
Utilisations du médicament
1. Traitement de la rétinite à CMV
Pour le traitement de la rétinite à CMV,
l’administration du foscarnet s’effectue en
deux étapes : tout d’abord, comme traitement
d’induction pour empêcher la sur venue
d’autres dommages; puis, comme traitement
d’entretien pour bien maîtriser l’infection et
prévenir d’autres épisodes actifs de la maladie.
Réalisé généralement à l’hôpital, le traitement
d’induction consiste en l’administration
intraveineuse (i.v.) de foscarnet. Le traitement
d’induction est administré toutes les 8 à 12
heures pendant deux à trois semaines.
Le traitement d’entretien au foscarnet i.v.
requiert la mise en place d’un cathéter à
demeure. Il s’agit d’un petit dispositif que l’on
introduit chirurgicalement dans une grosse
veine du bras ou à l’intérieur de la paroi
thoracique supérieure. Ce genre de cathéter
sert à éviter les dommages inutiles aux veines
que causeraient les ponctions veineuses
répétées pour l’administration intraveineuse
des traitements quotidiens requis. Les deux
types de cathéters à demeure les plus
couramment employés sont le cathéter de
Hickman et le cathéter «Port-a-Cath».
• Le foscarnet i.v. est donné habituellement
tous les jours à raison d’une dose de 90 à
120 mg/kg de poids corporel. Chaque
traitement prend environ 2 heures. Si la
personne est incapable de recevoir le
traitement 7 jours par semaine, on peut alors
opter de donner une dose de 6 mg/kg
administrée sur 5 jours par semaine. Une
fois administré par intraveineuse
directement dans une veine, le foscarnet
se diffuse dans toutes les parties du corps,
contribuant ainsi à prévenir l’infection
d’autres organes par le CMV.
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• Afin de réduire le risque d’endommagement
des reins, chaque traitement au foscarnet
est précédé d’une perfusion de solution
physiologique salée (solution saline).
En l’espace de deux mois et ce, même durant
le traitement d’entretien, il peut y avoir
progression de la rétinite à CMV. Si tel est le
cas, on procède alors à un autre traitement
d’induction, aussi appelé thérapie de
réinduction. Ce traitement est administré deux
fois par jour pendant deux ou trois semaines,
ou jusqu’à ce que la rétinite se stabilise. Après
cette période, on reprend le traitement
d’entretien administré une fois par jour.
Le foscarnet est parfois administré sous la
forme d’injections intravitréennes aux
personnes incapables de poursuivre le
traitement i.v. Un anesthésique local est
injecté dans la région voisine de l’oeil et
vaporisé légèrement sur la surface même du
globe oculaire. Une fois la région bien
désensibilisée («gelée»), on administre du
foscarnet directement dans la partie
gélatineuse du globe oculaire appelée humeur
vitrée. Les injections d’une dose de 0,1 mL
(2,4 mg) ont lieu tous les cinq à sept jours.
2. Traitement d’autres affections
• Comme traitement des infections
herpétiques résistantes à l’acyclovir ou des
infections dues au virus responsable de la
varicelle et du zona, le foscarnet s’administre
habituellement à la dose de 40 mg/kg, une
fois par jour dans les cas d’herpès et trois
fois par jour dans les cas de zona.
• On a eu recours au foscarnet chez un très
petit nombre de personnes pour traiter le
sarcome de Kaposi (SK). L’intérêt à l’endroit
de cette modalité de traitement ne cesse
de s’intensifier à mesure qu’on accumule
de plus en plus de données voulant qu’un
virus de type herpétique soit responsable
du SK. Après avoir examiné les dossiers
médicaux de quelque 3688 personnes
séropositives sur une période de 4,2 ans,
un groupe de chercheurs anglais a tiré la
conclusion que le foscarnet et le ganciclovir
réduisent le risque d’apparition du SK.
En Suède, des chercheurs ont indiqué qu’ils
avaient administré à cinq personnes atteintes
de SK une dose quotidienne de 180 mg/kg
de foscarnet i.v. pendant 10 jours. Trois
d’entre eux ont bénéficié d’une rémission
prolongée du SK, l’un sur une période de 12
mois et les deux autres sur des périodes de
13 et 20 mois respectivement. Au moins un
essai clinique contrôlé est en cours pour
évaluer cet usage du médicament.
Effets secondaires
La plupart des effets secondaires du foscarnet
semblent reliés à la dose, c’est-à-dire que plus
la dose est forte, plus les effets secondaires
sont marqués. L’endommagement des reins
est l’effet secondaire le plus fréquent et aussi
le plus potentiellement dangereux du
foscarnet. Pour surveiller l’état des reins, il
convient d’effectuer chaque semaine des
analyses du sang. Le foscarnet peut aussi
donner lieu à des déséquilibres des
électrolytes et minéraux du sang susceptibles
de déclencher des crises d’épilepsie. Parmi
les signes avertisseurs de ces déséquilibres,
mentionnons les suivants : engourdissement
de la bouche, sensations de brûlure et de
picotements. Au cours de cinq essais cliniques
du foscarnet, des crises d’épilepsie se sont
manifestées chez environ 10% des 189
participants. D’autres effets moins fréquents
(et plus bénins) ont été signalés chez moins
de 5% des personnes recevant du foscarnet;
ces effets étaient les suivants : anémie, fièvre,
fatigue, faiblesse musculaire et maux de tête.
Étant donné que le foscarnet est éliminé dans
l’urine à raison de concentrations assez élevées,
il peut se produire des ulcérations sur les
organes génitaux si de l’urine contenant du
foscarnet s’accumule dans les plis de la peau.
De telles ulcérations ont été rapportées
généralement chez des hommes non circoncis,
mais quelques cas ont aussi été observés au
niveau des grandes lèvres chez des femmes.
Le lavage de la zone du pénis sous le prépuce
ou des organes génitaux externes après chaque
miction (après avoir uriné) peut contribuer à
réduire le risque d’ulcérations.
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Interactions médicamenteuses
Petrow S, Kearney B. The HIV Drug Book. New York: Pocket
Books, 1995.
L’administration du foscarnet conjointement
avec certains antibiotiques (amikacine,
gentamicine, streptomycine, érythromycine) de
même qu’avec l’amphotéricine B, la ddC et la
pentamidine intraveineuse peut accroître le
risque de dommages aux reins. Le foscarnet
peut également augmenter le risque de
neuropathie périphérique lorsqu’on le prend
simultanément avec la ddC. Parmi les
symptômes de la neuropathie périphérique,
mentionnons les sensations de brûlure, les
picotements et(ou) de la douleur dans les pieds.
Tobin MA, Chow FJ, Bowmer MI, Bally GA. Un guide complet
des soins aux personnes atteintes d’une infection à VIH : Module
1. Édition révisée. Mississauga : Collège des médecins de
famille du Canada, 1996.
Comment l’obtenir
La mise en marché du foscarnet est approuvée
au Canada. Depuis quelques années, le
fabricant du produit, Astra Pharma, l’offre
gratuitement aux patients et continue de le
faire. Pour se le procurer, médecins ou patients
doivent en faire la demande auprès d’Astra
au 1 800 461-3787 (service en français) ou
au 1 800 668-6000 (service en anglais).
Crédits
Auteur : Deidre Maclean, P. Sojé
Traducteur : Alain Boutilier
Création : octobre 1996
Design : Renata Lipovitch
Références
American Foundation for AIDS Research. AIDS/HIV Treatment
Directory. Vol. 8, No. 1. New York: AmFAR, February, June
1996.
Jacobson MA. Current management of cytomegalovirus disease
in patients with AIDS. AIDS Research and Human Retroviruses
1994;10(8):917-923.
Mocroft A, Youle M, Gazzard B, Morcinek J, Halai R, Phillips
AN. Anti-herpes virus treatment and risk of Kaposi’s sarcoma
in HIV infection. AIDS 1996;10(10):1101-1105.
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devrait toujours se prendre en consultation avec un professionnel
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des maladies liées au VIH et des traitements en question.
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la santé qualifié(e) avant de prendre toute décision d’ordre
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Morfeldt L, Torssander J. Long-term remission of Kaposi’s sarcoma
following foscarnet treatment in HIV-infected patients.
Scandanavian Journal of Infectious Diseases 1994;26(6):749-52.
Palestine AG. Intraocular therapy for CMV retinitis. Journal of
the International Association of Physicians in AIDS Care 1996
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