Nous devons nous préparer à la grève - SSP
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Nous devons nous préparer à la grève - SSP
www.ssp-vpod.ch 3 RÉGIONS Services Publics 25 septembre 2015 «Nous devons nous préparer à la grève» GENÈVE – Pour les syndicats, le budget 2016 présenté par le Conseil d’Etat est une véritable déclaration de guerre. Le point avec Jean-Louis Carlo, coprésident du SSP – Région Genève. L e 9 septembre dernier, le Conseil d’Etat genevois au complet dévoilait son projet de budget pour l’année 2016. Un exercice préparé par l’annonce opportune, à la fin du mois d’août, d’un trou de 200 millions de francs dans ses caisses. Selon les mots du ministre (PDC) des Finances, Serge Dal Busco, l’adoption de ce budget marquerait un tournant: «Aujourd’hui, nous allons vers une diminution des charges et non plus vers une diminution de leur hausse» 1. Un objectif qualifié de «nonnégociable» par le magistrat. Pour y arriver, le Conseil d’Etat a mis sur pied une liste impressionnante de coupes, qui portent tant sur les dépenses en personnel que sur les prestations. Face à ce budget d’austérité, les syndicats déterrent la hache de guerre. Alors que pour le Cartel intersyndical «l’heure de la mobilisation générale a sonné», le SSP dénonce «la déconstruction contrôlée et systématique de la fonction publique» et appelle à des mesures de lutte à la hauteur des attaques. Questions à Jean-Louis Carlo, co-président de la région Genève. Le Conseil d’Etat a annoncé des coupes à hauteur de 70 millions dans le budget 2016. Pour le personnel, les mesures seront radicales… Jean-Louis Carlo – Le catalogue de mesures est impressionnant: il y a d’abord l’augmentation du temps de travail de 40 heures à 42 heures hebdomadaires. C’est un terrible retour en arrière et un très mauvais signal pour le secteur privé aussi, qui montre que le combat est le même pour tous les travailleurs. Il y a ensuite le non-remplacement des départs naturels, dans l’objectif de faire baisser de 5% la masse salariale en trois ans. Une mesure qui signifie aussi envoyer au chômage les 1500 jeunes qui ne trouveront pas de place de travail à l’Etat. La réduction générale de 1% sur toutes les dépenses générales aura des effets dramatiques: alors que le peuple avait accepté l’initiative demandant des moyens supplémentaires pour les EMS, on va au contraire leur couper les vivres; même chose pour l’hôpital cantonal, qui a pourtant déjà vu 500 postes biffés au cours des dernières années. Dans le fond, ce sont toutes les prestations à la population qui seront remises en cause. Le gouvernement est allé jusqu’à augmenter les tarifs TPG, au mépris de la votation populaire! Il prévoit aussi de faciliter les procédures de licenciement, reconduire le blocage des annuités et engager les nouveaux salariés deux annuités en dessous. Comment expliquer ces mesures? Le projet de budget proposé est irresponsable et complètement soumis à l’idéologie néolibérale. Il ne faut pas oublier que, depuis la fin des années 1990, la même majorité de droite fait voter des baisses d’impôts successives qui profitent aux nantis. Si on les additionne, on s’approche de 1 milliard de manque à gagner, chaque année, pour les coffres de l’Etat! Nous sommes face à une politique volontaire: l’exécutif met en exergue une crise financière qui a été planifiée par des baisses d’impôts depuis une quinzaine d’années, dans le but de casser la fonction publique. Sans compter que la baisse du taux d’imposition à 13% prévue en cas d’acceptation de la RIE III par le Parlement fédéral entraînerait un nouveau manque à gagner de 500 millions pour le canton – tout cela pour faire des cadeaux aux sociétés de trading qui affament le tiers monde! Quelle doit être la réponse syndicale? En 2015, ce sont surtout les enseignants qui s’étaient mobilisés contre les économies imposées par le Conseil d’Etat, car ils étaient les premiers concernés. Même si nous avions arraché quelques concessions, nous n’avions pas su construire un rapport de forces capable de faire reculer le gouvernement de manière significative. Aujourd’hui, nous devons aller au-delà du rituel des petites mobilisations et imposer un NON clair et net au gouvernement. Sans cela, c’est la destruction de trente années d’Etat social qui menace: si on ne dit pas stop aujourd’hui, il ne restera plus grandchose à défendre demain. Nous devons construire le rapport de forces dès aujourd’hui. Il n’y a rien à négocier sur le projet de budget. Le SSP a donc invité le Cartel à rompre les négociations avec le Conseil d’Etat, y compris sur le projet SCORE, et lui opposer l’unité syndicale la plus large. Une assemblée générale doit réunir toute la fonction publique pour qu’elle décide de mesures de lutte à la hauteur des enjeux. INTERVIEW – GUY ZURKINDEN 1 Tribune de Genève, 8 septembre 2015. «Nous devons aller au-delà du rituel des petites mobilisations et imposer un NON clair et net». ERIC ROSET Le Conseil d’Etat revient sur ses engagements: mobilisons-nous! FRIBOURG – Les comptes 2015 boucleront sur un important bénéfice, mais l’exécutif persiste à couper dans les salaires et l’enseignement. La mobilisation contre l’austérité doit se poursuivre. L ors de l’accord entre la FEDE et le Conseil d’Etat sur les baisses de salaires prévues de 2014 à 2016, le gouvernement s’était engagé sur un point: si les comptes sont excédentaires, le solde servira à diminuer les mesures d’économies touchant le personnel du service public et parapublic fribourgeois. Depuis, la fortune de l’Etat de Fribourg est restée à un niveau élevé (962 millions de francs au 31 janvier 2014). On est loin de la crise! Même la Commission des finances et de gestion du Grand Conseil, présidée par le député Michel Losey (PLR), a demandé au Conseil d’Etat d’alléger les mesures d’économies prévues pour 2016. 48,5 millions dans la poche Début 2015, la Banque nationale suisse (BNS) a confirmé qu’elle verserait 48,5 millions de francs à l’Etat de Fribourg. Un versement inattendu, non pris en compte lors de l’élaboration du budget 2015 – qui prévoyait un très léger excédent de 0,2 million. Les comptes 2015 vont donc clôturer avec un important bénéfice. Conformément aux engagements du Conseil d’Etat, ce dernier devrait prioritairement servir à atténuer les mesures d’économies touchant le personnel. Or, le discours du gouvernement a évolué. Plus question de revoir à la baisse les mesures d’économies. Il souhaite utiliser les 48,5 millions versés par la BNS pour créer une nouvelle «provision pour les bénéfices futurs de la BNS» destinée à offrir une «certaine stabilité» aux budgets à venir. Pourtant, l’abandon des mesures d’économies en 2016 ne représente- rait qu’une fraction de ces 48,5 millions: 10 millions environ pour les coupes salariales; et 4 millions pour les mesures d’économies dans l’enseignement. Même en annulant l’ensemble de ces mesures, il resterait 34,5 millions pour créer la «réserve» prévue par le gouvernement! Les actionnaires avant les salaires Pourquoi créer une nouvelle provision pour «stabiliser» les budgets à venir, alors que l’Etat de Fribourg dispose d’une fortune confortable de près de 1 milliard? Si le gouvernement privilégie une «logique d’économies à tout prix», pour reprendre les termes du procureur général Fabien Gasser, il a également l’intention d’offrir de nouveaux cadeaux fiscaux aux actionnaires: le Conseil d’Etat a annoncé son intention de diminuer massivement l’imposition du bénéfice des entreprises, qui passerait de 19,63% à 13,72% dès 2018. Conséquence: un manque à gagner de 39 millions de francs pour les caisses de l’Etat – probablement for- tement sous-évalué: dans le canton de Vaud, la perte est évaluée à 450 millions de francs, en Valais entre 40 et 70 millions de francs – et de 42 millions pour les communes. Concernant le personnel, le Conseil d’Etat a confirmé le maintien intégral des coupes salariales en 2016: contribution dite «de solidarité» (1% sur la part de revenu dépassant 3000 francs par mois) et octroi du palier au 1er juillet 2016. Le Conseil d’Etat veut également entériner des mesures d’économies dans l’enseignement. Il prévoit d’augmenter les effectifs dans les classes et envisage un «salaire à la prestation»: le salaire des enseignants varierait en fonction de la grandeur de la classe. Une mesure inacceptable et dangereuse. > Les négociations concernant le personnel enseignant se termineront au début du mois de décembre. Il s’agit de donner un signal clair en faveur d’un accord permettant le retrait de certaines mesures, en particulier l’augmentation des effectifs par classe et l’introduction d’un «salaire à la prestation». GAÉTAN ZURKINDEN SECRÉTAIRE SSP – RÉGION FRIBOURG SSP – Région Vaud Assemblée des délégué-e-s extraordinaire La mobilisation doit se poursuivre! Le 26 juin 2015, plus de 1000 salariés de la fonction publique et parapublique fribourgeoise se sont mobilisés pour donner un «carton jaune» au Conseil d’Etat. Depuis, le gouvernement est resté sourd à nos Manifestation Vendredi 13 novembre, 17 h Place de l’Hôtel-de-Ville, Fribourg > > > > demandes. Il faut donc poursuivre la mobilisation! Le SSP – Région Fribourg appelle le personnel du service public et parapublic à une nouvelle manifestation devant le Grand Conseil, le vendredi 13 novembre. Avec un double objectif: > Exiger le respect des engagements du Conseil d’Etat: les députés du Grand Conseil fribourgeois – qui débattront du budget 2016 la semaine suivante – doivent octroyer le palier au 1er janvier 2016 et mettre un terme à la politique d’austérité. Octroi du palier au 1er janvier 2016. Non au gel des effectifs. Pas d’augmentation du nombre d’élèves dans les classes. Non au «salaire à la prestation». La feuille de route du Conseil d’Etat définissant les modalités d’application de la 3e réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) sera débattue (et probablement acceptée) par le Grand Conseil fin septembre. Le SSP – Région Vaud devra décider de sa position et des actions qu’il souhaite entreprendre, et notamment évaluer la question du lancement d’un référendum cantonal. Une assemblée des délégué-e-s extraordinaire est prévue à cet effet. Elle est ouverte à toutes les personnes membres de la région, le vote restant réservé aux seuls délégué-e-s. Venez nombreuses et nombreux! Lundi 5 octobre à 19 h Salle Jean Villard Gilles Maison du Peuple, Place Chauderon 5 à Lausanne Ordre du jour proposé 1. ODJ et PV. 2. Présentation de la situation. 3. Position du SSP et modalités d’opposition. 4. Divers. www.ssp-vpod.ch 7 ACTUALITÉ Services Publics 30 octobre 2015 Une loi contre la machine à libéraliser Vers la grève Le ton monte sur les chantiers. Face à des entrepreneurs qui refusent d’améliorer les conditions de travail et remettent en cause la retraite à 60 ans, les maçons vont enclencher la vitesse supérieure. Des grèves sont prévues dès le mois de novembre, notamment à Neuchâtel et à Genève. Le 11 novembre, maçons et salariés de la fonction publique pourraient même se retrouver coude à coude dans les rues genevoises! GENÈVE – Le 16 octobre dernier, le Parlement genevois a adopté une loi qui permettra au fonctionnaire licencié sans motif fondé d’obtenir sa réintégration. Les révocations disproportionnées seront désormais annulées. Syndicats contre austérité Dans un «Manifeste syndical contre l’austérité», la Communauté genevois d’action syndicale (Cgas) s’engage à combattre trois «attaques majeures» qui toucheront la majorité de la population: la troisième réforme de l’imposition des entreprises, une politique migratoire discriminatoire et le plan Prévoyance vieillesse 2020. Les syndicats genevois appellent à construire un large front de lutte contre ces projets destructeurs. Une initiative à reprendre au bond! Compliqué «S’il y a un double référendum, cantonal et fédéral, ce sera effectivement difficile d’expliquer pourquoi l’on vote oui à l’un et non à l’autre. C’est le problème avec les paquets fiscaux, ils sont toujours très compliqués», confie la conseillère nationale (PS) Cesla Amarelle (24 heures, 14 octobre 2015). Alors que leurs camarades du Parti socialiste suisse (PSS) parlent de lancer le référendum contre les cadeaux fiscaux prévus par la RIE III, une majorité d’élus socialistes vaudois vient de plébisciter une baisse massive du taux d’imposition pour les entreprises du canton. Une position plus complexe à expliquer que n’importe quel paquet fiscal… L’adoption de la loi 7526-F est le signal que la colère gronde à l’encontre de la dégradation des conditions de travail et de salaire. D ans un contexte de démantèlement de la protection des travailleurs, la loi 7526-F détonne. D’un point de vue juridique, le Grand Conseil a accepté un projet rédigé par l’Alliance de gauche, en 1998, et totalement remanié en 2015 par le soussigné, membre du Parti socialiste. Cet amendement modifie les rapports de travail des fonctionnaires de l’administration, des Hôpitaux universitaires, de l’EMS de Vessy, des enseignants, du personnel de la police et de la prison. La réforme acceptée le 16 octobre est le fruit d’une alliance entre l’Alternative (Socialistes, Verts, Ensemble à gauche), l’UDC et le MCG contre le Conseil d’Etat, le PDC et le PLR. Les attaques continuent Il faut toutefois se garder de conclusions hâtives sur les intentions du bloc de droite (PLR-PDC-UDC-MCG), que cet épisode n’a pas modifiées. Les débats sur le budget 2016 et la 3e réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) en attestent et menacent le service public ainsi que les emplois au sein de l’Etat et des établissements publics. Si ces projets aboutissaient, le budget serait grevé de près de 500 millions de francs par année. Avec une population en forte augmentation – plus de 80 000 habitants en quinze ans – et plusieurs trains d’économies, en particulier aux HUG, la marge de manœuvre dont disposent le Conseil d’Etat et le bloc de droite n’est pas énorme. En effet, les patrons bénéficient grandement de l’action des autorités et des investissements publics. Il est donc à prévoir que le Conseil d’Etat et le bloc de droite se servent des fonctionnaires et de leurs conditions de travail comme principale «variable d’ajustement». Les attaques lancées par les ténors de la droite concernant les salaires des agents de l’Etat anticipent le projet de réévaluation des fonctions SCORE, qui ne sera sans doute pas sans impact sur les traitements. Avec la réforme des retraites, la majorité s’en est prise au salaire indirect des fonctionnaires, ces derniers devant travailler et cotiser plus pour toucher moins. Avec SCORE, c’est le salaire direct qui est visé. Mais les fonctionnaires ne seraient pas les seuls à souffrir. La réduction du service public est une diminution du salaire indirect de l’ensemble des travailleurs du canton. En effet, les prestations fournies par le service public permettent aux salariés du privé et du public d’accéder à des avantages auxquels ils ne pourraient pour la plupart pas prétendre s’ils devaient les payer. Les salariés du privé et les usagers du service public ne peuvent donc pas se désintéresser des choix politiques en cours. La colère gronde L’adoption de la loi 7526-F est le signal que la colère gronde au sein des services à l’encontre de la dégradation des conditions de travail liées aux coupes budgétaires à répétition et aux pratiques managériales qui les concrétisent. Cette colère peut se faire entendre. En effet, l’UDC et le MCG comptent dans leurs rangs de nombreux fonctionnaires et anciens fonctionnaires. Ces partis perçoivent donc ces tensions et peuvent, en période électorale, s’y montrer sensibles. La loi 7526-F a en effet été adoptée 2 jours avant les élections fédérales, après que le soussigné et la cheffe du groupe ERIC ROSET socialiste eurent battu le rappel des organisations syndicales. Cet épisode montre que les mobilisations, aussi modestes soient-elles, sont autant de grains de sable jetés dans les rouages de la machine à libéraliser. Après le vote du 16 octobre, le Conseil d’Etat devra abandonner ses velléités – annoncées avec le projet de budget 2016 – de supprimer le statut de la fonction publique. Mais, soutenu par le bloc de droite, il va redoubler d’efforts de communication pour présenter le fonctionnaire comme responsable de la dégradation des services publics. Il présentera une fois encore les fonctionnaires les plus mal payés (aides-soignants, nettoyeurs, commis administratifs, assistants de sécurité publique, etc.) comme injustement privilégiés par rapport aux salariés du privé. Au lieu de s’indigner que les entreprises de nettoyage, par exemple, paient leurs employés moins de 4000 francs par mois, nos édiles de droite prônent la sous-enchère pour tous et aspirent à généraliser ces pratiques au secteur public. Ils vont également continuer à vouloir convaincre la population qu’il est possible de faire Petits mais costauds Les patrons de PME se lamentent beaucoup. Pourtant, selon le cabinet d’audit PwC, les salaires des patrons des petites et moyennes entreprises cotées en bourse sont en hausse. Le chef d’une entreprise de taille moyenne a vu son revenu augmenter en moyenne de 20% depuis 2007; son salaire médian a atteint 3,4 millions de francs en 2014. Du côté des petites entreprises, le salaire médian des patrons s’établit à 1,4 million de francs, en hausse de 16,1% par rapport à 2007. mieux avec moins. Il est donc essentiel que les fonctionnaires parviennent à susciter une solidarité chez les usagers en montrant que la dégradation du service public et de leurs conditions de travail impactera tous les genevois . CHRISTIAN DANDRÈS DÉPUTÉ – MILITANT SSP – RÉGION GENÈVE Pas de crise pour les actionnaires En 2015, les propriétaires des grandes entreprises suisses toucheront des dividendes encore plus élevés. Une tendance de fond à l’époque du «pur capitalisme». «L a crise? Quelle crise?», doivent se demander les actionnaires des entreprises suisses cotées en bourse. Peu impressionnées par la force du franc et les prévisions conjoncturelles, ces dernières vont verser à leurs actionnaires plus d’argent que jamais, annonçait récemment l’hebdomadaire financier Finanz und Wirtschaft 1. Pour l’année 2015, les 20 plus grandes sociétés cotées au SMI devraient payer des dividendes record, à hauteur de 37,5 milliards de francs, soit 5% de plus qu’en 2014. Nestlé, l’entreprise la plus généreuse, devrait reverser 7,3 milliards de francs à ses actionnaires. Novartis et Roche distribueront chacune plus de 7 milliards de francs; UBS et Zurich assurance, plus de 2,5 milliards; ABB, 1,6 milliard; Swisscom et Syngenta, plus de 1,1 milliard chacune. Tendance lourde Les actionnaires sont à la fête. Comment l’expliquer, alors que le mot «austérité» est dans toutes les bouches? Pour le gérant de fonds Dan Roberts, le phénomène est international: «Les entreprises du monde entier investissent de plus en plus leurs bénéfices là où ils sont avant tout rentables pour les propriétaires des sociétés. Les activités dans le domaine des fusions et des reprises sont donc à un très haut niveau, de même que la somme des rachats d’actions et des versements de dividendes» 2. Et de citer une étude selon laquelle les entreprises recensées par l’indice boursier MSCI World – qui mesure la performance des marchés boursiers au sein des économies les plus importantes de la planète – ont réduit leurs investissements de 6%, tout en augmentant leurs versements aux actionnaires de 15%. Pour Dan Roberts, tout laisse donc penser que cette tendance à l’augmentation des dividendes se poursuivra. Capital et travail Dans un livre consacré à l’actuelle mondialisation capitaliste, l’économiste français Michel Husson constate aussi l’augmentation des profits financiers au détriment de l’investissement productif3. Il relie cette évolution à une troisième donnée: la baisse de la part salariale, qui touche la majeure partie des pays de la planète depuis la fin des années 80. Michel Husson dessine l’explication sui- vante: les gains de productivité réalisés par les entreprises ne reviennent plus aux salariés, dont le pouvoir d’achat est bloqué, mais aux profits. En l’absence d’une demande suffisante, une grande partie de ces profits n’est pas investie, mais distribuée aux actionnaires sous forme de profits financiers. Conséquence: la croissance économique est molle, tandis que les inégalités augmentent. Un scénario qui n’épargne pas la Suisse. GZ 1 Finanz und Wirstschaft, 7 octobre 2015. Indices, supplément financier de L’Agefi, octobre 2015. 3 Michel Husson: Un pur capitalisme. Editions Page Deux, 2008. 2 www.ssp-vpod.ch 3 RÉGIONS Services Publics 13 novembre 2015 En grève contre un recul historique GENÈVE – La grève a été largement suivie. Sur les piquets, les préoccupations portaient sur les conditions de travail comme sur l’avenir du service public. Paroles de grévistes « SI ON FACILITE LES LICENCIEMENTS, DES PERSONNES SERONT VIRÉES À QUELQUES ANNÉES DE LA RETRAITE PARCE QU’ELLES NE SONT PLUS AUSSI PRODUCTIVES. ÇA FAIT PEUR. » JOSÉ LUIS, BRANCARDIER. « AVEC LES MESURES D’ÉCONOMIES, IL Y AURA PLUS DE CHÔMEURS ET MOINS DE CONSEILLERS. ON VA DEVOIR BÂCLER AU NIVEAU DE LA QUALITÉ. C’EST INACCEPTABLE. » ANTONELLA, CONSEILLÈRE EN EMPLOI. « L’HÔPITAL ANTICIPE DÉJÀ LA RIE III EN COUPANT DES POSTES. SI ON NE BOUGE PAS, CE SERA LA DISPARITION DE LA FONCTION PUBLIQUE. » JEAN-FRANÇOIS, TECHNICIEN EN ANALYSES BIOMÉDICALES. « ERIC ROSET M ardi matin dès l’aube, un piquet de grève accueille les salariés de l’Office cantonal de l’emploi du canton de Genève. Grévistes et militants proposent tracts, badges et verres de thé aux salariés encore indécis, les invitant à se joindre au mouvement. Au même moment, à l’entrée d’Uni Mail, le bâtiment qui abrite la faculté des sciences humaines de l’Université de Genève, les étudiants sont venus renforcer les bibliothécaires, le personnel administratif et les assistants en grève; dans le hall d’entrée, une énorme banderole verticale est déroulée. On peut y lire, en lettres majuscules: «Uni en grève». Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), personnel soignant, brancardiers, laborantins et administratifs diffusent des tracts dans le hall d’entrée avant de tenir leur assemblée. En milieu de matinée, sur le boulevard Carl-Vogt, les grévistes du Service de protection des mineurs rejoignent leurs collègues policiers et gardiens de prison pour improviser un meeting. Ces scènes se sont répétées dans la presque totalité des services de l’Etat. Dans les écoles, l’adhésion a été massive: près de 86% des classes du degré primaire étaient fermées; dans le secondaire, 65% à 75% des enseignants ont fait grève. Dans certains établissements, le taux frôlait les 80%. Le Conseil d’Etat genevois n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour décourager la mobilisation. La veille, il tenait une conférence de presse pour «appeler les grévistes au dialogue»… tout en réaffirmant sa volonté de réduire les charges de personnel de 5% en trois ans. Serge Dal Busco, le chef des Finances, appelait la fonction publique à accepter un «atterrissage en douceur»(!) Un discours repris en chœur par la presse bourgeoise. Economies massives ERIC ROSET Leurs arguments n’ont pas convaincu. «Le problème n’est pas le prétendu déficit annoncé pour 2016, déjà revu à la baisse. Ils veulent anticiper la baisse de la fiscalité pour les grandes entreprises, qui entraînera des économies par millions», explique Daniel, technicien en analyses biomédicales. «Les mesures sont trop massives. Si on ne bouge pas, c’est la disparition de la fonction publique», renchérit son collègue Jean-François. Les attaques sont en effet brutales: augmentation du temps de travail à 42 heures hebdomadaires – la semaine de 40 heures a été conquise en 1998 après 14 années de lutte –, suspension des annuités, non-remplacement des départs naturels, facilitation des licenciements, pour ne citer que quelquesunes des 92 mesures décidées par l’Exécutif. Qui se traduiraient, selon les syndicats, par la suppression de 1800 postes de travail. «Jamais depuis les années 1930 les services publics n’ont subi une attaque d’une telle ampleur», résume le comité de lutte des services publics, qui regroupe les syndicats et associations professionnelles des services publics. trée en vigueur d’une loi dont il est le fervent défenseur et qui devrait entrer en vigueur dès 2018, soit dans moins de trois ans. De quoi s’agit-il? Il s’agit tout simplement de l’adaptation au plan local du 3e volet de la réforme de l’imposition des entreprises actuellement en discussion aux Chambres fédérales. Mise sous pression par l’Union européenne, la Suisse se doit de supprimer les traitements de faveur accordés aux multinationales qui, rappelons-le, bénéficient en Suisse d’un taux d’imposition largement inférieur à celui des entreprises «autochtones». De ce fait, la loi qui va sortir des Chambres va supprimer ces régimes de faveur et instaurer le principe de l’égalité de traitement dans l’imposition des bénéfices des entreprises. Partant, c’est aux cantons d‘adapter leur taux d’imposition, celui-ci étant de leur ressort. Ainsi, le Conseil d’Etat genevois a, à plusieurs reprises, et ce déjà depuis 2013, annoncé sa volonté de fixer le taux unique d’imposition à 13 ou 13,5%. Actuellement, ce taux est de 11% pour les multinationales étrangères et de 24% pour les entreprises locales. D’après le Département cantonal des finances et la commission des finances du Parlement fédéral, l’introduction du nouveau taux devrait se traduire par un manque à gagner CE N’EST PAS EN FAISANT DES CADEAUX FISCAUX AUX NANTIS ET EN METTANT DE CÔTÉ LE PETIT PEUPLE QU’ON ARRIVERA À UN ÉQUILIBRE ENTRE LES CLASSES. » STÉPHANE, INTERVENANT EN PROTECTION DE L’ENFANCE. « AUJOURD’HUI, IL N’Y A PLUS QUE LA COMPÉTITION. J’EN VOIS LES CONSÉQUENCES AU BOULOT: DE PLUS EN PLUS DE JEUNES ONT DES PROBLÈMES PSYCHIQUES. J’AI AUSSI DES ENFANTS. LAISSER PARTIR NOS ACQUIS SANS RÉAGIR, C’EST IMPOSSIBLE. « » ANTONIO, GESTIONNAIRE EN PÉDIATRIE. ON N’A PAS VU UNE TELLE MOBILISATION DEPUIS LES ANNÉES 1990. » Coût social Sur les piquets, le souci de préserver le service public est omniprésent. Comme chez Stéphane, qui travaille au Service de protection des mineurs: «On se bat pour nos droits, mais aussi parce qu’on ne pourra plus accompagner des personnes qui ont besoin de se réinsérer dans la société. Ce sont les petites gens qui en paieront le prix.» A 14 h 30, les grévistes ont convergé vers la salle du Palladium. C’est avec enthousiasme qu’une salle comble – 1500 personnes! – a voté la reconduction de la grève. Une gigantesque manifestation regroupant près de 12 000 salariés a ensuite défilé dans les rues de Genève. Le lendemain, au matin, les employés de l’Etat et du secteur subventionné ont été rejoints par 3000 maçons en grève – avant de décider, quelques heures plus tard, de ALBERT, ENSEIGNANT. continuer le mouvement jeudi. Au coude à coude sur le pont du MontBlanc, des milliers de maçons et fonctionnaires ont donné un bel exemple de l’union, plus nécessaire que jamais, des travailleurs du public et du privé. GUY ZURKINDEN RÉDACTEUR ERIC ROSET Seraient-ils devenus fous? Mise en perspective d’une attaque historique. A la lecture des propositions du gouvernement, on pourrait commencer à douter de la santé mentale de nos édiles, ou se demander si, comme au début des années 1990, ils ne laisseraient pas libre cours à des dizaines d’années d’accumulation de haines idéologiques contre la fonction publique. Force est de constater que ce n’est pas la folie qui guide les pas du gouvernement genevois, mais bel et bien une logique, justement, de gouvernement. Gouverner c’est prévoir Le gouvernement cantonal assume pleinement son rôle en anticipant l’en- annuel de quelque 500 à 750 millions alors que certains, à Berne, évoquent plutôt le chiffre de 1 milliard de francs par an. Une perte de rentrées fiscales de cet ordre aurait signifié, l’an passé, se priver de tous les investissements de l’Etat (pour les écoles, les hôpitaux, les routes, les transports publics…) ou de 7,5% du budget total de l’Etat! En faveur des… plus riches Et c’est cet Etat aux ressources réduites qui devrait assumer en tout cas autant si ce n’est plus de tâches d’utilité publique. On peut en effet estimer que, contrairement à certaines projections lénifiantes, les besoins sociaux vont augmenter. En effet, la population continue à vieillir et exige plus d’EMS et de prise en charge médicale, tandis que, de son côté, la population scolaire – actualité migratoire oblige – va aussi croître, tout comme le besoin en transports publics sans parler des urgences en matière de protection de l’environnement. Le personnel est appelé à se sacrifier pour permettre un cadeau fiscal d’au moins 500 millions de francs par an aux plus riches. Il s’agit, ni plus ni moins, de puiser dans les poches de celles et ceux qui travaillent pour garnir celles de celles et ceux qui font travailler leur argent (3 novembre 2015). PAOLO GILARDI MILITANT SSP – RÉGION GENÈVE www.ssp-vpod.ch 4 RÉGIONS Services Publics 13 novembre 2015 Pierre Maudet étend le champ des privatisations GENÈVE – Après le convoyage des détenus, le magistrat s’attaque au contrôle et à la surveillance de la prison de Champ-Dollon. Le syndicat dénonce un dumping salarial. pension de toute décision sur le convoyage des détenus jusqu’à ce que le Parlement se soit prononcé sur le projet de loi qui lui a été soumis. A Au tour de la prison lors même que la commission judiciaire du Grand Conseil genevois débat d’un projet de loi (PL 11662) qui vise à garantir que le convoyage reste entre les mains de l’Etat, le conseiller d’Etat (PLR) Pierre Maudet pratique la politique du fait accompli. Le 1er novembre, il a confié le transport des détenus à l’entreprise privée Securitas. Une décision dénoncée comme «unilatérale et antidémocratique» par Christian Dandrès, député (PS) à l’origine du projet de loi. Le SSP – Région Genève, de son côté, a dénoncé par communiqué de presse un dumping salarial mis en œuvre par l’Etat: «La privatisation conduirait à une dégradation des conditions de travail à tout point de vue (salaire, nombre d’heure de travail, travail sur appel, etc.).» Les assistants de sécurité publique (ASP), jusqu’alors en charge du convoyage des détenus, ont été fortement «incités» à postuler pour un changement d’affectation à la police de sécurité internationale (PSI). Ils passeront ainsi du travail de convoyeur à celui de garde d’ambassade, un autre métier. Pour les ASP, ce changement aura des conséquences significatives, comme la perte de certains acquis ou le blocage de plans de carrière. Le SSP exige donc la sus- Pierre Maudet n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Dans son édition du 6 novembre, le quotidien Le Temps dévoilait que le conseiller d’Etat envisage de privatiser le poste de contrôle à l’entrée de la prison de ChampDollon ainsi que la surveillance de son enceinte extérieure. Concrètement, les tâches prises en charge par les agents de détention pourraient être reprises par des agents privés. Des services œuvrant dans le domaine de la réinsertion (Service de probation et d’insertion, Ateliers Feux-Verts) sont aussi dans le collimateur du conseiller d’Etat et pourraient être externalisés. Interpelé par Le Temps au sujet de ses projets, Pierre Maudet a refusé de parler de privatisation des activités carcérales. Sa porte-parole a invoqué un «travail de clarification et de répartition des rôles lorsque la situation est floue», à l’instar de ce qui a été fait pour le convoyage des détenus. Les chiffres publiés par le quotidien Le Temps, eux, sont loin d’être flous: un agent carcéral assermenté par l’Etat coûte aujourd’hui environ 142 000 francs par an; le coût d’un agent privé serait de 90 000 francs. Vous avez dit dumping? SERVICES PUBLICS Soutenez les ex-grévistes licenciés de Gate Gourmet à Genève! Des personnalités genevoises lancent un appel de soutien financier aux ex-grévistes de Gate Gourmet. G ate Gourmet est une des principales entreprises de catering aérien au monde: présente dans 32 pays, avec plus de 27 000 salariés. Pour accroître sa rentabilité, dès 2012, elle a décidé d’une importante compression «des coûts», entre autres au sein de son unité de l’aéroport de Genève. De manière unilatérale, elle a dénoncé la CCT (Convention collective de travail) et imposé une dégradation accrue des conditions de travail. Pour certains salariés, les baisses de salaire s’élevaient à plusieurs centaines de francs par mois. En septembre 2013, des salariés de Gate Gourmet (Genève) se sont mis en grève. Ils avaient tenté en vain de trouver un compromis avec leur employeur. Après huit mois d’une lutte courageuse, ils ont été licenciés. L’OCIRT (Office cantonal de l’inspection et des relations du travail) avait procédé à un contrôle des salaires au printemps 2014. Or, la direction de Gate Gourmet avait temporairement compensé les pertes salariales. Ce qui, étonnamment, a empêché l’OCIRT de constater une baisse de salaire! Les salariés auraientils fait grève, avec la chute de revenu qui en découle, sans «motif valable»? Poser la question, c’est y répondre. Baisse de salaire massive Par la suite, la baisse de salaire massive a été vérifiée. Pourtant, elle n’a pas été considérée comme du dumping salarial selon le droit suisse (c’est-à-dire selon les normes des mal dites «mesures d’accompagnement» à la libre circulation des personnes censées protéger les salariés). A ce jour, malgré l’engagement d’un conseiller d’Etat, plusieurs salariés n’ont pas été reclassés. Donc celles et ceux qui – dans leur droit et avec dignité – ont tenté de résister au dumping salarial subissent une double peine: tout d’abord un licenciement; ensuite un chômage prolongé. Quel message envoie le Conseil d’Etat par son silence et son inaction? Il est double: d’une part, dans la «Genève internationale» l’action directe, la grève, contre des salaires de misère ou une baisse du salaire n’a pas lieu d’être; de l’autre, il faut faire Cours de formation SSP Un paysage scolaire en transformation: mieux comprendre pour mieux agir > Quelles sont les principales caractéristiques du système de formation en Suisse et comment a-t-il évolué ces dernières années? > Quels sont aujourd’hui les enjeux du point de vue de la défense de l’école publique et des conditions d’enseignement? Ce cours vise à donner des outils pour mieux cerner les tendances à l’œuvre et pouvoir ainsi mieux agir pour y faire face. Il présentera quelques données et statistiques afin de mettre en lumière la réalité de l’école et des professionnel-le-s qui y travaillent. Il abordera également les grandes orientations des politiques scolaires et tentera de décrypter les enjeux qui se cachent derrière des termes comme Harmos, PISA, «standards de formation» ou «monitorage de l’éducation». La discussion entre les participant-e-s permettra d’éclairer les répercussions de ces changements sur le quotidien des enseignant-e-s, ainsi que les similitudes et différences entre les systèmes cantonaux et entre les degrés. Ce sera aussi l’occasion de réfléchir ensemble aux stratégies et aux campagnes que devrait mettre en place un syndicalisme enseignant progressiste. Ce cours est principalement destiné aux enseignant-e-s de l’école obligatoire et postobligatoire, quel que soit leur secteur ou degré d’enseignement. Intervenant: Philippe Martin, secrétaire central SSP Mercredi 25 novembre 2015, de 14 h à 18 h Lausanne, Buffet de la Gare CFF Gratuit pour les membres du SSP (frais de repas inclus). Les non-membres paient 150 francs. confiance, individuellement, aux calculateurs de salaire en ligne et à «nos spécialistes qui renseignent les travailleurs et les employeurs» (Office cantonal de l’inspection et des relations du travail). Les licenciés de Gate Gourmet ont combattu la sous-enchère salariale non pas avec des mots, mais par leur action pratique. Il faut les soutenir. Merci de verser votre soutien au CCP 14-99428-9, Association de solidarité avec les anciens grévistes de GG, p.a. CP 6150, 1211 Genève 11 L’intégralité des sommes reçues sera reversée aux grévistes licenciés. CHRISTIAN DANDRÈS – AVOCAT, DÉPUTÉ AU GRAND CONSEIL DE GENÈVE NILS DE DARDEL – AVOCAT, ANCIEN PARLEMENTAIRE FÉDÉRAL MAURIZIO LOCCIOLA – AVOCAT ROMOLO MOLO – AVOCAT BERNARD SCHLAEPFER – TECHNICIEN JEAN ZIEGLER – MEMBRE DU COMITÉ CONSULTATIF DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DES NATIONS UNIES L’Institut de formation des syndicats www.movendo.ch L’Institut de formation des syndicats www.movendo.ch On cherche : ambassadeurs / ambassadrices pour une AVS forte On cherche : Journée ambassadeurs / ambassadrices pour une AVS forte de formation de l’Union syndicale suisse (USS) Journée de formation2015 de l’Union syndicale suisse (USS) 0DUGLQRYHPEUH 0DUGLQRYHPEUH 2015 /DEDWDLOOHVXUOõDP«QDJHPHQWIXWXUGHODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVHEDWVRQSOHLQ6LQRXV /DEDWDLOOHVXUOõDP«QDJHPHQWIXWXUGHODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVHEDWVRQSOHLQ6LQRXV QHQRXV\RSSRVRQVSDVOHVUHQWHVULVTXHQWGõ¬WUHG«PDQWHO«HVHWOõ$96DIIDLEOLH QHQRXV\RSSRVRQVSDVOHVUHQWHVULVTXHQWGõ¬WUHG«PDQWHO«HVHWOõ$96DIIDLEOLH &õHVWSRXUTXRLOõ866HWVHVSDUWHQDLUHVGRLYHQWUHGRXEOHUGõHIIRUWVSRXUTXHOõ$96VRLW &õHVWSRXUTXRLOõ866HWVHVSDUWHQDLUHVGRLYHQWUHGRXEOHUGõHIIRUWVSRXUTXHOõ$96VRLW UHQIRUF«HHWQRQDIIDLEOLH UHQIRUF«HHWQRQDIIDLEOLH 3RXUFRQVROLGHUDXVVLDXVHLQGHODSRSXODWLRQOõRSSRVLWLRQDXG«PDQWªOHPHQWGHODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVH 3RXUFRQVROLGHUDXVVLDXVHLQGHODSRSXODWLRQOõRSSRVLWLRQDXG«PDQWªOHPHQWGHODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVH QRXVdevons del’AVS l’AVSpour poureux euxetet pourquoi la renforcer et non l’affaiblir. QRXVdevonsmontrer montreraux aux gens gens l’importance l’importance de pourquoi on on doitdoit la renforcer et non l’affaiblir. FHWeffet, d’ambassadrices mettront en route SRXUG«IHQGUH FHWeffet,nous nousavons avonsbesoin besoin d’ambassadeurs d’ambassadeurs etetd’ambassadrices quiqui se se mettront en route SRXUG«IHQGUH lors lemodèle modèlede deréussite réussitequ’est qu’est l’AVS. et elles transmettront aux gens lorsd’assemblées d’assembléesetetde detables tables rondes, rondes, le l’AVS. Ils Ils et elles transmettront aux gens des politiquefinancière, financière,mettront mettront l’ordre dans mythes qui entourent desconnaissances connaissanceshistoriques historiques et de politique dede l’ordre dans les les mythes qui entourent l’AVS incontestables,pourquoi pourquoicelle-ci celle-ci doit être amélioréeFRPPHOHGHPDQGH l’AVSetetmontreront, montreront,ààpartir partir de faits incontestables, doit être amélioréeFRPPHOHGHPDQGH QRWUHLQLWLDWLYH$96SOXV. Nous Nous voulons voulons SU«SDUHUOHVDPEDVVDGHXUVHWDPEDVVDGULFHV¢OHXUU¶OHLPSRUWDQW¢ QRWUHLQLWLDWLYH$96SOXV. SU«SDUHUOHVDPEDVVDGHXUVHWDPEDVVDGULFHV¢OHXUU¶OHLPSRUWDQW¢ OõRFFDVLRQGõXQHMRXUQ«HGHIRUPDWLRQDYHFWUDGXFWLRQVLPXOWDQ«H,OVHWHOOHVGHYURQW¬WUHLQIRUP«VORUVFHWWH OõRFFDVLRQGõXQHMRXUQ«HGHIRUPDWLRQDYHFWUDGXFWLRQVLPXOWDQ«H,OVHWHOOHVGHYURQW¬WUHLQIRUP«VORUVFHWWH MRXUQ«HGHWRXVOHVIDLWVHWDUJXPHQWVLPSRUWDQWVHQUDSSRUWDYHFODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVHDLQVLTXHGHOD MRXUQ«HGHWRXVOHVIDLWVHWDUJXPHQWVLPSRUWDQWVHQUDSSRUWDYHFODSU«YR\DQFHYLHLOOHVVHDLQVLTXHGHOD VWUDW«JLH¢DGRSWHUSRXUOHVG«EDWVTXLQRXVDWWHQGHQW VWUDW«JLH¢DGRSWHUSRXUOHVG«EDWVTXLQRXVDWWHQGHQW Ce que que nous avec desdes intervenants et intervenantes de de Ce nous offrons offrons: : une uneformation formationgratuite gratuite avec intervenants et intervenantes haut niveau, niveau, des dede marque, un un matériel d’information de de haut des participants participantsetetparticipantes participantes marque, matériel d’information qualité, des argumentaires, une présentation Powerpoint pour les futures assemblées et qualité, des argumentaires, une présentation Powerpoint pour les futures assemblées et autres, ainsi que des conseils et astuces pour les apparitions publiques. autres, ainsi que des conseils et astuces pour les apparitions publiques. Ce que nous attendons : des personnes qui s’engagent, aiment débattre, des militants et Ce que nousprêts attendons : des personnes quipour s’engagent, aiment débattre, militants militantes et capables de s’engager le renforcement de l’AVS des devant un et militantes et capables de s’engager pour le renforcement dedevraient l’AVS devant public vasteprêts ou restreint. Les personnes qui participeront à cette journée être un public ou restreint. Lesdeux personnes qui participeront à cette journée devraient être prêtes àvaste participer à au moins manifestations durant l’année. prêtes à participer à au moins deux manifestations durant l’année. Programme de la journée : voir au verso Programme de la journée : 2015 voir au verso Date : PDUGLQRYHPEUH Durée : de 9 h à 16 h 302015 Date : PDUGLQRYHPEUH Lieu :: de +¶WHO$PEDVVDGRU¢%HUQH Durée 9 h à 16 h 30 La :participation à la journée est gratuite. Lieu +¶WHO$PEDVVDGRU¢%HUQH La participation à la journée est gratuite. Intervenants et intervenantes : L’Institut de formation des syndicats www.movendo.ch Matthieu Leimgruber, et professeur: à l’Université de Genève Intervenants ethistorien intervenantes Paul Rechsteiner, président de l’USSetetprofesseur conseiller aux États Matthieu Leimgruber, historien à l’Université de Genève Doris secrétaire dirigeante de l’USS PaulBianchi, Rechsteiner, président de l’USS et conseiller aux États Thomas Zimmermann, responsable de la de l’USS Doris Bianchi, secrétaire dirigeante decommunication l’USS David Gallusser, collaborateur scientifique de l’USS Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l’USS David Gallusser, collaborateur scientifique de l’USS Programme : m On cherche : ambassadeurs/ ambassadrices pour une AVS forte x . « L’AVS : l’événement d’un siècle » exposé de Matthieu Leimgruber, historien et professeur à l’Université de Genève /Ensuite : questions et discussion 1. Les finances de l’AVS sous la loupe : perspectives financières exposé de David Gallusser, USS /Ensuite : questions et discussion 1.00 Pause 1. Prévoyance vieillesse 2020 et AVSplus : état actuel des délibérations parlementaires exposé de Paul Rechsteiner, USS /Ensuite : questions et discussion 1.30 Pause GHPLGL 1.00 Inscription par e-mail: [email protected] Indiquez vos coordonnées (nom/prénom + adresse) et le titre du cours! Mythes et faits autour de l’AVS introductions de Doris Bianchi, USS, et Thomas Zimmermann, USS 14.30 Pause café 16.00 Les ambassadeurs et ambassadrices de l’AVS en route : organisation de la campagne Délai d’inscription: 18 novembre 2015. 16.30 Fin de la journée Talon d’inscription : B4.1.150 On cherche : ambassadeurs/ambassadrices pour une AVS forte Mme M. Langue de correspondance Français Allemand www.ssp-vpod.ch 3 RÉGIONS Services Publics 27 novembre 2015 Une mobilisation exceptionnelle GENÈVE – Alors que la fonction publique se prépare à repartir en grève dès le 1er décembre, nous revenons sur les trois jours de grève de novembre pour faire un premier bilan de cette mobilisation historique. nouveau plus de 8000 personnes. On a même vu des lieux de travail qui n’avaient pas pris part à la première journée et qui ont rejoint le mouvement en cours de route. La convergence, lors du 2e jour de grève, entre la mobilisation de la fonction publique et celle des ouvriers du bâtiment (dans le cadre de la semaine d’action organisée dans tout le pays par les syndicat du secteur), a renforcé encore la dynamique, offrant un bel exemple d’unité entre le secteur public et le privé. L’image du pont du Mont-Blanc bloqué à la fois par les maçons et par le personnel cantonal restera un symbole fort. Des acquis pour la suite Face à l’intransigeance du Conseil d’Etat, le personnel a décidé de reconduire son mouvement dès le mardi 1er décembre. ERIC ROSET E n présentant un projet attaquant massivement la fonction publique 1, le gouvernement genevois espérait-il assommer toute forme de résistance? Si tel est le cas, il s’est lourdement trompé, car c’est une véritable démonstration de combativité et de détermination qu’a offert le personnel des services publics. La grève de trois jours, du 10 au 12 novembre, à l’appel du Cartel intersyndical et du SSP, a été suivie de manière très large, touchant l’essentiel des services et entités de l’Etat et du secteur subventionné et atteignant même des secteurs qui ont vécu les Ça repart le 1er décembre! La fonction publique a confirmé son préavis de grève reconductible dès le mardi 1er décembre. Réuni en assemblée générale mercredi soir, le personnel de l’Etat a dénoncé l’obstination du Conseil d’Etat. Dans une lettre adressée aux représentants du Cartel intersyndical et du SSP, l’Exécutif a en effet réaffirmé son objectif de réduire de 5% les dépenses de personnel, tout en se disant «ouvert à des discussions» sur les pistes pour l’atteindre. Les employés de l’Etat exigent de leur côté l’ouverture de vraies négociations, sans préalable. Vous trouverez les dernières informations sur le site du SSP – Région Genève: www.sspge.ch premiers arrêts de travail de leur histoire. Les assemblées générales du mouvement, toujours bondées durant les trois jours, ont réuni toute la diversité des professions du service public. Reconduction: un succès Mais le plus exceptionnel est sans doute la reconductibilité de cette grève. Pour une très large partie du personnel, il s’agissait pour la première fois d’aller au-delà de la participation à une «journée d’action et de grève», et de prendre part à une mobilisation pouvant se poursuivre de jour en jour. Cette expérience a été hautement concluante. Elle est d’autant plus remarquable que la mobilisation n’a pas fléchi au fil des reconductions. Ainsi, la manifestation à la fin du troisième jour de grève a rassemblé à Pas de CCT au rabais pour le secteur enfance! VAUD – L’harmonisation des conditions de travail passe par une revalorisation des métiers de l’enfance. Mais les employeurs freinent des quatre fers. L ors des dernières séances de négociations, un désaccord majeur est apparu entre les représentants patronaux et syndicaux. Il porte sur l’intégration d’une grille salariale dans la future Convention collective de travail (CCT): la partie patronale souhaite en rester au stade des recommandations, alors que la partie syndicale demande une grille salariale négociée et intégrée dans la CCT, avec une progression annuelle automatique – ce qui est déjà la pratique dans une grande partie des institutions. Ce désaccord montre la difficulté d’harmoniser les conditions de travail dans un secteur géré par 29 réseaux. Pour le SSP, cette harmonisation est nécessaire mais ne doit pas se faire au rabais! Nécessaire grille salariale Pour les patrons, la future CCT ne devrait contenir que: le salaire minimum par fonction; une reconnaissance de la formation continue (200 heures de formation et 5 ans de pratique professionnelle) par une promotion; et le 13e salaire. Les représentants patronaux ont déclaré qu’ils refusent d’intégrer la possibilité d’une augmentation annuelle systématique et qu’ils souhaitaient garder «autonomie et liberté» dans le contrôle de la masse salariale. Cela signifierait des augmentations «à la tête du client», sans revalorisation collective. Les employeurs s’appuient sur la pratique en vigueur aujourd’hui au sein d’une partie du secteur, qui applique les recommandations de la Fédération vaudoise des structures d’accueil des enfants (FSAE). Pourtant, dans le canton de Vaud, les réseaux qui emploient le plus de personnel dans l’enfance – Lausanne, Morges ou l’Association intercommunale du Jura-Nord vaudois – appliquent des grilles salariales incluant un mécanisme d’augmentation annuelle automatique. Un précédent inacceptable Pour le groupe enfance du SSP, il serait très dangereux d’introduire une CCT sans grille salariale, avec le risque d’assister ensuite à une baisse des salaires dans une branche qui emploie avant tout du personnel féminin et à temps partiel. Cela reviendrait à introduire une CCT au rabais, imposant des conditions inférieures à celles aujourd’hui en vigueur pour une Ces trois jours de grève ont été l’occasion de recréer des réseaux syndicaux sur les lieux de travail. Ils ont également permis d’enclencher des discussions entre collègues sur le rôle et l’importance des services publics, la question de leur financement (fiscalité) ainsi que la lutte contre les inégalités sociales. Des thèmes que notre syndicat ne cesse de mettre en avant et qui rencontrent, dans un tel contexte de mobilisation, un écho particulier de la part des salarié-e-s en lutte. Tous ces éléments laisseront des traces positives pour l’avenir, quelle que soit l’issue de la bataille actuelle. De véritables négociations L’ a s s e m b l é e g é n é r a l e d u 12 novembre a décidé de suspendre la grève et de prévoir une nouvelle assemblée le 25 novembre, devant décider la reprise du mouvement à partir du 1er décembre si le Conseil d’Etat n’ouvrait pas de véritables négociations. Dans un premier temps, le gouvernement a semblé camper sur ses positions. Il a ensuite tenté une autre approche, se montrant prêt à faire quelques concessions cosmétiques tout en maintenant ses objectifs de fond. La capacité des organisations du personnel à éviter ce piège et à conserver une démarche unitaire sera déterminante pour la suite. PHILIPPE MARTIN SECRÉTAIRE CENTRAL SSP 1 Diminution de 5% des dépenses de personnel sur trois ans au moyen de diverses mesures dont: le passage de 40 à 42 heures de travail hebdomadaire, la facilitation de la procédure de licenciement, le non-remplacement des départs naturels, une réduction budgétaire linéaire de 1% sur les dépenses générales, l’engagement de nouveaux employés et nouvelles employées avec deux annuités en moins, la suppression de l’annuité pour toutes les classes salariales. Stop au «personal stop»: signez le référendum! Le 13 novembre, le Grand Conseil a adopté une modification législative introduisant un blocage des effectifs du personnel de l’Etat («personal stop»). La loi prévoit qu’un nouveau poste ne pourra être créé que si un autre poste est supprimé, et cela tant que la dette n’aura pas diminué au niveau des revenus annuels de l’Etat (ce qui signifie une baisse de 13 à 8 milliards de francs). C’est un nouveau corset financier, extrêmement dur, pour les services publics. Il aura des conséquences catastrophiques sur l’emploi, sur les conditions de travail et sur les prestations à la population. Un référendum a été lancé par les organisations du personnel (Cartel intersyndical, SSP et SEV-Syndicat des transports). Si vous avez le droit de vote dans le canton de Genève, nous vous invitons à le télécharger sur le site du SSP – Région Genève (www.sspge.ch), à le signer et à le renvoyer. PHM Les travailleurs sociaux dans la rue! majorité du personnel. Un recul inadmissible. D’autant plus que le SSP est signataire de plusieurs CCT de branche dans des secteurs subventionnés ou de droit public. Toutes comportent une grille salariale. Une CCT cantonale de l’enfance sans grille des salaires provoquerait ainsi un dangereux précédent. Le SSP souhaite continuer les négociations et permettre à une partie du personnel de voir ses conditions de travail s’améliorer. Le financement de ces améliorations pourrait être réglé à travers des délais de transition permettant aux institutions qui appliquent des conditions inférieures de se mettre à niveau dans un délai raisonnable. L’harmonisation des conditions de travail doit se faire par la revalorisation des métiers de l’enfance, pas par une CCT au rabais! MARIA PEDROSA SECRÉTAIRE SSP – RÉGION VAUD Référendum fiscal: le délai touche à sa fin! Le délai pour la récolte et la validation des signatures dans le cadre du référendum contre la baisse du taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises échoit le lundi 30 novembre. Il est donc important d’envoyer toutes les listes encore en votre possession, qu’elles soient complètement remplies ou non, au SSP – Région Vaud (CP 1324, 1001 Lausanne), en courrier A! VAUD – 200 travailleurs du secteur parapublic vaudois se sont mobilisés le jeudi 19 novembre à Lausanne pour exiger de meilleures conditions de travail et de salaire. La mobilisation, appelée par 13 syndicats – dont le SSP – et associations professionnelles, s’est réunie devant le siège du conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé et de l’action sociale, Pierre-Yves Maillard. Les manifestants y ont dénoncé les inégalités salariales dont ils sont victimes. VALDEMAR VERISSIMO www.ssp-vpod.ch 4 GENÈVE EN LUTTE Services Publics 11 décembre 2015 Genève en grève «Malgré les difficultés, personne ne veut lâcher» Après trois jours d’une grève massivement suivie en novembre, rebelote en décembre. Le Conseil d’Etat infléchit sa position, mais le personnel maintient la pression: si un accord n’est pas signé d’ici lundi, la grève reprendra le 15 décembre. C e n’était pas gagné d’avance. Après l’exceptionnelle mobilisation des 10, 11 et 12 novembre, les salariés de la fonction publique seraient-ils d’attaque pour un deuxième round? Mardi 1er décembre, au quatrième jour de grève, c’est dans la salle du Palladium que la réponse est tombée. Devant un auditoire bondé, Marc Simeth et Paolo Gilardi exposent la situation au nom du comité de lutte: le Conseil d’Etat campe sur ses positions; les syndicats lui ont envoyé une missive l’enjoignant de retirer les mesures structurelles ayant pour objectif de baisser de 5% les charges salariales, avec un délai de réponse fixé à midi le lendemain. Pour maintenir la pression, le comité propose de reconduire la grève. La suggestion est saluée par un tonnerre d’applaudissements. «Un 6 à tous les élèves» Le micro passe à la salle. Un intervenant rend compte de l’assemblée du secteur social qui s’est tenue plus tôt dans la même salle (lire en page 5): 300 salariés y ont voté la reconduction de la grève. Les prises de parole se succèdent, et rendent compte de l’ambiance sur les lieux de travail. «Nous avons essuyé des critiques de la part de notre magistrate (Anne EmeryTorracinta, Ndlr.) en raison de la rétention des notes, lâche une enseignante. Nous avons donc discuté d’une autre proposition: mettre un 6 à tous les élèves, pour rétablir l’égalité des ERIC ROSET chances!» Approbation enthousiaste de la salle. Certains font état de fatigue, d’autres soulignent que la conviction augmente: «Malgré les difficultés, personne ne veut rien lâcher. Même les collègues qui ne font pas partie des Paroles de grévistes « NOUS SOMMES INQUIETS, AUSSI APRÈS LES ATTENTATS DE PARIS. NOUS VOYONS DES ENFANTS AVEC DE GROS TROUBLES DE COMPORTEMENT, DÉVELOPPÉS TRÈS TÔT. QUE SERA L’IMPACT DES MESURES PRISES PAR LE CONSEIL D’ÉTAT POUR CES ENFANTS? » RUBY, PSYCHOLOGUE. « L’ÉTAT VEUT NOUS FAIRE TRAVAILLER PLUS ET ENLEVER DU PERSONNEL. ALORS QU’ON EST EN SOUS-EFFECTIFS, FATIGUÉS. LA PLUPART DES COLLÈGUES SOUTIENNENT LE MOUVEMENT. » LAURA, AIDE-SOIGNANTE AUX HUG. « DE 2000 À 2014, LA POPULATION DU CANTON A AUGMENTÉ DE 56 000 HABITANTS. ALORS QUE LES RECETTES FISCALES ONT BAISSÉ DE 1,2 MILLIARD PAR ANNÉE. C’EST UNE GUERRE MENÉE PAR LES RICHES » CONTRE LES PAUVRES. « DARIO, ENSEIGNANT. LES EFFECTIFS À L’HÔPITAL SONT DE PLUS EN PLUS CATASTROPHIQUES, LE TRAVAIL SE DÉGRADE. « » SAIDANE, SERVICE PROPRETÉ ET HYGIÈNE DES HUG. CELA FAIT 33 ANS QUE JE TRAVAILLE À L’ÉTAT. C’EST LA PREMIÈRE FOIS QUE JE VOIS DES ASSEMBLÉES DE TRAVAILLEURS SOCIAUX. » ANTONIO, CONSEILLER SOCIAL. syndicats sont outrés», souligne un prof du cycle de la Golette. Une soignante en psychiatrie explique pourquoi il est difficile de faire grève à l’hôpital: «Nous sommes en service minimum toute l’année! Mais mes collègues me l’ont dit: si on ne peut pas s’arrêter durant la journée, on viendra à la manif le soir!» Elle est saluée par une ovation. La mobilisation reste exceptionnelle: 65% de grévistes au Cycle d’orientation, près de 35% au postobligatoire. Dans le secteur social, la courbe est ascendante. Dès 17 heures, la place de Neuve se remplit jusqu’à accueillir 10 000 manifestants. Stérilisateurs et soignants des HUG, animateurs socio-culturels, personnel administratif et technique, étudiants de la Haute école de travail social, salariés de l’Université, services de soins à domicile… Les pancartes foisonnent, les visages sont souvent jeunes. Le lendemain, à 11 h 30, près de 3500 grévistes déboulent sous les fenêtres du gouvernement. Nombre d’entre eux se disent déterminés à inscrire leur mouvement dans la durée. Plus tôt le matin, une délégation de travailleurs sociaux a dénoncé les pressions exercées sur les grévistes par la direction de l’institut Clair Bois (accompagnement de personnes handicapées). Sous pression, cette dernière s’engage à négocier. Antonio et le Père Noël Le Conseil d’Etat se drape dans le silence. Dans l’après-midi, contre l’avis du comité de lutte, une majorité de l’assemblée décide de reconduire le mouvement jeudi. Elle vote aussi, à l’unanimité, un nouveau préavis de grève pour la semaine du 14 au 18 décembre. Le soir même, sur la TSR, François Longchamp essaie d’expliquer à Darius Rochebin que la grève n’est suivie que marginalement. Interviewé le lendemain par la Tribune de Genève, son collègue Antonio Hodgers essaie une comparaison audacieuse: «A partir de 2019 – année de l’entrée en vigueur de la RIE III – ce sera plus dur. C’est pourquoi il faut en finir avec nos illusions: le Père Noël n’apportera pas tous les cadeaux rêvés.» Ils ont de la peine à convaincre. Jeudi, au sixième jour de grève, plus de 1000 personnes se réunissent à la salle des Asters. Ils seront ensuite 5000 à défiler sur le pont du Mont-Blanc. Rendezvous est pris le mardi 8 décembre, pour discuter des résultats de la négociation avec le Conseil d’Etat – qui a envoyé, vendredi, une missive à tous ses collaborateurs, les enjoignant d’«unir nos efforts, pour le bien de tout le canton». Mardi soir, l’assemblée générale apprend que le Conseil d’Etat a donné, au cours d’une réunion tenue le matin, des signes de fléchissement (lire en page 5). Mais il reste du chemin pour que les discussions aboutissent. Les 700 salariés présents confirment donc le préavis de grève pour le 15 décembre. A moins qu’un accord ne soit trouvé d’ici là… Le 14 au soir, une nouvelle assemblée générale fera le point sur la situation. Une première victoire se dessine-t-elle? GUY ZURKINDEN RÉDACTEUR ERIC ROSET La dette, argument bidon «L a dette signifie faire peser sur les générations futures les conséquences de nos comportements d’aujourd’hui. Comme pour le climat, ce n’est éthiquement pas admissible. De plus, la dette est destructrice de l’Etat social (...) Dès lors, nous devons maîtriser nos dépenses en préservant les fondamentaux de l’action publique», déclarait le conseiller d’Etat Antonio Hodgers à la Tribune de Genève 1. Pour imposer l’austérité, la «dette à 13 milliards» fait office d’argumentmassue. Mais est-il vraiment imparable? Dans le cadre d’une journée d’étude, le Cartel intersyndical du personnel de l’Etat et du secteur subventionné a réuni une intéressante documentation consacrée à la dette genevoise 2 . Sa lecture permet d’écarter quelques mythes: > Si la dette a augmenté de 1997 (9,6 milliards) à 2013 (12,8 milliards), la part de cette dette rapportée au PIB (la création de richesses) a diminué, passant de 30,7% à 24,2% dans le même temps. > L’augmentation de la dette n’est pas due aux charges de personnel. Ces dernières représentaient 25,3% des charges totales en 2013, contre 31,2% en 1997. De 1997 à 2013, l’augmentation du nombre de postes à l’Etat (+6,6%) a été plus faible que celui de la population (+8,6%). > Le canton de Genève a connu 13 baisses d’impôts entre 1998 et 2011. Elles ont créé un manque à gagner de 1 milliard par an dans les caisses de l’Etat. Sans ces pertes, la dette aurait été stabilisée aux alentours de 10 milliards en 2006, et serait descendue en dessous des 4 milliards dès 2012! La débâcle de la Banque cantonale de Genève (2,3 milliards de francs) et les baisses d’impôt, qui ont largement profité aux entreprises et aux plus riches, sont identifiées comme deux facteurs centraux de l’augmentation de la dette après les années 1990. Le troisième volet de la réforme de l’imposition des entreprises devrait, pour sa part, coûter entre 500 et 600 millions par année au canton. GZ 1 10 novembre 2015. Actes de la journée d’étude du Cartel intersyndical: Dette et fiscalité. Enjeux et solutions, 27 février 2015. 2 www.ssp-vpod.ch 5 GENÈVE EN LUTTE Services Publics 11 décembre 2015 contre l’austérité «On ne parle plus de qualité, mais de risques» INTERVIEW – Le secteur social est devenu une locomotive de la mobilisation. Explications. V incent Bircher, militant au SSP, est travailleur social à la Fédération officielle de la jeunesse (FOJ). Thomas Vachetta est intervenant en protection de l’enfance au Service de protection des mineurs. Ils ont contribué à coordonner la mobilisation dans le secteur social. Questions. Comment expliquer la forte mobilisation du social? Thomas Vachetta – Nous sommes déjà dans une situation difficile en termes de surcharge et de risques pour la population suivie, que nous n’arrivons pas à voir assez souvent. Avec les coupes, les départs à la retraite et les arrêts maladie ne seront p a s re m p l a c é s . C o n s é q u e n c e concrète: un intervenant qui suit 62 enfants devra assurer, si son collègue est absent, le suivi de 120 enfants. C’est impossible. On ne parle plus ici de qualité, mais de risques courus par les mineurs. Vincent Bircher – Pour les foyers éducatifs, une coupe de 5%, cela représente 12 à 15 postes en moins. Concrètement, il faudrait fermer un foyer. Que fera-t-on des enfants re s t é s s u r l e c a r re a u ? D é j à aujourd’hui, la situation est tendue. Au foyer d’accueil d’urgence qui accueille les enfants de 0 à 5 ans, il n’y a jamais de place libre. Des enfants sont placés à l’hôpital alors qu’ils devraient être en foyer! C’est un risque pour leur santé. Comment voyez-vous la suite du mouvement? TV – Pour la première fois, une assemblée a rassemblé l’ensemble du secteur social. Plus de 300 personnes ont participé, c’est exceptionnel. Il va falloir encore renforcer notre organisation pour continuer la mobilisation dans les prochaines semaines, voire plus longtemps. Car si les mesures du Conseil d’Etat sont adoptées, elles entraîneront une situation de risque pour les enfants, les personnes à l’hospice, les malades, etc. Il faudra donc mettre sur pied des mobilisations réunissant les salariés et les usagers. VB – Au sein de la FOJ, on a atteint 100% des foyers en grève – avec des services minimums. Il y a une vraie préoccupation chez les travailleurs sociaux: ce ne sont pas les conditions de travail qui priment, mais le maintien et la qualité des prestations pour les personnes les plus fragiles. C’est aussi un débat de société que nous devons mener: il y a trois semaines, le bijou le plus cher du monde a été vendu ici à Genève, pour 46 millions de francs; 46 millions, c’est le budget annuel de la FOJ, qui compte 400 éducateurs, des enfants pris en charge, etc. Est-ce qu’on tolère que des nantis claquent 46 millions pour un bijou, ou se donne-t-on les moyens d’une société qui prenne en charge les gens qui en ont besoin? (2 décembre 2015) INTERVIEW – GZ ERIC ROSET «Face à la mobilisation, le Conseil d’Etat recule» Albert Anor, enseignant au CO des Coudriers et militant SSP, a participé à la séance de négociation avec le Conseil d’Etat qui s’est tenue mardi 8 décembre. Il fait le point sur la situation. Qu’avez-vous discuté mardi? Albert Anor – Les délégués du comité de lutte ont rencontré une délégation du Conseil d’Etat. Au bout d’une longue discussion, les trois conseillers d’Etat présents nous ont lu un protocole d’accord sur les mesures dites «structurelles» prévues pour 2018. Dans ce texte, le Conseil d’Etat s’engage à mener, de janvier à mars 2016, des négociations sans tabous. Toutes sortes de solutions pourraient y être envisagées. Dans l’attende de ces négociations, les mesures structurelles sont suspendues. Nous avons fait des amendements, qui ont été, semble-t-il, acceptés. Nous avons exigé que ce texte nous soit transmis par écrit aujourd’hui [mercredi 9 décembre, Ndlr.]. Le Conseil d’Etat n’abandonne certes pas son objectif d’économies, mais il recule et propose une mise à plat de la réflexion sur les services publics. Il s’agit d’une victoire d’étape indubitable, due à la force de notre mobilisation. Le Conseil d’Etat refuse par contre de payer les heures de grève. Nous lui avons donc demandé d’étaler les retenues salariales dans le temps. Qu’en est-il du budget 2016? Nous avons mis la priorité sur le maintien des conditions de travail et des postes, et déclaré que nous sommes prêts à négocier sur le montant de l’annuité, sur la base des résultats des comptes: s’ils bouclent sur un bonus, l’annuité devra être payée en entier. Le Conseil d’Etat a dit qu’il va réfléchir. Le temps presse: il a ERIC ROSET une semaine pour négocier, puis faire des amendements au budget qui sera discuté au Grand Conseil. Le personnel a décidé de maintenir la pression… L’assemblée générale de mardi soir a maintenu le préavis de grève pour le 15 décembre. Lundi 14 décembre au soir, une nouvelle assemblée appréciera la teneur des propositions du Conseil d’Etat, et confirmera – ou non – la grève de mardi. Mardi soir, une grande manifestation public-privé sera organisée en solidarité par la Communauté genevoise d’action syndicale, pour signifier au Grand Conseil et au Conseil d’Etat que ça suffit comme ça. INTERVIEW – GZ ERIC ROSET Le personnel de la Ville se fait entendre! VILLE DE GENÈVE – Jeudi 26 novembre, plus de 300 employé-e-s de la Ville ont manifesté bruyamment leur inquiétude et leur mécontentement devant le Conseil municipal. L a mobilisation est à la hauteur des attaques de la droite majoritaire, qui ne ménage pas ses efforts pour tenter de démanteler le service public et les conditions de travail du personnel (lire Services Publics, no 17, 30 octobre 2015): le Conseil municipal, convoqué en séance extraordinaire pour débattre du projet de budget 2016, est accueilli par 300 salarié-e-s qui distribuent aux conseillers/-ères municipaux/-ales une lettre ouverte dans laquelle ils/elles détaillent leur position et leur détermination à défendre leurs conditions de travail et les prestations à la population. Des employé-e-s de services très différents sont présent-e-s. La diversité est frappante et démontre que l’inquiétude est globale au sein du personnel de la Ville: le Service social (SSVG), qui a échappé l’année dernière aux coupes budgétaire, mais qui se sait en danger; la Gérance immobilière municipale (GIM), qui est clairement dans le viseur de la droite; le Service de secours et d’incendie (SIS), dont les nouveaux postes indispensables à son bon fonctionnement dépendent du vote du budget; le Service des espaces verts (SEVE), venu avec Monsieur SEVE, l’épouvantail qui fut de toutes les manifestations l’année dernière; la Voirie (VVP), dont les conditions de travail ne sont pas roses; les Bibliothèques municipales (BMU), qui craignent la libéralisation de leurs horaires d’ouverture; les agents de police municipaux (APM), les musées (MAH, MHN, MHS) et le Conservatoire et Jardin botaniques (CJB) ne sont pas en reste. Copieusement sifflés Des pancartes sont brandies autour de l’entrée du Conseil municipal: «Stop au démantèlement systématique du service public»; «Non à un service public au rabais»; «Respectez les accords signés»; «Licenciements facilités + suppression de services = danger»; «Faire plus avec toujours moins»; «Les services publics ne sont pas à vendre aux privés! Ils appartiennent au peuple»; «Je suis # employé-e municipal-e». Impossible de les répertorier toutes, tant elles sont nombreuses! Très remonté-e-s, les manifestant-e-s dénoncent les demandes de la droite élargie d’augmenter le salaire des cadres (mais bien évidemment pas des plus bas salaires), d’engager du personnel en contrat de droit privé (plutôt qu’en droit public), de faciliter les licenciements et de supprimer certains services ou prestations. Cette droite, qui n’a que faire du personnel et du service public, tente de mettre en place un management tel qu’on le trouve dans le privé, peu importent les dommages collatéraux. Elle sera copieusement sifflée. Des intervenant-e-s, dont JeanLouis Carlo, co-président du SSP – Région Genève, se relaient au mégaphone. Ils/elles exigent le respect absolu du Statut du personnel ainsi que des moyens pour honorer l’accord entre les associations représentatives du personnel et l’exécutif sur la prolongation de la durée de couverture maladie/accident pour les auxiliaires et les apprenti-e-s. Ils/elles demandent impérativement la reprise rapide des négociations sur un plan d’encouragement à une retraite anticipée (PLEND) et sur une cessation anticipée d’activité pour les personnes exerçant une fonction pénible. Massifier la mobilisation Le lien est bien évidemment fait avec le combat que mènent actuellement les fonctionnaires de l’Etat qui, après trois jours d’une grève suivie massivement, s’apprêtent à reprendre la lutte. On le voit, tant au niveau cantonal que municipal, le service public est plus que jamais en danger. Seule une mobilisation massive du personnel et des usagers/-ères permettra de le préserver. A l’issue de la séance extraordinaire, on apprendra que le Conseil municipal est finalement entré en matière sur le budget. Ce dernier sera renvoyé en commission des finances, où nous savons déjà qu’il sera malmené par les commissionnaires dont certains ont déjà annoncé qu’il fallait trouver 20 millions d’économies. On s’attend à des coupes à la hache. Les employé-e-s de la Ville prendront connaissance de la suite des événements et décideront de la suite à donner au mouvement. SABINE FURRER SECRÉTAIRE SSP – RÉGION GENÈVE www.ssp-vpod.ch 4 GENÈVE EN LUTTE Services Publics 15 janvier 2016 Regards militants GENÈVE – Fin décembre, grévistes et Conseil d’Etat ont signé une trêve après sept jours de grève. Des militants du SSP tirent un bilan d’étape de ce combat et esquissent des pistes pour la suite1. «ON A DÉCOUVERT D’AUTRES RÉALITÉS ET RECRÉÉ DES LIENS » Chusa Puras, infirmière à l’IMAD (aide et soins à domicile). «L ’implication des militants nous a permis d’organiser des piquets de grève sur sept lieux de travail les premiers jours de grève, puis quatorze en décembre – sur trente-six équipes d’aide et soins à domicile dans le canton. Certains cadres ont essayé d’entraver le droit des collaborateurs par des menaces et des pressions sur les plannings. On a dû organiser des piquets avec l’aide de collègues d’autres secteurs pour débloquer la situation... La mobilisation a été difficile. Organiser un service minimum a été un défi impossible à relever, car beaucoup d’équipes fonctionnent déjà en service minimum. La participation aux manifestations a été un bon moyen pour exprimer nos revendications. Les récoltes de signatures pour les pétitions et contre «Personal stop» ont très bien marché. Un arrêt d’étape Ces deux mois nous ont permis de développer nos réseaux, mais aussi de resserrer des liens avec des collègues d’autres secteurs. On a pu prendre connaissance de la réalité des autres. Les débats très riches au cours des assemblées générales, le dialogue et le respect des avis divergents ont été et seront notre force. La mobilisation n’est pas terminée, l’accord signé n’est qu’un arrêt d’étape. Pour ma part il ne me satisfait pas car il n’a pas signé l’arrêt des mesures structurelles. On va devoir battre le pavé à nouveau. L’IMAD continue à bouger: des séances intersyndicales sont agendées car on est plus fort ensemble.» «LE CONSEIL D’ÉTAT A RECULÉ PARTIELLEMENT» Paolo Gilardi, enseignant au Cycle d’orientation du Renard. «P our garantir les cadeaux fiscaux prévus par la troisième révision de l’imposition des bénéfices des entreprises, la RIE III, le gouvernement voulait imposer ses mesures structurelles au plus tard début janvier. Or, et c’est le résultat de la mobilisation, il a dû opérer un recul partiel. D’une part il a admis, par écrit, que de nouvelles sources de revenus – des impôts – pourraient être prises en considération pour financer les services publics. Deuxièmement, il a été forcé de suspendre les mesures structurelles jusqu’à fin mars. C’est important. En effet, si la durée du temps de travail était élevée à 42 heures, ce sont peut-être 44 ou 45 heures que les gens devraient accomplir dans les faits. Pour les enseignants de la division pri- «T maire, le passage aux 42 heures se traduirait par une baisse de salaire car on ne pourrait pas augmenter le temps des élèves. Sans être celui qu’on aurait souhaité, cet accord est le résultat de la force du mouvement et de la fermeté du gouvernement que ses commanditaires, les organisations patronales, mettent fortement sous pression. Dans l’enseignement, le mouvement a été fortement suivi. Ce sont surtout des jeunes qui ont été les plus actifs. La fréquentation massive des assemblées a permis de sortir de l’indignation sélective pour prendre en considération les raisons de lutter ensemble. C’est l’acquis de cette première phase. Son inscription dans la durée et son élargissement seront indispensables. ROIS MOIS POUR RÉORGANISER NOS FORCES » Jean-Louis Carlo, jardinier au Service des espaces verts (SEVE) de la Ville de Genève, coprésident SSP – Région Genève. «O n a pu démontrer au Conseil d’Etat notre capacité de mobilisation. Je crois que les gens ont compris qu’en face il y a une volonté de casser un service public construit depuis des décennies. Nous avons mené sept journées de grève. Peut-être faudra-til, à l’avenir, bloquer la ville pour forcer le Conseil d’Etat à réellement négocier. A titre personnel, je pense que l’accord signé n’est pas bon. Mais il fallait tenir compte de la réalité: les gens étaient fatigués, cela se voyait aux assemblées. Qu’allait-on gagner en reconduisant une grève à la veille des Fêtes ? Nous avons maintenant trois 1 mois pour organiser la riposte, réorganiser les forces. Car le Conseil d’Etat va revenir à la charge pour mettre ses mesures structurelles à exécution. Nombre record de signatures La seule façon de mettre un stop à tout ça, c’est d’être plus nombreux encore à refuser cette société à plusieurs vitesses. Il faut faire comprendre aux gens que la seule façon de sauver leurs conditions de travail et la redistribution des richesses est de descendre dans la rue. On a quand même eu une victoire, c’est le nombre record de signatures contre «Personal Stop». C’est un signe que beaucoup de gens en ont marre.» Le débat continuera dans les prochaines éditions de Services Publics. Sept jours de grève représentent un gros effort, y compris émotionnel. A cela s’ajoutent les difficultés à reprendre en main les classes après des jours de grève. Une crise politique On est aujourd’hui dans une situation de crise politique. Le budget 2016 présenté par le Conseil d’Etat n’a été accepté que par une députée sur les 96 présents lors du vote du parlement! Les pressions pour l’adoption d’un budget vont être énormes et contradictoires. D’où l’importance de continuer à occuper le terrain. Le maintien et le renforcement d’une mobilisation large et solidaire contre les vrais privilégiés que sont les actionnaires et les millionnaires reste le seul véritable antidote!» « ERIC ROSET LA PRISE DE CONSCIENCE DOIT CONTINUER » Amélia Bossard, bibliothécaire à l’université, coprésidente SSP – Région Genève. «L es attaques sont d’une telle ampleur que les gens se sont rendu compte qu’il y a une volonté de détruire l’Etat social et qu’il faut dire stop. J’observe aussi cette prise de conscience à l’université, mon lieu de travail. Si c’est plutôt le personnel administratif et technique qui a fait grève, beaucoup sont venus aux manifs, ont fait leur pause sur le piquet de grève, ont participé aux assemblées générales. Dans l’accord, il n’y a pas grandchose. Mais il fallait prendre en compte un certain épuisement des personnes, ainsi que la proximité des Fêtes. Informer sur les lieux de travail Je ne me fais pas beaucoup d’illusions sur les négociations. L’important aujourd’hui est de développer des séances d’information sur les lieux de travail, faire le point sur les négociations avec le Conseil d’Etat, car les gens n’ont pas une information détaillée. Si on arrive à faire le lien avec la Réforme de l’imposition des entreprises en disant qu’il y a des solutions politiques pour faire rentrer de l’argent dans les caisses, tout en tissant des liens avec les associations et les partis, on sera sur la bonne voie. Nous avons des contacts avec d’autres syndicats et essayons d’élargir la mobilisation à de nouveaux secteurs. La prise de conscience doit continuer pour qu’on soit encore plus nombreux par la suite.» Chronologie d’un décembre de luttes Les événements qui ont mené à la signature d’une trêve de trois mois. Mardi 1er décembre. Après trois jours de grève en novembre, suivis d’une suspension, le mouvement reprend. Mercredi 2 décembre, 5e jour de grève. L’assemblée du personnel décide de reconduire la grève le lendemain. Elle vote aussi un nouveau préavis pour la semaine du 14 décembre, à confirmer en fonction des résultats des négociations avec le Conseil d’Etat. Jeudi 3 décembre, 6e jour de grève. Plus de 1000 personnes participent à l’assemblée générale du personnel, 5000 à la manifestation. Mardi 8 décembre. Lors de la séance de négociation, les représentants du gouvernement laissent entrevoir quelques ouvertures. Sur proposition du Comité de lutte et afin de maintenir la pression, l’assemblée du personnel décide une nouvelle grève à partir du 15 décembre, sauf si un accord satisfaisant est trouvé d’ici là. Lundi 14 décembre. Face à l’assemblée du personnel, le Comité de lutte fait un bilan négatif des négociations des 11 et 14 décembre. Aucun accord n’a pu être trouvé. La grève du lendemain est confirmée. Mardi 15 décembre, 7e jour de grève. L’assemblée, très partagée, décide de suspendre le mouvement. La manifestation en fin de journée réunit plus de 7000 personnes. Mercredi 16 décembre. Suite aux négociations du jour, un protocole d’accord est présenté par le Comité unitaire lors de l’assemblée du soir. Il est adopté à une très forte majorité des présent-e-s. Trêve jusqu’au 21 mars Dans cet accord, le Conseil d’Etat réaffirme son objectif d’économies (110 millions pour le petit Etat, 82 millions pour le grand Etat de 2017 à 2019), tandis que les organisations du personnel réitèrent leur volonté d’éviter des dégradations dans les prestations et les conditions de travail. Les mesures structurelles (notamment l’augmentation du temps de travail et la facilitation des licenciements) sont suspendues jusqu’au 21 mars. Dans l’intervalle, des négociations sont ouvertes, portant également sur de nouvelles recettes pour l’Etat. Les organisations du personnel s’engagent à suspendre toute action de grève tant que les négociations sont en cours. Dans une intervention très applaudie, Eric Decarro, ancien président national du SSP, déclare: «Un mouvement social d’une telle puissance (…) ne se mesure pas uniquement à ses résultats immédiats: ce qui est plus important encore, ce sont les effets que ce mouvement ne manquera pas de produire à moyen et long terme.» Jeudi 17 décembre. Le protocole d’accord est signé par le président du Conseil d’Etat et les représentant-e-s du personnel. Des manifestations ont lieu le soir et le lendemain devant le Grand Conseil, qui doit délibérer sur le budget 2016. Référendum abouti Vendredi 18 décembre. Le Grand Conseil balaie le projet de budget proposé par le Conseil d’Etat. Aucun parti n’a accepté d’entrer en matière. Mardi 22 décembre. La presse annonce que le Département de l’instruction publique a décidé de doubler la retenue salariale appliquée aux enseignant-e-s en cas de grève. La décision est vivement contestée. Mercredi 23 décembre. Le référendum contre «Personal Stop» (loi bloquant tout engagement supplémentaire à l’Etat jusqu’à résorption de la dette) est déposé, avec plus de 20 000 signatures (7400 étaient nécessaires). PHILIPPE MARTIN SECRÉTAIRE CENTRAL SSP www.ssp-vpod.ch 5 GENÈVE EN LUTTE Services Publics 15 janvier 2016 sur une bataille historique «NOTRE VICTOIRE, LA SOLIDARITÉ» Vincent Bircher, travailleur social. «L a bataille n’est pas finie. Le bilan provisoire est celui d’une victoire. L’accord ne correspond pas à ce que nous revendiquions, mais il nous laisse trois mois pour remobiliser les collègues – car ce Conseil d’État thatchérien ne va rien lâcher. Notre grande victoire, c’est avant tout la solidarité qui s’est créée entre les salariés. A l’intérieur des secteurs, mais aussi entre les services, les salariés se sont rencontrés, ont milité et engagé des débats. Beaucoup de jeunes collègues ont fait leur première expérience de lutte. Le secteur social a connu une mobilisation historique. La première assemblée générale que nous avons organisée, au deuxième jour de grève, ne comptait qu’une quarantaine de personnes. Un mois plus tard, nous étions 400 travailleurs sociaux. Un manifeste pour le social Durant ces deux mois, j’occupais un poste de remplaçant. Il n’était donc pas toujours très simple de militer et de participer à la grève. Toutefois, la direction de la Fondation Officielle de la Jeunesse a soutenu le mouvement. D’autres directions ont tenté de limiter l’exercice du droit de grève, mais les collègues du social ne se sont pas laissés faire. La priorité doit être aujourd’hui de (re)mobiliser les collègues. Les attaques resteront constantes. Il faut donc renforcer les réseaux de mobilisation. Cela pourrait passer par la rédaction d’un manifeste qui explicite les besoins dans tous les secteurs du social. Je pense que nous devons aussi réfléchir à quel type de travail social nous voulons pour demain.» «MENER DES ACTIONS DE BLOCAGE» Florian Martenot, assistant en faculté de géologie à l’Université de Genève. «C e mouvement a été impressionnant par son ampleur et sa durée. Le nombre de personnes impliquées est resté important jusqu’à la fin. La grève a été un bon moyen de mobiliser le personnel, bien qu’insuffisant pour faire plier le Conseil d’Etat. Du côté des usagers, nous avons pu constater des mouvements de soutien encourageants, notamment chez les parents d’élèves du primaire. Dans l’ensemble il m’apparaît cependant que le matraquage idéologique antifonctionnaire porte ses fruits et empêche la contestation de s’étendre. L’accord signé est mauvais, mais je ne pense pas que nous avions le choix de le refuser, étant donné la force déclinante du mouvement et la fin d’année approchant. «Grâce» au refus du projet de budget 2016 par le Grand Conseil, le protocole d’accord est devenu une «victoire d’étape», en tout cas jusqu’en mars puisque aucune mesure d’austérité supplémentaire ne sera appliquée d’ici là. Faible mobilisation universitaire A l’université, le mouvement a été bien plus suivi qu’auparavant avec des assemblées générales rassemblant plusieurs dizaines de personnes. La mobilisation reste cependant très faible, avec environ 5% du personnel en grève, pour trois raisons principales: l’éclatement des sites de travail; la condition particulière d’une grande partie du corps intermédiaire, les doctorants et post-doctorants, souvent présents pour une durée limitée à Genève et ne parlant pas français, ce qui ne les encourage pas à s’impliquer dans des luttes locales; enfin, la faible participation des étudiants au mouvement. La mobilisation continue. Une grève historique n’ayant pas réussi à faire plier le Conseil d’Etat, ce type de lutte devrait être remplacé par d e s m e s u re s d e b l o c a g e p l u s visibles. Comme, par exemple, 10 000 personnes bloquant un grand carrefour de la ville, ou le pont du Mont-Blanc.» «L’UNITÉ A FAVORISÉ LA MOBILISATION» Albert Anor, enseignant au Cycle d’orientation des Coudriers. «L ’ampleur de la mobilisation, favorisée par l’unité entre le Cartel et le SSP, renoue avec les mobilisations que nous avons connues il y a plus de vingt ans. Les troupes les plus fournies ont été formées par les enseignants. L’accord signé n’est pas bon. C’est un compromis qui nous a permis de retarder une partie des projets du Conseil d’Etat. Ce dernier a été ébranlé – son projet d’appliquer des économies de 5% dès novembre a été repoussé –, mais il a tenu bon. Cela s’explique parce que ce gouvernement est soutenu par les associations patronales, mais aussi parce qu’il peut compter sur l’appui du Parti socialiste et des Verts, via la participation d’Anne Emery Torracinta et d’Antonio Hodgers. Dans mon école, la mobilisation a bien démarré avec près de 70% du personnel en grève et une unité entre les enseignants et le personnel administratif et technique. Plus on avançait, moins la participation était importante. Le lancement d’une grève des notes, qui parfois est devenue un substitut à la grève proprement dite, a rendu la mobilisation plus difficile. Rétorsion contre les enseignants Il faut maintenant organiser des assemblées sur les lieux de travail pour expliciter le contenu de l’accord et ses limites, et surtout rédiger des revendications précises à l’attention du Conseil d’Etat. Le Département de l’instruction publique veut doubler la retenue salariale des enseignants en cas de grève. Pour le moment, la directive est gelée et la conseillère d’Etat Anne Emery Torracinta nous a convoqué pour des discussions informelles. Mais cette mesure de rétorsion augure d’une volonté d’en découdre. Tout indique que nous devrons repartir à la bagarre fin mars. Nous devons aussi aborder la question du fonctionnement démocratique des assemblées.» ERIC ROSET «UNE RADICALISATION AUTOUR D’UN DISCOURS COMMUN» Antonella Del Bon, conseillère à l’Office cantonal de l’emploi. «J ’ai été étonnée par l’ampleur de la mobilisation. Au cours des assemblées et manifestations, on sentait qu’on appartenait à un collectif, qu’on avait un objectif commun. Au mois de décembre, il y a eu une radicalisation d’un gros noyau dur de grévistes, autour d’un discours commun: il faut défendre les prestations à la population pour éviter de créer une société fondamentalement inéquitable. Le fait qu’on se soit mobilisés nous a permis d’aboutir à un protocole d’accord, qui donne au moins un cadre minimal. Mais je me demande si on n’aurait pas dû le refuser: cela aurait donné un message clair à la partie adverse. La mobilisation à l’OCE n’a pas été facile. Le jour le plus suivi, le mardi 2 novembre, on a compté au maximum 10% à 15% de grévistes. De nombreux collègues n’ont pas fait grève mais sont venus aux manifestations du soir. Je pense que l’absence de culture de la grève en Suisse a joué. Les collaborateurs de l’OCE étaient aussi partagés entre leur mandat, qui est d’être disponible pour les demandeurs d’emploi, et la grève. La plupart du temps, nous sommes seuls dans notre bureau avec nos clients. Cela favorise un état d’esprit peu propice à l’action collective. Impliquer les usagers Il faut maintenant une Assemblée générale qui nous donne un feed-back sur les négociations en cours. Et il y a toutes les actions prévues en parallèle, comme le tout-ménages, la campagne référendaire. Pour remobiliser les gens, il va falloir retrousser les manches, réveiller les consciences. Il serait important de faire des manifestations massives, comptant de plus en plus d’usagers. Il faudrait donc que ces derniers comprennent mieux les enjeux. Pourquoi ne pas organiser une table ronde ouverte au public, au cours de laquelle il pourrait poser ses questions?» «FAIRE GRÈVE À L’HÔPITAL EST DIFFICILE» Liliane Marchand, laborantine aux HUG. «D ès le mois de septembre, nous avons distribué un tract, voire deux, chaque semaine devant les HUG afin de préparer le personnel à se mobiliser. A l’hôpital, le SSP a coordonné ses actions avec le SIT. Le bilan de la mobilisation est hyper positif, nous avons prouvé que les travailleurs sont capables de se réunir pour lutter ensemble. Maintenant, il faut continuer. La première série de grèves, en novembre, a réuni sur l’esplanade de l’hôpital quelque 200 personnes pour une soupe. Le soir, nous avons organisé un cortège pour rejoindre les autres fonctionnaires sur la place Neuve. A l’hôpital, faire grève est difficile, car nous travaillons à flux tendus. Le service minimum requis correspond à l’effectif normal, mais plus de la moitié du personnel porte les badges que nous avons distribués. Il y a aussi le problème des postes précaires (CDD), les stagiaires, civilistes... Tous ces gens n’osent pas faire grève. Nos collègues approuvent en grande majorité notre mouvement, mais tout est fait pour engendrer la peur de faire grève. Dans certains services le responsable a mis en congé les personnes dont il était sûr qu’elles ne feraient pas grève, pour «réquisitionner» les personnes susceptibles de faire grève. Que des promesses J’étais d’avis qu’il ne fallait pas signer le protocole d’accord, qui ne fait état que de promesses de négociations. Pire, il nous fait renoncer à l’annuité sans contrepartie garantie et interdit toute mesure de lutte durant les négociations. J’ai l’im- Services Publics Parutions 2016 janvier février mars 29 12, 26 11, 25 pression que cet accord ne sert qu’à faire gagner du temps au Conseil d’Etat. En contrepartie, la mobilisation est fragile, faire la grève coûte cher. Nous allons continuer d’informer le personnel jusqu’au 21 mars et de le mobiliser. A l’hôpital, nous allons échanger avec les militants du secteur social, qui étaient très mobilisés. Ce sont des milieux proches et, vu la précarisation de la société, ils mériteraient d’être plus proches encore.» avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre 15, 29 20 3, 17 1 26 9, 23 7, 21 11, 25 9 Le délai de réception des articles est fixé au vendredi précédant la parution à 9 h. www.ssp-vpod.ch 5 RÉGIONS Services Publics 29 janvier 2016 La boîte à idées: une fausse bonne idée! GENÈVE – Le 20 janvier, le Conseil d’Etat a présenté sa toute nouvelle trouvaille, la boîte à idées. Son objectif: diviser les salariés. A lors qu’il s’apprête à préparer une réforme de l’imposition des bénéfices des entreprises qui devrait priver les caisses publiques d’environ un milliard de francs par an dès 2019, le gouvernement cantonal demande aux salarié-e-s de l’Etat de lui faire part de leurs suggestions d’économies ou «d’éventuelles sources de revenus». Pour ce faire, le personnel disposera d’une boîte à idées virtuelle dans laquelle déposer, au besoin de manière anonyme, des propositions concrètes. Par la suite, et après élimination des suggestions farfelues et de «celles comportant des attaques personnelles», un responsable par département devrait recenser ces propositions et les transmettre au gouvernement qui en fera… ce que bon lui semblera. Douteuse interprétation C’est ainsi que le Conseil d’Etat interprète l’article 7 de l’accord signé le 17 décembre qui prévoit une «consultation transversale étendue aux sept départements (…) à laquelle les Organisations représentatives du personnel et l’ensemble des collaborateurs/-trices seront associés». En lieu et place de l’ouverture d’une vraie discussion sur les prestations publiques et leur financement, le gouvernement se comporte en monarque éclairé qui laisse ses bons sujets lui faire des propositions dont il tiendra compte… pour autant qu’elles lui conviennent. Il donne de ce fait une interprétation plus que restrictive du partenariat social, «les organisations syndicales pouvant, au même titre que tout employé, donner également leur avis», comme le Conseil d’Etat l’a expliqué lors de la rencontre avec les délégué-e-s du personnel le mardi 19 janvier au matin. En fait de «négociation», il ne reste plus que le nom! De plus, l’ouverture de la boîte à idées relève de la pure démagogie. Elle accrédite l’idée d’une écoute du personnel, d’une égalité propositive qui est totalement incantatoire. En effet, de quelle égalité parle-t-on si, d’un côté, on trouve des employées et employés qui, sur la base de leur bonne foi, pourraient faire des suggestions à un gouvernement qui dispose, lui, d’une cohorte de cadres, de juristes, de conseillers, de spécialistes à laquelle viennent s’ajouter les éclairages apportés par les organisations patronales et autres think-tanks très… indépendants? Dans ce contexte, la demande des organisations du personnel d’organiser des réunions, des rencontres entre professionnels sur les lieux et durant le temps de travail pour définir les besoins des différents services prend tout son sens. Ce n’est en effet pas par des suggestions tous azimuts que pourra être trouvée une solution au problème du f i n a n c e m e n t d e s p re s t a t i o n s publiques, mais par la discussion et l’échange entre les principaux protagonistes – le personnel et l’encadrement, les usagers/-ères et autres bénéficiaires de prestations – et par la confrontation avec les pouvoir publics. Une boîte à corbeaux Le gouvernement veut que le personnel propose des mesures d’économie, mais fait traîner la négociation avec les organisations syndicales. ERIC ROSET A cela s’ajoute le fait que le recours à la boîte à idées est de nature à développer la division parmi le personnel. Car, au lieu de poser le problème des services publics et de leur mission en tenant compte d’un ensemble, ce qui ne peut que résulter de la discussion et de l’échange entre catégories du personnel, la méthode Longchamp-Poggia pousse à aborder les problèmes par le petit bout de la lorgnette. Ainsi, tout un chacun pourra suggérer des pistes d’économies en relevant ce qui est coûteux chez les autres dans une logique, anonymat aidant, de dénonciation qui ne peut qu’attiser les tensions et les divisions parmi le personnel. Le gouvernement se défend d’avoir ouvert une boîte à corbeaux. Toutefois, il refuse de discuter de cette proposition avec les organisations syndicales. Il refuse même de reporter, ne serait-ce que d’une semaine, l’introduction de cette mesure qui pourrait provoquer des dégâts profonds et durables parmi le personnel. Des dégâts qui pourraient s’avérer nuisibles non seulement pour l’unité syndicale, mais pour le fonctionnement même des services publics. Fréquence .98 Saint-Jean! D’après le président du gouvernement, il y aurait urgence. Une urgence qui n’est plus de mise lorsqu’il s’agit de fixer une nouvelle séance de négociation avec les organisations représentatives du personnel. Alors que ces dernières demandent la tenue d’une nouvelle séance avant le 1er février, dans le but d’entamer une véritable négociation, François Longchamp refuse au nom d’un agenda chargé... A croire, décidément, que ce gouvernement ne reste sourd que d’une oreille, celle qui est censée écouter le personnel. Quant à l’autre, la droite, elle est directement synchronisée sur le 98, rue de Saint-Jean, le siège des associations patronales. C’est pour leur offrir un cadeau d’un milliard de francs par an dès 2019 que le gouvernement organise l’échec des négociations. Il démontrerait ainsi la nature «incontournable» des mesures structurelles que la grève l’a obligé à suspendre, tout en grappillant au passage quelques idées supplémentaires d’économies labellisées… «proposition du personnel». PAOLO GILARDI SSP – RÉGION GENÈVE Une Assemblée générale du personnel aura lieu en février. Plus d’infos sur www.sspge.ch «Les employeurs veulent faire taire la contestation» GENÈVE – Un militant et une secrétaire syndicale SSP sont poursuivis pour diffamation par deux cadres des HUG. Retour sur les enjeux de ce procès avec Christian Dandrès, l’avocat des deux syndicalistes. Pour avoir diffusé des tracts concernant les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), un militant et une secrétaire syndicale du SSP sont poursuivis pour diffamation. Que dénonçaient ces tracts? Christian Dandrès – Ces tracts sont des instruments de lutte syndicale qui ont été utilisés dans un contexte qu’il est important de préciser. Les HUG sont le plus important établissement public du canton qui emploie, directement ou non, plus de 15 000 personnes. L’Hôpital est l’un des principaux postes au budget de l’Etat. Ses comptes s’élèvent à 1,7 milliard par an. Les HUG ont donc été fortement touchés par les coupes budgétaires linéaires imposées, année après année, par les autorités cantonales. La direction des HUG a par ailleurs amplifié ce phénomène en mettant en œuvre deux plans d’économies – Victoria et Per4ormance – qui ont été élaborés à grands frais par Boston Consulting Group. Ces plans d’économies ont supprimé près de 450 postes, alors que les HUG doivent faire face à un accroissement des besoins de la population: cette dernière a augmenté, en quinze ans, de presque 80 000 personnes. Les employés des HUG ont vu leurs conditions de travail se dégrader for- tement et doivent faire face à une augmentation de la charge et du rythme de travail. La précarisation du statut des salariés s’installe peu à peu par le recours au travail intérimaire, parfois durant de longues périodes avant de bénéficier du régime de protection prévu par la loi cantonale. Déjà malmenés par ce cadre général, les employés des HUG ont vu croître le nombre de managers. Alors que le personnel soignant est insuffisant, la présence des cadres et des gestionnaires des ressources humaines s’est faite de plus en plus sentir. A cela se sont ajoutées plusieurs affaires qui ont défrayé la chronique et que les syndicats ont dénoncées. Il s’agit, par exemple, du carnotzet de luxe que l’ancien Directeur avait fait construire au sous-sol de l’hôpital ou de contrats passés, pour 16 millions de francs, à l’entreprise appartenant au frère du directeur des ressources humaines. Ces situations ont nourri une grande colère au sein du personnel auquel les HUG demandaient d’importants efforts, tout en gaspillant des ressources qui auraient permis de soulager les services. Les salariés se sont tournés vers le SSP qui s’est fait l’écho de ce ressentiment. Les tracts incriminés dénonçaient des pratiques managériales de la direction et d’un haut cadre responsable d’un service. Lors de l’audience pénale de la semaine dernière, j’ai été frappé par le degré de colère et de désespoir rapporté par les prévenus. Ces derniers ont indiqué que des salariés, à bout, envisageaient même de recourir à des violences physiques à l’encontre des ressources humaines et que le SSP canalisait cette colère vers des instruments légaux de contestation syndicale. Ils ont expliqué au juge les difficultés de cet exercice. Face à cette colère qui gronde dans les services, les prévenus ont indiqué que la direction faisait la sourde oreille et multipliait les provocations. Lorsque les tracts ont été rédigés, cette situation était à son paroxysme. Par son attitude, la direction a en quelque sorte suscité une surenchère que, par l’intermédiaire des plaignants, elle souhaite voir condamnée aujourd’hui devant les autorités pénales. Les plaintes du directeur des ressources humaines et de la cheffe de service ont en effet été encouragées et soutenues par les HUG. Ceux-ci ont mis à disposition leur service juridique et apporté un soutien financier en payant les frais d’un avocat – ténor du Barreau et professeur d’université – pour attaquer le militant et la permanente syndicale. Ces honoraires s’élèvent pour l’heure à 27 000 francs. Ce procès s’inscrit dans une suite d’actions en justice visant des militants syndicaux, à Genève mais aussi dans d’autres cantons... Cette procédure pénale s’inscrit dans un contexte de lutte syndicale et de conflit social larvé. Elle apparait comme la riposte de l’employeur à l’action du SSP. Elle s’inscrit également dans une tendance plus générale. Les plaintes pénales à l’encontre des permanents et des militants syndicaux sont de plus en plus fréq u e n t e s . P o u r f a i re t a i re l a contestation et décrédibiliser l’action des syndicats, les employeurs recourent aux procureurs et exercent une forte pression sur les militants qui craignent une condamnation et les conséquences professionnelles qui peuvent suivre. Le coût considérable d’une procédure pénale n’est également pas la moindre des inquiétudes. La Fédération des entreprises romandes – la faîtière des syndicats patronaux – a d’ailleurs publié une Services Publics Parutions 2016 février mars avril 12, 26 11, 25 15, 29 brochure à destination de ses membres, dans laquelle elle présente de telles plaintes comme des armes efficaces contre le syndicat et les délégués du personnel. Le Tribunal de police a renvoyé l’affaire au Procureur. Comment interpréter cette décision et quelle sera la suite de la procédure? Il s’agit d’une victoire d’étape. Le Tribunal a reconnu – ce que les hauts cadres des HUG contestaient – que ces tracts n’étaient pas des dénonciations gratuites, dirigées contre deux quidams. Il a donc autorisé les prévenus à prouver leur bonne foi et que le contenu de ces tracts était le reflet de la réalité. Le Procureur a donc été chargé d’entendre les témoins des prévenus. Ces témoignages mettront en lumière la situation rencontrée par les salariés qui se sont confiés au SSP. INTERVIEW – SERVICES PUBLICS mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre 20 3, 17 1 26 9, 23 7, 21 11, 25 9 Le délai de réception des articles est fixé au vendredi précédant la parution à 9 h. www.ssp-vpod.ch 4 RÉGIONS Services Publics 12 février 2016 Mises en scène et interprétations à la carte GENÈVE – Les négociations entamées le 1er février entre le Conseil d’Etat et les organisations du personnel virent à la farce. Il est l’heure de reprendre le chemin de la mobilisation. S igné le 17 décembre dernier, l’accord entre le Conseil d’Etat et le comité unitaire de lutte de la fonction publique relevait, comme l’a prétendu le conseiller d’Etat libéral Pierre Maudet, d’une sorte de cessezle-feu. En gros, en échange de la susp e n s i o n d e s q u a t re m e s u re s structurelles – augmentation du temps de travail à 42 heures, généralisation des temps, et salaires, partiels, non remplacement des départs dits «naturels» et facilitation des licenciements –, le comité unitaire de lutte s’engageait à suspendre la grève et à participer à un round de «négociations» avec le gouvernement. Celles-ci, initiées le 1er février, soit six semaines plus tard, devraient permettre de trouver, avant le 21 mars, des solutions garantissant «l’assainissement des finances publiques», tout en «préservant les conditions de travail et les prestations à la population». Force est de constater que l’objectif est loin d’être atteint, bien au contraire! Et que je t’interprète les accords… Interprétant à sa manière l’accord du 17 décembre, le Conseil d’Etat va de l’avant. Prétendant que la suspension des mesures structurelles n’impliquerait pas la suspension de l’objectif de réduire de 5% les coûts de personnel, c’est à l’ensemble des services qu’il s’adresse pour leur demander d’établir, en l’absence d’un budget, des modalités de fonctionnement qui tiennent compte de l’objectif contesté. Ainsi, fin janvier, les différents responsables de service et des institutions subventionnées ont été fermement invités à établir des budgets de fonctionnement tenant compte du fait que «l’objectif du Conseil d’Etat de diminuer de 5% les charges de fonctionnement, d’ici à 2018, est maintenu […]» et les invitant à «fonctionner avec un budget diminué de 1% par rapport au budget 2015.» Or, c’est bien dans le but de réaliser des économies de l’ordre de 5% sur les «charges de personnel» que François Face à un Conseil d’Etat plus autiste que jamais, la mobilisation du personnel est à nouveau à l’ordre du jour. ERIC ROSET Longchamp, président du gouvernement, avait annoncé, le 9 septembre, les mesures structurelles que la grève l’a obligé à suspendre. D’ailleurs, cet objectif de réduction de 5% étant tellement décrié, il n’avait même pas eu droit à une mention, fûtelle indirecte, dans l’accord signé le 17 décembre. Et que je me lance dans la mise en scène… Versé dans l’interprétation, le Conseil d’Etat, s’est cru autorisé à solliciter «la consultation transversale du personnel» à travers la fausse bonne idée de la boîte à idées. Il s’agissait de contourner la confrontation avec les organisations syndicales par une espèce de consultation hors sol du personnel, appelé à suggérer des pistes d’économie (lire Services Publics du 29 janvier, page 5). Cette cynique mise en scène n’aura pas fait long feu. D’après la Tribune de Genève, qui ironisait là-dessus (5 février), seuls 1300 employés de l’Etat auraient répondu à l’invite du gouvernement. Selon les informations que nous a fournies le Conseil d’Etat, la réalité se situe encore plus bas: 948 salariés auraient répondu jusqu’à présent à la «consultation», soumettant environ 2200 propositions au gouvernement. Le nombre des «consultés» est donc nettement inférieur à celui de celles et de ceux qui, sept jours durant, ont fait grève pour refuser, justement, l’objectif du Conseil d’Etat de réduire de 5% les coûts salariaux et les mesures structurelles destinées à l’atteindre. Cette mise en scène battue en brèche, il n’en reste pas moins que les syndicats et le personnel devront reprendre l’initiative dans un contexte particulier. Reprendre l’initiative De toute évidence, le gouvernement veut mettre à profit la «trêve» pour démontrer la prétendue inéluctabilité des mesures structurelles, «la négociation n’ayant pas permis de trouver des solutions alternatives». A ce titre, véritable Tartuffe, il a d’ailleurs refusé d’accéder à la demande des organisations syndicales de pouvoir organiser des séances de discussion pendant le temps de travail. Ainsi, alors qu’il sollicite des suggestions par écrit de la part du personnel, formulées y compris depuis le poste de travail, le gouvernement se réserve le droit de ressortir les quatre mesures structurelles actuellement suspendues, tout en les agrémentant de quelques mesures d’économie estampillées «propositions du personnel». Cette approche vise d’abord à permettre, ainsi que nous l’avons déjà écrit, l’entrée en vigueur en 2019 de la RIE III et des cadeaux fiscaux – de l’ordre d‘un milliard par an – aux entreprises qui réalisent des profits. Mais elle s’inscrit aussi dans le nouveau cadre politique issu des élections fédérales d’octobre: fort du recentrage à droite, le Conseil fédéral a fait de l’austérité la ligne de conduite des gouvernements fédéral et cantonaux. Ainsi, à l’heure où l’adoption de mesures similaires à celles que le Conseil d’Etat genevois voudrait prendre devient un objectif à Bâle, à Zürich et dans d’autres cantons, il est indispensable de reprendre l‘initiative à Genève. Avec, en tête, la nécessité de combiner l’organisation de la mobilisation contre les mesures budgétaires et structurelles avec la bataille contre la loi dite «Personal Stop» qui devrait être mise en votation, nous l’espérons, en juin. Vaste programme… PAOLO GILARDI SSP – RÉGION GENÈVE Une Assemblée générale du personnel de la fonction publique et du secteur subventionné a eu lieu le jeudi 11 février au soir, après le bouclage de cette édition de Services Publics. L’objectif était de faire le point de la situation, d’élaborer les propositions à défendre devant le Conseil d’Etat, ainsi que de décider des prochaines étapes de la mobilisation du personnel. Nous rendrons compte des décisions prises et de l’évolution des négociations dans la prochaine édition de Services Publics, le 26 février. Combattre la violence aux femmes, sous toutes ses formes POINT DE VUE – Le harcèlement sexuel et la violence contre les femmes sont un phénomène mondial. Il faut le combattre partout, sans oublier les victimes les plus fragiles ni tomber dans la xénophobie. D epuis les événements de la Saint-Sylvestre à Cologne, la presse a repris, à grand renfort d’interviews et de micros-trottoirs, la thématique du harcèlement de rue. On pourrait s’en réjouir, si le débat n’avait pas lieu sur fond de xénophobie visant la stigmatisation des étrangers, particulièrement les réfugiés d’origine arabe. Le harcèlement n’est par un phénomène nouveau: au cours des dernières années, des groupes de femmes ont organisé des «marches des salopes» et des marches de nuit pour dénoncer les attitudes sexistes que les femmes subissent dans la rue et dans l’espace « Réfugiées exposées LES RÉFUGIÉES SONT LES PLUS EXPOSÉES public en général. Mais la rue et l’espace public ne sont pas les seuls lieux où se déploient harcèlement, agressions et violences à l’encontre des femmes. Bien qu’interdit par la loi, le harcèlement sexuel est courant sur les lieux de travail. Le plus souvent, il n’est pas l’œuvre d’un migrant fraîchement débarqué d’outremer, mais d’un supérieur hiérarchique ou d’un collègue bien de chez nous. Celles qui ont eu affaire à un harceleur sur leur lieu de travail savent combien il est difficile de briser l’omerta qui trop souvent entoure ce genre d’affaire. Enfin, l’endroit où les femmes courent le plus de dangers, c’est encore et toujours leur propre foyer, où la violence est le fait d’un proche! » La violence à l’encontre des femmes, sous toutes ses formes, est un phénomène mondial. Celles qui sont le plus exposées à ce fléau, ce sont les femmes fragilisées, notamment les réfugiées. Au mois de janvier dernier, Amnesty International a publié un rapport qui pointait du doigt le manque de protection dont souffrent les femmes réfugiées sur les chemins de l’exode, particulièrement celles qui ont fui la Syrie et l’Irak. Amnesty International souligne que «beaucoup ont indiqué que dans presque tous les pays qu’elles ont traversés, elles ont connu agressions physique et exploitation financière, ont été touchées de manière inappropriées ou ont subi des pressions visant à les inciter à avoir des relations sexuelles avec des passeurs, des employés chargés de la sécurité ou d’autres réfugiés» 1. Le manque de sécurité, dû tant à la promiscuité qu’à des infrastructures déficientes, n’est malheureusement pas l’apanage des seuls pays de transit, mais caractérise aussi le territoire européen, comme le dénonce Amnesty International. Le harcèlement sexuel à l’encontre des femmes dépasse les frontières. Il faut le combattre. Partout. Sans com- promis. Mais sans céder aux sirènes de la xénophobie. Sur ce terrain aussi, notre syndicat doit se situer du côté de l’état de droit, pour qu’on applique une même sanction pour un même délit. Et rappeler, puisque nous sommes appelés à nous prononcer le 28 février prochain, notre opposition à des solutions dangereuses, arbitraires et inhumaines comme celle proposée par l’initiative dite de mise en œuvre. MICHELA BOVOLENTA SECRÉTAIRE CENTRALE SSP 1 http://www.amnistie.ca/sinformer/ communiques/international/2016/ europe-asie-centrale/femmes-refugieesrisquent-agressions Une pétition pour revoir l’évaluation des petits NEUCHÂTEL – Le SSP – Enseignement a lancé une pétition demandant la révision du nouveau dispositif d’évaluation des élèves de 1re et 2e années, entré en vigueur en 2014. Le texte, appuyé aussi par le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois (SAEN), demande au Département cantonal de l’éducation de modifier le dispositif d’évaluation appliqué pour les élèves des 1re et 2e années. Selon les enseignants du SSP, les documents à remplir prévus par le nouveau dispositif représentent une «pénibilité inutile pour l’enseignante», réduisant d’autant la disponibilité pour les élèves. Les enseignants notent aussi un «malaise» chez de nombreux parents face à une procédure détaillée et abstraite. La pétition demande donc que seul l’entretien d’évaluation avec les parents, mené à partir des travaux et activités réalisés par l’élève tout au long de l’année, reste obligatoire. Le texte souligne aussi que le canevas de cet entretien devrait être repensé, à partir de l’expérience des professionnels du terrain. SERVICES PUBLICS www.ssp-vpod.ch 3 RÉGIONS Services Publics 11 mars 2016 Appel de syndicalistes contre la RIE 3 vaudoise VAUD – Des syndicalistes du public et du privé s’unissent pour appeler la population à rejeter la baisse d’impôts pour les entreprises, le 20 mars prochain. N ous, femmes et hommes syndicalistes actifs/-ives dans le canton de Vaud, appelons les salarié-e-s du secteur privé et du secteur public à refuser la baisse du taux d’imposition du bénéfice soumise au vote le 20 mars prochain. Une telle baisse entraînerait des pertes fiscales massives, pour le canton comme pour les communes. Cet argent irait directement dans les poches des grands actionnaires et des employeurs à la tête des entreprises qui dégagent les plus gros bénéfices, puisqu’à peine 2% des entreprises inscrites au registre du commerce paient pratiquement l’entier de cet impôt! Contrairement à ce qu’annoncent ses partisans, cette baisse de la fiscalité ne garantit aucun emploi dans le canton. D’abord, parce qu’aucun taux d’imposition ne peut garantir que les employeurs ne licencient pas. Ensuite, parce que la baisse du taux ne profitera pas aux entreprises en difficulté, celles qui sont le plus susceptibles de licencier, mais seulement à celles qui dégagent de gros bénéfices. Enfin, parce que la baisse des recettes des collectivités publiques entraîne toujours une réduction des dépenses et des investissements publics. Ce recul entraînerait des licenciements dans des secteurs comme la construction, l’artisanat, les transports, les soins, la formation, etc. De plus, la suppression des prestations publiques et la hausse des impôts communaux feraient retomber la facture des cadeaux aux entreprises sur les salarié-e-s, les jeunes, les femmes. Pour ce qui est des améliorations sociales, nous rappelons qu’elles ne sont pas soumises au vote du 20 mars, le référendum ne portant que sur la baisse du taux d’imposition du bénéfice. Cela signifie que les améliorations sociales pourraient parfaitement être conservées avec un NON le 20 mars. Dans tous les pays qui nous entourent, dans tous les cantons qui nous entourent, baisser les impôts des privilégiés, des employeurs et des actionnaires revient à provoquer des politiques d’austérité brutale qui se retournent contre les salarié-e-s. Il en ira de même dans le canton de Vaud demain si ce projet passe la rampe. Nous appelons donc les salarié-e-s à se mobiliser, toutes et tous ensemble, pour un NON le 20 mars. Signataires: Patricia Alcaraz, secrétaire syndicale syndicom; Augusto Alcayga, membre comité SEV tl; Cora Antonioli, présidente du SSP - Enseignement et membre du Comité national; Valérie Borloz Schaller, secrétaire de l’Union syndicale vaudoise; Michela Bovolenta, secrétaire centrale Syndicat des service publics; Fabrice Chaperon, Secrétaire de section Unia Vaud; Stéphane Chevalier, président section SEV-MBC; Jean-Claude Cochard, vice-président de l’Union syndicale vaudoise; Claude-Alain Débonnaire, membre du comité SEV-Lac Léman; Julien Eggenberger, président du Syndicat des services publics; Christian Fankhauser, secrétaire syndical SEV; Marc Formosa, président section SEV-VPT Léman; David Gygax, secrétaire syndical, Syndicat des services publics; Nicolas Irus, Secrétaire syndical Unia Vaud; Christophe Jordi, membre comité SEV tl; Komla Kpogli, secrétaire syndical UNIA Vaud; Abdou Landry, secrétaire syndical Unia Vaud; Tony Mainolfi, secrétaire syndical SEV; Philippe Martin, secrétaire central SSP; Alexandre Martins, secrétaire syndical Unia Vaud; Dominique Mollet, présidente du groupe SSP-santé-CHUV; Maria Pedrosa, secrétaire syndicale SSP Vaud; Pierre-Yves Oppikofer, secrétaire syndical SSP Vaud; Noé Pelet, secrétaire syndical Unia Vaud; Valérie Perrin, secrétaire syndicale Syndicat suisse des médias; Michel Pitton, Président de la Commission des retraités de l’Union syndicale vaudoise; Raphaël Ramuz, secrétaire syndical SSP Vaud; Lionel Roche, secrétaire syndical Unia Vaud; Talissa Rodriguez, secrétaire syndicale Unia Vaud; Beatriz Rosende Carobbio, secrétaire centrale Syndicat des services publics; Christian Schafroth, président section Nyon SSP; Sébastien Schnyder, secrétaire syndical Unia Vaud; Carmelo Scuderi, président de la section SEV-tl; Isabelle Smekens, secrétaire syndicale Unia Vaud; Agostino Soldini, secrétaire central SSP; Dragos Tara, juriste Unia Vaud; Sébastien Zonca, président section SEV La plaine-du-Rhône. AUGMENTER LES DIVIDENDES ET DIMINUER LES SOINS ? La mobilisation continue GENÈVE – Le comité unitaire de lutte des services publics, dont fait partie le SSP, se réjouit de l’abrogation du mécanisme de personal Stop et relance sa pétition à l’attention du Conseil d’Etat. L e Comité unitaire de lutte de services publics salue l’abrogation du «personal stop» votée le 26 février par le Grand Conseil. La population genevoise échappe ainsi à un mécanisme qui aurait dévasté les prestations publiques, réduisant ainsi le rôle redistributeur de l’Etat, et qui aurait généré des milliers de pertes d’emploi à Genève. C’est une victoire à mettre au crédit du mouvement de la fonction publique de l’automne dernier. La récolte de plus de 20 000 signatures en un temps record était déjà un camouflet à ce projet de loi PLR. Annuité restaurée Autre victoire: après les manœuvres visant à sa suppression et à la rendre facultative, à la seule discrétion du Conseil d’Etat, une majorité du Grand Conseil a décidé de revenir au respect de la loi sur les trai- tements. Un tel revirement n’aurait jamais été envisageable sans la mobilisation massive du personnel à l’automne passé. Le Comité unitaire avait clairement affirmé que le respect de cette disposition légale ne pouvait se faire au détriment de l’emploi ou des prestations. D’ailleurs, dans le cadre des négociations sur le projet de budget 2016, le Comité unitaire avait demandé prioritairement le maintien des postes et des prestations si l’annuité devait être suspendue. Au vu de son rétablissement, le Comité unitaire exige que la subvention au secteur parapublic soit adaptée de manière à couvrir intégralement son coût dans tous les secteurs. Accord prolongé Depuis l’ouverture des «négociations», le Comité unitaire n’a de cesse de proposer des nouvelles recettes: POUR EXPLIQUER AUX USAGERS DES SERVICES AU PUBLIC QUE NOTRE LUTTE EST AUSSI LEUR LUTTE, NOUS PUBLIONS UN TOUT-MÉNAGE POUR LE FINANCER, VERSEZ VOS DONS, QUEL QUE SOIT LE MONTANT, SUR LE COMPTE (IBAN) BCGE CH7600788000050520936 à l'attention de Dario Lopreno, 5 rue Le Corbusier, 1208 Genève (ce compte bancaire est ouvert pour cette seule opération) Nous devons récolter 40'000 Francs pour réaliser et diffuser ce tout-ménage dont le but est d'expliquer à un large public en quoi le projet de budget cantonal 2016, ses prolongements jusqu'en 2018 et la réforme de l'imposition des entreprises dès 2019, représentent une attaque frontale des plus dures contre les services au public (manque de financements, de postes, d'infrastructures et donc de prestations). Crise de la dette, trop de fonctionnaires, personal stop, moins d'impôts, sont autant de formules coup de poing des gouvernants pour justifier la guerre des riches contre le reste de la population. Ce tout-ménage contribuera à faire comprendre aux habitants du canton que notre lutte contre l'État-peau-de-chagrin est aussi la leur. suspension du bouclier fiscal, imposition de solidarité des hauts revenus, mais également récupération des bénéfices des régies publiques et intégration de ces dernières à l’Etat. Le Conseil d’Etat refuse d’entrer en matière. Face à cette impasse, l’échéance des négociations est prolongée d’un mois. Cela devrait permettre d’y voir plus clair après la publication des comptes 2015, qui aura lieu le 22 mars. Mais la mobilisation continue, car le Conseil d’Etat n’a pas renoncé à son objectif de «réduire la voilure» de 5%. L’Assemblée du 11 février a donc décidé de relancer la pétition lancée à l’automne dernier, qui demande: > le maintien du temps de travail à 40 heures; > la création des emplois nécessaires pour répondre aux besoins de la population (formation, prestation administrative, santé, sécurité); > l’engagement en fixe des employé-e-s occupant des fonctions pérennes dans des conditions de dumping salarial et social (auxiliaires, personnel «intérimaire», personnel placé dans le cadre de mesures chômage et/ou aide sociale); > le remplacement sans délai des postes laissés vacants par les départs dits «naturels»; > le maintien de la protection contre le licenciement arbitraire. La pétition peut être téléchargée sur le site du SSP: www.sspge.ch. Les syndicats membres du Comité unitaire continuent d’organiser des assemblées dans les secteurs, et un projet de tout-ménage est en cours d’élaboration (lire ci-dessous). Une nouvelle Assemblée du personnel est convoquée pour le 11 avril. COMITÉ UNITAIRE DE LUTTE DES SERVICES PUBLICS Non à une évaluation absurde des tout petits! NEUCHÂTEL – La pétition syndicale contre la nouvelle évaluation des enfants en première et deuxième années Harmos a fait un tabac. «E valuer oui, mais pas de cette manière». C’est en bref ce que demande la pétition «Pour un réajustement de l’évaluation en 1-2 Harmos», qui a été déposée le 9 mars par le SSP (section enseignants) et par le SAEN, munie – en seulement trois semaines! – des signatures de 70% des enseignantes concernées. La pétition a été reçue par le vice-chancelier, qui était accompagné par un fonctionnaire de marque incarné pour l’occasion par l’humoriste bien connu Vincent Kohler, ancien enseignant et papa d’un jeune enfant, qui a livré un sketch sur le thème de l’évaluation des 4 à 6 ans. Cette pétition demande au Conseil d’Etat de revoir la nouvelle évaluation entrée en vigueur à la rentrée d’août 2014. Sans avoir pris en compte les avis de la base, cette évaluation exige la réalisation de trois documents par enfant, soit un recueil de traces, une validation des acquis et un canevas d’entretien. Malaise chez les parents Après avoir constaté un malaise chez de nombreux parents ne comprenant pas la nécessité et le sens d’un document aussi détaillé et abstrait, un accroissement de la pénibilité pour les enseignantes chargées de conceptualiser, réaliser et remplir ces documents qui n’apportent rien de plus, ainsi qu’une diminution de la disponibilité de ces dernières auprès des élèves, les syndicats d’enseignants ont décidé de monter au créneau. Ils demandent que seul l’entretien avec les parents reste obligatoire, que le canevas soit supprimé ou repensé par les professionnelles du terrain et que l’évolution des enfants soit évaluée en utilisant les traces et les validations d’acquis que les enseignantes jugeront nécessaires. Les syndicats attendent du Département de l’éducation, qui les a convoqués à une réunion, qu’il entende enfin les revendications des enseignantes de 1-2 Harmos, ce d’autant que celles-ci n’auront aucune incidence en termes budgétaires. Suite au prochain numéro… CLAUDE GRIMM 4 . RÉGIONS services PUBLICS . 25 mars 2016 Un collègue, salarié de la fonction publique genevoise, nous écrit pourquoi il estime indispensable que la mobilisation contre les coupes du Conseil d’Etat continue. GENÈVE – Le Conseiller d’Etat (PLR) Pierre Maudet prétend donner de grandes leçons de partenariat social. A l’image de son parti, qui s’autoproclame «ambassadeur du partenariat social». La réalité est autre. Un choix de société Partenariat à la Maudet SABINE FURRER « Personne parmi le personnel de la fonction publique ne s’est spécialement enrichi dans sa vie, de sorte à devoir aujourd’hui rembourser une dette qui n’est pas la sienne. Notre postulat doit donc absolument rester le respect du contrat de travail convenu avec l’Etat employeur. Notre indéfectible soutien au mouvement passe aujourd’hui par le fait de rabattre tous ceux qui ne se sont pas associés (ou très peu) jusqu’ici au mouvement. Il est donc important de travailler notre image auprès des collègues, de notre entourage et des citoyens. Il convient pour cela de répondre aux accusations iniques de nos opposants. Rappelons d’abord que la fonction publique, très majoritairement passionnée par sa mission, se bat davantage pour un choix de société – refuser une médecine et une justice à deux vitesses, conserver un enseignement de qualité dans les écoles publiques, une police disponible à tous les citoyens, etc. – que pour ses propres conditions de travail ou de salaire. Ces dernières sont d’ailleurs régulièrement bafouées depuis plusieurs années: blocage périodique de l’annuité; diminution des droits aux rentes de la caisse de prévoyance de l’Etat de Genève (CPEG) dès le 1er janvier 2014 malgré les augmentations de cotisations, la fusion CIA-CEH et sa recapitalisation; suppression des frais forfaitaires de déplacement depuis 2011 pour les agents publics dont le cahier des charges exige une mobilité; réduction à 80 francs de la participation de l’employeur aux abonnements annuels TPG, etc. Alors que nous subissons chaque année des augmentations de charges, comme dans le cas des primes d’assurance maladie qui explosent d’environ 4% par année. TROP BIEN PAYÉS? Au début du mois de no- vembre dernier, l’émission TTC affirmait que «les enseignants genevois de premier cycle sont les mieux payés au monde». Il sied de rappeler que les enseignants du primaire, depuis des années tous universitaires, commençaient naguère leur carrière en classe 14 (5807 francs par mois), soit celle d’un mécanicien, porteur d’un CFC, engagé comme inspecteur au bureau des automobiles. Ils ont ensuite atteint la classe 16 (6341 francs par mois), puis la classe 18, fruit d’une tardive réévaluation de fonction. Une réévaluation qui les place toutefois deux classes en-dessous des enseignants du secondaire. Au mépris du plus élémentaire principe de l’égalité de traitement. D’autre part, dans le cadre de la comparaison abjecte entre le canton de Neuchâtel qui paie le moins ses enseignants et celui de Genève qui les paierait le plus, notons que Genève se situe parmi les villes les plus chères au monde. Tous les enseignants du primaire que je connais et qui travaillent depuis une vingtaine d’années sont, à cause des blocages périodiques salariaux, en annuité 10 ou 11 seulement. Cela constitue un manque à gagner certain pour eux, et une économie substantielle pour l’employeur! Rappelons aussi que la plupart de ces enseignants abattent avec passion un immense travail de l’ombre: préparation, corrections, recherches de nouvelles méthodes, réunions… Un enseignant a la responsabilité de plus d’une vingtaine d’élèves. Lors d’une course d’école, il est responsable notamment de la vie et de la santé des écoliers dont il a la charge. S’agissant des vacances, un enseignant a le devoir, sinon l’obligation, d’être présent au minimum une semaine après les promotions, ainsi qu’une semaine avant la rentrée scolaire suivante, ramenant les vacances d’été à 6 semaines au maximum, soit la durée des vacances dont disposent tous les cadres supérieurs de la fonction publique et très souvent du privé. Si quelques vacances supplémentaires s’y ajoutent, ce n’est qu’une maigre compensation face au stress généré par une classe de jeunes dont l’indiscipline va malheureusement croissant. Rappelons que toutes ces vacances interviennent à des dates imposées et coïncident avec les moments les plus chers pour partir. RECETTES ÉVAPORÉES. S’agissant des recettes, notons que l’ouverture de sociétés «panaméennes», comptes off-shore, pour la contre-valeur de 1500 dollars, permettent à un individu localisé à Genève, guidé par un avocat visiblement spécialisé «dans l’optimisation fiscale», de déposer des millions en banque sans payer un centime d’impôts. Les forfaits fiscaux démarrent à Genève à 300 000 francs, alors qu’ailleurs en Suisse, comme à Lucerne ou St-Gall, ils commencent à 600 000 francs. Ces forfaits privent dramatiquement notre canton de 65 millions de francs par année. Les transactions immobilières opérées au travers de sociétés, parfois même domiciliées à Zoug, permettent aux investisseurs de jouir d’un taux d’imposition réduit en regard de ceux qui touchent les salariés. LE PRIVÉ CONCERNÉ. Le mouvement de la fonction publique demande un maintien de la situation, pas une amélioration. Cette lutte a aussi une importance majeure pour le secteur privé. Si l’horaire hebdomadaire augmente dans le public, pourquoi ne suivrait-il pas la même évolution dans le privé? Une des missions de l’Etat est de juguler les rapports de force entre les intérêts privés et l’intérêt général. En affaiblissant la fonction publique, une voie royale est (sciemment) offerte aux intérêts privés, qui peuvent ainsi prédominer, avec tous les risques que cela comporte.» ◼ SECRÉTAIRE SSP . RÉGION GENÈVE I l y a une année, nous diffusions un communiqué sur la conception bien particulière qu’a Pierre Maudet du partenariat social. En effet, sa gestion du dossier des assistants de sécurité publique (ASP) en dit long sur sa volonté de ne pas s’embarrasser de dialogue social. Refus de négociations, prise de décisions unilatérales, rétention d’informations, menace de licenciements ou encore application de sanctions pour l’exemple: le magistrat PLR ne recule devant rien pour faire taire tout avis contraire à sa politique. Nous n’allons pas revenir ici sur les faits déjà dénoncés en mars 2015: les doubles sanctions contre les ASP qui ont débrayé pour défendre leurs conditions de travail, ou encore les mensonges à l’ensemble du personnel au sujet d’un prétendu accord qui n’a jamais existé entre le syndicat et le Département de la sécurité et de l’économie (DSE) concernant le calcul des heures supplémentaires. En revanche, nous nous attarderons sur les nombreux faits survenus depuis, qui confirment au besoin la duplicité du magistrat et son refus du partenariat social. 100% DUMPING. Lors de son entrée en fonction à la tête du DSE, le département chargé de la police et de l’économie, M. Maudet avait annoncé qu’il traquerait et punirait le dumping salarial. Il s’en est révélé le meilleur artisan dans son propre département. Pendant la campagne de votation sur la nouvelle Loi sur la police (LPol), il a trompé la population en expliquant que cette loi serait un rempart contre la privatisation puisqu’elle prévoit que l’Etat ne peut donner des mandats externes qu’à «titre exceptionnel et pour une durée limitée». Mais à peine un mois après l’acceptation, de justesse, de la LPol par le peuple, M. Maudet – qui préparait dans le plus grand secret la privatisation du convoyage de détenus – a fait annoncer aux ASP du Détachement de Convoyage et de Surveillance (DCS) qu’ils se verraient retirer la majorité de leurs tâches. Ces dernières ont été confiées depuis à des employés d’une entreprise privée, non assermentés, pour certains intérimaires, qui travaillent plus pour gagner moins. Vous avez dit dumping? Un projet de loi visant à empêcher la privatisation de toutes tâches régaliennes a été rapidement déposé par le parti socialiste genevois (PSG). Le SSP, qui n’avait pas été consulté sur cette privatisation, a demandé au magistrat d’en suspendre le processus en attendant que le Grand Conseil se positionne sur le projet. Faisant fi du processus démocratique, le magistrat a finalisé la privatisation du convoyage de détenus au 1er novembre 2015. Pourquoi tant de hâte? La réponse est simple. Sachant que l’entrée en vigueur de la LPol allait prendre au moins une année en raison des différents recours déposés à son encontre, M. Maudet a manœuvré en deux temps: d’abord la privatisation, au 1er novembre 2015; puis le transfert du DCS à l’Office cantonal de la détention (OCD), prévu le 1er avril 2016. Le DCS ne dépendant ainsi plus de la police, mais de l’OCD, les restrictions à la privatisation de la LPol ne seraient plus un obstacle. Ce n’est donc pas un hasard si la date d’entrée en vigueur de la LPol choisie par le Conseil d’Etat est fixée au 1er mai prochain, soit un mois après le transfert du DCS. Ce n’est sans doute pas un hasard non plus si le projet de loi du PSG stagne dans les tiroirs de la commission judiciaire et de la police du Grand Conseil. Vous avez dit antidémocratique? Pierre Maudet a toujours refusé d’ouvrir des négociations sur le statut des ASP et sur l’application de l’égalité de traitement par rapport à leurs collègues policiers. Il s’est borné à prétendre que tous les problèmes soulevés par les ASP trouveraient réponse dans un règlement spécifique. Il faisait allusion aux règlements d’application de la LPol, qui se font sans aucune négociation avec le syndicat. Afin de pouvoir prétendre avoir consulté les partenaires sociaux, le magistrat a demandé aux syndicats de se positionner sur des pré-projets de règlement. Les ASP et le SSP se sont montrés très insatisfaits de leurs contenus: non seulement ils ne répondent pas à leurs revendications, mais creuseraient davantage les inégalités de traitement et péjoreraient les conditions de travail. Un grand nombre de propositions de modifications a donc été adressé au Département. SYNDICAT ÉCARTÉ. On apprend aujourd’hui que les règlements d’application sont sur le point d’être publiés. Les versions finalisées n’ont jamais été soumises au SSP, alors que le Conseiller d’Etat s’était engagé à le faire. Le magistrat a, par contre, trouvé le temps de rencontrer les syndicats de police. Notre syndicat a été une fois de plus écarté des séances auxquelles il aurait dû être convié en tant que représentant des membres non-policiers du corps de police. Vous avez dit déni du partenariat social? Le SSP a demandé à Pierre Maudet copie des règlements d’application afin de pouvoir les analyser avant la prochaine assemblée générale des ASP. Refus du magistrat. Sachant que le contenu déplaira, ce dernier préfère laisser le personnel dans l’ignorance en attendant la validation du Conseil d’Etat. Le SSP a alors demandé une rencontre avec M. Maudet. Nouveau refus du magistrat, qui considère qu’une réunion sur ce thème serait «sans objet». On croit rêver. Année après année, nos conclusions restent les mêmes: Pierre Maudet est le magistrat du fait accompli, qui se moque des processus démocratiques, du partenariat social et de l’égalité de traitement. Voici le modèle PLR d’ «ambassadeur du partenariat social». ◼ RÉGIONS . 5 25 mars 2016 . services PUBLICS Agenda militant Face à un Conseil d’Etat arc-bouté sur ses mesures d’économies, les syndicats et associations regroupés dans le Comité unitaire de lutte proposent des pistes de recettes. Et se tiennent prêts à la mobilisation. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FONCTION PUBLIQUE GENÈVE A Genève, la lutte continue COMITÉ UNITAIRE DE LUTTE DE LA FONCTION PUBLIQUE ERIC ROSET . PHOTO L e Conseil d’Etat s’apprête à délester les caisses publiques de 700 millions, voire 1 milliard de francs par an grâce à la baisse du taux d’imposition des bénéfices des entreprises, la RIE III. Il n’a que les mots «propositions d’économies» à la bouche, mais fait la sourde oreille à nos propositions de recettes. Ces propositions, nous les présentons ci-dessous. cés de prendre leur baluchon et de partir chercher fortune ailleurs? Non! Ce n’est pas que la «compétitivité fiscale» qui les retient à Genève. D’autres facteurs comptent: le niveau de formation de la main-d’œuvre, les infrastructures publiques, la qualité de vie, la sécurité, une administration efficace et... la qualité des services publics! SUSPENDRE LE BOUCLIER FISCAL. 79 millions par an: selon les informations fournies aux représentants du personnel par le ministre des Finances, c’est le manque à gagner enregistré par les caisses de l’Etat depuis 2010 à cause du bouclier fiscal. Près de 400 millions de francs offerts aux nantis! En 2011 et 2012, le Conseil d’Etat avait lui-même proposé au Parlement de suspendre cette faveur, au nom de la «santé des finances publiques». Mais, alors qu’il nous demande de renoncer à des prestations, il estime aujourd’hui cette proposition «irresponsable», car elle ferait «fuir les riches contribuables». Ces pauvres contribuables aisés seront-ils for- PLUS DE CONTRÔLEURS FISCAUX. Désarmant de candeur, le chef du Département des finances en personne s’est plaint devant les représentants du personnel du manque d’inspecteurs à même de traquer la fraude fiscale! Le 23 février, c’est le directeur de l’administration fiscale qui expliquait dans la presse que traquer la fraude permettrait de récupérer quelque 600 millions de francs par année. Malheureusement, ajoutait-il, le manque en personnel ne permet d’atteindre que 50 à 60% de l’objectif. En d’autres termes, ce sont quelques centaines de millions supplémentaires qui pourraient être récupérés si l’on engageait un nombre suffisant d’inspecteurs du fisc. Le directeur ajoutait même que ces vérifications approfondies ne sont pas destinées aux petits contribuables, dont la déclaration d’impôt est facilement vérifiable. C’est pour enquêter sur les déclarations d’impôts des gros contribuables, beaucoup plus complexes, que sont formés les inspecteurs. Pour assurer les conditions de travail et les prestations à la population, il faut donc embaucher et former des vérificateurs fiscaux en nombre suffisant! RÉTABLIR LES VASES COMMUNICANTS. Depuis les années 1990, les entreprises publiques sont devenues des établissements autonomes dotés de leur comptabilité propre et tenus à l’équilibre des comptes. Certaines peuvent réaliser des bénéfices et les réinvestir. D’autres sont contraintes de jongler avec les prestations. Ainsi l’aéroport de Genève, propriété publique, réalise-t-il 80 millions de bénéfices, dont il ristourne la moitié à l’Etat. Parallèlement, bénéficiant d’une très grande autonomie, les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) font la Une des journaux pour les millions versés à des tiers et des dépenses somptueuses. Les Services industriels de Genève (SIG), eux, se lancent dans des opérations foireuses et versent des rémunérations scandaleuses à leurs managers. Quant aux Transports publics genevois (TPG), faute de ressources suffisantes, ils ralentissent la fréquence de leurs véhicules afin de respecter la réduction des tarifs voulue par le peuple. Alors qu’on investit à l’aéroport pour garantir plus de vols à bas prix, on supprime des trams et des bus car le prix des billets est trop bas. Il est temps de rétablir les vases communicants en révisant le statut des entreprises autonomes, pour permettre le financement des services déficitaires par les bénéfices réalisés ailleurs. Mises ensemble, les mesures proposées par le comité unitaire de lutte rapporteraient 750 millions aux caisses publiques genevoises. Pourquoi s’en priver? LE 22 AVRIL, ET APRÈS? LA prochaine ren- contre entre le Conseil d’Etat et les syndicats aura lieu le 22 avril. Et au-delà de cette date? Nul ne le sait. Si ce n’est qu’il est important de faire remonter, depuis les assemblées de services et de secteurs, nos revendications et nos besoins. Nous devons aussi assurer, comme nous l’avons fait pour le référendum contre le Personal Stop, le succès de la pétition pour plus de postes, véritable réponse à la «boîte à idées». Tenons-nous prêts, s’ils devaient revenir à la charge avec leurs mesures structurelles, à reprendre la voie qui les a fait reculer en décembre: celle de la mobilisation. Venez nombreux à l’assemblée générale du personnel, le 11 avril prochain! (Voir l’Agenda militant) ◼ Organisée par le Comité unitaire de lutte de la fonction publique. Lundi 11 avril, 20 h, au Palladium. ◼ MÉTAMORPHOSES DU MONDE GLOBALISÉ. ROSA LUXEMBURG, ANTONIO GRAMSCI INACTUELS? LAUSANNE, GENÈVE, PARIS Séminaire et journée d’étude internationale – printemps 2016. Mercredi 13 avril 2016, de 17 h à 20 h 30: Gramsci, Luxemburg et la démocratie. Séminaire et débat avec Antoine Chollet, André Tosel, Federico Oliveri, Farinaz Fassa, Andréa Eggli, Graziella de Coulon, Pauline Milani. Université de Lausanne, centre Walras-Pareto, Salle Anthropole 2014. Mercredi 20 avril, de 17 h à 20 h: Gramsci, Luxemburg: territoires, cultures, stratégie. Avec Fabio Frosini, Umberto Bandiera. Inscription: [email protected]. Un dossier sera envoyé aux inscrits. ◼ CENTENAIRE DE LA CONFÉRENCE DE KIENTAL POUR LA PAIX BERNE Débats, conférences et exposition autour de la réunion socialiste contre la guerre qui s’est tenue du 24 avril au 30 avril 1916 dans le village de Kiental (Oberland bernois). Du 22 au 24 avril, à l’Hôtel Bern (Berne) et à l’Hôtel Bären (Kiental). Programme détaillé (en allemand) sur le site: www.robertgrimm.ch ◼ «WADJA» LAUSANNE Wadjda, 12 ans, est une fille pleine de vie, qui ne rêve que d’une chose: s’acheter un vélo! Difficile dans une société où les vélos sont réservés aux hommes. Un film de Haiffa Al Mansour, Arabie Saoudite, 2012. Jeudi 31 mars, 20 h 30. Pôle Sud. ◼ LE REVENU MINIMUM DE BASE: UTOPIE OU MENACE? GENÈVE Débat contradictoire autour de la votation sur le revenu minimum de base, le 5 juin prochain. Grande salle du SIT, 16, rue des Chaudronniers. Jeudi 7 avril, 18 h ◼ Impressum JOURNAL DESTINÉ AUX MEMBRES DU SSP PARAÎT TOUS LES 2 VENDREDIS DU MOIS ÉDITEUR RESPONSABLE SSP-VPOD Stefan Giger Secrétaire général Case postale 8279 8036 Zurich www.ssp-vpod.ch RÉDACTEUR RESPONSABLE Guy Zurkinden Case postale 1360 1001 Lausanne Tél. 021 340 00 00 Fax 021 340 00 09 E-mail: [email protected] IMPRESSION Atar Roto Presse SA, Genève 4 . RÉGIONS services PUBLICS . 15 avril 2016 FRIBOURG UNE INJUSTICE QUI DOIT ÊTRE RÉPARÉE GENÈVE DUMPING SOCIAL CHEZ GLOBAL EXCHANGE UNE PÉTITION POUR REVALORISER LES ASSISTANTS SOCIO-ÉDUCATIFS GLOBALE ARNAQUE À L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE GENÈVE! L a fonction d’assistant socio-éducatif (ASE) est nouvelle. Elle a été créée en 2007, en même temps que la fonction d’aide en soins et santé communautaire (ASSC). Cette profession prend de plus en plus d’importance dans les institutions spécialisées. Depuis la création de la fonction d’ASE, le Département de la santé et des affaires sociales (DSAS) du canton de Fribourg tente d’en faire la promotion et de la valoriser, afin de disposer dans les institutions de personnel formé au niveau CFC. Mais la collocation actuelle de ces ASE, en classe 10 de l’échelle des traitements, est une entrave à cet objectif. En 2012, le Conseil d’Etat fribourgeois a revu la classification de la fonction d’ASSC: cette dernière est passée de la classe 10 à la classe 11. Les fonctions d’ASSC et d’ASE ayant été colloquées ensemble en classe 10 lors de leur création, rien ne justifie désormais que les ASE demeurent en classe 10. En effet, les deux fonctions nécessitent le même niveau de formation (CFC) et occupent la même place dans les structures hiérarchiques. Cette situation problématique est reconnue également par les employeurs. En 2014, la Fédération des organisations du personnel des institutions sociales (FOPIS) et l’Association fribourgeoise des institutions spécialisées (INFRI) ont de- mandé au DSAS d’entrer en matière sur une reclassification de la fonction d’ASE et de demander à la Commission d’évaluation des fonctions (CEF) de procéder à cet examen. Pour l’heure, leur démarche est restée sans réponse. Pour mettre fin à cette injustice, le SSP – Région Fribourg, conjointement avec la FOPIS, a lancé une pétition à la fin mars. Cette pétition vise à appuyer la démarche qui sera prochainement menée auprès de la Commission d’évaluation des fonctions. Elle demande spécifiquement: ◼ Une réévaluation de la fonction d’ASE en classe 11-12, au même titre que les ASSC. ◼ Une réponse du DSAS au courrier émis par INFRI et la FOPIS le 28 avril 2014 à ce sujet, ainsi qu’un appui auprès de la Commission d’évaluation des fonctions. ◼ Des subventions adéquates, afin d’appliquer la mesure de réévaluation de la fonction d’ASE aux institutions subventionnées au travers de la CCT INFRI-FOPIS. Pour signer la pétition, contactez le SSP – Région Fribourg. Toute personne intéressée peut la signer jusqu’à la fin du mois d’avril! ◼ D epuis novembre 2015, le groupe Global Exchange a repris les activités d’American Express, avec trois points de change à Genève. Global Exchange est une société transnationale espagnole, spécialiste dans la prestation de services de change de devises dans des aéroports internationaux. Elle contrôle plus de 120 bureaux de change dans le monde, entre autres en Amérique latine, Russie, Suisse, Maroc, Israël et Espagne. Depuis l’arrivée de Global Exchange à l’aéroport international de Genève, la sous-enchère salariale est devenue la règle. Les nouveaux engagés reçoivent un salaire mensuel de 3400 francs brut par mois, contre 4300 pour les anciens. Global Exchange est aussi coupable de violations des droits élémentaires de ses salariés. Le non-respect des droits syndicaux, la surveillance électronique du personnel, une ambiance de peur et des menaces de licenciement sont le lot quotidien des employés œuvrant dans cette entreprise. Les travailleurs locaux sont régulièrement remplacés par de la main d’œuvre étrangère payée au lance-pierre, créant une sous-enchère salariale et établissant une division entre le personnel. Quarante-sept personnes sont employées à Genève. Depuis décembre dernier, pas moins de onze travailleurs ont été licenciés pour des motifs farfelus. Nous nous trouvons donc face à un licenciement collectif, sans le respect des procédures légales. Au cours d’une conférence de presse organisée le 6 avril dernier, plusieurs travailleurs ont témoigné du cauchemar qu’ils vivent. Une fois encore, le SSP déplore la politique de sous-enchère salariale parrainée par la direction de l’aéroport. Notre syndicat espère que le changement de directeur sera l’occasion d’une prise en compte de la responsabilité sociale que doit assumer une entité publique. Le SSP – Groupe trafic aérien a alerté la direction de l’aéroport, l’office cantonal de l’emploi et le Département de la sécurité et de l’économie de la casse sociale en cours à l’aéroport. Les travailleurs sont motivés pour se battre et le conflit social prendra de l’ampleur si les dirigeants de Global Exchange ne modifient pas radicalement leur politique du personnel. ◼ JAMSHID POURANPIR CATHERINE FRIEDLI GENÈVE PÉTITION DU PERSONNEL DE L’HOSPICE GÉNÉRAL GENÈVE LE CONSEIL D’ÉTAT S’ENTÊTE POUR LES TRAVAILLEURS SOCIAUX, LA COUPE EST PLEINE CONTRE L’AUSTÉRITÉ, LE COMITÉ UNITAIRE RELANCE LA MOBILISATION L e 23 mars dernier, le personnel de l’Hospice général, appuyé par les syndicats, a tenu une conférence de presse. Nous avons expliqué à quel point la coupe était pleine. Dans un contexte de travail à flux tendu, l’Hospice Général a vu les demandes de prestations augmenter de 62% alors que sa subvention n’a pas bougé. La direction tente de trouver des solutions à coups de groupes de travail, boîtes à idées et autres, ce qui revient à changer la forme du contenant sans modifier le contenu. En ce qui concerne les prestations, le personnel refuse de devenir un bancomat sur pattes: le travail social nécessite des moyens pour l’accompagnement, l’insertion et la réintégration dans la société. Lorsque le Comité unitaire de lutte propose des recettes fiscales supplémentaires au Conseil d’Etat, la réponse est répétée en boucle: cela fera partir les riches et les grandes entreprises de notre canton! Pourtant, la perte de moyens pour l’Hospice général signifie: davantage de personnes qui dorment dans les parcs, dans les allées ou dans la rue; davantage de jeunes sans projet professionnel ou de formation; davantage de personnes sans réel projet de réinsertion dans notre société. Ce climat social ne fera-t-il pas partir les grosses fortunes et les grandes entreprises du canton? Après sept jours de grève, onze manifestations du personnel, la saisie de la direction, du Conseiller d’Etat et du Conseil d’Administration, c’est un cri de désespoir que le personnel de l’Hospice général transmet au travers de la pétition. Cette dernière a récolté, en moins de trois semaines, les signatures des deux tiers du personnel. Chaque jour, l’unique tri des urgences pèse sur les collègues: ai-je fait le bon choix? Est-ce que j’aurais dû prioriser plutôt le père de famille qui sombre dans l’alcool? Ou la mère de quatre enfants, endettée et qui risque de perdre son logement? Ou encore ce jeune déboussolé et sans repères? Espérons tous que nous n’aurons pas à subir les conséquences de situations de détresse désespérées... C’est en formant un petit cortège et en vendant des pâtisseries aux passants afin de trouver les 10 millions nécessaires au bon fonctionnement de l’Hospice que les syndicats et la commission du personnel ont déposé leur pétition. Il est fort possible que cette démarche se généralise. En attendant, la mobilisation se prépare! ◼ FILIPPA CHINARRO I nterrompues depuis le 22 mars, les rencontres entre les représentants du personnel et la délégation du Conseil d’Etat vont reprendre le 22 avril prochain. Dans ce contexte, le souhait exprimé par le président du gouvernement de voir «commencer de vraies négociations» a de quoi inquiéter. Enfermé dans son dogmatisme budgétaire, le Conseil d’Etat a refusé de négocier sur les propositions de recettes nouvelles que nous lui avons soumises. Il est dès lors à craindre que la notion de «vraies négociations» couvre la volonté du gouvernement de revenir à l’attaque avec son objectif de réduction de la charge de fonctionnement de l’Etat par une baisse de 5% par an de la masse salariale. Prétextant l’urgence de rembourser une dette qui reste relativement légère en comparaison internationale, le Conseil d’Etat s’entête dans une logique d’austérité. Nos craintes ne peuvent qu’être confortées par les accommodations comptables auxquelles s’est livré le gouvernement en transformant les résultats bénéficiaires de l’exercice 2015, plus de 200 millions, en déficit grâce à une provision qui aurait pu être étalée sur plus de 12 ans. Cette liberté prise avec les chiffres permet par ailleurs au Conseil d’Etat de se dégager autant de l’accord signé avec les organisations syndicales que du vote du Grand Conseil favorable au versement de l’annuité au personnel de l’Etat. De plus, par la dramatisation à souhait de la situation de la caisse de retraite, le Conseil d’Etat essaie de peindre le diable sur la muraille et de faire croire que la population devra casquer pour garantir la pérennité d’une caisse qui n’est de loin pas en péril. Enfin, en refusant de déposer un budget, le gouvernement condamne les services publics à se priver des centaines de postes qui avaient été budgétés et font cruellement défaut. Face à ces craintes, le comité unitaire a décidé de relancer les mesures de mobilisation du personnel, seul moyen de faire valoir nos revendications et de ramener le Conseil d’Etat à la raison. Lundi 11 avril, l’assemblée générale du personnel a validé les revendications qui seront adressées au gouvernement et décidé de reprendre la mobilisation. Elle a aussi demandé la démission des conseillers d’Etat François Longchamp (PLR) et Serge Dal Busco (PDC). Parallèlement, les organisations représentatives du personnel œuvrent à l’organisation, le samedi 28 mai, d’une large manifestation populaire contre l’austérité. ◼ COMITÉ UNITAIRE DE LUTTE DE LA FONCTION PUBLIQUE