Nous devons nous préparer à la grève - SSP

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Nous devons nous préparer à la grève - SSP
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25 septembre 2015
«Nous devons nous préparer à la grève»
GENÈVE – Pour les syndicats, le budget 2016 présenté par le Conseil d’Etat est une
véritable déclaration de guerre. Le point avec Jean-Louis Carlo, coprésident du SSP –
Région Genève.
L
e 9 septembre dernier, le Conseil
d’Etat genevois au complet
dévoilait son projet de budget
pour l’année 2016. Un exercice
préparé par l’annonce opportune, à la
fin du mois d’août, d’un trou de
200 millions de francs dans ses caisses.
Selon les mots du ministre (PDC)
des Finances, Serge Dal Busco, l’adoption de ce budget marquerait un tournant: «Aujourd’hui, nous allons vers
une diminution des charges et non
plus vers une diminution de leur
hausse» 1. Un objectif qualifié de «nonnégociable» par le magistrat. Pour y
arriver, le Conseil d’Etat a mis sur pied
une liste impressionnante de coupes,
qui portent tant sur les dépenses en
personnel que sur les prestations.
Face à ce budget d’austérité, les syndicats déterrent la hache de guerre.
Alors que pour le Cartel intersyndical
«l’heure de la mobilisation générale a
sonné», le SSP dénonce «la déconstruction contrôlée et systématique de la
fonction publique» et appelle à des
mesures de lutte à la hauteur des
attaques. Questions à Jean-Louis Carlo,
co-président de la région Genève.
Le Conseil d’Etat a annoncé
des coupes à hauteur de 70 millions
dans le budget 2016. Pour le
personnel, les mesures seront
radicales…
Jean-Louis Carlo – Le catalogue de
mesures est impressionnant: il y a
d’abord l’augmentation du temps de
travail de 40 heures à 42 heures hebdomadaires. C’est un terrible retour en
arrière et un très mauvais signal pour le
secteur privé aussi, qui montre que le
combat est le même pour tous les travailleurs. Il y a ensuite le non-remplacement des départs naturels, dans
l’objectif de faire baisser de 5% la
masse salariale en trois ans. Une
mesure qui signifie aussi envoyer au
chômage les 1500 jeunes qui ne trouveront pas de place de travail à l’Etat. La
réduction générale de 1% sur toutes les
dépenses générales aura des effets dramatiques: alors que le peuple avait
accepté l’initiative demandant des
moyens supplémentaires pour les
EMS, on va au contraire leur couper les
vivres; même chose pour l’hôpital cantonal, qui a pourtant déjà vu 500 postes
biffés au cours des dernières années.
Dans le fond, ce sont toutes les prestations à la population qui seront remises
en cause. Le gouvernement est allé
jusqu’à augmenter les tarifs TPG, au
mépris de la votation populaire! Il
prévoit aussi de faciliter les procédures
de licenciement, reconduire le blocage
des annuités et engager les nouveaux
salariés deux annuités en dessous.
Comment expliquer ces mesures?
Le projet de budget proposé est
irresponsable et complètement soumis
à l’idéologie néolibérale. Il ne faut pas
oublier que, depuis la fin des années
1990, la même majorité de droite fait
voter des baisses d’impôts successives
qui profitent aux nantis. Si on les additionne, on s’approche de 1 milliard de
manque à gagner, chaque année, pour
les coffres de l’Etat! Nous sommes face
à une politique volontaire: l’exécutif met
en exergue une crise financière qui a été
planifiée par des baisses d’impôts
depuis une quinzaine d’années, dans le
but de casser la fonction publique. Sans
compter que la baisse du taux d’imposition à 13% prévue en cas d’acceptation
de la RIE III par le Parlement fédéral
entraînerait un nouveau manque à
gagner de 500 millions pour le canton –
tout cela pour faire des cadeaux aux
sociétés de trading qui affament le tiers
monde!
Quelle doit être la réponse syndicale?
En 2015, ce sont surtout les enseignants qui s’étaient mobilisés contre
les économies imposées par le Conseil
d’Etat, car ils étaient les premiers
concernés. Même si nous avions
arraché quelques concessions, nous
n’avions pas su construire un rapport
de forces capable de faire reculer le
gouvernement de manière significative. Aujourd’hui, nous devons aller
au-delà du rituel des petites mobilisations et imposer un NON clair et net au
gouvernement. Sans cela, c’est la destruction de trente années d’Etat social
qui menace: si on ne dit pas stop
aujourd’hui, il ne restera plus grandchose à défendre demain.
Nous devons construire le rapport de
forces dès aujourd’hui. Il n’y a rien à
négocier sur le projet de budget. Le SSP
a donc invité le Cartel à rompre les négociations avec le Conseil d’Etat, y compris
sur le projet SCORE, et lui opposer l’unité
syndicale la plus large. Une assemblée
générale doit réunir toute la fonction
publique pour qu’elle décide de mesures
de lutte à la hauteur des enjeux.
INTERVIEW – GUY ZURKINDEN
1
Tribune de Genève, 8 septembre 2015.
«Nous devons aller au-delà du rituel des petites mobilisations et imposer un NON
clair et net».
ERIC ROSET
Le Conseil d’Etat revient sur ses engagements: mobilisons-nous!
FRIBOURG – Les comptes 2015 boucleront sur un important bénéfice, mais l’exécutif
persiste à couper dans les salaires et l’enseignement. La mobilisation contre
l’austérité doit se poursuivre.
L
ors de l’accord entre la FEDE et
le Conseil d’Etat sur les baisses
de salaires prévues de 2014 à
2016, le gouvernement s’était engagé
sur un point: si les comptes sont excédentaires, le solde servira à diminuer
les mesures d’économies touchant le
personnel du service public et parapublic fribourgeois.
Depuis, la fortune de l’Etat de
Fribourg est restée à un niveau élevé
(962 millions de francs au 31 janvier
2014). On est loin de la crise! Même la
Commission des finances et de gestion
du Grand Conseil, présidée par le
député Michel Losey (PLR), a demandé
au Conseil d’Etat d’alléger les mesures
d’économies prévues pour 2016.
48,5 millions dans la poche
Début 2015, la Banque nationale
suisse (BNS) a confirmé qu’elle verserait 48,5 millions de francs à l’Etat de
Fribourg. Un versement inattendu,
non pris en compte lors de l’élaboration du budget 2015 – qui prévoyait un
très léger excédent de 0,2 million.
Les comptes 2015 vont donc clôturer avec un important bénéfice.
Conformément aux engagements du
Conseil d’Etat, ce dernier devrait prioritairement servir à atténuer les
mesures d’économies touchant le personnel.
Or, le discours du gouvernement a
évolué. Plus question de revoir à la
baisse les mesures d’économies. Il
souhaite utiliser les 48,5 millions
versés par la BNS pour créer une nouvelle «provision pour les bénéfices
futurs de la BNS» destinée à offrir une
«certaine stabilité» aux budgets à
venir.
Pourtant, l’abandon des mesures
d’économies en 2016 ne représente-
rait qu’une fraction de ces 48,5 millions: 10 millions environ pour les
coupes salariales; et 4 millions pour les
mesures d’économies dans l’enseignement. Même en annulant l’ensemble de ces mesures, il resterait
34,5 millions pour créer la «réserve»
prévue par le gouvernement!
Les actionnaires avant les salaires
Pourquoi créer une nouvelle provision pour «stabiliser» les budgets à
venir, alors que l’Etat de Fribourg
dispose d’une fortune confortable de
près de 1 milliard?
Si le gouvernement privilégie une
«logique d’économies à tout prix»,
pour reprendre les termes du procureur général Fabien Gasser, il a également l’intention d’offrir de
nouveaux cadeaux fiscaux aux
actionnaires: le Conseil d’Etat a
annoncé son intention de diminuer
massivement l’imposition du bénéfice des entreprises, qui passerait de
19,63% à 13,72% dès 2018.
Conséquence: un manque à gagner
de 39 millions de francs pour les
caisses de l’Etat – probablement for-
tement sous-évalué: dans le canton
de Vaud, la perte est évaluée à 450
millions de francs, en Valais entre 40
et 70 millions de francs – et de 42 millions pour les communes.
Concernant le personnel, le Conseil
d’Etat a confirmé le maintien intégral
des coupes salariales en 2016: contribution dite «de solidarité» (1% sur la
part de revenu dépassant 3000 francs
par mois) et octroi du palier au
1er juillet 2016.
Le Conseil d’Etat veut également
entériner des mesures d’économies
dans l’enseignement. Il prévoit d’augmenter les effectifs dans les classes et
envisage un «salaire à la prestation»: le
salaire des enseignants varierait en
fonction de la grandeur de la classe.
Une mesure inacceptable et dangereuse.
> Les négociations concernant le
personnel enseignant se termineront au début du mois de
décembre. Il s’agit de donner un
signal clair en faveur d’un accord
permettant le retrait de certaines
mesures, en particulier l’augmentation des effectifs par classe et
l’introduction d’un «salaire à la
prestation».
GAÉTAN ZURKINDEN
SECRÉTAIRE SSP – RÉGION FRIBOURG
SSP – Région Vaud
Assemblée des délégué-e-s extraordinaire
La mobilisation doit se poursuivre!
Le 26 juin 2015, plus de 1000 salariés de la fonction publique et parapublique fribourgeoise se sont
mobilisés pour donner un «carton
jaune» au Conseil d’Etat. Depuis, le
gouvernement est resté sourd à nos
Manifestation
Vendredi 13 novembre, 17 h
Place de l’Hôtel-de-Ville, Fribourg
>
>
>
>
demandes. Il faut donc poursuivre la
mobilisation!
Le SSP – Région Fribourg appelle le
personnel du service public et parapublic à une nouvelle manifestation
devant le Grand Conseil, le vendredi
13 novembre. Avec un double objectif:
> Exiger le respect des engagements
du Conseil d’Etat: les députés du
Grand Conseil fribourgeois – qui
débattront du budget 2016 la
semaine suivante – doivent octroyer
le palier au 1er janvier 2016 et mettre
un terme à la politique d’austérité.
Octroi du palier au 1er janvier 2016.
Non au gel des effectifs.
Pas d’augmentation du nombre d’élèves dans les classes.
Non au «salaire à la prestation».
La feuille de route du Conseil d’Etat définissant les modalités d’application de la
3e réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) sera débattue (et probablement
acceptée) par le Grand Conseil fin septembre. Le SSP – Région Vaud devra décider de sa
position et des actions qu’il souhaite entreprendre, et notamment évaluer la question du
lancement d’un référendum cantonal. Une assemblée des délégué-e-s extraordinaire est
prévue à cet effet. Elle est ouverte à toutes les personnes membres de la région, le vote
restant réservé aux seuls délégué-e-s.
Venez nombreuses et nombreux!
Lundi 5 octobre à 19 h
Salle Jean Villard Gilles Maison du Peuple, Place Chauderon 5
à Lausanne
Ordre du jour proposé
1. ODJ et PV.
2. Présentation de la situation.
3. Position du SSP et modalités d’opposition.
4. Divers.
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7 ACTUALITÉ
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30 octobre 2015
Une loi contre la machine à libéraliser
Vers la grève
Le ton monte sur les chantiers. Face
à des entrepreneurs qui refusent
d’améliorer les conditions de travail et
remettent en cause la retraite à 60 ans,
les maçons vont enclencher la vitesse
supérieure. Des grèves sont prévues
dès le mois de novembre, notamment
à Neuchâtel et à Genève. Le
11 novembre, maçons et salariés de la
fonction publique pourraient même se
retrouver coude à coude dans les rues
genevoises!
GENÈVE – Le 16 octobre dernier, le Parlement genevois a adopté une loi qui permettra
au fonctionnaire licencié sans motif fondé d’obtenir sa réintégration. Les révocations
disproportionnées seront désormais annulées.
Syndicats contre
austérité
Dans un «Manifeste syndical contre
l’austérité», la Communauté genevois
d’action syndicale (Cgas) s’engage à
combattre trois «attaques majeures»
qui toucheront la majorité de la population: la troisième réforme de l’imposition des entreprises, une politique
migratoire discriminatoire et le plan
Prévoyance vieillesse 2020. Les syndicats genevois appellent à construire
un large front de lutte contre ces
projets destructeurs. Une initiative à
reprendre au bond!
Compliqué
«S’il y a un double référendum,
cantonal et fédéral, ce sera effectivement difficile d’expliquer pourquoi
l’on vote oui à l’un et non à l’autre.
C’est le problème avec les paquets
fiscaux, ils sont toujours très compliqués», confie la conseillère nationale
(PS) Cesla Amarelle (24 heures,
14 octobre 2015). Alors que leurs
camarades du Parti socialiste suisse
(PSS) parlent de lancer le référendum
contre les cadeaux fiscaux prévus par
la RIE III, une majorité d’élus socialistes vaudois vient de plébisciter une
baisse massive du taux d’imposition
pour les entreprises du canton. Une
position plus complexe à expliquer
que n’importe quel paquet fiscal…
L’adoption de la loi 7526-F est le signal que la colère gronde à l’encontre de la dégradation des conditions de travail et de salaire.
D
ans un contexte de démantèlement de la protection des travailleurs, la loi 7526-F détonne.
D’un point de vue juridique, le Grand
Conseil a accepté un projet rédigé par
l’Alliance de gauche, en 1998, et totalement remanié en 2015 par le
soussigné, membre du Parti socialiste.
Cet amendement modifie les rapports
de travail des fonctionnaires de l’administration, des Hôpitaux universitaires, de l’EMS de Vessy, des
enseignants, du personnel de la police
et de la prison. La réforme acceptée le
16 octobre est le fruit d’une alliance
entre l’Alternative (Socialistes, Verts,
Ensemble à gauche), l’UDC et le MCG
contre le Conseil d’Etat, le PDC et le
PLR.
Les attaques continuent
Il faut toutefois se garder de conclusions hâtives sur les intentions du bloc
de droite (PLR-PDC-UDC-MCG), que
cet épisode n’a pas modifiées. Les
débats sur le budget 2016 et la
3e réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) en attestent et menacent
le service public ainsi que les emplois
au sein de l’Etat et des établissements
publics. Si ces projets aboutissaient, le
budget serait grevé de près de 500 millions de francs par année. Avec une
population en forte augmentation –
plus de 80 000 habitants en quinze ans
– et plusieurs trains d’économies, en
particulier aux HUG, la marge de
manœuvre dont disposent le Conseil
d’Etat et le bloc de droite n’est pas
énorme. En effet, les patrons bénéficient grandement de l’action des autorités et des investissements publics. Il
est donc à prévoir que le Conseil
d’Etat et le bloc de droite se servent
des fonctionnaires et de leurs conditions de travail comme principale
«variable d’ajustement».
Les attaques lancées par les ténors
de la droite concernant les salaires des
agents de l’Etat anticipent le projet de
réévaluation des fonctions SCORE,
qui ne sera sans doute pas sans impact
sur les traitements. Avec la réforme
des retraites, la majorité s’en est prise
au salaire indirect des fonctionnaires,
ces derniers devant travailler et
cotiser plus pour toucher moins. Avec
SCORE, c’est le salaire direct qui est
visé. Mais les fonctionnaires ne
seraient pas les seuls à souffrir. La
réduction du service public est une
diminution du salaire indirect de l’ensemble des travailleurs du canton. En
effet, les prestations fournies par le
service public permettent aux salariés
du privé et du public d’accéder à des
avantages auxquels ils ne pourraient
pour la plupart pas prétendre s’ils
devaient les payer. Les salariés du
privé et les usagers du service public
ne peuvent donc pas se désintéresser
des choix politiques en cours.
La colère gronde
L’adoption de la loi 7526-F est le
signal que la colère gronde au sein des
services à l’encontre de la dégradation
des conditions de travail liées aux
coupes budgétaires à répétition et aux
pratiques managériales qui les
concrétisent. Cette colère peut se faire
entendre. En effet, l’UDC et le MCG
comptent dans leurs rangs de nombreux fonctionnaires et anciens fonctionnaires. Ces partis perçoivent donc
ces tensions et peuvent, en période
électorale, s’y montrer sensibles. La loi
7526-F a en effet été adoptée 2 jours
avant les élections fédérales, après
que le soussigné et la cheffe du groupe
ERIC ROSET
socialiste eurent battu le rappel des
organisations syndicales.
Cet épisode montre que les mobilisations, aussi modestes soient-elles,
sont autant de grains de sable jetés
dans les rouages de la machine à libéraliser. Après le vote du 16 octobre, le
Conseil d’Etat devra abandonner ses
velléités – annoncées avec le projet de
budget 2016 – de supprimer le statut
de la fonction publique. Mais, soutenu
par le bloc de droite, il va redoubler
d’efforts de communication pour présenter le fonctionnaire comme responsable de la dégradation des
services publics. Il présentera une fois
encore les fonctionnaires les plus mal
payés (aides-soignants, nettoyeurs,
commis administratifs, assistants de
sécurité publique, etc.) comme injustement privilégiés par rapport aux salariés du privé. Au lieu de s’indigner que
les entreprises de nettoyage, par
exemple, paient leurs employés moins
de 4000 francs par mois, nos édiles de
droite prônent la sous-enchère pour
tous et aspirent à généraliser ces pratiques au secteur public. Ils vont également continuer à vouloir convaincre la
population qu’il est possible de faire
Petits mais costauds
Les patrons de PME se lamentent
beaucoup. Pourtant, selon le cabinet
d’audit PwC, les salaires des patrons
des petites et moyennes entreprises
cotées en bourse sont en hausse. Le
chef d’une entreprise de taille
moyenne a vu son revenu augmenter
en moyenne de 20% depuis 2007; son
salaire médian a atteint 3,4 millions de
francs en 2014. Du côté des petites
entreprises, le salaire médian des
patrons s’établit à 1,4 million de
francs, en hausse de 16,1% par
rapport à 2007.
mieux avec moins. Il est donc essentiel
que les fonctionnaires parviennent à
susciter une solidarité chez les usagers
en montrant que la dégradation du
service public et de leurs conditions de
travail impactera tous les genevois
.
CHRISTIAN DANDRÈS
DÉPUTÉ – MILITANT SSP – RÉGION GENÈVE
Pas de crise pour les actionnaires
En 2015, les propriétaires des grandes entreprises suisses toucheront des dividendes
encore plus élevés. Une tendance de fond à l’époque du «pur capitalisme».
«L
a crise? Quelle crise?»,
doivent se demander les
actionnaires des entreprises
suisses cotées en bourse. Peu impressionnées par la force du franc et les prévisions conjoncturelles, ces dernières
vont verser à leurs actionnaires plus
d’argent que jamais, annonçait
récemment l’hebdomadaire financier
Finanz und Wirtschaft 1. Pour l’année
2015, les 20 plus grandes sociétés cotées
au SMI devraient payer des dividendes
record, à hauteur de 37,5 milliards de
francs, soit 5% de plus qu’en 2014.
Nestlé, l’entreprise la plus généreuse,
devrait reverser 7,3 milliards de francs à
ses actionnaires. Novartis et Roche distribueront chacune plus de 7 milliards
de francs; UBS et Zurich assurance, plus
de 2,5 milliards; ABB, 1,6 milliard;
Swisscom et Syngenta, plus de
1,1 milliard chacune.
Tendance lourde
Les actionnaires sont à la fête.
Comment l’expliquer, alors que le mot
«austérité» est dans toutes les bouches?
Pour le gérant de fonds Dan Roberts, le
phénomène est international: «Les entreprises du monde entier investissent de
plus en plus leurs bénéfices là où ils sont
avant tout rentables pour les propriétaires des sociétés. Les activités dans le
domaine des fusions et des reprises sont
donc à un très haut niveau, de même que
la somme des rachats d’actions et des
versements de dividendes» 2. Et de citer
une étude selon laquelle les entreprises
recensées par l’indice boursier MSCI
World – qui mesure la performance des
marchés boursiers au sein des économies les plus importantes de la planète –
ont réduit leurs investissements de 6%,
tout en augmentant leurs versements
aux actionnaires de 15%. Pour Dan
Roberts, tout laisse donc penser que
cette tendance à l’augmentation des dividendes se poursuivra.
Capital et travail
Dans un livre consacré à l’actuelle
mondialisation capitaliste, l’économiste
français Michel Husson constate aussi
l’augmentation des profits financiers au
détriment de l’investissement productif3.
Il relie cette évolution à une troisième
donnée: la baisse de la part salariale, qui
touche la majeure partie des pays de la
planète depuis la fin des années 80.
Michel Husson dessine l’explication sui-
vante: les gains de productivité réalisés
par les entreprises ne reviennent plus
aux salariés, dont le pouvoir d’achat est
bloqué, mais aux profits. En l’absence
d’une demande suffisante, une grande
partie de ces profits n’est pas investie,
mais distribuée aux actionnaires sous
forme de profits financiers.
Conséquence: la croissance économique
est molle, tandis que les inégalités augmentent. Un scénario qui n’épargne pas
la Suisse. GZ
1
Finanz und Wirstschaft, 7 octobre 2015.
Indices, supplément financier de L’Agefi,
octobre 2015.
3
Michel Husson: Un pur capitalisme.
Editions Page Deux, 2008.
2
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13 novembre 2015
En grève contre un recul historique
GENÈVE – La grève a été largement suivie. Sur les piquets, les préoccupations
portaient sur les conditions de travail comme sur l’avenir du service public.
Paroles de grévistes
«
SI ON FACILITE LES LICENCIEMENTS, DES PERSONNES SERONT
VIRÉES À QUELQUES ANNÉES DE LA RETRAITE PARCE QU’ELLES NE
SONT PLUS AUSSI PRODUCTIVES. ÇA FAIT PEUR.
»
JOSÉ LUIS, BRANCARDIER.
«
AVEC LES MESURES D’ÉCONOMIES, IL Y AURA PLUS DE
CHÔMEURS ET MOINS DE CONSEILLERS. ON VA DEVOIR BÂCLER AU
NIVEAU DE LA QUALITÉ. C’EST INACCEPTABLE.
»
ANTONELLA, CONSEILLÈRE EN EMPLOI.
«
L’HÔPITAL ANTICIPE DÉJÀ LA RIE III EN COUPANT DES POSTES.
SI ON NE BOUGE PAS, CE SERA LA DISPARITION DE LA FONCTION
PUBLIQUE.
»
JEAN-FRANÇOIS, TECHNICIEN EN ANALYSES BIOMÉDICALES.
«
ERIC ROSET
M
ardi matin dès l’aube, un
piquet de grève accueille les
salariés de l’Office cantonal
de l’emploi du canton de Genève.
Grévistes et militants proposent
tracts, badges et verres de thé aux
salariés encore indécis, les invitant à
se joindre au mouvement. Au même
moment, à l’entrée d’Uni Mail, le
bâtiment qui abrite la faculté des
sciences humaines de l’Université de
Genève, les étudiants sont venus
renforcer les bibliothécaires, le
personnel administratif et les assistants en grève; dans le hall d’entrée,
une énorme banderole verticale est
déroulée. On peut y lire, en lettres
majuscules: «Uni en grève».
Aux Hôpitaux universitaires de
Genève (HUG), personnel soignant,
brancardiers, laborantins et administratifs diffusent des tracts dans le hall
d’entrée avant de tenir leur assemblée.
En milieu de matinée, sur le boulevard
Carl-Vogt, les grévistes du Service de
protection des mineurs rejoignent
leurs collègues policiers et gardiens de
prison pour improviser un meeting.
Ces scènes se sont répétées dans la
presque totalité des services de l’Etat.
Dans les écoles, l’adhésion a été
massive: près de 86% des classes du
degré primaire étaient fermées; dans
le secondaire, 65% à 75% des enseignants ont fait grève. Dans certains
établissements, le taux frôlait les 80%.
Le Conseil d’Etat genevois n’avait
pourtant pas ménagé ses efforts pour
décourager la mobilisation. La veille, il
tenait une conférence de presse pour
«appeler les grévistes au dialogue»…
tout en réaffirmant sa volonté de
réduire les charges de personnel de
5% en trois ans. Serge Dal Busco, le
chef des Finances, appelait la fonction
publique à accepter un «atterrissage
en douceur»(!) Un discours repris en
chœur par la presse bourgeoise.
Economies massives
ERIC ROSET
Leurs arguments n’ont pas
convaincu. «Le problème n’est pas le
prétendu déficit annoncé pour 2016,
déjà revu à la baisse. Ils veulent anticiper la baisse de la fiscalité pour les
grandes entreprises, qui entraînera
des économies par millions», explique
Daniel, technicien en analyses biomédicales. «Les mesures sont trop massives. Si on ne bouge pas, c’est la
disparition de la fonction publique»,
renchérit son collègue Jean-François.
Les attaques sont en effet brutales:
augmentation du temps de travail à
42 heures hebdomadaires – la semaine
de 40 heures a été conquise en 1998
après 14 années de lutte –, suspension
des annuités, non-remplacement des
départs naturels, facilitation des licenciements, pour ne citer que quelquesunes des 92 mesures décidées par
l’Exécutif. Qui se traduiraient, selon
les syndicats, par la suppression de
1800 postes de travail. «Jamais depuis
les années 1930 les services publics
n’ont subi une attaque d’une telle
ampleur», résume le comité de lutte
des services publics, qui regroupe les
syndicats et associations professionnelles des services publics.
trée en vigueur d’une loi dont il est le
fervent défenseur et qui devrait entrer
en vigueur dès 2018, soit dans moins
de trois ans. De quoi s’agit-il?
Il s’agit tout simplement de l’adaptation au plan local du 3e volet de la
réforme de l’imposition des entreprises actuellement en discussion aux
Chambres fédérales. Mise sous pression par l’Union européenne, la Suisse
se doit de supprimer les traitements de
faveur accordés aux multinationales
qui, rappelons-le, bénéficient en
Suisse d’un taux d’imposition largement inférieur à celui des entreprises
«autochtones». De ce fait, la loi qui va
sortir des Chambres va supprimer ces
régimes de faveur et instaurer le principe de l’égalité de traitement dans
l’imposition des bénéfices des entreprises. Partant, c’est aux cantons
d‘adapter leur taux d’imposition,
celui-ci étant de leur ressort.
Ainsi, le Conseil d’Etat genevois a,
à plusieurs reprises, et ce déjà depuis
2013, annoncé sa volonté de fixer le
taux unique d’imposition à 13 ou
13,5%. Actuellement, ce taux est de
11% pour les multinationales étrangères et de 24% pour les entreprises
locales.
D’après le Département cantonal
des finances et la commission des
finances du Parlement fédéral, l’introduction du nouveau taux devrait se
traduire par un manque à gagner
CE N’EST PAS EN FAISANT DES CADEAUX FISCAUX AUX NANTIS
ET EN METTANT DE CÔTÉ LE PETIT PEUPLE QU’ON ARRIVERA À UN
ÉQUILIBRE ENTRE LES CLASSES.
»
STÉPHANE, INTERVENANT EN PROTECTION DE L’ENFANCE.
«
AUJOURD’HUI, IL N’Y A PLUS QUE LA COMPÉTITION. J’EN VOIS
LES CONSÉQUENCES AU BOULOT: DE PLUS EN PLUS DE JEUNES ONT
DES PROBLÈMES PSYCHIQUES. J’AI AUSSI DES ENFANTS. LAISSER
PARTIR NOS ACQUIS SANS RÉAGIR, C’EST IMPOSSIBLE.
«
»
ANTONIO, GESTIONNAIRE EN PÉDIATRIE.
ON N’A PAS VU UNE TELLE MOBILISATION DEPUIS LES ANNÉES
1990.
»
Coût social
Sur les piquets, le souci de préserver le service public est omniprésent.
Comme chez Stéphane, qui travaille
au Service de protection des mineurs:
«On se bat pour nos droits, mais aussi
parce qu’on ne pourra plus accompagner des personnes qui ont besoin de
se réinsérer dans la société. Ce sont les
petites gens qui en paieront le prix.»
A 14 h 30, les grévistes ont convergé vers la salle du Palladium. C’est
avec enthousiasme qu’une salle
comble – 1500 personnes! – a voté la
reconduction de la grève. Une gigantesque manifestation regroupant près
de 12 000 salariés a ensuite défilé dans
les rues de Genève. Le lendemain, au
matin, les employés de l’Etat et du
secteur subventionné ont été rejoints
par 3000 maçons en grève – avant de
décider, quelques heures plus tard, de
ALBERT, ENSEIGNANT.
continuer le mouvement jeudi. Au
coude à coude sur le pont du MontBlanc, des milliers de maçons et fonctionnaires ont donné un bel exemple
de l’union, plus nécessaire que jamais,
des travailleurs du public et du privé.
GUY ZURKINDEN
RÉDACTEUR
ERIC ROSET
Seraient-ils devenus fous?
Mise en perspective d’une attaque historique.
A
la lecture des propositions du
gouvernement, on pourrait
commencer à douter de la
santé mentale de nos édiles, ou se
demander si, comme au début des
années 1990, ils ne laisseraient pas
libre cours à des dizaines d’années
d’accumulation de haines idéologiques contre la fonction publique.
Force est de constater que ce n’est
pas la folie qui guide les pas du gouvernement genevois, mais bel et bien une
logique, justement, de gouvernement.
Gouverner c’est prévoir
Le gouvernement cantonal assume
pleinement son rôle en anticipant l’en-
annuel de quelque 500 à 750 millions
alors que certains, à Berne, évoquent
plutôt le chiffre de 1 milliard de francs
par an. Une perte de rentrées fiscales
de cet ordre aurait signifié, l’an passé,
se priver de tous les investissements
de l’Etat (pour les écoles, les hôpitaux,
les routes, les transports publics…) ou
de 7,5% du budget total de l’Etat!
En faveur des… plus riches
Et c’est cet Etat aux ressources
réduites qui devrait assumer en tout
cas autant si ce n’est plus de tâches
d’utilité publique. On peut en effet
estimer que, contrairement à certaines projections lénifiantes, les
besoins sociaux vont augmenter. En
effet, la population continue à vieillir et
exige plus d’EMS et de prise en charge
médicale, tandis que, de son côté, la
population scolaire – actualité migratoire oblige – va aussi croître, tout
comme le besoin en transports publics
sans parler des urgences en matière
de protection de l’environnement.
Le personnel est appelé à se sacrifier pour permettre un cadeau fiscal
d’au moins 500 millions de francs par
an aux plus riches. Il s’agit, ni plus ni
moins, de puiser dans les poches de
celles et ceux qui travaillent pour
garnir celles de celles et ceux qui font
travailler leur argent (3 novembre
2015).
PAOLO GILARDI
MILITANT SSP – RÉGION GENÈVE
www.ssp-vpod.ch
4 RÉGIONS
Services
Publics
13 novembre 2015
Pierre Maudet étend le champ des privatisations
GENÈVE – Après le convoyage des détenus, le magistrat s’attaque au contrôle et à la surveillance de la prison de
Champ-Dollon. Le syndicat dénonce un dumping salarial.
pension de toute décision sur le
convoyage des détenus jusqu’à ce que
le Parlement se soit prononcé sur le
projet de loi qui lui a été soumis.
A
Au tour de la prison
lors même que la commission
judiciaire du Grand Conseil
genevois débat d’un projet de
loi (PL 11662) qui vise à garantir que le
convoyage reste entre les mains de
l’Etat, le conseiller d’Etat (PLR) Pierre
Maudet pratique la politique du fait
accompli. Le 1er novembre, il a confié
le transport des détenus à l’entreprise
privée Securitas. Une décision
dénoncée comme «unilatérale et antidémocratique» par Christian
Dandrès, député (PS) à l’origine du
projet de loi. Le SSP – Région Genève,
de son côté, a dénoncé par communiqué de presse un dumping salarial mis
en œuvre par l’Etat: «La privatisation
conduirait à une dégradation des
conditions de travail à tout point de
vue (salaire, nombre d’heure de
travail, travail sur appel, etc.).» Les
assistants de sécurité publique (ASP),
jusqu’alors en charge du convoyage
des détenus, ont été fortement
«incités» à postuler pour un changement d’affectation à la police de
sécurité internationale (PSI). Ils
passeront ainsi du travail de
convoyeur à celui de garde d’ambassade, un autre métier. Pour les ASP, ce
changement aura des conséquences
significatives, comme la perte de
certains acquis ou le blocage de plans
de carrière. Le SSP exige donc la sus-
Pierre Maudet n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Dans son édition
du 6 novembre, le quotidien Le Temps
dévoilait que le conseiller d’Etat envisage de privatiser le poste de contrôle
à l’entrée de la prison de ChampDollon ainsi que la surveillance de son
enceinte extérieure. Concrètement,
les tâches prises en charge par les
agents de détention pourraient être
reprises par des agents privés. Des
services œuvrant dans le domaine de
la réinsertion (Service de probation et
d’insertion, Ateliers Feux-Verts) sont
aussi dans le collimateur du conseiller
d’Etat et pourraient être externalisés.
Interpelé par Le Temps au sujet de
ses projets, Pierre Maudet a refusé de
parler de privatisation des activités
carcérales. Sa porte-parole a invoqué
un «travail de clarification et de répartition des rôles lorsque la situation est
floue», à l’instar de ce qui a été fait
pour le convoyage des détenus. Les
chiffres publiés par le quotidien Le
Temps, eux, sont loin d’être flous: un
agent carcéral assermenté par l’Etat
coûte aujourd’hui environ 142 000
francs par an; le coût d’un agent privé
serait de 90 000 francs. Vous avez dit
dumping?
SERVICES PUBLICS
Soutenez les ex-grévistes licenciés de Gate Gourmet à Genève!
Des personnalités genevoises lancent un appel de soutien financier aux ex-grévistes
de Gate Gourmet.
G
ate Gourmet est une des principales entreprises de catering
aérien au monde: présente
dans 32 pays, avec plus de
27 000 salariés. Pour accroître sa rentabilité, dès 2012, elle a décidé d’une
importante compression «des coûts»,
entre autres au sein de son unité de
l’aéroport de Genève. De manière unilatérale, elle a dénoncé la CCT
(Convention collective de travail) et
imposé une dégradation accrue des
conditions de travail. Pour certains
salariés, les baisses de salaire s’élevaient à plusieurs centaines de francs
par mois.
En septembre 2013, des salariés de
Gate Gourmet (Genève) se sont mis en
grève. Ils avaient tenté en vain de
trouver un compromis avec leur
employeur. Après huit mois d’une
lutte courageuse, ils ont été licenciés.
L’OCIRT (Office cantonal de l’inspection et des relations du travail)
avait procédé à un contrôle des
salaires au printemps 2014. Or, la
direction de Gate Gourmet avait temporairement compensé les pertes
salariales. Ce qui, étonnamment, a
empêché l’OCIRT de constater une
baisse de salaire! Les salariés auraientils fait grève, avec la chute de revenu
qui en découle, sans «motif valable»?
Poser la question, c’est y répondre.
Baisse de salaire massive
Par la suite, la baisse de salaire
massive a été vérifiée. Pourtant, elle
n’a pas été considérée comme du
dumping salarial selon le droit suisse
(c’est-à-dire selon les normes des mal
dites «mesures d’accompagnement» à
la libre circulation des personnes
censées protéger les salariés).
A ce jour, malgré l’engagement
d’un conseiller d’Etat, plusieurs salariés n’ont pas été reclassés. Donc
celles et ceux qui – dans leur droit et
avec dignité – ont tenté de résister au
dumping salarial subissent une
double peine: tout d’abord un licenciement; ensuite un chômage prolongé.
Quel message envoie le Conseil
d’Etat par son silence et son inaction?
Il est double: d’une part, dans la
«Genève internationale» l’action
directe, la grève, contre des salaires de
misère ou une baisse du salaire n’a pas
lieu d’être; de l’autre, il faut faire
Cours de formation SSP
Un paysage scolaire en transformation: mieux comprendre pour
mieux agir
> Quelles sont les principales caractéristiques du système de formation en Suisse et comment a-t-il évolué ces dernières années?
> Quels sont aujourd’hui les enjeux du point de vue de la défense de l’école publique et des conditions d’enseignement?
Ce cours vise à donner des outils pour mieux cerner les tendances à l’œuvre et pouvoir ainsi mieux agir pour y faire face. Il présentera
quelques données et statistiques afin de mettre en lumière la réalité de l’école et des professionnel-le-s qui y travaillent. Il abordera
également les grandes orientations des politiques scolaires et tentera de décrypter les enjeux qui se cachent derrière des termes comme
Harmos, PISA, «standards de formation» ou «monitorage de l’éducation».
La discussion entre les participant-e-s permettra d’éclairer les répercussions de ces changements sur le quotidien des enseignant-e-s,
ainsi que les similitudes et différences entre les systèmes cantonaux et entre les degrés. Ce sera aussi l’occasion de réfléchir ensemble
aux stratégies et aux campagnes que devrait mettre en place un syndicalisme enseignant progressiste.
Ce cours est principalement destiné aux enseignant-e-s de l’école obligatoire et postobligatoire, quel que soit leur secteur ou degré
d’enseignement.
Intervenant: Philippe Martin, secrétaire central SSP
Mercredi 25 novembre 2015, de 14 h à 18 h
Lausanne, Buffet de la Gare CFF
Gratuit pour les membres du SSP (frais de repas inclus).
Les non-membres paient 150 francs.
confiance, individuellement, aux calculateurs de salaire en ligne et à «nos
spécialistes qui renseignent les travailleurs et les employeurs» (Office
cantonal de l’inspection et des relations du travail).
Les licenciés de Gate Gourmet ont
combattu la sous-enchère salariale
non pas avec des mots, mais par leur
action pratique. Il faut les soutenir.
Merci de verser votre soutien au CCP
14-99428-9, Association de solidarité
avec les anciens grévistes de GG, p.a.
CP 6150, 1211 Genève 11
L’intégralité des sommes reçues
sera reversée aux grévistes licenciés.
CHRISTIAN DANDRÈS – AVOCAT, DÉPUTÉ
AU GRAND CONSEIL DE GENÈVE
NILS DE DARDEL – AVOCAT, ANCIEN
PARLEMENTAIRE FÉDÉRAL
MAURIZIO LOCCIOLA – AVOCAT
ROMOLO MOLO – AVOCAT
BERNARD SCHLAEPFER – TECHNICIEN
JEAN ZIEGLER – MEMBRE DU COMITÉ
CONSULTATIF DU CONSEIL DES DROITS DE
L’HOMME DES NATIONS UNIES
L’Institut de formation des syndicats www.movendo.ch
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Ce que nous attendons : des personnes qui s’engagent, aiment débattre, des militants et
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participer
à au moins
manifestations
durant l’année.
prêtes à participer à au moins deux manifestations durant l’année.
Programme de la journée : voir au verso
Programme
de la journée : 2015
voir au verso
Date : PDUGLQRYHPEUH
Durée
: de 9 h à 16 h 302015
Date
: PDUGLQRYHPEUH
Lieu :: de
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Durée
9 h à 16 h 30
La :participation
à la journée est gratuite.
Lieu
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La participation à la journée est gratuite.
Intervenants et intervenantes : L’Institut de formation des syndicats www.movendo.ch
Matthieu
Leimgruber,
et professeur: à l’Université de Genève
Intervenants
ethistorien
intervenantes
Paul
Rechsteiner,
président
de l’USSetetprofesseur
conseiller aux
États
Matthieu
Leimgruber,
historien
à l’Université
de Genève
Doris
secrétaire
dirigeante
de l’USS
PaulBianchi,
Rechsteiner,
président
de l’USS
et conseiller aux États
Thomas
Zimmermann,
responsable
de la
de l’USS
Doris Bianchi, secrétaire dirigeante
decommunication
l’USS
David
Gallusser,
collaborateur
scientifique
de
l’USS
Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l’USS
David Gallusser, collaborateur scientifique de l’USS
Programme : m On cherche : ambassadeurs/
ambassadrices pour une AVS forte x
.
« L’AVS : l’événement d’un siècle »
exposé de Matthieu Leimgruber, historien et professeur à l’Université de Genève /Ensuite : questions et discussion
1.
Les finances de l’AVS sous la loupe : perspectives financières
exposé de David Gallusser, USS /Ensuite : questions et discussion
1.00
Pause
1.
Prévoyance vieillesse 2020 et AVSplus : état actuel des délibérations parlementaires
exposé de Paul Rechsteiner, USS /Ensuite : questions et discussion
1.30
Pause GHPLGL
1.00
Inscription par e-mail: [email protected]
Indiquez vos coordonnées (nom/prénom + adresse) et le titre du cours!
Mythes et faits autour de l’AVS
introductions de Doris Bianchi, USS, et Thomas Zimmermann, USS
14.30
Pause café
16.00
Les ambassadeurs et ambassadrices de l’AVS en route : organisation de la campagne
Délai d’inscription: 18 novembre 2015.
16.30
Fin de la journée
Talon d’inscription : B4.1.150 On cherche : ambassadeurs/ambassadrices pour une AVS forte
Mme
M.
Langue de correspondance
Français
Allemand
www.ssp-vpod.ch
3 RÉGIONS
Services
Publics
27 novembre 2015
Une mobilisation exceptionnelle
GENÈVE – Alors que la fonction publique se prépare à repartir en grève dès le
1er décembre, nous revenons sur les trois jours de grève de novembre pour faire un
premier bilan de cette mobilisation historique.
nouveau plus de 8000 personnes. On a
même vu des lieux de travail qui
n’avaient pas pris part à la première
journée et qui ont rejoint le mouvement
en cours de route. La convergence, lors
du 2e jour de grève, entre la mobilisation de la fonction publique et celle des
ouvriers du bâtiment (dans le cadre de
la semaine d’action organisée dans tout
le pays par les syndicat du secteur), a
renforcé encore la dynamique, offrant
un bel exemple d’unité entre le secteur
public et le privé. L’image du pont du
Mont-Blanc bloqué à la fois par les
maçons et par le personnel cantonal
restera un symbole fort.
Des acquis pour la suite
Face à l’intransigeance du Conseil d’Etat, le personnel a décidé de reconduire son mouvement dès le mardi 1er décembre.
ERIC ROSET
E
n présentant un projet attaquant
massivement la fonction
publique 1, le gouvernement
genevois espérait-il assommer toute
forme de résistance? Si tel est le cas, il
s’est lourdement trompé, car c’est une
véritable démonstration de combativité et de détermination qu’a offert le
personnel des services publics. La
grève de trois jours, du 10 au
12 novembre, à l’appel du Cartel intersyndical et du SSP, a été suivie de
manière très large, touchant l’essentiel
des services et entités de l’Etat et du
secteur subventionné et atteignant
même des secteurs qui ont vécu les
Ça repart le 1er décembre!
La fonction publique a confirmé son préavis de grève reconductible dès le mardi
1er décembre. Réuni en assemblée générale mercredi soir, le personnel de l’Etat a
dénoncé l’obstination du Conseil d’Etat. Dans une lettre adressée aux représentants du
Cartel intersyndical et du SSP, l’Exécutif a en effet réaffirmé son objectif de réduire de
5% les dépenses de personnel, tout en se disant «ouvert à des discussions» sur les
pistes pour l’atteindre. Les employés de l’Etat exigent de leur côté l’ouverture de vraies
négociations, sans préalable. Vous trouverez les dernières informations sur le site du
SSP – Région Genève: www.sspge.ch
premiers arrêts de travail de leur
histoire. Les assemblées générales du
mouvement, toujours bondées durant
les trois jours, ont réuni toute la
diversité des professions du service
public.
Reconduction: un succès
Mais le plus exceptionnel est sans
doute la reconductibilité de cette grève.
Pour une très large partie du personnel, il s’agissait pour la première fois
d’aller au-delà de la participation à une
«journée d’action et de grève», et de
prendre part à une mobilisation
pouvant se poursuivre de jour en jour.
Cette expérience a été hautement
concluante. Elle est d’autant plus
remarquable que la mobilisation n’a
pas fléchi au fil des reconductions.
Ainsi, la manifestation à la fin du troisième jour de grève a rassemblé à
Pas de CCT au rabais pour le secteur enfance!
VAUD – L’harmonisation des conditions de travail passe par une revalorisation des
métiers de l’enfance. Mais les employeurs freinent des quatre fers.
L
ors des dernières séances de
négociations, un désaccord
majeur est apparu entre les représentants patronaux et syndicaux. Il
porte sur l’intégration d’une grille
salariale dans la future Convention collective de travail (CCT): la partie
patronale souhaite en rester au stade
des recommandations, alors que la
partie syndicale demande une grille
salariale négociée et intégrée dans la
CCT, avec une progression annuelle
automatique – ce qui est déjà la pratique
dans une grande partie des institutions.
Ce désaccord montre la difficulté d’harmoniser les conditions de travail dans
un secteur géré par 29 réseaux. Pour le
SSP, cette harmonisation est nécessaire
mais ne doit pas se faire au rabais!
Nécessaire grille salariale
Pour les patrons, la future CCT ne
devrait contenir que: le salaire
minimum par fonction; une reconnaissance de la formation continue (200
heures de formation et 5 ans de pratique professionnelle) par une promotion; et le 13e salaire. Les représentants
patronaux ont déclaré qu’ils refusent
d’intégrer la possibilité d’une augmentation annuelle systématique et qu’ils
souhaitaient garder «autonomie et
liberté» dans le contrôle de la masse
salariale. Cela signifierait des augmentations «à la tête du client», sans revalorisation collective. Les employeurs
s’appuient sur la pratique en vigueur
aujourd’hui au sein d’une partie du
secteur, qui applique les recommandations de la Fédération vaudoise des
structures d’accueil des enfants
(FSAE). Pourtant, dans le canton de
Vaud, les réseaux qui emploient le plus
de personnel dans l’enfance –
Lausanne, Morges ou l’Association
intercommunale du Jura-Nord vaudois
– appliquent des grilles salariales
incluant un mécanisme d’augmentation annuelle automatique.
Un précédent inacceptable
Pour le groupe enfance du SSP, il
serait très dangereux d’introduire une
CCT sans grille salariale, avec le risque
d’assister ensuite à une baisse des
salaires dans une branche qui emploie
avant tout du personnel féminin et à
temps partiel. Cela reviendrait à introduire une CCT au rabais, imposant des
conditions inférieures à celles
aujourd’hui en vigueur pour une
Ces trois jours de grève ont été
l’occasion de recréer des réseaux
syndicaux sur les lieux de travail. Ils
ont également permis d’enclencher
des discussions entre collègues sur le
rôle et l’importance des services
publics, la question de leur financement (fiscalité) ainsi que la lutte
contre les inégalités sociales. Des
thèmes que notre syndicat ne cesse
de mettre en avant et qui rencontrent,
dans un tel contexte de mobilisation,
un écho particulier de la part des salarié-e-s en lutte.
Tous ces éléments laisseront des
traces positives pour l’avenir,
quelle que soit l’issue de la bataille
actuelle.
De véritables négociations
L’ a s s e m b l é e g é n é r a l e d u
12 novembre a décidé de suspendre la
grève et de prévoir une nouvelle
assemblée le 25 novembre, devant
décider la reprise du mouvement à
partir du 1er décembre si le Conseil
d’Etat n’ouvrait pas de véritables
négociations. Dans un premier temps,
le gouvernement a semblé camper sur
ses positions. Il a ensuite tenté une
autre approche, se montrant prêt à
faire quelques concessions cosmétiques tout en maintenant ses objectifs
de fond. La capacité des organisations
du personnel à éviter ce piège et à
conserver une démarche unitaire sera
déterminante pour la suite.
PHILIPPE MARTIN
SECRÉTAIRE CENTRAL SSP
1
Diminution de 5% des dépenses de personnel sur trois ans au moyen de diverses
mesures dont: le passage de 40 à 42 heures
de travail hebdomadaire, la facilitation de
la procédure de licenciement, le non-remplacement des départs naturels, une
réduction budgétaire linéaire de 1% sur les
dépenses générales, l’engagement de nouveaux employés et nouvelles employées
avec deux annuités en moins, la suppression de l’annuité pour toutes les classes
salariales.
Stop au «personal stop»: signez le référendum!
Le 13 novembre, le Grand Conseil a adopté une modification législative introduisant un
blocage des effectifs du personnel de l’Etat («personal stop»). La loi prévoit qu’un
nouveau poste ne pourra être créé que si un autre poste est supprimé, et cela tant que la
dette n’aura pas diminué au niveau des revenus annuels de l’Etat (ce qui signifie une
baisse de 13 à 8 milliards de francs).
C’est un nouveau corset financier, extrêmement dur, pour les services publics. Il aura des
conséquences catastrophiques sur l’emploi, sur les conditions de travail et sur les
prestations à la population. Un référendum a été lancé par les organisations du personnel
(Cartel intersyndical, SSP et SEV-Syndicat des transports). Si vous avez le droit de vote
dans le canton de Genève, nous vous invitons à le télécharger sur le site du SSP – Région
Genève (www.sspge.ch), à le signer et à le renvoyer. PHM
Les travailleurs sociaux
dans la rue!
majorité du personnel. Un recul inadmissible. D’autant plus que le SSP est
signataire de plusieurs CCT de
branche dans des secteurs subventionnés ou de droit public. Toutes comportent une grille salariale. Une CCT
cantonale de l’enfance sans grille des
salaires provoquerait ainsi un dangereux précédent.
Le SSP souhaite continuer les
négociations et permettre à une partie
du personnel de voir ses conditions de
travail s’améliorer. Le financement de
ces améliorations pourrait être réglé à
travers des délais de transition permettant aux institutions qui appliquent
des conditions inférieures de se mettre
à niveau dans un délai raisonnable.
L’harmonisation des conditions de
travail doit se faire par la revalorisation des métiers de l’enfance, pas par
une CCT au rabais!
MARIA PEDROSA
SECRÉTAIRE SSP – RÉGION VAUD
Référendum fiscal: le délai touche à sa fin!
Le délai pour la récolte et la validation des signatures dans le cadre du référendum
contre la baisse du taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises échoit le lundi
30 novembre. Il est donc important d’envoyer toutes les listes encore en votre
possession, qu’elles soient complètement remplies ou non, au SSP – Région Vaud (CP
1324, 1001 Lausanne), en courrier A!
VAUD – 200 travailleurs du secteur parapublic vaudois se sont
mobilisés le jeudi 19 novembre à Lausanne pour exiger de
meilleures conditions de travail et de salaire. La mobilisation,
appelée par 13 syndicats – dont le SSP – et associations
professionnelles, s’est réunie devant le siège du conseiller
d’Etat vaudois en charge de la santé et de l’action sociale,
Pierre-Yves Maillard. Les manifestants y ont dénoncé les
inégalités salariales dont ils sont victimes.
VALDEMAR VERISSIMO
www.ssp-vpod.ch
4 GENÈVE EN LUTTE
Services
Publics
11 décembre 2015
Genève en grève
«Malgré les difficultés, personne ne veut lâcher»
Après trois jours d’une grève massivement suivie en novembre, rebelote en décembre. Le Conseil d’Etat infléchit sa
position, mais le personnel maintient la pression: si un accord n’est pas signé d’ici lundi, la grève reprendra le
15 décembre.
C
e n’était pas gagné d’avance.
Après l’exceptionnelle mobilisation des 10, 11 et
12 novembre, les salariés de la
fonction publique seraient-ils
d’attaque pour un deuxième round?
Mardi 1er décembre, au quatrième
jour de grève, c’est dans la salle du
Palladium que la réponse est tombée.
Devant un auditoire bondé, Marc
Simeth et Paolo Gilardi exposent la
situation au nom du comité de lutte: le
Conseil d’Etat campe sur ses positions;
les syndicats lui ont envoyé une
missive l’enjoignant de retirer les
mesures structurelles ayant pour
objectif de baisser de 5% les charges
salariales, avec un délai de réponse
fixé à midi le lendemain. Pour
maintenir la pression, le comité
propose de reconduire la grève. La
suggestion est saluée par un tonnerre
d’applaudissements.
«Un 6 à tous les élèves»
Le micro passe à la salle. Un intervenant rend compte de l’assemblée du
secteur social qui s’est tenue plus tôt
dans la même salle (lire en page 5):
300 salariés y ont voté la reconduction
de la grève. Les prises de parole se
succèdent, et rendent compte de l’ambiance sur les lieux de travail. «Nous
avons essuyé des critiques de la part
de notre magistrate (Anne EmeryTorracinta, Ndlr.) en raison de la rétention des notes, lâche une enseignante.
Nous avons donc discuté d’une autre
proposition: mettre un 6 à tous les
élèves, pour rétablir l’égalité des
ERIC ROSET
chances!» Approbation enthousiaste
de la salle. Certains font état de fatigue,
d’autres soulignent que la conviction
augmente: «Malgré les difficultés, personne ne veut rien lâcher. Même les
collègues qui ne font pas partie des
Paroles de grévistes
«
NOUS SOMMES INQUIETS, AUSSI APRÈS LES ATTENTATS DE
PARIS. NOUS VOYONS DES ENFANTS AVEC DE GROS TROUBLES DE
COMPORTEMENT, DÉVELOPPÉS TRÈS TÔT. QUE SERA L’IMPACT DES
MESURES PRISES PAR LE CONSEIL D’ÉTAT POUR CES ENFANTS?
»
RUBY, PSYCHOLOGUE.
«
L’ÉTAT VEUT NOUS FAIRE TRAVAILLER PLUS ET ENLEVER DU
PERSONNEL. ALORS QU’ON EST EN SOUS-EFFECTIFS, FATIGUÉS. LA
PLUPART DES COLLÈGUES SOUTIENNENT LE MOUVEMENT.
»
LAURA, AIDE-SOIGNANTE AUX HUG.
«
DE 2000 À 2014, LA POPULATION DU CANTON A AUGMENTÉ DE
56 000 HABITANTS. ALORS QUE LES RECETTES FISCALES ONT BAISSÉ DE
1,2 MILLIARD PAR ANNÉE. C’EST UNE GUERRE MENÉE PAR LES RICHES
»
CONTRE LES PAUVRES.
«
DARIO, ENSEIGNANT.
LES EFFECTIFS À L’HÔPITAL SONT DE PLUS EN PLUS
CATASTROPHIQUES, LE TRAVAIL SE DÉGRADE.
«
»
SAIDANE, SERVICE PROPRETÉ ET HYGIÈNE DES HUG.
CELA FAIT 33 ANS QUE JE TRAVAILLE À L’ÉTAT. C’EST LA PREMIÈRE
FOIS QUE JE VOIS DES ASSEMBLÉES DE TRAVAILLEURS SOCIAUX.
»
ANTONIO, CONSEILLER SOCIAL.
syndicats sont outrés», souligne un
prof du cycle de la Golette.
Une soignante en psychiatrie
explique pourquoi il est difficile de
faire grève à l’hôpital: «Nous sommes
en service minimum toute l’année!
Mais mes collègues me l’ont dit: si on
ne peut pas s’arrêter durant la journée,
on viendra à la manif le soir!» Elle est
saluée par une ovation.
La mobilisation reste exceptionnelle: 65% de grévistes au Cycle
d’orientation, près de 35% au postobligatoire. Dans le secteur social, la
courbe est ascendante. Dès 17 heures,
la place de Neuve se remplit jusqu’à
accueillir 10 000 manifestants.
Stérilisateurs et soignants des HUG,
animateurs socio-culturels, personnel administratif et technique, étudiants de la Haute école de travail
social, salariés de l’Université, services de soins à domicile… Les pancartes foisonnent, les visages sont
souvent jeunes.
Le lendemain, à 11 h 30, près de
3500 grévistes déboulent sous les
fenêtres du gouvernement. Nombre
d’entre eux se disent déterminés à inscrire leur mouvement dans la durée.
Plus tôt le matin, une délégation de
travailleurs sociaux a dénoncé les
pressions exercées sur les grévistes
par la direction de l’institut Clair Bois
(accompagnement de personnes handicapées). Sous pression, cette dernière s’engage à négocier.
Antonio et le Père Noël
Le Conseil d’Etat se drape dans le
silence. Dans l’après-midi, contre l’avis
du comité de lutte, une majorité de l’assemblée décide de reconduire le mouvement jeudi. Elle vote aussi, à l’unanimité,
un nouveau préavis de grève pour la
semaine du 14 au 18 décembre. Le soir
même, sur la TSR, François Longchamp
essaie d’expliquer à Darius Rochebin
que la grève n’est suivie que marginalement. Interviewé le lendemain par la
Tribune de Genève, son collègue
Antonio Hodgers essaie une comparaison audacieuse: «A partir de 2019 –
année de l’entrée en vigueur de la RIE III
– ce sera plus dur. C’est pourquoi il faut
en finir avec nos illusions: le Père Noël
n’apportera pas tous les cadeaux rêvés.»
Ils ont de la peine à convaincre. Jeudi, au
sixième jour de grève, plus de 1000 personnes se réunissent à la salle des
Asters. Ils seront ensuite 5000 à défiler
sur le pont du Mont-Blanc. Rendezvous est pris le mardi 8 décembre, pour
discuter des résultats de la négociation
avec le Conseil d’Etat – qui a envoyé,
vendredi, une missive à tous ses collaborateurs, les enjoignant d’«unir nos
efforts, pour le bien de tout le canton».
Mardi soir, l’assemblée générale
apprend que le Conseil d’Etat a donné,
au cours d’une réunion tenue le matin,
des signes de fléchissement (lire en page
5). Mais il reste du chemin pour que les
discussions aboutissent. Les 700 salariés présents confirment donc le préavis
de grève pour le 15 décembre. A moins
qu’un accord ne soit trouvé d’ici là… Le
14 au soir, une nouvelle assemblée générale fera le point sur la situation. Une
première victoire se dessine-t-elle?
GUY ZURKINDEN
RÉDACTEUR
ERIC ROSET
La dette, argument bidon
«L
a dette signifie faire peser
sur les générations futures
les conséquences de nos
comportements d’aujourd’hui.
Comme pour le climat, ce n’est éthiquement pas admissible. De plus, la
dette est destructrice de l’Etat social
(...) Dès lors, nous devons maîtriser
nos dépenses en préservant les fondamentaux de l’action publique»,
déclarait le conseiller d’Etat Antonio
Hodgers à la Tribune de Genève 1.
Pour imposer l’austérité, la «dette à
13 milliards» fait office d’argumentmassue. Mais est-il vraiment
imparable?
Dans le cadre d’une journée
d’étude, le Cartel intersyndical du
personnel de l’Etat et du secteur subventionné a réuni une intéressante
documentation consacrée à la dette
genevoise 2 . Sa lecture permet
d’écarter quelques mythes:
> Si la dette a augmenté de 1997
(9,6 milliards) à 2013 (12,8 milliards), la part de cette dette rapportée au PIB (la création de richesses)
a diminué, passant de 30,7% à
24,2% dans le même temps.
> L’augmentation de la dette n’est
pas due aux charges de personnel. Ces dernières représentaient
25,3% des charges totales en
2013, contre 31,2% en 1997. De
1997 à 2013, l’augmentation du
nombre de postes à l’Etat (+6,6%)
a été plus faible que celui de la
population (+8,6%).
> Le canton de Genève a connu
13 baisses d’impôts entre 1998 et
2011. Elles ont créé un manque à
gagner de 1 milliard par an dans
les caisses de l’Etat. Sans ces
pertes, la dette aurait été stabilisée aux alentours de 10 milliards
en 2006, et serait descendue en
dessous des 4 milliards dès 2012!
La débâcle de la Banque cantonale
de Genève (2,3 milliards de francs) et
les baisses d’impôt, qui ont largement
profité aux entreprises et aux plus
riches, sont identifiées comme deux
facteurs centraux de l’augmentation
de la dette après les années 1990. Le
troisième volet de la réforme de l’imposition des entreprises devrait, pour
sa part, coûter entre 500 et 600 millions par année au canton. GZ
1
10 novembre 2015.
Actes de la journée d’étude du Cartel
intersyndical: Dette et fiscalité. Enjeux et
solutions, 27 février 2015.
2
www.ssp-vpod.ch
5 GENÈVE EN LUTTE
Services
Publics
11 décembre 2015
contre l’austérité
«On ne parle plus de qualité, mais de risques»
INTERVIEW – Le secteur social est devenu une locomotive
de la mobilisation. Explications.
V
incent Bircher, militant au SSP,
est travailleur social à la
Fédération officielle de la
jeunesse (FOJ). Thomas Vachetta est
intervenant en protection de l’enfance
au Service de protection des mineurs.
Ils ont contribué à coordonner la
mobilisation dans le secteur social.
Questions.
Comment expliquer la forte
mobilisation du social?
Thomas Vachetta – Nous sommes
déjà dans une situation difficile en
termes de surcharge et de risques
pour la population suivie, que nous
n’arrivons pas à voir assez souvent.
Avec les coupes, les départs à la
retraite et les arrêts maladie ne seront
p a s re m p l a c é s . C o n s é q u e n c e
concrète: un intervenant qui suit
62 enfants devra assurer, si son collègue est absent, le suivi de 120 enfants.
C’est impossible. On ne parle plus ici
de qualité, mais de risques courus par
les mineurs.
Vincent Bircher – Pour les foyers
éducatifs, une coupe de 5%, cela
représente 12 à 15 postes en moins.
Concrètement, il faudrait fermer un
foyer. Que fera-t-on des enfants
re s t é s s u r l e c a r re a u ? D é j à
aujourd’hui, la situation est tendue.
Au foyer d’accueil d’urgence qui
accueille les enfants de 0 à 5 ans, il n’y
a jamais de place libre. Des enfants
sont placés à l’hôpital alors qu’ils
devraient être en foyer! C’est un
risque pour leur santé.
Comment voyez-vous la suite
du mouvement?
TV – Pour la première fois, une
assemblée a rassemblé l’ensemble du
secteur social. Plus de 300 personnes
ont participé, c’est exceptionnel. Il va
falloir encore renforcer notre organisation pour continuer la mobilisation
dans les prochaines semaines, voire
plus longtemps. Car si les mesures du
Conseil d’Etat sont adoptées, elles
entraîneront une situation de risque
pour les enfants, les personnes à
l’hospice, les malades, etc. Il faudra
donc mettre sur pied des mobilisations réunissant les salariés et les
usagers.
VB – Au sein de la FOJ, on a atteint
100% des foyers en grève – avec des
services minimums. Il y a une vraie
préoccupation chez les travailleurs
sociaux: ce ne sont pas les conditions
de travail qui priment, mais le maintien et la qualité des prestations pour
les personnes les plus fragiles. C’est
aussi un débat de société que nous
devons mener: il y a trois semaines, le
bijou le plus cher du monde a été
vendu ici à Genève, pour 46 millions
de francs; 46 millions, c’est le budget
annuel de la FOJ, qui compte 400 éducateurs, des enfants pris en charge,
etc. Est-ce qu’on tolère que des nantis
claquent 46 millions pour un bijou, ou
se donne-t-on les moyens d’une
société qui prenne en charge les gens
qui en ont besoin? (2 décembre 2015)
INTERVIEW – GZ
ERIC ROSET
«Face à la mobilisation,
le Conseil d’Etat recule»
Albert Anor, enseignant au CO des Coudriers et militant SSP, a participé à la séance
de négociation avec le Conseil d’Etat qui s’est tenue mardi 8 décembre. Il fait le point
sur la situation.
Qu’avez-vous discuté mardi?
Albert Anor – Les délégués du
comité de lutte ont rencontré une délégation du Conseil d’Etat. Au bout d’une
longue discussion, les trois conseillers
d’Etat présents nous ont lu un protocole d’accord sur les mesures dites
«structurelles» prévues pour 2018.
Dans ce texte, le Conseil d’Etat s’engage à mener, de janvier à mars 2016,
des négociations sans tabous. Toutes
sortes de solutions pourraient y être
envisagées. Dans l’attende de ces
négociations, les mesures structurelles
sont suspendues. Nous avons fait des
amendements, qui ont été, semble-t-il,
acceptés. Nous avons exigé que ce
texte nous soit transmis par écrit
aujourd’hui [mercredi 9 décembre,
Ndlr.]. Le Conseil d’Etat n’abandonne
certes pas son objectif d’économies,
mais il recule et propose une mise à plat
de la réflexion sur les services publics.
Il s’agit d’une victoire d’étape indubitable, due à la force de notre mobilisation. Le Conseil d’Etat refuse par contre
de payer les heures de grève. Nous lui
avons donc demandé d’étaler les retenues salariales dans le temps.
Qu’en est-il du budget 2016?
Nous avons mis la priorité sur le
maintien des conditions de travail et
des postes, et déclaré que nous
sommes prêts à négocier sur le
montant de l’annuité, sur la base des
résultats des comptes: s’ils bouclent
sur un bonus, l’annuité devra être
payée en entier. Le Conseil d’Etat a dit
qu’il va réfléchir. Le temps presse: il a
ERIC ROSET
une semaine pour négocier, puis faire
des amendements au budget qui sera
discuté au Grand Conseil.
Le personnel a décidé de maintenir
la pression…
L’assemblée générale de mardi
soir a maintenu le préavis de grève
pour le 15 décembre. Lundi 14
décembre au soir, une nouvelle
assemblée appréciera la teneur des
propositions du Conseil d’Etat, et
confirmera – ou non – la grève de
mardi. Mardi soir, une grande manifestation public-privé sera organisée
en solidarité par la Communauté
genevoise d’action syndicale, pour
signifier au Grand Conseil et au
Conseil d’Etat que ça suffit comme ça.
INTERVIEW – GZ
ERIC ROSET
Le personnel de la Ville se fait entendre!
VILLE DE GENÈVE – Jeudi 26 novembre, plus de 300 employé-e-s de la Ville ont
manifesté bruyamment leur inquiétude et leur mécontentement devant le Conseil
municipal.
L
a mobilisation est à la hauteur des
attaques de la droite majoritaire,
qui ne ménage pas ses efforts
pour tenter de démanteler le service
public et les conditions de travail du
personnel (lire Services Publics, no 17,
30 octobre 2015): le Conseil municipal,
convoqué en séance extraordinaire
pour débattre du projet de budget
2016, est accueilli par 300 salarié-e-s
qui distribuent aux conseillers/-ères
municipaux/-ales une lettre ouverte
dans laquelle ils/elles détaillent leur
position et leur détermination à
défendre leurs conditions de travail et
les prestations à la population.
Des employé-e-s de services très
différents sont présent-e-s. La diversité est frappante et démontre que
l’inquiétude est globale au sein du personnel de la Ville: le Service social
(SSVG), qui a échappé l’année dernière aux coupes budgétaire, mais qui
se sait en danger; la Gérance immobilière municipale (GIM), qui est clairement dans le viseur de la droite; le
Service de secours et d’incendie (SIS),
dont les nouveaux postes indispensables à son bon fonctionnement
dépendent du vote du budget; le
Service des espaces verts (SEVE),
venu avec Monsieur SEVE, l’épouvantail qui fut de toutes les manifestations
l’année dernière; la Voirie (VVP), dont
les conditions de travail ne sont pas
roses; les Bibliothèques municipales
(BMU), qui craignent la libéralisation
de leurs horaires d’ouverture; les
agents de police municipaux (APM),
les musées (MAH, MHN, MHS) et le
Conservatoire et Jardin botaniques
(CJB) ne sont pas en reste.
Copieusement sifflés
Des pancartes sont brandies autour
de l’entrée du Conseil municipal:
«Stop au démantèlement systématique du service public»; «Non à un
service public au rabais»; «Respectez
les accords signés»; «Licenciements
facilités + suppression de services =
danger»; «Faire plus avec toujours
moins»; «Les services publics ne sont
pas à vendre aux privés! Ils appartiennent au peuple»; «Je suis #
employé-e municipal-e». Impossible
de les répertorier toutes, tant elles
sont nombreuses!
Très remonté-e-s, les manifestant-e-s
dénoncent les demandes de la droite
élargie d’augmenter le salaire des
cadres (mais bien évidemment pas des
plus bas salaires), d’engager du personnel en contrat de droit privé (plutôt
qu’en droit public), de faciliter les
licenciements et de supprimer certains services ou prestations. Cette
droite, qui n’a que faire du personnel
et du service public, tente de mettre en
place un management tel qu’on le
trouve dans le privé, peu importent les
dommages collatéraux. Elle sera
copieusement sifflée.
Des intervenant-e-s, dont JeanLouis Carlo, co-président du SSP –
Région Genève, se relaient au
mégaphone. Ils/elles exigent le
respect absolu du Statut du personnel ainsi que des moyens pour
honorer l’accord entre les associations représentatives du personnel
et l’exécutif sur la prolongation de la
durée de couverture maladie/accident pour les auxiliaires et les
apprenti-e-s. Ils/elles demandent
impérativement la reprise rapide des
négociations sur un plan d’encouragement à une retraite anticipée
(PLEND) et sur une cessation anticipée d’activité pour les personnes
exerçant une fonction pénible.
Massifier la mobilisation
Le lien est bien évidemment fait avec
le combat que mènent actuellement les
fonctionnaires de l’Etat qui, après trois
jours d’une grève suivie massivement,
s’apprêtent à reprendre la lutte. On le
voit, tant au niveau cantonal que municipal, le service public est plus que
jamais en danger. Seule une mobilisation massive du personnel et des
usagers/-ères permettra de le préserver.
A l’issue de la séance extraordinaire,
on apprendra que le Conseil municipal
est finalement entré en matière sur le
budget. Ce dernier sera renvoyé en
commission des finances, où nous
savons déjà qu’il sera malmené par les
commissionnaires dont certains ont
déjà annoncé qu’il fallait trouver 20 millions d’économies. On s’attend à des
coupes à la hache.
Les employé-e-s de la Ville prendront connaissance de la suite des événements et décideront de la suite à
donner au mouvement.
SABINE FURRER
SECRÉTAIRE SSP – RÉGION GENÈVE
www.ssp-vpod.ch
4 GENÈVE EN LUTTE
Services
Publics
15 janvier 2016
Regards militants
GENÈVE – Fin décembre, grévistes et Conseil d’Etat ont signé une trêve après sept jours de
grève. Des militants du SSP tirent un bilan d’étape de ce combat et esquissent des pistes
pour la suite1.
«ON A DÉCOUVERT D’AUTRES RÉALITÉS
ET RECRÉÉ DES LIENS
»
Chusa Puras, infirmière à l’IMAD (aide et soins à domicile).
«L
’implication des militants
nous a permis d’organiser
des piquets de grève sur
sept lieux de travail les premiers jours
de grève, puis quatorze en décembre
– sur trente-six équipes d’aide et soins
à domicile dans le canton.
Certains cadres ont essayé d’entraver le droit des collaborateurs par
des menaces et des pressions sur les
plannings. On a dû organiser des
piquets avec l’aide de collègues
d’autres secteurs pour débloquer la
situation... La mobilisation a été difficile. Organiser un service minimum
a été un défi impossible à relever, car
beaucoup d’équipes fonctionnent
déjà en service minimum. La participation aux manifestations a été un
bon moyen pour exprimer nos
revendications. Les récoltes de
signatures pour les pétitions et
contre «Personal stop» ont très bien
marché.
Un arrêt d’étape
Ces deux mois nous ont permis de
développer nos réseaux, mais aussi de
resserrer des liens avec des collègues
d’autres secteurs. On a pu prendre
connaissance de la réalité des autres.
Les débats très riches au cours des
assemblées générales, le dialogue et le
respect des avis divergents ont été et
seront notre force.
La mobilisation n’est pas terminée,
l’accord signé n’est qu’un arrêt
d’étape. Pour ma part il ne me satisfait
pas car il n’a pas signé l’arrêt des
mesures structurelles. On va devoir
battre le pavé à nouveau.
L’IMAD continue à bouger: des
séances intersyndicales sont agendées car on est plus fort ensemble.»
«LE CONSEIL D’ÉTAT A RECULÉ PARTIELLEMENT»
Paolo Gilardi, enseignant au Cycle d’orientation du Renard.
«P
our garantir les cadeaux
fiscaux prévus par la
troisième révision de l’imposition des bénéfices des entreprises,
la RIE III, le gouvernement voulait
imposer ses mesures structurelles au
plus tard début janvier. Or, et c’est le
résultat de la mobilisation, il a dû
opérer un recul partiel. D’une part il a
admis, par écrit, que de nouvelles
sources de revenus – des impôts –
pourraient être prises en considération pour financer les services publics.
Deuxièmement, il a été forcé de
suspendre les mesures structurelles
jusqu’à fin mars. C’est important.
En effet, si la durée du temps de
travail était élevée à 42 heures, ce sont
peut-être 44 ou 45 heures que les gens
devraient accomplir dans les faits.
Pour les enseignants de la division pri-
«T
maire, le passage aux 42 heures se traduirait par une baisse de salaire car on
ne pourrait pas augmenter le temps
des élèves.
Sans être celui qu’on aurait souhaité, cet accord est le résultat de la
force du mouvement et de la fermeté
du gouvernement que ses commanditaires, les organisations patronales,
mettent fortement sous pression.
Dans l’enseignement, le mouvement a été fortement suivi. Ce sont
surtout des jeunes qui ont été les plus
actifs. La fréquentation massive des
assemblées a permis de sortir de l’indignation sélective pour prendre en
considération les raisons de lutter
ensemble. C’est l’acquis de cette première phase. Son inscription dans la
durée et son élargissement seront
indispensables.
ROIS MOIS POUR RÉORGANISER
NOS FORCES
»
Jean-Louis Carlo, jardinier au Service des espaces verts (SEVE)
de la Ville de Genève, coprésident SSP – Région Genève.
«O
n a pu démontrer au
Conseil d’Etat notre
capacité de mobilisation.
Je crois que les gens ont compris qu’en
face il y a une volonté de casser un
service public construit depuis des
décennies. Nous avons mené sept
journées de grève. Peut-être faudra-til, à l’avenir, bloquer la ville pour
forcer le Conseil d’Etat à réellement
négocier.
A titre personnel, je pense que l’accord signé n’est pas bon. Mais il fallait
tenir compte de la réalité: les gens
étaient fatigués, cela se voyait aux
assemblées. Qu’allait-on gagner en
reconduisant une grève à la veille des
Fêtes ? Nous avons maintenant trois
1
mois pour organiser la riposte, réorganiser les forces. Car le Conseil d’Etat va
revenir à la charge pour mettre ses
mesures structurelles à exécution.
Nombre record de signatures
La seule façon de mettre un stop à
tout ça, c’est d’être plus nombreux
encore à refuser cette société à plusieurs vitesses. Il faut faire comprendre aux gens que la seule façon de
sauver leurs conditions de travail et la
redistribution des richesses est de
descendre dans la rue. On a quand
même eu une victoire, c’est le nombre
record de signatures contre «Personal
Stop». C’est un signe que beaucoup de
gens en ont marre.»
Le débat continuera dans les prochaines éditions de Services Publics.
Sept jours de grève représentent
un gros effort, y compris émotionnel.
A cela s’ajoutent les difficultés à
reprendre en main les classes après
des jours de grève.
Une crise politique
On est aujourd’hui dans une situation
de crise politique. Le budget 2016 présenté par le Conseil d’Etat n’a été accepté
que par une députée sur les 96 présents
lors du vote du parlement! Les pressions
pour l’adoption d’un budget vont être
énormes et contradictoires.
D’où l’importance de continuer à
occuper le terrain. Le maintien et le
renforcement d’une mobilisation
large et solidaire contre les vrais privilégiés que sont les actionnaires et les
millionnaires reste le seul véritable
antidote!»
«
ERIC ROSET
LA PRISE DE CONSCIENCE DOIT
CONTINUER
»
Amélia Bossard, bibliothécaire à l’université, coprésidente SSP
– Région Genève.
«L
es attaques sont d’une telle
ampleur que les gens se
sont rendu compte qu’il y a
une volonté de détruire l’Etat social et
qu’il faut dire stop. J’observe aussi
cette prise de conscience à l’université, mon lieu de travail. Si c’est plutôt le
personnel administratif et technique
qui a fait grève, beaucoup sont venus
aux manifs, ont fait leur pause sur le
piquet de grève, ont participé aux
assemblées générales.
Dans l’accord, il n’y a pas grandchose. Mais il fallait prendre en compte
un certain épuisement des personnes,
ainsi que la proximité des Fêtes.
Informer sur les lieux de travail
Je ne me fais pas beaucoup d’illusions sur les négociations. L’important
aujourd’hui est de développer des
séances d’information sur les lieux de
travail, faire le point sur les négociations avec le Conseil d’Etat, car les
gens n’ont pas une information détaillée.
Si on arrive à faire le lien avec la
Réforme de l’imposition des entreprises en disant qu’il y a des solutions politiques pour faire rentrer de
l’argent dans les caisses, tout en
tissant des liens avec les associations
et les partis, on sera sur la bonne
voie. Nous avons des contacts avec
d’autres syndicats et essayons
d’élargir la mobilisation à de nouveaux secteurs. La prise de
conscience doit continuer pour
qu’on soit encore plus nombreux par
la suite.»
Chronologie d’un décembre de luttes
Les événements qui ont mené à la signature d’une trêve de trois mois.
Mardi 1er décembre. Après trois jours de grève
en novembre, suivis d’une suspension, le
mouvement reprend.
Mercredi 2 décembre, 5e jour de grève.
L’assemblée du personnel décide de reconduire
la grève le lendemain. Elle vote aussi un
nouveau préavis pour la semaine du
14 décembre, à confirmer en fonction des
résultats des négociations avec le Conseil
d’Etat.
Jeudi 3 décembre, 6e jour de grève. Plus de
1000 personnes participent à l’assemblée
générale du personnel, 5000 à la manifestation.
Mardi 8 décembre. Lors de la séance de
négociation, les représentants du
gouvernement laissent entrevoir quelques
ouvertures. Sur proposition du Comité de lutte
et afin de maintenir la pression, l’assemblée
du personnel décide une nouvelle grève à partir
du 15 décembre, sauf si un accord satisfaisant
est trouvé d’ici là.
Lundi 14 décembre. Face à l’assemblée du
personnel, le Comité de lutte fait un bilan
négatif des négociations des 11 et
14 décembre. Aucun accord n’a pu être trouvé.
La grève du lendemain est confirmée.
Mardi 15 décembre, 7e jour de grève.
L’assemblée, très partagée, décide de
suspendre le mouvement. La manifestation en
fin de journée réunit plus de 7000 personnes.
Mercredi 16 décembre. Suite aux négociations
du jour, un protocole d’accord est présenté par
le Comité unitaire lors de l’assemblée du soir.
Il est adopté à une très forte majorité des
présent-e-s.
Trêve jusqu’au 21 mars
Dans cet accord, le Conseil d’Etat réaffirme
son objectif d’économies (110 millions pour le
petit Etat, 82 millions pour le grand Etat de
2017 à 2019), tandis que les organisations du
personnel réitèrent leur volonté d’éviter des
dégradations dans les prestations et les
conditions de travail. Les mesures structurelles
(notamment l’augmentation du temps de
travail et la facilitation des licenciements)
sont suspendues jusqu’au 21 mars. Dans
l’intervalle, des négociations sont ouvertes,
portant également sur de nouvelles recettes
pour l’Etat. Les organisations du personnel
s’engagent à suspendre toute action de grève
tant que les négociations sont en cours.
Dans une intervention très applaudie, Eric
Decarro, ancien président national du SSP,
déclare: «Un mouvement social d’une telle
puissance (…) ne se mesure pas uniquement
à ses résultats immédiats: ce qui est plus
important encore, ce sont les effets que ce
mouvement ne manquera pas de produire à
moyen et long terme.»
Jeudi 17 décembre. Le protocole d’accord est
signé par le président du Conseil d’Etat et les
représentant-e-s du personnel. Des
manifestations ont lieu le soir et le lendemain
devant le Grand Conseil, qui doit délibérer sur
le budget 2016.
Référendum abouti
Vendredi 18 décembre. Le Grand Conseil
balaie le projet de budget proposé par le
Conseil d’Etat. Aucun parti n’a accepté d’entrer
en matière.
Mardi 22 décembre. La presse annonce que le
Département de l’instruction publique a décidé
de doubler la retenue salariale appliquée aux
enseignant-e-s en cas de grève. La décision est
vivement contestée.
Mercredi 23 décembre. Le référendum contre
«Personal Stop» (loi bloquant tout engagement
supplémentaire à l’Etat jusqu’à résorption de
la dette) est déposé, avec plus de 20 000
signatures (7400 étaient nécessaires).
PHILIPPE MARTIN
SECRÉTAIRE CENTRAL SSP
www.ssp-vpod.ch
5 GENÈVE EN LUTTE
Services
Publics
15 janvier 2016
sur une bataille historique
«NOTRE VICTOIRE, LA SOLIDARITÉ»
Vincent Bircher, travailleur social.
«L
a bataille n’est pas finie. Le
bilan provisoire est celui d’une
victoire. L’accord ne correspond pas à ce que nous revendiquions,
mais il nous laisse trois mois pour remobiliser les collègues – car ce Conseil
d’État thatchérien ne va rien lâcher.
Notre grande victoire, c’est avant
tout la solidarité qui s’est créée entre
les salariés. A l’intérieur des secteurs,
mais aussi entre les services, les salariés se sont rencontrés, ont milité et
engagé des débats. Beaucoup de
jeunes collègues ont fait leur première
expérience de lutte.
Le secteur social a connu une mobilisation historique. La première assemblée générale que nous avons organisée,
au deuxième jour de grève, ne comptait
qu’une quarantaine de personnes. Un
mois plus tard, nous étions 400 travailleurs sociaux.
Un manifeste pour le social
Durant ces deux mois, j’occupais
un poste de remplaçant. Il n’était donc
pas toujours très simple de militer et
de participer à la grève. Toutefois, la
direction de la Fondation Officielle de
la Jeunesse a soutenu le mouvement.
D’autres directions ont tenté de limiter
l’exercice du droit de grève, mais les
collègues du social ne se sont pas
laissés faire.
La priorité doit être aujourd’hui
de (re)mobiliser les collègues. Les
attaques resteront constantes. Il
faut donc renforcer les réseaux de
mobilisation. Cela pourrait passer
par la rédaction d’un manifeste qui
explicite les besoins dans tous les
secteurs du social. Je pense que
nous devons aussi réfléchir à quel
type de travail social nous voulons
pour demain.»
«MENER DES ACTIONS DE BLOCAGE»
Florian Martenot, assistant en faculté de géologie à l’Université
de Genève.
«C
e mouvement a été impressionnant par son ampleur
et sa durée. Le nombre de
personnes impliquées est resté
important jusqu’à la fin. La grève a été
un bon moyen de mobiliser le
personnel, bien qu’insuffisant pour
faire plier le Conseil d’Etat.
Du côté des usagers, nous avons pu
constater des mouvements de soutien
encourageants, notamment chez les
parents d’élèves du primaire. Dans
l’ensemble il m’apparaît cependant
que le matraquage idéologique antifonctionnaire porte ses fruits et
empêche la contestation de s’étendre.
L’accord signé est mauvais, mais je
ne pense pas que nous avions le choix
de le refuser, étant donné la force
déclinante du mouvement et la fin
d’année approchant. «Grâce» au refus
du projet de budget 2016 par le Grand
Conseil, le protocole d’accord est
devenu une «victoire d’étape», en tout
cas jusqu’en mars puisque aucune
mesure d’austérité supplémentaire ne
sera appliquée d’ici là.
Faible mobilisation universitaire
A l’université, le mouvement a été
bien plus suivi qu’auparavant avec des
assemblées générales rassemblant
plusieurs dizaines de personnes. La
mobilisation reste cependant très
faible, avec environ 5% du personnel
en grève, pour trois raisons principales: l’éclatement des sites de travail;
la condition particulière d’une grande
partie du corps intermédiaire, les doctorants et post-doctorants, souvent
présents pour une durée limitée à
Genève et ne parlant pas français, ce
qui ne les encourage pas à s’impliquer
dans des luttes locales; enfin, la faible
participation des étudiants au mouvement.
La mobilisation continue. Une
grève historique n’ayant pas réussi
à faire plier le Conseil d’Etat, ce type
de lutte devrait être remplacé par
d e s m e s u re s d e b l o c a g e p l u s
visibles. Comme, par exemple,
10 000 personnes bloquant un grand
carrefour de la ville, ou le pont du
Mont-Blanc.»
«L’UNITÉ A FAVORISÉ LA MOBILISATION»
Albert Anor, enseignant au Cycle d’orientation des Coudriers.
«L
’ampleur de la mobilisation,
favorisée par l’unité entre le
Cartel et le SSP, renoue avec
les mobilisations que nous avons
connues il y a plus de vingt ans. Les
troupes les plus fournies ont été
formées par les enseignants.
L’accord signé n’est pas bon. C’est
un compromis qui nous a permis de
retarder une partie des projets du
Conseil d’Etat. Ce dernier a été
ébranlé – son projet d’appliquer des
économies de 5% dès novembre a été
repoussé –, mais il a tenu bon. Cela
s’explique parce que ce gouvernement
est soutenu par les associations patronales, mais aussi parce qu’il peut
compter sur l’appui du Parti socialiste
et des Verts, via la participation
d’Anne Emery Torracinta et d’Antonio Hodgers.
Dans mon école, la mobilisation a
bien démarré avec près de 70% du
personnel en grève et une unité entre
les enseignants et le personnel administratif et technique. Plus on avançait,
moins la participation était importante. Le lancement d’une grève des
notes, qui parfois est devenue un substitut à la grève proprement dite, a
rendu la mobilisation plus difficile.
Rétorsion contre les enseignants
Il faut maintenant organiser des
assemblées sur les lieux de travail
pour expliciter le contenu de l’accord
et ses limites, et surtout rédiger des
revendications précises à l’attention
du Conseil d’Etat.
Le Département de l’instruction
publique veut doubler la retenue salariale des enseignants en cas de grève.
Pour le moment, la directive est gelée
et la conseillère d’Etat Anne Emery
Torracinta nous a convoqué pour des
discussions informelles. Mais cette
mesure de rétorsion augure d’une
volonté d’en découdre. Tout indique
que nous devrons repartir à la bagarre
fin mars. Nous devons aussi aborder
la question du fonctionnement démocratique des assemblées.»
ERIC ROSET
«UNE RADICALISATION AUTOUR D’UN DISCOURS COMMUN»
Antonella Del Bon, conseillère à l’Office cantonal de l’emploi.
«J
’ai été étonnée par l’ampleur
de la mobilisation. Au cours
des assemblées et manifestations, on sentait qu’on appartenait à
un collectif, qu’on avait un objectif
commun. Au mois de décembre, il y a
eu une radicalisation d’un gros noyau
dur de grévistes, autour d’un discours
commun: il faut défendre les prestations à la population pour éviter de
créer une société fondamentalement
inéquitable.
Le fait qu’on se soit mobilisés nous
a permis d’aboutir à un protocole d’accord, qui donne au moins un cadre
minimal. Mais je me demande si on
n’aurait pas dû le refuser: cela aurait
donné un message clair à la partie
adverse.
La mobilisation à l’OCE n’a pas été
facile. Le jour le plus suivi, le mardi 2
novembre, on a compté au maximum
10% à 15% de grévistes. De nombreux
collègues n’ont pas fait grève mais
sont venus aux manifestations du soir.
Je pense que l’absence de culture de la
grève en Suisse a joué. Les collaborateurs de l’OCE étaient aussi partagés
entre leur mandat, qui est d’être disponible pour les demandeurs d’emploi,
et la grève. La plupart du temps, nous
sommes seuls dans notre bureau avec
nos clients. Cela favorise un état d’esprit peu propice à l’action collective.
Impliquer les usagers
Il faut maintenant une Assemblée
générale qui nous donne un feed-back
sur les négociations en cours. Et il y a
toutes les actions prévues en parallèle,
comme le tout-ménages, la campagne
référendaire. Pour remobiliser les
gens, il va falloir retrousser les
manches, réveiller les consciences. Il
serait important de faire des manifestations massives, comptant de plus en
plus d’usagers. Il faudrait donc que
ces derniers comprennent mieux les
enjeux. Pourquoi ne pas organiser une
table ronde ouverte au public, au
cours de laquelle il pourrait poser ses
questions?»
«FAIRE GRÈVE À L’HÔPITAL EST DIFFICILE»
Liliane Marchand, laborantine aux HUG.
«D
ès le mois de septembre,
nous avons distribué un
tract, voire deux, chaque
semaine devant les HUG afin de
préparer le personnel à se mobiliser. A
l’hôpital, le SSP a coordonné ses actions
avec le SIT. Le bilan de la mobilisation
est hyper positif, nous avons prouvé que
les travailleurs sont capables de se
réunir pour lutter ensemble.
Maintenant, il faut continuer.
La première série de grèves, en
novembre, a réuni sur l’esplanade de
l’hôpital quelque 200 personnes pour
une soupe. Le soir, nous avons organisé un cortège pour rejoindre les autres
fonctionnaires sur la place Neuve. A
l’hôpital, faire grève est difficile, car
nous travaillons à flux tendus. Le
service minimum requis correspond à
l’effectif normal, mais plus de la moitié
du personnel porte les badges que
nous avons distribués.
Il y a aussi le problème des postes
précaires (CDD), les stagiaires, civilistes... Tous ces gens n’osent pas faire
grève. Nos collègues approuvent en
grande majorité notre mouvement,
mais tout est fait pour engendrer la
peur de faire grève.
Dans certains services le responsable a mis en congé les personnes
dont il était sûr qu’elles ne feraient pas
grève, pour «réquisitionner» les personnes susceptibles de faire grève.
Que des promesses
J’étais d’avis qu’il ne fallait pas
signer le protocole d’accord, qui ne
fait état que de promesses de négociations. Pire, il nous fait renoncer à
l’annuité sans contrepartie garantie
et interdit toute mesure de lutte
durant les négociations. J’ai l’im-
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pression que cet accord ne sert qu’à
faire gagner du temps au Conseil
d’Etat. En contrepartie, la mobilisation est fragile, faire la grève coûte
cher.
Nous allons continuer d’informer
le personnel jusqu’au 21 mars et de le
mobiliser. A l’hôpital, nous allons
échanger avec les militants du
secteur social, qui étaient très mobilisés. Ce sont des milieux proches et,
vu la précarisation de la société, ils
mériteraient d’être plus proches
encore.»
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29 janvier 2016
La boîte à idées: une fausse bonne idée!
GENÈVE – Le 20 janvier, le Conseil d’Etat a présenté sa toute nouvelle trouvaille, la
boîte à idées. Son objectif: diviser les salariés.
A
lors qu’il s’apprête à préparer
une réforme de l’imposition
des bénéfices des entreprises
qui devrait priver les caisses publiques
d’environ un milliard de francs par an
dès 2019, le gouvernement cantonal
demande aux salarié-e-s de l’Etat de
lui faire part de leurs suggestions
d’économies ou «d’éventuelles
sources de revenus».
Pour ce faire, le personnel disposera d’une boîte à idées virtuelle dans
laquelle déposer, au besoin de manière
anonyme, des propositions concrètes.
Par la suite, et après élimination des
suggestions farfelues et de «celles
comportant des attaques personnelles», un responsable par département devrait recenser ces
propositions et les transmettre au
gouvernement qui en fera… ce que
bon lui semblera.
Douteuse interprétation
C’est ainsi que le Conseil d’Etat
interprète l’article 7 de l’accord signé
le 17 décembre qui prévoit une
«consultation transversale étendue
aux sept départements (…) à laquelle
les Organisations représentatives du
personnel et l’ensemble des
collaborateurs/-trices seront associés». En lieu et place de l’ouverture
d’une vraie discussion sur les prestations publiques et leur financement,
le gouvernement se comporte en
monarque éclairé qui laisse ses bons
sujets lui faire des propositions dont
il tiendra compte… pour autant
qu’elles lui conviennent.
Il donne de ce fait une interprétation plus que restrictive du partenariat social, «les organisations
syndicales pouvant, au même titre
que tout employé, donner également
leur avis», comme le Conseil d’Etat
l’a expliqué lors de la rencontre avec
les délégué-e-s du personnel le
mardi 19 janvier au matin. En fait de
«négociation», il ne reste plus que le
nom!
De plus, l’ouverture de la boîte à
idées relève de la pure démagogie. Elle
accrédite l’idée d’une écoute du personnel, d’une égalité propositive qui
est totalement incantatoire.
En effet, de quelle égalité parle-t-on
si, d’un côté, on trouve des employées
et employés qui, sur la base de leur
bonne foi, pourraient faire des suggestions à un gouvernement qui
dispose, lui, d’une cohorte de cadres,
de juristes, de conseillers, de spécialistes à laquelle viennent s’ajouter les
éclairages apportés par les organisations patronales et autres think-tanks
très… indépendants?
Dans ce contexte, la demande des
organisations du personnel d’organiser des réunions, des rencontres entre
professionnels sur les lieux et durant le
temps de travail pour définir les
besoins des différents services prend
tout son sens.
Ce n’est en effet pas par des suggestions tous azimuts que pourra être
trouvée une solution au problème du
f i n a n c e m e n t d e s p re s t a t i o n s
publiques, mais par la discussion et
l’échange entre les principaux protagonistes – le personnel et l’encadrement, les usagers/-ères et autres
bénéficiaires de prestations – et par la
confrontation avec les pouvoir
publics.
Une boîte à corbeaux
Le gouvernement veut que le personnel propose des mesures d’économie, mais fait
traîner la négociation avec les organisations syndicales.
ERIC ROSET
A cela s’ajoute le fait que le recours
à la boîte à idées est de nature à développer la division parmi le personnel.
Car, au lieu de poser le problème des
services publics et de leur mission en
tenant compte d’un ensemble, ce qui ne
peut que résulter de la discussion et de
l’échange entre catégories du personnel, la méthode Longchamp-Poggia
pousse à aborder les problèmes par le
petit bout de la lorgnette.
Ainsi, tout un chacun pourra suggérer des pistes d’économies en relevant ce qui est coûteux chez les autres
dans une logique, anonymat aidant, de
dénonciation qui ne peut qu’attiser les
tensions et les divisions parmi le personnel.
Le gouvernement se défend d’avoir
ouvert une boîte à corbeaux. Toutefois,
il refuse de discuter de cette proposition avec les organisations syndicales.
Il refuse même de reporter, ne
serait-ce que d’une semaine, l’introduction de cette mesure qui pourrait
provoquer des dégâts profonds et
durables parmi le personnel. Des
dégâts qui pourraient s’avérer nuisibles non seulement pour l’unité syndicale, mais pour le fonctionnement
même des services publics.
Fréquence .98 Saint-Jean!
D’après le président du gouvernement, il y aurait urgence. Une urgence
qui n’est plus de mise lorsqu’il s’agit de
fixer une nouvelle séance de négociation avec les organisations représentatives du personnel. Alors que ces
dernières demandent la tenue d’une
nouvelle séance avant le 1er février, dans
le but d’entamer une véritable négociation, François Longchamp refuse au
nom d’un agenda chargé... A croire,
décidément, que ce gouvernement ne
reste sourd que d’une oreille, celle qui
est censée écouter le personnel.
Quant à l’autre, la droite, elle est
directement synchronisée sur le
98, rue de Saint-Jean, le siège des
associations patronales. C’est pour
leur offrir un cadeau d’un milliard de
francs par an dès 2019 que le gouvernement organise l’échec des négociations. Il démontrerait ainsi la nature
«incontournable» des mesures structurelles que la grève l’a obligé à suspendre, tout en grappillant au passage
quelques idées supplémentaires
d’économies labellisées… «proposition du personnel».
PAOLO GILARDI
SSP – RÉGION GENÈVE
Une Assemblée générale du
personnel aura lieu en février.
Plus d’infos sur www.sspge.ch
«Les employeurs veulent faire taire la contestation»
GENÈVE – Un militant et une secrétaire syndicale SSP sont poursuivis pour diffamation
par deux cadres des HUG. Retour sur les enjeux de ce procès avec Christian Dandrès,
l’avocat des deux syndicalistes.
Pour avoir diffusé des tracts
concernant les Hôpitaux
universitaires de Genève (HUG), un
militant et une secrétaire syndicale
du SSP sont poursuivis pour
diffamation. Que dénonçaient ces
tracts?
Christian Dandrès – Ces tracts
sont des instruments de lutte syndicale qui ont été utilisés dans un
contexte qu’il est important de préciser.
Les HUG sont le plus important établissement public du canton qui
emploie, directement ou non, plus de
15 000 personnes. L’Hôpital est l’un
des principaux postes au budget de
l’Etat. Ses comptes s’élèvent à 1,7 milliard par an.
Les HUG ont donc été fortement
touchés par les coupes budgétaires
linéaires imposées, année après
année, par les autorités cantonales. La
direction des HUG a par ailleurs
amplifié ce phénomène en mettant en
œuvre deux plans d’économies –
Victoria et Per4ormance – qui ont été
élaborés à grands frais par Boston
Consulting Group.
Ces plans d’économies ont supprimé près de 450 postes, alors que les
HUG doivent faire face à un accroissement des besoins de la population:
cette dernière a augmenté, en quinze
ans, de presque 80 000 personnes.
Les employés des HUG ont vu leurs
conditions de travail se dégrader for-
tement et doivent faire face à une augmentation de la charge et du rythme
de travail. La précarisation du statut
des salariés s’installe peu à peu par le
recours au travail intérimaire, parfois
durant de longues périodes avant de
bénéficier du régime de protection
prévu par la loi cantonale.
Déjà malmenés par ce cadre
général, les employés des HUG ont vu
croître le nombre de managers. Alors
que le personnel soignant est insuffisant, la présence des cadres et des gestionnaires des ressources humaines
s’est faite de plus en plus sentir. A cela
se sont ajoutées plusieurs affaires qui
ont défrayé la chronique et que les
syndicats ont dénoncées. Il s’agit, par
exemple, du carnotzet de luxe que
l’ancien Directeur avait fait construire
au sous-sol de l’hôpital ou de contrats
passés, pour 16 millions de francs, à
l’entreprise appartenant au frère du
directeur des ressources humaines.
Ces situations ont nourri une
grande colère au sein du personnel
auquel les HUG demandaient d’importants efforts, tout en gaspillant des
ressources qui auraient permis de
soulager les services. Les salariés se
sont tournés vers le SSP qui s’est fait
l’écho de ce ressentiment. Les tracts
incriminés dénonçaient des pratiques
managériales de la direction et d’un
haut cadre responsable d’un service.
Lors de l’audience pénale de la
semaine dernière, j’ai été frappé par le
degré de colère et de désespoir rapporté par les prévenus. Ces derniers
ont indiqué que des salariés, à bout,
envisageaient même de recourir à des
violences physiques à l’encontre des
ressources humaines et que le SSP
canalisait cette colère vers des instruments légaux de contestation syndicale. Ils ont expliqué au juge les
difficultés de cet exercice.
Face à cette colère qui gronde dans
les services, les prévenus ont indiqué
que la direction faisait la sourde oreille
et multipliait les provocations.
Lorsque les tracts ont été rédigés,
cette situation était à son paroxysme.
Par son attitude, la direction a en
quelque sorte suscité une surenchère
que, par l’intermédiaire des plaignants, elle souhaite voir condamnée
aujourd’hui devant les autorités
pénales.
Les plaintes du directeur des ressources humaines et de la cheffe de
service ont en effet été encouragées
et soutenues par les HUG. Ceux-ci
ont mis à disposition leur service
juridique et apporté un soutien
financier en payant les frais d’un
avocat – ténor du Barreau et professeur d’université – pour attaquer le
militant et la permanente syndicale.
Ces honoraires s’élèvent pour
l’heure à 27 000 francs.
Ce procès s’inscrit dans une suite
d’actions en justice visant
des militants syndicaux, à Genève
mais aussi dans d’autres cantons...
Cette procédure pénale s’inscrit
dans un contexte de lutte syndicale et
de conflit social larvé. Elle apparait
comme la riposte de l’employeur à
l’action du SSP. Elle s’inscrit également dans une tendance plus générale. Les plaintes pénales à l’encontre
des permanents et des militants syndicaux sont de plus en plus fréq u e n t e s . P o u r f a i re t a i re l a
contestation et décrédibiliser l’action
des syndicats, les employeurs
recourent aux procureurs et exercent
une forte pression sur les militants
qui craignent une condamnation et
les conséquences professionnelles
qui peuvent suivre. Le coût considérable d’une procédure pénale n’est
également pas la moindre des inquiétudes. La Fédération des entreprises
romandes – la faîtière des syndicats
patronaux – a d’ailleurs publié une
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brochure à destination de ses
membres, dans laquelle elle présente
de telles plaintes comme des armes
efficaces contre le syndicat et les délégués du personnel.
Le Tribunal de police a renvoyé
l’affaire au Procureur. Comment
interpréter cette décision et quelle
sera la suite de la procédure?
Il s’agit d’une victoire d’étape. Le
Tribunal a reconnu – ce que les hauts
cadres des HUG contestaient – que ces
tracts n’étaient pas des dénonciations
gratuites, dirigées contre deux
quidams. Il a donc autorisé les prévenus à prouver leur bonne foi et que le
contenu de ces tracts était le reflet de la
réalité. Le Procureur a donc été chargé
d’entendre les témoins des prévenus.
Ces témoignages mettront en lumière
la situation rencontrée par les salariés
qui se sont confiés au SSP. INTERVIEW –
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12 février 2016
Mises en scène et interprétations à la carte
GENÈVE – Les négociations entamées le 1er février entre le Conseil d’Etat et les
organisations du personnel virent à la farce. Il est l’heure de reprendre le chemin de
la mobilisation.
S
igné le 17 décembre dernier,
l’accord entre le Conseil d’Etat
et le comité unitaire de lutte de
la fonction publique relevait, comme
l’a prétendu le conseiller d’Etat libéral
Pierre Maudet, d’une sorte de cessezle-feu. En gros, en échange de la susp e n s i o n d e s q u a t re m e s u re s
structurelles – augmentation du
temps de travail à 42 heures, généralisation des temps, et salaires,
partiels, non remplacement des
départs dits «naturels» et facilitation
des licenciements –, le comité unitaire
de lutte s’engageait à suspendre la
grève et à participer à un round de
«négociations» avec le gouvernement.
Celles-ci, initiées le 1er février, soit
six semaines plus tard, devraient permettre de trouver, avant le 21 mars,
des solutions garantissant «l’assainissement des finances publiques», tout
en «préservant les conditions de
travail et les prestations à la population». Force est de constater que l’objectif est loin d’être atteint, bien au
contraire!
Et que je t’interprète les accords…
Interprétant à sa manière l’accord
du 17 décembre, le Conseil d’Etat va
de l’avant. Prétendant que la suspension des mesures structurelles n’impliquerait pas la suspension de
l’objectif de réduire de 5% les coûts
de personnel, c’est à l’ensemble des
services qu’il s’adresse pour leur
demander d’établir, en l’absence d’un
budget, des modalités de fonctionnement qui tiennent compte de l’objectif
contesté.
Ainsi, fin janvier, les différents responsables de service et des institutions subventionnées ont été
fermement invités à établir des
budgets de fonctionnement tenant
compte du fait que «l’objectif du
Conseil d’Etat de diminuer de 5% les
charges de fonctionnement, d’ici à
2018, est maintenu […]» et les invitant
à «fonctionner avec un budget
diminué de 1% par rapport au budget
2015.»
Or, c’est bien dans le but de réaliser
des économies de l’ordre de 5% sur les
«charges de personnel» que François
Face à un Conseil d’Etat plus autiste que jamais, la mobilisation du personnel est à nouveau à l’ordre du jour.
ERIC ROSET
Longchamp, président du gouvernement, avait annoncé, le 9 septembre,
les mesures structurelles que la grève
l’a obligé à suspendre.
D’ailleurs, cet objectif de réduction
de 5% étant tellement décrié, il n’avait
même pas eu droit à une mention, fûtelle indirecte, dans l’accord signé le
17 décembre.
Et que je me lance dans la mise en
scène…
Versé dans l’interprétation, le
Conseil d’Etat, s’est cru autorisé à solliciter «la consultation transversale du
personnel» à travers la fausse bonne
idée de la boîte à idées. Il s’agissait de
contourner la confrontation avec les
organisations syndicales par une
espèce de consultation hors sol du
personnel, appelé à suggérer des
pistes d’économie (lire Services
Publics du 29 janvier, page 5).
Cette cynique mise en scène n’aura
pas fait long feu. D’après la Tribune de
Genève, qui ironisait là-dessus
(5 février), seuls 1300 employés de
l’Etat auraient répondu à l’invite du
gouvernement. Selon les informations
que nous a fournies le Conseil d’Etat,
la réalité se situe encore plus bas:
948 salariés auraient répondu jusqu’à
présent à la «consultation», soumettant environ 2200 propositions au
gouvernement. Le nombre des
«consultés» est donc nettement inférieur à celui de celles et de ceux qui,
sept jours durant, ont fait grève pour
refuser, justement, l’objectif du
Conseil d’Etat de réduire de 5% les
coûts salariaux et les mesures structurelles destinées à l’atteindre.
Cette mise en scène battue en
brèche, il n’en reste pas moins que les
syndicats et le personnel devront
reprendre l’initiative dans un contexte
particulier.
Reprendre l’initiative
De toute évidence, le gouvernement veut mettre à profit la «trêve»
pour démontrer la prétendue inéluctabilité des mesures structurelles, «la
négociation n’ayant pas permis de
trouver des solutions alternatives».
A ce titre, véritable Tartuffe, il a
d’ailleurs refusé d’accéder à la
demande des organisations syndicales de pouvoir organiser des
séances de discussion pendant le
temps de travail.
Ainsi, alors qu’il sollicite des suggestions par écrit de la part du personnel,
formulées y compris depuis le poste de
travail, le gouvernement se réserve le
droit de ressortir les quatre mesures
structurelles actuellement suspendues,
tout en les agrémentant de quelques
mesures d’économie estampillées «propositions du personnel».
Cette approche vise d’abord à permettre, ainsi que nous l’avons déjà
écrit, l’entrée en vigueur en 2019 de la
RIE III et des cadeaux fiscaux – de
l’ordre d‘un milliard par an – aux
entreprises qui réalisent des profits.
Mais elle s’inscrit aussi dans le
nouveau cadre politique issu des élections fédérales d’octobre: fort du recentrage à droite, le Conseil fédéral a fait de
l’austérité la ligne de conduite des gouvernements fédéral et cantonaux.
Ainsi, à l’heure où l’adoption de
mesures similaires à celles que le
Conseil d’Etat genevois voudrait
prendre devient un objectif à Bâle, à
Zürich et dans d’autres cantons, il est
indispensable de reprendre l‘initiative
à Genève.
Avec, en tête, la nécessité de combiner l’organisation de la mobilisation
contre les mesures budgétaires et
structurelles avec la bataille contre la
loi dite «Personal Stop» qui devrait
être mise en votation, nous l’espérons,
en juin. Vaste programme…
PAOLO GILARDI
SSP – RÉGION GENÈVE
Une Assemblée générale du personnel de la fonction publique et du secteur
subventionné a eu lieu le jeudi 11 février au soir, après le bouclage de cette
édition de Services Publics. L’objectif était de faire le point de la situation,
d’élaborer les propositions à défendre devant le Conseil d’Etat, ainsi que de
décider des prochaines étapes de la mobilisation du personnel. Nous rendrons compte des décisions prises et de l’évolution des négociations dans
la prochaine édition de Services Publics, le 26 février.
Combattre la violence aux femmes, sous toutes ses formes
POINT DE VUE – Le harcèlement sexuel et la violence contre les femmes sont un
phénomène mondial. Il faut le combattre partout, sans oublier les victimes les plus
fragiles ni tomber dans la xénophobie.
D
epuis les événements de la
Saint-Sylvestre à Cologne, la
presse a repris, à grand renfort
d’interviews et de micros-trottoirs, la
thématique du harcèlement de rue. On
pourrait s’en réjouir, si le débat n’avait
pas lieu sur fond de xénophobie visant
la stigmatisation des étrangers, particulièrement les réfugiés d’origine
arabe.
Le harcèlement n’est par un phénomène nouveau: au cours des dernières
années, des groupes de femmes ont
organisé des «marches des salopes» et
des marches de nuit pour dénoncer les
attitudes sexistes que les femmes
subissent dans la rue et dans l’espace
«
Réfugiées exposées
LES RÉFUGIÉES SONT LES
PLUS EXPOSÉES
public en général. Mais la rue et l’espace public ne sont pas les seuls lieux
où se déploient harcèlement, agressions et violences à l’encontre des
femmes.
Bien qu’interdit par la loi, le harcèlement sexuel est courant sur les lieux
de travail. Le plus souvent, il n’est pas
l’œuvre d’un migrant fraîchement
débarqué d’outremer, mais d’un supérieur hiérarchique ou d’un collègue
bien de chez nous. Celles qui ont eu
affaire à un harceleur sur leur lieu de
travail savent combien il est difficile de
briser l’omerta qui trop souvent
entoure ce genre d’affaire. Enfin, l’endroit où les femmes courent le plus de
dangers, c’est encore et toujours leur
propre foyer, où la violence est le fait
d’un proche!
»
La violence à l’encontre des
femmes, sous toutes ses formes, est un
phénomène mondial. Celles qui sont le
plus exposées à ce fléau, ce sont les
femmes fragilisées, notamment les
réfugiées. Au mois de janvier dernier,
Amnesty International a publié un
rapport qui pointait du doigt le
manque de protection dont souffrent
les femmes réfugiées sur les chemins
de l’exode, particulièrement celles qui
ont fui la Syrie et l’Irak. Amnesty
International souligne que «beaucoup
ont indiqué que dans presque tous les
pays qu’elles ont traversés, elles ont
connu agressions physique et exploitation financière, ont été touchées de
manière inappropriées ou ont subi des
pressions visant à les inciter à avoir
des relations sexuelles avec des passeurs, des employés chargés de la
sécurité ou d’autres réfugiés» 1. Le
manque de sécurité, dû tant à la promiscuité qu’à des infrastructures déficientes, n’est malheureusement pas
l’apanage des seuls pays de transit,
mais caractérise aussi le territoire
européen, comme le dénonce
Amnesty International.
Le harcèlement sexuel à l’encontre
des femmes dépasse les frontières. Il
faut le combattre. Partout. Sans com-
promis. Mais sans céder aux sirènes
de la xénophobie. Sur ce terrain aussi,
notre syndicat doit se situer du côté de
l’état de droit, pour qu’on applique
une même sanction pour un même
délit. Et rappeler, puisque nous
sommes appelés à nous prononcer le
28 février prochain, notre opposition
à des solutions dangereuses, arbitraires et inhumaines comme celle
proposée par l’initiative dite de mise
en œuvre.
MICHELA BOVOLENTA
SECRÉTAIRE CENTRALE SSP
1
http://www.amnistie.ca/sinformer/
communiques/international/2016/
europe-asie-centrale/femmes-refugieesrisquent-agressions
Une pétition pour revoir l’évaluation
des petits
NEUCHÂTEL – Le SSP – Enseignement a lancé une pétition demandant la révision du
nouveau dispositif d’évaluation des élèves de 1re et 2e années, entré en vigueur en
2014. Le texte, appuyé aussi par le Syndicat autonome des enseignants neuchâtelois
(SAEN), demande au Département cantonal de l’éducation de modifier le dispositif
d’évaluation appliqué pour les élèves des 1re et 2e années. Selon les enseignants du
SSP, les documents à remplir prévus par le nouveau dispositif représentent une
«pénibilité inutile pour l’enseignante», réduisant d’autant la disponibilité pour les
élèves. Les enseignants notent aussi un «malaise» chez de nombreux parents face à
une procédure détaillée et abstraite. La pétition demande donc que seul l’entretien
d’évaluation avec les parents, mené à partir des travaux et activités réalisés par l’élève
tout au long de l’année, reste obligatoire. Le texte souligne aussi que le canevas de cet
entretien devrait être repensé, à partir de l’expérience des professionnels du terrain.
SERVICES PUBLICS
www.ssp-vpod.ch
3 RÉGIONS
Services
Publics
11 mars 2016
Appel de syndicalistes contre la RIE 3 vaudoise
VAUD – Des syndicalistes du public et du privé s’unissent pour appeler la population
à rejeter la baisse d’impôts pour les entreprises, le 20 mars prochain.
N
ous, femmes et hommes syndicalistes actifs/-ives dans le
canton de Vaud, appelons les
salarié-e-s du secteur privé et du
secteur public à refuser la baisse du
taux d’imposition du bénéfice soumise
au vote le 20 mars prochain.
Une telle baisse entraînerait des
pertes fiscales massives, pour le
canton comme pour les communes.
Cet argent irait directement dans les
poches des grands actionnaires et
des employeurs à la tête des entreprises qui dégagent les plus gros
bénéfices, puisqu’à peine 2% des
entreprises inscrites au registre du
commerce paient pratiquement l’entier de cet impôt!
Contrairement à ce qu’annoncent
ses partisans, cette baisse de la fiscalité ne garantit aucun emploi dans le
canton. D’abord, parce qu’aucun taux
d’imposition ne peut garantir que les
employeurs ne licencient pas. Ensuite,
parce que la baisse du taux ne profitera pas aux entreprises en difficulté,
celles qui sont le plus susceptibles de
licencier, mais seulement à celles qui
dégagent de gros bénéfices. Enfin,
parce que la baisse des recettes des
collectivités publiques entraîne toujours une réduction des dépenses et
des investissements publics. Ce recul
entraînerait des licenciements dans
des secteurs comme la construction,
l’artisanat, les transports, les soins, la
formation, etc. De plus, la suppression
des prestations publiques et la hausse
des impôts communaux feraient
retomber la facture des cadeaux aux
entreprises sur les salarié-e-s, les
jeunes, les femmes.
Pour ce qui est des améliorations
sociales, nous rappelons qu’elles ne
sont pas soumises au vote du 20 mars,
le référendum ne portant que sur la
baisse du taux d’imposition du bénéfice. Cela signifie que les améliorations sociales pourraient parfaitement
être conservées avec un NON le
20 mars.
Dans tous les pays qui nous
entourent, dans tous les cantons qui
nous entourent, baisser les impôts
des privilégiés, des employeurs et des
actionnaires revient à provoquer des
politiques d’austérité brutale qui se
retournent contre les salarié-e-s. Il en
ira de même dans le canton de Vaud
demain si ce projet passe la rampe.
Nous appelons donc les salarié-e-s
à se mobiliser, toutes et tous ensemble,
pour un NON le 20 mars.
Signataires:
Patricia Alcaraz, secrétaire syndicale syndicom; Augusto Alcayga, membre comité SEV tl; Cora Antonioli, présidente du SSP
- Enseignement et membre du Comité national; Valérie Borloz Schaller, secrétaire de l’Union syndicale vaudoise; Michela
Bovolenta, secrétaire centrale Syndicat des service publics; Fabrice Chaperon, Secrétaire de section Unia Vaud; Stéphane
Chevalier, président section SEV-MBC; Jean-Claude Cochard, vice-président de l’Union syndicale vaudoise; Claude-Alain
Débonnaire, membre du comité SEV-Lac Léman; Julien Eggenberger, président du Syndicat des services publics; Christian
Fankhauser, secrétaire syndical SEV; Marc Formosa, président section SEV-VPT Léman; David Gygax, secrétaire syndical,
Syndicat des services publics; Nicolas Irus, Secrétaire syndical Unia Vaud; Christophe Jordi, membre comité SEV tl; Komla
Kpogli, secrétaire syndical UNIA Vaud; Abdou Landry, secrétaire syndical Unia Vaud; Tony Mainolfi, secrétaire syndical SEV;
Philippe Martin, secrétaire central SSP; Alexandre Martins, secrétaire syndical Unia Vaud; Dominique Mollet, présidente du
groupe SSP-santé-CHUV; Maria Pedrosa, secrétaire syndicale SSP Vaud; Pierre-Yves Oppikofer, secrétaire syndical SSP
Vaud; Noé Pelet, secrétaire syndical Unia Vaud; Valérie Perrin, secrétaire syndicale Syndicat suisse des médias; Michel
Pitton, Président de la Commission des retraités de l’Union syndicale vaudoise; Raphaël Ramuz, secrétaire syndical SSP
Vaud; Lionel Roche, secrétaire syndical Unia Vaud; Talissa Rodriguez, secrétaire syndicale Unia Vaud; Beatriz Rosende
Carobbio, secrétaire centrale Syndicat des services publics; Christian Schafroth, président section Nyon SSP; Sébastien
Schnyder, secrétaire syndical Unia Vaud; Carmelo Scuderi, président de la section SEV-tl; Isabelle Smekens, secrétaire
syndicale Unia Vaud; Agostino Soldini, secrétaire central SSP; Dragos Tara, juriste Unia Vaud; Sébastien Zonca, président
section SEV La plaine-du-Rhône.
AUGMENTER
LES
DIVIDENDES
ET
DIMINUER
LES SOINS ?
La mobilisation continue
GENÈVE – Le comité unitaire de lutte des services publics, dont fait partie le SSP, se
réjouit de l’abrogation du mécanisme de personal Stop et relance sa pétition à
l’attention du Conseil d’Etat.
L
e Comité unitaire de lutte de
services publics salue l’abrogation du «personal stop» votée le
26 février par le Grand Conseil. La
population genevoise échappe ainsi à
un mécanisme qui aurait dévasté les
prestations publiques, réduisant ainsi
le rôle redistributeur de l’Etat, et qui
aurait généré des milliers de pertes
d’emploi à Genève. C’est une victoire
à mettre au crédit du mouvement de la
fonction publique de l’automne
dernier. La récolte de plus de
20 000 signatures en un temps record
était déjà un camouflet à ce projet de
loi PLR.
Annuité restaurée
Autre victoire: après les
manœuvres visant à sa suppression et
à la rendre facultative, à la seule discrétion du Conseil d’Etat, une majorité du Grand Conseil a décidé de
revenir au respect de la loi sur les trai-
tements. Un tel revirement n’aurait
jamais été envisageable sans la mobilisation massive du personnel à l’automne passé.
Le Comité unitaire avait clairement affirmé que le respect de cette
disposition légale ne pouvait se faire
au détriment de l’emploi ou des prestations. D’ailleurs, dans le cadre des
négociations sur le projet de budget
2016, le Comité unitaire avait
demandé prioritairement le maintien
des postes et des prestations si l’annuité devait être suspendue. Au vu de
son rétablissement, le Comité unitaire exige que la subvention au
secteur parapublic soit adaptée de
manière à couvrir intégralement son
coût dans tous les secteurs.
Accord prolongé
Depuis l’ouverture des «négociations», le Comité unitaire n’a de cesse
de proposer des nouvelles recettes:
POUR EXPLIQUER AUX USAGERS DES SERVICES AU PUBLIC
QUE NOTRE LUTTE EST AUSSI LEUR LUTTE, NOUS PUBLIONS UN TOUT-MÉNAGE
POUR LE FINANCER, VERSEZ VOS DONS, QUEL QUE SOIT LE MONTANT, SUR LE
COMPTE (IBAN) BCGE CH7600788000050520936
à l'attention de Dario Lopreno, 5 rue Le Corbusier, 1208 Genève
(ce compte bancaire est ouvert pour cette seule opération)
Nous devons récolter 40'000 Francs pour réaliser et diffuser ce tout-ménage dont le but est d'expliquer à un large public en quoi le projet de budget
cantonal 2016, ses prolongements jusqu'en 2018 et la réforme de l'imposition des entreprises dès 2019, représentent une attaque frontale des plus dures
contre les services au public (manque de financements, de postes, d'infrastructures et donc de prestations). Crise de la dette, trop de fonctionnaires,
personal stop, moins d'impôts, sont autant de formules coup de poing des gouvernants pour justifier la guerre des riches contre le reste de la population.
Ce tout-ménage contribuera à faire comprendre aux habitants du canton que notre lutte contre l'État-peau-de-chagrin est aussi la leur.
suspension du bouclier fiscal, imposition de solidarité des hauts revenus,
mais également récupération des
bénéfices des régies publiques et intégration de ces dernières à l’Etat. Le
Conseil d’Etat refuse d’entrer en
matière. Face à cette impasse,
l’échéance des négociations est prolongée d’un mois. Cela devrait permettre d’y voir plus clair après la
publication des comptes 2015, qui
aura lieu le 22 mars.
Mais la mobilisation continue, car
le Conseil d’Etat n’a pas renoncé à
son objectif de «réduire la voilure»
de 5%. L’Assemblée du 11 février a
donc décidé de relancer la pétition
lancée à l’automne dernier, qui
demande:
> le maintien du temps de travail à
40 heures;
> la création des emplois nécessaires
pour répondre aux besoins de la
population (formation, prestation
administrative, santé, sécurité);
> l’engagement en fixe des
employé-e-s occupant des fonctions pérennes dans des conditions de dumping salarial et social
(auxiliaires, personnel «intérimaire», personnel placé dans le
cadre de mesures chômage et/ou
aide sociale);
> le remplacement sans délai des
postes laissés vacants par les
départs dits «naturels»;
> le maintien de la protection contre
le licenciement arbitraire.
La pétition peut être téléchargée
sur le site du SSP: www.sspge.ch. Les
syndicats membres du Comité unitaire continuent d’organiser des
assemblées dans les secteurs, et un
projet de tout-ménage est en cours
d’élaboration (lire ci-dessous). Une
nouvelle Assemblée du personnel est
convoquée pour le 11 avril.
COMITÉ UNITAIRE DE LUTTE
DES SERVICES PUBLICS
Non à une évaluation absurde des tout petits!
NEUCHÂTEL – La pétition syndicale contre la nouvelle évaluation des enfants en
première et deuxième années Harmos a fait un tabac.
«E
valuer oui, mais pas de
cette manière». C’est en
bref ce que demande la
pétition «Pour un réajustement de
l’évaluation en 1-2 Harmos», qui a été
déposée le 9 mars par le SSP (section
enseignants) et par le SAEN, munie –
en seulement trois semaines! – des
signatures de 70% des enseignantes
concernées. La pétition a été reçue par
le vice-chancelier, qui était accompagné par un fonctionnaire de marque
incarné pour l’occasion par l’humoriste bien connu Vincent Kohler,
ancien enseignant et papa d’un jeune
enfant, qui a livré un sketch sur le
thème de l’évaluation des 4 à 6 ans.
Cette pétition demande au Conseil
d’Etat de revoir la nouvelle évaluation
entrée en vigueur à la rentrée d’août
2014. Sans avoir pris en compte les
avis de la base, cette évaluation exige
la réalisation de trois documents par
enfant, soit un recueil de traces, une
validation des acquis et un canevas
d’entretien.
Malaise chez les parents
Après avoir constaté un malaise
chez de nombreux parents ne comprenant pas la nécessité et le sens
d’un document aussi détaillé et abstrait, un accroissement de la pénibilité pour les enseignantes chargées
de conceptualiser, réaliser et remplir
ces documents qui n’apportent rien
de plus, ainsi qu’une diminution de la
disponibilité de ces dernières auprès
des élèves, les syndicats d’enseignants ont décidé de monter au
créneau. Ils demandent que seul l’entretien avec les parents reste obligatoire, que le canevas soit supprimé ou
repensé par les professionnelles du
terrain et que l’évolution des enfants
soit évaluée en utilisant les traces et
les validations d’acquis que les enseignantes jugeront nécessaires.
Les syndicats attendent du
Département de l’éducation, qui les a
convoqués à une réunion, qu’il
entende enfin les revendications des
enseignantes de 1-2 Harmos, ce d’autant que celles-ci n’auront aucune
incidence en termes budgétaires.
Suite au prochain numéro… CLAUDE
GRIMM
4 . RÉGIONS
services PUBLICS . 25 mars 2016
Un collègue, salarié de la fonction publique genevoise, nous écrit
pourquoi il estime indispensable que la mobilisation contre les
coupes du Conseil d’Etat continue.
GENÈVE – Le Conseiller d’Etat (PLR) Pierre Maudet prétend donner de
grandes leçons de partenariat social. A l’image de son parti, qui s’autoproclame «ambassadeur du partenariat social». La réalité est autre.
Un choix
de société
Partenariat
à la Maudet
SABINE FURRER
«
Personne parmi le personnel de la
fonction publique ne s’est spécialement enrichi dans sa vie, de sorte à
devoir aujourd’hui rembourser une dette
qui n’est pas la sienne. Notre postulat
doit donc absolument rester le respect
du contrat de travail convenu avec l’Etat
employeur.
Notre indéfectible soutien au mouvement
passe aujourd’hui par le fait de rabattre
tous ceux qui ne se sont pas associés (ou
très peu) jusqu’ici au mouvement. Il est
donc important de travailler notre image
auprès des collègues, de notre entourage
et des citoyens. Il convient pour cela de
répondre aux accusations iniques de nos
opposants.
Rappelons d’abord que la fonction publique, très majoritairement passionnée
par sa mission, se bat davantage pour
un choix de société – refuser une médecine et une justice à deux vitesses,
conserver un enseignement de qualité
dans les écoles publiques, une police
disponible à tous les citoyens, etc. – que
pour ses propres conditions de travail ou
de salaire. Ces dernières sont d’ailleurs
régulièrement bafouées depuis plusieurs
années: blocage périodique de l’annuité;
diminution des droits aux rentes de la
caisse de prévoyance de l’Etat de Genève
(CPEG) dès le 1er janvier 2014 malgré les
augmentations de cotisations, la fusion
CIA-CEH et sa recapitalisation; suppression des frais forfaitaires de déplacement
depuis 2011 pour les agents publics dont
le cahier des charges exige une mobilité;
réduction à 80 francs de la participation
de l’employeur aux abonnements annuels TPG, etc. Alors que nous subissons
chaque année des augmentations de
charges, comme dans le cas des primes
d’assurance maladie qui explosent d’environ 4% par année.
TROP BIEN PAYÉS? Au début du mois de no-
vembre dernier, l’émission TTC affirmait
que «les enseignants genevois de premier
cycle sont les mieux payés au monde».
Il sied de rappeler que les enseignants
du primaire, depuis des années tous universitaires, commençaient naguère leur
carrière en classe 14 (5807 francs par
mois), soit celle d’un mécanicien, porteur d’un CFC, engagé comme inspecteur au bureau des automobiles. Ils ont
ensuite atteint la classe 16 (6341 francs
par mois), puis la classe 18, fruit d’une
tardive réévaluation de fonction. Une
réévaluation qui les place toutefois deux
classes en-dessous des enseignants du secondaire. Au mépris du plus élémentaire
principe de l’égalité de traitement.
D’autre part, dans le cadre de la comparaison abjecte entre le canton de Neuchâtel qui paie le moins ses enseignants et
celui de Genève qui les paierait le plus,
notons que Genève se situe parmi les
villes les plus chères au monde.
Tous les enseignants du primaire que
je connais et qui travaillent depuis une
vingtaine d’années sont, à cause des blocages périodiques salariaux, en annuité
10 ou 11 seulement. Cela constitue un
manque à gagner certain pour eux, et
une économie substantielle pour l’employeur! Rappelons aussi que la plupart
de ces enseignants abattent avec passion
un immense travail de l’ombre: préparation, corrections, recherches de nouvelles
méthodes, réunions… Un enseignant a
la responsabilité de plus d’une vingtaine
d’élèves. Lors d’une course d’école, il est
responsable notamment de la vie et de la
santé des écoliers dont il a la charge.
S’agissant des vacances, un enseignant a
le devoir, sinon l’obligation, d’être présent au minimum une semaine après
les promotions, ainsi qu’une semaine
avant la rentrée scolaire suivante, ramenant les vacances d’été à 6 semaines au
maximum, soit la durée des vacances
dont disposent tous les cadres supérieurs
de la fonction publique et très souvent
du privé. Si quelques vacances supplémentaires s’y ajoutent, ce n’est qu’une
maigre compensation face au stress
généré par une classe de jeunes dont
l’indiscipline va malheureusement croissant. Rappelons que toutes ces vacances
interviennent à des dates imposées et
coïncident avec les moments les plus
chers pour partir.
RECETTES ÉVAPORÉES.
S’agissant des recettes, notons que l’ouverture de sociétés
«panaméennes», comptes off-shore, pour la
contre-valeur de 1500 dollars, permettent
à un individu localisé à Genève, guidé par
un avocat visiblement spécialisé «dans l’optimisation fiscale», de déposer des millions
en banque sans payer un centime d’impôts.
Les forfaits fiscaux démarrent à Genève
à 300 000 francs, alors qu’ailleurs en
Suisse, comme à Lucerne ou St-Gall, ils
commencent à 600 000 francs. Ces forfaits privent dramatiquement notre canton de 65 millions de francs par année.
Les transactions immobilières opérées au
travers de sociétés, parfois même domiciliées à Zoug, permettent aux investisseurs
de jouir d’un taux d’imposition réduit en
regard de ceux qui touchent les salariés.
LE PRIVÉ CONCERNÉ. Le mouvement de la
fonction publique demande un maintien
de la situation, pas une amélioration. Cette
lutte a aussi une importance majeure pour
le secteur privé. Si l’horaire hebdomadaire
augmente dans le public, pourquoi ne suivrait-il pas la même évolution dans le privé?
Une des missions de l’Etat est de juguler
les rapports de force entre les intérêts privés et l’intérêt général. En affaiblissant
la fonction publique, une voie royale est
(sciemment) offerte aux intérêts privés,
qui peuvent ainsi prédominer, avec tous
les risques que cela comporte.» ◼
SECRÉTAIRE SSP . RÉGION GENÈVE
I
l y a une année, nous diffusions un
communiqué sur la conception bien
particulière qu’a Pierre Maudet du
partenariat social. En effet, sa gestion du
dossier des assistants de sécurité publique
(ASP) en dit long sur sa volonté de ne pas
s’embarrasser de dialogue social. Refus
de négociations, prise de décisions unilatérales, rétention d’informations, menace
de licenciements ou encore application
de sanctions pour l’exemple: le magistrat
PLR ne recule devant rien pour faire taire
tout avis contraire à sa politique.
Nous n’allons pas revenir ici sur les faits
déjà dénoncés en mars 2015: les doubles
sanctions contre les ASP qui ont débrayé
pour défendre leurs conditions de travail,
ou encore les mensonges à l’ensemble du
personnel au sujet d’un prétendu accord
qui n’a jamais existé entre le syndicat et
le Département de la sécurité et de l’économie (DSE) concernant le calcul des
heures supplémentaires. En revanche,
nous nous attarderons sur les nombreux
faits survenus depuis, qui confirment au
besoin la duplicité du magistrat et son
refus du partenariat social.
100% DUMPING. Lors de son entrée en
fonction à la tête du DSE, le département
chargé de la police et de l’économie,
M. Maudet avait annoncé qu’il traquerait
et punirait le dumping salarial. Il s’en est
révélé le meilleur artisan dans son propre
département. Pendant la campagne de
votation sur la nouvelle Loi sur la police
(LPol), il a trompé la population en expliquant que cette loi serait un rempart
contre la privatisation puisqu’elle prévoit
que l’Etat ne peut donner des mandats
externes qu’à «titre exceptionnel et pour
une durée limitée». Mais à peine un mois
après l’acceptation, de justesse, de la LPol
par le peuple, M. Maudet – qui préparait
dans le plus grand secret la privatisation
du convoyage de détenus – a fait annoncer
aux ASP du Détachement de Convoyage
et de Surveillance (DCS) qu’ils se verraient
retirer la majorité de leurs tâches. Ces
dernières ont été confiées depuis à des
employés d’une entreprise privée, non assermentés, pour certains intérimaires, qui
travaillent plus pour gagner moins. Vous
avez dit dumping?
Un projet de loi visant à empêcher la
privatisation de toutes tâches régaliennes
a été rapidement déposé par le parti socialiste genevois (PSG). Le SSP, qui n’avait
pas été consulté sur cette privatisation,
a demandé au magistrat d’en suspendre
le processus en attendant que le Grand
Conseil se positionne sur le projet. Faisant
fi du processus démocratique, le magistrat
a finalisé la privatisation du convoyage de
détenus au 1er novembre 2015. Pourquoi
tant de hâte? La réponse est simple. Sachant que l’entrée en vigueur de la LPol
allait prendre au moins une année en
raison des différents recours déposés à
son encontre, M. Maudet a manœuvré
en deux temps: d’abord la privatisation,
au 1er novembre 2015; puis le transfert
du DCS à l’Office cantonal de la détention (OCD), prévu le 1er avril 2016. Le
DCS ne dépendant ainsi plus de la police,
mais de l’OCD, les restrictions à la privatisation de la LPol ne seraient plus un
obstacle. Ce n’est donc pas un hasard si la
date d’entrée en vigueur de la LPol choisie
par le Conseil d’Etat est fixée au 1er mai
prochain, soit un mois après le transfert du
DCS. Ce n’est sans doute pas un hasard
non plus si le projet de loi du PSG stagne
dans les tiroirs de la commission judiciaire
et de la police du Grand Conseil. Vous
avez dit antidémocratique?
Pierre Maudet a toujours refusé d’ouvrir
des négociations sur le statut des ASP et sur
l’application de l’égalité de traitement par
rapport à leurs collègues policiers. Il s’est
borné à prétendre que tous les problèmes
soulevés par les ASP trouveraient réponse
dans un règlement spécifique. Il faisait allusion aux règlements d’application de la
LPol, qui se font sans aucune négociation
avec le syndicat. Afin de pouvoir prétendre
avoir consulté les partenaires sociaux, le
magistrat a demandé aux syndicats de se
positionner sur des pré-projets de règlement. Les ASP et le SSP se sont montrés
très insatisfaits de leurs contenus: non
seulement ils ne répondent pas à leurs revendications, mais creuseraient davantage
les inégalités de traitement et péjoreraient
les conditions de travail. Un grand nombre
de propositions de modifications a donc
été adressé au Département.
SYNDICAT ÉCARTÉ. On apprend aujourd’hui
que les règlements d’application sont sur
le point d’être publiés. Les versions finalisées n’ont jamais été soumises au SSP,
alors que le Conseiller d’Etat s’était engagé
à le faire. Le magistrat a, par contre, trouvé
le temps de rencontrer les syndicats de police. Notre syndicat a été une fois de plus
écarté des séances auxquelles il aurait dû
être convié en tant que représentant des
membres non-policiers du corps de police.
Vous avez dit déni du partenariat social?
Le SSP a demandé à Pierre Maudet copie
des règlements d’application afin de pouvoir les analyser avant la prochaine assemblée générale des ASP. Refus du magistrat.
Sachant que le contenu déplaira, ce dernier
préfère laisser le personnel dans l’ignorance
en attendant la validation du Conseil d’Etat.
Le SSP a alors demandé une rencontre avec
M. Maudet. Nouveau refus du magistrat,
qui considère qu’une réunion sur ce thème
serait «sans objet». On croit rêver.
Année après année, nos conclusions
restent les mêmes: Pierre Maudet est le
magistrat du fait accompli, qui se moque
des processus démocratiques, du partenariat social et de l’égalité de traitement.
Voici le modèle PLR d’ «ambassadeur du
partenariat social». ◼
RÉGIONS . 5
25 mars 2016 . services PUBLICS
Agenda militant
Face à un Conseil d’Etat arc-bouté sur ses mesures d’économies, les syndicats et
associations regroupés dans le Comité unitaire de lutte proposent des pistes de
recettes. Et se tiennent prêts à la mobilisation.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FONCTION
PUBLIQUE
GENÈVE
A Genève,
la lutte continue
COMITÉ UNITAIRE
DE LUTTE DE LA
FONCTION PUBLIQUE
ERIC ROSET . PHOTO
L
e Conseil d’Etat s’apprête à délester
les caisses publiques de 700 millions,
voire 1 milliard de francs par an
grâce à la baisse du taux d’imposition des
bénéfices des entreprises, la RIE III. Il n’a
que les mots «propositions d’économies»
à la bouche, mais fait la sourde oreille à
nos propositions de recettes. Ces propositions, nous les présentons ci-dessous.
cés de prendre leur baluchon et de partir
chercher fortune ailleurs? Non! Ce n’est
pas que la «compétitivité fiscale» qui
les retient à Genève. D’autres facteurs
comptent: le niveau de formation de la
main-d’œuvre, les infrastructures publiques, la qualité de vie, la sécurité, une
administration efficace et... la qualité des
services publics!
SUSPENDRE LE BOUCLIER FISCAL. 79 millions par an: selon les informations fournies aux représentants du personnel par
le ministre des Finances, c’est le manque
à gagner enregistré par les caisses de
l’Etat depuis 2010 à cause du bouclier fiscal. Près de 400 millions de francs offerts
aux nantis!
En 2011 et 2012, le Conseil d’Etat avait
lui-même proposé au Parlement de suspendre cette faveur, au nom de la «santé des finances publiques». Mais, alors
qu’il nous demande de renoncer à des
prestations, il estime aujourd’hui cette
proposition «irresponsable», car elle ferait «fuir les riches contribuables». Ces
pauvres contribuables aisés seront-ils for-
PLUS DE CONTRÔLEURS FISCAUX. Désarmant
de candeur, le chef du Département des
finances en personne s’est plaint devant les représentants du personnel du
manque d’inspecteurs à même de traquer
la fraude fiscale! Le 23 février, c’est le
directeur de l’administration fiscale qui
expliquait dans la presse que traquer la
fraude permettrait de récupérer quelque
600 millions de francs par année. Malheureusement, ajoutait-il, le manque en
personnel ne permet d’atteindre que 50 à
60% de l’objectif. En d’autres termes, ce
sont quelques centaines de millions supplémentaires qui pourraient être récupérés si l’on engageait un nombre suffisant
d’inspecteurs du fisc. Le directeur ajoutait
même que ces vérifications approfondies
ne sont pas destinées aux petits contribuables, dont la déclaration d’impôt est
facilement vérifiable. C’est pour enquêter sur les déclarations d’impôts des gros
contribuables, beaucoup plus complexes,
que sont formés les inspecteurs. Pour
assurer les conditions de travail et les
prestations à la population, il faut donc
embaucher et former des vérificateurs fiscaux en nombre suffisant!
RÉTABLIR LES VASES COMMUNICANTS.
Depuis les années 1990, les entreprises publiques sont devenues des établissements
autonomes dotés de leur comptabilité
propre et tenus à l’équilibre des comptes.
Certaines peuvent réaliser des bénéfices
et les réinvestir. D’autres sont contraintes
de jongler avec les prestations.
Ainsi l’aéroport de Genève, propriété
publique, réalise-t-il 80 millions de bénéfices, dont il ristourne la moitié à l’Etat.
Parallèlement, bénéficiant d’une très
grande autonomie, les Hôpitaux universitaires genevois (HUG) font la Une des
journaux pour les millions versés à des
tiers et des dépenses somptueuses. Les
Services industriels de Genève (SIG),
eux, se lancent dans des opérations
foireuses et versent des rémunérations
scandaleuses à leurs managers. Quant
aux Transports publics genevois (TPG),
faute de ressources suffisantes, ils ralentissent la fréquence de leurs véhicules
afin de respecter la réduction des tarifs
voulue par le peuple. Alors qu’on investit à l’aéroport pour garantir plus de vols
à bas prix, on supprime des trams et des
bus car le prix des billets est trop bas.
Il est temps de rétablir les vases communicants en révisant le statut des entreprises autonomes, pour permettre le
financement des services déficitaires par
les bénéfices réalisés ailleurs.
Mises ensemble, les mesures proposées
par le comité unitaire de lutte rapporteraient 750 millions aux caisses publiques
genevoises. Pourquoi s’en priver?
LE 22 AVRIL, ET APRÈS? LA prochaine ren-
contre entre le Conseil d’Etat et les syndicats aura lieu le 22 avril.
Et au-delà de cette date? Nul ne le sait.
Si ce n’est qu’il est important de faire
remonter, depuis les assemblées de services et de secteurs, nos revendications et
nos besoins. Nous devons aussi assurer,
comme nous l’avons fait pour le référendum contre le Personal Stop, le succès de
la pétition pour plus de postes, véritable
réponse à la «boîte à idées». Tenons-nous
prêts, s’ils devaient revenir à la charge
avec leurs mesures structurelles, à reprendre la voie qui les a fait reculer en
décembre: celle de la mobilisation. Venez
nombreux à l’assemblée générale du personnel, le 11 avril prochain! (Voir l’Agenda militant) ◼
Organisée par le Comité unitaire de
lutte de la fonction publique.
Lundi 11 avril, 20 h, au Palladium. ◼
MÉTAMORPHOSES DU MONDE GLOBALISÉ.
ROSA LUXEMBURG, ANTONIO GRAMSCI
INACTUELS?
LAUSANNE, GENÈVE, PARIS
Séminaire et journée d’étude
internationale – printemps 2016.
Mercredi 13 avril 2016, de 17 h à
20 h 30: Gramsci, Luxemburg et
la démocratie. Séminaire et débat
avec Antoine Chollet, André Tosel,
Federico Oliveri, Farinaz Fassa,
Andréa Eggli, Graziella de Coulon,
Pauline Milani. Université de
Lausanne, centre Walras-Pareto, Salle
Anthropole 2014.
Mercredi 20 avril, de 17 h à 20 h:
Gramsci, Luxemburg: territoires,
cultures, stratégie. Avec Fabio Frosini,
Umberto Bandiera.
Inscription: [email protected].
Un dossier sera envoyé aux inscrits. ◼
CENTENAIRE DE LA CONFÉRENCE
DE KIENTAL POUR LA PAIX
BERNE
Débats, conférences et exposition
autour de la réunion socialiste contre
la guerre qui s’est tenue du 24 avril
au 30 avril 1916 dans le village de
Kiental (Oberland bernois).
Du 22 au 24 avril, à l’Hôtel Bern
(Berne) et à l’Hôtel Bären (Kiental).
Programme détaillé (en allemand) sur
le site: www.robertgrimm.ch ◼
«WADJA»
LAUSANNE
Wadjda, 12 ans, est une fille pleine
de vie, qui ne rêve que d’une chose:
s’acheter un vélo! Difficile dans une
société où les vélos sont réservés aux
hommes.
Un film de Haiffa Al Mansour, Arabie
Saoudite, 2012.
Jeudi 31 mars, 20 h 30. Pôle Sud. ◼
LE REVENU MINIMUM DE BASE: UTOPIE
OU MENACE?
GENÈVE
Débat contradictoire autour de la
votation sur le revenu minimum de
base, le 5 juin prochain.
Grande salle du SIT, 16, rue des
Chaudronniers.
Jeudi 7 avril, 18 h ◼
Impressum
JOURNAL DESTINÉ AUX MEMBRES DU SSP
PARAÎT TOUS LES 2 VENDREDIS DU MOIS
ÉDITEUR RESPONSABLE
SSP-VPOD
Stefan Giger
Secrétaire général
Case postale 8279
8036 Zurich
www.ssp-vpod.ch
RÉDACTEUR RESPONSABLE
Guy Zurkinden
Case postale 1360
1001 Lausanne
Tél. 021 340 00 00
Fax 021 340 00 09
E-mail: [email protected]
IMPRESSION
Atar Roto Presse SA, Genève
4 . RÉGIONS
services PUBLICS . 15 avril 2016
FRIBOURG UNE INJUSTICE QUI DOIT ÊTRE RÉPARÉE
GENÈVE DUMPING SOCIAL CHEZ GLOBAL EXCHANGE
UNE PÉTITION POUR REVALORISER
LES ASSISTANTS SOCIO-ÉDUCATIFS
GLOBALE ARNAQUE À L’AÉROPORT
INTERNATIONAL DE GENÈVE!
L
a fonction d’assistant socio-éducatif
(ASE) est nouvelle. Elle a été créée en
2007, en même temps que la fonction
d’aide en soins et santé communautaire
(ASSC). Cette profession prend de plus en
plus d’importance dans les institutions spécialisées. Depuis la création de la fonction
d’ASE, le Département de la santé et des
affaires sociales (DSAS) du canton de Fribourg tente d’en faire la promotion et de la
valoriser, afin de disposer dans les institutions de personnel formé au niveau CFC.
Mais la collocation actuelle de ces ASE, en
classe 10 de l’échelle des traitements, est
une entrave à cet objectif.
En 2012, le Conseil d’Etat fribourgeois
a revu la classification de la fonction
d’ASSC: cette dernière est passée de la
classe 10 à la classe 11. Les fonctions
d’ASSC et d’ASE ayant été colloquées ensemble en classe 10 lors de leur création,
rien ne justifie désormais que les ASE demeurent en classe 10. En effet, les deux
fonctions nécessitent le même niveau de
formation (CFC) et occupent la même
place dans les structures hiérarchiques.
Cette situation problématique est reconnue également par les employeurs. En
2014, la Fédération des organisations
du personnel des institutions sociales
(FOPIS) et l’Association fribourgeoise des
institutions spécialisées (INFRI) ont de-
mandé au DSAS d’entrer en matière sur
une reclassification de la fonction d’ASE
et de demander à la Commission d’évaluation des fonctions (CEF) de procéder à
cet examen. Pour l’heure, leur démarche
est restée sans réponse.
Pour mettre fin à cette injustice, le SSP
– Région Fribourg, conjointement avec la
FOPIS, a lancé une pétition à la fin mars.
Cette pétition vise à appuyer la démarche
qui sera prochainement menée auprès
de la Commission d’évaluation des fonctions. Elle demande spécifiquement:
◼
Une réévaluation de la fonction
d’ASE en classe 11-12, au même titre que
les ASSC.
◼
Une réponse du DSAS au courrier
émis par INFRI et la FOPIS le 28 avril 2014
à ce sujet, ainsi qu’un appui auprès de la
Commission d’évaluation des fonctions.
◼
Des subventions adéquates,
afin d’appliquer la mesure de réévaluation de la fonction d’ASE aux institutions
subventionnées au travers de la CCT INFRI-FOPIS.
Pour signer la pétition, contactez le SSP
– Région Fribourg. Toute personne intéressée peut la signer jusqu’à la fin du mois
d’avril! ◼
D
epuis novembre 2015, le groupe
Global Exchange a repris les activités d’American Express, avec trois
points de change à Genève. Global Exchange est une société transnationale
espagnole, spécialiste dans la prestation
de services de change de devises dans des
aéroports internationaux. Elle contrôle
plus de 120 bureaux de change dans le
monde, entre autres en Amérique latine,
Russie, Suisse, Maroc, Israël et Espagne.
Depuis l’arrivée de Global Exchange à
l’aéroport international de Genève, la
sous-enchère salariale est devenue la
règle. Les nouveaux engagés reçoivent
un salaire mensuel de 3400 francs brut
par mois, contre 4300 pour les anciens.
Global Exchange est aussi coupable de violations des droits élémentaires de ses salariés. Le non-respect des droits syndicaux,
la surveillance électronique du personnel,
une ambiance de peur et des menaces de
licenciement sont le lot quotidien des employés œuvrant dans cette entreprise.
Les travailleurs locaux sont régulièrement remplacés par de la main d’œuvre
étrangère payée au lance-pierre, créant
une sous-enchère salariale et établissant
une division entre le personnel.
Quarante-sept personnes sont employées
à Genève. Depuis décembre dernier, pas
moins de onze travailleurs ont été licenciés pour des motifs farfelus. Nous nous
trouvons donc face à un licenciement
collectif, sans le respect des procédures
légales.
Au cours d’une conférence de presse organisée le 6 avril dernier, plusieurs travailleurs ont témoigné du cauchemar qu’ils
vivent. Une fois encore, le SSP déplore la
politique de sous-enchère salariale parrainée par la direction de l’aéroport. Notre
syndicat espère que le changement de
directeur sera l’occasion d’une prise en
compte de la responsabilité sociale que
doit assumer une entité publique.
Le SSP – Groupe trafic aérien a alerté la
direction de l’aéroport, l’office cantonal
de l’emploi et le Département de la sécurité et de l’économie de la casse sociale
en cours à l’aéroport.
Les travailleurs sont motivés pour se
battre et le conflit social prendra de l’ampleur si les dirigeants de Global Exchange
ne modifient pas radicalement leur politique du personnel. ◼
JAMSHID POURANPIR
CATHERINE FRIEDLI
GENÈVE PÉTITION DU PERSONNEL DE L’HOSPICE GÉNÉRAL
GENÈVE LE CONSEIL D’ÉTAT S’ENTÊTE
POUR LES TRAVAILLEURS SOCIAUX,
LA COUPE EST PLEINE
CONTRE L’AUSTÉRITÉ, LE COMITÉ UNITAIRE
RELANCE LA MOBILISATION
L
e 23 mars dernier, le personnel de
l’Hospice général, appuyé par les
syndicats, a tenu une conférence de
presse. Nous avons expliqué à quel point
la coupe était pleine. Dans un contexte
de travail à flux tendu, l’Hospice Général a vu les demandes de prestations
augmenter de 62% alors que sa subvention n’a pas bougé. La direction tente de
trouver des solutions à coups de groupes
de travail, boîtes à idées et autres, ce qui
revient à changer la forme du contenant
sans modifier le contenu.
En ce qui concerne les prestations, le
personnel refuse de devenir un bancomat sur pattes: le travail social nécessite
des moyens pour l’accompagnement,
l’insertion et la réintégration dans la société.
Lorsque le Comité unitaire de lutte propose des recettes fiscales supplémentaires
au Conseil d’Etat, la réponse est répétée
en boucle: cela fera partir les riches et
les grandes entreprises de notre canton!
Pourtant, la perte de moyens pour l’Hospice général signifie: davantage de personnes qui dorment dans les parcs, dans
les allées ou dans la rue; davantage de
jeunes sans projet professionnel ou de formation; davantage de personnes sans réel
projet de réinsertion dans notre société.
Ce climat social ne fera-t-il pas partir les
grosses fortunes et les grandes entreprises
du canton?
Après sept jours de grève, onze manifestations du personnel, la saisie de
la direction, du Conseiller d’Etat et
du Conseil d’Administration, c’est un
cri de désespoir que le personnel de
l’Hospice général transmet au travers
de la pétition. Cette dernière a récolté, en moins de trois semaines, les
signatures des deux tiers du personnel.
Chaque jour, l’unique tri des urgences
pèse sur les collègues: ai-je fait le bon
choix? Est-ce que j’aurais dû prioriser
plutôt le père de famille qui sombre dans
l’alcool? Ou la mère de quatre enfants,
endettée et qui risque de perdre son logement? Ou encore ce jeune déboussolé et
sans repères?
Espérons tous que nous n’aurons pas à
subir les conséquences de situations de
détresse désespérées...
C’est en formant un petit cortège et en
vendant des pâtisseries aux passants
afin de trouver les 10 millions nécessaires au bon fonctionnement de l’Hospice que les syndicats et la commission
du personnel ont déposé leur pétition.
Il est fort possible que cette démarche
se généralise. En attendant, la mobilisation se prépare! ◼
FILIPPA CHINARRO
I
nterrompues depuis le 22 mars, les
rencontres entre les représentants du
personnel et la délégation du Conseil
d’Etat vont reprendre le 22 avril prochain. Dans ce contexte, le souhait exprimé par le président du gouvernement de
voir «commencer de vraies négociations»
a de quoi inquiéter.
Enfermé dans son dogmatisme budgétaire, le Conseil d’Etat a refusé de négocier sur les propositions de recettes nouvelles que nous lui avons soumises. Il est
dès lors à craindre que la notion de «vraies
négociations» couvre la volonté du gouvernement de revenir à l’attaque avec
son objectif de réduction de la charge de
fonctionnement de l’Etat par une baisse
de 5% par an de la masse salariale.
Prétextant l’urgence de rembourser une
dette qui reste relativement légère en comparaison internationale, le Conseil d’Etat
s’entête dans une logique d’austérité.
Nos craintes ne peuvent qu’être confortées par les accommodations comptables
auxquelles s’est livré le gouvernement en
transformant les résultats bénéficiaires de
l’exercice 2015, plus de 200 millions, en
déficit grâce à une provision qui aurait
pu être étalée sur plus de 12 ans. Cette
liberté prise avec les chiffres permet par
ailleurs au Conseil d’Etat de se dégager
autant de l’accord signé avec les organisations syndicales que du vote du Grand
Conseil favorable au versement de l’annuité au personnel de l’Etat.
De plus, par la dramatisation à souhait de la
situation de la caisse de retraite, le Conseil
d’Etat essaie de peindre le diable sur la muraille et de faire croire que la population devra casquer pour garantir la pérennité d’une
caisse qui n’est de loin pas en péril.
Enfin, en refusant de déposer un budget,
le gouvernement condamne les services
publics à se priver des centaines de postes
qui avaient été budgétés et font cruellement défaut.
Face à ces craintes, le comité unitaire a
décidé de relancer les mesures de mobilisation du personnel, seul moyen de faire
valoir nos revendications et de ramener le
Conseil d’Etat à la raison.
Lundi 11 avril, l’assemblée générale du personnel a validé les revendications qui seront
adressées au gouvernement et décidé de reprendre la mobilisation. Elle a aussi demandé
la démission des conseillers d’Etat François
Longchamp (PLR) et Serge Dal Busco (PDC).
Parallèlement, les organisations représentatives du personnel œuvrent à l’organisation, le samedi 28 mai, d’une large manifestation populaire contre l’austérité. ◼
COMITÉ UNITAIRE DE LUTTE
DE LA FONCTION PUBLIQUE