Sonates Schubert - Offre Média de la Cité de la musique

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Sonates Schubert - Offre Média de la Cité de la musique
Jeudi 3, vendredi 4, samedi 5
et dimanche 6 avril 2003
Vous avez la possibilité de consulter
les notes de programme en ligne,
2 jours maximum avant chaque concert :
www.cite-musique.fr
programme
1
Cité de la musique
Intégrale des sonates pour piano
de Franz Schubert
2
Sonates pour piano de Franz Schubert
Schubert éprouve pour la virtuosité un désintérêt profond : cela
explique en partie pourquoi sa production pianistique ne
connaît pas au XIXe siècle l’engouement remporté par
celles de Beethoven ou de Chopin. Comme pianiste soliste,
il n’apparaît pas une seule fois en public et ne joue jamais
le jeu du virtuose dans les salons où il est introduit.
Ses apparitions publiques se limitent à sept concerts ;
soit il se montre accompagnateur de ses propres lieder,
soit il partage son clavier avec un tiers pour interpréter
des pièces à quatre mains. Schubert joue pour lui-même
ou pour son cercle d’amis, lesquels témoignent après sa
mort de la particularité de son jeu. Très bon déchiffreur,
excellent accompagnateur de ses lieder, il est avant tout
admiré de son entourage pour son toucher : « des mains
calmes, un beau toucher, un jeu clair et net, plein d’esprit et de
sentiment » (souvenirs d’Albert Stadler). Mais tous
les témoignages concordent sur ce point, Schubert n’était
pas un virtuose à proprement parler : « Son jeu, en dépit
d’une facilité non insignifiante, était bien loin d’être magistral »
(souvenirs de Ferdinand Hiller). Dans le genre de
la sonate, Schubert ouvre les portes d’une esthétique toute
nouvelle où la poésie cohabite avec le lyrisme. Voyage
immobile plongeant au cœur de l’intimité, ses sonates
développent une dramaturgie propre, un théâtre onirique
de l’instant, en fin de compte remarquablement peu
influencé par Beethoven.
Les dates portées par la main de Schubert sur les partitions
achevées, les ébauches ou les fragments de sonates montrent
que l’intérêt du compositeur pour ce genre n’a pas été
continu. Il travaille en effet à la sonate par à-coups en
1815-1816 ; 1817-1819 ; 1823 ; 1825-1826 et à la fin de l’été
1828. Ce n’est qu’à partir du groupe de sonates de
1825-1826 qu’il songe à la diffusion en publiant en 1826
la Sonate en la mineur D. 845 (composée en mai 1825) sous
le titre de « Première Grande Sonate », alors qu’il s’agissait
de sa seizième tentative dans le genre. Cette parution est
immédiatement saluée par un long article dans l’Allgemeine
Musikalische Zeitung de Leipzig (le premier de cette taille
consacré à Schubert par ce journal) : « La Sonate est riche
Corinne Schneider
3
commentaires
d’invention véritable et originale, tant mélodique qu’harmonique.
Elle est plus riche encore par son abondante expressivité,
toujours artistique […] et surtout par la conduite des voix.
Elle n’en est pas moins essentiellement une véritable musique
pour le pianoforte » (1er mars 1826). Jusqu’en 1823,
l’inachèvement est fréquent : Deutsch recense dans son
catalogue plus de trente esquisses ou fragments de sonates
abandonnés ou en cours de composition. Ce n’est qu’à
partir de la Sonate en la mineur D. 784 que les hésitations et
les abandons disparaissent ; mise à part la Sonate en ut
majeur D. 840 inachevée d’avril 1825, Schubert parvient
alors systématiquement à poser la double-barre.
Ces hésitations sont notamment révélatrices de
l’interrogation permanente livrée par le compositeur
sur ce genre (avec toutes ses conventions et ses contraintes)
en même temps que sur la validité de sa propre création
dans ce domaine.
Sonates pour piano de Franz Schubert
4
Tableau chronologique
des sonates interprétées dans le cycle
Catalogue
Deutsch
Tonalité
Date
de composition
D. 537
D. 557
D. 567
D. 575
D. 625
D. 664
D. 784
D. 840
D. 845
D. 850
D. 894
D. 958
D. 959
D. 960
la mineur
la bémol majeur
ré bémol majeur
si majeur
fa mineur
la majeur
la mineur
ut majeur
la mineur
ré majeur
sol majeur
ut mineur
la majeur
si bémol majeur
mars 1817
mai 1817
juin 1817
août 1817
septembre 1818
juillet 1819
février 1823
avril 1825
mai 1825
août 1825
octobre 1826
septembre 1828
septembre 1828
septembre 1828
Jeudi 3 avril - 20h
Salle des concerts
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate en la mineur D. 537
1. Allegro ma non troppo
2. Allegretto quasi andantino
3. Allegro vivace
21’
2. Andante
3. Allegro
26’
entracte
Sonate en la mineur D. 845
1. Moderato
2. Andante poco moto
3. Scherzo. Allegro vivace
4. Rondo. Allegro vivace
35’
Nicholas Angelich, piano
Durée du concert (entracte compris) : 1h55
programme
jeudi 3 avril - 20h
1. Allegro moderato
5
Sonate en la majeur D. 664
Sonate en la mineur
D. 537
Sonates pour piano de Franz Schubert
6
Composition : mars 1817.
Première édition : 1852 ou 1853
(Spina).
Sonate en la majeur
D. 664
Composition : juillet 1819.
Première édition : 1829
(Joseph Czerny,Vienne).
Pleine de fougue, la Sonate en la mineur D. 537 est
la première de la série de 1817. Dans le traitement des
thèmes et de leur accompagnement (batteries d’accords
répétés), comme dans l’écriture rythmique, cette sonate en
trois mouvements présente de nombreux gestes déjà
expérimentés par Schubert dans le domaine du lied.
À plusieurs reprises surgissent d’ailleurs au sein de chaque
mouvement des mélodies qui auraient pu constituer la
matière première de lieder. C’est le cas du nouveau thème
en la bémol majeur qui se déploie dans le développement
de l’Allegro ma non troppo, de la mélodie qui surgit au
centre de l’Allegro vivace à 3/8 ou du thème principal de
l’Allegretto quasi andantino. Brigitte Massin relève
la proximité de ce dernier avec l’allure générale du thème
du mouvement final (également noté Allegretto) de
la Sonate en la majeur D. 959 composée dix ans plus tard.
L’ accompagnement de marche en 2/4, très fréquent chez
Schubert, y est présenté d’abord anodinement avant de
s’imposer de plus en plus au point d’irriguer l’ensemble du
mouvement par sa présence obsédante.
Depuis la série de sonates de 1817, Schubert avait abordé
le genre à trois reprises et n’avait laissé que des partitions
inachevées (Sonates en ut majeur et fa mineur de 1818 et
Sonate en ut dièse mineur de 1819). La Sonate en la majeur D. 664
se présente donc comme la première sonate achevée depuis
la série de 1817. Avec une attaque sur une mélodie de lied
et son accompagnement dès le début de l’Allegro moderato,
Schubert s’écarte volontiers du profil habituel des premiers
thèmes de sonates publiées par ses contemporains viennois.
Dans l’Andante, il expose sur sept mesures le thème unique
du mouvement en ré majeur dans une écriture toute
personnelle où la mélodie trouve sa pleine réalité par
le mouvement harmonique permanent réalisé à l’intérieur
d’accords soutenus et répétés presque immobiles.
Ainsi résulte toute l’intériorité du chant qui naît de
la tension produite par un rythme harmonique omniprésent.
Construit à partir d’un thème de danse, l’Allegro final
présente des gammes rapides qui prennent possession
Composition : mai 1825.
Dédicace : Archiduc Rodolphe.
Première édition : 1826 (Pennauer,
Vienne, sous le titre de « Première
Grande Sonate »).
Seizième tentative de Schubert dans ce domaine,
la Sonate en la mineur D. 845 est la première à être publiée
de son vivant. Elle présente de nombreux points communs
avec la contemporaine Sonate en ut majeur D. 840 composée
en avril 1825 : allure générale du premier mouvement
Moderato, liens thématiques, recherches nouvelles dans
le domaine de l’écriture polyphonique, exploitation
systématique de toute l’étendue du clavier. Le deuxième
mouvement, Andante poco moto, est un thème et variations,
le seul de toutes les sonates pour piano de Schubert. Après
l’avoir interprété devant une assemblée d’amis au début de
l’été 1825, le compositeur écrit à ses parents avec une
certaine satisfaction : « Les variations de ma nouvelle sonate
ont beaucoup plu, je les ai jouées seul, non sans succès,
et plusieurs personnes m’ont assuré que, sous mes mains,
les touches devenaient des voix chantantes, ce qui, si cela est
vrai, m’a fait le plus grand plaisir, car je ne puis souffrir ce
maudit style haché, propre à certains pianistes notoires, mais
qui ne peut contenter ni l’oreille, ni le sentiment ». Cette lettre
datée du 25 juillet 1825 constitue l’un des rares
témoignages de Schubert sur son propre jeu pianistique.
Corinne Schneider
commentaires
Sonate en la mineur
D. 845
7
de tout le clavier. Selon toute vraisemblance, elles sont
destinées à mettre en valeur le jeu brillant de Josephine
von Koller pour laquelle Schubert a composé cette partition.
Un silence de quatre ans dans le domaine de la sonate suit
l’achèvement de cette dernière : l’œuvre suivante accomplie
dans ce domaine est la tragique Sonate en la mineur D. 784
de février 1823.
programme
8
Vendredi 4 avril - 20h
Salle des concerts
Franz Schubert
Sonate en la mineur D. 784
1. Allegro giusto
2. Andante
3. Allegro vivace
23’
Wanderer-Fantasie en ut majeur D.760
3. Presto
4. Allegro
21’
Giovanni Bellucci, piano
entracte
Moments musicaux D. 780
N° 1. Moderato
N° 2. Andantino
N° 3. Allegro moderato
N° 4. Moderato
N° 5. Allegro vivace
N° 6. Allegretto
29’
Sonate en ré majeur D. 850
1. Allegro vivace
2. Con moto
3. Scherzo. Allegro vivace
4. Rondo. Allegro moderato
42’
Alain Planès, piano
Durée du concert (entracte compris) : 2h15
9
2. Adagio
programme
vendredi 4 avril - 20h
1. Allegro con fuoco ma non troppo
Sonate en la mineur
D. 784
Sonates pour piano de Franz Schubert
10
Composition : février 1823.
Première édition : 1839 (Diabelli).
Wanderer-Fantasie
en ut majeur D. 760
Composition : novembre 1822.
Première édition : février 1823
(Cappi et Diabelli).
Depuis quatre années et la Sonate en la majeur D. 664
(juillet 1819), Schubert n’avait pas achevé de partition
dans ce domaine. Avec la Sonate en la mineur D. 784,
il atteint une puissance d’écriture encore jamais réalisée
dans ce genre : les premier et dernier mouvements
présentent en effet les traits d’une écriture pianistique
véritablement dramatique. Celle-ci provient d’un jeu
d’opposition de matériaux contradictoires (mélodique,
rythmique et métrique), d’une confrontation serrée d’idées
contrastantes, antagonistes et non résolues. Certains
commentateurs rapprochent ainsi cette partition du style
héroïque de Beethoven d’après 1800 qui bousculait
l’équilibre du discours mozartien. Ce style contribue à
faire de la Sonate en la mineur D. 784 le point de clivage
entre les sonates dites « de jeunesse », majoritairement à
trois mouvements, et les sept dernières sonates (achevées
ou non) en quatre mouvements. Par son climat dramatique
autant que par son écriture (octaves au début, trémolos,
cellules rythmiques communes…), cette sonate est
inséparable du lied contemporain Der Zwerg D. 771
également en la mineur.
Composée pour Emmanuel von Liebenberg, un riche
amateur viennois élève de Hummel, la Fantaisie en ut
majeur devait offrir au commanditaire l’occasion de mettre
en valeur tout l’éclat de son jeu. Schubert compose une
œuvre délibérément virtuose, certainement la plus
volontairement démonstrative de toute sa production
pianistique. D’après les témoignages de ses amis,
la partition dépassait largement le niveau pianistique
personnel du compositeur qui se montrait incapable de
surmonter les exigences du morceau de bravoure final :
« Comme Schubert jouait un jour la Fantaisie op. 15 dans un
cercle d’amis, il resta en panne dans le dernier mouvement ;
il sauta alors à bas de son siège en s’écriant : “C’est au diable de
jouer cela !” » (Léopold Kupelwieser). Ce n’est qu’à la fin
du XIXe siècle que le lien fut établi entre le thème de
l’Adagio à variations et le lied Der Wanderer D. 493 de 1816.
Jusqu’à cette période, l’œuvre était simplement identifiée
Composition : 1823, 1824 et 1827.
Première édition : juillet 1828
(Leidesdorf).
Sonate en ré majeur
D. 850
Composition : août 1825.
Dédicace : Karl Maria von Bocklet.
Première édition : avril 1826
(Matthias Artaria, sous le titre
de « Seconde Grande Sonate »).
La datation de ces six pièces, dont deux sont publiées
séparément et antérieurement par la firme Sauer & Leidesdorf
(n° 3 en décembre 1823 et n° 6 en décembre 1824), reste
difficile à établir. De toute évidence, elles n’ont pas été
composées au même moment et il est ainsi difficile
d’envisager le recueil D. 780 comme un ensemble ou un
cycle. Le titre français de Moments musicals [sic], qui figure
sur la première page de l’édition complète de 1828 en deux
cahiers, vient selon toute vraisemblance de l’éditeur
Leidesdorf. Moins ambitieux que les Impromptus,
les Moments musicaux sont brefs (particulièrement les n° 3
et n° 5) et font volontiers appel à la danse : le Moderato n° 1
(ut majeur) adopte l’allure d’un menuet ; l’Andantino n° 2
(la bémol majeur) épouse le rythme d’une barcarolle ;
l’Allegro moderato n° 3 (fa mineur) est d’allure hongroise.
La recherche harmonique est plus subtile dans le Moderato
n° 4 (ut dièse mineur) et l’Allegretto n° 6 (la bémol majeur),
deux pièces que nous pourrions appeler « études
poétiques » et que d’autres ont nommées les « romances
sans paroles » de Schubert (Einstein, 1951).
Après la Sonate en la mineur D. 845, la Sonate en ré
majeur D. 850 est la deuxième publiée du vivant de
Schubert. Brillante et pleine de fougue, elle se présente
comme un grand élan vital où la recherche de puissance
domine, à l’image des lieder composés à la même époque à
Gastein (Die Allmacht / La Toute-Puissance, D. 852).
Le premier thème du mouvement lent en la majeur est très
commentaires
Six Moments musicaux
D. 780
11
comme Fantaisie. Du point de vue de la structure,
la partition se présente comme une sonate très libre dont
les quatre mouvements, au parcours tonal très original
(ut majeur, ut dièse mineur, la bémol, ut majeur), sont
enchaînés. Cette volonté de continuité entre les différents
mouvements est renforcée par des liens thématiques et
rythmiques. Fasciné par l’architecture en un seul tenant de
cette partition, Franz Liszt en réalisa un arrangement pour
piano et orchestre en 1851.
12
Sonates pour piano de Franz Schubert
proche du lied contemporain Fülle der Liebe D. 854 et le
Scherzo rappelle la chevauchée du Normans Gesang D. 846.
Mais plus que les thèmes ce sont les « images rythmiques »
très fortes qui caractérisent la partition : abondance des
rythmes pointés dans les quatre mouvements, ambiguïté
entre le binaire et le ternaire dans le Con moto et dans le
finale, comme plus tard dans l’Impromptu en fa mineur n° 1
D. 935 (1827). À l’opposé du finale fiévreux en perpetuum
mobile de la Sonate en la mineur D. 845, le Rondo Allegro
moderato de la Sonate en ré majeur D. 850 est dansant et
léger, « d’une candeur désarmante avec un motif de boîte à
musique » (Rémy Stricker, 1997). L’esprit de fantaisie de
ce mouvement presque improvisé n’a toutefois pas retenu
l’attention de Robert Schumann, pourtant grand
admirateur de l’art pianistique de Schubert. Dans un
article de 1835, il juge en effet assez sévèrement cette
page : « La dernière partie ne cadre guère avec l’ensemble et
se montre assez bouffonne – mais qui voudrait prendre la chose
au sérieux se montrerait fort ridicule ».
Corinne Schneider
Samedi 5 avril - 16h30
Salle des concerts
Franz Schubert
Sonate en ré bémol majeur D. 567
1. Allegro moderato
2. Andante molto
3. Allegretto
N° 1. Allegro molto moderato
N° 2. Allegro
N° 3. Andante mosso
N° 4. Allegretto
28’
entracte
Sonate en sol majeur D. 894 « Fantaisie »
1. Molto moderato e cantabile
2. Andante
3. Menuetto. Allegro moderato
4. Allegretto
40’
Giovanni Bellucci, piano
Durée du concert (entracte compris) : 2h05
13
Impromptus D. 899
programme
samedi 5 avril - 16h30
29’
Sonate en ré bémol majeur
D. 567
Sonates pour piano de Franz Schubert
14
Composition : juin 1817.
Quatre Impromptus
D. 899
Composition : 1827.
Première édition : 1827
(Tobias Haslinger n° 1 et 2)
et 1857 (n° 3 et 4).
La Sonate en ré bémol majeur D. 567 appartient à la série
des sept sonates composées en 1817. Le manuscrit de
Schubert se présente en trois mouvements. L’Allegretto est
incomplet, non qu’il soit inachevé mais le dernier feuillet
de la partition autographe est perdu. L’Andante molto en ut
dièse mineur (tonalité enharmonique mineure de ré bémol
majeur) est initialement esquissé en ré mineur. Schubert
n’a vraisemblablement pas prévu de scherzo pour cette
sonate, même si le Scherzo en ré bémol majeur D. 593 de
novembre 1817 aurait pu être écrit en fonction de cette
partition, étant donné la tonalité commune. À cette même
date, il travaille à nouveau sa sonate, lui adjoignant un
quatrième mouvement et la transposant en mi bémol
majeur. Publiée dès 1829 chez Pennauer, la Sonate en mi
bémol majeur D. 568 est ainsi la deuxième version de
la Sonate en ré bémol majeur D. 567. Moins diffusée que
la deuxième version et souvent considérée comme une
ébauche, la première version en ré bémol est rarement
interprétée. Cette reprise, qui ne peut se réduire à une
simple transposition puisque le compositeur ajoute de
nouveaux éléments, notamment dans l’Allegro moderato et
bouleverse le développement de l’Allegretto, témoigne de
l’ampleur de la recherche de Schubert dans le domaine de
la sonate et met à mal la prétendue « écriture spontanée »
si souvent relevée par les commentateurs.
Si Schubert n’est pas le premier compositeur viennois à
publier des Impromptus, il excelle dans ce genre, en grande
partie parce qu’il peut y développer la même dramaturgie
que dans le lied, expérimentée et mûrie depuis bien des
années. Chacune de ces pièces s’apparente d’abord au lied
par la construction en forme tripartite (A-B-A’) et l’écriture
en mélodie accompagnée. La dualité majeur-mineur
domine ensuite dans les tonalités, toutes à bémols
(particulièrement dans l’Allegro molto moderato en ut
mineur-majeur et dans l’Allegro en mi bémol majeurmineur). Le traitement de la mélodie, enfin, se voit sans
cesse renouvelé par une grande variété d’attaques et un
phrasé subtil constamment réinventé (surtout dans
Composition : octobre 1826.
Dédicace : Josef von Spaun.
Première édition : avril 1827
(Tobias Haslinger, sous le titre
de « Fantaisie ou Sonate »).
Composée à la suite de la trilogie de 1825 (D. 840, D. 845
et D. 850), la Sonate en sol majeur D. 894 est souvent
considérée comme l’aboutissement et l’accomplissement
des recherches réalisées dans ces trois partitions. Robert
Schumann estime en 1835 qu’elle est « quant à l’esprit et à
la forme, la plus parfaite » de ce groupe de sonates. Peut-être
songeait-il avant tout à la subtilité du déroulement de
l’Andante, qui n’est pas un thème et variations mais qui
reprend deux thèmes en alternance à chaque fois variés.
Quant au titre de « Fantaisie » retenu par l’éditeur
Haslinger pour la publication, il provient certainement du
caractère quasi-improvisé du Molto moderato e cantabile
initial. Celui-ci repose sur une mesure à 12/8 – inhabituelle
pour un premier mouvement – où une grande ligne
mélodique ample et fluide se déroule et semble se perdre
sur un tapis d’accords répétés dont l’oscillation minimale
des harmonies donne une illusion de statisme. Le critique
de l’Allgemeine musikalische Zeitung qui commenta
la partition quelques mois après sa publication fut assez
décontenancé par cette écriture et ne sembla rien saisir de
cette esthétique nouvelle qui avait pour dessein
d’ « éterniser l’instant » : « Peut-être çà et là joue-t-il pour
le plaisir de jouer avec l’instrument, auquel il est demandé de
produire des sons et des accords prolongés comme s’il s’agissait
d’un quatuor à cordes ; il répète trop et devient en somme trop
long pour ce qu’il se propose d’offrir, et ce qu’il offre en effet »
(Allgemeine musikalische Zeitung, 26 décembre 1827).
Corinne Schneider
commentaires
Sonate en sol majeur
D. 894 « Fantaisie »
15
l’Allegro molto moderato en ut mineur). Avec ces seuls
Impromptus, qui constituent certainement les pages
pianistiques les plus connues et les plus jouées de
Schubert, le compositeur se pose en « parfait poète du
piano », selon l’expression d’Alfred Einstein (1951).
programme
16
Samedi 5 avril – 20h
Salle des concerts
Franz Schubert
Sonate en si majeur D. 575
1. Allegro ma non troppo
2. Andante
3. Scherzo. Allegretto
4. Allegro giusto
1. Moderato
2. Andante
45’
Alain Planès, piano
entracte
Sonate en ut mineur D. 958
1. Allegro
2. Adagio
3. Menuetto. Allegro
4. Allegro
32’
Nicholas Angelich, piano
Durée du concert (entracte compris) : 2h10
programme
samedi 5 avril - 20h
Sonate en ut majeur D. 840 « Reliquie »
17
25’
Sonate en si majeur
D. 575
Sonates pour piano de Franz Schubert
18
Composition : août 1817.
Première édition : 1843.
Sonate en ut majeur
D. 840 « Reliquie »
Composition : avril 1825.
Première édition : 1861 (le titre
de « reliquie », est de l’éditeur
qui croyait avoir découvert là l’ultime
composition de Schubert, interrompu,
la plume à la main, par la Faucheuse…).
La dramaturgie du premier mouvement présente un
certain nombre de questions clés de la composition
schubertienne. Le dramatisme beethovénien d’un premier
thème très affirmatif et d’une configuration mélodique
simple (ici fondée sur les degrés de l’accord parfait) se voit
immédiatement transformé, varié dans ses figures
rythmiques, comme déployé, proposant ensuite un
développement harmonique très riche qui fait parcourir à
l’auditeur de vastes territoires.
L’Andante évoque tous ces hymnes « gœthéens » dont
Schubert a le secret : lumière et paix pour un thème initial
dont la stabilité se voit comme fluidifiée par le jeu des
arpèges. Ce deuxième mouvement présente en son centre
une séquence de temps suspendu, entre spéculation,
improvisation et variation. Scherzo et finale reviennent à
des modes expressifs relativement plus extérieurs.
Cette sonate inachevée comprend deux mouvements
d’une densité qui a peut-être fait obstacle à la composition
des mouvements suivants. Bizarrement, la richesse extrême
du premier mouvement n’est pas d’ordre thématique :
il s’agit au contraire d’une sorte de tournoiement autour
d’une idée mélodique unique, d’une très intéressante
configuration, fondée sur les degrés de l’accord parfait d’ut
majeur sans la tonique ut, c’est-à-dire sans assise tonale.
C’est ce qui va ouvrir au long de ce vaste mouvement
(près de vingt minutes !) une abondance extraordinaire de
modulations, mais aussi de modes rythmiques. Schubert
présente aussi, entre autres, un motif sonnant comme un
« écueil » qui immobilise le discours, et qu’il transforme
peu à peu en un objet mouvant, fluide, véritable invitation
à un voyage maritime…
Le second mouvement en ut mineur, dans sa simplicité
funèbre, va se voir ensuite subtilement métamorphosé,
présentant des motifs plus dansants, viennois peut-être,
lui donnant une ambiguïté sentimentale riche d’effets.
19
Composition : septembre 1828.
Première édition : 1839.
Comme dans la plupart des pièces précédentes de Schubert,
cette première des trois ultimes sonates de 1828 s’inscrit en
apparence dans le cadre conventionnel de la sonate en
quatre mouvements, mais la façon de développer,
d’introduire de nouveaux thèmes, de morceler, montre en
revanche une extraordinaire liberté de pensée – même si
l’analyse révèle la construction rigoureuse qui sous-tend
cette apparente souplesse. Les deux allegros (1er et 4e
mouvements) fonctionnent de façon analogue. L’Adagio
rappelle l’écriture de certains impromptus : une mélodie
sereine densifiée et animée par le jeu des rythmes à
la main gauche (en particulier au centre du mouvement).
Menuet et trio sont relativement moins denses et moins
développés.
Hélène Pierrakos
commentaires
Sonate en ut mineur
D. 958
programme
20
Dimanche 6 avril - 15h
Salle des concerts
Franz Schubert
Sonate en fa mineur D. 625
1. Allegro
2. Adagio
3. Allegro
22’
N° 2. Allegretto
N° 3. Andante
N° 4. Allegro scherzando
35’
Nicholas Angelich, piano
entracte
Sonate en la majeur D. 959
1. Allegro
2. Andantino
3. Scherzo. Allegro vivace
4. Allegretto
43’
Giovanni Bellucci, piano
Durée du concert (entracte compris) : 2h10
21
N° 1. Allegro moderato
programme
dimanche 6 avril - 15h
Impromptus D. 935
Sonate en fa mineur
D. 625
Sonates pour piano de Franz Schubert
22
Composition : septembre 1818.
Première édition : 1897
(Breitkopf & Härtel).
Impromptus D. 935
Composition : février 1828.
Première édition : 1838.
Cette sonate dénuée de mouvement lent (donc inachevée,
selon les critères conventionnels) s’est vue parfois dotée
d’un adagio de substitution, la pièce D. 505 en ré bémol.
Peut-être du fait de sa tonalité de fa mineur, celle de
la Sonate n° 23 « Appassionata » de Beethoven, Schubert
semble ici marqué par l’univers beethovénien : dans le
dramatisme du premier thème et la houle pleine d’exaltation
du final, en particulier. Mais la Sonate D. 625 dans son
ensemble révèle aussi des modes expressifs tout autres :
ainsi, la figure du trille dans le surgrave, qui se verra
largement exploitée dans les dernières sonates, permet une
écriture irisée, quasi impressionniste. On y entend aussi
tout ce que Brahms, plus tard, retiendra de la technique
schubertienne : les ambivalences rythmiques, l’alternance
du chant et des « trajets » en accords.
Le fait que Schubert ait regroupé par cycles ses
Impromptus, Moments musicaux et Klavierstücke pose parfois
question : faut-il les concevoir dans leur enchaînement
obligé ou, au contraire, comme des pièces distinctes,
dénuées de lien ? Les quatre Impromptus D. 935 présentent
en tout cas des cadres formels très divers.
Le n° 1, en fa mineur, le plus dense et le plus structuré,
est tout à la fois « narratif », un peu comme une rhapsodie,
et spéculatif – enclenchant en particulier en son centre une
véritable spirale de modulations autour d’un chant
nocturne.
Le n° 2 en la bémol majeur, de forme lied (A-B-A’),
présente un thème de volkslied plein de paix, lui opposant
en seconde partie une séquence plus fluide, jouant de
l’arpège et des modulations, avant le retour du thème
initial.
Le n° 3 en si bémol majeur n’est autre qu’un « thème et
variations », c’est-à-dire une succession de modifications
arithmétiques du thème proposé, doté selon le modèle
traditionnel d’une variation en mineur (si bémol mineur).
Composition : septembre 1828.
Première édition : 1839 (Diabelli).
Imprégnée, dans son premier mouvement, de la pensée
beethovénienne (configuration des thèmes, rhétorique,
etc.), cette sonate semble concentrer dans son Andantino en
fa dièse mineur le maximum d’intensité poétique et
dramatique. Le thème principal de cette déploration,
d’une désolation poignante – au-delà du funèbre, dirait-on,
par l’absence de pathos qui le caractérise – crée un véritable
appel d’air, un abîme de mélancolie, longuement déployé
dans toutes ses potentialités au centre du mouvement.
L’allègre scherzo qui lui succède apparaît dans toute son
étrangeté, comme une danse des elfes ramenant à
la lumière, avant le finale fondé sur un thème aux allures
de lied populaire.
Hélène Pierrakos
commentaires
Sonate en la majeur
D. 959
23
Le n° 4 en fa mineur débute comme une danse hongroise
vivace, ouvrant un à un des territoires fantasmagoriques
fascinants : obsession des gammes nues, à l’unisson,
jeux sur les silences subits, caractères alternativement
nostalgiques et péremptoires…
programme
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Dimanche 6 avril - 18h
Salle des concerts
Franz Schubert
Sonate en la bémol majeur D. 557
1. Allegro moderato
2. Andante
3. Allegro
12’
N° 2. Allegretto
N° 3. Allegro
24’
entracte
Sonate en si bémol majeur D. 960
1. Molto moderato
2. Andante sostenuto
3. Allegro vivace con delicatezza
4. Allegro ma non troppo
45’
Alain Planès, piano
Durée du concert (entracte compris) : 1h50
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N° 1. Allegro assai
programme
dimanche 6 avril - 18h
Klavierstücke D. 946
Sonate en la bémol
majeur D. 557
Sonates pour piano de Franz Schubert
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Composition : mai 1817.
Première édition : 1888.
L’année 1817 est décisive pour Franz Schubert, qui
renonce à l’âge de vingt ans à vivre chez son père et
abandonne ainsi sa fonction d’instituteur. À cette date,
il s’engage tout entier dans l’aventure musicale et veut
avant tout s’affirmer comme compositeur. Cette prise de
conscience et d’autonomie correspond aussi au moment où
il cesse de recevoir l’enseignement de Salieri. Hébergé chez
son ami Franz von Schober, qui met à sa disposition
d’excellents pianos, Schubert se lance pleinement dans
la création musicale en concentrant tous ses efforts sur un
seul genre : la sonate pour piano. En neuf mois (de mars
à décembre), il compose une série de sept sonates dont
certaines ne sont pas achevées et dont aucune ne sera
publiée de son vivant : un jet exceptionnel qui ne se
reproduira plus sous sa plume. L’accompagnement des
lieder composés durant cette période témoigne également
de cette recherche toute particulière sur l’écriture
pianistique. La Sonate en la bémol majeur D. 557, dont
le dernier mouvement en mi bémol majeur n’appartient
pas à la tonalité principale, est la deuxième composée
au cours de l’année 1817. Plutôt facile d’exécution,
elle présente une grande clarté formelle, dans l’esprit de
la sonatedivertissante du XVIIIe siècle. Le thème initial,
un peu solennel par son rythme de fanfare, est repris par
Schubert dans le lied Der Kampf D. 594 composé quelques
semaines plus tard. La structure tripartite du mouvement
lent (A-B-A’), avec un épisode central extrêmement
contrastant, est une des architectures préférées
du compositeur ; on la retrouve tout au long de
sa production dans le domaine de la sonate mais aussi
dans les Impromptus ou les Klavierstücke.
Corinne Schneider
Klavierstücke D. 946
Composition : mai 1828.
Première édition : 1868
(Rieter Biedermann)
Contrairement aux Impromptus D. 935, ces trois pièces
sont d’une forme presque identique : une sorte de rondo
(c’est-à-dire dotées d’un thème refrain initial, entrecoupé
de deux ou trois couplets différents). L’enchaînement de
leurs tonalités, ainsi que la succession des tempos
(vif-lent-vif), incite à les considérer comme une sorte de
sonate. Mais chacune d’elles se présente aussi de façon
fermée, comme un univers poétique et dramatique
parfaitement indépendant.
Le n° 3 en ut majeur, avec sa vivacité, ses accents décalés et
son caractère jubilatoire, ouvre, en second thème, une sorte
d’hymne germanique plein de ferveur (tout à la fois
volkslied et chant de gloire habsbourgeois). Au centre de
ce finale du cycle, des tournoiements, des effets d’hypnose,
de transe, avant le retour du thème fédérateur des cœurs…
Sonate en si bémol
majeur D. 960
Composition : septembre 1828.
Première édition : 1839 (Diabelli).
D’une richesse extrême, cette ultime sonate contient
presque tous les modes poétiques de Schubert ;
la musicographie lyrique ne s’est d’ailleurs pas privée de
la considérer comme le testament du « rossignol éperdu »…
Comme s’il s’y trouvait un sens dévoilé in extremis,
une musique où tout serait enfin dit. L’œuvre est pourtant
d’une extrême étrangeté, dans ses contrastes et
ses déséquilibres : un immense premier mouvement
ouvrant toutes sortes de caractères expressifs, bien au-delà
du simple mode sentimental, un mouvement lent abyssal
de mélancolie, et deux mouvements finaux relativement
moins denses.
commentaires
Le n° 2 en mi bémol majeur s’ouvre sur un thème d’une
paix merveilleuse, semblant s’élever vers la joie en deux
marches successives (par la densification de l’harmonie).
Les deux « couplets » alternant avec ce thème ouvrent des
mondes beaucoup plus tourmentés : martèlements,
chevauchées, obsession, onirisme…
27
Le n° 1 en mi bémol mineur, d’une magnifique exaltation
symphonique en son thème-refrain, voit se succéder deux
couplets poignants de lumière et d’une sorte de mode
« alpestre » et tyrolien… (On songe bien sûr ici au Pâtre sur
le rocher, pour soprano, clarinette et piano, de la même
année 1828).
Sonates pour piano de Franz Schubert
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Le premier mouvement présente un chant immédiatement
interrompu par un trille dans le surgrave qui en dément
la paix. Au long de ses développements apparaît une variété
extraordinaire d’éclairages sentimentaux, mais aussi de
figures rythmiques (passage du binaire au ternaire,
ambiguïté constante de ces deux cadres, mobilité de
la pulsation, etc.). Tout cela apparaît comme un univers
véritablement impressionniste. Comme si la sempiternelle
alternance du majeur et du mineur (et les analogies
sentimentales qu’elle suscite) se voyait transcendée par
la richesse fascinante de la matière sonore, faisant de cette
sonate, davantage qu’un scénario psychologique divisible
en épisodes contrastés, un propos essentiellement
énigmatique…
Le mouvement lent avec son thème funèbre ouvre lui
aussi, à partir de cette mélancolie affichée, un paysage
autrement plus riche, par les jeux de lumière et de
résonance, les « ombres » portées par tel ou tel motif :
tout un travail quasi pictural sur la matière sonore.
Hélène Pierrakos
Giovanni Bellucci
Le talent musical de
Giovanni Bellucci s’est
manifesté presque par
hasard, en 1979, lorsque,
âgé de 14 ans, il découvre
le piano. Deux ans plus
tard, il donne son premier
concert avec orchestre,
interprétant la Totentanz
de Franz Liszt. À l’âge de
20 ans, il achève le cycle
de ses études pianistiques
en remportant un premier
Prix, décerné à l’unanimité
avec les félicitations du jury
et assorti d’une mention
exceptionnelle,
du Conservatoire de Rome.
À l’invite du pianiste russe
Lazar Berman, il se
perfectionne à l’Académie
de Imola et y obtient,
en 1996, un Master.
Ses contacts avec Paul
Badura-Skoda, Alfred
Brendel, Murray Perahia
et Maurizio Pollini
élargissent également
ses horizons artistiques
et musicaux. Giovanni
Bellucci est lauréat
de nombreux concours
internationaux : Concours
Reine Elisabeth de
Belgique, Prix Ferruccio
Busoni, Concours Claude
Kahn, Piano Masters de
Monte-Carlo... Sa carrière
est désormais affirmée.
Soliste accompagné par des
formations comme
l’Orchestre Philharmonique
de Los Angeles, l’Orchestre
Philharmonique de la BBC,
l’Orchestre Symphonique de
Dallas, l’Orchestre
Philharmonique de MonteCarlo, l’Orchestre
Symphonique de l’Académie
Sainte Cécile à Rome,
l’Orchestre Symphonique de
la Radio de Prague,
l’Orchestre National de
Montpellier…, il a joué sous
la baguette de chefs comme
Claudio Abbado, Pierre
Bartholomée, Philippe
Entremont, Eliahu Inbal,
Jan Latham-Koenig,
Andrew Litton, Charles
Mackerras, Yuri Simonov.
Il se produit dans de
nombreux festivals du
monde entier. À Paris, il a
joué à la Cité de la musique,
à l’Auditorium du Louvre,
Salle Pleyel, Salle Gaveau,
à la Maison de la Radio,
au Théâtre du Châtelet.
Alain Planès
De l’Université d’Indiana à
Pierre Boulez : c’est ainsi
que pourraient, en raccourci,
se dessiner les débuts de
la carrière d’Alain Planès,
devenu, depuis lors, l’un des
pianistes les plus remarqués
de sa génération. Il fait ses
études à Lyon, où il donne
son premier concert avec
orchestre à l’âge de 8 ans,
puis au Conservatoire de
Paris. Jacques Février a été
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Nicholas Angelich
Né aux États Unis en 1970,
Nicholas Angelich
commence le piano à l’âge
de 5 ans avec sa mère et
donne son premier concert à
7 ans. À l’âge de 13 ans,
il entre au Conservatoire
National Supérieur de Paris
où il étudie avec Aldo
Ciccolini, Yvonne Loriod,
Michel Beroff et obtient
les premiers Prix de piano,
musique de chambre et
accompagnement.
Il travaille également avec
Marie-Françoise Bucquet et
suit les masterclasses de
Leon Fleisher, Dmitri
Bashkirov et Maria João
Pires. En 1989, il remporte à
Cleveland le deuxième Prix
du Concours International
Robert Casadesus et en
1994, le premier Prix du
Concours International
Gina Bachauer. Grand
interprète du répertoire
classique et romantique,
il participe à l’intégrale des
sonates de Beethoven dans
différents pays. Il a donné
plusieurs fois l’intégrale des
Années de pèlerinage de Liszt
au cours de la même soirée,
notamment au festival de
La Roque-d’Anthéron.
Il se consacre également à
la musique du XXe siècle,
Serge Rachmaninov,
Serge Prokofiev, Dimitri
Chostakovitch, Béla Bartók,
Maurice Ravel, mais également
Olivier Messiaen, Karlheinz
Stockhausen, Pierre Boulez,
Eric Tanguy et Pierre Henry
dont il crée le Concerto sans
orchestre pour piano.
Passionné de musique de
chambre, il joue avec
Anne Gastinel, Paul Meyer,
Renaud Capuçon, Gautier
Capuçon, Augustin Dumay,
Laurent Korcia, Gérard
Caussé, Marc Coppey,
le Quatuor Ysaye et
le Quatuor Prazak.
Récemment, il s’est produit
avec l’Orchestre National
de Lyon et David Robertson,
avec l’Orchestre National
de Bordeaux et Yutaka Sado,
ainsi qu’au festival de
la Roque-d’Anthéron avec
l’Orchestre National de
France dirigé par Marc
Minkowski. Sous le parrainage
de Leon Fleisher, il reçoit
le prix des jeunes talents
du Klavierfestival Ruhr où
il se produira en juin 2003.
biographies
Biographies
30
biographies
son mentor. Alain Planès se
perfectionne ensuite aux
États-Unis. À Bloomington,
il travaille avec Menahem
Pressler (le pianiste du
fameux Beaux-Arts Trio),
Janos Starker, György Sebök
et William Primrose.
Il devient le partenaire de
Janos Starker et commence à
donner de nombreux concerts
aux États-Unis et en Europe.
Pierre Boulez lui propose de
devenir, dès la création de
l’Ensemble Intercontemporain,
pianiste soliste de la formation,
poste qu’il occupera jusqu’en
1981. Sa carrière de soliste le
conduit dans les plus grands
festivals (Festival d’art lyrique
d’Aix-en-Provence, Montreux,
La Roque-d’Anthéron,
les Folles Journées de
Nantes…). Très proche de
Rudolf Serkin, il est un des
jeunes « seniors » du festival
de Marlboro. En musique
de chambre, Alain Planès
a été le partenaire de Maurice
Bourgue, Shlomo Mintz,
Michel Portal, les quatuors
Prazak et Talich... Il a joué,
entre autres, avec l’Orchestre
de Paris, l’Orchestre National
de France, les orchestres
de l’Opéra de Paris et de
la Monnaie de Bruxelles.
Equipe technique
Cité de la musique
régie générale
Jean-Marc Letang
régie plateau
Pierre Mondon
régie lumières
Marc Gomez
Valérie Giffon
Cité de la musique
Direction de la communication
Hugues de Saint Simon
Rédaction en chef
Pascal Huynh
Rédactrice
Gaëlle Plasseraud
Secrétariat de rédaction
Sandrine Blondet
Prochainement…
L’INDE DU NORD 2
Vendredi 11 avril
Chant et danse : Les traditions populaires
du Gujarat et du Rajasthan. Avec
Hemant Chauhan et Chota Divana.
Samedi 12 avril
Forum Traditions et diaspora.
Chant et danse : Les traditions populaires
du Punjab. Avec Gurmeet Bawa
et Pammi Bai.
DIDIER LOCKWOOD
COMPOSITEUR ET INTERPRETE
du vendredi 9 au dimanche 11 mai
5 concerts avec Didier Lockwood,
l’Ensemble Lakatos, Caroline Casadesus,
Dimitri Naïditch, l’Orchestre et le Big
Band du CNR de Lyon…
LIGETI / MAHLER
Jeudi 17 avril
Concert : Susheela Raman Quintet
du mercredi 14 au lundi 26 mai
7 concerts avec l’Ensemble
Intercontemporain, le Mahler
Chamber Orchestra, l’Orchestre
Philharmonique de Radio France,
le Chœur de Chambre Accentus,
Jonathan Nott, Laurence Equilbey,
Myung-Whun Chung…
Vendredi 18 avril
Concert : Trilok Gurtu
BIENNALE D’ART VOCAL
Dimanche 13 avril
Concert : Dutch Baithak Gana
Samedi 19 avril
Concert-hommage à Ustad Alla Rakha.
Avec Ashish Khan, Zakir Hussain,
Fazal Quereshi,Taufiq Quereshi.
du lundi 2 au dimanche 8 juin
15 concerts avec le Chœur de
Chambre Accentus, le Concerto
Italiano, le RIAS Kammerchor,
le Huelgas Ensemble, les Eléments,
le Poème harmonique, Eric Ericson…
DOMAINE PRIVÉ HEINZ HOLLIGER
du mercredi 23 au mardi 29 avril
6 concerts avec Heinz Holliger,
Andras Schiff, le Freiburger
Barockorchester, l’Orchestre et le
Chœur de la Radio de Stuttgart et
l’Ensemble Intercontemporain…
réservation ouverte durant l’entracte
ou au 01 44 84 44 84
www.cite-musique.fr/resa