Femmes du Caire

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Femmes du Caire
Récompences : Présenté en sélection officielle des Festivals de Venise et de
Toronto, Femmes du Caire a obtenu le Prix du Public au Festival des Trois
Continents ainsi que celui du Meilleur Film et de la Meilleure Actrice pour Mona
Zaki, au Prix de la Critique Égyptienne.
Critiques : Yousry Nasrallah lorgne vers le cinéma d'Almodóvar. Le réalisateur
égyptien n'a certes pas toujours la maîtrise narrative ni l'habileté esthétique du
maître espagnol. Le « sketch » central (trois soeurs amoureuses de leur jeune
employé) écrase les deux autres en intensité dramatique. Et le dispositif
ostentatoire de la mise en scène freine parfois l'émotion, notamment lorsque
Hebba dialogue avec ses invitées face aux caméras. Le film, très sensuel,
réussit toutefois à concilier la puissance romanesque de beaux portraits de
femmes (magnifiquement incarnés) avec un discours offensif contre le
machisme de la société égyptienne. Avec, fait exceptionnel et courageux dans
une production arabe, une évocation sans fard de l'avortement...
e
r
en partenariat avec Cannes Cinéma
présente
Femmes du Caire
C'est avec une rare intelligence que ce film dénonce la condition féminine et
les turpitudes politiques de la société égyptienne. Les problèmes du voile, de la
soumission des femmes, mais aussi de l'obscurantisme d'un état machiste, sont
habilement illustrés par une galerie de portraits touchants et de personnages au
destin tragique. Sans donner de leçon ni polémiquer inutilement, ces chroniques
sociales nous offrent un éclairage pertinent sur des sujets qui touchent hélas
l'occident également. Le plus important film égyptien depuis l'Immeuble Yacoubian.
J'ai trouvé ces femmes du Caire bouleversantes et magnifiques , chacune
dans leur genre différent, prises dans cette société arachnéenne où les hommes ont
tendu leurs filets. Piégées mais bien vivantes, surtout quand elles se révoltent au
péril de leur vie ou de leur liberté. Bref, un très beau film.
Le Mardi 10 Février
Théâtre de la Licorne 19h45
FEMMES DU CAIRE
Réalisateur : Yousri Nasrallah
Scénario :Wahid Hamed
Egypte 2009, 135’
Acteurs :, Mona Zaki (Hebba), Mahmoud Hemida (Adham),
Hassan el-Raddad (Karim), Nahed el-Sebaï (Hanaa)...
Synopsis : Hebba et Karim forment un couple moderne, vivant dans un
quartier aisé du Caire. Elle anime un talk show télévisé et lui attend une
promotion dans un journal gouvernemental. La prestation de Hebba est mal
vue du pouvoir et son mari l’oblige à se contenter d’émissions ouvertes aux
femmes désireuses de se raconter sans tabous…
Le Réalisateur : Yousri Nasrallah est né au Caire en 1952. De brillantes études
à l’Université du Caire lui font obtenir une Maitrise d’Economie et de Sciences
Politiques. Mais ,à 21 ans, il oblique vers l’Institut du Cinéma ! D’abord
critique de cinéma pour la presse écrite, en 1982 il devient assistant
réalisateur auprès de Youssef Chahine et participe à plusieurs réalisations ,
scénarios et tournages. « Vols d’Eté » est son premier « long » 1988, projeté à
Cannes à la Quinzaine . Il reviendra à Cannes, Sélection Officielle hors
compétition, pour « La Porte du Soleil » (2004).
Lors de la Révolution de 2011, il se mêlera aux manifestants de la Place Tahir,
caméra sur l’épaule, « Dix-huit jours sur la Place Tahir », et acceptera de faire
partie du Comité National de la Culture et donnera des cours à l’Institut… «
Tout reste à faire » dira-t-il devant les énormes problèmes politiques !
Il reste une figure incontournable de cinéma Egyptien.
Autour du film : Le scénario du film, centré sur quatre histoires
croisées, s'est inspiré d'évènements réels, comme en témoignent les
propos de Yousry Nasrallah : "La plupart des histoires provenaient de
faits divers ou de connaissances. L’affaire des trois filles et du jeune
garçon a fait la une des journaux égyptiens. Le ministre est en vérité un
haut fonctionnaire. Quant au personnage de Hebba, il s’inspire d’une
speakerine libanaise mariée à un Saoudien. Elle est apparue un jour à la
télévision couverte d’ecchymoses pour dénoncer des violences
conjugales Lors de la sortie du film,
un des assistants du réalisateur avait observé les réactions des spectateurs
au moment des projections. Il a surtout remarqué les nombreuses disputes
entre hommes et femmes, ces dernières étant davantage intéressées par le
film, alors que les premiers étaient nombreux à vouloir quitter la salle
avant la fin de la projection !
Comme l'indique son titre,
Femmes du Caire est davantage centré sur des personnages féminins, ce
qui a beaucoup intéressé Yousry Nasrallah, le réalisateur ayant son
opinion sur le statut des femmes en Egypte. A travers ses propos et son
film, l'artiste s'oppose farouchement à une misogynie très présente dans
la société égyptienne, laquelle s'est malheureusement répercutée au
cinéma : "Depuis plus de 20 ans, le cinéma égyptien a marginalisé les
femmes de caractère. Traditionnellement, dans nos films les femmes
étaient de magnifiques étoiles, montrées comme des personnages réels,
fiers de leur féminité. Maintenant, les films ont tendance à réduire les
femmes à de simples épouses, mères, soeurs, fiancées, des objets de désir
(...). C’est un reflet clair de la misogynie qui règne dans la société
égyptienne. Une des caractéristiques les plus attrayantes du scénario de
Waheed Hamed est l’inversion des rôles, les hommes ici sont les objets
de désir.", explique-t-il. Femmes du Caire représente donc l'occasion
idéale, pour le cinéaste, de faire un film avec des héroïnes aussi
intéressantes que magnifiques, dans la lignée des mélodrames égyptiens
traditionnels.