Les priorités de Greenpeace Belgique pour les élections fédérales

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Les priorités de Greenpeace Belgique pour les élections fédérales
Les priorités de Greenpeace Belgique pour les
élections fédérales 2010
1. La révolution énergétique: abandonner le nucléaire
pour plus de renouvelables et d'économies d'énergie
Tourner la page du nucléaire
a. Greenpeace ne voit aucune raison de remettre en cause la loi de 2003
prévoyant la sortie du nucléaire. Les raisons qui ont amené à l'avènement de la
loi de 2003 n'ont pas changé, tandis que les conditions prévues dans cette
même loi seront réalisées: l'approvisionnement en énergie est suffisant pour
réaliser la fermeture des trois plus vieux réacteurs en 2015.
b. L'industrie du nucléaire justifie son maintien de par le fait qu'elle constitue
une solution de transition avant d'arriver à une solution 100% renouvelable. Or,
le nucléaire - et le charbon qui reste la source d'énergie la plus polluante en
matière de CO2 et doit donc être éliminé-, en raison des conditions
économiques peu flexibles de son fonctionnement, empêche justement la
transition vers les énergies renouvelables.
c. Pour ce qui est des activités du CEN à Mol et du projet Myrrha, il est urgent
de réorienter leurs recherches dans une direction qui s'inscrive dans le cadre de
la sortie du nucléaire, plutôt que de chercher à développer des générateurs de
4ème génération qui sont tout sauf durables et sûrs, a fortiori du fait que le
retraitement du combustible nucléaire usé revient à rendre le plutonium
accessible. Aucune recherche n'existe par ailleurs sur la manière optimale de
démanteler les centrales nucléaires.
d. Rien ne justifie une décision précipitée concernant l'enfouissement des
déchets hautement radioactifs dans des couches d'argile profondes: ces
déchets doivent encore refroidir pendant 50 à 100 ans. Cette période permet à
NIRAS-ONDRAF d'explorer d'autres options qui seraient plus à même de
garantir une totale sécurité pour les générations des siècles à venir.
Investir dans le renouvelable
a. La Belgique doit s'inscrire au minimum dans le cadre du plan 20-20-20 de
l'Union européenne. Les prévisions actuelles sont en retrait par rapport à celles
de dix autres pays européens qui n'ont pas hésité à être plus ambitieux que le
plan 20-20-20. Alors que la Belgique table sur 14% en 2020, une étude
récente a démontré que l'objectif de 18% de renouvelable (et 25%
pour l'électricité) est tout à fait atteignable, s'il y a une volonté
politique.
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b. Dans ce contexte, il est urgent que la capacité de production d'énergie
éolienne offshore atteigne 5800 MW en 2020, ce qui n'est possible qu'avec la
mise en service d'une deuxième zone d'exploitation en mer du Nord. Pour
ce faire, mission doit être confiée à Elia de développer le réseau et les
interconnections adaptées (sous la forme d'un “stopcontact” en mer). Enfin, la
Belgique doit jouer un rôle moteur dans le développement d'un réseau
interconnecté en mer du Nord.
c. Il convient de moderniser le système de production d'électricité dans
sa globalité afin d'en augmenter la robustesse, l'efficience et la
flexibilité: cela nécessite des investissement dans des “smart grids”, des
dispositifs de “demand management”, des infrastructures supplémentaires,
entre autres des capacités de transport (lignes haute tension) et de stockage,
ainsi qu'une politique résolument tournée vers davantage d'intégration avec les
pays voisins.
d. Par ailleurs, concernant les sources de production d'électricité non
renouvelables, il faut investir dans de nouvelles installations comme des
STEG/TGV ou de la co-génération en les concevant de manière à en
optimaliser la flexibilité, de telle sorte à pouvoir donner la priorité sur le
réseau à l'électricité d'origine renouvelable.
Organisation du marché et soutien aux investissements dans
l'éolien offshore
a. L'éolien offshore, comme technologie encore relativement jeune, nécessite
un soutien financier pour se développer: ce soutien se justifie par tous les
avantages et externalités positives qu'il offre. Lui refuser ce soutien sous
prétexte qu'il engendre un coût trop élevé pour les consommateurs, en
particulier industriels, est
incorrect quand on sait qu'à terme, l'éolien
offshore contribuera à diminuer le prix global de l'électricité, de par le
“merit order effect”. C'est surtout inéquitable comparé à tous les avantages
divers dont a pu bénéficier l'opérateur d'énergie nucléaire, sans même
supporter les externalités négatives engendrées par l'atome, telles que la
couverture des risques potentiels, évaluée à 50€/MWh.
b. Il revient dès lors au prochain gouvernement de mettre fin aux “stranded
benefits” dont Suez-Electrabel a bénéficié et de récupérer ensuite ces
montants et ce, indépendamment de la durée de vie des centrales
nucléaires. Ce faisant, le gouvernement futur mettra fin aux recettes
indues que Suez-Electrabel a générées par l'amortissement accéléré de ses
centrales et à l'avantage illégitime que cela lui confère par rapport aux
nouveaux entrants sur le marché libéralisé. Le gouvernement devra par ailleurs
dégager des moyens pour développer les énergies renouvelables comme
l'offshore, puisqu'ils sont évalués à 2,3 Mia/an.
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c. La récupération pour la collectivité de ces “stranded benefits” doit
être imposée et non négociée. Diverses alternatives sont possibles, comme
par exemple la mise en place d'un “single buyer” qui aurait également
comme effet de lutter contre la position bien trop dominante de SuezElectrabel sur le marché.
2. Avoir de l'ambition dans la lutte contre le changement
climatique
En
sus
de
ce
que
le
mémorandum
des
associations
environnementalistes recommande, Greenpeace insiste sur la nécessité de
disposer rapidement d'un cadre légal qui fixe des objectifs de réduction des
émissions de gaz à effet de serre (GES) à long terme (80 à 95% en 2050)
assortis d'objectifs intermédiaires (-40% en 2020) en ligne avec les
recommandations du GIEC. Cet échéancier doit être assorti d'une répartition de
l'effort de réduction par secteur et d'un plan d'action climatique coordonné
afin d'atteindre l'objectif à court et moyen terme (2020) au niveau belge.
3.
Mettre en place une politique de transport durable
a. Aux recommandations que le mémorandum général reprend, Greenpeace
voudrait ajouter l'absolue nécessité de mettre fin aux avantages fiscaux
liés aux voitures de société, en commençant par ce qui concerne son usage
privé. Les transports aériens qui posent problèmes aux niveau des
changements climatiques par une forte croissance , doivent faire l'objet d'une
taxation bien plus forte. INF: CE CHIFFRE DE 3% EST UNE SOUSESTIMATION ET N'EST PAS VRAIMENT FORT DANS CE CONTEXT!
b. Au niveau européen, il est essentiel que la Belgique, en particulier dans le
cadre de la Présidence de l'Union, exhorte la Commission à rédiger un livre vert
portant sur des objectifs de transports n'émettant plus de C02 à l'orée de 2050;
le livre blanc sur la “politique des transports jusqu'en 2020“ doit fortement
s'inspirer des recommandations de ce “Livre vert 2050”. Enfin, il faut faire en
sorte qu'en 2011 soit revue la règlementation sur les émissions de CO2
des nouvelles voitures. Par ailleurs, toute aide au secteur automobile
devra être conditionnée à une plus grande efficacité énergétique des
véhicules produits.
4. Protéger les forêts , en particulier les forêts anciennes
de la République Démocratique du Congo (RDC)
a. Au niveau belge, Greenpeace insiste sur la responsabilité de la
Coopération belge au développement concernant la protection de la
forêt du bassin du Congo, la deuxième plus grande au monde. De par le
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rôle que joue cette forêt dans la protection de la biodiversité, le développement
économique de la population locale et la protection du climat, sa protection doit
devenir une priorité absolue.
b. Au niveau européen, il est attendu de la Belgique qu'elle garantisse, durant
sa présidence, une législation forte et ambitieuse qui mettra fin aux
importations de bois et de produits de bois illégaux. La Belgique devra
également continuer son plaidoyer pour un mécanisme REDD crédible et
ambitieux dans le cadre des négociations climatiques au niveau international et
l'intégrer dans son plan global sur le climat en y allouant des moyens financiers
conséquents.
c. En ce qui concerne les agrocarburants, il est essentiel que la Belgique
défende, au niveau européen, l'intégration d'un facteur ILUC dans le bilan des
émissions de gaz à effet de serre («Indirect Land Use Change», changements
indirects d'usage des sols, par exemple la conversion de forêts en plantations).
La Belgique doit aussi tenir compte du développement d'un plan national dans
le cadre des objectifs européens sur les énergies renouvelables et définir des
critères pour la biomasse.
d. La Belgique doit insister auprès de la Commission européenne pour qu'elle
prenne des mesures politiques sur l'étude qu'elle a prévue, identifiant
l'empreinte de l'UE sur la déforestation et la dégradation des forêts au niveau
mondial.
5. Agriculture durable
a. Dans l'évaluation des demandes d'autorisation des OGM, le gouvernement
belge doit s'inspirer de l' application stricte du principe de précaution. La
sécurité absolue de l'homme et de son environnement doit être la priorité. Le
système actuel d'autorisation des OGM en Europe est bafoué par des défauts
fondamentaux:
il fonctionne mal et les exigences de la législation européenne en matière
d'OGM ne sont pas implementées.
b. C'est principalement le cas pour ce qui est de l'évaluation des risques
environnementaux qui actuellement tient insuffisamment compte des effets
néfastes potentiels à long terme sur l'environnement. En 2008, le Conseil
européen Environnement a unanimement decidé que l'évaluation des risques
environnementaux devrait être renforcée. Depuis, rien n'a changé. Le
nouveau gouvernement belge doit faire en sorte que les conclusions du Conseil
soit mise en pratique.
c. La mise sur le marché et la culture d'OGM a des implications énormes sur
notre système agricole et alimentaire. Les agriculteurs sont confrontés aux
coûts plus élevés pour l'acquisition des semences. Les filières biologiques et
conventionelles doivent s'armer contre la contamination génétique. Il est donc
essentiel que soit intégré dans la procédure d'évaluation un volet socio-
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économique.
d. Tant que ces deux exigences ne sont pas remplies, aucune nouvelle
autorisation ne peut être accordée en Europe. Sur base du principe de
précaution, le gouvernement belge doit interdire la culture des deux OGM dont
la culture a été autorisée: le mais MON810 – déjà interdit par l'Allemagne, la
France, le Luxembourg, l'Autriche, l'Hongrie et la Grèce – et la pomme de
terre Amflora.
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