rapport 2008 - COA (Centrale Ornithologique Aves)
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rapport 2008 - COA (Centrale Ornithologique Aves)
Opération de suivi des Hirondelles de fenêtre en Wallonie et à Bruxelles: rapport 2008 Un projet du Groupe de Travail Hirondelles et de la Centrale Ornithologique Aves Compter les nids d'Hirondelle de fenêtre Depuis 2007, le GT Hirondelle s'organise notamment autour du suivi et de la protection de colonies d'Hirondelle de fenêtre. Les populations de cette hirondelle sont en diminution dans notre pays, et les causes de ce déclin restent mal comprises. Son suivi nécessite des recensements spécifiques, focalisés sur le dénombrements des nids, qui sont bien visibles en façade des bâtiments et facilement identifiés même par des ornithologues en herbe. Les opérations de recherches et de dénombrement des nids permettent aussi aux passionnés d'hirondelle d'entrer en contact avec les propriétaires de bâtiments où les nids sont accrochés, ce qui peut se révéler utile car, si l'Hirondelle de fenêtre est appréciée d'une grande partie de la population, elle n'est pas sans connaître quelques problèmes de cohabitation. Ses nids sont parfois détruits par inadvertance lors de travaux d'entretiens, voire même intentionnellement. En 2008, la Centrale Ornithologique Aves a lancé un site Internet expérimental destiné à l'encodage en ligne des dénombrements de nids d'Hirondelles de fenêtre. Ce module d'encodage est le premier d'une série de modules qui seront développés sur www.coaaves.be pour stocker et visualiser les données de programmes spéciaux de suivis de l'avifaune. Nous vous présentons ici une synthèse des résultats marquants obtenus en 2008. Principes du comptage L'unité dénombrée: le nid L'Hirondelle de fenêtre fait partie d'un petit nombre d'espèces d'oiseaux pour lesquelles les dénombrements vont concerner non pas les individus eux-mêmes mais leur manifestation reproductrice la plus évidente: le nid. Ces nids typiques, petites boules de boue à ouverture étroite, accrochées aux corniches, balcons, fenêtres, etc.… sont construits dès le retour des hirondelles au printemps et peuvent être occupés jusqu'à la fin septembre. C'est en été (juillet jusque mi-août) qu'ils seront préférentiellement comptés car, car, à ce moment, ils sont tous terminés et la plupart tiennent encore. Cinq 2 "types" de nids peuvent être signalés: les nids naturels entiers, parmi lesquels un certain nombre sont occupés, les nids naturels cassés (trace d'ancienne installation ou d'effondrement), les nids artificiels (nichoir), parmi lesquels un certain nombre peuvent être occupés également. En pratique, il n'est pas facile de vérifier qu'un nid entier est bien occupé. L'unité de référence dans ce genre de comptage est donc le nid entier, même si cela conduit à une légère surestimation. La "colonie" Lorsqu'on veut suivre années après années l'évolution d'une population d'Hirondelle de fenêtre, il est évidemment crucial de savoir à quel ensemble de nids on se réfère. L'Hirondelle de fenêtre est une espèce semi-coloniale. Ses nids peuvent être disposés en grappe dense, isolée au milieu de vastes zones dépourvues de nids, ou bien ils peuvent être plus dispersés, sur plusieurs bâtiments d'une même rue. Il n'est donc pas facile, sur le terrain, de délimiter une "colonie" dont on pourrait mesurer périodiquement l'importance numérique en comptant les nids. C'est pourquoi nous avons décidé d'utiliser comme "ensemble de nid" ou "colonie" arbitraire le bâtiment occupé lui-même. Chaque bâtiment occupé (le plus souvent identifié par une adresse postale, d'une maison, d'une école, d'une église, mais qui peut être aussi un pont, un château d'eau…) constitue une "colonie" à laquelle est associée l'ensemble des nids qui y sont accrochés. La "zone" Compter régulièrement (chaque année) les nids dans une colonie (c'est-à-dire sur un bâtiment) sans se préoccuper du contexte plus large risque d'amener des constatations pessimistes. Il est en effet courant qu'avec le temps, un bâtiment apprécié des hirondelles perde ses nids, sans raison apparente, alors que les mêmes oiseaux se déplacent vers un autre support dans le même quartier. On comprend donc facilement qu'il est important de se focaliser sur un quartier, un village, un ensemble de rues proches (une "zone") pour dénombrer les nids. Dans le cas de colonies situés sur des constructions isolées, le problème ne se pose pas et la zone peut être identique à la colonie. En pratique donc… L'observateur qui utilise le site d'encodage doit d'abord définir une "zone", à l'intérieur de laquelle il va pouvoir "créer" une ou plusieurs colonies (=bâtiment), dont il peut dénombrer les nids une ou plusieurs fois au cours d'une saison de nidification. Idéalement donc, le même observateur prospecte chaque année la même zone et note donc si de nouvelles colonies s'y sont crées en plus de l'évolution du nombre de nids sur les bâtiments déjà connus. Une série de précisions descriptives sont demandées (facultativement) sur les bâtiments occupés. 3 Participation en 2008 En bref, l'encodage 2008 en quelques chiffres: • 809 données • 8O observateurs • 179 "zones" créées • 725 colonies (bâtiments) suivies • 4246 nids entiers dénombrés Malgré les apparentes difficultés d'encodage (lié à la nécessité de s'enregistrer, de créer des zones, etc.), 80 observateurs ont donc répondu présents en 2008 pour utiliser ce système. Comme le montre le graphe ci-dessous, certains d'entre eux ont encodé de nombreuses observations mais une majorité n'a en fait suivi qu'un seul bâtiment. Il s'agit souvent alors d'une grosse colonie isolée. 30 Nombre d'encodeurs 25 20 15 10 5 0 1 donnée 2à5 données 6 à 10 données 11 à 20 données 21 à 40 données plus de 40 données Le nombre total de nids ainsi dénombrés est loin d'être négligeable puisqu'il correspond à environ 13 % de la population nicheuse estimée d'Hirondelle de fenêtre en Wallonie et à Bruxelles. 4 Type de bâtiments utilisés Le graphe ci-dessous illustre les proportions de nids en fonction du type de bâtiments occupés. Pont; 4.5% Bâtiments publics, fabriques, usines; 37.0% Fermes; 21.3% Immeubles à appartrement; 7.4% Maisons; 25.9% Une forte proportion des nids recensés se situe sur des bâtiments dont le propriétaire n'est pas un particulier. Il est donc intéressant d'également sensibiliser les gestionnaires publics à la présence de l'Hirondelle de fenêtre. Il n'est évidemment pas facile de savoir si ces proportions sont représentatives de la réalité à l'échelle de tout le territoire, ou bien si elles présentent un biais lié aux "préférences" des observateurs. Il est toutefois intéressant de signaler que les proportions des nids suivant le type de bâtiment trouvées ici sont comparables à un inventaire exhaustif des nids d'Hirondelle de fenêtre dans l'entité namuroise en 2005 (voir ci-dessous un graphe pour comparaison, cfr Paquet et al, 2006 – seule variation: les colonies sur immeubles sont proportionnellement plus importantes à Namur). Pont; 2% Bâtiments publics, fabriques, usines; 33% Fermes; 18% Immeubles à appartrement; 21% Maisons; 26% 5 Répartition des hirondelles comptées en 2008 Le module d'encodage en ligne permet à l'observateur de pointer facilement l'emplacement des colonies qu'il dénombre. Ceci permet de dresser des cartes telle que celle présenté ci-dessous, qui présente la répartition des nids suivis par le GTH en 2008. On constate que la région liégeoise, namuroise, le brabant et le Hainaut occidental semblent bien couverts, alors que le sud de la région l'est probablement beaucoup moins. Mais est-ce que c'est parce qu'il y a moins d'hirondelles à y trouver ? Ou bien est-ce que parce que les observateurs du GTH ne sont pas répartis de manière homogène sur le territoire ? On peut répondre à cette question en comparant la localisation des colonies 2008 avec les quantités d'hirondelles de fenêtre découvertes pendant l'atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007. Durant ce long de travail de terrain, les observateurs devaient estimer l'abondance de l'Hirondelle de fenêtre dans chaque maille d'une grille (maille de 8 x 5 Km), sans nécessairement dénombrer tous les nids précisément. L'atlas a été mené à travers toute la Wallonie, sans que certaines régions aient été mieux prospectées que d'autres en moyenne. La carte suivante montre la proportion de nids recensés en 2008 par le GTH par rapport à la population "atlas" dans chaque maille. Lorsque l'unité est verte, cela veut dire que presque toutes les hirondelles supposées présentes ont été comptées. Lorsqu'elle est bleue, l'observateur a même trouvé plus de nids que prévus ! Rappelons que la carte est en majorité mauve puisque les colonies identifiées représentent environ 13 % de la population totale, ce qui est déjà remarquable. La carte confirme que l'activité du GTH est focalisée sur les zones les plus peuplées de Wallonie (nord du sillon Sambre et Meuse). Ceci n'est pas un problème en soi, mais il faudra en tenir compte lorsqu'on évaluera l'évolution de la population wallonne sur base des suivis réalisés ! 6 Evolution des populations Il est bien entendu encore trop tôt pour utiliser les données récoltées par le GTH pour mesurer l'évolution de nos populations d'Hirondelle de fenêtre. Il sera nécessaire que les "zones" choisies soient à nouveau dénombrées chaque année ou à intervalle régulier, de préférence par le même observateur. Pour rappel, ce genre de comptage répété a déjà lieu dans certaines entités, comme celle de Namur ou Bruxelles. A titre d'exemple, le graphe ci-dessous, tiré du rapport annuel pour la surveillance de l'avifaune à Bruxelles (Anne Weiserbs), rend compte de l'évolution à Bruxelles (l'entièreté des colonies bruxelloises a été encodée dans le module en ligne en 2008 !). 7 Conclusions L'outil développé est largement améliorable (convivialité, visualisation des données, etc…) mais il semble pouvoir être utilisé par un grand nombre d'observateurs. Il a été adopté par une fraction significative des membres du "réseau hirondelle" du GTH. Le module permet de récolter des informations précises sur les colonies. Parmi ces informations, l'adresse et la localisation précise des bâtiments occupés peuvent se révéler importantes dans le cadre d'action de sensibilisation, visant à améliorer la cohabitation avec l'Hirondelle. Il sera évidemment très intéressant de comparer d'année en année l'évolution des colonies enregistrées sur le site. Toute la population bruxelloise est maintenant "dans la boîte", et on estime que 13 % de la population wallonne est suivie également. Il serait intéressant d'améliorer à l'avenir la couverture dans le sud de la Wallonie, dans les villages d'Ardenne et de Lorraine par exemple. D'autres questions ressortent de l'examen de la répartition des colonies connues avec ce qui est supposé. Y a-t-il réellement si peu d'Hirondelle de fenêtre dans le centre de Charleroi ? Binche était autrefois réputée pour ses nombreux nids d'Hirondelles. Qu'en est-il aujourd'hui ? Nous espérons que les prospections futures permettront d'éclaircir ces zones d'ombre sur l'hirondelle ! Remerciements Le site d'encodage en ligne des nids d'Hirondelles de fenêtre en ligne a été développé par David Buchet, avec l'aide de Marc De Sloover et l'équipe de la COA. Les observateurs suivants ont enregistrés des données en 2008: un immense merci à eux ! Véronique Adriaens, Alain Baccaert, Thierry Baudoux, Geneviève Berchem, François Binon, Pierre Bonmariage, Audrey Bourgois, Louis Bronne, Christophe Brunin, David Buchet, Vincent Bulteau, Eddy Calonne, Daniel Cantinier, Pierre Cao, Charles Carels, Alexis Dall'Asta, Marc De Sloover, Jean-Pol Debatty, Philippe Degossely, Jean Delarue, Patricia Deloyer, Christelle Denamur, Viviane Deneyer, Mathieu Derume, Marie-Anne Dethier, Denis Devos, Alain Dirick, Fabien Dormal, Cédric Dumortier, René Dumoulin, Bernard Duyck, Charly Farinelle, Laurence Fontaine, Bruno Frey, Benoît Gauquie, Nathalie Gérard, Pascal Germain, François Gijs, Isabelle Henry, Philippe Jacob, Roger Jacquet , Pierre Jancloes, Bernard Jardon, Aurélien Kaiser, Denis Kemp, Thierry Kervyn, Thierry Kinet, Danny Klaessens, Michael Lamant, Luc Laurent, Jean-Philippe Lefin, Pierre Loly, Elisabeth Lorin, Bertrand Louppe, Alain Malengreau, Michel Marlier, Isabelle Masson, Pierre Mathey, Georges Mathieu, Laurent Mignolet, André Monmart, Thierry Mouthuy, Pascaline Neirinck, Mario Ninanne, Jean-Yves Paquet, Pierre Peignois, Lise-Marie Pigneur, Danielle Pirotte, Patricia Poulain, Francis Pourignaux, Jean-Paul Rapaille, Jean-Pierre Reginster, Paul Schaeken, Guy Schmitz, Pierre Stassin, Jean-Marc Thonard, Claude Van Brackel, Philippe Vanmeerbeeck, Jean-Baptiste Vanvolsem et Dirk Verroken. 8