Psychologie Sociale des émotions

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Psychologie Sociale des émotions
Psychologie Sociale des émotions
Olivier Luminet
Introduction
Qu'est-ce qu'une émotion ?
Quel est le lien avec le sentiment ? Quelles sont les différentes émotions ? Est-on semblable ou
différent face aux émotions ? Quelle est la première pensée que l'on a quand on pense aux
émotions ? Qu'est-ce qui est essentiel ? L'émotion est-elle quelque chose de positif ou négatif ?
Réflexion de groupe
Pour nous, l'émotion est plus automatique et provoque une réaction plus rapide que le sentiment.
L'émotion serait une modification de notre corps pour exprimer des sentiments, c'est l'activité
physiologique des sentiments. Il n'est pas facile de mentir sur ses émotions car des indices
physiques nous trahissent : le cœur qui bat plus vite, la transpiration, le rougissement...
Il y a plusieurs émotions de base : colère, dégoût, peur, joie, tristesse, surprise, elles seraient
universelles. Par contre l'expression des émotions seraient différentes d'une culture à l'autre, d'un
genre à l'autre.
Certaines parties du cerveau sont impliquées : le système limbique, l'amygdale. L'émotion est
mesurable...
Le même événement peut provoquer des émotions différentes en fonction des personnes. La peur
est en partie universelle mais elle est aussi apprise.
Le conflit implique une réaction très forte, on peut exprimer de la colère alors que le vrai sentiment,
c'est la blessure. L'émotion pourrait être une défense pour ne pas montrer son sentiment profond.
Même si on a peur, on peut jouer l'indifférence. Certaines émotions peuvent être montrées et
d'autres pas en fonction des normes et de la culture. Nous supposons un rôle des hormones, la
testostérone serait en lien avec l'agressivité et l'ocytocine avec le calme et la confiance. Nous
pourrions dire qu'il y a à la fois une influence de la biologie et de la culture.
Les émotions peuvent motiver. Elles nous montrent un besoin sous-jacent. Les émotions sont
classées selon leur intensité (forte ou faible) et leur valence (positive ou négative).
Il existe certaines maladies des émotions.
Récapitulation des informations données par les groupes
Durant le cours, nous allons voir la distinction entre émotion et sentiment. Cela ne mènera pas à des
certitudes, les idées seront discutables. Cela nous amènera a avoir nos idées personnelles. Jamais il
n'y a 100% des personnes d'accord donc les nuances sont importantes. Nous pourrons développer
notre propre point de vue. Quelles sont les distinctions entre émotion et sentiment ? L'émotion
comprend toute une série de caractéristiques, le sentiment est le côté subjectif de l'émotion, ce qu'on
a dans la tête. L'émotion se décline sous trois angles : le sentiment, le comportement (expression
faciale : ressenti et exprimé) et le physiologique. Concernant le comportement, au plus fort on
fronce les sourcils, au plus la colère est grande et ça se voit si on nous regarde. La lecture de
l'expression de colère est facile.
L'humeur va être au centre du cours aussi, quelle est la différence avec l'émotion ? Avec le
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conditionnement affectif, on ne change pas les réponses physiologiques des gens, on est dans
quelque chose de temporaire qui se caractérise par l'humeur.
L'émotion peut être un réflexe, la peur par exemple peut être un signal de danger. La peur intense va
nous protéger d'un danger potentiel. Les émotions auraient donc une fonction adaptative. Est-ce
qu'une émotion est utile ou pas ? Oui car elle nous protège. Mais ressentir trop d'émotions peut être
nocif, on peut faire des tas de conneries lorsqu'on est dirigé par les émotions même si ce sont des
émotions positives. Par exemple, un excès de colère peut nous emmener à agresser des gens.
Jalousie, regret, nostalgie, envie sont des émotions complexes, est-ce qu'il y a une expression
faciale typique ? Cela peut être débattu. On parle d'émotion de base quand il y a une expression
faciale typique. Certains auteurs parlent de la jalousie plutôt comme un sentiment et pas une
émotion.
On évoquera des maladies physiques provoquées par du stress de longue durée.
Nous aurons des notions d'intelligence émotionnelle : nous ne sommes pas les mêmes face aux
émotions et à leur contrôle et compréhension : on va étudier les deux extrêmes. (Alexithymie).
Il existe un grand combat entre une théorie universaliste (on ressent les mêmes émotions partout
dans le monde) et d'autres perspectives pour qui au départ il n'y a pas d'émotion, elles sont créées
par la société, certains mots existent dans des sociétés pour exprimer des choses qui n'existent pas
ailleurs.
A quoi sert une émotion ? Elle peut, par exemple, renforcer la cohésion sociale.
On peut changer à leur insu la préférence des gens, la publicité joue là-dessus et on n'en a pas
conscience car si on sent qu'on est manipulé, on prend ses distances.
Le rapport avec la cognition sera présent car il est très présent dans la recherche actuellement.
Comment les émotions vont modifier nos processus de prise de décision qui sont rationnels ?
Qu'est-ce que je vois, qu'est-ce que je ne vois pas ? Qu'est-ce que je mets ensemble ? Comment je
me souviens en fonction de l'état émotionnel ?
Les émotions changent très vite. On parlera aussi de la régulation et de la dérégulation des
émotions. On voit beaucoup cela en pratique : comment réguler nos émotions ? On parlera aussi de
l'empathie qui nous aide à être intégrés dans la société.
De plus, ressentir de l'émotion est une source d'information. On peut ensuite mettre des mots sur ce
qu'il s'est passé, l'injustice peut déclencher de la colère.
Historique
Les différents auteurs : Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Darwin, Freud, James et Lange,
Cannon.
Ces différents auteurs sont importants car ils apportent des éléments différents par rapport à
l'actualité. Au départ, la dualité corps/esprit est bien visible dans notre société. On peut se demander
quelle est l'évolution historique d'autres cultures concernant les émotions.
Beaucoup d'éléments actuels se trouvent chez les premiers auteurs. Au départ, le dysfonctionnel
l'emporte sur le fonctionnel dans la majorité des cas, l'émotion est alors l'ennemi de la raison.
Aujourd'hui, on pense beaucoup plus que l'émotion nous apporte des choses positives. Ceci dit, il
n'y a pas de frontière absolue entre le fonctionnel et le dysfonctionnel. En effet, lorsqu'on est triste
tout le temps, ça pose des problèmes quand même. Les émotions sont donc fonctionnelles dans une
certaine limite. Un excès entraîne par exemple de la dépression et trop peu d'émotion entraîne
l'alexithymie (déficit au niveau de l'expression émotionnelle).
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Chez les premiers auteurs, on ressent un aspect moral, une crainte de l'émotion qui est alors
considérée comme nocive.
Dans le monde actuelle, il y a un envahissement de l'émotionnel. Si un homme politique n'a pas de
passion, il devient inhumain alors qu'avant il ne devait pas raconter ses passions. On est donc dans
un basculement inverse. Cependant, tout le temps dans l'émotionnel, on va moins réfléchir, dans une
humeur positive, on se laisse plus facilement convaincre par des trucs simplistes. On est beaucoup
moins influençable dans une humeur négative. Des expériences ont été réalisées où le participant lit
un texte qui donne le cafard, ensuite, il a le blues mais cette humeur dépressive ne va pas durer.
Pendant ce temps, il devient plus réaliste mais ce n'est pas le cas chez les déprimés majeurs.
Spinoza avait des idées contraires à celles de l'église catholique. Selon lui, il faut vivre les émotions
car les émotions positives nous font évoluer. À cette époque, les auteurs ne pouvaient pas dire
librement tout ce qu'ils avaient dans la tête.
Avec James, un changement important apparaît. Selon lui, on sent quelque chose de physique et on
réalise qu'on a une émotion alors qu'on disait l'inverse avant. Lorsqu'on est face à une peur extrême,
le temps passe très très vite, on n'est pas conscient de la peur tout de suite. Cette théorie est difficile
à prouver mais intéressante au niveau théorique.
Platon (427-358 ACN)
Comment la raison peut-elle avoir prise sur les passions ?
Les passions pervertissent, détournent, empêchent la raison (de fonctionner). Il faut donc pouvoir se
détourner des passions mais seuls les philosophes peuvent y parvenir … : « le poids du corps et la
tentation du péché passent toujours au premier plan. »
A ce moment-là, on a un dualisme âme – corps. La vie idéale serait d'échapper au monde du
sensible et se conformer à la raison et à la connaissance.
Aristote (384-324 ACN)
Les passions sont naturelles, elles ne sont pas systématiquement un obstacle à la raison.
L'individu ne subit pas ses émotions ( = conception biologique), mais il les construit à partir de ses
cadres de référence (croyances), de ses préférences (attitudes) ( = conception cognitive).
On part de l'observation. Il faut accepter ce qui est donné par l'environnement. L'aspect moral est au
centre de sa théorie.
Il est le fondateur de la rhétorique qui consiste à la recherche de la vérité par la parole.
“Ethique” (IVème ACN)
Comment construire des arguments persuasifs ? On croit plus volontiers une personne qui touche
nos sentiments personnels qu'un discours uniquement rationnel. On croit aussi plus volontiers une
personne dont les caractéristiques émotionnelles sont similaires aux nôtres, on essaie donc
d'atteindre l'empathie avec son audience.
Empathie : De manière générale, compréhension des processus psychologiques internes d'un autre
individu comme son état émotionnel ou ses pensées. De manière spécifique, réaction émotionnelle à
un autre état émotionnel qui est consistant avec cet autre état (par exemple, se sentir triste en face
d'une personne exprimant de la tristesse).
Il propose un catalogue de 14 passions (émotions) : colère, honte, mépris, envie, amour, impudence,
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calme, audace, compassion, … Certaines sont contestables car elles concernent plus des sentiments
(ex. compassion) c-à-d uniquement l'état subjectif ou bien un trait de caractère (l'audace).
Il fait l'analyse de la colère : une impulsion (réflexe), accompagnée par de la souffrance (élément
physiologique), en vue d'une vengeance suite à une offense injustifiée qui concerne soi-même ou
ses amis.
Les émotions ont :
•
une base cognitive (évaluation en « offense injustifiée »)
•
une valence (« souffrance »), la souffrance est subjective et difficile à transmettre aux autres.
•
impliquent un besoin d'action (« impulsion », « vengeance »). La vengeance est dirigée vers
quelqu'un. Pour une vrai colère, il faut une situation particulière. On a beaucoup de
gradation vers l'acte. Il y a des choses dans la tête mais qu'on ne va pas forcément accomplir.
•
des effets cognitifs : jugements ultérieurs affectés par les émotions actuelles. Quand on est
en colère, cela influence notre comportement après, ça change aussi le jugement après. On
est plus agressif avec les autres. L'émotion se prolonge et affecte nos pensées par la suite.
•
une fonction informative
L'idéal à atteindre est le juste milieu (générosité) entre la raison et la passion, elles ne sont donc pas
en opposition. Ce juste milieu est préférable aux extrêmes (avarice et prodigalité). Il existe donc des
mécanismes de régulation émotionnelle.
Descartes (1596-1650) - « Des passions de l'âme » (1649)
La raison permet de lutter contre les passions. La raison libère de la plupart des passions. On subit
celles qui ne sont pas maîtrisables.
Tout comme chez Platon, il y a une dualité corps/esprit. Les émotions concernent l'esprit, ce qui en
fait une caractéristique exclusivement humaine. « Les perceptions qu'on rapporte seulement à l'âme
sont celles dont on sent les effets comme en l'âme même, et desquelles on ne connaît communément
aucune cause prochaine à laquelle on puisse se rapporter ; tels sont les sentiments de joie, de colère,
et autres semblables. »
Il insiste sur le cognitif/expérientiel. L'intensité et les effets des émotions sont déterminés par la
manière dont nous pensons aux événements qui les ont causées.
Fonction informative : les émotions nous renseignent sur les éléments auxquels notre esprit attache
de l'importance. Elles nous permettent de faire des choix. On ne doit donc pas se baser
exclusivement sur la rationalité.
Régulation : les émotions peuvent être régulées par les pensées mais elles ne sont jamais
entièrement contrôlées.
Tout comme Aristote, il montre des tendances à l'action : la peur incite à fuir, la hardiesse incite à
combattre.
Tendances à l'action : tendances automatiques de l'organisme à se tenir prêt comportementalement
lorsqu'une situation émotionnelle apparaît dans notre environnement. Les tendances à l'action ne
se transforment pas nécessairement en comportements accomplis mais l'individu ressent néanmoins
une activation intense comme s'il allait effectivement accomplir un acte. Les dimensions principales
sont l'antagonisme (« J'avais envie d'insulter quelqu'un, de lui faire mal. »), l'approche (« J'avais
envie de m'approcher, d'entrer en contact. »), l'évitement (« Je ne voulais plus avoir à faire avec
quelqu'un ou quelque chose. ») et l'exubérance (« J'avais envie de sauter, de chanter, de bouger,
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d'entreprendre quelque chose. »). L'association d'une évaluation cognitive et d'une tendance à
l'action spécifique constituent les antécédents d'une réponse émotionnelle dans les théories
cognitives de l'émotion. Par exemple, une tendance à l'action qui reprend des items en rapport avec
l'exubérance est en général associé à une évaluation cognitive de la situation comme plaisante et à
des états émotionnels comme la fierté ou l'enthousiasme.
Une fonction importante des émotions selon Descartes est leur pouvoir de fixer les souvenirs en
mémoire.
La régulation émotionnelle
Une situation d'examen entraîne une peur intense. Que faire ? Penser à autre chose, se convaincre
qu'on connaît, parler des vacances prochaines. Ce sont des stratégies de régulation qui ont pour but
de diminuer l'intensité de la peur (ou dans d'autres cas, l'augmenter) et éprouver d'autres états
émotionnels.
Cependant, il peut toujours y avoir un élément déclencheur extérieur comme un autre étudiant
décomposé sortant du bureau du professeur, la peur intense revient alors, ce qui montre qu'une
émotion n'est jamais totalement contrôlable.
La régulation émotionnelle est donc l'ensemble des processus par lesquels l'individu évalue,
contrôle et modifie ses réponses émotionnelles spontanées en vue d'accomplir ses buts ou en vue
d'exprimer un comportement émotionnel socialement adéquat.
La régulation opère à la fois de façon consciente et non-consciente et de façon automatique et
contrôlée.
Elle concerne les trois modes de réactions émotionnelles (physiologique, comportementaleexpressive, cognitive/expérientielle) et exerce ses effets à la fois sur l'intensité, le type, la
persistance (ressentir plus longtemps une émotion agréable) et la labilité (modification du type
d'émotion) des émotions ressenties.
Elle inclut l'étude des modifications qui s'opèrent entre les trois modes de réactions émotionnelles
au cours du processus émotionnel, notamment lorsqu'un mode est activé pour modifier les réponses
d'un autre.
Spinoza (1632-1677)
Il a une volonté de comprendre les passions (émotions). Il veut étudier leurs règles d'apparition.
Elles seront considérées comme bonnes ou mauvaises selon qu'elles augmentent ou diminuent la
capacité d'agir de l'homme.
Il existe deux types de passion : les passions tristes qui diminuent notre pouvoir d'agir « l'homme
doit fuir l'envie, la colère, la vengeance » et les passions joyeuses qui l'augmentent « seule une
farouche et triste superstition interdit de prendre des plaisirs ». C'est le premier à dire que les
émotions positives sont importantes. Elles nous permettent d'agir sur le monde qui nous entoure. La
joie entraîne de la créativité, l'envie de voir des gens, l'ouverture sur le monde.
En devenant acteur de ses passions, l'homme se libère des influences extérieures.
Darwin (1809-1882)
Au XIXème siècle, on assiste à une réhabilitation des passions ; elles redeviennent naturelles.
Exalter la nature est quelque chose de positif.
« The Expression of the Emotions in Man and Animals » (1872)
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Les émotions représentent-elles un avantage adaptatif pour la survie ? Seules les plus adaptatives se
seraient maintenues ?
Les émotions n'ont pas évolué, elles sont les restes d'habitudes anciennes, sans jugement sur leur
caractère adaptatif. Par exemple, le ricanement consiste à découvrir en partie les dents supérieures,
c'est un vestige du grondement dans lequel on observe un mouvement de préparation à mordre. Il
est associé au mépris.
L'expression faciale est le corrélat du ressenti subjectif (et rien d'autre !). Ce qui est contraire aux
théories actuelles selon lesquelles les expressions faciales ont une fonction de communication
sociale.
Darwin nous a appris que les émotions nous renvoient à notre passé : elles nous rappellent à la fois
notre ontogenèse et notre phylogenèse. Il a une conception dysfonctionnelle de l'émotion, elle
empêche l'esprit rationnel de fonctionner.
Freud (1856-1939)
La libido ou instinct sexuel est naturelle, la considérer ou non comme un péché ne change rien. Si
elle est refoulée, on risque d'augmenter les troubles psychiques.
« Les émotions ne sont pas simples. Souvent, elles sont ressenties de manière obscure, ou elles
causent des effets que nous ne comprenons pas. Certaines émotions et leur signification ne
deviennent claires que lorsque nous les exprimons, nous en parlons à d'autres, ou nous y pensons ».
On va voir un thérapeute car à un moment donné, on n'arrive plus à gérer nos émotions.
Freud a posé les bases de la thérapie psychanalytique et de la psychothérapie. Souvent, de part leur
caractère trop intense ou inapproprié, les émotions sont source de souffrance. La psychothérapie
aura pour but de les comprendre, de les réguler, ou de les rendre plus supportables.
Les émotions sont au centre des problèmes : trop de haine envers certaines personnes (transfert,
contre-transfert), les émotions sont source de souffrance : interprétations, rappel de situations en
termes plus négatifs (biais cognitifs).
Les mécanismes de défense ont été étudiés par Anna Freud. Cela a été précurseurs des théories du
coping (Lazarus) : stratégies pour faire face à l'événement, faire face aux émotions associées. Les
mécanismes humains sont la projection, le déni, la répression.
Stratégie de coping : Littéralement, il s'agit des stratégies pour faire face ou affronter une situation
problématique. Elles font référence à l'ensemble des comportements et cognitions qu'un individu
interpose entre lui et un événement perçu comme menaçant en vue de maîtriser, tolérer ou diminuer
l'impact de celui-ci sur son bien être physique et psychologique.
James (1842-1910) – le premier psychologue
Dans une séquence naïve : nous percevons mentalement un événement inhabituel : un exposé oral
devant un public inconnu / un ours au coin du bois, nous ressentons un état mental particulier : de
l'anxiété / de la peur, nous ressentons des changements corporels : le cœur s'accélère, nous
manquons de souffle, l'estomac se noue.
Selon James (“The Principles of Psychology”, 1890), nous percevons d'abord des changements
corporels et PARCE QUE nous avons ces sensations, nous ressentons subjectivement des émotions.
Ce moyen est utilisé dans les films : le fond sonore provoque l'accélération cardiaque, ce qui nous
fait ressentir de la peur.
Il a établi la première théorie psychologique de l'émotion. Selon lui, il y a une activation
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physiologique spécifique à chaque émotion discrète (en réalité, ce n'est pas le cas, l'activation
physiologique varie d'une personne à l'autre). Les émotions sont intimement liées aux réponses du
corps (par opposition à Descartes). En “secouant” notre corps, nos émotions nous informent que
quelque chose d'important se passe (// théories de Darwin).
MAIS sa théorie est non-testable.
Cannon (1871-1945) - « The Wisdom of the Body »” (1932)
Au départ, il étudie la physiologie de la digestion puis il s'intéresse aux émotions car les États-Unis
sont en guerre et il est frappé par les traumatismes psychologiques de cette première guerre
mondiale. Pour lui, cela implique que les émotions ont une influence sur le physiologique. Il étudie
l'homéostasie (fuir, combattre). Il a fait des recherches en laboratoire et a montré que si on modifie
les aspects physiologiques, cela ne provoque pas le ressentiment de peur ou de colère.
Il propose 4 critiques à la théorie de James :
1. La production artificielle de changements viscéraux n'induit pas de sentiments subjectifs.
2. Les organes viscéraux sont peu sensibles et peu spécifiques, ils ne permettent donc pas une
différenciation des émotions. Les effets sont globaux et non-spécifiques.
3. En cas de déconnexion entre le système viscéral et le système nerveux, des réponses
émotionnelles sont toujours produites. Ces aspects ont été testés chez les animaux.
4. Le système viscéral réagit lentement par rapport à la vitesse de déclenchement de certaines
émotions subjectives => dans certains cas, le subjectif vient avant.
Organisation viscérale : Systèmes de réactions qui concernent les muscles lisses, les organes creux
internes et les glandes, et dont le champ d'action couvre l'organisme entier. Cette organisation est à
la base de la vie émotive, par conditionnement des réponses fondamentales qu en dépendent
directement chez le jeune enfant comme la peur ou la colère.
Critiques ultérieures :
1. Le système viscéral représente une condition nécessaire (mais pas suffisante) au
déclenchement de l'émotion (Schachter, 1964 : une partie d'interprétation est nécessaire). Il a
fait croire qu'une substance rendait nerveux et l'effet a été ressenti par le groupe qui avait
ingéré un placebo.
2. Après la formation de la première réponse émotionnelle, il y a un conditionnement aux
stimuli externes, les changements viscéraux deviennent secondaires.
Qu'est-ce qu'une émotion ?
•
Définitions
•
Un système à trois composantes
•
Trois types de théories :
◦ Évolutionnistes - biologiques
◦ Cognitives
◦ Constructionnistes
•
L'évaluation cognitive
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•
La préparation à l'action
Exemple
Vous êtes pris dans une discussion passionnante avec un ami tout en marchant sur un trottoir. Vous
vous apprêtez à traverser la route, votre pied droit est déjà engagé sur la chaussée. Soudain, vous
entendez un grincement strident de freins. Immédiatement, vous faites un saut en arrière sur le
trottoir. Vous sentez votre cœur battre à toute allure, vous pensez que vous auriez pu être
sérieusement blessé. Puis, vous vous jurez d'être plus prudent, de ne plus vous laisser impliquer
dans une conversation lorsque vous marchez en rue.
Soudain nous montre l'aspect réflexe de l'émotion, l'aspect coupure ou rupture. Il y a un avant et un
après. Il y a un changement de priorité. Par exemple, pour un événement très émotionnel comme
l'attentat du 11 septembre, il y a eu un avant et un après. Par rapport à l'émotion, l'humeur est en
arrière fond.
Après, il y a une rationnalisation. Dans le texte, on voit l'aspect physiologique, le coeur qui bat.
Dans les situations traumatiques, on reste collé au moment de l'émotion. Le physiologique donne
une signal important et permet de mobiliser le système musculaire mais ça dure un temps limité. Ça
pompe de l'énergie.
Quand un événement est jugé important, on a beaucoup d'émotion. On peut isoler le moment
d'émotion du reste et on oublie ce qui s'est passé autour de cet événement, notre mémoire est donc
différente pour l'événement et ce qu'il y a autour.
Définitions
Trois caractéristiques importantes (Frijda, 1986) :
•
Évaluation d'un événement comme étant pertinent par rapport à l'atteinte de buts jugés
importants (évaluation cognitive).
•
État de préparation à l'action : interrompt les actions et les processus en cours en vue de
mettre en œuvre des actions d'urgence.
•
Expérience subjective d'un état mental distinct, qui peut s'accompagner de changements
corporels, de manifestations expressives, et d'actions.
Selon Keltner et Gross (1999), il y a des patterns perceptifs, expérientiels, physiologiques, liés à
l'action ou à la communication. La durée est brève et l'émotion est là en réponse à des défis
spécifiques d'origine physique ou sociale.
Approche de l'émotion en composantes
Physiologique : rythme cardiaque, pression sanguine, température corporelle, volume d'air inspiré...
Comportemental-expressif : visage, posture, mains, voix.
Cognitif-expérientiel : sentiments, pensées, conversations.
Chaque composante a sa fonction propre : (faibles relations entre les composantes) :
•
Cognitif-expérientiel : perçu, long, conduit à un état de préparation qui établit des priorités
par rapport aux buts et aux plans
•
Comportemental-expressif : en général non-perçu, court, remplit des fonctions sociales.
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•
Physiologique : perçu, mais en décalage avec les changements exacts, court, permet
l'ajustement entre les différents organes.
Les émotions sont causées par un ensemble d'éléments. Les composantes agiraient le plus souvent
de façon concomitante.
Les sources de variations sont les normes sociales (la nécessité de contrôler des émotions positives
dans des circonstances désagréables, on a donc en même temps un pattern expressif négatif et un
ressenti subjectif positif), le décours temporel (couplage pendant un moment très bref). Plus
d'expressions faciales et de ressenti subjectif sont associés à moins d'activation physiologique
(inhibition/désinhibition).
3 types importants de théories
•
Évolutionnistes-biologiques : théorie universelle comme Ekman
•
Cognitives : axe différent : il y a une interaction entre l'élément réactif et sa transformation
en quelque chose de cognitif et donc une évaluation d'une situation.
•
Constructionnistes : perspective culturelle de l'émotion, il y a une grande différente d'une
culture à l'autre, la culture construit notre réaction émotionnelle.
Théories Évolutionnistes-biologiques
Darwin (voir historique)
Actuellement
Les auteurs établissent la liste des comportements liés à la résolution de problèmes et cherchent les
émotions associées.
Selon MacLean (1993) :
•
Comportement de recherche → désir
•
Protection → peur
•
Agression → colère
•
Abattement → tristesse
•
Triomphe → joie
Ekman suit un principe universaliste et postule qu'il existe des émotions de base. Les émotions ont
évolué pour faire face de manière adaptative aux exigences du moment. Il y a une sélection des
éléments importants qu'on peut retrouver dans ce qui est une émotion. L'évaluation cognitive vient
de manière précoce et n'est pas très consciente, c'est automatique, donc réflexe et donc biologique,
hérité des ancêtres, c'est le résultat d'une adaptation. Les émotions de base sont la peur, la tristesse,
la colère, la joie, le dégoût et la surprise. L'évaluation faite est automatique, on reconnaît les
situations qui vont provoquer les émotions.
Les caractéristiques des émotions de base (point de vue universaliste) sont un mécanisme
automatique d'évaluation (appraisal) et des éléments contextuels communs. Dans toutes les cultures,
les situations de perte vont engendrer de la tristesse. Par rapport à la peur, il y a une menace pour
l'intégrité de la personne. Pourquoi ne pas étudier plus les émotions positives ? Il y a plus de
variabilité, on ne sait pas provoquer de la joie à tous les coups, elle est créée moins facilement. C'est
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difficile de générer des émotions positives. Par exemple, les films d'humour ne font pas rire tout le
monde alors que les films dramatiques engendrent de la tristesse chez tout le monde. Aujourd'hui, il
y a un courant de recherche sur les émotions positives pour que les gens y pensent plus souvent,
pour expérimenter les émotions positives. Les émotions sont observées chez d'autres primates
(composante expressive) : on observe les mêmes expressions faciales chez les singes. Darwin
montre la ressemblance et l'équivalence entre les deux. Les émotions sont déclenchées rapidement
pour une durée limitée, elles ont un caractère réactif et donc un peu biologique, l'épisode
émotionnel est réduit. Il existe des profils distincts de réponses physiologiques d'une émotion à
l'autre. Lorsqu'on utilise un détecteur de mensonge, on enregistre le profil physiologique. Si la peur
augmente, on déduit que l'individu est coupable. Pourtant, il y a une différence interindividuelle
importante, la différence de personnalité joue. De plus, il y a des différences intraindividuelles en
fonction du contexte. La même personne réagit de façon différentes en fonction du moment, par
exemple, le lundi à 8h du matin et 8h du soir, le profil n'est pas stable. Qu'est-ce qui change ?
L'humeur, le contexte est très spécifique. Le fait qu'on soit entouré ou pas change les choses aussi
(idem James). Ces caractéristiques se retrouveraient systématiquement dans toutes les émotions.
Selon Ekman, le physiologique et l'expressif (visage, voix, posture) priment. La dimension
expérientielle et les aspects volontaires sont sous-estimés. La partie cognitive est la partie subjective
de l'émotion, c'est ce qui est à l'intérieur de nous, c'est ce qu'on ressent puis les réflexions qu'on va
avoir par rapport aux émotions.
Théories cognitives d'évaluation
Les émotions n'apparaissent pas systématiquement en réponse à certains objets ou certaines
situations. Par exemple, rater un examen peut être plus ou moins important et peut donc amener
plus ou moins de tristesse ou de colère. La réaction émotionnelle dépend des buts et des capacités
de « coping » d'un individu dans une situation donnée. Face à un examen raté, la colère peut être
due à un sentiment d'injustice, il a été raté à cause des questions posées, c'est une cause externe. La
tristesse peut être liée au fait qu'on s'attendait vraiment à réussir. Un profil d'évaluations détermine
le type d'émotion spécifique ressentie.
L' « appraisal » est une étape initiale dans le déclenchement du processus émotionnel. Quelque
chose de significatif pour le Soi est présent dans l'environnement. Il est évalué sur un ensemble de
dimensions (Ellsworth, Smith, Roseman), c'est la même chose chez Descarte.
Est-ce qu'un événement est nouveau ou pas ? Si oui, est-ce que l'émotion est forte comme pour
l'attentat du 11 septembre ? En tout cas, c'était totalement nouveau. C'est quelque chose qu'on
n'aurait pas imaginé. L'aspect première fois engendre des émotions très fortes. Ça va très vite, on n'a
pas le temps de réfléchir, le cerveau fonctionne de manière pas consciente.
Est-ce que c'est important ? Oui si ça a des conséquences importantes.
Est-ce que c'est plaisant ? Cela va induire la valence de l'émotion. Il n'y a pas de prédiction de
l'intensité, on compare pas de valence avec valence forte que ce soit négatif ou positif.
Est-ce que c'est contrôlable ? Quand on annonce le diagnostique d'une maladie, le moment où on
annonce la nouvelle est un apaisement car à partir du moment où on sait, il y a possibilité de
contrôle. Est-ce qu'on est submergé par les émotions ? Est-ce qu'on contrôle la situation ? Cela
explique que l'émotion ne dure pas longtemps, par exemple, pleurer peut faire réfléchir et trouver
des solutions, le contrôle augmente et l'intensité de la tristesse sera moins élevée.
Analyser les causes de l'émotion (Lazarus) : la stratégie de coping consiste à s'adapter à une
situation qui a été traumatique. Lazarus montre dans sa théorie qu'il y a une étape d'évaluation qui
précède l'élaboration des stratégies de coping.
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Est-ce que l'événement est pertinent pour les buts ? Ce sont les buts qui motivent à faire quelque
chose comme réussir un examen. Ce sont des éléments subjectifs qui permettent de dire quel but est
le plus important, il y a des gros buts à long terme et des petits buts à court terme qui vont mener au
grand but. Les buts ultimes sont en général abstraits : avoir une belle vie, être heureux. Mais
comment faire ? Chacun a des concrétisations différentes. Ça nous guide dans nos différents actes.
Ça explique pourquoi on ne réagit pas tous de la même façon à un événement donné.
Congruent avec les buts ? Joie vs. Tristesse. Dans quelle mesure, on se rapproche de ses buts ? Si
on s'approche, on va éprouver de la joie, ce qui montre que l'événement est en lien avec nos buts.
Ça permet de contribuer à l'atteinte du but et ça permet de se rendre compte quels sont nos buts. On
ressent d'autant plus une émotion positive si le but atteint est proche. Lorsqu'on ressent de la
tristesse, on se rend compte que le but n'est pas forcément atteignable si facilement.
Quelle valeur pour le Soi ? Fierté vs. Colère. Est-ce qu'un événement implique l'estime de soi, estce qu'il va l'augmenter ou la diminuer ? Si elle augmente, on ressentira de la fierté, on estime avoir
plus de valeur que ce qu'on avait avant. En cas de dévalorisation avec une émotion négative comme
la colère, on s'en veut parce que l'estime de soi a été mise à mal.
Scherer
L'émotion est définie comme un processus, une séquence de changements inter-reliés et
synchronisés dans l'état des différents systèmes de l'organisme (traitement de l'information,
motivation, sentiments subjectifs, SN autonome, SN central, ...), en réponse à l'évaluation d'un
stimulus interne ou externe.
Il y a du changement à différents niveaux et donc on retrouve les trois éléments décrits d'une autre
façon. Il y a une synchronie entre eux, les composantes réagissent car on évolue dans un
environnement, c'est ce qui est initiale. C'est l'appareil perceptif qui détecte quelque chose qui va
entraîner toutes ces modifications. Il peut aussi avoir des stimuli internes par exemple, la douleur ou
si on pense et qu'on se rappelle un événement ancien.
Quel type d'état émotionnel résulte du processus ? Quelle intensité résulte du processus ?
Selon lui, il y a 5 façons d'estimer le stimulus (« stimulus evaluation checks » (SEC)). Est-ce qu'il
est nouveau ? Est-il plaisant ? Favorise-t-il l'atteinte des buts ? Existe-t-il des possibilités de faire
face ? Ces concepts impliquent la contrôlabilité et la stratégie de coping. Est-ce compatible avec ses
normes ? On voit donc l'influence de la culture, la réponse n'est pas purement individuelle. Il y a des
émotions qu'on ne peut pas montrer surtout dans des sociétés comme au Japon.
Dis d'une autre façon, voici la séquence de traitement de la stimulation :
1. Nouveauté : soudaineté, familiarité, prévisibilité.
2. Agrément intrinsèque : plaisant ?
3. Rapport aux buts : pertinence, degré de certitude, attente, opportunité, urgence.
4. Potentiel de maîtrise : causalité (agent), causalité (motivation, intentionnalité), contrôle,
puissance, ajustement.
5. Accord avec des standards : standards externes, standards internes.
Perspective fonctionnaliste : le résultat de chaque SEC conduit à une réponse adaptative
appropriée.
Les émotions sont-elles universelles ? Non, le SEC produit une infinité de combinaisons possibles.
Mais oui, il existe un ensemble d' « émotions modales ». Les émotions modales se caractérisent par
un pattern d'appraisals, un pattern correspondant d'expressions faciales, d'activation du SNA, de
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tendances à l'action et de sentiments subjectifs.
La préparation à l'action
Quelle est la condition nécessaire de l'émotion (Frijda) ? Il faut du changement dans l'état de
préparation à l'action.
Dans une étude, Frijda et al. (1989) ont établi une liste de 32 noms d'émotions (bonheur, tristesse,
colère, ...). Les chercheurs demandent de souvenir d'un moment personnel en rapport avec chaque
émotion. Pour chaque souvenir, on fait compléter une liste de 19 appraisals (nouveau ? Important ?
contrôlable ? ...) et pour chaque souvenir, ils établissent une liste de 29 états de préparation à
l'action.
Dimension
Items
Antagonisme
J'avais envie d'insulter quelqu'un, de lui faire mal suite à une
queue de poisson par exemple
Approche
J'avais envie de m'approcher, d'entrer en contact
Évitement
Je ne voulais plus avoir à faire avec quelqu'un ou quelque
chose
Exubérance
J'avais envie de sauter, de chanter, de bouger, d'entreprendre
des choses : sauter de joie !
Il y a un lien entre évaluation cognitive, tendance à l'action et émotion. Ce n'est pas activé dans tous
les cas, il faut une intensité pour avoir une tendance à l'action.
Les résultats montrent qu'il y a une relation positive entre appraisals et préparation à l'action
(corrélation moyenne = .55). Il existe des patterns émotion/appraisal/préparation à l'action : la
fierté/enthousiasme (émotion) avec valence positive (appraisal) et avec exubérance (préparation à
l'action) ; la colère/rage (émotion) avec valence négative (appraisal) et avec l'antagonisme
(préparation à l'action).
Théories constructionnistes (théorie du constructivisme social)
À l'extrême, selon ces théories, c'est purement la société qui construit nos émotions.
Averill
« Des émotions de base n'ont pas plus de place en psychologie que des animaux de base en
zoologie ou des maladies de base en médecine. »
La manière dont les émotions sont exprimées dépend de rôles sociaux prescrits.
L'émotion est un rôle social transitoire (un syndrome socialement construit) qui inclut l'évaluation
de la situation par l'individu et qui est interprété comme une passion plutôt que comme une action.
Syndrome émotionnel : aucune réponse ou ensemble de réponses n'est nécessaire à son apparition.
Une émotion n'est pas le reflet d'un pattern spécifique d'activation de ses composantes. Elle est
apprise et reflète les pratiques, normes et valeurs de la culture dans laquelle l'individu est élevé. Il y
a une nécessité de pouvoir interpréter une situation par rapport aux normes d'une culture. Certaines
sociétés sont différentes par rapport à ce qu'on peut montrer aux autres.
Point le plus extrême : un individu ne pourra pas ressentir d'émotions avant d'avoir appris à
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interpréter les situations en termes d'impératifs moraux approuvés par sa culture.
Importance de l'analyse du langage de chaque culture : parmi les chasseurs de tête Ilongot des
Philippines l'émotion “liget” exprime le caractère grisant, exaltant du moment où une tête est
tranchée. Cette émotion est importante pour la perpétuation du groupe et sa cohésion. Il y a une
fonction importante derrière, on voit l'importance de l'émotion pour créer de la cohésion au sein du
groupe. Ce mot est intraduisible et donc c'est important d'analyser le langage, il n'y a pas le même
nombre de mot pour décrire les émotions, il y a souvent beaucoup de termes pour décrire les
nuances d'une notion importante.
Quelques variations culturelles : Inversion des valorisations : il est indésirable de montrer sa peur
et ses émotions de façon extrêmes dans certaines cultures mais de façon modérée dans d'autres
(honte, fierté).
Cinq type de variations culturelles (Harré) :
1. Les normes d'évaluation varient : le danger peut sollicité non pas la peur mais le courage.
2. Émotions rejetées dans certaines cultures et valorisées par d'autres (dépendance
émotionnelle).
3. Émotions extrêmes dans certaines cultures.
4. Émotions qui disparaissent au cours de l'histoire (accidie des religieux : nostalgie due au
doute dans les croyances).
5. Sentiments différents d'une culture à l'autre : « cozy ».
Les émotions dans notre vie quotidienne
L'émotion est-elle un domaine secondaire en psychologie ? Non, car elle est au centre de la vie
humaine. « Les émotions permettent d'établir, de maintenir, de changer, ou de terminer la relation
entre chaque individu et son environnement sur des sujets qu'ils considèrent comme importants » →
les émotions nous servent de guide, de repère pour notre vie, et particulièrement pour notre vie
sociale
Damasio (1994)
Chez Phineas Gage, la destruction de la partie médiane des lobes frontaux a eu deux conséquences,
un émoussement des réponses émotionnelles et des difficultés dans la planification de sa vie. Quel
est le lien entre les deux ?
Nos émotions nous permettent de prendre des décisions face aux choix qui se présentent, de donner
des priorités parmi un ensemble de buts → le processus de guidance socio-émotionnelle est affecté
chez Phineas.
Emotion, humeur, tempérament
Lorsqu'on est d'humeur positive, on accepte plus de choses de la part des autres, on ferra mieux
certains travaux de groupe, on coopéra mieux. Par contre lorsque l'humeur est triste, on analysera
les choses de façon plus détaillée. On a donc intérêt à avoir un prof de bonne humeur le jour de
l'examen. L'humeur a donc une influence sur les processus cognitifs.
Les qualités pour bien négocier sont la flexibilité et la créativité. Elles seront présentes si l'humeur
est positive. L'induction d'humeur est moins forte que l'induction d'émotion. On nous donne un
biscuit à manger, on nous promet 5 euro, ça ne crée pas des émotions mais ça met de bonne humeur.
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Ça rend les gens plus flexible, on trouve plus facilement la solution au casse-tête chinois. Si on est
de bonne humeur, on ne récupère pas facilement les souvenirs tristes, on pensera aux situations
positives. L'humeur de base est positive en moyenne. On est au dessus du niveau zéro sauf si on est
dépressif. L'humeur est toujours là en arrière fond. Il y a donc une congruence entre l'humeur et la
mémoire.
On va voir 5 points de vue : Davidson, Ekman, Frijda, Lazarus et Watson & Clark.
Selon Ekman, l'interaction est importante entre l'humeur et l'émotion. L'un entraîne l'autre et
inversement. Un cumul d'un certain état d'humeur peut impliquer des émotions.
Réguler consiste à modifier le type d'émotion et son intensité. L'humeur peut empêcher de changer
l'intensité de l'émotion. Combien de temps faut-il pour revenir dans un état de calme et de repos
après une émotion ? Cela varie en fonction de l'humeur. On se remet moins vite d'une émotion.
Deux termes proches (Davidson)
Le sentiment est l'élément subjectif de l'émotion. Il fait strictement référence à la composante
congnitive-expérientielle de l'émotion.
La notion d'affect est surtout utilisée en psychanalyse, c'est une traduction subjective de l'énergie
pulsionnelle.
Affect : Terme utilisé par Freud pour rendre compte de manière subjective de la quantité d'énergie
pulsionnelle. L'affect désigne également le retentissement émotionnel d'une expérience forte. Par
rapport aux conceptions contemporaines de l'émotion, le terme d'affect réfère aux réactions
cognitives-expérientielles de l'émotion qui sont mises en contraste avec les réactions
physiologiques.
Émotion
Humeur
Module l'action
Déclenchée lorsque des réponses adaptatives
sont requises
Déclenchée par des événements qui apparaissent
de manière soudaine (la plaque de verglas)
Module le contenu cognitif
Module le processus cognitif
Toujours présente en arrière-fond
Fait suite à des événements qui se déroulent de
manière lente
La plaque de verglas
Vous roulez paisiblement sur une route de campagne avec des amis. Le soleil est radieux, la journée
s'annonce splendide. Les discussions vont bon train, la soirée de la veille, une bonne blague qui fait
rire tout le monde, avec en prime votre chanson préférée qui passe à la radio. Malheureusement,
nous sommes en hiver et malgré ce soleil, il a plu la veille et gelé fort pendant la nuit.
Soudain, votre voiture glisse sur une plaque de verglas. Instantanément, cet élément nouveau de
l'environnement provoque un sentiment subjectif de peur, accompagné par des changements
physiologiques importants et par un rapide changement des priorités afin de faire face au danger :
vous étiez perdu dans vos discussions et dans une ambiance feutrée et détendue, aussitôt toute votre
attention se concentre sur la manière la plus efficace d'immobiliser votre véhicule. La séquence de
réponses produites en réaction à ce changement soudain et brusque des conditions de
l'environnement est vaste (palpitations, sueur,, gorge nouée, cris, mouvements brusques, muscles
crispés, sentiment de danger, de perte de contrôle, d'angoisse, de frayeur). Pourtant, quelques
fractions de secondes à peine se sont écoulées entre le moment où vous avez aperçu la plaque de
verglas et l'activation de toutes ces composantes de l'émotion. Heureusement, vous redevenez
maître de la voiture qui s'immobilise, à l'envers, mais toujours sur la chaussée. Vous serez encore
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sous le choc de l'émotion pour quelques heures. Mais d'autres processus s'enclenchent
immédiatement. Vous éprouvez un besoin pressant de parler de cet événement avec vos amis et tous
les soirs, vous pensez à cette situation et même parfois lorsque vous vous y attendez le moins, en
plein milieu d'un cours auquel vous assistez. Vous remarquez aussi que deux de vis amis semblent
bien plus éprouvés par ce qui s'est passé. Ils expliquent qu'ils n'avaient aucun contrôle sur ce qui se
passait contrairement à vous qui, au volant, aviez la possibilité d'éviter l'accident. Même s'ils étaient
dans le même véhicule, cette position de non-contrôle les mettait dans une situation différente de la
vôtre. Enfin, le dernier d'entre vous, ne manifeste que peu de réactions et ne parle pas de ce qui s'est
passé. Cela ne vous étonne guère, il ne réagit jamais beaucoup aux situations émotionnelles.
Ekman
L'émotion dure de quelques secondes à quelques minutes tandis que l'humeur dure de quelques
heures à quelques jours. En cas de trouble affectif, cela peut durer des mois.
L'humeur a une influence sur le seuil de déclenchement de l'émotion qui possède un contenu
proche. L'humeur interfère avec le processus habituel de régulation d'un état émotionnel. Cela a de
l'effet sur l'intensité des réponses émotionnelles (ton de la voix), la capacité de contrôle et la vitesse
de résorption de l'état émotionnel. La vitesse de résorption est liée au temps qu'il faut pour revenir à
la normal. Il y a donc un lien étroit entre émotion et humeur, humeur et régulation des émotions.
Une expression faciale est associée aux émotions. Les éléments déclencheurs de l'émotion sont plus
identifiables. Il y a la notion d'objet, on sait pourquoi on est en colère, par contre si on se lève du
pied gauche le matin, on ne sait pas très bien pourquoi.
L'humeur est une expérience émotionnelle dense, elle peut venir de l'intensité, la récurrence,
l'intervalle de récupération court entre les mêmes émotions comme dans « le collège
insupportable ».
Le collègue insupportable
Jean est ouvrier spécialisé dans une entreprise métallurgique. Les horaires sont fatigants, les pauses
de nuit étant fréquentes. Le travail en lui-même est lourd, il exige une force physique hors du
commun, et puis ce bruit en permanence des containers d'acier en fusion, la chaleur inouïe dégagée
lorsque ceux-ci sont ouverts rendent le travail encore plus pénible. En plus de ces conditions
difficiles, Albert, un collègue de Jean, n'est pas une personne facile. Il l'a pris en grippe et n'hésite
pas à lui faire des remarques désagréables et injustifiées sur la qualité de son travail. Cette situation
le met en colère et il n'hésite pas à faire savoir à Albert qu'il commence sérieusement à en avoir
marre de son attitude déplacée. Malheureusement, Albert n'est pas du genre à comprendre
facilement ce genre de remarques et il persiste dans son attitude critique. Avant que l'état de colère
de Jean ne disparaisse complètement, Albert en remet à chaque fois une couche. La répétition de
cette situation se traduit par un changement chez Jean. Fini le temps où il se fâchait à certains
moments bien précis, lorsqu'il en avait assez des remarques d'Albert. Maintenant, il a développé un
état d'humeur irritable qui se prolonge durant toute la journée de travail. Le simple fait d'être devant
sa machine l'irrite, même lorsqu'Albert ne partage pas la même pause que lui. Imaginons maintenant
qu'Albert n'est pas le collègue de Jean mais son supérieur hiérarchique. Dans ce cas, manifester
publiquement sa mauvaise humeur aura un risque évident, perdre son travail. Il doit donc inhiber
ses réactions de colère. Si ce supérieur persiste dans ces remarques désobligeantes, l'inhibition
répétée de la colère conduira également à un état d'humeur irritable dont les collègues directs de
Jean risquent de pâtir.
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Frijda
Intentionnalité
L'émotion implique une relation d'un sujet vis-à-vis d'un objet. L'humeur est liée à un état affectif
non-intentionnel. Par exemple, on est d'abord dans une situation où se vivent des émotions. Il peut y
avoir cumul des émotions, on n'a pas le temps de revenir à un état de repos car il y a une
réactivation émotionnelle, ce cumul risque d'engendrer un état d'humeur plus permanent qui aura du
mal à partir. Une des origines d'un état dépressif est la succession d'expérience défavorable.
L'humeur a plusieurs causes, elle peut être hormonal, interne. Le stimulus qui provoque les
émotions n'a même plus besoin d'être présent.
Le tempérament est une tendance stable à évaluer les événements en accord avec certains patterns
d'émotion. Si le tempérament est anxieux, des nouveautés avec des implications incertaines seront
perçues comme une menace pour le Soi. Les dispositions de personnalité peuvent également être
considérées comme un abaissement du seuil de réponse caractérisant différentes émotions. Dans ce
cas, le trait stable d'anxiété se caractérise par un seuil de déclenchement réduit pour l'activation du
SN autonome.
Tempérament : disposition affective innée à réagir d'une certaine manière et ceci indépendamment
de la situation.
Lazarus
Il porte un intérêt par rapport à l'origine des situations émotionnels. Qu'est-ce qui est déterminant ?
Il existe une interaction entre la personnalité et le contexte, les deux comptent pour déterminer le
processus émotionnel. C'est lui qui met le mieux en évidence l'importance des deux éléments. Les
traits de personnalité s'expriment dans des situations données, des contextes donnés. Quelqu'un
d'extraverti qui travaille tout seul, ce n'est pas très bon pour lui. Il y a des techniques qui permettent
le déconditionnement.
L'état émotionnel est une réaction brève à certaines caractéristiques de l'environnement à un
moment donné. Le trait émotionnel est la tendance à éprouver de manière répétée une émotion
spécifique suite à un ensemble de caractéristiques identifiables, ces caractéristiques sont la
fréquence, le seuil de déclenchement et l'intensité. Une personnalité colérique implique que cette
personne n'est pas tout le temps en colère, mais qu'elle se met en colère plus souvent que la plupart
des gens, plus rapidement, et/ou de manière plus intense.
Le processus émotionnel doit prendre en compte la relation entre la personne et son environnement.
Le « Relational meaning » est l'évaluation des relations entre les variables liées à la personne et
celles liées à l'environnement. Une émotion n'est jamais uniquement le résultat d'un trait de
personnalité ou d'une propriété de l'environnement. Elle dépend toujours de la conjonction de ces
deux éléments.
Watson & Clark
L'émotion comprend 3 composantes (// Frijda, Lang, Scherer) : une expression typique, des
changements physiologiques consistants et un état subjectif distinct en réponse à un type spécifique
d'événement (notion d'objet).
L'humeur est proche de la composante subjective de l'émotion, c'est quelque chose de plus étendu :
« stream of affect », c'est se sentir irrité toute une journée par rapport à être en colère à un moment
contre quelque chose de précis. Le « stream of affect » est un courant qui varie le long de la journée.
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Comment rendre compte du « stream of affect » ? Il y a deux facteurs généraux :
L'affectivité négative est le degré avec lequel on se sent contrarié, on ressent de la détresse, c'est le
fait d'être découragé, nerveux, insatisfait par rapport à calme, relaxé.
L'affectivité positive est le niveau d'enthousiasme, de plaisir c'est-à-dire avoir confiance en soi,
déborder d'énergie par rapport à être sans énergie, ne pas être intéressé.
Les deux facteurs sont indépendants sauf pour les niveaux extrêmes.
NA+/PA+ : anxieux-extraverti
NA-/PA+ : optimiste : toujours plein d'énergie, ils anticipent positivement tout en étant insensible
aux états d'humeur négative.
NA+/PA- : alexithymique
NA-/PA- : anhédonie, TP schizoïde : dans ce cas, l'humeur est sous le plateau du zéro, ils ne sont
pas fort affectés par les événements et pas fort enthousiastes comme dans l'autisme, la psychose, la
schizophrénie.
Pour mesurer l'affectivité négative et positive, il existe des questionnaire. Cela permet d'évaluer
l'état d'humeur de la personne au départ, avant de lui induire des émotions. C'est important de savoir
si au départ la personne est dans une humeur positive ou négative. Cet état d'humeur influence les
émotions postérieures. On doit mesurer les deux à un moment donné.
Deux versions du test existent : le « state » (moment présent) et la trait (le plus souvent, en général),
cela caractérise la personne de manière stable. Dans l'autre cas, on mesure quelque chose de
transitoire. Ici on étudie la notion d'état car ça peut changer le type d'émotion lors de l'expérience.
Cette indépendance n'est pas parfaite, dans la dépression, les choses sont liées, l'affectivité négative
est très élevée et l'affectivité positive est très basse. Donc il y a dysfonctionnement, ils n'arrivent pas
à rebondir, à redémarrer.
Synthèse
Émotion
Humeur
Déclenchement
Rapide (urgence)
Lente
Fréquence
Faible
Élevée
Intensité subjective
Forte
Faible
Éléments déclencheurs
Facilement identifiable
Difficilement identifiable
Durée
Courte (sec, min)
Longue (h, jours)
Effet sur l'attention
Fort
Faible
Effet sur les trois composantes
Physiologique : oui
Comportementale : oui
Expérientielle : oui
Physiologique : non
Comportementale : non
Expérientielle : oui
Propriétés
Module l'action
Module le contenu
processus cognitifs
Intentionnalité
Présente
Absente
&
les
Comment peut-on étudier les émotions?
Étiquement, on ne peut pas induire des intensités trop fortes d'émotion. De plus, le participant doit
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quitter le laboratoire sans aucune émotion induite.
Trois méthodes d'induction d'émotions :
1. Extrait de film (après avoir pré-testé les émotions induites par le film).
2. La musique.
3. Souvenirs des expériences émotionnelles passées.
On peut mesurer l'émotion ressentie par une échelle : échelle différentielle d'émotions (DES)
développée par Izard et collègues (1974).
Les chercheurs étudient aussi les personnes qui perçoivent les émotions de façon naturelle. On peut
par exemple mesurer l'état émotionnel d'un participant à son arrivée au laboratoire et étudier son
comportement. On peut aussi demander aux participants de remplir un carnet de bord. Ou encore,
on peut comparer dans des expériences quasi-expérimentales, le comportement de personne
susceptible de ressentir des émotions avec des personnes « neutres ».
Les fonctions de l'émotion
3 niveaux
Individuel : c'est une fonction d'ajustement, il y a une synchronisation entre les différentes
composantes.
Interpersonnel : fonction de communication
Groupal : fonction de coordination sociale
Fonctions individuelles
Principe général : même si elle peut être subjectivement ou physiologiquement déplaisante,
l'émotion revêt une fonction d'ajustement. Les changements physiologiques permettent de prendre
des actions appropriées : fuir (peur) ou attaquer (colère). Les changements cognitifs impliquant une
focalisation de l'attention permettent la réponse immédiate la plus efficace. Le changement
physiologie, c'est par exemple, l'arrêt de la digestion, la régulation du flux sanguin. Ce changement
est adaptatif. Face à un danger, l'animal a intérêt à courir donc les muscles des jambes sont innervés.
Le cognitif concerne la focalisation de l'attention, l'amélioration de la prise de décision (une
émotion forte facilite la prise de décision).
Les émotions sont des programmes mentaux de niveau supérieur qui organisent et priorisent le
fonctionnement de l'organisme lorsqu'un événement critique survient. Il y a désactivation de
certaines réponses en parallèle à l'activation d'autres et à l'ajustement des paramètres d'autres.
Les émotions apparaissent lorsque les individus jugent consciemment ou inconsciemment que les
progrès dans l'atteinte de leurs buts sont menacés ou requièrent un ajustement (perspective
motivationnelle). Lors de l'interruption d'un but, l'émotion va réorganiser et rediriger les activités de
l'individu en direction d'un nouveau but : réinvestissement.
Dans la théorie des buts, on ressent une émotion de façon négative si le but n'est pas atteint et si on
persiste, on reste dans l'émotion négative. Il faut donc abandonner ce but et réinvestir dans quelque
chose d'autre. Par exemple, le choix d'étude, si ça ne marche pas, on est de plus en plus frustré donc
il faut s'investir dans un nouveau but. Trop de choses négatives font réfléchir à l'importance qu'on
accorde à certaines personnes ou choses pour réorienter les buts.
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Émotion
Événement déclencheur
Action par laquelle se fait une transition
Bonheur
Sous-buts atteints
Persévérer avec le plan, modifier au besoin ; coopérer.
Tristesse
Échec d'un plan important Ne rien faire ; chercher un nouveau plan ; chercher de
l'aide.
Peur
But d'auto-préservation, Arrêter le plan en cours ; faire
menace ou conflit de but l'environnement ; se figer et/ou s'enfuir.
Colère
Plan actif frustré
Essayer avec encore plus d'acharnement ; agresser.
Dégoût
But gustatif enfreint
Rejet de la substance et/ou se retirer.
attention
à
Fonctions interpersonnelles
L'interpersonnel est important car on n'est pas tout seul dans son environnent, le retour des autres
est important. On ne peut pas entièrement comprendre nos émotions avec seulement nous. On
communique sans le savoir nos réactions aux autres, l'autre comprend ce qu'on ressent.
Pour s'adapter aux demandes de l'environnement, il y a la nécessité de savoir ce que les autres
ressentent à propos de nous. Si nous comprenons leurs émotions, nous comprendrons mieux leurs
actions et leurs motivations. C'est un processus automatique : une émotion ressentie et exprimée par
une personne peut être communiquée à autrui même si l'autre n'a pas expérimenté l'événement
déclencheur de l'émotion. Il y a des réponses automatiques à l'expression faciale : des présentations
de 8 ms d'une expression faciale suffisent à déclencher des réponses faciales (Dimberg, 1982,
1988).
Selon Dimberg, si on est face à quelqu'un qui exprime des émotions, on va plus ou moins bien les
comprendre, on lit sur le visage des autres, ce n'est pas uniquement l'observation de l'autre personne
mais aussi une partie qui n'est pas consciente, on active les muscles de l'émotion (la colère) aussi.
On comprend que l'autre est en colère par un mécanisme automatique car on active les muscles de
la colères (expérience du crayon). Ce mécanisme mène à l'empathie. Cela peut être au niveau
subliminal. Cela permet de comprendre la façon dont l'empathie fonctionne.
Application
Dans la relation nouveau-né/parents, il y a une résonance émotionnelle (Campos & Stenberg) ou
une habituation affective (Stern). Dès 12 mois, l'enfant réagit à l'expression faciale de la mère quand
il reçoit un jouet. Face à une expression de peur, il fait un mouvement d'approche vers la mère
(recherche de réconfort), face à une expression de joie, il fait un mouvement d'éloignement,
d'exploration (confiance). De plus, les parents doivent apprendre aux enfants à avoir des réactions
émotionnelles spécifiques aux objets et événements ambigus afin de développer chez eux les
comportements adaptatifs adéquats. Par exemple pour les prises électriques, l'apprentissage au
travers de ce type de communication émotionnelle est vital et fonctionnel, les bébés qui ne
pourraient pas apprendre seraient des bébés à risque.
Fonctions groupales
L'émotion défini les frontières du groupe. On réagit en tant que groupe comme les autres, si on a la
même réaction, on fait partie du même groupe. La réponse émotionnel montre aussi la place
hiérarchique de chacun. Le sourire implique une situation paradoxale car on n'est pas content.
Montrer le cou est un signe de soumission : j'accepte le risque d'être mordu dans mon endroit vital.
La fonction est de créer des liens qui facilitent la définition des frontières du groupe. Par exemple,
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la joie suite à une victoire sportive renforce le sentiment de cohésion du groupe, l'identification au
groupe et sa différence par rapport aux autres. De plus, des masques de honte sont utilisés pour
réguler le comportement des membres du groupe. Le transgresseur d'une loi ou d'une norme devait
porter ce masque en guise de punition afin d'être ridiculisé face aux autres membres du groupe.
Une autre fonction est de maintenir les structures et les normes du groupe. Si on est moqué par un
groupe supérieur, le groupe inférieur exprime de l'embarras et des sourires en signe de soumission
et d'apaisement. Par contre, si on est moqué par un groupe inférieur, le groupe supérieur montre de
l'hostilité faciale pour renforcer leur position dominante dans la hiérarchie sociale.
L'alexithymie
Alexithymie : Contexte historique
Observations cliniques de patients psychosomatiques :
•
Mac Lean (1949) « La personnalité infantile » : Incapacité à verbaliser les émotions
•
Ruesch (1948) observe une perturbation de l'expression verbale et symbolique, de faibles
capacités d'imagination, un recours à l'action physique, une incapacité à utiliser les émotions
comme source d'information et du conformisme.
Les débuts de la médecine psychosomatique apparaissent dans les années ‘30 à Chicago avec
Alexander, Deutsch, French et Grinker.
Marty & de M'Uzan (1963) définissent la pensée “opératoire” comme un style de pensée des
patients psychosomatiques, le contenu est utilitaire et on constate l'absence de fantasmes. Ce mode
de fonctionnement cognitif est dépourvu de tout contenu affectif.
McDougall (1982) souligne l'ignorance des réactions émotionnelles lors de situations traumatiques
ou conflictuelles. « Le concept de la pensée opératoire renvoie à une forme spécifique de relation
aux autres, relation « opératoire » et pragmatique qui apparaît comme privée de liens affectifs dans
le vécu psychique du sujet. »
Sifneos et Nemiah systématisent les observations d'un profil de personnalité spécifique des patients
psychosomatiques. Ils sont incapables de décrire leurs sentiments et de comprendre la signification
du terme « ressentir ». En 1972, le terme « alexithymie » est utilisé pour la première fois. Les
patients « psychosomatiques » (colite ulcéreuse, asthme, ulcer peptique et arthrite rhumatoïde) sont
comparés à un groupe contrôle. Dans un entretien structuré, on mesure les mots appropriés pour
décrire les émotions, la richesse de la vie fantasmatique, le recours à l'action, … On constate une
prévalence de caractéristiques alexithymiques dans le groupe psychosomatique en comparaison au
groupe contrôle.
Alexithymie : définitions
Étymologie : a = absence ; lexis = mot ; thymos = émotion
Définition (Taylor et al., 1997) : Quatre dimensions caractérisent l'alexithymie :
•
Une difficulté à identifier et à distinguer les états émotionnels
•
Une difficulté à verbaliser les états émotionnels à autrui
•
Une vie imaginaire réduite
•
Un mode de pensée tourné vers les aspects concrets de l'existence au détriment de ses
20
aspects affectifs ou « pensée opératoire ». C'est l'élément le plus cognitif de l'alexithymie.
En général, les alexithymiques peuvent faire la différence entre les émotions négatives et les
émotions positives, ils ne ressentent pas les émotions positives. Par exemple, un dentiste travaillait
très très bien (pensée opératoire utile) mais sa vie émotionnelle n'était pas épanouie. Il savait des
choses, il était capable de donner la liste des émotions mais il n'était pas capable de les ressentir. Il
se rendait compte que quand on est chez le dentiste, on est un peu stressé, il avait des blagues pour
détendre les patients mais ça ne le faisait pas rire, il avait appris car il avait vu que ça avait de
l'effet. Concernant les émotions négatives, ils les ressentent mais ne savent pas si c'est de la peur, de
la tristesse ou de la colère donc ils sont dans un état de confusion. Est-ce que les 4 facteurs sont
nécessaires ? Il y a un lien entre eux mais il y a des patterns différents. Le modèle
multidimensionnel est meilleur. On essaie de voir les effets de chacune des dimensions. Sur le
sphère physique, c'est surtout la verbalisation des émotions qui vont avoir un effet. Lorsqu'on inhibe
les émotions, l'activité physiologique est plus élevée, la marmite est de plus en plus sous pression.
L'aspect physiologique est plus élevé si la difficulté concerne l'expression des émotions. Par contre,
la pensée opératoire entraîne un aspect physiologique moins élevé. La migraine concerne des
personnes perfectionnistes, qui se fixent des objectifs à atteindre très fort. Un des remèdes est la
relaxation.
Les autistes peuvent avoir une vie imaginaire fort développée mais des difficultés à exprimer des
émotions.
Observations cliniques
On constate une faible introspection par rapport à leurs sentiments, leurs symptômes ou leurs
motivations. Lorsqu'ils sont interrogés sur leurs sentiments en rapport avec un contexte émotionnel,
ils peuvent manifester soit de la confusion (« Je ne sais pas ce qui se passe »), soit donner des
réponses simples ou peu élaborées (« Je me sens mal »), soit se centrer sur leurs états corporels
(« J'ai des douleurs dans l'estomac »), soit parler de leurs actions (« J'ai envie de donner un coup de
poing sur le mur »).
Perspectives contemporaines sur l'alexithymie
Le lien systématique avec les maladies psychosomatiques n'est pas validé. On parle de trouble de
la régulation émotionnelle (Taylor & Bagby, 2000, 2004).
On constate un intérêt croissant dans des champs multiples comme la psychologie du
développement, sociale, de la santé, de la personnalité, la psychophysiologie, la neurobiologie, la
médecine psychosomatique et la psychiatrie de liaison.
La régulation émotionnelle
La régulation émotionnelle est l'évaluation, le contrôle et la modification des réponses
émotionnelles spontanées en vue d'accomplir ses buts ou en vue d'exprimer un comportement
émotionnel socialement adéquat.
Cette régulation se fait à la fois de façon consciente et non-consciente ; automatique et contrôlée.
Elle concerne les trois modes de réactions émotionnelles (physiologique, comportementaleexpressive, cognitive-expérientielle). Elle exerce ses effets sur l'intensité, le type, la persistance et la
labilité des émotions ressenties.
On constate une prévalence élevée d'alexithymie dans les troubles somatiques (arthrite rhumatoïde
(Bruni et al., 2006), hypertension (Waldstein et al., 2002), syndrome du colon irritable (Porcelli et
al., 1999), diabète (Topsever et al., 2006)) et dans les troubles psychopathologiques (dépression
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(Viinamacki et al., 2006), attaques de panique (Iancu et al., 2001), dépendance aux substances
comme l'alcool ou la drogue (Taieb et al., 2002), troubles alimentaires comme la boulimie et
l'anorexie (Carano et al., 2006)).
La Toronto Alexithymia Scale (TAS-20)
C'est un instrument de mesure développé par Bagby, Taylor, & Parker (1994) et validé en français
(Loas et al., 1996).
Cette échelle mesure trois facteurs :
•
La difficulté à identifier et à différencier ses émotions (7 items)
◦ « Souvent, je ne vois pas très clair dans mes sentiments. »
◦ « Quand je suis bouleversé(e), je ne sais pas si je suis triste, effrayé(e), ou en colère. »
•
Difficulté à exprimer verbalement ses émotions (5 items)
◦ « Je trouve difficile de décrire mes sentiments sur les gens. »
◦ « J'arrive facilement à décrire mes sentiments. » (inversé)
•
Pensée opératoire (8 items)
◦ « Je préfère parler aux gens de leurs activités quotidiennes plutôt que de leurs
sentiments. »
◦ « Je trouve utile d'analyser mes sentiments pour résoudre mes problèmes personnels. »
(inversé)
Différences individuelles
Les effets de l'age et du niveau socio-économique ont été mis en avant par Mattila et ses
collaborateurs (2006). L'étude a été faite sur 8028 participants âgés de 30 à 97 ans. Ils constatent
que la prévalence augmente avec un âge plus élevé, un niveau socio-économique plus faible et le
statut marital (vivre seul ou veuf/veuve).
•
Hommes, 30-44 ans : 6.8% ; 85+ : 30.5%
•
Femmes, 30-44 ans : 2.7% ; 85+ : 28.8%
Les hommes ne sont pas nécessairement plus alexithymiques que les femmes !
Une revue de littérature de Mattila (2009) montre des résultats contradictoires. La prévalence
clinique est supérieure pour les femmes mais le score moyen est supérieur pour les hommes
(Joukamaa et al., 2007). Les tendances sont opposées en fonction des facteurs. Les hommes sont
plus alexithymiques surtout pour les « difficulté à décrire les sentiments » et la « pensée
opératoire ».
Comment expliquer les différences ?
L'expression émotionnelle est restreinte chez les hommes par le conditionnement du rôle social à
l'âge adulte. Les attitudes parentales sont différentes (Boys don't cry : les garçons ne pleurent pas).
À la naissance, les petits garçons pleurent plus que les petites filles, ensuite, la tendance s'inverse.
Les normes dans l'expression des émotions sont différentes pour les hommes et les femmes. Chez
les hommes, l'alexithymie serait un trouble du développement alors que chez les femmes ce serait la
conséquence d'un traumatisme ?
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L'alexithymie masculine serait-elle normative ?
Selon Levant, l'alexithymie est normative chez les hommes. En effet, les formes modérées
d'alexithymie sont très communes chez les hommes. Pour une proportion importante d'homme, c'est
normatif d'avoir un mode de pensée opératoire (exemple de l'ingénieur) et c'est normal de ne pas
parler aux hommes de ses émotions. Donc ce serait un problème sociétale. Cela vient des émotions
valorisées ou pas chez les hommes, on encourage à exprimer de la colère, les garçons peuvent
manifester de la colère mais pas des émotions liées à l'amour. L'éducation implique une suppression
des émotions tendres et une valorisation de la colère. L'empathie émotionnelle est très mauvaise par
rapport à l'empathie d'action. L'empathie émotionnelle consiste à se demander ce que ressent l'autre
alors que l'empathie d'action consiste à comprendre l'action que l'autre va initier.
Dialogue entre un homme et sa femme :
•
« Chéri, j'ai eu des tas de problèmes au boulot aujourd'hui »
•
Attentes Mme : Qu'il me dise qu'il ressent aussi ma déception et ma tristesse
•
Réaction M. : « Montre leur que tu ne te laisses pas faire ».
Les femmes auraient surtout des « difficultés à identifier leurs sentiments » alors que les hommes
auraient surtout une « pensée opératoire ».
Les hommes ont du mal à ressentir des émotions en voyant quelqu'un d'autre qui souffre mais sont
très bons dans l'empathie d'action, ils sont forts pour prévoir le comportement de l'autre, le
mouvement de l'autre, en sport par exemple. L'homme montre de l'empathie d'action. Cela implique
une incompréhension dans un couple donc il faut prendre en charge l'alexithymie masculine de
base.
Chez les boulimiques, il y a une difficulté à savoir ce qu'on ressent. Les gens n'arrivent pas à
réfléchir sur leurs émotions, ils vont avoir des comportements à la place de leur émotion. C'est leur
manière de répondre aux difficultés émotionnelles.
L'alexithymie masculine serait-elle protectrice ?
Il ne faut pas envisager un construit comme soit fonctionnel, soit dysfonctionnel.
Une expérience a été réalisées sur des patients dépendants à l'alcool (Cordovil de Sousa Uva,
Luminet, et de Timary (in prep.)). Elle montre les effets modérateurs de l'alexithymie sur le lien
entre affectivité négative et « craving » (appétence pour l'alcool). Chez les femmes, lorsque les
« difficultés à identifier les sentiments » sont importantes, la relation avec l'alcool est renforcée
alors que chez les hommes, une grande « pensée opératoire » permet de réduire la relation à l'alcool.
Validité prédictive
Des enfants ont été suivis sur 31 ans (Joukamaa et al., 2003 ; Kokkonen et al., 2003) : la capacité à
parler à 1 an est la plus faible pour des adultes avec des scores élevés d'alexithymie.
Une autre étude a suivi des adultes pendant 5 ans 1/2 (Kauhanen, 1996) : l'alexithymie prédit un
risque accru de décès pour des hommes entre 42 et 60 ans après contrôle de variables alternatives
telles que des facteurs démographiques, des comportements de santé, des risques cardio-vasculaires,
la dépression.
L'alexithymie est donc un facteur de personnalité associé à une vulnérabilité somatique et
psychopathologique.
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Modèles explicatifs
L'alexithymie proviendrait de biais de traduction et de représentation des états émotionnels. Les
états émotionnels sont des représentations symboliques et sub-symboliques (Bucci, 1997a). Les
représentations symboliques sont des images ou des mots alors que des représentations subsymboliques sont des sensations somatiques, viscérales et kinesthésiques (Bucci, 1997b). Le
recours aux systèmes symboliques (surtout le langage) a un avantage, il facilite la régulation
émotionnelle. Dans l'alexithymie, on a surtout les représentations sub-symboliques de l'émotion et
donc de moindres capacités de contrôle cognitif.
Selon une autre théorie, l'alexithymie viendrait de biais d'interprétation. Un niveau limité de
conscience subjective et de traitement mental des émotions impliquerait une interprétation erronée
de l'activation et donc des plaintes somatiques. Cela impliquerait des tentatives de réduire les
tensions corporelles par une action physique, une consommation alimentaire excessive, des activités
physiques compulsives ou un abus de substances.
Un troisième théorie est le trouble du développement émotionnel. Normalement, la mère et
l'enfant régulent et adaptent leurs comportements réciproques, il y a une synchronisation affective
(Stern, 1985). La verbalisation des émotions permet à l'enfant de ressentir de nouveaux états
émotionnels, et de les nommer, d'acquérir une conscience d'états complexes et différenciés. Le
développement de la vie imaginaire permet la création de représentations des désirs et
l'(auto)induction d'expériences affectives positives
Une quatrième théorie postule un déficit des connexions système limbique / néo-cortex. Les
réponses autonomes sont répétées sans élaboration cognitive. Le cortex cingulaire antérieur est une
zone essentielle pour la traduction des réponses physiologiques en réponses cognitives.
Une cinquième théorie postule un déficit du transfert inter-hémisphérique. Les messages
émotionnels ont besoin des deux hémisphères pour être compris. Les patients commissurés ont une
diminution des capacités imaginaires, une pensée opératoire et des difficultés à décrire les émotions.
La perspective psychodynamique donne l'explication suivante. Un conflit psychique implique une
somatisation. L'alexithymique ressent une anhédonie (absence de plaisir). La voie somatique est
dénuée de sens comme réponse aux situations émotionnelles. Il y a donc une absence de signaux de
danger. L'alexithymique dénie tout vécu non-factuel, il sur-investit le concret. Il interprète de façon
menaçante les signaux corporels ce qui implique une dépression secondaire.
D'autres auteurs s'intéressent au fonctionnement familial. Selon Berenbaum & James (1994), une
expression émotionnelle familiale restreinte dans l'enfance est liée à des scores élevés d'alexithymie
à l'age adulte. Selon Lumley et al. (1996), le fonctionnement familial perturbé est lié à des scores
élevés d'alexithymie adulte. Selon Kench & Irwin (2000), une faible expression des sentiments
durant l'enfance est liée à des scores élevés d'alexithymie adulte.
Données empiriques
Quels processus cognitifs sont affectés ?
Il existe des liens entre alexithymie et déficits de traitement émotionnel. Pour le montrer, on a
recours à des paradigmes éprouvés en psychologie cognitive.
Quelles sont les meilleures spécifications de la temporalité des déficits ? Est-ce automatique ou
contrôlé ? Le déficit émotionnel est-il généralisé ? Quelle est la valence concernée ? Concerne-t-elle
des émotions spécifiques ? La réponse à ces questions devrait aider à mieux comprendre les échecs
dans leur régulation émotionnelle.
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Alexithymie et amorçage affectif
L'amorçage affectif est l'évaluation de l'allocation attentionnelle précoce. On a une facilitation
lorsque la cible est précédée par une amorce de même valence comparée à une situation neutre. Le
temps de réaction lors d'une association neutre-positif est moins rapide que lorsqu'on a une
association positif-positif. On a une inhibition lorsque la cible est précédée par une amorce d'une
autre valence comparée à la situation neutre. Le temps de réaction neutre-positif serait plus faible
que le temps de réaction négatif- positif.
Méthode
Design
2 (type de paires : Non-Verbal/ Verbal Vs. Verbal/ Verbal)
X 3 (valence de l'amorce : Neutre Vs. Positive Vs. Négative)
X 2 (valence de la cible : Positive Vs. Négative)
Matériel
24 cibles : 12 mots positifs et 12 mots négatifs
18 amorces : 6 neutres, 6 positives, 6 négatives
4 visages : Neutre, Joyeux, Colère et Tristesse
Discussion
Ici, la cible c'est le mot joie, on doit dire le plus vite possible si le mot est positif ou négatif. On
présente des images juste avant (joie ou neutre). Les yeux et la bouche permettent de distinguer les
éléments entre eux ainsi que les sourcils, on réduit la complexité de l'image. On simplifie les autres
parties de l'image pour se concentrer sur les éléments indicatifs, sinon quand on voit le visage de
quelqu'un d'autre, on regarde le sexe et la race de manière automatique. On regarde les temps de
réaction. On compare les temps de réaction lorsqu'il y a congruence ou incongruence.
Il constate bien un effet modérateur de l'alexithymie. Plus on est alexithymique, moins on a une
facilitation, de même pour l'incongruence.
L'effet général est confirmé, le temps de réaction des paires congruentes est plus faible que celui des
paires incongruentes. On a bien une modération par le niveau d'alexithymie mais spécifiquement
lorsque l'amorce est de menace. L'alexithymie est donc liée à un moindre traitement automatique de
l'information émotionnelle. Les résultats se maintiennent lorsqu'on contrôle l'humeur du moment,
l'anxiété et la dépression.
Qu'est-ce que ça apporte ? Le fait de réagir moins vite à un danger réel est un problème. Par contre
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pour les effets incongruents, c'est avantageux de ne pas être perturbé, leur attention n'est pas prise et
donc ils peuvent se mettre à distance plus rapidement. En cas de danger potentiel qui n'est pas un
vrai danger, ils reviennent plus vite à l'état réel. À court terme, c'est un avantage.
Donc, être plus lent à réagir à un signal bref de menace suivi par une cible négative est
dysfonctionnel car les signaux de menace nécessitent des réponses rapides. Mais être plus rapide
pour répondre à une cible positive précédée d'un signal bref négatif est potentiellement adaptatif car
on ne tient pas compte d'une information initiale qui ne se révèle pas pertinente ensuite. Cela permet
des facilités de désengagement de contextes négatifs (effet fonctionnel à court-terme).
Alexithymie et processus mnésiques
Lundh et al. (2002) montrent que des scores élevés d'alexithymie (HA) implique une moins bonne
mémoire des mots émotionnels mais cela n'a pas d'effet pour la mémoire des mots neutres après le
contrôle pour la dépression et l'anxiété. Les alexithymiques n'ont pas l'effet d'augmentation de la
mémoire due à l'émotionnalité. Une situation fortement émotionnelle favorise la mémorisation. Les
effets ne sont explicables que par le fait qu'ils sont alexithymique et pas parce qu'ils sont déprimés
(difficulté d'accès aux souvenirs positifs).
Existe-t-il une interaction entre le type d'encodage et l'alexithymie ? On veut comparer l'encodage
perceptuel et l'encodage sémantique.
Paradigme des niveaux de traitement (Levels of Processing, LOP)
Lorsqu'on demande un encodage sémantique, on demande au participant de penser à la signification
de chaque mot qu'il voit. Pour l'encodage perceptif, les participants doivent faire attention à la façon
dont le mot est écrit. L'encodage sémantique augmente la mémorisation. On rend le mot plus
distinct des autres.
On compare donc le rappel après traitement sémantique au rappel après traitement perceptif. Penser
à la signification permet une assimilation plus aisée dans le système cognitif et une information plus
distincte (Craik & Lockhart, 1986).
On mesure les corrélations partielles entre l'alexithymie et le rappel des différents types de mots
(positif, négatif ou neutre), après contrôle pour l'optimisme, la dépression et l'humeur positive ou
négative.
Chez les alexithymiques, ça ne change rien, quelque soit le type d'encodage. Dès le niveau
perceptuel, ils ont déjà un déficit de mémoire. Pour le neutre, il n'y a pas de corrélation. Par contre
pour l'émotionnel, au plus on est alexithymique, plus on a du mal à se souvenir. C'est valable pour
le matériel négatif ou positif. Pour le négatif, c'est moins important, c'est plus spécifique pour
l'identification des émotions.
Et si on présente simultanément un matériel émotionnel et de la musique (in)congruente en
arrière fond ?
L'hypothèse est que la congruence à l'encodage pourrait aider les alexithymiques à stocker les
informations émotionnelles. Les alexithymiques auraient de meilleures performances dans des
contextes spécifiques et il faudrait pouvoir identifier ces contextes.
Schéma expérimental :
2 (niveaux de traitement : sémantique vs. perceptuel) Inter
X 2 (Type de mots : Colère vs. Joie) Intra
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X 2 (Arrière-fond musical : Colère vs. Joie) Inter
Matériel et participants
L'expérience est faite avec 107 étudiants (75 femmes, M = 21.08, SD = 2.33). Les cibles sont 24
mots émotionnels, 8 “joie” (e.g., sourire, bébé, heureux), 8 “colère” (e.g., bagarre, enragé, furieux),
8 “dégoût” : autre négatif - activation forte et 24 neutres.
Tâche de reconnaissance
Le matériel musical pour la colère est « Une nuit sur le mont chauve » de Moussorgsky (1867) et
pour la joie, « La petite musique de nuit » de Mozart. La procédure est la suivante. La musique est
mise en arrière fond avec un niveau sonore faible (+/- 45dB). On contrôle l'humeur positive &
négative initiale. On manipule le niveaux d'encodage (LOP) : perceptuel et sémantique. Comme il
n'y a pas d'interaction entre l'alexithymie et le niveau d'encodage, celui-ci n'est pas considéré dans
les autres analyses.
Résultats
Pour chaque niveau d'alexithymie, il y a une interaction entre la musique et le type de mot MAIS le
pattern est inversé.
On observe plus de congruence par rapport à la musique pour les alexithymiques. Quand la musique
colère est présentée, la barre noir est plus grande. Ce n'est pas le cas chez les personnes faible en
alexithymie. Ce contexte extérieur les aide à se rappeler les mots. Chez les personnes « normale »,
les gens prêtent plus attention à l'extérieur et sont donc plus distraits par la musique. Le degré de
perception est différent, les alexithymiques sont plus influencés par la musique. Les alexithymiques
ont un moins bon rappel du matériel émotionnel. Face à la colère, il y a des déficiences, c'est une
émotion interpersonnelle.
Si on mélange les types de mots, avec musique colère, les alexithymiques sont moins bons, la colère
crée de la confusion chez eux. Dès qu'on met de la musique joyeuse, il n'y a plus aucun déficit dans
le rappel de l'ensemble des mots. Donc la musique peut aider dans la capacité de rappel. La musique
de colère ne les aide que pour la colère.
Si on calcule des corrélations, par rapport au deux types de mots, il y a un déficit fort avec le mot
joie et la musique colère. Si musique de joie, les colères restent négatives. En rouge, on a une
corrélation positive pour les mots positifs. Les plus alexithymiques ont des meilleures
performances. Cela peut être une technique d'intervention.
On a donc un impact modérateur de l'alexithymie sur le traitement de la colère. Avec une musique
colère, les LA (faible alexithymie) reconnaissent plus de mots que les HA (alexithymie élevée). Ce
déficit par rapport à la colère est cohérent avec d'autres études.
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Des études futures pourraient voir si le déficit émotionnel est total ou spécifique à la colère.
Les HA « utilisent » la musique joie comme indice pour récupérer les mots congruents. Les LA sont
meilleurs pour contrôler le contexte (musique non pertinente pour la tâche), cela implique une faible
congruence. Les HA ont des difficultés à se désengager du contexte, ils sont donc influencés (non
consciemment?) et la congruence est forte. Ce qui est hautement bénéfique dans le cas de la
musique joie.
La musique joie augmente les ruminations positives chez les HA, ce qui ensuite améliore leurs
capacités de régulation émotionnelle, ce paradigme pourrait être utilisé pour des interventions sur
des groupes cliniques.
Développement émotionnel et transmission générationnelle
Luminet, O. & Lenoir, V. (2006) ont étudié l'alexithymie parentale et les capacités émotionnelles
des enfants de 3 et 5 ans.
Est-ce que les enfants sont moins performants si leur deux parents sont alexithymiques ? 3 ans est
l'age du début de l'école maternelle et à 5 ans tous les enfants sont à l'école et il y a donc un effet de
socialisation. Comment les parents jugent les performances de leurs enfants ? Est-ce que votre
enfant parle souvent de ses émotions ?
Les buts de l'étude est de mesurer les effets de la maturation et du niveau d'alexithymie des parents
sur les capacités émotionnelles d'enfants de 3 et 5 ans. Est-ce que les capacité émotionnelles
augmentent avec l'âge ? Les enfants ont-ils de moindres performances si les parents sont
alexithymiques ? Y a t'il une récupération partielle/totale par la socialisation ?
On mesure les liens entre performances émotionnelles des enfants et évaluation subjective de ces
performances par les parents, en fonction de leur niveau d'alexithymie. Les évaluations sont-elles
correctes si les parents ne sont pas alexithymiques ? Y a-t-il des distorsions (surévaluation/sousévaluation) si les parents sont alexithymiques?
Trois capacités émotionnelles de base
•
Différenciation des émotions : capacité à discriminer les expressions faciales entre elles.
•
Identification des émotions : capacité lexicale à utiliser des termes relatifs à la connaissance
émotionnelle des autres.
•
Verbalisation des émotions : capacité de relater ses états émotionnels et ceux des autres, à
évoquer et discuter d'émotions actuelles, passées et futures et de situations émotionnelles.
L'ordre d'acquisition est le suivant : différenciation, identification puis verbalisation.
Les études précédentes avaient certaines limites. Il y avait un biais de sélection et de reconstruction
des souvenirs familiaux. Seul le niveau d'alexithymie de la mère était évalué. Il n'y avait pas
d'examen conjoint des capacités de différenciation, identification et verbalisation. Ces 3 limites sont
dépassées dans l'étude présentée.
Méthode
L'échantillon est composé de 3 catégories : les parents non alexithymiques (N = 32), un parent
alexithymique (N = 21) et deux parents alexithymiques (N = 17). On exclut les enfants adoptés, les
familles monoparentales et les différences de langues maternelles des parents. L'effet du niveau
d'études sur score alexithymie est contrôlé dans les analyses. On obtient 70 enfants (38 filles, 32
garçons) de 3 ans ou 5 ans (intervalles de 3 mois avant/ 3 mois après).
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Les différentes tâches sont des tâches de différenciation (3), identification (3) et verbalisation (1).
Des vignettes émotionnelles (colère, surprise, joie, tristesse, peur) sont mises en scène par deux
marionnettes. Les marionnettes sont présentées à l'enfant sans visage (expression neutre). Les
enfants doivent faire le choix d'une expression faciale émotionnelle appropriée dans une liste
(« Montre comment il/elle se sent, quel visage tu lui mettrais ? ») (tâche de différenciation : nonverbale). Les enfants doivent dire comment se sent la marionnette (« Comment il/elle se sent ?
Comment il/elle est ? ») (tâche d'identification verbale).
Résultats
On observe un effets de l'âge : la performance à 5 ans est plus importante qu'à 3 ans. On observe
aussi une interaction entre l'âge et l'alexithymie. Dans le groupe alexithymie élevée (2 parents) et
pour les enfants de 3 ans, la performances est très faible pour la tâche de différenciation et
d'identification. Quand il y a un seul parent alexithymique, ça ne joue pas, cela compense
l'alexithymie de l'autre. Donc il y a une influence générationnelle. À 5 ans, il est possible que les
effets de socialisation (école) compensent le déficit initial.
On observe une congruence entre l'évaluation des parents et les performances émotionnelles
effectives des enfants pour les couples non-alexithymiques. Ces parents perçoivent les compétences
émotionnelles de leurs enfants. Par contre, il y a une discordance entre l'évaluation des parents et les
performances émotionnelles effectives des enfants pour les couples alexithymiques. Ces couples ont
donc une estimation erronée des habiletés émotionnelles de leurs enfants, ce qui implique des
réponses erronées communiquées aux enfants, il y a donc un risque pour ces enfants de reproduire
des patterns erronés de réponses émotionnelles lorsque qu'ils sont confrontés à des situations
similaires. Les parents ne vont pas s'inquiéter que les enfants confondent les émotions.
Traitement
On pourrait montrer des situations prototypiques d'émotions aux enfants et leur expliquer. Par
imagerie hypnotique, on stimule l'imaginaire, on veut activer des processus. 10% des gens ne sont
pas du tout réceptifs à l'hypnose.
Qu'est-ce qu'on peut faire ? La psychanalyse ne serait pas efficace car ils vont raconter leur vie
quotidienne, ne rapporte aucun rêve. La thérapie TCC ne serait pas utile non plus car il n'y a pas
d'objet en soi. On pourrait faire le traitement des émotions car les images sont un autre mode
d'action que l'accès verbal, ils pourraient être plus sensibles car ce mode est plus direct. Il faudrait
faire des choses pour associer un nom à une émotion. Leur apprendre des schémas émotionnels.
On peut aussi leur montrer ce qu'on ressent : biofeedback, conscience intéroceptive. Le but est de
pouvoir interpréter les modifications du corps et de mettre un nom dessus.
Un autre traitement peut être la relaxation, se concentrer sur son corps et détendre des parties de
leur corps. L'ocytocine peut aussi être un traitement, c'est un domaine important pour le moment.
Techniques corporelles : training autogène, relaxation (avec ajout progressif des aspects
symboliques).
Techniques psycho-éducationnelles : apprendre, clarifier les états émotionnels, tolérer certains états
négatifs (colère), dé-somatisation progressive.
Congruence musique/matériel positif à rappeler (voir étude Vermeulen et al., 2010)
Hypnose
Méthode
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On teste 31 étudiantes avec des scores d'alexithymie élevés. On les partage en deux groupes :
condition d'imagerie hypnotique et condition contrôle. Dans la condition d'imagerie hypnotique, les
participants subissaient 8 sessions d'entraînement individuel.
Résultats : on observe une diminution significative des scores d'alexithymie. Les changements de
l'état d'humeur sont indépendants de ceux des scores d'alexithymie, on en déduit que l'hypnose a
exercé un effet direct sur l'alexithymie qui n'est pas explicable en termes de dépression ou d'anxiété.
Alexithymie et ocytocine : une nouvelle voie ?
Quand sécrétons-nous de l'ocytocine ? L'ocytocine est l'hormone du lien (fidélité, amour,
attachement, confiance), elle est aussi sécrétée lors de l'allaitement (favorise la montée de lait), et
lors de l'accouchement (on donne une dose massive pour déclencher l'accouchement). Toutes les
études sont faites sur les hommes car on devrait faire un test de grossesse chez les femmes avant de
leur administrer de l'ocytocine.
Dans une situation sociale, l'ocytocine réduit l'activation de l'amygdale. L'activité sexuelle diminue
le stress et réduit l'activation au niveau de l'amygdale (zone de réponse à la peur).
Quand secrétons-nous de l'ocytocine ?
Nous sécrétons de l'ocytocine lors de situations d'attraction sexuelle : toucher, caresses, orgasme
mais aussi durant toute situation sociale impliquant un climat de confiance.
Quels sont les rôles principaux de l'ocytocine ?
Elle permet de faciliter les contractions intra-utérines et la lactation. Elle permet de réduire le stress.
L'ocytocine réduit l'axe HPS, le système nerveux sympathique et l'activation de l'amygdale.
Aux USA, on observe une exploitation commerciale. Ce serait une potion de l'amour ou un élixir de
confiance.
Les effets de l'ocytocine sont-ils dépendants du CONTEXTE ?
Comme tous nos facteurs biologiques, l'ocytocine est supposée être adaptative. Cela implique qu'il
est peu probable que ses effets soient similaires quelque soit le contexte. Les effets de l'ocytocine
sont adaptés aux circonstances. Par exemple l'ocytocine augmenterait le comportement pro-social
seulement quand celui-ci est bénéfique pour l'adaptation et la survie. Si l'ocytocine augmentait la
confiance dans tous les cas, ce ne serait pas idéal car l'environnement n'est pas forcément sûre.
Prenons l'exemple de la confiance et voyons si c'est le cas. Est-ce que l'ocytocine augmente toujours
le niveau de confiance ? 60 sujets participent à l'expérience. La moitié reçoive de l'ocytocine et
l'autre pas.
On mesure l'indice de masse corporelle (car l'effet varie en fonction de l'IMC), la prise de risque, la
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bonté, la compétence émotionnelle, la compétence sociale, le désordre mental, l'utilisation de
substance...
Le jeux de confiance consiste à donner une partie de son argent à un partenaire, celui-ci reçoit trois
fois la somme donnée et peut en rétrograder une partie. Cette tâche est donc liée à la prise de risque.
On a donc deux conditions, un des groupe reçoit de l'ocytocine pendant que l'autre reçoit un
placebo. Les participants ne savent pas dans quelle condition ils sont. Le partenaire varie aussi, c'est
soit un ordinateur (considéré comme totalement neutre), une personne en qui on peut avoir
confiance ou une personne suspecte. C'est donc un plan expérimental 2 x 3.
L'ordinateur répond au hasard. La personne de confiance est un étudiant en psychologie qui
participe à des mouvements de jeunesse alors que l'autre personne est un étudiant en science
politique qui aime le whisky.
Résultats
Il n'y a pas de différence entre le groupe ocytocine et le groupe placebo lorsque le partenaire n'est
pas digne de confiance. L'ocytocine ne rend pas myope par rapport aux gens indignes de confiance.
Lorsque le partenaire est digne de confiance, on a une différence de 4 € entre les deux conditions,
on donne plus sous ocytocine. Attention donc, l'ocytocine ne marche pas toujours contrairement à
ce que dit la publicité !
Discussion
L'ocytocine est l'hormone de base de la confiance humaine. L'effet de l'ocytocine semble être
modéré par la valeur adaptative du comportement social dans une situation donnée. Des clés très
subtiles (ici le stéréotype) semblent être suffisantes pour moduler l'effet de l'ocytocine.
En résumé, l'ocytocine augmente le comportement pro-social mais n'est pas un filtre d'amour ou de
confiance !
À quel point l'effet de l'ocytocine est dépendant de la personnalité ?
En général, on étudie des groupes cliniques distincts : la phobie sociale ou l'autisme. L'idée de cette
étude est de considérer l'alexithymie comme un trait continu.
L'alexithymie est liée à de nombreux déficits interpersonnels : moins de relations sociales, une
faible satisfaction dans relations intimes et une distance inter-personnelle élevée. L'ocytocine
pourrait-elle augmenter leurs capacités interpersonnelles ? Le bénéfice serait plus important pour
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eux car ils n'ont pas confiance au départ.
Hypothèses
L'alexithymie modère les effets de l'ocytocine. Une injection d'ocytocine aurait plus de bénéfices
pour les hauts scores d'alexithymie que pour les bas scores (effet d'interaction).
La tâche consiste à décoder les expressions faciales émotionnelles d'autrui. Cet effet de l'ocytocine a
déjà été démontré. L'effet modérateur de l'alexithymie dépendrait-il du type de matériel ?
Les images sont des visages humains qui expriment différents états émotionnels. Pour chaque
image, le participant a le choix entre 4 propositions. On mesure ainsi la capacité à décoder des
expressions faciales émotionnelles subtiles (nom du test : RMET).
Pour un groupe sain, Domes & al. (2007) montre que la performance au test est plus grande pour le
groupe qui a reçut de l'ocytocine par rapport au groupe placebo. Donc l'ocytocine améliore les
capacités de décodage des expressions faciales émotionnelles.
Dans cette expérience, on a 60 étudiants hommes (age moyen : 21.1 ans; M TAS-20: 46.7, rang: 2467). On divise le groupe de façon aléatoire, la moitié des participants reçoivent 32 IU d' ocytocine et
l'autre une dose équivalente de placebo. Après 45 minutes, les participants font le test RMET.
Les deux groupes sont identiques en ce qui concerne l'age, la personnalité, la psychopathologie et
l'alexithymie.
Résultats
Variations en fonction des caractéristiques des visages
Uniquement pour les items NEGATIFS, on observe un effet principal de l'alexithymie. Les
performances sont meilleures pour les bas niveaux d'alexithymie. On constate aussi un effet
principal sous la condition marginale, on a une meilleures performance sous ocytocine.
L'interaction suivante peut être observée, dans la condition placebo, les hauts alexithymiques ont
une performance plus basse (59%) que les bas alexithymiques (71%). Dans la condition ocytocine,
les performances sont équivalentes (HA (71%) et LA (68%)).
Uniquement pour items INTENSES, on observe un effet d'interaction. Dans la condition placebo,
les hauts alexithymiques ont une performance plus basse (65%), que les bas alexithymiques (78%).
Dans la condition ocytocine, les hauts alexithymie (75%) ont une performance équivalente aux bas
alexithymique (73%). Les hauts alexithymiques bénéficient particulièrement de l'ocytocine quand
ils traitent des visages négatifs et intenses émotionnellement.
Discussion
Il peut être bénéfique d'administrer de l'ocytocine avant une séance de thérapie. En effet, les hauts32
alexithymique seront de façon temporaires plus attentifs et mieux capables de comprendre les
expressions émotionnelles d'autrui.
L'ocytocine permet de faciliter les interactions avec autrui. Il y aura évitement si l'expression faciale
est négative et approche si l'expression faciale est positive. Ce qui conduira à plus de satisfaction
dans les interactions sociales.
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