Le journal d`un fou - Les Nouvelles Comédies
Transcription
Le journal d`un fou - Les Nouvelles Comédies
Le journal d’un fou DOSSIER DE PRESSE /D&RPSDJQLH$FWHGH6FqQHSUpVHQWH /(-2851$/' 81)28 E`ZfcXj>f^fc 1 GH PLVHQVFqQHSDUNXccp98A<LO MJDFODF 2 $7, * 1 /2 2 35 DYHF 6<5866+$+,',DGDSWDWLRQ:%DMHX[HW66KDKLGL 7KpkWUHGX*\PQDVH0DULH%HOO'LUHFWLRQ-DFTXHV%HUWLQ %GGH%RQQH1RXYHOOH3DULV 0%RQQH1RXYHOOH UHVD (TXLQR[LDOHFRP jSDUWLUGXRFWREUHOHVGLPDQFKHVHWOXQGLVjKHWPDUGLVjK HQWUpHHXURV À partir du 1 octobre 2012 les dimanches et lundis à 20h00 et les mardis à 21h30 Théâtre du Gymnase – Marie Bell, 38 Bd de Bonne Nouvelle - 75010 - Paris http://wally.bajeux.free.fr/jdf.html Presse François Vila 01 53 40 89 97 06 08 78 68 10 [email protected] Diffusion Mathilde Mottier 01 53 40 91 28 06 81 43 14 66 [email protected] Le journal dʼun fou Le journal d’un fou de Nicolas Gogol mise en scène Wally Bajeux avec Syrus Shahidi Entre la certitude d'un avenir médiocre, incompatible avec des rêves trop larges pour lui, et un amour sans espoir, un petit fonctionnaire se déconnecte peu à peu de la réalité, basculant au cœur d'un univers névrotique ou des créatures diaboliques le malmènent… Le journal d'un fou est la seule oeuvre de Gogol écrite à la première personne et est considéré comme l'une des nouvelles les plus marquante de l'auteur. Le journal dʼun fou Interview Wally Bajeux Qu’est-ce qui t’a intéressé dans le texte « Le journal d’un fou » ? L'articulation des mécanismes humains face à leurs structures sociales, la transformation et la dépossession du "moi". La représentation du monde qu'est notre société depuis plusieurs siècles nous propose le principe de réalité. Or Propichkine, petit fonctionnaire russe, ne peut atteindre son rêve de réalité conscient. Il s'opère alors chez lui un changement stratégique radical le menant à la rupture sociale. Au départ c’est une nouvelle, comment as-tu travaillé l’adaptation ? En fait le mot adaptation pourrait presque paraître prétentieux. Évidement il faut bien définir les choses par des mots. L'écriture de Nicolas Gogol est si vivante et riche que toute la multiplicité des chairs venant du personnage de Propichkine se concrétise scéniquement. Pour l'anniversaire de mes 12 ans mon père m'a offert deux livres : Premier amour d'Ivan Tourgueniev et Le journal d'un fou de N.Gogol. J'ai été littéralement bouleversée par ces deux lectures qui, curieusement dans mon esprit de préadolescente, avaient un lien totalement cohérent. Je me disais qu'une simple déception pouvait engendrer une destinée avec d'immenses dégâts psychologiques. Nous vivons dans un environnement ou l'on nous assène jour et nuit que pour exister il faut être reconnu, il faut être beau, sain, compétitif, séducteur, performant. Comment font ceux qui ne sont pas armés pour ne pas devenir les laissés pour compte, les exclus, les marginaux ? J'ai axée la base de ma réflexion et de développement sur ce qui conduit Propichkine à perdre le contrôle rationnel de sa propre pensée, c'est à dire la faille émotionnelle, la déception sociale menant à une déception amoureuse. À partir de là, il ne restait plus qu'a suivre l'écriture de N. Gogol qui fait dialoguer la folie avec la raison. Dans ton adaptation, on ressent une résonance contemporaine aujourd’hui. Cela vient du texte ou de ton adaptation ? Je pense que cela vient des deux. Cela dit Gogol en 1830 était déjà un immense auteur contemporain et le restera. Peux-tu nous raconter l’histoire du « journal d’un fou » et la vie personnelle de son auteur Nicolas Gogol ? Si Sophie est un idéal, la question est de savoir comment l’atteindre ? Le rêve de Propichkine est d’assouvir ses désirs immédiatement et sans effort ; Mais ce dernier se transforme en cauchemar. Propichkine entame un dialogue entre l’inconscient et le conscient, se heurte à des conflits qui rompent l’harmonie et déclenchent la violence... Une solution consiste certes, à se retirer du monde. Il cherche à fuir les régions perverses et tortueuses où il est enfermé. Un conflit apparaît entre ses désirs propres et son esprit, une lutte intérieure se met en place. La mise en scène sera donc au service de ce monologue entre deux mondes monochromes, où le temps se disloque, où la communauté sociale se désagrège. Les êtres et les événements se confondent dans la folie d’un personnage dont les actions irrationnelles reflètent sa distance au monde présent. C'est le règne de l'incognito, des chiens qui parlent, des bâtards, des rencontres sur la Perspective Nevski, de la schizophrénie qui le pousse à s’imaginer en roi d’Espagne. L’univers de Propichkine est rempli de démons transformant Pétersbourg en Kaléidoscope de ressentis. Le journal d'un fou est la seule oeuvre de N.Gogol écrite à la première personne et est considéré comme l'une des nouvelles les plus marquante de l'auteur avec le Nez. Comment as-tu rencontré Syrus Shahidi qui interprète avec brio le personnage unique de la pièce ? Il interprète un personnage unique qui se métamorphose en plusieurs personnages. Ma rencontre avec Syrus remonte à une représentation de Quai Ouest de Koltés. Il était alors apprenti dans un cours de théâtre que je connaissais et était venu nous voir jouer. Nous avons échangé quelques mots. Le temps a passé, nous nous sommes revus à plusieurs reprises. Syrus nourrissait le désir d'un travail commun. Après avoir cherché un texte qui correspondait à nos émotions, notre choix c'est arrêté sur la nouvelle de N.Gogol. Le journal dʼun fou Comment avez-vous travaillé ensemble ? Nous avons ouvert le cerveau et le corps de notre protagoniste pour étudier son anatomie et sa structure… Plaisanterie mise à part c'est presque cela. Je voulais que l'instrument de musique, l'alto, dont il se sert devienne l'expression des cordes intérieures émotionnelles du personnage qui claquent les unes après les autres. Nous étions au coeur d'une sorte de laboratoire humain, avec le luxe d'avoir du temps pour nos recherches. Ce travail en duo à été très intime exigeant de notre part et surtout de la part de Syrus un véritable don de soi pour incarner le personnage. Comment s’inscrit « Le journal d’un fou » dans ton parcours de mise en scène ? Il me semble qu'il s'insère dans une suite logique. J'aime parler des destinées... Je m'inspire de ce que je vois autour de moi, dans la rue, de la tournure que prennent les choses, de leur évolution, de la politique, des décalages, des angoisses qui traversent les siècles et se retrouvent dans toutes les couches de notre société. La peur étant un drame collectif. Tu as créé « Le journal d’un fou » en avril 2011 au théâtre de Nesles puis depuis janvier 2012, au théâtre du Gymnase. Quels sont les retours des spectateurs, par quoi sont-ils touché ? Les spectateurs ressortent généralement avec beaucoup d'émotions et de questionnements. Les rires sont salvateurs. Syrus est un acteur animal. Il ne joue pas, il vit pleinement cette histoire sans limites, ainsi que les métamorphoses que son personnage subit autant intérieurement que physiquement. N'oublions pas la qualité et la modernité du texte et du propos de Nicolas Gogol qui est totalement actuel. Il y a des spectateurs qui reviennent plusieurs fois, comme l'adaptation est plus longue que la pièce, nous opérons régulièrement des changements dans le texte. C'est notre secret afin que les spectateurs ne voient jamais la même histoire. L'écriture de N.Gogol n'a pas pris une ride et fait l'objet d'une forme de culte de la part d'un public aux horizons très diversifiés. Le journal dʼun fou Wally BAJEUX Metteur en scène, comédienne, auteur CINÉMA 1986 : LA BOHÊME Luigi COMENCINI 1988 : BONSOIR CANNES (TF1) : Prix des jeunes espoirs des jeunes actrices festival Cannes Tournage avec Django EDWARDS "la rupture" 1988 : PAGANINI Klaus KINSKI 1995 : LES SOEURS HAMLET Abdelkrim BAHLOUL 1995 : GOLDEN BOY Jean-Pierre VERGNE 1996 : LA NUIT DU DESTIN Abdelkrim BAHLOUL 1999 : PROFIL GREC Patrick MONTAMA 2011 : LA DERNIERE RECRUE Luc Murat R ÉALI SATI O N 1996 : Captation TV L’ANNONCE Diffusion ARTE / Mise en scène, réalisation et rôle 2003 : L’ÉPREUVE DE LA PISCINE Court métrage / Réalisation et rôle Diffusé au TRIAGE Centre d’Art Contemporain de Nanterre DIRECTRICE ARTISTIQUE 2001-2012 : COURS MORGAN : Formation de l’acteur/ Master class et création du site www.coursmorgan.com THÉÂTRE 1979 : LA MACHINE INFERNALE Jean Cocteau Mise en scène Colette LOUVOIS / Th. Edouard VII 1985 : LA BÊTE DE SCÈNE Jean-Loup Dabadie Mise en scène Colette LOUVOIS / Th. du Ranelagh 1993 : ROMÉO ET JULIETTE Shakespeare traduction Yves Bonnefoy Co-Mise en scène et Rôle de Juliette 1994 : LES VOYAGEUSES D’ORIENT Saint John Perse Mise en Scène / Alain GUNTHER 1995 : PLAGES Mise en scène /Alain GUNTHER/ Salon du Livre captation France Inter /Prix du Public 1995 : L’ANNONCE Stéphane Rouchy Mise en scène et rôle de Waniza Centre Culturel des Finances 1996 :TROIS DANS UN BUREAU Stéphane Rouchy Mise en scène et rôle de Françoise /Th déchargeurs/ L’Européen /Point-Virgule /Blancs Manteaux. 1996 : COUPS DE PUB Wally Bajeux/ Stéphane Rouchy /Mise en scène et rôle, comédie musicale Cité de La Pub / Espace Branly 1997: TROIS DANS UN BUREAU - Café de La Gare et Gymnase Marie-Bell 1997 : MOLIÈRE AU-DELÀ DU RIDEAU - Cathy Robin Rôle de Madeleine BÉJART / Th Aktéon 1998 : ARLEQUIN VALET DE DEUX MAÎTRES . Carlo Goldoni /Rôle de Béatrice / Auditorium des Halles 1999 : SEPT À DEUX / S.Rouhy / Rôle de «Elle» / Th des Déchargeurs 2000 : VALENTIN ET LES AUTRES. Karl Valentin Mise en scène / Th Les Halles le Marais 2000 : POÈTES DE L’ESPÉRANCE.Mahi Binbine/Tahar Ben Jelloun /Mise en scène du spectacle et rôle Institut du Monde Arabe 2001 : MA SOLANGE COMMENT… Noëlle Renaude/ Mise en scène / Th Confluences 2001 : PURIFIES, LA VEILLÉE ... Lars Noren/Mise en scène / Hans Peter CLOOS/ Th de l’Ermitage 2002 : LECTURES AU FÉMININ /Paul Claudel/ Seule en Scène / Théâtre du Châtelet 2003 : TOUT SUR MA MÈRE /Pedro Almodovar/Adaptation et mise en scène /Espace Jean Damme 2003 : LES PETITS CARRÉS /Valérie Levy/Prix SACD adaptation et Mise en Scène rôle de Juliette avec Bruno Putzulu Théâtre du ROND POINT salle Topor 2004: Printemps des poètes 6ème édition. Lecture du REBUTANT, Prix Populiste, de et avec Dominique SAMPIERO / B.N. F. Mitterrand Le journal dʼun fou 2004 : CABARET D’AVANT GUERRE Karl Valentin - Création, Mise en scène Espace Jean Damme / Théâtre Déjazet. 2004 : LES ENFANTS DU PARADIS / Jacques Prévert/Marcel Carné/Adaptation, Mise en scène Auditorium des Halles - Prix Ville de Paris jeunesse 2005 : LES PAS PERDUS - Denise Bonal, mise en scène Espace Jean Damme 2005 : LES FEMMES SAVANTES de Molière Mise en scène, Espace Jean Damme 2006 : CELEBRATION - Harold Pinter / Mise en scène, TH. du Petit Gymnase-Marie Bell 2006 : LES PETITS CARRES de Valérie Lévy - Prix SACD, aide à la création, Mise en scène, rôle de Juliette, avec Marc Duret Théâtre du petit chien, Avignon 2007 : VOIX SECRETES de Joe Penhal Mise en scène, les Frigos 2007 : L'AVENIR NOUS APPARTIENT W.Bajeux/Marie-Therese Roy - Mise en scène Gala AEA pavillon Dauphine 2007 : TOP DOGS, de Urs Widmer - Mise en scène et adaptation TH. du Petit Gymnase Marie-Bell 2008 : UN GRAND CRI D’AMOUR de Josiane Balasko - Mise en scène TH. de Nesles 2008 : LAWYERS de MT Roy et Wally Bajeux Mise en scène Grande salle Pierre Cardin 2008 : Tournée de la création GALLIEN /Julien Bouchard Madrelle/ rôle d'Herennia - Mise en scène Colette Louvois THS 2009 : Juillet QUAI OUEST de B.M Koltés Mise en Scène et rôle de Monique. Théâtre du Gymnase Marie Bell - 2010 : QUAI OUEST – Tournée 2011 : Avril à décembre LE JOURNAL D’UN FOU – N. Gogol – Mise en scène et adaptation avec Syrus Shahidi – Théâtre de Nesles 2011 : BLASTED – Sarah Kane – Mise en scène – Théâtre de Nesles 2012 : Janvier à juin puis reprise octobre LE JOURNAL D’UN FOU – N. Gogol – Mise en scène – Théâtre du Gymnase Marie Bell TÉLÉVISION 1986 : LES YEUX du GÉNÉRIQUE de FR3 1988 : CAS TYPIQUE Emmanuelle VERLET 1990 : LE GANG DES TRACTIONS François ROSSIGNY 2001 : LES JUMELLES Marc RIVIÈRE 2009 : CARTOUCHE "LE BRIGAND MAGNIFIQUE" Henry Helman France 2/ rôle soeur Mathilde DANSE 1977 : CASSE NOISETTE Théâtre des Champs Élysées chorégraphe Roland PETIT RADIO C.V.S Animatrice et Réalisatrice / I.D.F Animatrice / SkyRock Animatrice Réalisatrice / EUROPE 2 Animatrice CONSEILLÈRE LITTÉRAIRE 1983-85 : L’ANNONCE Auteur : Stéphane ROUCHY 1985 : TROIS DANS UN BUREAU Auteur : Stéphane ROUCHY 1988 : SEPT À DEUX Auteur : Stéphane ROUCHY 2003 : LES PETITS CARRÉS Auteur : Valérie LÉVY AUTEUR ELLE N’A PAS DIX HUIT ANS Pièce de théâtre L'AVENIR NOUS APPARTIENT co-auteur M.T Roy. Pièce de théâtre LAWYERS co-auteur M.T Roy Pièce de théâtre FRATERIE Co-auteur Julian Cely Pièce de théâtre ADAPTATION TELEVISUELLE LES CONTES DU CHAT PERCHE - Wally Bajeux / Delphine Guillaud Le journal dʼun fou Syrus SHAHIDI : Acteur Syrus est berçé dés l'enfance dans le monde des arts martiaux (double champion de la coupe de France cadet). Iranien d'origine, il décide d'étudier l'alto au conservatoire du centre, puis de suivre une formation d'acteur à ETP (Colette Louvois, sociétaire de la comédie Française). Il devient premier assistant du fondateur et président du magazine Lifestyle Citizen K. Tout en évoluant dans le monde de la mode internationale, il se voit confier le rôle de Bobby dans le Baiser de la veuve d'Israel Horovitz. A 22 ans, Syrus relève un double défi en interprétant deux rôles diamétralement opposés : une performance dans Le journal d’un fou de Nicolas Gogol - MES W.Bajeux, et celui du Soldat rongé par la folie meurtrière d’un homme blessé et par la cruauté de la réalité que nul ne peut ignorer dans Blasted de Sarah Kane. Ces deux pièces ont été jouées simultanément. Le journal dʼun fou Nicolas GOGOL le maître russe du rire triste… Né en 1809, Nicolas Gogol est le troisième enfant d’une fratrie qui en comptera douze. Enfant sauvage et renfermé il entre à 11 ans au lycée. Ses camarades le surnomment « le gnome énigmatique ». Il présente dès cette époque deux tendances fortes qui marqueront son existence, à savoir : il se sent appelé à délivrer un message pour l’humanité et est d'un mysticisme maladif (angoisse du mal et du jugement dernier. En 1828, à St-Petersbourg Il se décide a publier Hans Küchelgarten sous le pseudonyme de V Alov, mais cette idylle en vers est mal accueillie par la critique, Gogol court acheter l’intégralité du tirage qu’il brûle. En 1829 il se résout alors à accepter un petit poste de fonctionnaire pour un salaire de misère. Portrait de Nicolas Gogol en 1840 par Otto Friedrich von Möller En 1831, Gogol quitte l'administration et devient professeur à l'Institut patriotique pour filles d'officiers nobles. Il est introduit dans les milieux littéraires et est présenté à Alexandre Pouchkine qui l'encourage à écrire. L'éloignement de l'Ukraine lui inspire les Soirées du Hameau. Connu aussi sous le titre Les veillées dans un hameau près de Dikanka. Ce recueil de nouvelles grotesques, drolatiques et fantastiques, inspirées de la vie des paysans ukrainiens, lui assure la célébrité. Il comprend La Foire de Sorochyntsi, La Nuit de Saint-Jean, Une nuit de Mai, La Dépêche disparue. L'accueil de la critique est excellent. Le second tome des Soirées du Hameau est publié en 1832. Il comprend La Nuit de Noël, Une terrible vengeance, Ivan Fiodorovitch Chponka et sa tante, Le Terrain ensorcelé. Nouveau succès. En 1834 parallèlement à une intense activité littéraire, il se voit proposer une chaire d’histoire à l’université de St-Petersbourg… Tourgueniev assistera à ses cours. Gogol quittera cette fonction l’année suivante. A bien des égards, ce maître du rire (même si ce rire est parfois triste) que fut Gogol apparaît comme l’un des premiers réalistes d’envergure de la littérature russe. A ces descriptions vivantes teintées de fantastique et de diablerie (Les soirées du hameau) succèdent ses Nouvelles de Petersbourg où l’auteur s’y exprime avec un ton plus sarcastique et satyrique. Le comique de sa plume n’empêche pas de faire de sa nouvelle Le manteau le premier plaidoyer des humiliés. Le Revizor, satire sociale de la haute bourgeoisie, et son œuvre inachevée Les âmes mortes, galerie de portraits acides des types russes, poursuivront ce chemin vers le réalisme. Mais Gogol n’est pas que ce peintre de la réalité amère. Il est aussi ce fabulateur hors pair à l’imagination folle sachant avec malice nous entraîner dans son univers où réalité friable et irréel se côtoient avec brio. C'est en 1835 que Nicolas Gogol publie le recueil Arabesques, qui contient notamment : Le Portrait, La Perspective Nevski, Le Journal d'un Fou. Puis Le recueil de Mirgorod qui contient le conte fantastique Vij et une première version de Taras Boulba. Il quitte la Russie pour de très longs séjours en Europe. Il visite alors l’Allemagne, la Suisse, la France et surtout l’Italie. Gogol travaille notamment durant ces années d’exil sur Les Âmes mortes, enfer du quotidien russe, dont il publie le premier livre Roman en 1842. Mais sa santé mentale se dégrade, il ne parviendra jamais à achever les deux autres livres que comportait son projet. Son expérience passée de médiocre employé de ministère lui inspire aussi une nouvelle fantastique : Le Manteau, dont le héros Akaki Akakiévitch est devenu l'archétype du petit fonctionnaire russe. Elle est publiée en 1843, dans ses Œuvres complètes. À partir de ce moment, Gogol devient de plus en plus mystique. Il se persuade ainsi que sa mission est de sauver moralement la Russie, en la guidant vers le paradis. Le journal dʼun fou Gogol entend la décrire dans une suite aux Âmes mortes. Il voit désormais la première partie du roman comme une représentation de l'enfer sur terre. La seconde et la troisième partie des Âmes mortes décriront la graduelle rédemption des héros, leur passage au purgatoire, puis au paradis. Il souffre de graves crises d'insomnies durant plusieurs jours, provoquant des crises d'hypersomnie (apnées du sommeil) durant également plusieurs jours. Gogol se croyant alors mourant se laisse submerger par ses tendances au mysticisme. Aux lectures incessantes de la bible succède un pèlerinage en Terre Sainte en 1848. Il visite les lieux saints, sans y trouver de remède à sa dépression. il rentre définitivement en Russie, où il partage son temps entre Moscou et le sud de l'Empire, Odessa ou il se sent toujours plus malade et désemparé. En ultime recours, Gogol cherche l'assistance de moines fanatiques. Rongé par le doute, déprimé, toujours plus hypocondriaque, il brûle à plusieurs reprises la suite aux Âmes mortes. Dans la nuit du 11 au 12 février 1852, Gogol brûle une dernière fois le manuscrit de la deuxième partie des Âmes mortes, dans son appartement du boulevard Nikitsky . Au matin, il accuse le diable de l'avoir trompé. Il se laisse ensuite mourir, refusant nourriture et soins. Finalement livré aux mains de médecins, ceux-ci lui infligent des traitements d'une violence inouïe (bains froids, saignées, cataplasmes et sangsues). Gogol décède le 21 Février 1852. C'est en 1931 qu'une rumeur commence à se répandre : Gogol aurait-il été enterré vivant ? Les autorités soviétiques décident alors de transférer les cendres de Gogol du monastère Danilov au cimetière de Novodevitchi. Quand ils exhument le corps ils découvrent que Gogol est couché sur le côté, des traces de griffures apparaissent sur les montants de bois du cercueil. Le plus surprenant c'est que Gogol était en effet hanté par la peur d’être enterré pendant son sommeil. Le monument de Gogol élevé sur l’Arbat pour le centenaire de l’anniversaire de l’écrivain a ensuite été déplacé dans une cour du boulevard Nikitskiï parce qu’il n’était pas au goût de Staline. Gogol a eu une grande influence dans la littérature russe de la seconde moitié du XIXᵉ siècle, par exemple sur Fiodor Dostoïevski. Selon le Roman russe (1886) d’Eugène Melchior de Vogüé, Dostoïevski aurait dit : « Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol » Son aura s’est sans doute encore accrue au XXᵉ siècle. On peut le noter dans l’œuvre de Mikhaïl Boulgakov qu’il inspirera grandement pour son chef-d’œuvre, Le Maître et la Marguerite ou l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne. Le journal dʼun fou