Le sexe trash, fonds de commerce des séries TV

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Le sexe trash, fonds de commerce des séries TV
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Lesexetrash,fondsdecommercedesséries
TVhistoriques
Té lé |18.septembre2012,14h42
Autrefoisprétexteàl’expressiondehautsfaitsmoraux,lesujethistoriqueaquittélestoilesdes
muséespourrenaîtredanslavaguerécentedessériestéléantiquesetmédiévales,ceciaupro it
d’unesurenchèredesexualitédévianteàl’écran.Entreattaquesenrèglecontrelamoraleet
relecturetendancieusedupassé,lecœurduspectateur(parfoisauborddelanausée)balance.
Enquêtesurcesdrôlesdelégendesdessiècles.
UnescènedelasérieSpartacus:calme,luxeetvolupté...
Ellesportentlenomdecité soudepersonnagesillustres,maisnesontpasdugenreà vé gé ter
danslanaphtalineaufondd’unevitrinemalé pousseté e.Elles,cesontlesnouvellessé ries
té lé visé eshistoriques,renvoyantauxrichesheuresdenotrecontinent,oudumoinsà destemps
immé moriauxplusoumoinsimaginaires.Rome,Spartacus,LesTudors,ouleré centGameof
Thrones,cesprogrammespartisà l’assautdelapetitelucarnedepuis2005,etlancé spardes
chaı̂nesprivé es,n’ontpaslaissé defairedesvaguespartoutoù ilsonté té diffusé s.Celagrâ ceà
unerecetteré currente:uncertainsoucidelareconstitution,maisaussi,etpeut-ê tresurtout,une
soifimmodé ré edescè nesdesexeviolentantleslimitesconnuesdugenre.Domination,viol,
inceste,sontparmilesré jouissancesquenousoffrentcessé ries,dansunecadencecon7inantà
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l’obsession.Pourquoiunetelleexception?PourquoiTheMentalistouDrHousesesuf7isent,de
leurcô té ,à montrerdescoı̈tsbonton?
Unpremieré lé mentderé ponseré sidedansl’ADNdecesprogrammes,dontl’envergure,en
termesdemodè leartistique,s’apparenteplusaublockbusterciné matographiquequ’à lasitcom
del’aprè s-midi.Unautreunivers,unautrebudgeté galement,où toutestcalculé pourobtenir
l’effetd’unedé 7lagrationmé diatique.Bref,unejuteusestraté giecommerciale.«Ilfautprendreen
considé rationunfacteurtoutsimplementé conomiquequipermetà cessé riesdemontrerdes
scè nesdesexecru»,commenteMireilleBerton,maı̂tre-assistanteenhistoireetesthé tiquedu
ciné maà l’Université deLausanne.«Aujourd’hui,c’estl’audiencequidé terminelesuccè sdes
sé riesté lé visé esetquienfaçonnelecontenu.Leschaı̂nesprivé esquilesproduisentne
s’embarrassentpasdelamoralité continuantd’in7luencerlasphè reaudiovisuellepublique
investied’unemissioné ducative.Ellesexpé rimententetexplorenttouslestabous»
DesRomainsquiontbondos!
Dè slors,l’argumentarché ologiqueprendplutô tl’allured’unalibi.Fantasmé sà l’enviedepuis
deslustres,l’Antiquité etleMoyen-Agepassentpourunré servoirdesexepromptà assouvir
notrevoyeurisme,commeleremarqueClaude-EmmanuelleCentlivresChallet,historienne
spé cialistedumondeantique.«L’imaginairemodernen’aretenudecespé riodesquelesaspects
lesplussulfureux,lesphallusgé antsproté geantlesjardins,lesempereursorgiaques…Oncroı̂t
encorelargementà labassessemoraledecespeuples,souventpré senté scommebarbares.
L’antiqueetlemé dié valsontainsilecadreparfaitpourinsé rerdusexetrash,avecunelé gitimité
redoutablepuisques’ancrantpré tendumentdanslesacquisdelascience.Oronoubliequechez
lesAnciensaussi,desloisexistaientsurlevioloul’inceste.»Voilà doncdé masqué elamé canique
decessé ries,à l’espritdé cidé mentdemoinsenmoinshistorique...
Maislephé nomè neest-ilentiè rementbasé surdesé lé mentsconscients,dicté sparlachasseaux
partsdemarché s?Ensomme,cesscè nespourraient-ellesê treuneré ponseà d’autresbesoins,
enl’occurrenceceuxdenotresocié té contemporaine,quichercheà secomprendreelle-mê me?
«Onpourraitê tretenté delesinterpré tercommeunerepré sentationdé tourné edupré sent»,
analyseMireilleBerton.«Pouré viterauxté lé spectateursactuelsdeseffets-miroirstrop
frontaux,oncisè ledespersonnagesà costumeissusd’unepé riodelointaineforcé mentplus
dissipé eetimpudiquequelanô tre.Lesexuelesttoujourspolitique,etilrenvoieà desenjeuxde
pouvoirentremajorité etminorité s.Vuessousceprisme,cessé riesintroduisentparlebiaisde
ladé pravationuneré 7lexionsurl’avidité etlebesoind’asservirl’autrepoursesinté rê tspropres.
Ilfautpouvoirlirecesscè nesparfoistrè sduresau-delà deleurapparentegratuité .»
Unspectateurcomplice
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Lesrepré sentationsdeviol,toutparticuliè rement,sontl’undessymptô meslesplus
spectaculairesdecetteauscultationanthropologiquemené eparRomeetCie.Considé ré par
notresocié té occidentalecommeuncrimeabject,lerecoursà laviolenceenvuededisposer
sexuellementd’uncorps,mê mejoué pardesacteurs,nepeutthé oriquementê treutilisé pour
é moustiller.Etpourtant,nombred’é pisodesdé montrentunevolonté dé libé ré edegé né rerdu
dé sirparcebiais.«Cesproductionsregorgentdepersonnagesambigus,audé partattachants,et
quipeuventsoudainsemettreà violer,celasouslabé né dictionduspectateurquiestmisdans
unepostureoù ilvajusti7ierdetelsagissements»dé cryptelesociologuedel’imageGianniHaver.
«C’estunquestionnementdeslimitesdenotrepropremorale.»
MaispourPanteleimonGiannakopoulos,psychiatreauxHUG,lapré sencedecesscè nesdesexe
dé viantdanslessé rieshistoriquesseraitsurtoutlesigned’unedé marchebienmoins
transgressivequ’ellevoudraitlefairecroire.«Leniveaud’excitationdesspectateursabaissé
avecletemps,expliquelemé decingenevois,ilyaunephé nomè ned’habituationquipousseles
scé naristesà imaginerdessituationsdeplusenplusextrê mesà l’é cran.Cecimetd’ailleursen
lumiè reunvé ritabletraverspathologiquedenotresocié té ,celuid’uneaddictionforteà l’image,
devantcompenserl’incapacité grandissantedel’imaginairepersonnelà nousstimuler.»
Internet,uncurseurpourlamorale
Lespectredel’Internet,etsoné cosystè megigantesquedesitespornographiquesfaciled’accè s,
nesontpeut-ê trepasinnocentsdansl’é rotisationdé viantedessé rieshistoriques.Iln’estplus
rared’ycroiser,parunsimpleclic,desscè nesdesexedontlaviolenceoulesrapportsdeforce
ontbasculé dansl’amoralité .Etquisontpourtantcensé esfairelebonheurdemillions
d’utilisateurs...«Lesinnombrablesheuresdevisionnementdecontenutrashsurleweb
participentclairementà rendreobsolè teslescodesclassiquesdelascè ned’amour,diagnostique
GianniHaver.Cettein7luencetendà proposerd’autresmaniè resderepré senterl’actequele
cliché desdeuxamantss’agitantmé caniquementsouslesdraps.»
Petitbé moltoutefoispourPhilipJaffé ,psychothé rapeuteetdirecteurdel’InstitutKurtBosch.
«Internetsertsouventd’é pouvantailmaisiln’estpaslaseulecause.Avantdenousaffoleretde
dé noncerl’effondrementdelamorale,ilfautd’abordregardercommentlesjeunesré agissent
faceà cesscè nes,carilsserontlaré fé rencepourlamoralefuture.Cequinouschoque,nous,
pourraeneffetparaı̂tred’unegrandenormalité pourlesnouvellesgé né rations.»Spartacuset
sescomparsessemblentdoncavoirdebeauxjoursdevanteux.Debeauxmillé naires,pardon…
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