programme - Opéra de Saint
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programme - Opéra de Saint
11e édition Du 20 octobre au 7 décembre programme Une heure avant chaque représentation de Cendrillon, du Mage et de Pensées d’Automne : propos d’avant spectacle par Florence Badol-Bertrand et Jean-Christophe Branger, musicologues. Gratuit sur présentation de votre billet. établissement de la Ville de Saint-étienne, l’Opéra Théâtre bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication ( Direction Régionale des Affaires Culturelles ), du Conseil régional Rhône-Alpes et du Conseil général de la Loire L’Opéra Théâtre remercie l’ensemble de ses partenaires pour leur confiance et leur fidélité Nombre de villes françaises peuvent s'enorgueillir d'avoir vu naître des artistes de génie et en perpétuent le souvenir. Rares sont celles qui, comme Saint-Étienne, fréquentent l'œuvre d'un enfant du pays avec tant de constance et d'affection. Massenet n'a pas passé plus de 6 ans dans la demeure familiale du quartier Montaud mais c'est tout un siècle de programmation continue de ses œuvres, d'abord au Théâtre municipal et aujourd'hui à l'Opéra Théâtre, qui nous relie à lui. Cet exceptionnel attachement des stéphanois à “leur” compositeur s'est manifesté à plusieurs reprises dans le siècle passé lors de grands rassemblements populaires : les Fêtes Massenet de 1924 qui ont investi toute la ville, l'anniversaire de sa naissance en 1942 avec la représentation du Jongleur de Notre-Dame sur le parvis de l'église Saint-Charles. Une fidélité de générations de stéphanois et, dans les années 1970, un regain d'intérêt pour son œuvre sous l'influence des britanniques ont finalement donné naissance en 1990 au Festival Massenet. 22 ans plus tard, cette 11e Biennale Massenet vient ajouter Le Mage à la liste des opéras redécouverts par l'Opéra Théâtre. Moment rare et troublant que d'entendre sonner à nouveau une grande œuvre lyrique disparue des scènes depuis la fin du xixe siècle ! Avec Cendrillon, c'est la féerie et l'humour que nous avons choisies pour ouvrir ces festivités, loin des clichés sur l'œuvre de Massenet. Œuvre féconde et éclectique, souvent surprenante, que les nombreux artistes programmés et nos partenaires vous invitent à découvrir et apprécier à sa juste valeur, celle d'un compositeur pour qui le théâtre et la musique ne font qu'un et qui introduisit à l'opéra cette dimension qui nous séduit encore : la sincérité. Vincent Bergeot Directeur général et artistique 1 92.7 FM 92.4 FM 2 Soirée lyrique Tous les samedis à 19h, avec Judith Chaine © Cyrille Sabatier / Opéra Théâtre de Saint-Etienne l’opéra comme Si vouS y étiez Ce monde a besoin de musique francemusique.fr Biographie Jules Massenet p.4 Opéra Cendrillon p.7 Jules Massenet Croq’Chœur MASSENET ET LE GRAND OPÉRA FRANÇAIS p.19 CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE Concert commenté Le Mage, Kézako ? p.20 Laurent Campellone Opéra - version de concert Le Mage 3 p.21 Jules Massenet Symphonique Aimez-vous Massenet ? p.27 Orchestre Symphonique Saint-étienne loire Récital de mélodies Pensées d'automne p.31 Ingrid Perruche / Lionel Lhote Récital avec orchestre Sur les pas de Thaïs Nathalie Manfrino / Markus Werba Orchestre Symphonique Saint-étienne loire p.35 Biographies p.40 Exposition / colloque / Biennale off p.59 une vie au service du théâtre 4 Massenet voit le jour le 12 mai 1842 à Montaud (faubourg de Saint-Étienne) où son père Alexis, ingénieur et maître de forges réputé, s’est installé. Benjamin d’une famille de douze enfants, le futur compositeur est « donc né au bruit des pesants marteaux d’airain », comme il le notera lui-même. Mais, dès 1848, la famille déménage à Paris alors que la Révolution est sur le point d’éclater. Sa mère, Adélaïde, musicienne de talent lui donne des leçons de piano et il entre au Conservatoire en 1853. L’année suivante, en raison des problèmes de santé d’Alexis Massenet, la famille doit cependant quitter Paris et s’installe à Chambéry au grand désespoir du jeune Massenet qui, après une tentative de fugue, finira par obtenir de ses parents l’autorisation de s’installer à Paris chez sa sœur aînée, Julie. En 1859, il obtient un Premier Prix de piano. En 1860, Massenet entre dans la classe de composition d’Ambroise Thomas. Cette rencontre est rapidement bénéfique puisque Massenet obtient dès 1862 une mention au concours du Prix de Rome puis un Premier Grand Prix l’année suivante avec la cantate David Rizzio. à Rome, il fait une rencontre capitale : Franz Liszt. Celui-ci lui présente aussi une de ses élèves, Louise-Constance de Gressy. En octobre 1866, quelques mois après son retour de Rome, Massenet épouse la jeune femme. La même année plusieurs ouvrages l’ont révélé au public parisien. Mais le jeune compositeur avait surtout reçu l’assurance d’être représenté à l’Opéra Comique et il fait ainsi ses débuts au théâtre avec La Grand’Tante, opéra-comique en un acte en 1867. En dépit d’une genèse laborieuse, Le Roi de Lahore marque son premier véritable succès scénique. L'œuvre est créée le 27 avril 1877 au Palais Garnier et se retrouve rapidement à l’affiche des plus grands théâtres européens. Alors âgé de 36 ans, Massenet est considéré comme le fer de lance de la musique française. Dès lors les succès s’enchaînent rapidement : Manon (Opéra Comique, 1884), Le Cid (Palais Garnier, 1885), Esclarmonde (Opéra Comique, 1889). Après l’échec relatif du Mage (Palais Garnier, 1891), Werther le consacre définitivement comme le plus grand compositeur français dramatique de son temps, mais surtout en dehors de France. Ainsi, Thaïs s’impose difficilement au Palais Garnier en mars 1894 alors qu'en juin suivant, La Navarraise est accueillie sans réserve à Covent Garden. L’étoile de Massenet est alors à son zénith. Acclamé sur de nombreuses scènes, promu Commandeur de la Légion d’honneur en 1895, le compositeur est reconnu mais jalousé, car certains de ses ouvrages, comme Manon, ont fini par s’imposer au répertoire des théâtres du monde entier. Cependant, son œuvre, adulée du public, ne fait pas l’unanimité des critiques ou des musiciens. Beaucoup lui reprochent - à tort - son incapacité à se renouveler, son éclectisme prétendument dicté par la mode, ou son incessante et prodigieuse fécondité, tout en reconnaissant, parfois à contrecœur, la facture exemplaire de ses ouvrages ou un style mélodique éminemment personnel. À peine parvenu au faîte de sa gloire, Massenet va se trouver confronté à des critiques d’autant plus vives que surgit une jeune génération de compositeurs qui, engagés dans de nouveaux combats esthétiques opposés ou apparentés, vont contester sa suprématie tout en subissant son influence. Au début des années 1890, Massenet entre dans une période de doutes. Contrairement à ses habitudes, Il éprouve des difficultés à achever la composition de certains ouvrages lyriques comme Cendrillon et Grisélidis. Il retrouve sans conteste le goût du théâtre lorsque, fin 1899, il s'attelle à la composition du Jongleur de Notre-Dame dans son château d’Égreville qu’il vient d’acquérir en Seine-et-Marne. La création remarquée de cet ouvrage à Monte-Carlo, le 18 février 1902, inaugure en outre une collaboration régulière et heureuse avec la cité monégasque. Suivront Chérubin (1905), Thérèse (1907) et Roma (1912), deux ans après Don Quichotte (1910). Dans les dernières années de son existence, Massenet, déjà atteint par le cancer qui devait l’emporter, trouve en effet encore l’énergie de composer coup sur coup trois opéras créés après sa mort : Amadis, Panurge et Cléopâtre. Massenet s’éteint, seul à Paris, le 13 août 1912 après une vie entièrement passée au service du théâtre : un mois auparavant il supervisait encore les répétitions de Roma à l’Opéra de Vichy. Selon ses dernières volontés, il est inhumé à Égreville dans la plus stricte intimité ayant refusé par avance les obsèques nationales que sa notoriété exigeait. Sur sa tombe, dénuée de tout artifice, il aurait souhaité faire graver l’inscription suivante : « Dans cette solitude, je me repose du théâtre ». Jean-Christophe Branger Texte extrait de La Belle époque de Massenet, sous la direction de Mathias Auclair et Christophe Ghristi, catalogue d'exposition, BnF - Opéra National de Paris - 2011 5 6 JULES MASSENET CONTE DE FÉES EN 4 ACTES LIVRET D’HENRI CAIN D’APRÈS LE CONTE DE CHARLES PERRAULT Direction musicale et chef de chœur Laurent Touche Mise en scène Benjamin Lazar Collaboration à la mise en scène Elizabeth Calleo Collaborateurs artistiques aux mouvements Cécile Roussat et Julien Lubeck Scénographie Adeline Caron Costumes Alain Blanchot Lumières Christophe Naillet Maquillage Mathilde Benmoussa Effets spéciaux Thierry Collet Chef de chant Cyril Goujon Chef de chant chœur et assistant à la direction musicale Florent Mathevet Chef de chant chœur Junko Fukuda-Gros Régisseurs de production Emmanuelle Rista, Annabelle Richard, Tristan Gouaillier Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Cendrillon Judith Gauthier Le Prince Charmant Marie Lenormand La Fée Mélanie Boisvert Madame de la Haltière Ewa Podleś Pandolfe Laurent Alvaro Noémie Caroline Mutel Dorothée Caroline Champy Tursun Le Doyen de la Faculté Vincent de Rooster Le Surintendant des plaisirs Julien Neyer Le Roi Christophe Bernard Le Premier Ministre Frédérik Prévault Les Esprits Roselyne Giraud, Claire Babel, Catherine Bernardini, Ghezlane Hanzazi, 7 Geneviève Laloy, Stéphanie Boré Les Danseurs Gudrun Skamletz, Ana Lucia Mariolani Gaudelette, Danila Massara, Luciana Dariano Ibaños, Alex Sander Dos Santos Les Serviteurs Amélie Grillon, Véronique Richard, Brigitte Chosson, Anne Bescobo, François Bescobo, éric Chorier, Frédéric Foggieri, Pascal Guillot Machinistes / Figurants Fabrice Costa, Manon Choserot, Jean-Claude Allier, Laurent Eade, Karim Lahlou Grand Théâtre Massenet Dimanche 21 octobre 15h Mardi 23 octobre 20h Jeudi 25 octobre 20h Durée 3h entracte compris – En français surtitré La représentation du 21 octobre à 15h est proposé en audiodescription Production créée le 5 mars 2011 à l’Opéra Comique Production Opéra Comique (Paris) Coproduction Opéra Théâtre de Saint-Étienne, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Partenaire associé Palazetto Bru Zane – Centre de musique Romantique française Décors, accessoires et costumes des chœurs réalisés dans les ateliers de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne / Costumes des solistes réalisés dans les ateliers de l’Opéra Comique Cendrillon Cendrillon aux douze coups du siècle « Voix mortes, sons perdus, bruits oubliés, vibrations en marche dans l'abîme et désormais trop distantes pour être ressaisies !... Quelle flèche atteindrait de tels oiseaux ? » Villiers de l'Isle-Adam, L'Ève future Cendrillon en ses carrosses Cendrillon sort des cendres et se pare de lumière pour séduire le Prince : on ne se lasse pas de voir cette histoire-phénix resurgir des cendres de notre enfance. 8 Au cours du xviiie et du xixe siècle, de nombreuses adaptations à la scène en sont faites, parfois très éloignées des versions de Charles Perrault (1697) et des frères Grimm (1857), car adaptées au goût de l'époque : de l'opéra comique d'Anseaume de 1759 dont l'action commence après le bal par un dialogue licencieux où la marraine demande à Cendrillon ce qu'elle a bien pu perdre au bal, en passant par les œuvres d'Isouard (1810) et de Rossini (1817) jusqu'à une pléthorique Cendrillon au Châtelet en 1866, dont le succès (le spectacle est repris jusqu'en 1888) fut proportionnel à la démesure, et qui fut rebaptisée « des trucs et des jambes, ou sans Million pas de Cendrillon » par le caricaturiste Gill - sans compter les innombrables parodies qui fleurissaient autour de ces productions, et les ballets. En 1899, Georges Méliès prête à Cendrillon le corps bien en chair de sa maîtresse Jeanne d'Alcy dans son premier film dépassant les cent mètres de pellicule. Il le projette dans le lieu dont il est directeur, le théâtre Robert Houdin, situé boulevard des Italiens, à quelques mètres de l'Opéra Comique. Là encore, les “trucs” sont au rendez-vous, réalisés avec toute la poésie et la fantaisie de ce dessinateur, magicien et grand pionnier du cinématographe. - Les réalisations de Georges Méliès séduisirent d'ailleurs les gens de théâtre : le réalisateur tourna plusieurs séquences destinées à être intégrées dans des spectacles des Folies-Bergères ou du Châtelet.. Cendrillon La Marraine Électricité Cette même année 1899, le tout nouveau directeur de l'Opéra Comique, Albert Carré, programme la création du Cendrillon de Massenet dès les premiers mois de la réouverture de la salle Favart, autre phénix, qui s'était relevée pour la troisième fois de ses cendres : détruite par le feu en 1887, la nouvelle salle, celle que nous connaissons, avait été inaugurée en décembre 1898. Parmi les innovations que présente ce nouveau théâtre, la plus remarquée fut l'installation de l'électricité, remplaçant le système d'éclairage au gaz : « Cette importante évolution qui permet de graduer insensiblement la lumière en passant du jour à la nuit et réciproquement, et de modifier les teintes à l'infini, sans aucune des saccades que comportait l'emploi des jeux d'orgue anciens, est appelée à rendre les plus grands services à l'art de la décoration et de la mise en scène dans les théâtres. Elle avait sa place marquée sur notre seconde scène lyrique, où M. Carré désire voir appliquer les derniers perfectionnements de l'art théâtral. » (Le Ménestrel, décembre 1898) 9 Le “conte de fées” de Jules Massenet et Henri Cain bénéficie, bien sûr, de ce nouveau système. Le compositeur, lors des répétitions, en apprécie les nouveautés et se laisse prendre à son propre conte : « Rien n'amusait tant Massenet que de suivre, parmi ces artifices de théâtre, la matérialisation des jeux de scène et de lumière. Indulgent à mes recherches, il riait et battait des mains pour marquer son contentement. » (Albert Carré, Souvenirs de théâtre) Le compositeur prenait un plaisir enfantin à voir apparaître et s'enchaîner sur scène les correspondances visuelles des changements fondus ou brutaux de couleurs - scintillements, éclats, irradiations, brillances, assombrissements... - de sa virtuose palette orchestrale et vocale. Le même journal qui avait salué cette innovation technique écrivit à propos de Cendrillon : « Des groupes de nymphes font voler leurs écharpes et dansent silencieusement autour du chêne, sous le ciel bleu, poursuivant leurs évolutions harmonieuses jusqu'au bord du lac dont les ondes transparentes brillent là-bas, sous la mate clarté de la lune. » (Le Ménestrel, mai 1899) Cendrillon Variété des couleurs, effets de profondeur et de transparence, de brillance et de matité au service d'un érotisme suggestif et idéal : la Fée Électricité est bien là, celle qui, dans la même décennie, fait changer miraculeusement de couleur, grâce à un système de miroirs et de projecteurs placés sous la scène vitrée, les grands voiles incandescents de la danseuse Loïe Fuller. 10 Nous sommes encore à l'époque de l'émerveillement et de la crainte devant les pouvoirs magiques de l'électricité : lors de l'Exposition Universelle de 1889, on pouvait écouter à distance et en direct l'Opéra de Paris et l'Opéra Comique (alors place du Châtelet) grâce au Théâtrophone, et l'on s'extasiait de l'éclairage de la Tour Eiffel ; dans la salle du théâtre de l'Athénée inauguré en 1896, les balcons étaient ornés d'ampoules à nu pour en mieux faire apprécier l'incandescence ; en 1900, l'autre Exposition vit s'édifier un Palais de l'Électricité. Il n'est dès lors pas difficile de s'imaginer qu'en 1899, dans l'esprit des spectateurs, la marraine qui appelle follets et sylphes brillants - plutôt que rats et citrouilles - au secours de Cendrillon et cette autre fée invisible ne sont qu'une seule et même merveilleuse et inquiétante créature. Cendrillon fin-de-siècle Cette innovation technique n'est pas anodine pour comprendre l'esprit de ce Cendrillon. La fascination du conte y est évidente mais la fascination de la modernité, plus cachée, y avance de concert. Certes, Jules Massenet et Henri Cain font, dès l'affiche, une référence explicite à Charles Perrault et au xviie siècle : Pandolfe y cite les Femmes savantes (« Du côté de la barbe est la toute puissance », Acte I), Madame de la Haltière a des airs de la bourgeoise babillarde du Bourgeois Gentilhomme ou du rôle-titre de La comtesse d'Escarbagnas, et les médecins qui entourent le Prince pratiquent le latin de cuisine dans la bonne tradition moliéresque cette relecture musicale, littéraire et visuelle du xviie siècle par le xixe siècle sera d'ailleurs intéressante à explorer et à rendre sensible. Cendrillon Certes, Massenet, après avoir emprunté d'autre voies, semble vouloir renouer avec la définition classique de l'opéra, issue de la tragédie lyrique à machines et vols : « Le merveilleux est le fonds de l'opéra français » (Encyclopédie de Diderot, article Enchantement). Allant dans ce sens, le prologue (supprimé par Albert Carré) propose aux spectateurs d'assister à ce conte « pour échapper au noir des choses trop réelles » ; il nous invite à « redevenir enfant » et à croire « au fabuleux ». À la fin de l'opéra, les chanteurs quittent leur personnage pour conclure : « on a fait de son mieux / pour vous faire envoler vers les beaux pays bleus. » Nous sommes loin des dogmes du théâtre naturaliste à la Zola qui fait école au même moment : la Cendrillon fiévreuse et délirante de l'acte iv est plus proche de la Mélisande de Pelléas que de la Mimi de La Bohème - œuvres achevées dans la même année 1895. 11 Mais, comme d'ailleurs dans le théâtre symboliste, est-ce uniquement d'évasion et de rêve qu'il s'agit ? Dépaysement, effets fabuleux et états d'enfance existent bel et bien dans cet opéra ; mais Cendrillon n'échappe pas à son époque, et ce merveilleux est empreint de toutes les obsessions et hantises de l'homme à la bascule entre deux siècles. Comme dans l'enfance, l'émerveillement n'est pas loin de l'inquiétude, et le rire des larmes (« Je ris! Je pleure et je ris! » chante Cendrillon). Attentifs à leur temps, ou traversés par lui, Massenet et Cain peignent un portrait de femme - ou plutôt de femmes si l'on compte, aux côtés de Cendrillon, la Fée, Madame de la Haltière, ses filles et même le Prince, femme travestie parcourue de « doux frissons » - qui est aussi le tableau d'une époque. Car à Paris, en cette fin de siècle, on propose une nouvelle clef de lecture du mystère féminin. à l'hôpital de la Salpétrière, le professeur Charcot a créé un quartier spécial consacré à l'hystérie et dont les patientes sont devenus les “stars” de l'établissement : montrées lors de conférences publiques, photographiées, leurs crises et leurs poses, provoquées parfois par la musique, le son d'un gong ou d'un grand diapason, suscitent crainte, admiration et curiosité. à l'opéra, la patiente-artiste trouve son miroir dans la cantatrice poussée dans des états proches du cas clinique : Cendrillon « On va l'enfermer, elle est folle ! » dit Pandolfe de sa femme ; « Suis-je folle ? » se demande à plusieurs reprises Cendrillon, que l'on va retrouver plus tard au lit sortant d'un délire fiévreux : « tu riais, tu pleurais, sans motif et sans trêve... ». Les indications scéniques et l'écriture musicale vont dans ce sens : une “crise de nerfs” trois fois répétée agite Madame la Haltière et ses filles, et même la Fée et ses acolytes finissent la scène de joie du départ au bal « toutes dans un cri ». On peut ajouter à cela un fréquent recours (tout à fait absent du conte de Perrault) à l'hypnose et à la suggestion, mots médicaux à la mode, que la Fée cherche à exercer sur Cendrillon... et Jules Massenet sur son public, emmené vers des « beaux pays bleus » pleins d'une inquiétante bien que ravissante étrangeté. 12 Retour des cendres Le théâtre entretient dans son lexique des rapports avec le feu : les spectateurs patientent au “foyer”, on “brûle les planches” devant les “feux de la rampe”. De ces instants éphémères, il ne reste que des cendres : « Je suis le rêve et dois passer sans qu'il en reste trace » (Cendrillon, acte II). Ce sentiment de l'éphémère des voix et des corps n'a été rendu que plus aigu par l'arrivée du cinématographe et du phonographe. Les chanteurs donnant leur voix à l'immense cornet ont conscience de leur mort prochaine : « je suis un mort qui vous parle » nous dit un cylindre de l'époque. En 1909, une délégation très officielle, habillée comme pour un enterrement, enferma au fond des caves de l'Opéra de Paris les voix connues de l'époque dans des urnes scellées à l'amiante, en attente de leur résurrection cent ans plus tard. Donner cet opéra à succès, après tant de reprises (mais peu de parisiennes), dans le lieu même de sa création, est une occasion exceptionnelle de faire surgir les gestes et les voix de ces cendres, de les re-coloriser comme on le faisait au pochoir sur les films en noir et blanc, de montrer la brillance du charme, loin de la désuétude qu'on lui prête, mais aussi la merveilleuse complexité d'une œuvre hors du temps et à l'entrée de nos temps modernes. Cendrillon Benjamin Lazar metteur en scène Argument Acte I - Chez Madame de la Haltière, tandis que les domestiques protestent et que Pandolfe regrette déjà sa nouvelle union, il faut pourtant se préparer pour le bal de la Cour. N’étant pas invitée, Cendrillon s’endort près de la cheminée tandis que sa marraine la Fée apparaît accompagnée de créatures merveilleuses. Après lui avoir offert une robe et des pantoufles enchantées, la Fée envoie Cendrillon au palais, lui faisant promettre de rentrer avant minuit. Acte II - Au palais, la fête bat son plein, mais personne ne parvient à divertir le jeune Prince. Rêvant de trouver l’amour, celui-ci assiste sans grande conviction au défilé de ses courtisanes. Alors qu’une jeune inconnue fait son entrée, le Prince tombe sous le charme et ne tarde pas à faire sa déclaration. Mais Cendrillon refuse de dévoiler son nom et s’enfuit alors que minuit sonne. 13 Acte III - Premier tableau : à peine rentrée du palais, Cendrillon s’inquiète d’avoir perdu l’une des ses pantoufles enchantées. Pandolfe tente de réconforter sa fille en lui promettant de la ramener au pays. Demeurant inconsolable, Cendrillon fuit jusqu’au Chênes des Fées. Acte III - Second tableau : Réunis, sans se voir, sous l’arbre enchanté, Cendrillon et le Prince font chacun le vœu de retrouver l’être aimé. Apparaissant alors, la Fée teste la sincérité des sentiments du jeune couple, avant de les réunir et de les plonger dans un profond sommeil. Acte IV - Alors qu’un appel retentit, invitant toutes les jeunes femmes du royaume à essayer la pantoufle oubliée, les prétendantes se pressent jusqu’au palais. Faisant son apparition, Cendrillon gagne aussitôt le cœur du Prince, mais aussi l’affection de sa belle-mère ! Cendrillon Personnages principaux Cendrillon (soprano) - surnom de la jeune Lucette Pandolfe (basse chantante ou baryton) - père de Cendrillon Comtesse de la Haltière (mezzo-soprano ou contralto) - belle-mère de Cendrillon Noémie (soprano) - fille de la Comtesse Dorothée (mezzo-soprano) - autre fille de la Comtesse La Fée (soprano léger) - marraine de Cendrillon Le Prince Charmant (mezzo-soprano) - amant de Cendrillon Le Roi (baryton) - père du Prince 14 Cendrillon Cendrillon, une princesse moderne Créée le 24 mai 1899 à l’Opéra Comique, en présence de nombreuses personnalités du monde politique et artistique, Cendrillon est le premier grand spectacle représenté dans la nouvelle salle Favart et, du même coup, la première œuvre à bénéficier d’un usage accru et efficace de la lumière électrique. Ravagé par les flammes le 25 mai 1887, l’Opéra Comique ne rouvre ses portes qu’à l’hiver 1898, avec à sa tête un nouveau directeur également metteur en scène : Albert Carré. En programmant le conte de fées de Massenet et Cain, Carré souhaite mettre à l’honneur un compositeur qu’il admire, mais il saisit surtout l’occasion de révéler aux yeux de tous les nouveaux équipements de l’édifice, désormais pourvu de l’électricité. Souhaitant développer le corps de ballet de l’Opéra Comique, Carré confie à Mariquita les divers moments chorégraphiques de la partition. Celle-ci fait preuve d’audace en s’inspirant de Loïe Fuller qui, virevoltant à travers des faisceaux lumineux, avait développé un numéro spectaculaire suscitant l’intérêt de toute l’avant-garde artistique et notamment de Mallarmé. Dotée de somptueux décors et costumes, Cendrillon est également prétexte aux plus ingénieux trucages et aux plus spectaculaires effets visuels désormais rendus possibles par la lumière électrique ; tandis qu’à quelques mètres seulement de l’Opéra Comique, au sous-sol du Grand Café du boulevard des Capucines, fleurissait un art qui allait bientôt concurrencer directement l’opéra : le cinéma. Voyage à travers «les beaux pays bleus» Écrit par Henri Cain, collaborateur et ami de Massenet, le livret de Cendrillon s’inspire du conte de Perrault mais également de celui des frères Grimm, tout en appliquant la recette des succès de l’époque où la veine sentimentaliste côtoie le genre de la féérie. Ainsi, dans une importante préface, les auteurs de Cendrillon invitaient le spectateur au rêve et à l’évasion : « Salut, Dames, Messieurs et gentes Demoiselles ! Pour échapper au noir des choses trop réelles, Laissez-nous vous bercer de récits merveilleux. Oubliez, pour un temps, les chagrins, les querelles, Redevenez enfants, croyez au fabuleux, Plaignez bien Cendrillon, aimez la bonne fée, Redoutez les lutins de la lande sacrée, Et soyez indulgents ; on jouera de son mieux, Pour vous faire envoler par les beaux pays bleus ! » 15 Trouvant leur écho à l’extrême fin de l’œuvre où l’ensemble des personnages s’exclame : « la pièce est terminée, on a fait de son mieux pour vous faire envoler par les beaux pays bleus », ces vers d’introduction ont pourtant été supprimés à la veille de la création par Albert Carré qui souhaitait préserver l’effet de surprise nécessaire au bon déroulement du spectacle. Comique et féérique Si l’orchestre de Cendrillon demeure modeste et que la structure de l’œuvre s’agence en une succession de numéros (airs, duos, ensembles, chœurs…), la partition fait cependant état d’un grand éclectisme musical, tout à fait caractéristique de Massenet. Ainsi, tant du point de vue des timbres orchestraux, que de l’écriture vocale ou de l’atmosphère dramatique, l’auditeur de Cendrillon passe régulièrement d’un univers à un autre, sans que la cohérence de l’ensemble ne soit entachée. Car en effet, la grande variété des personnages et des situations dramatiques Cendrillon permet à Massenet de déployer une large palette musicale. Le registre bouffe comme le registre sérieux, mais également l’artillerie féérique, sont mobilisés tour à tour, pour nourrir ou simplement caractériser l’action. 16 Le bal de la cour, comme la marâtre et ses filles, sont alors définis par une musique pompeuse et sautillante, dénonçant le ridicule de la noblesse du xviiie siècle. Les relations entre Cendrillon et son père sont régulièrement soulignées par l’orchestre dans une coloration pastorale autant rassurante que nostalgique. L’amour naissant entre Cendrillon et le Prince relève d’une écriture certes plus fougueuse mais surtout très sentimentale et du même coup typiquement fin-de-siècle. Enfin, les apparitions de la Fée et l’usage régulier de la magie donnent lieu à une écriture plus délicate et voluptueuse, également teintée de mystère, faisant de la marraine de Cendrillon un personnage aussi gracieux qu’intrigant. Le merveilleux scénique Impliquant de nombreux effets visuels, le personnage de la Fée, lors de la création de 1899, pousse Carré à imaginer de nombreux “trucages” qui, usant du potentiel infini de l’électricité, feront l’admiration du public. Le procédé, encore mystérieux, intrigue les spectateurs de l’époque autant qu’il les fascine. Ainsi, dans l’imaginaire commun, l’électricité va rapidement être assimilée à la magie, au point d’être nommée : la Fée électricité. Dès lors, cette autre Fée, tout aussi bienfaitrice, qu’est la marraine de Cendrillon, va justifier par ses formules magiques l’usage accru de la lumière électrique. Puisqu’on ne sait d’où vient cette lumière n’utilisant ni gaz ni chandelles, ce ne peut donc être que le fruit d’un enchantement ! De très nombreux effets spectaculaires sont alors expérimentés, au point d’amuser Massenet lui-même qui, assistant régulièrement aux répétitions, « riait et battait des mains pour marquer son contentement » (Albert Carré, Souvenirs de théâtre). Un chêne enchanté avec branche amovible, des lutins sortant d’un coffre, diverses apparitions et disparitions de personnages par Cendrillon le plancher de scène ou la cheminée de la chaumière, vont ainsi participer au succès de ce « spectacle tour à tour aimable et somptueux, prestigieux et touchant […] offrant aux enfants de tout âge : une féérie étonnamment complexe en son apparente simplicité » (Le Siècle, 25 mai 1899). Ainsi, répondant aux attentes de son époque, celles d’un public ayant soif d’évasion et de merveilleux, tout en témoignant d’une obsession nouvelle et croissante pour la modernité, Cendrillon se pose comme une œuvre aussi populaire qu’avant-gardiste, à la charnière entre deux siècles. Au vu de la synthèse musicale et stylistique réalisée par l’œuvre, il n’est alors pas étonnant qu’à la veille de sa création, Massenet ait pu confier au Figaro : « Ma résolution est arrêtée. Vous allez écouter mon dernier ouvrage. Je cesse d’écrire pour le théâtre. » 17 JONATHAN PARISI Doctorant en musicologie à l’Université Jean Monnet, Jonathan Parisi prépare une thèse consacrée aux mises en scène historiques des opéras de Massenet à l’Opéra Comique. Se formant également au métier de metteur en scène, il participe, comme assistant, aux productions de Manon (Massenet) et La Bohème (Puccini) à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne ainsi qu’à la production de Don Giovanni (Mozart) à l’Opéra Bastille. Cendrillon 18 MASSENET ET LE GRAND OPÉRA FRANÇAIS Direction Laurent Touche Piano Florent Mathevet Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Quatuor Inédits La rencontre entre un quatuor de saxophones et un chœur d'opéra peut paraître surprenante... Elle ne l'était pas du temps de Massenet où à l'initiative d'Adolphe Sax, un tel quatuor suivait les répétitions et le travail du chœur de l'Opéra de Paris, chaque instrument doublant ainsi les voix (soprano, alto, ténor, baryton) facilitant ainsi l'apprentissage des chanteurs. C'est à cette rencontre inouïe que vous convie le Chœur Lyrique Saint-étienne Loire et le quatuor Inédits pour ce premier Croq'Chœur de la saison. 19 Jules Massenet Marie-Magdeleine (Introduction et chœur) La Vierge (L'Assomption)* Charles Gounod Faust (Kermesse et chœur des soldats) Jules Massenet Marie-Magdeleine (Introduction et chœur des servantes)* Jean-Baptiste Singelee Grand quatuor concertant op.79 de 1861 (instrumental) Jules Massenet Le Roi de Lahore (Marche Céleste) Ambroise Thomas Hamlet (Marche Funèbre et chœur)* Jules Massenet La Terre Promise (Pastorale et chœur d'Israël) * Pièces accompagnées par le quatuor de saxophones : Quatuor Inédits Bourse du Travail Mercredi 31 octobre 12h30 Auditorium Groupe Casino Vendredi 2 novembre 12h30 En partenariat avec le Groupe Casino. En collaboration avec le Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-étienne. Croq'Chœur Présentation Laurent Campellone Anahita Catherine Hunold Varedha Kate Aldrich Zarâstra Luca Lombardo Amrou Jean-François Lapointe Piano Cyril Goujon 20 Un opéra de Massenet jamais entendu depuis le xixe siècle ? Il n’en fallait pas plus pour que l’Opéra Théâtre propose ce rendez-vous désormais incontournable, mené par Laurent Campellone. Avec les solistes de la production et autour du piano, ce Kézako vous fera découvrir la place du Mage dans l’œuvre de Massenet et les ressorts qui animent cette partition. Le Mage, Kézako ? est un prélude à la soirée lyrique Le Mage des 9 et 11 novembre 2012. Grand Théâtre Massenet Dimanche 4 novembre : 15h JULES MASSENET OPÉRA EN 5 ACTES POÈME DE JEAN RICHEPIN Direction musicale Laurent Campellone Chef de chœur et assistant à la direction musicale Laurent Touche Chef de chant Cyril Goujon Chef de chant chœur Florent Mathevet Régisseur de production Clive Thomas Anahita Catherine Hunold Varedha Kate Aldrich Zarâstra Luca Lombardo Amrou Jean-François Lapointe Le Roi d’Iran Marcel Vanaud Prisonnier Touranien Julien Dran Chef Iranien Julien Dran Chef Touranien Florian Sempey Héraut Florian Sempey 21 Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Grand Théâtre Massenet Vendredi 9 novembre : 20h Dimanche 11 novembre : 15h Durée 2h40 entracte compris – En français surtitré Nouvelle Production de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, donnée en version concert. Partenaire associé Palazzetto Bru Zane – Centre de musique Romantique française. Ces représentations font l’objet d’un enregistrement discographique. Avec le soutien du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique Romantique française. France Musique diffusera ce concert le 17 novembre à 19h. Le Mage Synopsis Acte I - « Le camp de Zarâstra [sic pour Zoroastre ou Zarathoustra], près de la ville de Bakhdi [sic pour Balkh, capitale de la Bactriane désormais située au Nord de l’Afghanistan] » : les Touraniens, vaincus par les Iraniens et leur chef Zarâstra, pleurent leur condition par des chants puis maudissent le prêtre des Dévas, Amrou, qui les avait incités à combattre et s’est désormais rallié aux Iraniens. Mais sa fille Varedha, prêtresse de la Djahi, divinité malfaisante de la volupté, aime d’un amour sans retour Zarâstra qui n’a d’yeux que pour Anahita, reine du Touran. Malgré le trouble qu’elle ressent, cette dernière ne peut se donner à Zarâstra en raison de la situation. 22 Acte II - Premier tableau : « Les souterrains du temple de la Djahi » : résolue à mourir, Varedha décide de se venger après que son père lui ait dévoilé l’amour de Zarâstra pour Anahita. Acte II - Second tableau : « La place royale de Bakhdi » : acclamé par le peuple, Zarâstra présente au Roi d’Iran prisonniers, butins et troupes triomphantes. Il demande Anahita pour prix de son action lorsque surgit Amrou qui, en s’appuyant sur le témoignage des Dévas, soutient que Zarâstra est déjà engagé avec Varedha. Face à la consternation générale et l’indignation d’Anahita, le Roi exige que Zarâstra épouse la fille du prêtre. Furieux, Zarâstra maudit les Iraniens et leurs divinités avant de s’enfuir pour faire éclater la vérité grâce au dieu Ahoura-Mazda auquel il va désormais se vouer. Acte III - « La Montagne sainte » : accompagné de ses disciples, le Mage Zarâstra rend hommage à son dieu. Resté seul, il est rejoint par Varedha qui tente encore de le séduire mais en vain. Elle lui apprend alors par dépit qu’Anahita est prête à s’unir au Roi. Troublé, Zarâstra chasse Varedha. Acte IV - « La salle du sanctuaire dans le Temple de la Djahi » : danses festives et initiatiques. En dépit des supplications d’Anahita, le mariage est prononcé par Amrou. Varedha savoure sa vengeance lorsque les Touraniens envahissent le temple et la massacrent avec le Roi et Amrou. Le Mage Acte V - « Les ruines du Temple de la Djahi » : évoluant sur un champ de ruines, Zarâstra est partagé entre son désir de servir son pays et celui de revoir Anahita qu’il finit par retrouver. Les deux amants s’abandonnent lorsque Varedha, expirante, les maudit et supplie la Djahi de les embraser. Mais sur l’ordre du Mage les flammes s’écartent pour les laisser passer. Le Mage : une résurrection amplement justifiée Le Mage reste un des opéras les plus méconnus de Massenet. Le sort de cet ouvrage, oublié des scènes lyriques et du disque, est d’autant plus curieux que sa création au palais Garnier, le 16 mars 1891, n’avait pas été suivie d’une désaffection du public malgré les avis souvent défavorables de la critique. Mais, après plus de trente représentations données jusqu’en octobre, l’opéra quitte subitement l’affiche pour sombrer dans l’oubli en dépit d’une reprise à La Haye en 1896. 23 Cette destinée, aussi inattendue qu’injuste, tient d’abord à des circonstances défavorables. Quelques mois avant la création, des voix s’élèvent pour exiger en vain la création parisienne de Salammbô de Reyer au détriment de celle du Mage ; la polémique n’a sans doute pas été sans conséquence sur les avis de certains critiques… Ensuite, peu après la création, l’éditeur et fidèle soutien de Massenet, Georges Hartmann fait faillite tandis que les directeurs de l’Opéra, Ritt et Gailhard, qui comptaient beaucoup sur la renommée du compositeur pour atténuer une hostilité à laquelle ils étaient en butte, ne sont pas reconduits dans leurs fonctions. Leur successeur, Eugène Bertrand, va alors obtenir une importante refonte de son cahier des charges afin de pouvoir introduire au répertoire les œuvres de Wagner. Or, Le Mage ne répond pas de prime abord aux critères du théâtre wagnérien qui constitue à cette époque une référence absolue. Au contraire, sans les rejeter, Massenet s’est évertué, comme dans ses autres ouvrages, à ne pas marcher strictement dans les pas du compositeur allemand en proposant des ouvrages dont les sources d’inspiration sont multiples et en perpétuel renouvellement. Cet objectif, qu’il s’est clairement fixé depuis Manon, se vérifie une nouvelle fois avec Le Mage. Le Mage Le projet de composer un nouvel ouvrage pour l’Opéra de Paris germe probablement en 1887. Massenet vient de terminer Werther et s’apprête à composer Esclarmonde pour l’Opéra Comique tout en cherchant un nouveau livret. De premiers échanges avec Victorien Sardou autour d’une intrigue centrée sur le Mexique et la conquête espagnole demeurent infructueux, mais l’idée d’un sujet exotique s’impose. Sur les conseils des directeurs de l’Opéra et de son éditeur, Massenet s’associe en 1888 à Jean Richepin (1849-1926) pour lequel il avait déjà composé la musique de scène de la pièce Nana-Sahib en 1883. L’idée est d’autant plus séduisante qu’elle permet d’associer un compositeur à un véritable écrivain, préfigurant ainsi les collaborations de Maeterlinck avec Debussy ou de Zola avec Bruneau. 24 Le Mage Richepin propose à Massenet de mettre en musique un épisode fictif situé à l’époque de la naissance du zoroastrisme dans la Bactriane (région désormais à cheval sur plusieurs pays dont l’Iran) environ 2500 ans avant l’ère chrétienne, comme le stipule le livret. Zoroastre va développer le culte mazdéen qui concentre deux principes opposés, le bien, représenté par le feu et la lumière, et le mal dont le mensonge serait la pire incarnation. En s’inspirant de cette religion, Richepin confia avoir voulu « montrer la prééminence de l’idée de vérité parvenant à subjuguer le cœur et à conquérir l’esprit. » Son livret, riche en formules lyriques parfois conventionnelles, reste cependant tributaire d’une tradition et de situations dramatiques convenues où se mêlent diverses influences parmi lesquelles celles de L’Africaine ou d’Aida que Massenet appréciait particulièrement. Aussi ce dernier ne pouvait-il qu’être séduit par un sujet exotique traitant par ailleurs aussi bien de l’emprise psychique des religions que des passions amoureuses qu’il avait déjà abordées, notamment dans Le Roi de Lahore puis Hérodiade. Entre mars et décembre 1889, Massenet compose son opéra dont il modifie la fin en mars suivant : l’incendie de la Djahi se substitue à une scène plus intimiste où Varedha expirait après avoir obtenu le pardon d’Anahita et de Zarâstra. Il mène ensuite l’orchestration avec ardeur jusqu’en août peu avant les premières répétitions. Composer pour l’Opéra de Paris impose certaines règles auxquelles Massenet ne déroge pas d’autant que le livret n’évite pas certains clichés. Au contraire : le musicien s’est soumis sans scrupule aux critères du grand opéra dont les rouages dramatiques et les principes structurels apparaissent pourtant démodés au regard de la révolution établie par Wagner. Bâti sur un livret en 5 actes dominés par une action intensément dramatique, Le Mage comporte le traditionnel ballet, de vastes ensembles (de type concertato à l’acte II) et d’importantes masses chorales soutenues par un orchestre largement enrichi en cuivres et en percussions dont certaines apportent une touche exotique particulièrement prononcée dans les danses. L’opéra exige aussi des chanteurs de premier plan dont les suraigus sont par ailleurs souvent sollicités. Le rôle-titre, sans doute pensé pour Jean de Reszké, est dévolu à un ténor vaillant similaire à celui d’éléazar (La Juive). De même, les rôles d’Anahita et de Varedha sont respectivement distribués à un soprano dramatique colorature et un grand soprano (ou un mezzo doté d’aigus solides). Dans un cas, on peut songer aux rôles de la princesse Eudoxie (La Juive) ou, dans une certaine mesure, de Lakmé ; dans l’autre, les références les plus immédiates sont celles d’Hérodiade mais aussi… d’Ortrude (Lohengrin), de Kundry (Parsifal) ou de Lady Macbeth, quatre personnages marqués par une même noirceur dévastatrice. Massenet reste également fidèle aux formes vocales closes, tels l’air ou le duo, dont certains, comme celui de Varedha et Amrou (acte II), adoptent une coupe italienne et un style qu’un Verdi n’aurait pas reniés. Zarâstra est naturellement privilégié avec deux importants solos : le premier se situe à l’acte II avec l’air « Soulève l’ombre de ces voiles », que Gounod aurait pu signer, et le second au début de l’acte III où Zarâstra et le chœur sont rassemblés dans une grande scène mystique ponctuée d’effets harmoniques et orchestraux richement colorés (sa matière musicale provient d’une cantate pour ténor et orchestre, Apollon aux muses, créée en Grande-Bretagne en 1884). Cette scène spectaculaire trouve son pendant à la fin de l’opéra avec l’embrasement de la statue de la Djahi suite aux invocations de Varedha que certains n’ont pas manqué d’associer au finale de La Walkyrie alors qu’elle peut tout aussi bien rendre hommage au finale de La Muette de Portici. Le Mage constitue ainsi l’ouvrage de Massenet qui se glisse le plus parfaitement dans le moule du grand opéra, genre typiquement français. 25 Le Mage 26 L’influence de Wagner ne doit cependant pas être écartée, car, outre quelques effets harmoniques ou orchestraux audacieux, l’opéra est finement structuré par des motifs de rappel. Massenet inscrit toutefois ses pas dans une tradition française, à laquelle Wagner s’est d’ailleurs aussi référé, en structurant son opéra par des thèmes clefs plus ponctuels, issus d’airs ou de duos, et par des motifs plus brefs en perpétuel renouvellement sans pour autant leur faire subir de vastes développement symphoniques comme chez le maître allemand (Debussy fera de même dans Pelléas et Mélisande). Dans cette dernière catégorie, deux motifs occupent une place fondamentale : le premier, franc, massif et souvent distribué aux vents, est associé à Amrou ou aux Dévas tandis que le second, plus énergique, instable et exécuté par les cordes, accompagne les évocations de la déesse Djahi ou de Varedha. Les mesures initiales de l’air de Zarâstra, déjà cité, jouent aussi un rôle important dans la cohésion thématique de l’ouvrage. Le Mage apparaît donc comme un opéra au style composite qui témoigne de l’éclectisme de Massenet, pierre de touche de son esthétique. Mais il porte aussi la marque personnelle de son auteur dont le langage mélodique reste immédiatement reconnaissable, notamment dans les scènes amoureuses : les lignes vocales, à la fois sinueuses et conjointes, épousent au plus près les inflexions de la langue française sans pour autant exclure quelques épanchements lyriques. Et sur ce plan Le Mage contient des épisodes inspirés lui permettant de rivaliser sans conteste avec d’autres ouvrages plus connus du compositeur stéphanois. Aussi sa résurrection s’impose-t-elle aujourd’hui pour mieux apprécier l’œuvre de Massenet dans son ensemble. Jean-Christophe Branger Maître de conférences à l’Université Jean Monnet, Jean-Christophe Branger consacre ses recherches à la musique française au tournant des xixe et xxe siècles en s’intéressant plus particulièrement à l’œuvre de Jules Massenet. Il dirige la collection « Musique et musicologie » des Publications Universitaires de Saint-Étienne où sont publiés les actes des colloques des biennales Massenet, organisés en collaboration avec l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Le Mage Direction et présentation Laurent Campellone Soprano Maria Alejandres Ténor Marc Laho Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Pascale Jakubowski et les élèves de la classe de composition du conservatoire Tombeau de Massenet création mondiale 27 Jules Massenet Le Roi de Lahore Ouverture Manon « Adieu ma petite table » (soprano) Manon « Saint Sulpice » (soprano et ténor) Le Cid « Ô Souverain » (ténor) *** Werther « Pourquoi me réveiller ? » (ténor) Thaïs « Dis-moi que je suis belle » (soprano) Thaïs « Méditation » Griselidis « Prologue » (ténor) Ariane Scène finale (soprano) Grand Théâtre Massenet Dimanche 18 novembre : 15h Durée 1h50 entracte compris En partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-Étienne. Dans le cadre de « Orchestres en fête ! » Aimez-vous Massenet ? 28 Cent ans après sa mort, le 13 août 1912, Massenet reste un compositeur largement méconnu, malgré les efforts accomplis depuis une quarantaine d'années, notamment dans sa ville natale de Saint-Étienne, mais aussi sous l'impulsion de chefs d'orchestre comme Richard Bonynge, pour faire découvrir ou redécouvrir, au-delà de Manon et de Werther dont la place permanente au répertoire n'est pas menacée, une œuvre qui compte parmi les plus abondantes et les plus riches de son temps. Lorsque Massenet naissait à Montaud en 1842, Berlioz avait 39 ans, Verdi et Wagner 30, Gounod 24 ; Auber, Donizetti et Meyerbeer dominaient la production lyrique. Au moment où Massenet mourait, Debussy avait écrit presque toute son oeuvre, tandis que Ravel, Stravinsky et Schoenberg s'affirmaient comme les étoiles de la génération montante. Avec ses vingt-cinq opéras - vingt-six si l'on compte Marie-Magdeleine, portée à la scène de son vivant - Massenet pouvait prétendre rivaliser avec Verdi, qui en composa vint-huit. Après Massenet, il est impossible de nommer un compositeur d'envergure qui en écrirait autant - Richard Strauss n'arrivant qu'à quinze et Darius Milhaud à seize. Massenet se situe donc bien à la charnière de deux époques. Il aura été le dernier compositeur d'opéra français à connaître une aussi abondante diffusion, non seulement à la scène, mais par des morceaux séparés et d'innombrables adaptations de pages justement célèbres comme l'Élégie des Érinnyes et la Méditation de Thaïs. A-t-il eu seulement des successeurs ? Certes, comme professeur de composition au Conservatoire, il a formé toute une génération de musiciens français (et pas seulement français, comme en témoignent le Suisse Gustave Doret et le Roumain Enesco). Mais, si Reynaldo Hahn et Gustave Charpentier peuvent faire figure de disciples, il est frappant de constater que celui-ci n'est l'homme que d'un seul opéra, et que d'autres élèves de Massenet (Koechlin, Florent Schmitt) n'en auront écrit aucun. En fait, ce n'est pas en France que l'héritage massenetiste a été le plus sensible, mais en Italie. Contrairement à beaucoup de ses compatriotes, Massenet aimait sincèrement la musique italienne, ce qui ne l'empêchait d'ailleurs pas d'admirer profondément Wagner, et, dès la création triomphale du Roi de Lahore à Turin en 1878, les compositeurs de la jeune Aimez-vous Massenet ? école italienne ont trouvé en lui - Verdi s'en plaint dans sa correspondance une espèce de chef. En 1882 Hérodiade, conçue au départ pour la Scala de Milan, enthousiasmait le jeune Puccini. Plus tard, Thaïs et Sapho devaient également connaître le succès dans des salles italiennes. Et c'est bien Massenet qui constitue le chaînon manquant dans la ligne qui va de Verdi (et de Gounod) à Puccini : sans Manon, ce dernier n'aurait pas écrit Manon Lescaut, mais peut-être pas non plus La Bohème ; sans Sapho, La Rondine ; et sans Le Jongleur de Notre-Dame, Suor Angelica. Mais c'est toute la génération dite vériste qu'il faudrait citer : Mascagni, dont le sens de l'atmosphère et de la couleur doivent bien quelque chose à Massenet ; Leoncavallo, qui l'a bien connu et surtout bien écouté, comme le montre maint passage de Paillasse ; Cilea, dont L'Arlesiana et Adriana Lecouvreur montrent une dette réelle envers l'auteur de Werther ; Giordano, dans Fedora surtout, et jusqu'à Zandonai. Contrairement à la plupart de ses compatriotes, Massenet s'est d'ailleurs bien gardé de participer aux campagnes de dénigrement de l'opéra italien contemporain dont la presse parisienne de l'époque se faisait régulièrement l'écho. Réactionnaire, Massenet ? Ce serait lui faire un bien mauvais procès. D'abord, il ne l'a pas été dans son enseignement, encourageant avant tout ses élèves à suivre leur voie propre. Ce serait oublier en outre que ses ennemis les plus coriaces - au premier rang desquels Vincent d'Indy, dont les opéras morts-nés montrent qu'il était très loin d'avoir son sens du théâtre - étaient eux-mêmes des réactionnaires patentés. Que Ravel, Poulenc, Messiaen aient reconnu leur dette à l'égard de Massenet devrait suffire à mettre un terme à cette fausse querelle. Au fond, ce qu'on a surtout reproché à Massenet, c'est d'avoir été si longtemps prophète en son pays ; ce sont ses succès, qui ne devraient d'ailleurs pas faire oublier qu'il connut aussi des échecs - comme Bacchus, retiré en 1909 au bout de cinq représentations ; c'est l'amour et la reconnaissance que lui vouèrent tant d'admirateurs sincères, musicalement instruits ou naïfs, dans les nombreux pays où sa musique s'est fait entendre. Ce qui frappe l'auditeur de 2012 c'est, en définitive, à quel point la musique de Massenet a bien vieilli. ; comme elle “sonne” bien, que ce soit à l'orchestre ou au piano ; comme elle est peu démodée ; comme elle est admirablement écrite pour la voix. Moins que jamais, nul ne devrait avoir à s'excuser d'aimer Massenet. 29 Vincent Giroud Vincent Giroud est ancien élève de l’École normale supérieure, diplômé d’Oxford et docteur en littérature comparée. Il est professeur à l’université de Franche-Comté et a enseigné notamment à l’université Yale, où il a également exercé les fonctions de conservateur des livres et manuscrits modernes à la Beinecke Library. Aimez-vous Massenet ? Pascale Jakubowski, compositrice et professeur d’analyse et de composition au Conservatoire Massenet. Passage est une œuvre des étudiants de la classe de composition. Quelques mots sur cette classe ? Elle s’organise davantage comme un atelier. Les étudiants viennent avec leurs idées musicales puis nous réfléchissons ensembles à partir de leurs premières esquisses. En analysant leur travaille, J’essaye de leur faire ouvrir des portes en suivant la direction qu’ils ont choisi dès le départ en amplifiant leurs gestes et leurs idées musicales. 30 Avec Passage, vos élèves ont composé un tombeau de Jules Massenet. Avec la pièce de Massenet qui s’intitule Départ, nous sommes à la fois partis d’une mélodie en particulier et de l’évocation de la disparition. Tous les jeunes ont interprétés librement cette idée du tombeau : Xiao Bian nous entraîne dans un univers onirique mystérieux et inquiétant, Pierre Fournier nous invite pour une douce traversée aux accents orientaux, François Carnino sculpte un édifice contrapuntique qui évoque la fin du romantisme, Quentin Houzet s’empare des quatre premières notes de la mélodie Départ pour développer un univers à la fois dense, audacieux, singulier et méditatif. Tout ceux qui participent à ce projet ont déjà entendu leurs œuvres jouées par des professeurs et des grands élèves mais jamais par un Orchestre Symphonique professionnel. A l’origine du projet, j’ai rencontré Laurent Campellone pour évoquer l’orchestration avant de nous lancer sur le thème de la disparition et ses variations, ce qui donne une cohérence à l’œuvre. Un projet pré-professionnalisant. C’est un cadeau magnifique qui a été fait par l’Opéra Théâtre aux élèves en classe de composition. Quand ils ont été sollicités, ils ont d’abord été incrédules. Comme le défi était de taille, les étudiants ont travaillé avec une autre densité, je crois ! Leur permettre une pré-professionalisation, les motive évidemment d’une autre manière. Aimez-vous Massenet ? Soprano Ingrid Perruche Baryton Lionel Lhote Piano Laurent Touche Jules Massenet Ouvre tes yeux bleus - Extrait du cycle Poème d'Amour Texte Paul Robiquet - (baryton et soprano) Pensée d’automne - Mélodie séparée, extrait du troisième recueil Texte Silvestre - (baryton) Nuit d’Espagne - Mélodie séparée, extrait du premier recueil Texte Louis Gallet - (soprano) Poème d’avril (i-ii-iii-iv-v-vi-vii-viii) - Cycle de 8 mélodies Texte Silvestre - (baryton et soprano) Guitare - Mélodie séparée, extrait du troisième recueil Texte Victor Hugo - (soprano) Musette - Extrait du cycle Poème Pastoral Texte Florian / Silvestre - (baryton) Le Poète et le Fantôme - Mélodie séparée, extrait du troisième recueil Texte inconnu - (baryton et soprano) à Colombine - Mélodie séparée, extrait du premier recueil Texte Louis Gallet - (baryton) Berceuse - Extrait du cycle Chants Intimes Texte Gustave Chouquet - (soprano) Les belles de nuit Texte Thérèse Maquet - (baryton) élégie - Mélodie séparée, extrait du premier recueil Texte Louis Gallet - (soprano) L’Improvisateur - Mélodie séparée, extrait du premier recueil Texte Bussine d'après Zaffirà - (baryton) Oh! Si les fleurs avaient des yeux - Mélodie séparée, extrait du septième recueil Texte G. Buchillot - (baryton et soprano) Horace et Lydie - Mélodie hors recueil Texte Musset - (baryton et soprano) 31 Grand Théâtre Massenet Mardi 20 novembre : 20h Durée 1h15 sans entracte Pensées d’automne 32 Les mélodies de Massenet, si prisées en leur temps, sont aujourd’hui l’un des pans les moins connus de son œuvre. C’est oublier qu’avec plus de 260 numéros répertoriés, le maître stéphanois se situe, par la taille de sa production, bien au-dessus de tous ses contemporains, Fauré et Debussy compris. Moins exigeant que celui-ci sur la qualité littéraire intrinsèque de la poésie qu’il met en musique, il a plus d’un point commun avec celui-là, notamment d’avoir eu pour collaborateur Armand Silvestre, mais aussi et surtout d’avoir cherché à satisfaire l’appétit et les goûts musicaux d’un public de salons et écrit des morceaux qui sont généralement d’une difficulté d’exécution moyenne (pas si facile toutefois qu’on serait tenté de le supposer) et souvent destinés à des interprètes amateurs. Ces œuvres sont donc de précieux témoignages d’une forme de sociabilité musicale disparue, mais qui n’a pas été des moins importantes et qu’on aurait tort de mépriser. Premier des cycles de mélodies de Massenet, Le Poème d’avril, écrit en 1866, peut être considéré, plus que la Première Suite d’orchestre de l’année précédente et que l’opéra-comique La Grand’ Tante, dont il est contemporain, comme la première œuvre majeure du compositeur. Inaugurant sa collaboration avec Silvestre, il témoigne de l’influence de Mendelssohn, et plus encore de celle de Schumann, mais aussi de l’intérêt qu’a eu le compositeur, toute sa vie durant, pour l’alternance du parlé et du chanté dans la musique, dont les mélodrames de Manon sont l’exemple le plus connu mais non unique. Silvestre est également l’auteur du poème de Pensée d’automne, mélodie composée en septembre 1887 et dédiée à Sibyl Sanderson, la soprano californienne dont Massenet venait de faire la connaissance, et pour qui il a composé plusieurs mélodies. Louis Gallet, librettiste de Marie-Magdeleine, du Roi de Lahore et de Thaïs, est le parolier de trois célèbres mélodies qui sont toutes des adaptations de morceaux musicaux pré-existants: Nuit d’Espagne du deuxième mouvement des Scènes pittoresques, la fameuse Élégie d’une des Dix pièces de genre pour piano opus 10, recyclée une première fois dans la musique de scène des Érynnies, et À Colombine - l’un des nombreux hommages rendus par Massenet au xviiie siècle - de la suite enfantine pour piano Le Roman d’Arlequin, parue en 1871. Massenet ne dédaigne pas les auteurs plus canoniques. Ainsi Guitare est un hommage à Victor Hugo l’année de sa mort (1885), sur un poème qui a également inspiré Bizet, Lalo et Liszt. Horace et Lydie, qui date de 1886, est un poème de Musset (À Lydie) imité de la célèbre ode dialoguée d’Horace. Musette est un poème de Florian auquel Silvestre a mêlé ses propres poésies pour former le cycle Poème pastoral (1872), écrit pour baryton et chœur de femmes. Moins connu, l’historien et poète amateur Paul Robiquet a fourni à Massenet, en 1878-1879, le texte du cycle Poème d’amour, dont la version originale est pour soprano et baryton, et dont Ouvre tes yeux bleus est la mélodie la plus célèbre. Moins connue encore est Thérèse Maquet, auteur du texte des Belles de nuit, dont la composition est datée du 2 septembre 1887, et qui a donné lieu à un arrangement pour deux voix ou chœur de femmes intitulé Aux étoiles. Quant à la scène dialoguée Le Poète et le Fantôme, mélodie publiée en 1891, on ignore qui en a écrit le texte. L’Improvisateur, sous-titré « Souvenir du Trastevere », est l’une des plus anciennes mélodies de Massenet qui nous soient parvenues, puisqu’elle date de son séjour à la Villa Médicis de 1863 à 1865. C’est une irrésistible tarentelle, arrangée sur un texte italien traduit en français par le chanteur Romain Bussine, cofondateur avec Saint-Saëns de la Société Nationale de Musique, au concert inaugural de laquelle elle fut donnée le 17 novembre 1871. La ravissante Berceuse, où l’on perçoit la dette de Massenet envers Gounod, date de la fin des années 1860 et a été publiée sous l’en-tête Chants intimes avec deux autres mélodies sur des poèmes du musicographe Gustave Chouquet. Oh ! si les fleurs avaient des yeux appartient, elle, à la dernière période de la vie créatrice de Massenet. Datant de 1903 ou 1904, elle aurait été, selon Octave Séré, adaptée d’une « chute » de l’opéra Chérubin sur laquelle Massenet avait demandé à l’obscur G. Buchillot de lui trouver des paroles ; elle est dédiée à Hedwige Demours - probablement une admiratrice mondaine - et il en existe une version avec orchestre. 33 Vincent Giroud Vincent Giroud est ancien élève de l’École Normale Supérieure, diplômé d’Oxford et docteur en littérature comparée. Il est professeur à l’université de Franche-Comté et a enseigné notamment à l’université Yale, où il a également exercé les fonctions de conservateur des livres et manuscrits modernes à la Beinecke Library. Pensées d’automne 34 Direction Laurent Campellone Soprano Nathalie Manfrino Baryton Markus Werba Narration Arièle Butaux, écrivain et journaliste Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Jules Massenet Visions..., Poème symphonique pour orchestre Création mondiale de la version pour orchestre et électrophone (Réalisation de la partie électronique "électrophone" Laurent Pottier) 35 Thaïs (Extraits) Grand Théâtre Massenet Mardi 4 décembre : 20h Durée 2h05 entracte compris Ce concert sera donné à l’Opéra Comique le 7 décembre en clôture de la 11e Biennale Massenet. Sur les pas de Thaïs Visions..., poème symphonique pour orchestre Thaïs acte i Voilà donc la terrible cité (Intro orchestre puis baryton) acte ii 36 Ah, je suis seule, seule enfin ! (soprano) Ô mon miroir fidèle, dis-moi que je suis la plus belle (soprano) étranger, te voilà, comme tu l’avais dit! (soprano et baryton) Qui m’inspirera les discours embrasés? (baryton) Vénus, invisible et présente (soprano) Je suis Athanaël, moine d’Antinoé (baryton) Pitié! Ne me fais pas de mal (soprano) Méditation (orchestre) Non loin d’ici, vers l’occident, il est un monastère (baryton) L’amour est une vertu rare (soprano et baryton) *** acte iii Prélude (orchestre) L’ardent soleil m’écrase (soprano) Seul le repentir nous épure (baryton) Ô messager de Dieu, si bon dans ta rudesse (soprano) Baigne d’eau tes mains et tes lèvres (soprano et baryton) Tu sais, ô Palémon, que j’ai conquis l’âme (baryton) Qui te fait si sévère ? (soprano et baryton) Thaïs va mourir (baryton) La course dans la nuit (orchestre) La mort de Thaïs (orchestre, baryton et soprano) Sur les pas de Thaïs Massenet à la pointe de la modernité : de Visions... à Thaïs. Le 7 mars 1891, un entrefilet du Figaro donne l’information suivante : « La Thaïs de M. Anatole France va devenir un drame lyrique par les soins de M. Louis Gallet. Les deux auteurs sont complètement d’accord au sujet de cette adaptation, qui se résumera en une œuvre assez courte et très décorative, avec un important élément chorégraphique et symphonique. » Si le nom de Massenet n’est pas mentionné, c’est pour ne pas détourner l’attention des lecteurs de la création du Mage, prévue le 16 mars suivant. Mais personne ne doute que l’auteur de Marie-Magdeleine, d’Ève ou de Manon sera l’heureux récipiendaire d’un livret dont le sujet, qui mêle étroitement religion, sensualité et péché, ne pourra que l’inspirer : le moine Athanaël, qui prétend avoir reçu la mission divine de remettre dans le droit chemin Thaïs, courtisane d’Alexandrie, va en définitive découvrir la passion amoureuse alors que la jeune femme, qu’il avait convertie, est sur le point de succomber. Et, sous cette critique ironique et à peine voilée de l’engagement religieux, le personnage de Thaïs constitue une nouvelle incarnation de la femme fatale qui obsède l’imaginaire des artistes fin-de-siècle. 37 Dès octobre 1891, Massenet et son librettiste, Gallet, se mettent sérieusement au travail et, en mars suivant, le musicien s’attelle à la composition d’un ouvrage destiné à l’Opéra Comique et pensé en fonction des capacités de la soprano américaine Sibyl Sanderson, dotée d’une voix agile, légère et d’aigus cristallins. Il lui réserve ainsi des morceaux saillants, comme le célèbre « Dis-moi que je suis belle » (acte II), et d’importants duos avec Athanaël, lequel est aussi doté d’un air majestueux dès le second tableau (« Alexandrie »). Mais avant tout, pour répondre aux attentes de France et de Gallet, la « comédie lyrique » adopte une coupe originale : succédant à l’unique tableau de l’acte I (la Thébaïde), les trois tableaux de l’acte II (Alexandrie, la Chambre de Thaïs et la Place publique) sont intimement liés par deux interludes symphoniques joués à rideau baissé - la Symphonie des amours d’Aphrodite et la célèbre Méditation tandis que La Course dans la nuit relie les deux tableaux de l’acte III (la seconde Thébaïde et La Mort de Thaïs). Inhabituelles au théâtre lyrique Sur les pas de Thaïs 38 par leur nombre et leur dimension, ces pages orchestrales, qui appellent la chorégraphie, prolongent la parole en traduisant la pensée consciente ou non des personnages. Ainsi, la Méditation illustre la conversion de la courtisane à la religion ; la Course dans la nuit dépeint l’orage - intérieur et extérieur - accompagnant Athanaël dans sa course effrénée pour retrouver Thaïs ; la Symphonie des amours d’Aphrodite est, selon la partition, « une sorte de poème symphonique » sur les amours de la déesse et du jeune Adonis. Massenet intègre aussi à l’acte I puis à l’acte III (1er tableau) deux courtes scènes intitulées Vision : disposée dans les coulisses, une formation inhabituelle (bois, harpe et harmonium) accompagne des danseurs illustrant les rêves prémonitoires d’Athanaël l’enjoignant à retrouver Thaïs. La dimension descriptive de ces pages, où l’imagination du spectateur est particulièrement sollicitée, constitue une nouveauté au théâtre lyrique, car la musique, devenue un vecteur sémantique puissant, ne s’était jamais autant substituée à la parole. Pour s’exercer à ce type d’écriture narrative et descriptive, Massenet va éprouver le besoin de composer, juste avant son opéra, un poème symphonique au titre éloquent de Visions..., avec soprano solo, dont le programme éminemment berliozien serait autobiographique : « La dernière heure du jour dans les hautes et tristes solitudes du Simplon - Le voyageur las s’est endormi... mais son sommeil est troublé par des visions tantôt calmes ou agitées, tantôt souriantes ou terribles - il s’éveille... - autour de lui c’est la nuit... il ne rêve plus... il écoute... et croit entendre une voix chère à son souvenir. » (Impressions de voyage / été 1890). Or, cette page symphonique, qui n’est autre qu’une chevauchée fantastique, constitue un étonnant exercice préparatoire à Thaïs, car Massenet va en reprendre et développer la matière thématique dans certaines pages symphoniques de son opéra, notamment la Méditation et la Course dans la nuit. De même, l’effectif orchestral singulier de la première Vision d’Athanaël trouve son origine dans deux petits épisodes similaires joués en coulisse où intervient un solo de violon appelé à s’épanouir dans la célèbre Méditation, le second exigeant aussi une voix de soprano bouche fermée ou vocalisant sur des notes tenues : ils correspondent respectivement au rêve du voyageur puis à l’audition plus concrète de la voix féminine. Sur les pas de Thaïs Ces liens prononcés entre les deux œuvres expliquent sans doute la création tardive du poème symphonique que Massenet ne chercha pas à diffuser : Visions... ne sera donné qu’en 1895, en Angleterre, puis à Nancy l’année suivante, alors que l’opéra avait été créé en mars 1894. Mais un élément uniquement présent dans le manuscrit justifie aussi l’oubli dans lequel Massenet laissa tomber cette page symphonique : dans le premier épisode en coulisse, qui forme un pendant aux mesures conclusives chantées par le soprano, Massenet a tracé une portée en clef de fa où évolue sur des rondes une ligne mélodique constituée de trois notes avec une indication surprenante : « Cette ligne avec les notes bleues est destinée à la partie d’Électrophone. » Cet élément sonore surprenant, qui, à cette époque, devait être un instrument amplificateur dérivé du téléphone produisant des sonorités boisées, n’a cependant pas été conservé dans la partition utilisée pour les deux exécutions, probablement en raison des difficultés de son fonctionnement. Il témoigne cependant des recherches précoces effectuées dans le domaine des musiques mixtes qui ne se concrétiseront que des années plus tard. Aussi, malgré son caractère inabouti, Visions... demeure-t-il un ouvrage précurseur des œuvres de Léon Theremine, inventeur de l’instrument éponyme, mais aussi de celles de John Cage ou d’Edgard Varèse. 39 Jean-Christophe Branger Maître de conférences à l’Université Jean Monnet, Jean-Christophe Branger consacre ses recherches à la musique française au tournant des xixe et xxe siècles en s’intéressant plus particulièrement à l’œuvre de Jules Massenet. Il dirige la collection « Musique et musicologie » des Publications Universitaires de Saint-Étienne où sont publiés les actes des colloques des biennales Massenet, organisés en collaboration avec l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Sur les pas de Thaïs 40 Benjamin Lazar Metteur en scène Metteur en scène et comédien, Benjamin Lazar crée sa compagnie Le Théâtre de l’incrédule en 2004. La même année, sa mise en scène du Bourgeois Gentilhomme dans la production du Poème harmonique de Vincent Dumestre rencontre un très grand succès public et critique. Dans le domaine lyrique, il a mis en scène, avec la collaboration de Louise Moaty, Énée et Lavinie de Pascal Colasse et Didon et Énée de Purcell à l’Opéra de Rennes. à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, Benjamin Lazar nous a présenté Cachafaz en janvier 2011. Judith Gauthier Cendrillon Soprano Pianiste chef de chant de formation, Judith Gauthier fait ses débuts de chanteuse dans Bastien et Bastienne au Théâtre du Châtelet sous la direction de Jean-Claude Malgloire. Elle est lauréate de plusieurs concours internationaux (Prix Adami au Concours International de Clermont-Ferrand en 2003, Premier Grand Prix ainsi que Prix SACEM décerné au meilleur interprète d'œuvres contemporaines au Concours International de la Mélodie Française de Toulouse en 2005). Son répertoire s'étend du baroque au contemporain en passant par Rossini, Debussy et Wagner. Ses prochains engagements la mèneront au Théâtre des Champs-élysées (La Favorite de Donizetti), en Hollande (Passion selon Saint-Matthieu de Bach) et à Stuttgart (Platée de Rameau). 41 Marie Lenormand Le Prince Charmant Mezzo-Soprano En 2010, la mezzo-soprano française Marie Lenormand a reçu le « Grand Prix de la Critique, Révélation Musicale de la saison 2009-2010 » pour son interprétation du rôle de Mignon dans l’opéra du même nom d’Ambroise Thomas à l’Opéra Comique de Paris, dans la mise en scène de JeanLouis Benoît et sous la direction de François-Xavier Roth. Elle a récemment chanté Niklausse/La Muse dans Les Contes d’Hoffmann à l’Opéra de Massy et Cherubino dans Les Noces de Figaro au Houston Grand Opera. Mélanie Boisvert La Fée Soprano 42 Après une formation de pianiste à Toronto, la soprano canadienne obtient une Maîtrise de chant à Cologne auprès de B. Schlick et K. Kelly. Elle fait ses débuts en France avec grand succès dans Les Contes d’Hoffmann (Olympia) à Strasbourg. Depuis, elle a chanté la Reine de la nuit (La Flûte enchantée) à Vienne, Gênes et Tours ; Zerbinetta (Ariadne auf Naxos) à Tours ; Nanetta (Falstaff), Le Rossignol (rôle-titre) de Stravinsky à Strasbourg ; la Charmeuse (Thaïs) à Tours, Avignon ; Ännchen (Der Freischütz) à Toulon et Saint-étienne ; Feu, Princesse, Rossignol (L’Enfant et les sortilèges) ainsi que Gabrielle (La Vie parisienne) à Nancy ; Tytania (A Midsummer Night's Dream) de Britten ainsi que Clorinda (La Cenerentola) à Nice ; Cunégonde (Candide de Bernstein) à Rennes, Rouen ; Fiakermilli (Arabella) à Liège ; Adele (La Chauve-Souris) à Avignon, Bordeaux, Montpellier ; Olympia à Avignon, Ottawa, Québec… Parmi ses projets, La Flûte enchantée à Strasbourg, Ballo in Maschera à Tours, Lakmé à Metz… Ewa Podleś Madame de la Haltière Contralto Avec son timbre particulier, de couleur sombre et l’étendue exceptionnelle de son registre vocal, elle est considérée comme l’un des rares contraltos authentiques de notre temps. Lauréate de plusieurs grands concours, y compris le Tchaïkovski, elle a reçu sa formation musicale uniquement à l’Académie Chopin de Varsovie. Son répertoire va des œuvres baroques à Penderecki en passant par le bel canto rossinien, les sombres héroïnes verdiennes et straussiennes, les compositeurs russes et romantiques. Elle s’est produite dans les grands théâtres d'opéra : La Scala, le Met, Covent Garden, le Châtelet, Deutsche Oper, Liceo de Barcelone, Teatro Real… Depuis 1978 elle est soliste du Grand Théâtre de Varsovie - Opéra National. Récitaliste passionnée, on a pu l’entendre notamment à Carnegie Hall et Lincoln Center, au Wigmore Hall de Londres, au Théâtre des Champs élysées et à la Philharmonie de Varsovie. Parmi ses enregistrements, une douzaine de CD ont reçu des prix prestigieux. À noter, ses participations aux intégrales Deutsche Grammophon Archiv de Marc Minkowski : Armide de Gluck (La Haine) et Ariodante de Handel (Polinesso). Laurent Alvaro Pandolfe Baryton Après une riche formation musicale (piano, basson, viole de gambe, direction d’orchestre), il intègre la troupe de l’Opéra National de Lyon en 1995 où il interprète notamment Demetrius (A Midsummer Night’s Dream de Britten), Schaunard (La Bohème) ou Jupiter (Orphée aux Enfers). Régulièrement invité par le Théâtre du Châtelet à Paris, il incarne Morald (Die Feen de Wagner), Seth Brundle le rôle titre de The Fly mis en scène par David Cronenberg, Max Detweiler (The Sound of Music)… Parmi ses rôles les plus récents, citons : Golaud (Pelléas et Mélisande), Wotan (Das Rheinglod) avec l’OSM de Montréal, Ragueneau (Cyrano de Bergerac d’Alfano) à Madrid, Thoas (Iphigénie en Tauride) au DNO d’Amsterdam et Pietro dans La Muette de Portici à l’Opéra Comique de Paris. 43 Caroline Mutel Noémie Soprano 44 Elle commence sa formation à la Maîtrise de Radio France et intègre l’Opéra de Lyon en 1999. Elle est ensuite régulièrement invitée par les Opéras de Tours, Rennes, Avignon et Nice ainsi qu’aux Chorégies d’Orange, à la Cité de la Musique (Paris) et à l’Opéra Royal de Versailles. Appréciée pour l’étendue et l’éclectisme de son répertoire, elle interprète aussi bien les héroïnes mozartiennes (Suzanna, Ilia, Servilia, Donna Anna et Electra) que Micaëla (Carmen de Bizet), Musetta (La Bohème de Puccini), La Voix humaine (Poulenc)... Elle se passionne pour la musique baroque et fonde en 2006, avec Sébastien d’Hérin, Les Nouveaux Caractères, ensemble de musique ancienne pour lequel elle signe plusieurs mises en scène. Elle collabore également avec La Grande écurie et La Chambre du Roi (Jean-Claude Malgloire) et le Concert Spirituel (Hervé Niquet). Caroline Champy Tursun Dorothée Mezzo-Soprano Elle obtient un 1er Prix de Chant au CNR de Toulouse en 2003 puis travaille avec Jane Berbié. La même année elle suit une formation de théâtre musical au Théâtre National de Toulouse et travaille sous la direction de J. Nichet. Elle a chanté le rôle-titre dans Orfeo ed Euridice de C. W. Gluck au festival de Sylvanès, Bradamante (Alcina) de G. F. Haendel, dirigée par M.Gester... Elle prête sa voix au cinéma et au théâtre et vient de sortir un disque pour enfants chez Didier Jeunesse : M. Offenbach à la fête. Elle travaille actuellement avec Rié Hamada. Florent Mathevet Piano Florent Mathevet suit un enseignement musicale complet au conservatoire de Saint-Étienne. Il y obtient plusieurs médailles d’or puis un Prix de perfectionnement dans sa discipline instrumentale, le piano. De nombreuses collaborations dans le domaine lyrique vont le pousser à compléter sa formation au conservatoire de Lyon où il se distingue par un nouveau Prix de perfectionnement en accompagnement piano. Répétiteur permanent à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, chef de diverses formations du bassin stéphanois, il est régulièrement invité en tant que chef de chant ou chef de chœur sur de nombreuses productions. Il a pu ainsi travailler avec des personnalités musicales comme Leonard Slatkin et l’Orchestre National de Lyon, Stefan Bevier et le Philarmonia Chorus de Londres, ou la Choral Arts Society de Washington. 45 Quatuor Inédits Constitué en septembre 2005, cette jeune formation au passé déjà fort glorieux vogue au gré de ses envies , de ses plaisirs, de ses amis et de ses rencontres musicales. Marcel Azzola, Sylvain Kassap, Hélène Labarrière, Gustavo Beytelmann se produisent le plus souvent possible avec ce quatuor de saxophones plein d’énergie et d’inspiration que l’Espagne, la Slovénie et bientôt beaucoup d’autres ont failli garder à tout jamais. Un répertoire d’aujourd’hui, créations de Sylvain Kassap et Gustavo Beytelmann, des valses musettes éternelles, des petits diamants de la musique populaire argentine et colombienne, Erik Satie, Jacques Tati, Michel Legrand, les arabesques de Marcel, les arrangements pétillants de Philippe, des couleurs, de la puissance. Les concerts du quatuors procurent des moments de plaisir et de bonheurs musicaux. Catherine Hunold Anahita Soprano 46 Elle commence ses études vocales auprès de Mady Mesplé et obtient un Premier Prix à l’unanimité du jury au CNR de Saint-Maur ainsi qu'une Licence de Musicologie (Paris-VIII). Elle se perfectionne auprès du Roy Hart Théâtre et intègre le StudiOpéra de Paris, où elle interprète Micaela et Frasquita (Carmen), Madame Lidoine (Les Dialogues des Carmélites), etc. Elle est lauréate de plusieurs Concours Internationaux : finaliste du concours des voix wagnériennes 2006 (Venise), remporte le 1er Prix à l’unanimité du jury au Concours Européen de chant lyrique d’Arles, obtient la Médaille d’Or du Concours International des Jeunes Solistes au Luxembourg ainsi que le Prix de la SACEM 2002... Plus récemment, elle chante le rôle-titre de Françoise de Rimini d’Ambroise Thomas (Opéra de Metz), le Requiem de Verdi (Rotterdam), les ballades La Malédiction du Chanteur et Le Pâtre et la Fille du Roi de Schumann (Cité de la Musique). Cette saison elle fera sa prise de rôle de Brünnhilde dans Die Walküre à l’Opéra de Rennes. Parmi ses projets, citons encore Madame Lidoine dans Dialogues des Carmélites à Angers-Nantes Opéra, etc. Kate Aldrich Varedha Mezzo-Soprano L’Américaine Kate Aldrich fait ses débuts à l’Arène de Vérone Opéra en 2000 en tant que Preziosilla (La Forza del Destino) et a depuis joué des rôles allant de Nerone (L’Incoronazione di Poppea) au Théâtre de Liceu, à Rosina (Il Barbiere di Siviglia) à la Scala de Milan, au Teatro Sao Carlos de Lisbonne ; ou encore Charlotte (Werther) à l’Opéra de Lyon. Elle a été désignée par le San Fransisco Sentinel « la Carmen de sa génération » et ses interprétations du rôle au Metropolitain Opéra, à l'Opéra de Munich, au New York City Opera et dans bien d'autres théâtres à travers le monde ont emporté l'enthousiasme du public et de la critique. En France, Kate Alrdich a été remarquée à plusieurs reprises pour la qualité de ses interprétations à l'Opéra de Marseille, de Montpellier, de Lyon ou de Paris. On a par exemple pu l'entendre dans la production des Contes d'Hoffmann à l'Opéra Bastille en septembre 2012 et prochainement dans Norma de Bellini au Metropolitain Opera. Luca Lombardo Zarâstra Ténor Originaire de Marseille, il remporte plusieurs concours internationaux de chant : Caruso de Milan, Prix Georges Thill, Concours des Voix d'Or et le Concours Viñas de Barcelone. Il fait ses débuts en 1989 dans le rôle de Gabriele Adorno (Simone Boccanegra) à l'Opéra des Flandres avec José Van Dam dans le rôle-titre. Il chante ensuite Turiddu dans Cavalleria Rusticana à l’Opéra de Sydney et à Melbourne. Il chante sur les plus grandes scènes internationales tant en France, en Europe que dans le reste du monde et participe à de nombreuses productions telles Otello, Werther, Les Contes d'Hoffmann, Tosca, La Traviata, Roméo et Juliette, Faust, Der Fliegende Holländer, La Vestale, Carmen, Les Pêcheurs de perles, Manon, La Bohème, Le Roi d'Ys, Le Roi de Lahore, Hérodiade, La Damnation de Faust, Il Trovatore, Sapho, Madama Butterfly, Giovanna d’Arco, Salomé (version française), La Veuve Joyeuse… Cette saison, il est Don José (Carmen) puis Spakos (Cléopâtre de Massenet) à Marseille, Torquemada dans L’Heure Espagnole de Ravel à Lyon et Paris avec Léonard Slatkine, Hoffmann à Hong Kong, Faust (La Damnation de Faust) en Suisse. Parmi ses projets citons encore Guillot dans Manon au Capitole de Toulouse, Schmidt (Werther), Bruno (I Puritani) et Le Cid à l’Opéra national de Paris, Don José à La Fenice de Venise, etc. Jean-François Lapointe Amrou Baryton Originaire du Canada, Jean-François Lapointe obtient une maîtrise en interprétation à l’Université Laval de Québec. Titulaire de nombreux Prix, dont trois au prestigieux Concours International de Chant de Paris, il s’est imposé sur les scènes lyriques internationales dans le répertoire français. Il remporte un grand succès personnel dans le rôle-titre de Hamlet au Royal Danish Opera de Copenhague. Il a également chanté à l’Opéra de Monte-Carlo dans Carmen et La Dame de Pique (le rôle-titre), à l’Opéra de Marseille dans Ariadne auf Naxos (Arlekin), à l’Opéra Comique dans Le Barbier de Séville (Figaro) et Fortunio (Landry)... 47 Marcel Vanaud Le Roi d’Iran Baryton 48 Après avoir obtenu un Premier Prix de Chant et d’Art Lyrique au Conservatoire de Bruxelles, Marcel Vanaud entre au Conservatoire de Liège et est engagé dans la troupe de l’Opéra royal de Wallonie dans le rôle d'Orfeo (Orfeo ed Euridice de Gluck). Il y interprète Papageno (Die Zauberflöte), Ourrias (Mireille), Escamillo (Carmen) et Lescaut (Manon Lescaut). Plus tard, il se produit au Théatre Royal de la Monnaie dans Le Nozze di Figaro, La Bohème, Don Giovanni et Così fan tutte. Son répertoire comprend les grands rôles de baryton français et verdien tels que ceux de Un Ballo in Maschera et Otello à Lyon, Don Carlo, Stiffelio au Staatsoper de Vienne, Rigoletto à Saint-étienne, Plus récemment il chante La Traviata à Rouen dans le rôle de Giorgio Germont. Marcel Vanaud a enregistré Stiffelio (Stankar) et un CD des grands airs de Verdi en 1995 avec l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie, Hérodiade avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson, auprès de Thomas Hampson et José Van Dam ainsi que des grands airs de l'Opéra Français sous la direction de Roger Rossel (Lygia Digital). Marcel Vanaud est également professeur de chant au Conservatoire Royal de Bruxelles. Julien Dran Prisonnier Touranien / Chef Iranien Ténor Julien Dran est né en 1983 à Bordeaux. Il débute très tôt en juin 2005, en chantant « le Cygne » (Carmina Burana de Carl Orff), rôle qu’il reprend en février 2006. En mars 2007, il est engagé par l’Ensemble Orchestral de Tarbes pour interpréter la Messa in Tempora Belli de Joseph Haydn. En 2007, il se présente au concours d’entrée du CNIPAL de Marseille où il est pensionnaire pour la saison 20072008. Il joue ensuite plusieurs rôles à l’Opéra de Marseille : le serviteur d’Amelia (Un Ballo in Maschera), il messagero (Aïda), Edmondo (Manon Lescaut)... Lors de la saison 2011-2012, il se produit notamment dans Dialogues des Carmélites à l’Opéra de Massy, et dans La Traviata à Limoges et Reims. Florian Sempey Chef Touranien / Hérault Baryton Florian Sempey débute ses études musicales avec l'apprentissage du piano puis vient au chant en entrant au conservatoire de Libourne. En 2007, il intègre le Conservatoire National de Bordeaux. Il remporte l'année suivante le Premier Prix Opéra ainsi que le Prix du public du concours de chant des amis du Grand Théatre Opéra National de Bordeaux. Il fait ses débuts sur la scène de l'Opéra de Bordeaux en janvier 2010 dans le rôle de Papageno (mise en scène de Laura Scozzi ; direction de Darell Ang). En 2011-2012, le jeune baryton Florian Sempey sera fréquemment sur les scènes de l'Opéra de Paris dans le cadre de l'Atelier Lyrique : en particulier, il est Marullo dans le Rigoletto mis en scène par Jérôme Savary à l'Opéra Bastille, et Nardo dans la Finta Giardinera à la MC93 de Bobigny. à l'Opéra de Bordeaux, il est Yamadori dans Madame Butterfly et chante dans Carmina Burana en tant que soliste ; il est également de retour au Festival des Nuits Lyriques de Sanxay pour La Traviata où il interprète le baron Duphol. En juin 2012, il remporte le prix Carpeaux de l'Opéra National de Paris. 49 Maria Alejandres Soprano Née à Mexico City, Maria Alejandres étudie le piano et le violon dès l’âge de trois ans. Elle fait ses débuts en Europe avec un récital au Classic Young Stars International Festival de Berlin en octobre 2008 et à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne dans le rôle de Juliette (Roméo et Juliette) en 2009. Récemment, Maria Alejandres chante au Royal Opera House de Covent Garden dans le rôle de Juliette, sous la direction de Daniel Oren. Elle a aussi interprété ce rôle au Teatro Filarmonico de Vérone et chanté Gilda (Rigoletto) au Teatro Regio de Parme et au Teatro di Napoli. Marc Laho Ténor 50 Né en Belgique, Marc Laho fait ses débuts à l’Opéra de Monte-Carlo dans Thérèse de Massenet. En 1992, il est finaliste du Concours Luciano Pavarotti à Philadelphie. Depuis, il interprète de nombreux rôles, tels qu'Arturo (I Puritani de Bellini) à l’Opéra d’Avignon, le rôle-titre du Comte Ory de Rossini ainsi que celui de Gustave III d’Auber sur de nombreuses scènes européennes. Il incarne son premier Hoffmann à l’opéra de Genève dans une mise en scène d’Olivier Py puis il confirme son interprétation dans la mise en scène de Nicolas Joël au Théâtre Reggio de Turin. En 2009, on a pu l’entendre dans le Requiem de Berlioz au Festival de Saint-Denis sous la Direction de Sir Colin Davis, ainsi qu’au Théâtre des Champs-élysées dans Lélio de Berlioz sous la direction de Riccardo Muti. Il chante Vincent (Mireille) au Grand Théâtre de Tours, Des Grieux (Manon) de Massenet à l’opéra de Nantes et Angers. Parmi ses enregistrements : Lucia de Lammermoor (EMI), Le comte Ory de Rossini (production de Glyndebourne, RCA vidéo), Les Contes d’Hoffmann (production de Genève Bel air médias DVD)... Ingrid Perruche Soprano Après une licence de lettres modernes, Ingrid Perruche intègre la classe de Glenn Chambers au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon. Son Premier Prix obtenu, elle se perfectionne au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. En mars 2008, elle est invitée à chanter Agathe (Véronique d’André Messager) au théâtre du Châtelet (mise en scène Fanny Ardant, direction Jean-Christophe Spinozi). La musique de chambre et plus particulièrement la mélodie française et le lied occupent une place importante dans sa vie. En 2011-2012, après avoir rejoint l’équipe de William Christie dans la production d’Atys de Lully à New-York, elle interprète le rôle de Denise dans l’opérette Dédé de H. Christiné à Tours puis reprend le rôle d’Eurydice dans Orphée et Eurydice de Gluck à Saint-étienne. Ingrid Perruche a remporté plusieurs prix dont le prix Albert Roussel au Concours international de Marmande et est nommée « Révélation artiste lyrique de l’année » aux Victoires de la Musique 2005. Lionel Lhote Baryton Issu d’une famille de chanteurs, Lionel Lhote commence ses études musicales à l’Académie de Musique de La Bouverie-Frameries, où il entreprend sa formation de baryton dans la classe de son père. En 1996, il obtient un Premier Prix de Chant ‘’Opéra’’, et, en juin 1997, un Premier Prix d’Art Lyrique. Il terminera ses études de chant au Conservatoire Royal de Bruxelles en obtenant un Premier Prix de Chant ‘’Concert’’ et un Diplôme Supérieur de Chant ‘’Opéra’’ avec la plus grande distinction. Il débute sa carrière à l’Opéra de Liège dans Les Contes d’Hoffmann et Don Carlo. Lionel Lhote est finaliste de l’audition 2005 du Centre de Promotion Lyrique (Studio de la Bastille à Paris), et lauréat du Concours International Reine Elisabeth 2004, qui lui décerne en plus de son Prix, le Prix du Public. Baryton d’opéra, il affectionne particulièrement les œuvres mozartiennes, tout en gardant une attirance très spontanée pour les répertoires français et italien. 51 Nathalie Manfrino Soprano 52 Nathalie Manfrino a été élue « Révélation de l’année, Artistes Lyriques » aux Victoires de la Musique Classique 2006. Elle a signé un contrat d'exclusivité avec Universal music, et enregistre sous le label DECCA. French heroines est son premier disque solo, lequel a reçu un « Orphée d'Or » par l'académie du disque. Après sa formation à l’École Normale de Musique de Paris, Nathalie Manfrino remporte de nombreux Prix de Concours Internationaux. Très rapidement remarquée, elle fait ses débuts scéniques en 2001 dans le rôle de Mélisande à l’Opéra de Marseille. Depuis elle a interprété les rôles de Constance (Dialogues des Carmélites), Sophie (Werther), Violetta (La Traviata), Manon (Manon), Thaïs (Thaïs), Gilda (Rigoletto)... Elle donne des séries de concerts, notamment avec Rolando Villazón et Roberto Alagna, et collabore avec Michel Plasson, Sir Colin Davis, Placido Domingo, Mikhail Pletnev... Markus Werba Baryton Baryton autrichien, Markus Werba étudie le chant dès l’âge de seize ans, intègre le Conservatoire de Klagenfurt puis l’Académie de Musique et d’Arts du Spectacle de Vienne auprès de Walter Berry en 1992. Dès 1998, il est membre du Volksoper de Vienne et y interprète, notamment, le Docteur Falke (La Chauve-Souris), Dandini (La Cenerentola), Pappacoda (Une Nuit à Venise), Lieutenant Montschi (Rêve de valse) ainsi que le Comte Almaviva (Les Noces de Figaro), Bohus (Le Jacobin de Dvorák) ou encore Olivier (Capriccio). Il interprète le rôle de Papageno (La Flûte enchantée) de nombreuses fois sur les scènes françaises et internationales. Après avoir participé à de nombreux concours, il débute sur scène en 1995 dans Teorema de Giorgio Batistelli et Edouard II de G. Jenisch, puis il interprète le rôle-titre de Don Giovanni à Schönbrunn, Papageno au Festival Mozart de Vienne et à l'Opéra de Zurich, et Guglielmo (Così fan tutte) à Milan dans la production de Giorgio Strehler. Arièle Butaux Narration Après des études musicales, des études purement gratuites de hongrois et un Prix d’Histoire de la Musique au CNSMD de Paris, Arièle Butaux entre comme journaliste à Diapason puis au Monde de la Musique avant de rejoindre les colonnes de Paris Match, l’Avant-Scène Opéra et Elle. Elle intègre France Musique en 1989 et anime successivement Certains l’aiment tôt, 6 ½, et crée en 1992 avec François Castang Les Démons de midi, émission publique de musique vivante. De septembre 1994 à juin 1995, elle anime Pour le plaisir. En 1993, Arièle Butaux est choisie par Alain Duault pour représenter la musique dans le magazine Entr’Actes sur France 3. En 1997, après deux ans de silence radio consacrés à la télévision et à l’écriture de deux romans et de pièces de théâtre, elle revient à France Musique pour animer deux émissions publiques Tea for two et Sur un plateau. En 2000 et 2001, elle anime sur France Inter l’émission estivale Mi fugue et raison. En 2001, elle publie La Vestale puis Les Fleurs de l'âge (2003) et La Samouraï (2004). En 2005 puis 2006 paraissent Connard ! puis Morue !, deux romans-nouvelles qui connaissent un grand succès public. Son roman Violon amer est paru en 2009. Arièle Butaux écrit aussi pour le théâtre. C'est en mars 2013 que paraîtra son prochain roman. 53 Laurent Campellone Directeur musical 54 Après des études de violon, de tuba, de percussions et de chant, Laurent Campellone, par ailleurs diplômé de philosophie, étudie la direction d’orchestre au Conservatoire Frédéric Chopin de Paris. À 23 ans, il devient assistant du Directeur musical de l’Opéra de Toulon puis complète sa formation auprès de Christoph Eschenbach. En 2001, il remporte à l’unanimité le Premier Prix du 8e Concours international des jeunes chefs d’orchestre de la Communauté Européenne à Spoleto (Italie), en association avec l’Académie Sainte-Cécile et l’Opéra de Rome. En 2004, Laurent Campellone est nommé Directeur musical de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne et de l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire, où il a lancé une politique de redécouverte du répertoire lyrique français du xixe siècle. Régulièrement invité par les plus grandes maisons lyriques internationales, Laurent Campellone se produit également à la tête d’orchestres prestigieux tels que l’Orchestre National du Brésil, le New Russia State Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Dublin, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse... Depuis septembre 2009, il est Chef principal invité de l’Opéra National de Sofia. En janvier 2012, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Laurent Touche Chef d'orchestre / Chef de chœur / Piano Chef du Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire, Laurent Touche est régulièrement invité dans de nombreuses institutions musicales pour son travail sur la musique française en France et à l’étranger. Il poursuit parallèlement ses activités de pianiste accompagnateur et de chef d’orchestre. Il débute sa formation musicale au CNR de Saint-Étienne d'où il sort diplômé des classes de piano, hautbois, musique de chambre, écriture, solfège et analyse. Licencié en musicologie, il étudie ensuite l’accompagnement au CNR puis au CNSMD de Lyon. Il enseigne à la Maîtrise de la Loire et à l’Université de Saint-Étienne. Une longue collaboration avec l'Opéra Théâtre de Saint-étienne le conduit successivement aux fonctions de chef de chant, chef de chœur et chef assistant. Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire Créé en 1987, l’Orchestre Symphonique SaintÉtienne Loire (OSSEL) a su s’élever au rang des grands orchestres français. La critique, toujours attentive aux évolutions des institutions musicales, salue de façon enthousiaste cette phalange, considérant désormais que la Ville de Saint-Étienne possède un très bel instrument, capable de servir tant les grandes oeuvres du répertoire que la création contemporaine. En 2004 Laurent Campellone devient Directeur musical de l’orchestre et instaure une véritable complicité avec ses musiciens ; il entreprend un travail en profondeur sur la qualité artistique de cet ensemble, permettant d’engager l’OSSEL dans une nouvelle phase de développement. À Saint-Étienne et dans la Loire, l’OSSEL est un acteur culturel incontournable qui accomplit une mission essentielle d’éducation et de diffusion du répertoire symphonique et lyrique. Sur le plan national enfin, l’OSSEL a su acquérir une solide réputation, en particulier dans le répertoire romantique français. En septembre 2010, le Conseil général de la Loire confirme son attachement à l’Orchestre en signant avec la Ville de Saint-Étienne une convention visant notamment à développer l’action artistique et pédagogique sur l’ensemble du département. Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire Placé sous la responsabilité musicale de Laurent Touche, le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire constitue aujourd’hui un outil de niveau professionnel incontestable grâce à la rigueur apportée au recrutement de chacun des artistes, tous susceptibles, outre leur travail collectif, d’assurer des prestations individuelles de qualité. L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est désormais reconnu comme l’un des acteurs incontournables de la vie lyrique française. Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire est placé sous la responsabilité musicale de Laurent Touche. Le Conseil général de la Loire a signé en septembre 2010 une convention afin de soutenir l’activité du Chœur. 55 orchestre symphonique saint-étienne loire Violons I Flûtes Timbales Lyonel Schmit soliste Françoise Chignec soliste Élisabeth Gaudard Isabelle Reynaud Agnès Pereira Tigran Toumanian Virginie Fioriti Louis-Jean Perreau Denis Forchard soliste Gilles Bauer Philippe Boisson soliste Hautbois Sébastien Giebler soliste Mylène Coïmbra Nicolas Allemand soliste François-Xavier Plancqueel Patrick Gagne Clarinettes Harpe Bernard Gaviot-Blanc soliste André Guillaume Roberta Inglese soliste Violons II 56 François Vuilleumier soliste Alain Meunier Solange Becqueriaux Marie-Noëlle Villard Christophe Gerboud Françoise Guiriec Altos Anita Blandeau soliste Anne Perreau Marc Rousselet Geneviève Rigot Fabienne Grosset Violoncelles Florence Auclin soliste Joël Schatzman Marianne Pey Louis Bonnard Contrebasses Jérôme Bertrand soliste Daniel Romero Marie Allemand Bassons Pierre-Michel Rivoire soliste Charles Villard Cors Frédéric Hechler soliste Serge Badol Thierry Gaillard Philippe Constant Trompettes Didier Martin soliste Jérôme Prince Trombones Nicolas Vazquez soliste Gilbert Bonnet Joël Castaingts Percussions ChŒur lyrique saint-étienne loire Sopranos I Ténors I Claire Babel Catherine Bernardini Roselyne Giraud Amélie Grillon Yu-Ling Huang Claire Marbot Elsa Vacquin Annick Vivares François Bescobo Jean-Marie Bourdiol Alain Brumeau Olivier Clairet Robert Courtasson Pierre Driguez Patrick Jeanne Philippe Noncle Frédéric Sabard Sopranos II Brigitte Chosson Ghezlane Hanzazi Geneviève Kostaki Patricia Palamara Véronique Richard Mezzos Marie-Hélène Beignet Françoise Cabanac Brigitte Chosson Catherine Hureau Geneviève Laloy Judith Lorach Sophie Poulain Altos Anne Bescobo Stéphanie Boré Pascale Chareyre Isabelle Ruban Anne Soulié Ténors II Emmanuel Adnet Éric Chorier Gregory Joris Terence Newcombe Éric Soufflet Alessandro Tarchi Barytons Christophe Bernard Zoltan Csekö Frédéric Foggieri Frédéric Garcia-Fogel Daniel Marinelli Frédérik Prévault Christophe Rossetti Dominique Trouve Basses Denis Boirayon Pascal Guillot Orfey Ivanov Alexandre Pechkov David Robbe 57 m co e. et nf se tre es w w .o rc h w .fr ke w w. fa w 58 www.lalettredumusicien.fr 16 > 25 20 12 on iti éd e èm br e m ve 5 no L'opéra de Massenet Cette exposition est un hommage rendu à Massenet à travers l'une des plus riches collections après celle de la Bibliothèque de l’Opéra de Paris : manuscrits de ses œuvres, correspondances, affiches originales... L’exposition est également un clin d'œil aux productions de Massenet proposées au public de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne depuis les années 1970. À l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne en partenariat avec la Médiathèque de Saint-Étienne. Du 20 octobre au 7 décembre / Du lundi au vendredi de 12h à 19h Entrée Libre Massenet aujourd’hui : héritage et postérité Le colloque international, qui réunira une quinzaine de chercheurs de plusieurs pays, sera donc consacré entièrement à Massenet, mais vu dans la perspective du souvenir qu’il a laissé, notamment à ses élèves ; de la nature de son influence sur des compositeurs aussi variés que Debussy et Messiaen, sans oublier les musiciens d’aujourd’hui ; de la fortune théâtrale de ses ouvrages, tant du point de vue des directeurs de théâtre que de celui des metteurs en scène ; enfin de l’histoire de l’interprétation de Massenet depuis un siècle. Organisé par l'Université Jean Monnet – Faculté Arts, Lettres, Langues Département de musicologie – CIEREC (Équipe d’accueil n° 3068) Comité scientifique Jean-Christophe Branger (Université Jean Monnet) Vincent Giroud (Université de Franche-Comté) Steven Huebner (McGill University) Clair Rowden (Cardiff University) Lesley Wright (University of Hawai‘i at Manoa) Opéra Théâtre de Saint-Étienne Jeudi 25 et vendredi 26 octobre 2012 Centre de Musique Française Entrée libre - Programme complet sur www.operatheatredesaintetienne.fr 59 Concerts, visites guidées... Le saxophone au temps de Massenet Quatuor Inédits Conservatoire de Saint-étienne Jeudi 1er novembre 18h Entrée libre Récital Massenet : orgue et voix Jean-Luc Perrot / Catherine Séon Église Saint Jean-Baptiste de Montaud Mardi 13 novembre 20h Entrée libre 60 Autour de Narcis et Biblis, cantates de Massenet Chœur des jeunes musicologues de l’Université Jean Monnet Auditorium de la Maison de l'Université Vendredi 23 novembre 20h Entrée libre Les contemporains de Massenet Ensemble vocal Renaissance de Montbrison église Saint-Roch Samedi 24 novembre 16h Réservation au 06 77 88 53 78 / tarif réduit sur présentation d’un billet de la Biennale Massenet Visites guidées Visites commentées par un guide conférencier Ville d'art et d'histoire. Le service Saint-étienne Ville d'art et d'histoire propose, d'octobre à décembre, plusieurs visites guidées autour de Massenet, dans le cadre de la Biennale. Renseignements : 04 77 48 76 12 "la Mort de jules massenet" « Quand la patine grise du temps aura recouvert le trophée immense que le grand disparu a élevé ; quand cette cendre charmante que versent les ans, aura effacé les imprécisions, quand le départ aura été fait entre ce qui fut un ouvrage hâtivement réalisé et une œuvre durable et lumineuse comme une Manon et un Werther, Massenet prendra sa place parmi “les grands”; c'est de ses mains que la jeune école française recueillera le flambeau. » Xavier Leroux - Musica - Septembre 1912 Samedi 10 novembre à 17h30 Grand Théâtre Massenet Venez assister à l’enregistrement en public de l'émission d'Arièle Butaux, "Un Mardi idéal" ! Entrée libre. Billets à retirer à l’accueil billetterie de l’Opéra Théâtre. Locations / réservations du lundi au vendredi de 12h à 19h 04 77 47 83 40 [email protected] Conception graphique : Et d’eau fraîche / Opéra Théâtre de Saint-Étienne Réalisation : Opéra Théâtre de Saint-Étienne - Licences n°1028383-1028384-1028385 Opéra Théâtre de Saint-étienne Jardin des Plantes – BP 237 42013 Saint-étienne cedex 2 www.operatheatredesaintetienne.fr