La Gruyere Online

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Mode
La Gruyère No 105 / Jeudi 12 septembre 2013 / www.lagruyere.ch
Art de vivre et
belles dentelles
TENDANCE. La lingerie
glamour ou coquine
se porte désormais par
toutes et sans tabou.
L’exemple avec deux
boutiques spécialisées
à Bulle.
KARINE ALLEMANN
«La seule limite, c’est la vulgarité. C’est une frontière avec
laquelle on peut jouer, mais on
ne doit jamais la dépasser.»
Avec sa maman Sylvie, Kristina
Piazza a ouvert la boutique Le
Boudoir, à Bulle, en février
2012. Auparavant, cette spécialiste du sous-vêtement a travaillé dans un magasin spécialisé à Lausanne, puis en tant
que représentante. Avant de se
lancer à son compte.
«C’est moi qui ai transmis
cette passion à ma maman,
sourit la Brocoise de 28 ans. J’ai
toujours eu en tête que, le jour
où j’ouvrais une boutique, ce
serait à Bulle. Parce que la
clientèle est conviviale. Et les
dames de la région aiment pouvoir rester ici pour faire leurs
achats.» Des achats un brin particuliers, puisqu’il s’agit de lingerie. «Ce qu’il y a de bien, à
Bulle, c’est que les trois magasins spécialisés sont complémentaires. Si nous n’avons pas
ce que recherche une cliente,
c’est très volontiers que nous
appelons Rouge-Gorge (lire cidessous) ou Clin d’œil, pour l’aiguiller.»
Reste que la boutique de
Kristina Piazza se démarque de
la parure traditionnelle. «Nous
sommes plutôt dans le glamour,
le froufrou et le burlesque. La
tendance est au dessus/dessous.» Après tout, pourquoi cacher ce qui est beau? «On peut
porter un corset avec un jean et
un blazer, un serre-taille sur un
chemisier ou un soutien-gorge,
dont la bretelle sera très travaillée, sous une blouse transparente», propose la jeune femme.
L’une de ses marques favorites est Chantal Thomas, pour
laquelle il faut compter entre
149 et 269 francs pour un soutien-gorge. «Mettre de l’argent
pour ce genre de produits, c’est
un choix, note Kristina Piazza. A
titre personnel, quand je m’offre
une parure Chantal Thomas, je
me dis que c’est la même démarche que lorsque je m’offre
un bijou.»
Et de poursuivre: «Nous proposons aussi la marque Simone
Pérèle, dont les prix varient
de 129 à 159 francs, ainsi que
Implicite, qui appartient à la
même maison. Mais les prix
sont plus abordables, avec des
modèles à moins de 100 francs.
On reste dans l’atypique et la
qualité, sans que ce soit hors
de prix.» La boutique propose
aussi quelques marques moins
onéreuses, «avec une entrée de
gamme à 59 francs».
Avant, ces
“
clientes-là
devaient se
contenter de
modèles très
classiques.
Ce qui était très
injuste.
”
KRISTINA PIAZZA
Mais, la marque phare, c’est
Empreinte, spécialiste des
«poitrines généreuses». «On y
trouve de très jolies choses,
même jusqu’aux tailles HH,
voire plus grandes. Avant, ces
clientes-là devaient se conten-
ter de modèles très classiques,
noirs, blancs, ou chair. Ce qui
était très injuste. Aujourd’hui,
elles peuvent opter pour
quelque chose de plus raffiné,
mais pensé pour le confort de
la cliente. Nous avons aussi des
modèles de bonnet A. Là aussi,
les clientes ont souvent de
la peine à trouver du choix.»
Les prix se situent entre 129 et
169 francs.
La fin du string
Quid des bas, string ou
panty? «Le string va gentiment
disparaître, enfin! sourit la propriétaire. Les marques vont
continuer de proposer un modèle. Mais, maintenant, ce qui
se fait davantage, c’est le brésilien ou le shorty-string, qui met
en valeur les fesses, sans les
écraser comme un panty. Les
femmes, comme les hommes
d’ailleurs, préfèrent voir de la
dentelle qu’un petit bout de ficelle. Et puis, comme il y a eu
l’effet push-up des soutiensgorge, la mode, maintenant, est
de galber les fesses.»
Les messieurs justement.
Sont-ils eux aussi de bons
clients? «Ils s’y connaissent de
plus en plus, expose Kristina
Piazza. En 2005, quand je travaillais à Lausanne, j’en voyais
qui me montraient la taille de
leur compagne avec la forme
de leur main… Aujourd’hui, ils
sont très au fait des goûts et de
la taille de leur épouse. La lingerie est destinée en premier
lieu aux femmes. Mais, pour
eux, c’est un cadeau en option
(rires).» ■
Des corsets sur mesure
Autre originalité du Boudoir, les corsets faits sur mesure. «On travaille avec un corsetier de Berlin, dont la marque est Revanche de la
femme, explique Kristina Piazza. Je trouve cela très joli. Aujourd’hui,
ces pièces permettent de s’asseoir, de respirer et… de manger. Ce qui
n’était pas le cas quand ils ont été inventés.» Les pièces sont uniques,
selon les mensurations et les goûts de la cliente. «On peut faire de la
taille 32 à 56. Quant au prix, il varie beaucoup en fonction des matières choisies. Cela peut aller de 260 à 1000 francs.»
Le corset, comme la taille haute pour les culottes, fait un retour en
force depuis quelques années et la remise aux goûts du jour du burlesque des années 1950. Sans oublier l’iconographie pin-up et rockabilly. «On les voyait depuis cinq ans dans les salons. Mais cela ne fait
pas aussi longtemps qu’ils se portent désormais sans tabou.» KA
Dans leur Boudoir, Sylvie et Kristina Piazza (en bas à dr.) proposent des modèles chics et glamour à une clientèle
très variée. La mode est au dessus/dessous, comme pour les corsets, que l’on porte sous un blazer. CHLOÉ LAMBERT
Le coquin, en cinquante nuances de Rouge…Gorge
LINGERIE. Rouge-Gorge est la boutique historique de Bulle créée dans les
années 1970, où les femmes viennent de
génération en génération. Souvent avec
leur maman, la première fois. Après dixhuit ans à sa tête, la deuxième propriétaire Denise Tornare a remis les clés de
la boutique à ses deux filles Fanny Burch
Mélinda Lorenzo, Fanny Burch et Anne Berger ont donné un nouveau souffle à l’enseigne.
et Mélinda Lorenzo, associées à leur
amie styliste Anne Berger. Si les trois
trentenaires comptent bien garder leur
fidèle et ancienne clientèle, elles veulent
aussi dépoussiérer l’enseigne, avec des
modèles plus sexy ou coquins.
«Nous gardons nos valeurs sûres et
nos classiques comme Aubade, Chantelle ou Marie-Jo, explique Fanny Burch.
Mais Rouge-Gorge avait l’image d’une
clientèle âgée, qui avait des moyens
(n.d.l.r.: entre 109 et 169 francs le soutien-gorge de ces marques-là). Désormais, nous avons augmenté l’offre pour
les plus jeunes, avec une gamme de
prix moins onéreuse. Tout en gardant
la qualité de la lingerie spécialisée. Par
exemple, on va recevoir toute une collection Princesse Tam Tam, avec des
imprimés superchou.»
Et puis, les jeunes femmes l’ont remarqué, il peut arriver que la «littérature» change le monde. C’est le cas
avec la trilogie érotique Cinquante
nuances de Grey. «Beaucoup de femmes
ont lu ces romans et nous demandent
des articles plus sexy, poursuit Fanny
Burch. Elles ont envie de plaire à leurs
maris, avec de la belle dentelle et de la
transparence.» Pour la Saint-Valentin,
et peut-être déjà pour Noël, la boutique
proposera une Boîte à désirs, de chez
Aubade. «Avec un petit bout de satin
que l’on peut utiliser comme portejarretelle, lien de serrage ou bandeau
pour les yeux. C’est joli, coquin, mais
pas vulgaire.»
Si la boutique veut rajeunir, elle
n’oublie pas pour autant les femmes
plus complexées. «Parfois, les dames
nous disent qu’avec l’âge cela devient
toujours plus difficile de se regarder
nue dans un miroir. Alors nous avons
créé un petit cocon pour elles, pour
qu’elles se sentent bien. Et, si elles
viennent avec leur époux, nous lui of-
frons un café pendant qu’elles essaient
des modèles (rires). Nous avons un
bon contact avec nos clientes. C’est
très touchant, et intime parfois.»
Se sentir femme
Surtout quand certaines sont dans la
détresse, notamment après une grave
maladie. «Par exemple, nous continuons de travailler avec les prothèses,
précise Anne Berger. Pour l’instant,
Denise (Tornare) nous forme à la boutique et nous allons aussi suivre des
cours pour bien conseiller nos clientes.
Quand on trouve un soutien-gorge qui
convient et qu’elles repartent avec le
sourire, c’est beau.»
Et Fanny Burch de conclure: «A tout
âge, et peu importe d’où elle vient, une
femme a besoin de se sentir sexy. Même
si on est seule à savoir qu’on en porte,
une belle lingerie nous fait toujours nous
sentir plus femme.» KA