France-Allemagne
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Novembre 2014 France-Allemagne Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE Résumé L’agriculture et l’agro-industrie sont des secteurs stratégiques pour la France et l’Allemagne, moteurs politiques, économiques et diplomatiques de l’Europe. Les secteurs agricoles et agro-industriels français et allemands présentent beaucoup de points communs : un large socle d’agriculteurs et de terres agricoles qui produisent une grande gamme de produits pour une industrie de transformation forte et variée, afin de répondre, par des voies de distributions concentrées, à la fois à des exportations croissantes et à la demande de nombreux consommateurs. D’un autre côté, il existe certaines différences dans les facteurs de production et la structuration de l’outil de production, certaines en faveur de la France (telles que les coûts du gasoil pour les agriculteurs ou les prix du foncier), et d’autres au bénéfice de l’Allemagne (salaire minimum et cotisations sociales plus faibles, et production de biogaz comme source complémentaire de revenu). Les politiques agricoles en Allemagne apparaissent davantage orientées vers le marché qu’en France, choisissant des soutiens agricoles non pas par type de production mais par unité de surface. Les orientations politiques en France sont différentes, avec des objectifs sociaux et d’aménagement du territoire clairement affichés, par exemple en cherchant à maintenir des producteurs agricoles sur l’ensemble du territoire, même dans les zones les plus pauvres et à faible productivité. 3 16 Cette note a fait l’objet d’articles parus dans la revue DLG-Mitteilungen «Was verbindet, was trennt ?» de septembre 2014 et dans le magazine Agrifuture «Germany-France: Allies and Opposites» de novembre 2014. Sommaire Introduction ................................................................................... 4 Diversité des productions agricoles et agro-alimentaires .. 8 Une industrie orientée vers les exportations ....................... 10 Du hard discount aux indications géographiques ............... 11 Non-alimentaire : industrie des biocarburants .................... 12 Conclusion ................................................................................... 14 saf agr’iDées - novembre 2014 Facteurs de production agricole et agro-alimentaire ........... 5 Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie INTRODUCTION C’est l’alliance politique de la France et de l’Allemagne, à la suite de la seconde guerre mondiale, qui a permis de lancer la construction européenne et d’installer durablement la paix en Europe. Elle est devenue l’une des régions les plus stables au monde, grâce à une consolidation et une expansion politique et économique lui permettant d’atteindre aujourd’hui le nombre de 28 États membres dans l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, les deux pays restent les moteurs politiques, économiques et diplomatiques de l’Europe. Ils appartiennent au groupe des pays les plus riches du monde et ont une forte influence dans les discussions au sein du G8 et du G20. Leur PIB par habitant sont proches et parmi les plus élevés au monde, avec 33 300 euros en Allemagne et 31 300 euros en France, occupant respectivement les 12e et 13e rangs à l’échelle mondiale1. L’agriculture et l’agro-industrie ont joué un rôle essentiel dans le développement économique de chacun des deux pays et sont aujourd’hui des secteurs stratégiques. 4 16 1 Eurostat, National Accounts and GDP, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/National_accounts_and_GDP World Bank, GDP per capita, http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD?order=wbapi_data_value_2013+wbapi_data_ value+wbapi_data_value-last&sort=desc. Facteurs de production agricole La France et l’Allemagne ont une Surface Agricole Utile (SAU)2 importante. La France est l’État membre européen qui concentre la plus grande SAU (16,2 % de la SAU européenne) avec 27,8 millions d’hectares en 2010, tandis que l’Allemagne est au 3e rang pour ce critère, avec 16,7 millions d’hectares, derrière l’Espagne. En 2010, le nombre d’exploitations était de 500 000 en France et 300 000 en Allemagne, en baisse dans les deux pays. Aujourd’hui, on estime à 300 000 le nombre d’exploitants professionnels à plein temps en France. La pluriactivité des agriculteurs est plus répandue en Allemagne (plus de la moitié) qu’en France3 (15 % environ). 2 En Allemagne, les fermes sont généralement plus spécialisées qu’en France. D’un côté, la spécialisation dans un type de production permet de réduire les frais d’investissement et de limiter les coûts de production. D’un autre côté, diversifier les productions sur une exploitation permet de stabiliser les revenus et est généralement considéré comme un filet de sécurité (c’est le cas de la polyculture-élevage, couramment répandue en France). Un avantage significatif pour les producteurs français au détriment des agriculteurs allemands est le moindre coût du diesel dont ils bénéficient grâce à des réductions fiscales. La différence est estimée à 25 centimes par litre4. Eurostat, Farm Structure Statistics, 2010, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Farm_structure_statistics Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, Agriculture, Exploitations agricoles, http://www.insee.fr/fr/themes/ document.asp?ref_id=T13F172#tableaux. 3 http://www.lebimsa.fr/la-pluriactivite-dans-lagriculture-en-2010/. 4 Instituts für Betriebswirtschaft, Thünen-Institut, Braunschweig 2012. 5 16 saf agr’iDées - novembre 2014 FACTEURS DE PRODUCTION AGRICOLE ET AGRO-ALIMENTAIRE Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie PART DES AGRICULTEURS DE PLUS DE 65 ANS (%) EN 2007 (EUROSTAT) : 6 16 Les prix moyens des terres agricoles sont très différents entre les deux pays. Ils sont environ deux fois moins élevés en France qu’en Allemagne (12 000 euros l’hectare)6. Ces moyennes cachent évidemment de grandes disparités dans les deux cas. Notons qu’en Allemagne, le développement des unités de biogaz sur les exploitations agricoles a contribué à augmenter significativement le prix du foncier. D’une manière générale, les chefs d’entreprises agricoles allemands sont plus jeunes que leurs homologues français. Une des raisons réside dans la différence de densité de population entre les deux pays : sans doute les agriculteurs allemands ne se sententils pas aussi isolés géographiquement que certains agriculteurs français, ce qui peut attirer davantage de jeunes. La carte7 ci-contre indique que les 5 agriculteurs de plus de 65 ans ne sont présents en Allemagne que dans les régions de l’est, et à de faibles niveaux, alors qu’ils sont présents à des pourcentages identiques ou supérieurs sur plus de la moitié du territoire français. Salaire minimum et cotisations sociales dans l’industrie agro-alimentaire Un avantage compétitif de l’industrie allemande, et en particulier dans les abattoirs, a souvent été souligné ces dernières années : l’absence de salaire minimum, alors qu’il est en France de 9,53 euros/heure en 2014, réduisant significativement la compétitivité du secteur français de la viande. Cependant, cette situation est en train de changer : au niveau national, un nouveau salaire minimum a été fixé en Allemagne à 8,50 euros/heure à partir du 1er janvier 2015. 7 16 Les travailleurs agricoles saisonniers bénéficient d’un traitement particulier dans les deux pays : ils sont exemptés de charges patronales en France (à l’exception des accidents du travail), ce qui représente un coût budgétaire de 500 millions d’euros ; un salaire minimum CEMA (European Agricultural Machinery), http://www.cema-agri.org/publication/strong-demand-farmers-germany-and-francedrives-agricultural-machinery-sales-europe. 6 CIBUS Farmland Club, Farmland prices, http://cibusfarmlandclub.com/farmland-prices-europe Terre-Net, Prix des terres, tendances en Europe et aux Etats-Unis, 2011, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index. php/File:Share_of_farm_holders_aged_more_than_65_years_(%25),_2007,_EU-27,_NUTS_2.png 7 Eurostat, Agri-environmental sector : Risk of land abandonment, 2013, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index. php/Agri-environmental_indicator_-_risk_of_land_abandonment. saf agr’iDées - novembre 2014 La France et l’Allemagne sont les principaux consommateurs d’équipements agricoles en Europe5, représentant ensemble 44 % des ventes dans l’UE en 2013. Les agriculteurs allemands ont davantage l’habitude de louer leur matériel, alors que les Français en sont plus largement propriétaires. Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie fixé à 7,40 euros/heure en Allemagne et qui sera progressivement relevé à 9,10 euros/heure fin 2017. Dans l’industrie de transformation de la viande, ces montants seront de 7,75 euros/heure en juillet 2014 à 8,75 euros/heure en 2016. Ces niveaux restant sous celui du salaire minimum français, l’Allemagne devrait donc conserver un avantage compétitif sur ce point par rapport à la France. Au-delà du salaire minimum, des différences importantes existent entre les niveaux de cotisations sociales en Allemagne et en France, comme l’indique le tableau ci-dessous8. En France, les employeurs ont un coût réel de l’emploi plus élevé et les salariés une rémunération inférieure à leurs homologues allemands, à salaire brut identique. TABLEAU SIMPLIFIÉ DES COTISATIONS SOCIALES(1) (2) EN % DES SALAIRES(3) France 8 16 Allemagne Salariés Employeurs Salariés Employeurs Maladie/maternité/vieillesse/invalidité/décès 15,8 23,3 17,65 16,75 Chômage 2,4 4,3 1,5 1,5 Dépendance - - 1,025 1,025 Prestations familiales - 5,25 Prises en charge par l’État (1) Taux des régimes de base, les régimes complémentaires ne sont pas pris en compte (ils sont obligatoires en France) ni les coûts de formation professionnelle, la construction et le logement. (2) Accidents du travail : variable selon les entreprises et à la charge des employeurs, en France et en Allemagne. (3) Salaires annuels inférieurs à 37 548 € en France et 53 550 € en Allemagne. DIVERSITE DES PRODUCTIONS AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES Productions agricoles L’Allemagne et la France sont les deux chefs de file de l’UE dans l’agriculture et l’agro-industrie. D’après 8 9 la Commission européenne et Eurostat9, la France était le premier producteur agricole en 2012 avec une valeur de 75,4 milliards d’euros, soit 19 % de la production européenne, l’Allemagne occupant la seconde place avec 53,7 milliards d’euros et 14 % de part de marché. CLEISS (Centre des Liaisons Européennes et Internationales de Sécurité Sociale), CER France. European Union, Directorate-General for Agriculture and Rural Development: Agriculture in the European Union – Statistical and Economic Information Report 2013, December 2013, http://ec.europa.eu/agriculture/statistics/agricultural/2013/pdf/fullreport_en.pdf. FRANCE - COMPOSITION DE LA PRODUCTION AGRICOLE 2012 Volailles et œufs 6% Autres 7 % Céréales 20 % Vins 11 % Autres grandes cultures 17 % ALLEMAGNE - COMPOSITION DE LA PRODUCTION AGRICOLE 2012 Volailles et œufs 5 % Vins 2 % Fruits & légumes 8% Bétail 8 % Fruits & légumes 12 % Lait 11 % Bétail 11 % Porcins 14 % Porcins 5 % Autres 5 % Céréales 17 % Autres grandes cultures 23 % Lait 18 % Source : Commission européenne, Eurostat (Comptes économiques de l’agriculture) Cas particulier de la production de viande de boeuf Les abattages de bovins ont diminué en Allemagne et des économies d’échelle ont été réalisées avec l’agrandissement 10 des outils de transformation : le coût unitaire de la viande de porc a diminué pour s’ajuster à la demande intérieure. De son côté, la France a maintenu son troupeau et sa production de viande de bœuf, malgré une tendance baissière de la consommation comparable à la situation en Allemagne. En France, ce secteur est davantage poussé par la production que tiré par la demande. L’élevage bovin est considéré comme un élément clé d’aménagement du territoire au service de l’objectif politique primordial de maintenir une activité agricole dans les régions à faible productivité (zones de montagne par exemple). C’est la raison pour laquelle des aides directes de la PAC ont été déclinées en France pour soutenir la production bovine. Plusieurs types de soutien ont été mis en place, et en particulier la prime au maintien de la vache allaitante (PMTVA)10. Overview of direct payments in the Member States, 2013, http://ec.europa.eu/agriculture/direct-support/pdf/implementationdirect-payments-012013_en.pdf. 9 16 saf agr’iDées - novembre 2014 Chacun des deux pays a une production agricole animale et végétale diversifiée. Cependant, la priorité est légèrement donnée aux productions animales en Allemagne (51% en 2012) et plus nettement aux productions végétales en France (60 %). Chaque pays a ses propres spécificités : en Allemagne, les productions les plus importantes sont le lait et le porc, et en France, les vins, l’élevage bovin, et les fruits et légumes. Les céréales et autres cultures (principalement les oléagineux) occupent une part importante de la production agricole de chacun des pays (environ 40 %). Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie Industrie agro-alimentaire La France et l’Allemagne sont les pays de l’UE où se trouvent les plus grandes industries agro-alimentaires11 (IAA). En 2012, le chiffre d’affaires des IAA en Allemagne était de 169 milliards d’euros soit 17 % du chiffre d’affaires de ce secteur dans l’ensemble de l’UE, et de 161 milliards d’euros en France (16 %). Cette industrie totalise 555 000 emplois en Allemagne (14 % des emplois des IAA dans l’UE) et 495 000 en France (13 %). UNE INDUSTRIE ORIENTEE VERS LES EXPORTATIONS 10 16 Le secteur des IAA est excédentaire en France, mais déficitaire en Allemagne. Ces dix dernières années, les excédents français (en hausse) et les déficits allemands (en baisse) ont varié entre 7 et 11 milliards d’euros par an12. Depuis 2007, l’Allemagne est devenu le 3e plus grand exportateur mondial de produits agro-alimentaires, après les États-Unis et les Pays-Bas, et devant la France. Les exportations allemandes ont augmenté grâce aux céréales et aux produits céréaliers, aux produits laitiers et 11 à la viande de porc, entraînant une hausse de la production. Tandis que la production de blé augmentait en Allemagne, les importations allemandes en provenance de France ont baissé régulièrement13 et les exportations allemandes de farine de blé vers la France ont presque doublé en dix ans, passant de 60 000 tonnes à 120 000 tonnes environ. La production allemande de porc a progressé pour satisfaire la demande intérieure croissante, mais aussi pour renforcer les exportations, notamment à destination de la Russie (passant de 25 000 tonnes à 95 000 tonnes pendant la dernière décennie) et de la Chine (de 0 à 76 000 tonnes). L’Allemagne est le premier producteur de biodiesel dans l’UE, principalement à partir de graines de colza. Avec le développement de la production de biodiesel sans que la production nationale de colza ne progresse, les importations allemandes de colza en provenance de pays voisins comme la France ont augmenté. L’Allemagne est un grand pays de trituration des graines oléagineuses en Europe, en particulier pour le colza : en 2013/2014, la moitié de la trituration européenne est réalisée en Allemagne14. FoodDrinkEurope, Data and Trends of the European Food and Drink Industry, 2013-2014, http://fooddrinkeurope.eu/uploads/publications_documents/Data__Trends_of_the_European_Food_and_Drink_ Industry_2013-20141.pdf. 12 Ambassade de France en Allemagne, Service économique régional, 2012 – Comparaison France/Allemagne : Le secteur agricole et agro-alimentaire, http://www.ambafrance-de.org/IMG/pdf/Comparaison-France-Allemagne-agroal. pdf?5694/f096bcd4cea538e5d767c90baf04681ce8ac5acc. 13 Franceagrimer, 2012 – Le commerce extérieur de l’Allemagne et de la France en 2012 – aspect global et gros plan sur l’agro-alimentaire, http://www.franceagrimer.fr/content/download/21883/179174/file/ConferenceSIA2013%20-%20commerceexterieur-France-Allemagne.pdf. 14 USDA/Foreign Agricultural Service – Annual Oilseeds Reports, EU-28, 2014, http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20 Publications/Oilseeds%20and%20Products%20Annual_Vienna_EU-28_3-31-2014.pdf. DU HARD DISCOUNT AUX INDICATIONS GEOGRAPHIQUES Il existe un nombre limité de distributeurs dans les deux pays et cette concentration entraîne une pression à la baisse sur les prix agricoles et alimentaires. En France, cinq distributeurs contrôlent 60 % des ventes, en valeur16 : Carrefour, ITM Entreprise (Intermarché), Galec (Leclerc), Auchan et Système U. En Allemagne, la concentration est encore plus forte, avec quatre distributeurs représentant 62 % des ventes17 : Edeka, Schwarz, Aldi et Rewe. 15 Les discounters sont présents dans les deux pays, mais leur position est plus dominante en Allemagne, avec 34 % de part de marché en 2012, contre 14 % en France en 2011. La demande de denrées alimentaires peu chères est donc plus forte en Allemagne, le prix étant le premier critère de choix des achats des ménages, et un signal fort pour l’industrie agro-alimentaire. Ces dernières années, la demande intérieure en Allemagne pour des produits alimentaires bon marché a incité la production de viande de porc et de volaille à augmenter aux dépends de la production de viande de bœuf. Les viandes blanches sont généralement moins chères que la viande rouge, et ont donc la faveur des consommateurs et des distributeurs. Au final, l’Allemagne concentre un quart des abattages de porcs dans l’UE18, suivie de l’Espagne (15 %) et de la France (9 %). Le développement du hard discount en Allemagne a impacté les fournisseurs de la distribution, préférant les transformateurs de grande taille et fournissant de manière régulière des produits de bonne qualité. Ministère de l’agriculture, Agreste, Memento du commerce extérieur 2013, http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/ memo13comext.pdf. 16 Euromonitor, Grocery retailers in France, 2014, http://www.euromonitor.com/grocery-retailers-in-france/report and USDA/Foreign Agricultural Service, France – Retail Foods, 2012, http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Retail%20Foods_ Berlin_Germany_8-22-2013.pdf. 17 Euromonitor, Grocery retailers in Germany, 2014, http://www.euromonitor.com/grocery-retailers-in-germany/report and USDA/ Foreign Agricultural Service, Germany - Retail Foods, 2013, http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Retail%20 Foods_Berlin_Germany_8-22-2013.pdf. 18 European Commission, Agriculture and Rural Development – The European Pig Market, 2013, http://ec.europa.eu/dgs/health_ consumer/information_sources/docs/ahw/19032012_kay_uwe_sprenger_en.pdf. 11 16 saf agr’iDées - novembre 2014 Les exportations françaises de produits agro-alimentaires ont augmenté de manière significative depuis l’an 2000, notamment en raison des bons résultats des secteurs des boissons, vins et alcools, des céréales et des produits laitiers15. L’excédent commercial des boissons, vins et alcools est passé de 7,2 à 10,8 milliards entre 2000 et 2012. Celui des céréales a augmenté de 3,8 à 6,2 milliards d’euros et celui des produits laitiers de 1,8 à 3 milliards d’euros. Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie En France, la première priorité de l’industrie alimentaire est la qualité, non seulement en terme de sécurité pour les consommateurs, mais aussi en terme de valeur ajoutée : ces produits appartiennent à l’image haut de gamme des produits français à l’étranger, en particulier les vins et spiritueux, les fromages et les produits carnés. La diversité des produits vendus sous Indication Géographique (IG) est bien plus élevée en France qu’en Allemagne19, comme l’indique le tableau ci-dessous. INDICATIONS GÉOGRAPHIQUES EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE Produits agricoles et alimentaires Vins Principales catégories de produits et total (nombre d’IG) Fromages (46) France Allemagne 12 Valeur des ventes (millions €) 531 Produits carnés (4) 356 Fruits, légumes, céréales (34) 190 Total (170) 3,045 Bières (12) 2 243 Total (68) Valeur des ventes (million €) 432 15 714 39 2 277 1 571 Produits carnés frais (54) Produits carnés (8) Nombre d’IG 706 3 375 16 NON-ALIMENTAIRE : INDUSTRIE DES BIOCARBURANTS L’essentiel de la production de biocarburants de l’UE est localisé en Allemagne et en France20. En fait, la France est le premier producteur de bioéthanol de l’UE avec 1,1 milliard de litres et l’Allemagne est le 3e producteur avec 850 millions de litres en 2013. 19 20 La France et l’Allemagne concentrent près de la moitié de la production européenne de biodiesel avec 5 110 millions de litres sur une totalité évaluée à 10 880 millions de litres produits dans l’UE en 2013. Les deux pays ont été les premiers en Europe à se lancer dans le développement de ces biocarburants de première génération depuis la première réforme de la PAC en 1992, où ils étaient considérés comme une http://ec.europa.eu/agriculture/quality/reports/index_en.htm. USDA/Foreign Agricultural Service, Annual Biofuels Report, UE-28, 2014 http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Biofuels%20Annual_The%20Hague_EU-28_7-3-2014.pdf. 10000 8000 6000 4000 2000 0 France Bioéthanol Allemagne Biodiesel Autres états membres Source: rapport annuel USDA/FAS biocarburants UE-28, 2014 Dans le cadre de la transition énergétique, le développement des énergies renouvelables est également une priorité nationale en France. La production de biogaz est issue prioritairement de déchets verts et non de cultures agricoles. Enfin, les unités collectives sont privilégiées, tandis que les petites unités à la ferme sont le modèle le plus courant en Allemagne. 13 16 saf agr’iDées - novembre 2014 Les avantages économiques de la production de biogaz pour les agriculteurs allemands sont souvent qualifiés en France de “compétition déloyale”. La production de biogaz est largement répandue en Allemagne en raison de politiques incitatives en faveur des énergies renouvelables dont l’élevage et la production de maïs sont les principaux bénéficiaires. L’Allemagne, premier pays européen producteur de biogaz, compte presque 8 000 unités, contre 250 en France. PRODUCTION DE BIOCARBURANTS DANS L'UE, 2013 12000 Millions de litres nouvelle forme de revenu pour les producteurs et permettaient de créer de la richesse et de la valeur dans le monde de la bioéconomie. Depuis la crise alimentaire mondiale de 2008, ce type de biocarburants a été fortement critiqué, étant donné qu’ils sont produits à partir de plantes à usage alimentaire. Cependant, cette industrie demeure conséquente aujourd’hui tant en Allemagne qu’en France et des travaux de R&D sont en place sur les biocarburants avancés dans les deux pays. Marie-Cécile HÉNARD-DAMAVE - France-Allemagne - Forces et faiblesses de l’agriculture et de l’agro-industrie CONCLUSION La France et l’Allemagne sont les deux premiers producteurs, transformateurs et exportateurs européens de produits agricoles et agro-alimentaires. Agriculture et agro-alimentaire sont des secteurs économiques solides dans chacun des deux pays, générateurs d’emplois et de valeur ajoutée. Cependant, leurs postures ne sont pas les mêmes : la France est d’abord un grand pays de production agricole sur laquelle s’est construite une industrie solide ; elle continue de donner la priorité aux productions agricoles de base plus qu’à l’industrie. Les objectifs sociaux ou d’aménagement du territoire ont souvent la primeur en France, aux dépens d’une vision économique et industrielle. Quant à l’Allemagne, sa force première est sa solide industrie, qui a aidé au développement de la production agricole tant par l’amont (chimie, machinisme), que par l’aval (transformation alimentaire et non alimentaire). Des orientations pragmatiques et orientées “business” ont privilégié les objectifs économiques en Allemagne. 14 16 La France et l’Allemagne ne sont pas isolées mais intégrées dans l’économie mondiale, où elles jouent un rôle commercial et politique important tant au sein de l’UE qu’avec les pays tiers. Les deux pays ont un rôle clé à jouer dans les négociations en cours entre l’UE et les États-Unis dans le cadre du Partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (TTIP). Dans ce cadre, l’UE défend fortement les systèmes d’indications géographiques, qui apportent une valeur ajoutée significative, tant sur les marchés intérieurs qu’à l’exportation. Par ailleurs, la France et l’Allemagne exportent beaucoup de produits agro-alimentaires vers la Russie. Les sanctions récemment décrétées par ce pays à l’encontre de nombreux produits alimentaires de l’UE devraient affecter significativement la France et l’Allemagne, surtout pour la viande de porc, les fromages et la bière. Un nouveau dossier qui révèle des intérêts communs. Laboratoire d’idées pour les secteurs agricole, agro-alimentaire et agro-industriel, le think tank saf agr’iDées travaille sur les conditions du fonctionnement et du développement des entreprises composant ces filières. Dans une volonté de concrétisation du rôle stratégique de ces secteurs, saf agr’iDées, structure indépendante et apolitique, portée par ses valeurs d’humanisme et de progrès, est attachée à des avancées souples et responsabilisantes, permettant aux acteurs d’exprimer leurs talents et potentialités. Tout au long de l’année, saf agr’iDées organise différents formats d’événements et groupes de travail destinés à produire et diffuser des idées, propositions et questionnements pour accompagner les évolutions indispensables des filières agricoles en ce début de 21e siècle. Idées ImpacterDébats Influencer ncer Dialogue peement me Développement D é f is Demain IInnover Imaginer Marie-Cécile HENARD-DAMAVE, Ingénieur agronome et Responsable innovations et marchés à saf agr’iDées, Économiste agricole à l’Ambassade des États-Unis à Paris (USDA) jusqu’en 2013. www.agriculteursdefrance.com R.C. PARIS 493 291 108 saf agr’iDées 8 rue d’Athènes 75009 Paris +33 (0)1 44 53 15 15 [email protected]