Les biocarburants au Cameroun : une approche par la
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Les biocarburants au Cameroun : une approche par la
Les biocarburants au Cameroun : une approche par la méthode Analyse Cycle de Vie. Biofuels in Cameroon. A life cycle analysis Pierre Rolland ATANGANA 1 Résumé : Le développement des biocarburants comme substitut aux carburants fossiles compte parmi les enjeux importants de ce début de siècle. Ces enjeux concernent la sécurité alimentaire, l’épuisement de stocks des énergies fossiles et le réchauffement climatique. Au Cameroun, la stratégie gouvernementale consiste en la production de biocarburants à partir des « huiles de palme » sans faire référence aux sources cellulosiques. La raison invoquée pour justifier la stratégie, au-delà du renchérissement du prix des produits pétroliers serait l’étendue des surfaces cultivables et la réduction de la pauvreté en milieu rural. On peut cependant questionner ces motifs, en tenant compte du fait que certaines études portant sur l’impact environnemental de biocarburants issus de source cellulosique présentent un bilan environnemental plutôt satisfaisant par rapport à ceux de source agricole. Aujourd’hui, le bilan énergétique et environnemental semble en voie de devenir une base décisionnelle importante pour l’adoption ou le rejet du développement d’une filière de biocarburants. Certes, certaines filières de biocarburants ne présentent pas actuellement de bénéfices économiques suffisants pour leur adoption en dépit de leur bilan énergétique et/ou environnemental avantageux mais, doit-on pour autant les abandonner ? C’est dans cette perspective que l’analyse du cycle de vie (ACV) nous a paru utile comme outil d’aide à la décision. Le modèle ACV sous l’approche de l’équilibre partiel nous a permis de faire une analyse comparative et objective sur la production des biocarburants pouvant être compatible à la fois sur le plan économique et environnemental. Elle nous a permis de constater que le gouvernement du Cameroun a appuyé son orientation sur des choix beaucoup plus politiques, et économiques qu’environnementaux. Mots clés : Agriculture, biocarburants, Biomasse, Ecobilan, ACV 2 Abstract: The development of biofuels as a substitute for fossil fuels is one of the most important issues of the beginning of the century. These issues concern food safety, the depletion of fossil energy and global warming. In Cameroon, the government's strategy consists in producing only palm oil biofuels without considering potential cellulosic sources. The reason invoked to justify this strategy, beyond the increase in oil products prices, is the availability of vast cultivable land and the reduction of poverty in rural areas. We can however question these motives, considering that certain studies of the environmental impact of cellulosic biofuels have shown that the carbon footprint of the latter is rather satisfactory compared to that of agricultural biofuels. Nowadays, the energy and environment balance is on the way to become an important decision-making criterion for adopting or rejecting the development of a biofuels industry. Admittedly, some biofuels industries are not economically profitable enough to be adopted despite their advantageous energy/environment balance. Yet, is this reason enough to give them up? In this perspective, the Life Cycle Analysis appears to be useful as a decisionmaking tool. The LCA model under the partial equilibrum approch allowed us to make a comparative and objective analysis of biofuels production that are likely to be compatible both economically and environmentally. Our findings show that the Cameroon government's strategy is driven more by politics and economics than by concerns about the environment. Keyword : Agriculture, biofuel, biomass, bioenergy, crops energy, LCA 3 4 Au cours des deux dernières décennies, la hausse des cours pétroliers et les angoisses environnementales ont poussé la plupart des Etats du globe à s’intéresser aux formes alternatives d’énergie. Motivé par ces facteurs, et par d’autres enjeux comme la fourniture et l’accès à l’énergie et le développement d’autres filières énergétiques alternatives, le gouvernement du Cameroun inscrivait en 2001, le redressement du secteur énergétique dans son agenda. Le développement des filières de biocarburants comme substitut aux carburants fossiles comptait parmi les enjeux traités. Malgré ces bravades, la production totale du Cameroun reste encore à un niveau insignifiant. La stratégie énonce que, le gouvernement camerounais privilégiera la production de biocarburants à partir de sources agricoles notamment dans le cadre du projet « palmier à huile1 » plutôt qu’à partir de sources cellulosiques. 1 Aujourd’hui, dans le cadre de la production des biocarburants, les besoins en huile de palme de l’Europe se sont élevés d’autant plus que celle-ci est déjà utilisée pour l’alimentation et les produits cosmétiques. Ainsi, depuis un certain nombre d’années, les forêts primaires tropicales sont remplacées par des palmeraies. Souvent brûlées, les forêts subissent un rythme de déforestation élevé alourdissant ainsi la facture climatique. Sur le plan écologique, l’écosystème se dégrade (symbole de ce drame, la menace sur plusieurs espèces de singes, les orang-outants, les gibbons, qui voient leurs territoires disparaître). Ce sont aussi des milieux vivants uniques, riches et irremplaçables qui disparaissent. Sur le plan économique et social, l’exploitation très rentable des palmiers à huile attire les agro-investisseurs qui par spoliation des terres des paysans locaux, s’approprient les territoires et remplacent la forêt primaire nourricière par des monocultures de palmiers à huile. Par spoliation, cela traduit en fait que les habitants traditionnels n’ont souvent pas de titre de propriété, ils ont toujours vécu là et, se font chasser de leur lieu de vie, sans que leur Etat ne les défende d’aucune façon. De graves conflits fonciers opposent exploitants et populations locales, auxquelles des terres sont confisquées sans compensation. Les pays concernés par cette déforestation massive sont nombreux : Honduras, Colombie, Malaisie, Nigéria, Indonésie, Cameroun, République Démocratique du Congo. Cette conversion se poursuit, avec l’assentiment d’acteurs influents. Le Cameroun a lancé depuis 2001, un projet de palmiers à huile avec l’aide active de la France, du FMI et de la Banque Mondiale (1% de forêt est perdu chaque année). En Colombie, les déplacements de populations ont généré des problèmes similaires. L’Indonésie a déjà perdu 72% de ses forêts. En république Démocratique du Congo, pays qui contient 63% des forêts d’Afrique Centrale, la société chinoise de télécommunication ZTE international développe un projet de production et d’exploitation de l’huile de palme (30% des forêts de ce pays soit 15 millions d’hectares sont légalement sous contrat avec des compagnies forestières. Au Cameroun, les palmeraies du groupe français Bolloré s’étendent pour combler le déficit d’huile de palme, mais aussi pour produire des biocarburants. Localement, le développement des plantations à huile de palme suscite aussi des oppositions. A MBAMBOU, les riverains ont protesté, il y a quelques mois, contre l’occupation de 7.500 hectares de terres que l’Etat a rétrocédées à la SOCAPALM pour étendre ses palmeraies. Ils estiment que ces terres leur appartiennent et qu’ils ont donc le droit de les cultiver. Mais, faute de disposer de titres fonciers en bonne et due forme, leurs revendications n’aboutissent pas. Les autorités administratives de la localité leur ont signifié qu’ils n’avaient aucun droit à faire valoir sur ces terres, mais que la société leur réservera des espaces pour les cultures vivrières. 5 La croissance accélérée de la population mondiale explose la consommation et les échanges internationaux via les transports. Illico, les ressources naturelles sont affectées : les gaz à effet de serre ; les émissions de CO2, les espaces terrestres et océaniques avec l’urbanisation ou les déchets, les ressources énergétiques ou alimentaires avec une demande accrue, etc. Ce retour du malthusianisme, au-delà du mode de gestion pose en filigrane celui du choix des filières de biocarburants : - en axant sa stratégie sur le « palmier à huile », dont les bilans énergétiques et environnementaux sont modestes voire négatifs (surtout pour les gaz à effet de serre), le Cameroun a-t-il appuyé son orientation sur la base de motifs économiques ou environnementaux ? Ou alors sont-ce plutôt les facteurs politiques qui ont le plus largement orientés le choix du gouvernement ? Quand on connaît les tensions sur les ressources liées à des besoins en surfaces agricoles assez élevés et les interférences probables avec les écosystèmes naturels et les systèmes alimentaires de base. On peut questionner ce motif, tenant que la plupart des études récentes soulignent les effets bénéfiques des biocarburants issus des sources cellulosiques sur l’environnement que les biocarburants de sources agricoles. Dans cette perspective, l’Analyse Cycle de Vie (ACV) peut être particulièrement utile comme outil d’aide à la décision. Il est acquis que la filière « palmier à huile » ne présentent pas de bénéfices économiques suffisants pour leur adoption et pire encore, elle est créditée d’un bilan énergétique et environnemental contradictoire. Dans ce cas on verra alors comment l’ACV peut s’inscrire dans ce débat et y contribuer pour des politiques publiques garantes du développement durable. - Le développement des filières de biocarburants en Afrique se situe à la fin des ajustements structurels entreprises au début des années 1980, prônant l’ouverture et l’intégration des marchés. En économie et de tous les temps, la notion de bien économique défini sa propre situation de rareté ou encore le concept des blocs de possibilité de production. Après soixante ans de gouvernance, la plupart des politiques de développement instaurés en Afrique 6 ont connu des échecs certains. La théorie de l’économie publique justifie l’intervention publique en matière d’environnement puisque la pollution, est un cas typique d’externalité. Les négociations privées n’internalisent pas totalement les externalités. D’où la résurgence du vieux débat traditionnel entre approche centralisée versus approche décentralisée. En admettant alors cet état de fait, il s’agira de traiter du mode de gestion des biocarburants à la lumière de l’ACV. A l’heure de la décentralisation, quel peut-être l’apport de l’ACV dans les intelligibilités de politiques publiques ? Le bilan énergétique et environnemental étant devenu la base décisionnelle pour l’adoption ou le rejet des extractions des ressources naturelles. Cet article commence par une comparaison sommaire des bilans énergétiques et environnementaux appliqués aux biocarburants de « première génération » et aux biocarburants de « seconde génération » . On s’attellera par la suite à montrer que l’ACV est un outil d’aide important à la décision publique notamment dans sa version d’équilibre partiel de Walls & Palmer. Nous conclurons enfin par des suggestions sur les voies du mode de gestion des biocarburants pour un développement durable. 7 I - Les filières de biocarburants : une approche Analyse Cycle de Vie. Les bilans environnementaux et énergétiques des biocarburants. Les biocarburants sont obtenus à partir de la biomasse, que l'on peut définir comme de la matière organique issue d'un processus de photosynthèse récent, par opposition aux hydrocarbures fossiles qui résultent de transformations anciennes de plusieurs millions d'années. A part quelques utilisations épisodiques dès le début du XX ième siècle, les biocarburants se sont réellement développés à partir des années 1970 au Brésil et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, il existe deux grandes filières : Les filières dites de « première génération » dont les produits finaux sont l'éthanol (et son dérivé l'éthyl-tertio-butyl-éther, ETBE), et l'huile végétale (et son dérivé, l'ester méthylique d'huile végétale, EMHV). Ils sont fabriqués à partir de sucres simples, amidon ou huile végétale présents dans des organes de réserve des plantes: grains de blé ou de maïs, graines de colza ou de tournesol, jus de plantes sucrières (canne à sucre, betteraves). L'éthanol est obtenu par fermentation alcoolique de sucres à 6 atomes de carbone (ou C6) qui sont directement produits par les plantes sucrières ou obtenus par hydrolyse de l'amidon produit par les céréales. L'ETBE est ensuite obtenu par coupe avec l'isobutène, un dérivé du pétrole. L'huile est extraite des graines de plantes oléagineuses (colza, tournesol, soja, palme etc...), puis transformée en EMHV par estérification avec du méthanol (d'origine fossile). Le bio- éthanol et l'ETBE peuvent être incorporés dans l'essence, tandis que les huiles et EMHV s'apparentent au diesel - c'est pourquoi on parle aussi de biodiesel pour ces derniers. Les moteurs actuels supportent sans problème des taux d'incorporation d'ETBE et l'EMHV de 10%. Les filières de « deuxième génération », qui font l'objet d'efforts de recherche et développement très poussés, visent à produire de l'éthanol ou des hydrocarbures de synthèse à partir de la lignocellulose, c'est-à-dire une matière organique très générique. Elles permettent donc une valorisation de 8 l'ensemble de la plante, et non plus seulement de ses organes de réserve, et élargissent le spectre des plantes ou matières premières candidates: cultures lignocellulosiques optimisées pour une telle valorisation énergétique (comme le miscanthus ou le sorgho), espèces ligneuses à croissance rapide (peuplier, eucalyptus), bois, mais aussi déchets agricoles, sylvicoles, ou encore urbains. Deux grands procédés permettent de produire : la thermochimie (craquage des biomolécules sous l’effet de la chaleur, puis éventuellement synthèse d'hydrocarbure par catalyse) et la voie enzymatique qui consiste à hydrolyser la cellulose et à fermenter les sucres simples résultants en éthanol. Les bilans environnementaux et énergétiques des filières de biocarburants sont dressés grâce à la méthode de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), qui intègre les impacts générés par les biocarburants « du champ à la roue », c’est-à-dire sur l’ensemble d’une filière de production et de distribution. Ces impacts sont regroupés en grandes catégories liées à différents enjeux environnementaux donc l’épuisement des ressources non-renouvelables (comme le pétrole), le réchauffement climatique, la toxicité pour les êtres humains et les écosystèmes, l’eutrophisation des écosystèmes, etc.. Ces impacts peuvent avoir lieu à l'échelle de la planète, comme le réchauffement climatique, ou à un niveau plus local, comme pour l'eutrophisation. Deux impacts sont particulièrement cruciaux pour les biocarburants: les émissions de gaz à effet de serre (GES) et le bilan énergétique, qui traduit la quantité d’énergie fossile dépensée pour produire une quantité donnée d’énergie renouvelable. Plusieurs bilans de ce type ont été réalisés dans les pays du Nord, ayant pour objectif une comparaison avec les carburants fossiles équivalents aux biocarburants. Une étude commanditée par l'ADEME (ADEME, 2002), a porté sur la première génération, tandis qu'une étude au niveau européen (2006) s’est aussi intéressée également aux biocarburants de deuxième génération, obtenus à partir de différentes ressources (résidus lignocellulosiques, bois, déchets de papeterie). Pour une même filière, les résultats de ces études varient fortement en fonction des hypothèses de calcul (périmètre du système 9 évalué, méthode d'allocation) et de la représentativité des données utilisées, ce qui est source de controverses (Farrell et al., 2006). Toutefois, les études en cycle de vie concluent en général que les biocarburants de deuxième génération permettent de limiter l’utilisation d’énergie d’origine fossile et les émissions de GES par rapport aux carburants d'origine pétrolière. Par exemple, l’éthanol produit à partir de blé ou de betteraves permet une réduction de 25% à 50% de la consommation d’énergie fossile et d’émission de GES par rapport à une filière essence conventionnelle. La substitution du gazole par du biodiesel de colza conduit à une réduction d’environ 60% de la consommation d’énergie fossile et de 50% des émissions de GES. Parmi les autres biocarburants produits actuellement, l'éthanol de canne à sucre permet les plus fortes économies d’énergie fossile (presque 100%) et de GES émis (environ 85%), car les besoins énergétiques de la conversion du sucre en alcool sont assurés par les résidus de canne. Notons que, de façon symétrique, l'utilisation de pailles de céréales dans une usine d'éthanol de grains de blé permet de réduire la consommation d'énergie fossile et les émissions de GES de 75% et 65%, respectivement, par rapport à l'essence. Les biocarburants de la deuxième génération permettront des économies similaires, voire supérieures, avoisinant les 90% pour certaines filières, notamment basées sur des déchets comme la liqueur noire des papeteries. L'autre dimension du bilan des biocarburants concerne les pollutions plus locales, typiquement liées à l'activité agricole (pertes de nitrates, contamination par des pesticides, biodiversité), qui ont lieu au niveau du territoire de production de la matière première végétale. L'approche 'analyse en cycle de vie' conclue en général à un effet négatif des biocarburants par rapport aux carburants fossiles qui ne génèrent pas ce type d'impacts (Reinhardt, 2000). Néanmoins cette méthode est peu adaptée à la prise en compte de ces impacts territoriaux, car elle raisonne sur un champ agricole 'moyen' , et gomme les caractéristiques locales. Une évaluation plus fine de l'impact des 10 biocarburants nécessite de se situer explicitement dans le bassin d'approvisionnement d'une usine de biocarburants, et de prendre en compte l'évolution des systèmes de cultures qui découle de ce nouveau débouché économique. Pour ce qui concerne le Cameroun, le développement de filières des biocarburants a encore du chemin à faire pour devenir une denrée de grande consommation. A contrario, l’extension des surfaces dédiées au « palmier à huile » montre a suffisance la faiblesse des mécanismes d’anticipations rationnelles. Concernant son Programme Sectoriel Forêts et Environnement (PSFE) 2008, le Cameroun a axé sa stratégie d’évaluation économique sur l’ « Analyse Coûts-Bénéfice » (l’Analyse Financière et Economique). Elle justifie cette approche par les carences des statistiques forestières et environnementales nécessaire pour l’évaluation des impacts environnementaux. Les quelques données disponibles sont générées par le grand nombre d’initiatives de développement existantes mais, sont ponctuelles et parsemées et ne fournissent pas un cadre cohérent au niveau sectoriel et encore moins au niveau national. Pire, la gestion environnementale des activités forestières est considéré comme coûts indirects( liés à la difficulté de quantifier les bénéfices environnementaux attachés à une meilleure conservation des ressources naturelles que le programme génère indirectement) par une approche coûts dégâts. Pour le Cameroun, il s’agit de définir des scénario en comparant les bénéfices incrémentaux pour lesquels la rentabilité financière et économique est calculée. L’analyse financière est estimée par le biais d’une analyse coûts bénéfices en utilisant les prix de marché pour comparer les flux de coûts et bénéfices actualisés. « L’analyse économique vise à évaluer l’impact du programme du point de vue de l’ensemble de la société. Pour ce faire, elle se base sur la construction de prix économiques qui sont sensés refléter les conditions de libre concurrence et d’ouverture de marchés. Ces prix économiques prennent en compte la 11 création de valeur économique et n’incluent pas les transferts économiques tels que taxes et subventions, prêts et autres mécanismes visant uniquement à la redistribution de la richesse. L’analyse économique utilise le taux de rentabilité interne économique et la valeur actuelle nette (selon différents taux d’actualisation) comme indicateurs de rentabilité économique » (extrait du PSFE du Cameroun, 2008). Considérant que le bilan énergétique et environnemental est devenu une base décisionnelle pour l’adoption où le rejet des extractions des ressources naturelles, il apparaît évident que le Cameroun a axé son choix sur des motifs politiques et économiques. L’Analyse coûts-bénéfices. La plupart des théories économiques des « ressources renouvelables » dévoilent que le caractère fondamental des ressources renouvelables « prélevées » est la propriété commune ou collective (HARDIN, 1968 ; OSTROM, 1989 ; BERKES et al., 1989). L’absence de limitation et de contrôle de l’accès, met en place une dynamique de dilapidation des ressources, de surexploitation et de surinvestissement lorsqu’il s’agit de ressources ayant un marché (HARDIN (1968) « tragédie des communaux » ; WEBER (1991), WEBER et REVERET (1993) « tragédie d’accès libre »). La propriété privée en permettant d’internaliser les externalités suffirait à garantir une gestion efficiente des ressources (HARDIN,1968). L’histoire des faits économiques révèle que l’efficience marchande (la recherche d’efficience conduit à une destruction rapide et à un déplacement d’investissement) dans le cadre de la propriété privée entraîne à priori au saccage des ressources lorsque le capital est mobile. Pour la théorie néoclassique, la propriété commune est moins efficiente à court terme mais plus efficient à long terme (STEVENSON,1992) et peut recouvrir une grande variété de types de propriété collective. Ce mode d’appropriation 12 définit l’état d’un système de relations nature-société sans en délivrer la dynamique. Du point de vue de la théorie économique, les ressources renouvelables constituent des biens « libres » (BROCHIER,1984), dont le prix reflète les coûts de prélèvement, de conditionnement et de transport, mais ne prend pas en compte le coût de régénération (hors de portée). D’où le développement de techniques d’évaluations économiques indirecte, soit par évaluation des ressources à leur prix de substitution par des biens existants sur le marché, soit par la création de marchés fictifs avec recours à des évaluations contingentes (consentement à payer, consentement à recevoir), soit encore des indicateurs tels que les coûts de transport pour conférer une valeur monétaire à des « actifs naturels » ou des « fonctions écologiques » (DESAIGNES et POINT, 1993). Initialement, ces techniques sont élaborées pour venir en aide aux « défenseurs analyses coût-bénéfice ». Deux types d’utilisation : - l’évaluation contingente du prix attaché à une qualité environnementale est préalable à des programmes d’investissement devant fournir un service à des populations (forme d’étude de marché pour un service à créer). - Ici l’évaluation contingente est destinée à assigner une valeur « monétaire » à un paysage, une fonction écologique ou une espèce, pour servir de justification économique à des choix impliquant le long terme. Dans ce cas, la portée heuristique de la méthode nous semble plus limitée. En premier lieu, l’évaluation monétaire d’une « valeur » d’existence prête à débat, sur le point de savoir si des valeurs morales ou éthiques sont susceptibles d’appréciation monétaire. En second lieu, les références monétaires ne sauraient servir à l’analyse à long terme, quel que soit le taux d’actualisation. Par ailleurs, il s’agit clairement d’une démarche de justification, non d’analyse. Outil de justification, l’évaluation contingente peut servir à justifier n’importe quoi si elle est utilisée intelligemment. Un politique soucieux de justifier un choix commandera une évaluation contingente en choisissant un moment où le contexte économique, 13 social ou sécuritaire est adéquat à l’obtention de réponses légitimant son objectif. L’évaluation contingente manipule en outre des valeurs tout autres que monétaire : ainsi, la « nature » est connotée très positivement par le public, tandis que « l’environnement » l’est négativement, évoquant la pollution, l’effet de serre et ……. ( Jacques WEBER, Juin 1995). Pour les économistes de l’environnement (MUNASINGHE, 1993 ; DESAINGNES et POINT 1993 ; PEARCE et al. 1993) on aboutit à une « évaluation économique totale » d’un écosystème. Comment conférer une valeur monétaire à l’envi WILSON (1992) concernant la biodiversité donne une métaphore intéressante : « si les gènes sont un alphabet, alors les espèces sont des mots et les écosystèmes des livres ». Un écosystème ne saurait être affubler d’une valeur monétaire. L’analyse dite d’évaluation économique totale d’un écosystème n’est donc pas un objet de recherche scientifique, il n’en est pas moins légitime de chercher à connaître la « valeur économique » d’une fonction particulière, celle-ci étant définie par le commanditaire de l’étude. Par contre, les effets sur les processus de décision de la légitimation et de la diffusion de ces techniques par les organisations internationales sont des questions de recherche importantes. L’évaluation économique permet d’identifier les choix possibles. Sur la base de cette évaluation, les choix de long terme sont fait par le décideur. Dans une telle perception, l’évaluation précède et guide la décision sur des bases comptables. La prise en compte de l’environnement a été traditionnellement déclinée soit par impact environnemental (déchets, pollutions, consommations d’énergie), soit secteurs d’activités (industries, transports, ….) approches qui se sont souvent révélées trop parcellaire pour justifier du bien fondé environnemental des efforts à réaliser. La diminution de tel ou tel impact modifiait les autres caractéristiques des systèmes considérés, sans que l’on puisse évaluer la 14 pertinence globale de ces modifications (le choix d’une filière de valorisation permettant de diminuer le recours à la mise en décharge mais affectant la qualité de l’air). Au début des années 90, est apparu la nécessité de mettre en oeuvre des approches multicritères (consommation de matière et d’énergies, émissions dans l’air et dans l’eau, déchets ……..), prenant en compte l’ensemble des étapes du cycle de vie des produits, de leur fabrication à leur élimination finale en passant par leur phase d’utilisation : l’Analyse Cycle de Vie ou les écobilans. Il s’agit d’une évaluation globale des impacts environnementaux, qui serait plus utile au sein des démarches de développement durable, notamment celles orientées sur les produits. II – L’ACV : outil d’aide à la décision des politiques publiques ou industrielles. Le concept. L’ACV est principalement une méthode servant à mesurer les impacts environnementaux des différentes activités économiques et ce, sur tout le cycle de vie du produit ou du processus de production à l’étude. L’approche porte souvent le qualificatif de « berceau à la tombe » (craddle-to-grave). Ainsi, l’évaluation environnementale d’une activité économique inclut aussi bien l’impact des facteurs de production entrant dans le processus étudié que les effets polluants associés aux produits qui en résultent. La plupart des auteurs s’entendent pour décomposer l’ACV en quatre grandes étapes, soit : définition des frontières du système, produit ou processus étudié et des unités fonctionnelles (m2 de plancher, litres de carburant, etc .) ; - compilation des données (inventaire) ; -évaluation des impacts ; -interprétation et évaluation des améliorations possibles. 15 L’aspect économique n’est pas réellement intégré dans cette méthode, sauf parfois lorsqu’on fait usage des valeurs économiques en guise d’unités fonctionnelles (étape1) ou pour pondérer les inventaires et les impacts (étapes 2 et 3). L’ACV permet de quantifier les impacts d’un « produit » (qu’il s’agisse d’un bien, d’un service voire d’un procédé), depuis l’extraction des matières premières qui le composent jusqu’à son élimination en fin de vie, en passant par les phases de distribution et d’utilisation. En pratique, les flux de matière et d’énergies entrants et sortants à chaque étape du cycle de vie sont inventoriés (ICV) puis on procède à une évaluation des impacts environnementaux à partir de ces données grâce à des coefficients préétablis permettant de calculer la contribution de chaque flux aux divers impacts environnementaux étudiés. En fonction, de l’objet de l’étude, les impacts couramment retenus sont l’effet de serre, l’acidification, l’épuisement des ressources naturelles, l’eutrophisation …… généralement on retient également la somme de certains flux issus de l’inventaire : la quantité d’énergie, la quantité de déchets. La complexité des phénomènes en jeu et de leurs interactions est source d’incertitude sur la valeur réelle des impacts sur l’environnement (non prise en compte des effets de synergie ou d’antagonisme entre polluants, des caractéristiques particulières du milieu social, des effets cinétique). Pour examiner les résultats de l’analyse et comparer le comparable (c’est-àdire raisonner à service rendu identique), on définit l’unité fonctionnelle. L’essentiel reste de toujours raisonner à service rendu identique. Ainsi, pour évaluer les performances environnementales de deux procédés de traitement des déchets, on partira d’une situation initiale commune (une tonne de déchets à traiter) et on s’intéressera qu’aux différentes étapes du procédé de traitement (cycle de vie des consommables inclus). On estimera que la tonne de déchets à traiter est identique dans les différents scénario et n’est donc pas un facteur 16 différenciant entre procédés, c’est-à-dire que les impacts liés à la production et à l’utilisation des produits avant qu’ils ne deviennent des déchets n’entrent pas dans le champ d’étude. L’enjeu majeur de l’utilisation de l’ACV est d’identifier les principales sources d’impacts environnementaux et d’éviter , ou le cas échéant, d’arbitrer les déplacements de pollutions liés aux différentes alternatives envisagées. Les transferts de pollution peuvent également concerner des impacts différents : par exemple, un changement de matériau qui permettrait une diminution de la consommation de ressources non renouvelables lors de la production mais qui causerait une augmentation de la pollution des eaux lors de l’élimination des produits. L’objectif de l’ACV est de présenter une vision globale des impacts générés par les produits (biens, services ou procédés), déclinées selon différentes simulations, fournissant ainsi, des éléments d’aide à la décision aux politiques industrielles (choix de conception et d’amélioration de produits, choix de procédé) ou publiques (choix de filières de valorisation, critères d’écolabellisation des produits). C’est un outil puissant et attrayant tant du point de vue de sa construction que de ses applications en terme d’aide à la décision, d’informations et de communications diverses mais dont les résultats reflètent la complexité des systèmes réels étudiés. Ainsi la finesse de l’outil peut de temps en temps paraître handicapante en terme de conclusions opérationnelles : il décrit les systèmes étudiés, permettant d’identifier leurs points forts et leurs faiblesses, sans pour autant autoriser une hiérarchisation absolue des produits, filières ou procédés (outil d’aide à la décision et non de décision). Mais c’est souvent déjà une avancée significative que de pouvoir déceler et quantifier les points faibles d’un système et ses paramètres déterminants voir même, dans certains cas, simplement visualiser le champs de nos connaissances sur les rejets liés au système étudié de manière à initier les recherches nécessaires pour combler d’éventuelles lacunes. 17 Ces limites se situent dans le caractère subjectif associé à l’ACV relativement à la définition des objectifs de départ, des frontières du système à l’étude et du mode d’allocation des ressources utilisées et des impacts environnementaux. La subjectivité se constate dès le moment où un auteur sélectionne les impacts environnementaux à mesurer et, à contrôler. Par convention, la plupart de celles-ci ne comptabilisent pas la consommation de ressources, ni les émissions polluantes, des biens en capital contribuant à la production du bien. Un exemple simple serait, pour une ACV sur le biodiesel-huiles de palme, l’exclusion des ressources consommées et des émissions produites par la production des silos d’entreposage des fibres de noix transformé en diesel. Dans le cas d’huiles de palme on trouve la subjectivité par la stratégie que définit le gouvernement camerounais concernant l’extension des plantations d’huiles de palme. Le caractère prédateur des fonctionnaires entraînent également, une forte subjectivité dans la sélection des impacts environnementaux à prendre en compte. En plus, la pénurie des données ne permet pas de bien comptabiliser la consommation de ressources, ni les émissions polluantes des biens en capital contribuant à la production du bien. Heiskanen (2002), qualifie l’ACV de logique institutionnelle plutôt que de méthode empirique. La logique institutionnelle est la tendance qui s’est développé à faire usage de l’ACV pour faire valoir, en fait, des objectifs prédéterminés et en soi relativement arbitraires ou idéologiques. Cette tendance s’observe le plus au Cameroun où le phénomène de capture est prégnant de la part des lobbies internationaux. Ensuite, cette méthode demeurerait impraticable puisque l’on ne pourra jamais espérer que des millions de produits soient évalués sous l’angle de l’ACV dans ce contexte. En mettant en éclat la relation humains-nature elle constitue un outil valable pour les producteurs dans les phases de développement de procédés et de produits. 18 Le modèle d’équilibre partiel de Walls & Palmer Pour y remédier Walls & Palmer (2001) , vont dans leur modèle rechercher la maximisation du surplus social net (SSN,) sujet à certaines contraintes d’équilibre physique, relativement à la gestion des déchets (voir annexe I). Le modèle de WP d’équilibre partiel permet d’évaluer la performance des différents outils de politiques publiques tels que les taxes, les subventions et les réglementations. Prix Demande Offre 1 p’’ Offre 2 p’ q’’ q’ Quantité Graphique 1 : Surplus social et coûts environnementaux2 2 A l’aide du graphique 1, on peut illustrer , comment l’addition de coûts environnementaux peut influer sur le surplus social. Dans ce graphique, deux courbes d’offres illustrent les situations où il y a présence ou non des coûts environnementaux. Ainsi, la courbe d’offre 1 en rouge, représente l’offre des entreprises avant qu’elles aient à payer des coûts environnementaux. Une fois les coûts environnementaux introduits, les mêmes entreprises réduisent leur quantité de produit offerte pour chaque niveau de prix de marché. Il en résulte un déplacement de la courbe d’offre vers la gauche, soit jusqu’à la courbe d’offre 2 en vert. Par ailleurs, la zone hachurée de rouge seulement représente le surplus social avant l’introduction des coûts environnementaux et ce surplus est caractérisé par le prix d’équilibre p’ et la quantité q’. La zone hachurée de vert et de rouge correspond quant à elle, au niveau du surplus social après l’apparition des coûts environnementaux. Ce nouveau surplus est délimité par les courbes de demande et d’offre 2 et l’équilibre de marché est alors caractérisé par le prix p’’ et la quantité q’’. Dans cet exemple, certaines simplifications ont été adoptées pour faciliter la compréhension. D’abord, on présume que l’introduction de coûts environnementaux n’affecte pas la demande (ce qui est réaliste à court terme) et que la courbe de demande demeure donc immobile. Aussi, 19 Le SSN se calcule par le surplus du consommateur moins le coût de production interne des firmes et le coût externe associé aux impacts environnementaux. Les contraintes physiques représentent quant à elles la principale caractéristique faisant en sorte que le modèle tient compte d’une hypothèse fondamentale de l’approche de l’ACV. La première de ces contraintes balance les variables physiques en équilibrant, d’une part, la quantité de matières premières utilisées comme intrant (matières vierges ou recyclées) et, d’autre part, la quantité de produit principal et celle de coproduit résultant du processus de production (éthanol et drèche de distillerie). Dans cette contrainte, le coproduit est décomposé en matière polluante et en matière non-polluante. La deuxième contrainte cherche à équilibrer, d’une part, la quantité de résidus polluants et non-polluants générés par l’utilisation de cet intrant. A un niveau plus théorique, le travail et le capital sont aussi pris en compte dans le modèle mais ils sont agrégés dans une même variable. De plus, le modèle suppose que cet intrant ne génère pas d’extrant polluant, c’està-dire que la contribution associée à la production des biens en capital entrant dans le processus de production principal n’est pas comptabilisée dans les impacts environnementaux (L. Belzile, M. Pierre-Olivier Pineau, M. Bernard Sinclair-Desgagné ; 2009). Il résulte alors la maximisation du surplus du consommateur diminué du coût privé des firmes, défini par leur fonction de production, et des coûts environnementaux. Les conditions de premier ordre de cette optimisation stipulent que chaque intrant est utilisé jusqu’au point où son bénéfice social marginale égale son coût social marginal, ce dernier étant déterminé selon les fonctions de coûts environnementaux établies préalablement (L. Belzile, M. Pierre-Olivier Pineau, M. Bernard Sinclair-Desgagné ; 2009). la forme linéaire des courbes d’offre et de demande n’est pas forcément réaliste mais cette simplification ne change pas les fondements des concepts introduits. Enfin, il faut préciser que les coûts environnementaux sont présumés fixes, faisant ainsi déplacer la courbe d’offre de façon proportionnelle en tous points dans le plan. 20 Les modèles d’équilibre partiel s’inscrivent dans la durabilité flexible (Steen) en appréhendant la notion du cycle de vie sous l’angle de l’analyse marginale des changements significatifs ( la maximisation du SSN ou les profits des agents) plutôt que par une analyse globale de tout le système. Pour Steen, la durabilité flexible est l’approche à privilégier pour définir des critères décisionnels, dans le choix de politiques publiques, tandis que la durabilité rigide répond plutôt à des besoins informationnels des agents (bilan énergétique et environnemental des agents). Les modèles d’équilibre partiel apparaissent comme un compromis acceptable pour tester l’hypothèse de l’équilibre physique, défendue par les tenants de l’assimilation de la théorie économique aux lois de la thermodynamique, et celle de substituabilité des facteurs de productions de la théorie néoclassique (L. Belzile, M. Pierre-Olivier Pineau, M. Bernard Sinclair-Desgagné ; 2009). Les modèles d’équilibre partiel se détachent de la subjectivité de l’ACV car, ils mesurent les scénarios déterminés au préalable par les ACV sur les impacts environnementaux. Le choix de la maximisation des profits des agents peut aussi constituer un choix de nature subjective, mais il est raisonnable de croire qu’un objectif comme celui du SSN du modèle WP ferait l’objet d’un assez large consensus. Le modèle d’équilibre partiel WP nous apparaît comme celui observant le mieux les principes mis de l’avant par Steen, Ekval et al. Et Tilman3. Toutefois, on note deux limites concernant leur applications aux industries de biocarburants. D’une part, puisque cette industrie est relativement nouvelle, il est incertain que les données nécessaires seront disponibles et accessibles. De plus, le modèle WP comporte la difficulté de définir ou d’utiliser des fonctions de coûts externes de qualité représentatives, ce qui peut s’avérer difficile dans le contexte d’absence 21 de marché des externalités environnementales. Malgré ces limites, le modèle WP demeure tout de même, selon nous avantageux par rapport aux autres méthodes notamment multicritères, eco-efficience et le coût du cycle de vie4. L’approche multicritére intègre des enjeux économiques, environnementaux et des ressources naturelles. Mais, elle reste encore subjective relativement à la sélection des critères (le modèle de Hanegraaf). Azapagic & Clift (1999) vont optimiser par une série de maximisation de fonctions d’objectifs basées sur des critères environnementaux et économiques. L’approche du cycle de vie y est reflétée par les contraintes de balance d’énergie et de matière. Il s’agit d’optimiser au sens de Pareto. Il en résulte donc un ensemble d’alternatives s’offrant aux décideurs en entreprise plutôt qu’une prescription unique, ce qui atténue de beaucoup le caractère subjectif retrouvée dans plusieurs approches multicritère. Mais, ne saisit pas le bien-être du consommateur. Hanegraaf Schneider & McCarl (2003) ont mené une étude sur l’efficacité de réduction des émissions de gaz à effet de serre GES de différents produits agricoles transformés en biocarburants et les conséquences économiques de l’élimination de celles-ci. En évaluant le bien-être du consommateur sur la base du critère Kaldor-Hicks5, laisse un certain vide institutionnel. 3 Steen introduit l’analyse marginale propre à la durabilité, Ekval et al. Et Tillman la prospective dont les fondements semblent plus appropriés dans le contexte de la théorie économique moderne. 4 Au sein des différentes approches multicritères, nous pensons que la frontière de Pareto, telle que définie par Azapagic & Clift, est celle s’approchant le plus et représentant la meilleure alternative à l’exercice d’optimisation de Walls & Palmer. Il faudrait alors voir comment le modèle d’Azapagic & Clift pourrait s’appliquer aux choix publics plutôt qu’aux décisions en entreprise. L’ACB/ACV n’offre pas un degré d’intégration des enjeux environnementaux et économiques aussi raffiné selon nous. Au regard de l’eco-efficience, notre principale réserve a trait à l’incapacité actuelle de cette approche à tenir compte de l’effet rebond. Il serait toutefois intéressant que des travaux s’attardent à corriger cette situation et possiblement en arriver à un outil d’éco-efficience amélioré. Enfin, concernant le coût du cycle de vie, la divergence dans les bases temporelles avec l’ACV nous apparaît une lacune majeure et, pour cette raison, le CCV, dans sa forme actuelle, représente la technique que nous privilégions le moins. Evidemment, des travaux visant à concilier les frontières d’analyse et les bases temporelles de l’ACV et du CCV seraient tous indiqués(L. Belzile, M. Pierre-Olivier Pineau, M. Bernard Sinclair-Desgagné ; 2009). 5 Le critère de Kaldor-Hicks stipule qu’une option est favorable tant que les bénéfices de tous les agents excèdent les coûts qu’ils subissent globalement et qu’il y a possibilité de compensation des agents affectés par les bénéficiaires de l’option choisie. 22 In fine, l’approche multicritère tourne davantage vers l’analyse de scénario que d’étude empirique. L’éco-efficience qui consiste principalement en un outil de suivi du rapport entre les performances économiques et environnementaux d’une activité en entreprise où l’ACV est souvent intégrée pour mesurer la performance environnementale inscrite au dénominateur du ratio, s’adresse plus aux décideurs d’entreprises qu’aux mandataires de choix publics. L’analyse coût cycle de vie (CCV) intègre la dimension économique dans l’ACV. Mais, elle présente des limites : - l’hétérogénéité dans la terminologie utilisée ; - le CCV est, plus souvent mis en œuvre en milieu entrepreneurial , mais pas nécessairement en termes de coûts publics tels que considérés par Walls & Palmer. Le CCV, cherche davantage à comparer la rentabilité financière d’investissements privés ou publics ( coûts directs, indirects, contingents, intangibles et externes), sur la base de la vie économique de ces investissements, elle-même basée sur le cycle de vie du produit lorsqu’il s’agit d’investissements privés. Alors que l’ACV vise à évaluer les impacts environnementaux des activités économiques, de l’exploitation des matières premières et des ressources naturelles jusqu’à l’élimination des produits en fin de vie économique, en passant par l’évaluation de leurs externalités environnementales. ACV : outil d’aide à la décision de politiques publiques Comment concilier développement de filières de biocarburants et « développement durable »? Etat ou marché ? Avec le retour de Malthus, la question de la gestion des ressources naturelles en particulier les ressources naturelles renouvelables relevant essentiellement d’une « économie de cueillette » devient la problématique centrale de tous les débats. Trois attitudes peuvent être adoptées : 23 - opter pour la décroissance soutenable, avec une logique « dure » du principe de précaution planétaire (attitude souvent considérée comme « politiquement insoutenable ») ; - opter pour ne rien faire, en prenant le risque évident de laisser disparaître notre civilisation, la destruction du capital naturel étant une des principales causes constatées d’effondrement des civilisations ; - opter pour le « développement durable6 » ce qui nécessite la mise en place d’un système de régulation. Aujourd’hui, les effets du changement climatique imposent cette dernière. De 1950 à 1970 la plupart des théories économiques existantes, prônaient le développement par amplification de la croissance par la « mise en valeur » des espaces et ressources inexploitées car la nature n’avaient pas de « coût ». L’intervention de l’Etat apparaissait d’autant plus normal que l’idéologie keynésienne était forte face à une défaillance de marché, l’Etat régulateur devait intervenir. 6 On parle d’abord écodéveloppement : « développement endogène et dépendant de ses propres forces, soumis à la logique des besoins de la population entière, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l'homme et la nature »(Sachs, 1974, 1980). Sachs (1980)). Par la suite, le développement se pose en termes de gestion des interactions entre des variabilités naturelles, tant dans l’espace que dans le temps « développement viable » (WEBER et BAILLY, 1973). WEBER et al.(1990) ; ALLEN (1991) ; CURY et ROY (1991) ; AUBIN (1992) ; PAVE (1994)). Il s’agit de : définir des objectifs à très long terme (éthique, politique) ; tenir compte de la socio-diversité ; tenir compte de la viabilité des écosystèmes et de la viabilité des modes de vie ; tenir compte des variabilités naturelles. (HENRY, 1987), WALTERS (1986), WEBER et al. (1990) inscrivent la préférence à des stratégies adaptatives tant aux variabilités naturelles qu’aux variabilités économiques à l’optimum. Et enfin, le terme « développement durable » apparaît suite au « rapport BRUNTLAND » (1987), (« développement qui satisfait les besoins de la génération présente sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs »). Elle trouve son origine dans les modèles biologiques représentant l’évolution d’une ressource à l’équilibre, exploitée par les hommes, l’exploitation étant elle même considérée comme linéairement croissante. Ce rapport en invoquant les questions de « population et ressources humaines » et de « sécurité alimentaire » avant celui des « espèces et des écosystèmes », nous livrait le constat que la résolution des problèmes de développement devrait être résolu en terme de préservation des milieux, en termes de « maintien » ou de « restauration des équilibres ».Audelà de cet éventail de rappels de faits historiques bien connus des économistes, on peut s’interroger sur la capacité de l’Etat du Cameroun à atteindre la finalité de ses actions en matières de « développement durable ». Objectifs en terme d’efficience ou en terme d’équité ? Etat ou marché ? 24 Les différents chocs pétroliers des années 70 en remettant en cause ce modèle keynésien de régulation conjoncturelle, auquel on reprochait au niveau empirique de n’avoir pas résisté à la double mutation que constituait l’irruption de la stagflation et l’accélération au processus de globalisation, et, au niveau théorique, le modèle fut soumis à des critiques en règle des économistes classiques7, revigorés par l’impasse dans laquelle se trouvait désormais la politique conjoncturelle. Tout simplement, à la fin des années 70, les nouveaux classiques réorientèrent l’analyse de la politique économique, car pour eux, l’inefficacité des politiques de relance budgétaire découlait de l’importance des effets d’éviction de la demande privée8. En filigrane, jusqu’aux début des années 1980, la procédure retenue par les décideurs politiques a été celles des instruments « de commande et de contrôle » (normes) plutôt que ceux de marché. Depuis la décennie 1980, aux Etats-Unis, « la procédure (…) s’est progressivement ouverte aux instruments de marché (car) davantage susceptibles d’être politiquement acceptables lorsqu’ils sont proposés pour réaliser des améliorations dans le domaine de l’environnement, impossibles à obtenir par d’autres moyens ». L’augmentation des coûts de la lutte contre la pollution ou l’adhésion de certains écologistes sont des éléments expliquant cette évolution vers le recours au marché qui permet d’être « le responsable » de la sévérité des actions à mener. Au final, les instruments de marché sont aujourd’hui bien connus (à l’image des droits à 7 La courbe de PHILLIPS fut déconstruite par MILTON FRIEDMAN qui, en réintroduisant des hypothèses classiques sur la formation de l’offre et de la demande de travail, montra que le taux de chômage était indépendant du taux d’inflation à long terme. R. LUCAS développait un modèle d’anticipation rationnelle qui ôtait toute efficacité à la politique monétaire en matière de ème lutte contre le chômage. Alternatives économiques, Hors série n°52, 2 trimestre 2002. 8 L’inefficacité des politiques de relance budgétaire découlait de l’importance des effets d’éviction de la demande privée, dans la mesure où la demande de financement émanant du secteur public suscite une hausse des taux d’intérêt à long terme, qui exerce un effet dépressif sur la demande privée. Loin de prendre le relais de la demande privée dans les phases de creux conjoncturel, la demande publique se substitue à elle. Alternatives économiques, Hors série n°52, 2 ème trimestre 2002. 25 polluer ou des permis d’émission) et enrichissent les moyens mis à la disposition des politiques environnementales… mais ne peuvent, à eux seuls, résoudre tous les problèmes environnementaux. Derrière cette mutation, il y a aussi l’évolution générale de la pensée économique, avec le renouveau libéral amorcé aux Etats-Unis au cours des années 1970-80, à l’image par exemple des monétaristes, des théoriciens de l’offre ou des auteurs du Public Choice. La nouvelle économie des ressources, qui apparaît aux USA au cours de la décennie quatre-vingt, s’imprègne des arguments libéraux du Public Choice : la gestion durable des biens naturels doit se faire par la privatisation des ressources et une exploitation marchande. Dès lors, les modes d’appropriation privée des ressources sont au cœur du raisonnement des tenants de la nouvelle économie des ressources. La privatisation des biens naturels autorise une gestion décentralisée et limite le recours à l’Etat. La théorie standard de l’économie de l’environnement fait une référence importante aux droits de propriété, s’appuyant sur les travaux fondateurs de R. Coase, car ils permettent aux agents, par une négociation directe et décentralisée, d’atténuer voire supprimer les externalités. Mais R. Coase lui-même stipule bien que ceci n’est vrai qu’en l’absence de coûts de transaction, ce qui est quasi-impossible dans la réalité. Cette nuance essentielle n’est pas retenue par les auteurs libéraux de la nouvelle économie des ressources. Par ailleurs, « fondamentalement, les droits de propriété, pour être efficaces, doivent remplir deux conditions : d’une part, être exclusifs, d’autres part, être transférables ». Il importe donc que le propriétaire ne soit pas limité dans l’usage de son bien. Or, en réalité, les restrictions existent et sont souvent dictées par la loi. Les droits de propriété sont influencés par le cadre légal et les actions de l’Etat. Réactivant la pensée des Classiques, comme A. Smith ou J-B. Say qui considéraient que toute entrave au libre usage de la propriété est une violation des droits individuels de propriété, et donc immorale, les tenants de l’écologie de marché considèrent qu’une « bonne » gestion des ressources 26 naturelles passe par une « bonne » définition des droits de propriété qui internalisent les externalités (positives ou négatives). Au final, la propriété privée et individuelle des ressources et la non-intervention de l’Etat permettent une gestion efficace et durable des ressources, issue du libre exercice d’agents économiques rationnels sur le marché. L’idéologie libérale suggère le recours à la privatisation, et donc, de façon opérationnelle, de créer un marché de droits. En utilisant les textes initiaux de J. Dales (1968) sur le marché des droits à polluer, la nouvelle économie des ressources renforce sa position relative aux droits sur les ressources naturelles. S’appuyant sur les propos mêmes de J. Dales et sur l’analyse de Caron (1998), V. Boisvert, A. Caron et E. Rodary dénoncent, de la part des tenants de l’écologie de marché, leur «vision erronée qui en ferait un marché au sens plein du terme (…) liée à une lecture tronquée du texte fondateur de John Dales ». Enfin, dans sa lecture même de l’histoire, la nouvelle économie des ressources voit la suprématie de la propriété privée : la propriété commune relèverait de civilisations archaïques et dépassées, alors que la propriété privée relèverait d’une maturité digne des civilisations modernes et progressistes. Au-delà de l’empreinte déterministe de l’histoire que l’on retrouve dans des lectures classiques de l’histoire économique, et qui conduirait ici au développement de la propriété privée, l’utilisation partielle et partiale des faits historiques se trouve dénoncée par plusieurs auteurs. Centrale dans l’interprétation libérale, H. Demsetz (1967), souligne que l’apparition de la propriété privée foncière comme fruit d’un calcul économique peut stopper la surexploitation relève d’un détournement des faits. De même, McManus (1972) montre que la privatisation des terrains peut conduire à l’endettement ce qui est en totale contradiction avec les avantages supposés de la propriété privée. De nombreux auteurs considèrent que le recours récent aux mécanismes de marché pour favoriser le développement durable est un bienfait pour l’analyse économique, puisque cela enrichit les outils de régulation. Cependant, 27 contrairement aux positions des tenants de l’écologie de marché, la privatisation des ressources et le libre marché ne permettent pas de résoudre toutes les externalités, et d’être, en tant que tels, suffisants à la politique environnementale. Ni sur le plan théorique, ni sur le plan empirique. Dans le cas du Cameroun par exemple, on constate que les usages forts des fonctionnaires et des multinationales ne permettent pas une pleine et entière individualisation de l’accès à la ressource, que ce soit sous forme des droits de propriété, ou d’autorisation administrative provisoire. Dans les deux cas, le besoin de structure de régulation se fait sentir. Si, les derniers échecs des politiques de développement justifient l’abandon de l’Etat Central, a contrario, les résultats mitigés de l’ouverture nous laissent dubitatif . En effet, durant ces deux dernières décennies, au-delà du caractère « prédateur » de l’Etat qui s’est accru ( augmentation accélérée des détournements des fonds publics, distorsions des subventions) celui d’Etat « capturé » a marqué les esprits. Et les collectivités territorialement décentralisées ? Là encore les procédures de vote posent le problème des « sentiments » moraux des électeurs. Pour de nombreux pays, se pose la question centrale de la gouvernance dans une démarche conciliant l’interdépendance des producteurs entre eux et la diversité d’une activité source de richesse. C’est aussi de trouver des modes de gestion qui concilient au mieux cette double nécessité. Ce besoin de structure de régulation est aussi avancé par d’autres économistes. Pour P. Guillotreau (1997), « l’action collective en matière de droits de propriété peut être source de gains économiques » ; de même, J-P. Troadec (2001) écrit « selon Commons, les principes de système de prix et de liberté individuelle sont insuffisants pour comprendre la formation de l’ordre. Celui-ci n’est pas le produit naturel d’une harmonisation inconsciente des intérêts individuels par la main invisible du marché, mais le résultat d’une régulation des interactions et des conflits par les règles de l’action collective 28 (…). Intégrant l’économique et le social, les institutions articulent l’ordre privé et l’ordre public, et conditionnent finalement la cohésion sociale ». Dans cet abord, pour le modèle camerounais, on préconise une gestion participative par la mise en place de coopératives dans le modèle d’acheteur unique régional. Avec, au sein des directions de coopératives un bureau écologique indépendant jouant le rôle de régulateur. Ce bureau aura pour rôle de mettre en place les moyens d’évaluation environnementale de toute activité afin de pouvoir à long terme interpréter, apporter les améliorations possibles et surtout permettre l’existence de statistiques et d’informations fiables. On pourra ainsi pour le long terme prendre le chemin du développement durable et non les sentiers actuels qui conduisent inéluctablement à la dégradation de l’environnement et dont l’incertitude sur la survie des industries de biocarburants (les coûts environnementaux augmenteront les coûts économiques) risque une fois de plus aggravé la pauvreté en milieu rural. Le Cameroun, offre cet également avantage d’avoir plusieurs paysages pouvant permettre l’intégration facile des cultures de biocarburants de sources lignocellulosiques spécifiques à chaque région. Par exemple, son potentiel en déchets solides, déjections animales et autres, offre des opportunités intéressantes pour le développement des biocarburants de « deuxième génération ». Au final, « ce n’est pas la nature même de la structure de régulation qui importe, mais sa réelle opérationnalité. Comme il n’existe pas une stratégie unique en matière de développement, pour reprendre ici l’idée de A. Gerschenkron sur la diversité des chemins de la croissance, il n’y a ni unicité de structure de régulation, ni unicité de modèle de gestion», et gardons nous des modes idéologiques. Eliminer le rôle de l’Etat serait une vision trop naïve, car par son influence sur d’innombrables canaux à de multiples niveaux, l’Etat s’inscrit dans le long 29 terme. Il serait nécessaire pour ses politiques publiques qu’il prenne en compte les avis des organisations écologistes. Conclusion La méthode ACV dans sa version d’équilibre partiel définie par Walls & Palmer nous a permis de constater que, l’extension des plantations d’huiles de palme énergétique aura un impact négatif plus accrue sur les pollutions locales et sur la biodiversité, sauf si le cahier des charges du bio-diesel évoluait vers des modes de conduite d’huiles de palme à bas niveaux d'intrants. En revanche, sa substitution par des cultures lignocellulosiques (biocarburants 2ème génération) devrait permettre de réduire de façon substantielle la pression agricole sur l'environnement local. En terme d’efficience économique, l’analyse « coûts-bénéfices » permet de mieux appréhender les arbitrages à opérer entre les différentes gestions de la rareté. En terme d’équité, toute politique ou réglementation conduit à « créer » des gagnants et des perdants, même si au niveau global, les bénéfices dépassent les coûts pour la société. Une analyse en terme de répartition doit compléter celle des « coûts-bénéfices » afin d’éviter des lobbyings trop marqués. Aujourd’hui, les effets du changement climatique imposent plus de prudence par rapport à cette analyse. 30 Annexe I : Palmer & Walls raisonnent à partir d’un modèle d’équilibre partiel et montrent qu’il est possible d’atteindre l’optimum social en combinant une taxe amont (deposit) et une subvention au recyclage (refund) d’un taux identique correspondant au coût social marginal d’élimination9. A partir du modèle de base qui justifie la consigne, K.Palmer et M.Walls testent des approches réglementaires comme le contenu minimum en produit recyclé. Les conclusions sur cette dernière approche sont identiques à celles avancées par Dinam sur l’utilisation de réglementation sur les matières vierges. L’application de cette norme conduira, selon la forme de la fonction de production, à une utilisation inefficace des autres facteurs de production. En effet si le contenu standard en produits recyclés encourage l’utilisation de ces derniers et décourage l’utilisation de matières vierges il a tendance à augmenter les quantités d’output et donc de déchets. Si la productivité marginale de l’utilisation des matières recyclées dans le processus de production est relativement élevée, alors il faut taxer l’output. Si la productivité marginale des recyclables est faible, le contenu standard entraîne une diminution des quantités d’output (et donc des déchets), il est alors nécessaire de subventionner l’output. La combinaison d’instruments qui permet de satisfaire les conditions de l’optimum social et qui comprend la norme en contenu recyclé est plus difficile à mettre en place que la consigne. En effet elle nécessite la mise en œuvre d’une taxe sur le facteur travail. Les valeurs du contenu standard et des taxes associées sont plutôt compliquées et dépendent de la forme de la fonction de production. De plus, les informations nécessaires à la mise en place d’une telle norme et des taxes associées sont beaucoup plus difficiles à réunir que dans le cas du DSR (deposit-refund system) optimal qui nécessite de connaître le coût social marginal d’élimination. Dans ce modèle Palmer et Walls mettent l’accent sur le côté production, cependant seules les 9 La combinaison des deux instruments est optimale, la subvention au recyclage seule permet d’atteindre le niveau d’input optimal pour un niveau d’output donné mais ce dernier engendre trop d’output et trop de déchets. On retrouve là aussi les résultats de Fullerton Kinnaman et Dinam. 31 décisions concernant le mix d’input entre matières vierges ou recyclées sont prises en compte. Comme dans le modèle de Fullerton et Kinnaman, les firmes ne peuvent influencer la quantité de déchet intrinsèque au bien. BIBLIOGRAPHIE Axelrod, R., (1992). Donnant donnant : une théorie du comportement coopératif. Paris, Odile Jacob, 234 p. B.Gabrielle, (2008). 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