Message accompagnant le projet de décision relatif à la vente des
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Message accompagnant le projet de décision relatif à la vente des
Message accompagnant le projet de décision relatif à la vente des immeubles occupés par l’Institut hôtelier Hotelconsult « César Ritz » Colleges SA, au Bouveret, propriété de l’Etat du Valais ___________________________________________________________________________ Le Conseil d'Etat du Canton du Valais au Grand Conseil Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, Nous avons l'honneur de vous soumettre, avec le présent message, un projet de décision concernant la vente des immeubles occupés par l’Institut hôtelier Hotelconsult « César Ritz » Colleges SA, au Bouveret, propriété de l’Etat du Valais. 1. Historique C’est en novembre 1893 que le Grand Conseil du canton du Valais a décidé, par décret, de créer un institut spécial ouvert aux enfants privés de l’ouïe. Cette décision de principe a conduit à la signature d’un contrat, le 1er février 1894, avec la Congrégation des sœurs d’Ingenbohl qui, dès octobre de la même année, a ouvert les portes d’un tel institut dans les locaux de l’ancien prieuré de Géronde, devenu propriété du Séminaire diocésain de Sion. En 1910, pour répondre à des besoins impérieux de prise en charge des enfants débiles, Géronde a ouvert une classe pour enfants du Haut-Valais, puis en 1924, une section pour enfants de langue française. Pour faire face à l’augmentation constante des effectifs (près de 100 enfants en 1925), le Conseil d’Etat a décidé, en 1928, l’achat de l’hôtel Aiglon au Bouveret. Après de nombreux aménagements, cet hôtel est devenu l’Institut du Bouveret, accueillant jusqu’à 140 enfants, dont 52 sourds. Dès 1944, le manque de place s’est à nouveau fait sentir, l’effectif de la section des débiles augmentant sans cesse. Pour répondre à ces besoins, les bâtiments ont été agrandis durant les années 1954-1958. A partir des années 60, le nombre d’enfants sourds n’atteignait plus que 40 unités. Puis cet effectif s’est réduit à 27 en 1972. Sur la base de ce constat, une commission a été créée en 1975 afin d’étudier l’avenir de l’Institut du Bouveret, plus particulièrement l’avenir de la prise en charge des enfants sourds en Valais. 1 Se fondant sur les recommandations émises par cette commission, décision a été prise, en 1976, de ne plus accueillir les élèves sourds, ces derniers étant pris en charge par des institutions d’autres cantons, puis par des classes de malentendants créées en Valais. Dans ce contexte ont également été examiné les problèmes posés par la sous-occupation des institutions spécialisées du Valais romand. Dans son rapport, la commission a mis en évidence la baisse des effectifs des institutions et classes spéciales du Valais romand et a proposé diverses mesures, notamment en ce qui concerne le placement des enfants et l’affectation des bâtiments. Le Conseil d’Etat a ainsi décidé, en 1985, la fermeture de l’Institut du Bouveret. Mais, en prenant cette décision, il s’est engagé, dans l’intérêt de la Commune de Port-Valais et de la région du Chablais en général, de trouver une nouvelle affectation pour les bâtiments de l’Institut. C’est dans le cadre des travaux menés concernant cette problématique que le Conseil d’Etat a reçu une offre nouvelle présentée par la firme Hotelconsult, école hôtelière privée donnant un enseignement en langue anglaise. Cette proposition s’est rapidement révélée intéressante. Elle offrait en effet la possibilité d’une affectation immédiate des bâtiments de l’institut, tout en apportant à la région, voire au Valais, des avantages économiques et touristiques non négligeables. Ainsi, le Conseil d’Etat a-t-il décidé, dans sa séance du 19 septembre 1985, du principe de la location des terrains et des immeubles de l’Institut du Bouveret à l’école hôtelière Hotelconsult, devenue aujourd’hui Hotelconsult « César Ritz » Colleges SA. 2. Description des immeubles 2.1 Nature et affectation des terrains Selon le règlement des constructions de la commune de Port-Valais, les deux parcelles sur lesquelles sont érigés les bâtiments occupés par l’Institut hôtelier César Ritz, à savoir les parcelles no 256 et 162, plan no 5, représentent une surface totale de 22'792 m2 et se situent en zone d’intérêt général B et C, sans densité, ainsi qu’en zone forêt (5'418 m2 environ). Les immeubles, représentant un volume total de 33'700 m3, occupent une surface au sol de 2'367 m2 (cf. plan d’ensemble annexé). Les surfaces non bâties s’élèvent donc à 20'425 m2 et se composent de places, de jardin et de forêts. Celles-ci ne sont cependant pas toutes aménageables, du fait de leur configuration, de leur affectation (5'418 m2 en zone forêt) et des règles en vigueur en matière de construction, concernant notamment les distances à respecter. 2 2.2 Périmètre et équipement Le site est bordé : - au Nord par la route cantonale Bouveret-St-Gingolph à l’Est par une zone forêt et la propriété du Monastère St-Benoît de Port-Valais au Sud par une zone forêt à l’Ouest par la forêt et la Morge, limite entre les communes de St-Gingolph et du Bouveret. Selon les données cadastrales, les parcelles concernées sont les suivantes : Parcelle no 256,plan no 5 Institut a) Places Jardin, pré et forêt Remise b) Cave c) Transformateur d) Garage e) Salle de jeux f) Habitation g) Total 1556 m2 2014 m2 17365 m2 72 m2 75 m2 25 m2 44 m2 203 m2 392 m2 21746 m2 Parcelle no 162, plan no 5 Forêt et pré Total général 1046 m2 22792 m2 2.3 Description des bâtiments existants Bâtiment principal Affectation Année de construction Structure Niveaux Volume SIA Etat d’entretien Résidence Bellevue Affectation Année de construction Structure Niveaux Volume SIA Etat d’entretien école hôtelière et hébergement 1902, rénovations et transformations partielles en 1987 massive en maçonnerie de pierres sous-sol, rez-de-chaussée et 5 étages 26'600 m3 environ satisfaisant, entretien régulier hébergement 1987 massive en maçonnerie et BA sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages et combles inhabitables 5'000 m3 environ bon 3 Pavillon de classes Affectation Année de construction Structure Niveaux Volume SIA Etat d’entretien Pavillon loisir Affectation Année de construction Structure Niveaux Volume SIA Etat d’entretien Divers Affectation Année de construction Niveaux Volume SIA Etat d’entretien enseignement (2 salles classes et bureau) 1967, entièrement rénové en 2001 ponctuelle en BA rez-de-chaussée 1'200 m3 environ état de neuf ancienne remise, actuellement salle de loisir pour étudiants aménagement minimal en 1987. Sas d’entrée construit en 2001 en maçonnerie non isolée rez-de-chaussée 400 m3 environ satisfaisant garage, local à skis, remise petit matériel, ancienne cave, local transformateur variable 2 pour garage (local à ski à l’étage), autres 1 petites constructions satisfaisant 3. Demande d’achat présentée par la société Hotelconsult « César Ritz » Colleges SA Le bail entre l’Etat du Valais et Hotelconsult a été conclu pour une durée de vingt ans. Il a débuté le 1er septembre 1986 et finira le 31 août 2006. A l’échéance de ces vingt ans, il se renouvellera de plein droit, aux mêmes conditions, pour cinq ans, sauf avis de résiliation donné par l’une ou l’autre des parties. Deux avenants ont également été signés le 21 avril 1986 et le 5 mai 1987. Ces derniers précisent notamment que le loyer doit correspondre au 5% des investissements consentis par le canton. Pour répondre aux besoins de l’école, le bail en question prévoit également la réparation, la transformation et l’agrandissement des bâtiments existants. Des dispositions particulières précisent, quant à elles, que la société Hotelconsult s’engage à maintenir ses écoles dans le Haut-Valais et à ne pas développer une école du tourisme qui puisse nuire directement à l’école de Sierre. A l’approche du renouvellement du bail précité, ce dernier arrivant, rappelons-le, à échéance le 31 août 2006, la société Hotelconsult a souhaité rencontrer les représentants du canton. Une séance a donc été aménagée le 9 mars 2004, au cours de laquelle dite société a déclaré être 4 disposée à poursuivre la location de ce complexe, pour autant toutefois que les conditions du contrat soient revues et que des travaux soient entrepris. Parmi ces derniers figuraient plus particulièrement le réaménagement complet de la cuisine, devisé à 2,5 millions de francs, ainsi que la construction d’un nouvel immeuble comprenant 300 lits supplémentaires. Les représentants de la société Hotelconsult ont également souligné que ces investissements pouvaient être financés par l’Institut, moyennant toutefois une réduction de loyer de l’ordre de Fr. 150'000.-- par an, pour correspondre à un intérêt de 6% calculé sur le montant de 2,5 millions de francs qui serait investi par l’Institut. Pour le cas où cette solution ne trouverait pas l’approbation du canton, la société Hotelconsult s’est déclarée prête à étudier la question d’un éventuel achat, pouvant se conclure selon les variantes suivantes : Variante I Prix de vente ./. investissements financés par Hotelconsult Solde à payer Fr. Fr. Fr. 6'000'000.-2'500'000.-3'500'000.-- Fr. Fr. Fr. 4'000'000.-1'000'000.-3'000'000.-- Variante II Prix de vente Paiement à la décision du Grand Conseil Solde s/8 ans, Fr. 375'000.-/an La société Hotelconsult a toutefois lié ces propositions à la condition qu’une expertise des bâtiments soit effectuée (pour déterminer les travaux encore nécessaires et mettre en évidence d’éventuels défauts) et qu’une construction puisse encore être envisagée sur le solde de la parcelle. 4. Rendement des immeubles et examen de la demande d’achat 4.1 Rendement des immeubles Des travaux à plus-value ont été régulièrement entrepris par l’Etat du Valais dans ces immeubles depuis le début du bail. En tenant compte du coût des transformations initiales, s’élevant à Fr. 7'300'000.-- (crédit accordé par le Grand Conseil le 16 mai 1986 : Fr. 6'500'000.-- et en session de mai 1987 : Fr. 800'000.--), le montant total investi par le canton représentait, à la fin de l’année 2004, Fr. 8'823'860.60. Des travaux d’entretien courant ont par ailleurs été exécutés chaque année. Ils s’élevaient, à fin 2004, à plus de Fr. 2'000'000.--. Si le rendement brut de ces immeubles répond aux exigences formulées par le contrat de bail (loyer ≥ à 5% de l’investissement), il y a lieu de constater qu’une fois déduits les frais d’entretien (Fr. 150'000.-- par an environ), les frais d’exploitation à charge du 5 propriétaire (impôt foncier et primes d’assurance « choses ») et les charges d’amortissement, le rendement net de ces biens devient négatif, comme le montre les tableaux suivants : Investissements Années 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Total Investissem. 7'300'000.00 26'000.00 7'000.00 56'000.00 20'000.00 19'000.00 78'000.00 0.00 219'935.00 212'019.00 84'380.00 43'556.00 102'781.00 533'682.00 12'083.60 67'219.00 42'205.00 Cumul 7'326'000.00 7'333'000.00 7'389'000.00 7'409'000.00 7'428'000.00 7'506'000.00 7'506'000.00 7'725'935.00 7'937'954.00 8'022'334.00 8'065'890.00 8'168'671.00 8'702'353.00 8'714'436.60 8'781'655.60 8'823'860.60 8'823'860.60 Recettes 365'000.00 365'000.00 398'872.00 422'126.00 442'388.00 442'388.00 464'065.00 470'703.00 470'703.00 425'000.00 425'000.00 425'000.00 443'000.00 461'000.00 461'000.00 461'000.00 Rendement brut 4.98 4.98 5.40 5.70 5.96 5.89 6.18 6.09 5.93 5.30 5.27 5.20 5.09 5.29 5.25 5.22 6'942'245.00 Charges d’exploitation (y compris amortissements) Années …. 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Total Recettes Charges d'exploitation Résultat 470'703.00 425'000.00 425'000.00 425'000.00 443'000.00 461'000.00 461'000.00 461'000.00 584'217.03 781'534.65 548'814.55 486'477.80 476'359.00 491'298.20 487'629.50 459'298.16 -113'514.03 -356'534.65 -123'814.55 -61'477.80 -33'359.00 -30'298.20 -26'629.50 1'701.84 6'942'245.00 7'934'506.89 -992'261.89 Rendement -1.43 -4.44 -1.54 -0.75 -0.38 -0.35 -0.30 0.02 Il convient de préciser que l’amortissement représente 5% de la valeur résiduelle. Comptablement, l’immeuble est enregistré au bilan de l’Etat, à fin 2004, à Fr. 5'775'543.60. La valeur vénale des immeubles a été estimée en 1997 à 8 millions de francs et la valeur cadastrale représente le montant de Fr. 6'178'409.--. 6 Il est évident que la prise en compte d’un investissement supplémentaire de 2,5 millions de francs, pour le réaménagement de la cuisine, aggrave encore les résultats présentés ci-dessus, et ce quel que soit le mode de financement retenu : financement par le canton ou par Hotelconsult. Une augmentation des frais d’amortissement et d’intérêts doit être envisagée dans le premier cas et une réduction de loyer dans le deuxième, ce qui accentue encore la perte calculée précédemment. Il y a donc lieu de constater, en conclusion, qu’une amélioration du résultat d’exploitation de cet immeuble ne peut, selon toute vraisemblance, être espérée. 4.2 Examen de la demande d’achat Concernant la question de la vente, notons que le prix initial proposé diffère selon la variante retenue. Dans le cas d’un paiement échelonné, le prix de vente est majoré de Fr. 500'000.--, pour tenir compte de l’intérêt dû sur le montant de 3,0 millions versé en huit tranches. Ce montant équivaut à un placement au taux de 3,71% environ. Pour le calcul de la réduction de loyer demandée, la société Hotelconsult retient, par contre, un taux de 6%. Il convient d’observer en outre que le prix de vente suggéré est relativement bas, comparé au prix estimé en 1997. Cette différence s’accentue encore si l’on tient compte des rénovations importantes effectuées après cette date (rénovation complète de la bibliothèque en 2001). Il y a lieu néanmoins de souligner que la valeur de réalisation possible de ces objets ne peut avoisiner la valeur vénale estimée, et ce pour les raisons suivantes : - le caractère spécifique du complexe : complexe important, bien situé, mais transformé et agrandi pour recevoir une école hôtelière ; - les difficultés de trouver un acquéreur ; - la difficulté à parceller et vendre les bâtiments séparément et pour quel usage ; - l’importance des travaux d’entretien et de rénovation restants ; rappelons que le bâtiment principal, bien que transformé en 1987, date de 1902. 5. Conditions prévues pour la vente Les résultats d’exploitation desdits immeubles ont donc incité le Conseil d’Etat, dans sa séance du 26 mai 2004, à accepter le principe de la vente de ce complexe à la société Hotelconsult « César Ritz » Colleges SA et, compte tenu des remarques formulées précédemment, à accepter l’offre (variante II) présentée par cette dernière. Le Conseil d’Etat a toutefois souhaité lier cette vente à certaines conditions, qui, avec les modalités de paiement prévues, se présentent comme il suit : - paiement d’un montant de Fr. 1'000'000.-- 10 jours après l’adoption de la présente décision, Fr. 3'000'000.--, soit le solde, versés à raison de Fr. 375'000.-- par an, à raison de 12 versements mensuels de Fr. 31'250.-- ; 7 - inscription d’une servitude interdisant le changement d’affectation des immeubles durant vingt ans ; - inscription d’un droit, pour la même durée, octroyant à l’Etat du Valais la possibilité de racheter ces propriétés, à un prix limite à déterminer ; - constitution d’une garantie hypothécaire aussi longtemps que l’acquéreur reste débiteur de l’Etat. La Commune de Port-Valais a été informée de cette possible transaction. Elle ne voit aucun inconvénient à la vente de ces immeubles à l’Institution en question. Afin de pouvoir s’assurer de possibilités d’extension sur les parcelles actuelles, la société Hotelconsult souhaite, pour sa part, subordonner cet achat à la condition expresse qu’elle obtienne une modification du plan de zone impliquant une possible extension de l’école hôtelière, pour de nouvelles constructions, en zone d’intérêt général C pour l’ensemble des deux parcelles no 256 et 162. La procédure se limite en fait à un simple changement partiel de la zone d’intérêt général B en zone d’intérêt général C (seule une partie de la parcelle no 256 est concernée), avec adaptation de cette dernière au cadastre forestier et sans modification du règlement communal des constructions. Les démarches nécessaires ont été entreprises auprès de la Commune de Port-Valais. 6. Autorité compétente En vertu de l'article 41, chiffre 3, de la Constitution cantonale et des articles 29 et 31 de la loi sur la gestion et le contrôle administratifs et financiers du canton du 24 juin 1980, modifiés le 1er décembre 2004, les transactions immobilières, dont la valeur excède deux millions de francs, requièrent une autorisation du Grand Conseil. En l'occurrence, cette autorisation doit s'entendre comme un acte administratif relevant de la compétence du Grand Conseil et non comme acte législatif contenant des règles générales et abstraites. C'est la raison pour laquelle, sur le plan formel, le Grand Conseil peut se prononcer sur la base d’une simple décision qui peut être prise en une seule lecture. Nous espérons que le Grand Conseil voudra bien accepter le projet que nous lui soumettons avec le présent message et vous prions d'agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, l'assurance de notre haute considération et vous recommandons, avec nous, à la protection divine. Sion, le LE PRESIDENT DU CONSEIL D'ETAT : Jean-Jacques Rey-Bellet LE CHANCELIER D'ETAT : Henri v. Roten 8