Première modélisation de la structuration de tout l`Univers

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Première modélisation de la structuration de tout l`Univers
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COMMUNIQUE DE PRESSE I PARIS I 12 AVRIL 2012
Première modélisation de la structuration de tout
l’Univers observable du Big-Bang jusqu’à aujourd’hui
Une équipe de chercheurs du Laboratoire Univers et Théories (LUTH, Observatoire de
Paris/ CNRS/Université Paris Diderot) (1) dirigée par Jean-Michel Alimi vient de réaliser
pour la première fois le calcul de la structuration de tout l'Univers observable, du Big Bang
jusqu’à aujourd’hui. La simulation effectuée a permis de suivre 550 milliards de particules.
Elle est la première des trois étapes d’un projet exceptionnel, appelé Deus: full universe
run (2) réalisé sur le nouveau supercalculateur CURIE de GENCI exploité au Très Grand
Centre de Calcul (TGCC) du CEA. La simulation déjà réalisée et celles programmées pour
fin mai 2012 constitueront une aide exceptionnelle aux grands projets d’observation et de
cartographie de notre Univers. Elles permettront de mieux comprendre la nature de
l’énergie noire et son influence sur la structuration de l’Univers, l’origine de la distribution
de la matière noire et des galaxies.
Après des développements de plusieurs années, six chercheurs (3) de l’équipe Cosmologie du LUTH ont
réalisé la première simulation de la structuration de tout notre Univers observable, du Big Bang jusqu’à
aujourd’hui. Au-delà du modèle cosmologique standard avec constante cosmologique qu’ils viennent
d’achever, leurs travaux distinguent deux autres modèles cosmologiques avec énergie noire (4),
composante mystérieuse introduite pour expliquer l’accélération de l’expansion de l’Univers (5). Quelle est
l’empreinte de l’énergie noire sur la structuration de l’Univers ? Et réciproquement, comment déduire de
l’étude de la structuration de l’Univers la nature de cette énergie ? Deux questions fondamentales
auxquelles le projet Deus : full universe run tentera de répondre.
La simulation du modèle standard de la cosmologie, qui vient d’être réalisée, a déjà permis de mesurer le
nombre d’amas de galaxies de masse supérieure à cent mille milliards de masse solaire qui s’élève
aujourd’hui à plus de 144 millions. Autres enseignements : le premier amas de ce type est apparu alors
que l’Univers n’avait que 2 milliards d’années et l’amas le plus massif dans l’Univers observable
aujourd’hui pèse 15 millions de milliards de masses solaires. Les données générées lors du calcul
permettent également de mesurer les fluctuations de la distribution de la matière noire. Celles-ci résultent
des fluctuations du fond de rayonnement cosmologique issues du Big-Bang, observées par les satellites
WMAP et Planck. Ces observations sont cette fois obtenues dans une simulation qui couvre toute l’histoire
de l’Univers, avec une précision jamais atteinte et sur la plus large gamme d’échelles jamais observées, de
quelques millionièmes à la taille de l’Univers. Elles dévoilent avec précision les empreintes sur la matière
noire des oscillations du gaz primordial (« Oscillations Baryoniques Acoustiques »). Ces calculs
apparaissent déjà comme une mine prodigieuse de nouveaux résultats intéressant toute la communauté
cosmologique.
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La mise en œuvre de ce projet exceptionnel a été rendue possible grâce aux puissantes ressources mises
à la disposition de ces chercheurs par GENCI (6), le Grand Equipement National de Calcul Intensif, sur
son supercalculateur CURIE doté de plus de 92 000 unités de calcul et capable de réaliser 2 millions de
milliards d’opérations à la seconde (2 PFlop/s). La machine CURIE est installée et exploitée par le CEA au
sein du Très Grand Centre de Calcul, à Bruyères-le-Châtel (Essonne). Conçue par Bull, c’est l’une des
cinq machines les plus puissantes au monde.
Deus : full universe run constitue une nouvelle avancée qui dépasse largement les calculs les plus
performants réalisés à ce jour par toutes les équipes internationales sur les plus grands centres de calcul
du monde. L’ensemble du projet nécessitera plus de 30 millions d’heures de calculs (près de 3500 ans)
réparties sur la quasi-totalité des unités de calcul CURIE. Plus de 150 péta-octets de données (soit
l’équivalent de 30 millions de DVD) seront générés durant ces calculs. Grâce à un processus de sélection
avancé et innovant, il sera possible de n’en conserver que 1 Po utile.
Dès à présent, il est possible de parcourir pour la première fois, pour le modèle standard de la cosmologie
avec constante cosmologique, la distribution de la matière noire et des galaxies dans tout l’Univers sur des
distances équivalent à 90 milliards d’années-lumière (7), et d’observer leurs évolutions tout au long de
l’histoire de l’Univers.
Les résultats de ces voyages, dans tout l'Univers observable d’ici et maintenant jusqu’à la limite du BigBang pour les trois modèles cosmologiques, sont programmés pour fin mai prochain. Ils permettront de
mieux connaître l’influence de l’énergie noire sur la structuration de l’Univers et constitueront une aide
exceptionnelle à l’élaboration et l’interprétation des « catalogues » cosmologiques présents et futurs des
grands projets d’observation, spécialement ceux portés par les grandes agences spatiales internationales,
comme le projet EUCLID (8) qui vient d’être sélectionné par l’ESA, l’agence spatiale européenne.
(1)
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(4)
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(6)
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(8)
Le LUTH est un laboratoire Observatoire de Paris/CNRS/Université Paris Diderot et un département scientifique de l’Observatoire de
Paris.
DEUS : Dark Energy Universe Simulation, www.deus-consortium.org
Jean-Michel Alimi, Pier-Stefano Corasaniti, Yann Rasera, Irène Balmes, Vincent Bouillot, Vincent Reverdy.
Le premier modèle est le modèle de concordance, il envisage la présence d’une constante cosmologique. Un deuxième modèle prévoit
la présence d’une composante d’énergie noire dynamique qui emplit tout l’Univers. Enfin, le troisième modèle mime une modification
des lois de la gravitation aux grandes échelles, par la prise en compte d’une composante accélératrice dite « fantôme ».
La mise en évidence observationnelle de l’accélération de l’expansion cosmique dont l’énergie noire serait la source a été
récompensée par le prix Nobel de physique 2011.
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Dans un Univers âgé d’environ 13,7 milliards d’années, la lumière parcourt pour nous parvenir une distance plus grande que 13,7
milliards d’années-lumière du fait de l’expansion de l’Univers au cours de son trajet. Cette distance dépend précisément du modèle
cosmologique considéré. L’espace étant en expansion il se dilate pendant le trajet et conduit la lumière à parcourir environ 45 milliards
d’années-lumière.
EUCLID est l’une des missions du programme Cosmic Vision de l’ESA (période 2015-2025). EUCLID est consacré à l’étude de
l’origine de l’accélération de l’expansion de l’Univers. http://www.esa.int/esaSC/SEMOZ59U7TG_index_0.html
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Plus obtenir plus de photos : http://bit.ly/AqJHGf Pour aller plus loin : www.deus‐consortium.org Jean-Michel Alimi et le supercalculateur CURIE de GENCI conçu par Bull.
© CNRS Photothèque /Cyril FRESILLON
Supercalculateur CURIE capable d'effectuer jusqu'à 2 millions de milliards d'opérations à la
seconde, constitué de plus de 92 000 coeurs de calcul couplés à un système permettant de
stocker l'équivalent de 7 600 ans de fichiers MP3 (15 Po) à une vitesse de 250 Go par
seconde. Conçu par Bull pour le GENCI (Grand équipement national de calcul intensif), il est
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hébergé et exploité par le Très grand centre de calcul (TGCC) du CEA à Bruyères-le-Châtel.
Les supercalculateurs deviennent indispensables à la recherche pour modéliser, simuler, de
plus en plus finement, des phénomènes complexes, inaccessibles par l'expérience. Plus les
performances et les capacités des supercalculateurs sont grandes, plus les modélisations et
simulations gagnent en précision et réalisme. © CNRS Photothèque /Cyril FRESILLON
Volume de l’Univers accessible avec la simulation, c'est-à-dire tout l'Univers Observable et
la comparaison avec le domaine d'Univers observé aujourd'hui. Au bord du disque extrait
de la sphère céleste totale on retrouve l'observation du fond cosmologique. © Deus
consortium.
Contacts
Chercheur CNRS à l’Observatoire de Paris l Jean-Michel Alimi | T. 01 45 07 74 06/06 16 72 68 20 l [email protected]
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Presse CNRS l Laetitia Louis l T. 01 44 96 51 37 l [email protected]