PUBLICITE POUR LA NOUVELLE FIAT 126
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PUBLICITE POUR LA NOUVELLE FIAT 126
Epreuve HDA : PUBLICITE POUR LA NOUVELLE FIAT 126 Introduction : Présentation du document : Il s’agit d’une affiche publicitaire datant de 1972 diffusée notamment dans différents magazines dans le cadre d’une campagne visant à lancer la Fiat 126. Présentation de l’objet : La Fiat 126 est une voiture produite sous diverses versions en Italie par FIAT Spa de 1972 à 1979 et en Pologne sous licence de 1973 à 2000. Présentée en 1972 au Salon Automobile de Turin, elle est destinée à remplacer progressivement la Fiat 500, dont elle reprend le châssis et le moteur bicylindre refroidi par air afin de réduire son prix. La Fiat 126 a été produite entre 1972 et 2000 ; cette micro-citadine s’est vendue à 4 673 655 exemplaires. Présentation du contexte : A l’époque, nous sommes dans la période des Trente Glorieuses. Les Trente Glorieuses sont la période de forte croissance économique qu’a connue entre 1945 et 1973 la grande majorité des pays développés. Il s’agit d’une révolution porteuse de changements économiques et sociaux majeurs, qui ont marqué le passage de l'Europe, quarante années après les États-Unis, à la société de consommation (société au sein de laquelle les consommateurs sont incités à consommer des biens et services de manière abondante.) Les vingt-huit ans qui séparent la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, du choc pétrolier de 1973 se caractérisent par : - la reconstruction économique de pays largement dévastés par la guerre - le retour vers une situation de plein emploi dans la grande majorité des pays - une croissance forte de la production industrielle - une expansion démographique importante (le baby boom) dans certains pays européens et nord-américains (particulièrement en France, en Allemagne de l'Ouest, aux États-Unis et au Canada). Cette publicité vise donc à convaincre le consommateur que l’achat de cette voiture sera un investissement pertinent alors que la concurrence fait rage. I- description du document 1) la composition Le document se compose d’un texte (partie supérieure) et d’une image en couleurs (partie inférieure). Tout en bas de la publicité se trouve un bandeau informatif. 2) analyse de l’objet Il s’agit d’une voiture dessinée de manière enfantine et colorée. Le fond nocturne est composé d’astres (un croissant de lune, Saturne et ses anneaux, des étoiles filantes, des comètes). La voiture, bleue, repose sur un nuage cotonneux. 3) le bandeau - LA NOUVELLE FIAT 126 : le nom de la voiture, mis en valeur par les caractères gras et les majuscules d’imprimerie, est associé à un adjectif à valeur méliorative « nouvelle », ce qualificatif suscite l’attrait et s’inscrit donc dans la démarche du destinateur (vendre). - Kyrielle d’informations techniques et pratiques: le prix, la puissance du moteur, la technologie avancée (« boîte de vitesse synchronisée), la sécurité (« double-circuit de freinage », « caisse renforcée » → on remarque qu’aujourd’hui, « caisse » désigne par métonymie la voiture dans son ensemble), dimensions et nombre de place (« 4 places », « 3m05 »), le point de distribution (« vous attend chez votre vendeur »). 4) le texte a) phrase d’accroche TU M’AS DIT : « S’IL VOUS PLAIT, DESSINE-MOI UNE VOITURE. » On a une phrase déclarative suivie d’une phrase injonctive au discours direct. Le premier locuteur est le concepteur de la voiture, le « Tu » est un client s’exprimant comme un enfant. En effet, un attelage marque un manque de maîtrise de la langue de celui qui parle « s’il vous plaît → dessine » Tout est écrit en majuscules ce qui peut rappeler l’univers de la bande dessinée (le nuage, dans l’image, peut être comparé à une bulle - phylactère-). Cette phrase est mise en relief par la taille des caractères. b) corps du texte Le corps du texte se compose de presque 9 lignes pour une seule phrase. L’analyse logique de cette phrase permet de voir que le mot « voiture » (qui ouvre cette dernière) désigne une automobile particulière, répondant à des critères bien spécifiques, en lien étroit avec les besoins du consommateur. On compte ainsi des propositions subordonnées circonstancielles de cause « parce qu’elles sont presque toutes vilaines », de temps « quand il y a du soleil » etc. L’emboîtement de ces multiples propositions tend à imiter le langage oral d’un enfant. On suit le fil de la pensée du locuteur sans faire trop attention à la syntaxe. Il s’agit de définir les caractéristiques de la voiture idéale selon le consommateur qui reste au centre du corps de ce texte, en effet on retrouve dans la dernière partie de la phrase le « je » du locuteur avec l’expression « j’ai plein d’autres choses à acheter ». c) conclusion textuelle ALORS, J’AI DESSINE POUR TOI LA FIAT 126. La phrase s’ouvre sur un connecteur logique de conséquence. Il s’agit donc d’une réponse du concepteur à l’enfant (la police de caractère est d’ailleurs la même que celle de la phrase d’accroche et les pronoms personnels sont repris). On a toujours cette impression d’oralité qui ressort avec le choix du passé composé « j’ai dessiné », temps du discours. La mise en page de cette phrase permet de centrer la marque sur l’affiche : LA FIAT 126 apparaît au milieu de la publicité. II- Les arguments traditionnels de vente 1) Les qualités de la Fiat 126 Il s’agit, pour l’émetteur de la publicité, de convaincre l’adulte en utilisant des arguments de vente rationnels (toucher sa raison et non plus son cœur). Il est alors indispensable de mettre en avant les qualités de la voiture du point de vue d’un adulte. Ainsi, elle est dite : - fiable et solide « elle doit être très solide protégée contre les autres voitures qui font n’importe quoi » : la notion de sécurité est essentielle (le locuteur rebondit ici sur l’idée qui veut que sur la route, c’est toujours l’autre automobiliste qui conduit mal...). Ici, on fait référence, avec humour, à la mauvaise foi du conducteur. - bon marché « il ne faut pas qu’elle soit trop chère parce que c’est pas la peine et que j’ai plein d’autres choses à acheter » : sous couvert d’évidence s’exprime ici le problème du budget des ménages qui n’est pas extensible. En outre, on énonce l’idée que le prix n’est pas un critère de qualité de la voiture : « c’est pas la peine » présente la cherté comme une option inutile. - Belle et originale « une voiture pas comme les autres parce qu’elles sont presque toutes vilaines et elles ont l’air bête surtout quand il y en a beaucoup ensemble » : le consommateur veut une voiture qui le différencie des autres consommateurs et donc qui le valorise (on comprend ici que la voiture devient presque aussi importante qu’un être vivant étant donné la personnification utilisée – on lui attribue ici des caractéristiques humaines-). Allusion à la question du Petit Prince dans l’œuvre : « Dessine-moi un mouton » (métaphore filée : « bête » et allusion au troupeau) ? - Performante « elle doit quand même aller vite surtout quand il y a du soleil pour aller à la campagne» : la voiture doit être capable de faire des kilomètres sans donner de signe de faiblesse. 2) aspect concret des informations sous l’image Au-delà du discours enfantin, la publicité s’adresse bien à un adulte d’où la nécessité de faire apparaître des informations plus concrètes : c’est le cas des éléments descriptifs donnés en bas de la publicité. Elles sont très pointues ; le ton adopté est beaucoup plus sérieux (succession de groupes nominaux, économie du discours : on va à l’essentiel sans ornementation en tout genre). III- Le pastiche du Petit Prince 1) L’histoire du Petit Prince Le Petit Prince est une œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry, publié en 1943 à New York. Sous l’apparence d’un conte pour enfants, c'est un conte poétique et philosophique. Pour le résumé et plus d’informations sur cette œuvre : - http://www.alalettre.com/saint-exupery-oeuvres-petit-prince.php - http://www.lepetitprince.com/ - Notamment la page « les thématiques » http://www.lepetitprince.com/oeuvre/thematique/ Le Petit Prince est un conte qui rassemble toutes les générations. On lui prête différents niveaux de lecture : un enfant de 5 ans ne comprendra pas la même chose qu’un adolescent, qu’un adulte ou qu’une personne âgée. Le publicitaire s’appuie donc sur l’univers fantasmagorique du conte mais finalement, Le Petit Prince a aussi un public adulte d’où la pertinence du choix : cette allusion est reconnaissable par tous et touche les gens de manière universelle. 2) la fantaisie du texte et de l’image - syntaxe relâchée - dessin qui présente la voiture au milieu des étoiles, donc comme une star (cf. signification du mot en anglais). Elle brille (jeu de lumières sur les vitres et aspect rutilant avec les étoiles sur l’avant). Elle est dans le ciel (idée du rêve), idéal. C’est la voiture rêvée. → Publicité qui tranche avec les images publicitaires habituelles. Cette voiture est présentée ni comme une voiture luxueuse, ni comme une voiture performante, mais comme une voiture sympathique. Toute ronde, toute petite, elle ressemble à la voiture qu'aurait dessinée un enfant. Cela se traduit sur l'image par le fait que la voiture est dessinée et non photographiée et que sur le dessin elle est "sur un petit nuage", entourée d'étoiles et de planètes. 3) La stratégie argumentative liée à l’utilisation du Petit Prince - En outre, les leçons contenues dans l’œuvre de Saint Exupéry sont des arguments pour vendre cette voiture : La publicité vante la simplicité de cette voiture, voire son honnêteté, sa sincérité (monde de l’enfance) : elle ne cherche pas à être autre chose qu’elle-même, c’est-à-dire une voiture (et pas un signe extérieur de richesse, un objet de luxe, un objet qui permet d’aller plus vite que de raison, etc). « L’essentiel est invisible pour les yeux », dit le renard dans Le Petit Prince. Ainsi chaque chose, chaque être cache un trésor, un mystère que nous devons percer. Au-delà des apparences, il y a l’esprit qu’il faut découvrir avec le cœur. Cette publicité rappelle des valeurs essentielles : la sincérité, l’authenticité. L’œuvre de Saint Exupéry accorde à l’enfant des qualités extraordinaires : il est celui qui peut lire avec son cœur quand l’adulte en est devenu incapable car il est piégé par le côté matériel, vulgaire de l’existence. Sa seule préoccupation est l’utile et il oublie de rêver. Dans la dédicace, l’auteur rappelle que « Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) ». Cette publicité renforce l’image positive de l’acheteur de la voiture : il est capable de ressusciter l’enfant qui est en lui, porteur de valeurs authentiques. Conclusion Ainsi cette publicité remplit les deux fonctions essentielles de la publicité : informer le public de l’existence et des caractéristiques du produit d’une part, le convaincre de l’acheter par des différents arguments, d’autre part. Cependant cette publicité pour la Fiat 126 tranche avec les autres publicités pour des voitures. Elle vise à persuader le public d’acheter le produit en éveillant son émotion plus que sa réflexion. En effet, elle fait appel à l’émotion de l’enfance, aux valeurs véhiculées par une œuvre littéraire extrêmement célèbre et populaire. L’humour n’en est pas absent, via le discours enfantin, et il crée une complicité avec le client éventuel qui va trouver l’image, et donc le produit, sympathiques. La connivence avec le client qui comprend une référence, reconnaît un slogan, une phrase célèbre, permet de le flatter dans son ego et est une stratégie de vente souvent utilisée. Quelle est la place des œuvres d’art dans la publicité ? Elle est très importante. A vous d’aller en chercher deux ou trois exemples très célèbres. Vous pouvez copier les images sur une clé USB que vous pourrez projeter le jour de l’examen. Renseignez-vous sur le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, sa date. Pour terminer, on constate que l’inverse est également vrai : la publicité a ainsi pu inspirer les artistes, notamment ceux du courant du pop art, comme Andy Warhol qui a réalisé plusieurs œuvres représentant les boîtes de conserve de la marque Campbell.