ÉVANGÉLISTA TORRICELLI par André Ross Professeur de
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ÉVANGÉLISTA TORRICELLI par André Ross Professeur de
Evangelista Torricelli 1 ÉVANGÉLISTA TORRICELLI par André Ross Professeur de mathématiques Cégep de Lévis-Lauzon Autriche Suisse Vérone Milan Gènes Padoue Venise Crémone France Bosnie Faenza Bologne Pise Ancona Florence Albanie Mer Adriatique Rome Corse Naples Sardaigne Mer Méditerranée Crotone Palerme Messine Sicile Afrique du Nord NOTES BIOGRAPHIQUES Torricelli est né le 15 octobre 1608 à Faenza en Romagne, Italie et décédé le 25 octobre 1647 à Florence en Toscane, Italie. Il a étudié au collège des Jésuites de sa ville natale avant de poursuivre ses études à Rome où il reçoit une formation mathématique. C’est l’abbé Benedetto Castelli, mathématicien, ingénieur, disciple et ami de Galilée qui lui donne cette formation. À partir de 1632, année de la publication du Dialogue sur les deux plus grands Systèmes du Monde, Torricelli correspond avec Galilée et s’initie aux travaux de celui-ci. Après avoir pris connaissance d’un travail réalisé par Torricelli sur les corps pesants, Galilée l’invite à Arcetri près de Florence, dans la villa où il a été assigné à résidence après son procès. Torricelli répond à l’invitation et agit comme secrétaire de Galilée pendant trois mois, jusqu’à la mort de celui-ci, le 8 janvier 1642. Torricelli s’apprête à repartir pour Rome lorsque le Grand-Duc Ferdinand II de Toscane le nomme au poste de mathématicien officiel de sa cour laissé vacant par la mort de Galilée. Torricelli s’adonne alors à la recherche dans plusieurs domaines avec une prédilection pour la géométrie. En 1644, il publie Opera geometrica, seul ouvrage publié de son vivant. Il développe une grande habileté dans la fabrication de lentilles de télescope mais garde le secret sur ses techniques. Parallèlement à ses travaux de recherche, il correspond avec les mathématiciens de son époque, en particulier avec Roberval et Mersenne. PRESSION ATMOSPHÉRIQUE Torricelli fut le premier à réaliser le vide d’air lors d’expériences sur la pression atmosphérique, découvrant ainsi le principe du baromètre. En 1643, il imagina l’expérience consistant à renverser un tube de mercure dans une cuve du même liquide. Il a réalisé avec son collègue et ami Vincenzo Viviani. Cette expérience démontre l’effet de la pression atmosphérique qui détermine la hauteur d’une colonne de liquide dans un tube renversé dans un réservoir du même liquide. En fait, cette interprétation de l’expérience ne fut pas facilement acceptée. Deux questions étaient posées par cette expérience : 2 Notes biographiques Expérience de Torricelli Un tube rempli de mercure est bouché puis renversé dans une cuve de mercure. En débouchant le tube, le mercure descend dans le tube mais se stabilise à chaque fois à une hauteur entre 26 et 27 pouces. geometrica. Il a appliqué ce principe à la cycloïde et à différentes courbes. Il procède en déterminant le rapport de la sous-tangente à l’abscisse du point de tangence. Ainsi, dans la figure suivante, il cherche, par des moyens géométriques, à déterminer le rapport V BC AB P A B C H Il obtient des résultats qui, généralisés en symbolisme moderne, s’énoncent comme suit : • De quelle nature est l’espace laissé libre au sommet du tube plongé dans la cuve de mercure? • Quelle force maintient le mercure la colonne de mercure dans le tube? Il faudra attendre les expériences de Pascal, en particulier celle du Puy-de Dôme (19 septembre 1648). les expériences des sphères de Magdebourg (Otto von Guericke (1654) et de Robert Boyle (1660) pour que soit reconnue que c’est la pression atmosphérique qui maintient le mercure dans la colonne et que l’espace libre au sommet du tube et vide. TORRICELLI ET LES TANGENTES Les travaux de Torricelli sur la tangente se fondent sur la conception dynamique de la tangente, soit la composition de deux mouvements d’un point mobile qui trace une courbe. Dans cette optique, tracer la tangente revient déterminer la résultante des mouvements ou des vitesses de deux mouvements. Cette résultante repose sur la tangente à la courbe en ce point mobile. Roberval avait déjà développé une approche semblable mais Torricelli n’en fait pas mention dans son Opera si yp = kxq, alors si ypxq = k, alors xdy q = ydx p xdy q =– ydx p CALCUL D’AIRES ET DE VOLUMES Torricelli connaissait bien les travaux d’Archimède, de Galilée et de Cavalieri. Il semble insatisfait des preuves obtenues par la méthode de Cavalieri, qui se préoccupait peu de la rigueur mathématique et des difficultés logiques soulevées par les indivisibles. Il développe donc des preuves en utilisant la méthode d’Archimède, en complément à celles obtenues par les indivisibles de Cavalieri. Torricelli a déterminé la longueur de l’arc d’une cycloïde, a utilisé le calcul pour déterminer, dans le plan d’un triangle, le point dont la somme des distances aux sommets est minimum et il a étudié le mouvement des projectiles. En 1641, il a montré que la rotation d’une courbe de longueur infinie, comme la parabole xy = a2 dans l’in- Evangelista Torricelli 3 tervalle [–b; b] pouvait engendrer un solide de volume fini par révolution autour de l’axe des x. vent de la méthode des indivisibles et de la méthode d’exhaustion. Il est parvenu à plusieurs résultats intéressants qui font maintenant partie du calcul différentiel et intégral. Solide de révolution Courbe plane y y yx = a2 yx = a2 x x Il faut reconnaître le rôle important joué par le père Marin Mersenne dans les échanges entre les savants de l’époque. Par sa correspondance, il a informé les savants européens des problèmes étudiés et des progrès réalisés par les autres. Il a servi de revue scientifique avant x=b x=b Il démontre ce résultat de deux façons, d’abord par la méthode des indivisibles de Cavalieri, puis par la méthode d’exhaustion qu’il appelle « méthode des Anciens ». Torricelli était très heureux de ce résultat car il croyait être le premier à découvrir une caractéristique de cette nature, mais Oresme, Fermat et Roberval avaient prévu des résultats semblables. Dans la partie intitulée De infinitis hyperbolis de son ouvrage, il présente, sous forme géométrique, un résultat équivalent à l’intégrale définie : a n Ú0 x dx = a n+1 n +1 pour toutes les valeurs rationnelles, sauf n = –1. CONCLUSION Torricelli s’est intéressé aux problèmes qui passionnaient tous les savants de cette époque : la recherche de méthodes pour déterminer la tangente à une courbe, l’aire d’une surface et le volume d’un solide. Il s’est également intéressé à la pression atmosphérique et a réalisé la première expérience démontrant l’effet de celle-ci sur une colonne de mercure. Dans la recherche des tangentes, il utilise à la fois des procédés géométriques et des procédés mécaniques, s’inspirant des travaux d’Archimède, de Cavalieri et de Roberval. Dans le calcul d’aires et de volumes, il compare les aires et les volumes cherchés à des aires ou des volumes connus. Les arguments invoqués dans ses démarches relè- EXERCICES 1. Soit yp = kxq. Montrer, en utilisant les techniques modernes de dérivation que : xdy q = ydx p 2. Soit ypxq = k. Montrer, en utilisant les techniques modernes de dérivation que : xdy q =– ydx p BIBLIOGRAPHIE Boyer, Carl B. A History of Mathematics, New York, John Wiley & Sons, 1968, 717 p. Collette, Jean-Paul. Histoire des mathématiques, Montréal, Éditions du Renouveau Pédagogique Inc., 1979 2 vol., 587 p. Davis, Philip J, Hersh, Reuben, Marchisotto, Elena Anne. 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