ATHÈNES, le janvier (8 février) 1896
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ATHÈNES, le janvier (8 février) 1896
ATHÈNES, le janvier (8 février) 1896, —No 1 LES JEUX OLYMPIQUES Supplément au No 3 DU MESSAGER D’ATHENES ATHÈNES LE 6 AVRIL 1896 »En exprimant le vœu (lisons-nous, dans un numéro du Bulletin international des Jeux Olympiques) que les Jeux Olympiques internationaux soient célébrés à Athènes en 1896, le Congrès athlétique n’a fait que «rendre à César ce qui est dû à César». L’idée féconde du rétablissement de ce Jeux est une idée éminemment hellénique ce n’était que justice de la réaliser, pour la première fois, sur le sol qui l’a vu naître Du resté dépuis le premier jour jusqu’au dernier, l’esprit de la Grèce antique semblait planer sur le Congrès. Il a inauguré ses travaux par l’hymne à Apollon, il a rétabli les Jeux Olympiques et il a fini par un Symposium. Il ne manquait à ce banquet que des bandelettes au front des convives pour justifier tout a fait le délégué hellène lorsque, répondant au toast du president aux délégués étrangers, il déclara qu’il n’y avait point là d’étrangers, qu’il ne voyait autour de lui que des petits-fils des anciens. Hellènes, des cousins réunis par le souvenir et au nom de l’aïeule commune». Le choix d’Athènes s’imposait au Congrès. «Anticipant, dit encore le Bulletin précité, les objections que l’on aurait pu élever contre ce choix M. Bikélas (le délégué grec au Congrès) fit observer que l’éloignement d’Athènes n’était point un obstacle sérieux dans ce temps de communications rapides et faciles. Si la traversée de Marseille au Pirée ne sourit pas à ceux qui craignent le mal de mer, il y a la route d’Italie et même celle de Salonique. Si Athènes ne possède point encore de ressources à l’égal des grandes capitales de l’occident les Jeux Olympiques y seront célébrés dans un cadre que rien au monde ne peut surpasser. Les spectateurs qui feront résonner de leurs applaudissements le Stade antique, sur les bords de l’Ilissus, n’auront qu’à lever les yeux pour voir le rocher de l’Acropole et les sommets renommés des montagnes de l’Attique. Les monuments, les musées d’Athènes seront un attrait de plus pour les sportsmen qui s’y donneront rendez-vous. On leur montrera, par des excursions aussi faciles qu’agréables, les sites des jeux antiques, Olympie, Isthmie, Némée, Delphes. »Mais il n’y a pas que des ruines en Grèce, et les excursionnistes ne sont pas menacés d’avoir à camper au milieu des ruines. Athènes s’est beaucoup agrandi et embelli durant ces dernières années. On y trouve des hôtels nombreux, il y en a qui sont tout à fait de premier ordre. Il n’y manque pas de cafés, de restaurants, de théâtres. Le palais de l’industrie (Zappion), l’Académié, l’Université, la société littéraire Parnasse ouvriront leurs vastes et belles salles pour fêter le rétablissement des Jeux Olympiques. Les sociétés athlétiques grecques s’empresseront d’offrir une hospitalité cordiale aux concurrents venus de loin ». Les prévisions du Congrès semblent devoir se réaliser au delà de toute espérance. De fait, pendant que l’on restaure le Stade, dont les pentes sont revêtues, comme au temps des aïeux, de gradins en marbre blanc du Pentélique, le Vélodrome et le Stand sortent de terre et l’on voit, dans une des anses de la splendide baie du Phalère, surgir les cales devant servir d’abri aux embarcations qui participeront aux régates. S. A. R. le Diadoque fait passer sa confiance, son zèle et son ardeur dans le Comité qu’il préside avec l’autorité que donnent une haute situation et d’eminentes qualités personnelles. Il se multiplie avec l’entrain et la sérénité que, seule, peut donner la foi dans le succès final. Des collaborateurs dévoues secondent activement les efforts de Son Altesse Royale. Pendant ce temps la Société archéologique fait nettoyer et déblayer les abords des anciens monuments que l’on entoure de grilles protectrices; la municipalité d’Athènes va procéder à la réfection des rues, avenues et boulevards qui mènent au Stade; des mesures sont prises pour faciliter le débarquement des étrangers qui viendront assister ou participer aux Jeux Olympiques et une commission spéciale recherchera les moyens de leur rendre agréable le séjour d’Athènes pendant les quinze jours que dureront les Jeux et les fêtes qui en seront pour ainsi dire le complément. Grâce à la générosité légendaire, de M. Avérof, aux souscriptions et, si besoin sera, au concours des municipalités et du gouvernement, le Comité aura les ressources jugées indispensables pour justifier le renom d’hospitalité d’Athènes et de la Grèce. Il sera secondé, dans sa tâche, par les riches Athéniens dont les splendides salons seront sans doute ouverts aux hôtes qui nous arriveront de tous les coins de l’univers. Grâce enfin aux efforts de tous et à la générosité de plusieurs, nous voyons se dis= siper peu à peu les appréhensions que l’on se faisait sur les ressources du Comité et sur les moyens d’héberger les visiteurs et les sportsmen devant participer aux joutes internationales d’avril. NOUVELLES ET RENSEIGNEMENTS Ressources du Comité des Jeux Olympiques.— Les ressources du Comité consistent dans le rendement de la souscription publique, qui reste ouverte, dont le montant dépassera probablement 200,000 drachmes, dans la magnifique donation de un million de drachmes de M. Avérof, dans une subvention éventuelle du gouvernement et dans les recettes des timbres-postes spéciaux qui seront seuls en circulation pendant la durée des Jeux et des fêtes qui les accompagneront. Bien que la majeure partie de ces ressources doive être absorbée par la restauration du Stade, construction des Vélodrome au Stand et des cales pour mettre à l’abri les embarcations qui prendront part aux régates, il restera encore assez de ressources au Comité pour recevoir dignement ses invités. Au Stade.— Le Comité des Jeux Olympiques s’est rendu en corps, mercredi, au Stade pour se rendre compte de l’état des travaux. Il a assigné aussi les places devant être réservées aux autorités et aux invités de diverses catégories. Les places, à droite et à gauche des trônes de LL. MM. helléniques, seront réservées aux personnages étrangers, aux ministres, au corp diplomatique, aux députés, aux sénateurs et aux amiraux. Le jury se tiendra près de l’antique tunnel à la place même où se tenaient les anciens hellanodices. La seconde rangée a été reservée aux journalistes et correspondants de journaux hellènes et étrangers. C’est le point d’arrivée. Des questeurs seront chargée de l’exécution du règlement qui sera rédigé ces jours-ci par les soins du comité. Le Stand .—Construit sur les plans de l’ingénieur-architecte hellène M. Métaxas, le Stand sera, comme le Vélodrome, prêt avant le jour fixé pour l’ouverture des Jeux. Il est situé à Callithéa, entre Athènes et la plage du Phalère, tout près de la station des tramways à vapeur. Il servira au concours de tir à la carabine et au pistolet ou revolver : le tir à la carabine là 200 et 300 mètres et le tir au pistolet ou au revolver à 25 mètres de distance. Le Vélodrome .—Près de la gare du Nouveau Phalère, s’élève le Vélodrome qui sera prêt longtemps avant l’ouverture des Jeux. Il est construit 2 par l’ingénieur hellène M. Bellini, sur le plan du Vélodrome de Copenhague. La longueur de la piste, qui est en ciment, est d’un tiers de kilomètre (333 mètres 3.3) ; la largeur, de 7 mètres, est de 10 mères au départ. Pour nos hôtes. — Des mesures sont prises par le gouvernement pour faciliter le débarquement au Pirée et à Patras des étrangers qui viendront assister aux Jeux Olympiques. Des employés parlant le français et d’autres langues étrangères seront attachés au service douanier et les étrangers n’auront pas à remplir les formalités asses longues, ennuyeuses et parfois gênantes des douanes. Leurs effets seront exempts de tout droit. La direction des douanes a donné l’ordre de restaurer et d’aménager d’une manière convenable les salles d’attente. Régates.— Les régates seront une des attractions des Jeux Olympiques. Les associations grecques des sports nautiques, dont celles du Pirée et de Syra comptent de nombreux adhérents, y seront largement représentées. Les cales pour les embarcations qui devront y prendre part, en voie de constructien, seront prêtes et aménagées quelques jours avant l’ouverture des Jeux. Les régates auront lieu dans la baie du Phalère. Il y aura, selon le programme, quatre courses dont une course spéciale pour les équipes des bâtiments de guerre de différentes nations. Point de départ : Vieux Phalère.— Point d’arrivée : Nouveau Phalère. Médaille. — M. Houtopoulo a été chargé de frapper la médaille commémorative des Jeux Olympiques dont le dessin, d’une admirable pureté, est de M Lytra, un peintre jouissant d’une réputation européenne. Sur une des faces est le Phénix, renaissant de ses cendres sur la téie duquel la Grèce pose la couronne de laurier. Près du Phénix on entre voit le Stade et à côté de la Grèce l’Acropole d’Athènes, avec la date de la résurrection des Jeux Olympiques 1896, et celle de leur rétablissement dans l’antiquité 776 avant Jésus-Christ. An revers est un rameau d’olivier. Les médailles, au nombre de 20,000, seront vendues au profit de l’œuvre des Jeux Olympiques. Sociétés de gymnastique.— La gymnastique ne tient pas dans l’éducation la place qu’elle avait chez les aïeux pour lesquels le mens sana in corpore sano était, un article de foi. On peut même dire qu’elle n’a figuré, longtemps, que proforma dans les programmes d’enseignement secondaire. Cependant, elle fait, depuis quelque temps, sous l’impulsion de la Société panhellénique de gymnastique d’Athènes, des progrès presque comparables à ceux de la Vélocipédie. On pourra s’en couvaincre par la simple nomenclature des associations de gymnastique, dont plusieurs sont fortement organisées. On n’en compte pas moins de quatre à Athènes: Le Club Athlétique, la Société Panhellénique de gymnastique, la Société Athlétique Hellénique et la Société de gymnastique la Nationale. Parmi les associations de province, au nombre de douze, nous nous bornerons à signaler: la Société Panachaïque de gymnastique (Patras), la Société de gymnastique (Patras), la Société Panétolique de Missolonghi et les Sociétés de gymnastique de Zante, de Corfou, de Sparte, d’Atalante, de Calamata, de Pyrgos etc. Il y a aussi une Société grecque de gymnastique à Limassol (Chypre). Associations de sports nautiques. — Ce genre de sport a été négligé d’une manière que LES JEUX OLYMPIQUES nous n’hésitons pas à qualifier de déplorable; étant donnée l’importance maritime de la Grèce. Malgré cela les marins grecs ont fait toujours bonne figure dans les régates internationales qui ont eu lieu dans les mers du Levant. Il y a une dixaine d’années que le premier club de sports nautiques s’est constitué au Pirée sous la modeste appellation de Groupe des Rameurs. Depuis, des associations de ce genre ont été fondées à Syra et à Patras. De plus, les Sociétés de gymnastique panhellénique d’Athènes et la Panachaïque de Patras ont des sections de sports nautiques dont l’importance est loin, d’égaler les Groupes des Rameurs du Pirée et de Syra dont nous verrons les équipes aux régates internationales du Phalère. Il y a aussi une Société de sport nautique grecque à Smyrne et une autre serait en voie de fornation à Constantinople. La Vélocipédie en Grèce. — La vélocipédie a pris, ces derniers temps, un développemeut considérable ; ses partisans augmentent avec la plus étonnante rapidité. On ne compte pas moins de dix Velocè clubs, dont cinq à Athènes, deux au Pirée, un à Patras, un à Corfou et un à Syra. Parmi ceux d’Athènes, nous citerons tout particulièrement la Société Hellénique de Vélocipédie sous la présidence du prince Georges, le VéloceClub athénien et l’Union Vélscipédique, qui ont largement contribué à acclimater chez nous la vélocipédie. On compte aussi une cinquantaine de vélocewomen dont plusieurs appartiennent à la colonie étrangère. Les Allemands aux Jeux Olympiques. — Il se confirme que de nombreuses associations sportiques allemandes se feront représenter aux Jeux Qlympiques. Nous citerons nommément le Football Club de Marbourg et le Football Club l’une grande ville allemande, qui ont annoncé l’envie de plusieurs de leurs membres pour participer aux Jeux. sant méridional de l’Acropole, depuis le théâtre le Dionysos jusqu’à celui d’Hérode Atticos, ainsi que la plupart des autres monuments. La Galerie des Géants, nettoyée et complètement déblayée, et l’Agora seront également eutourées de grilles. Luttes panhelléniques.— Les luttes préparatoires entre sportsmen et gymnastes hellènes commenceront dans la première semaine de mars. Nous en donnerons prochainement le programme. Les vainqueurs seront admis à participer aux sports internationaux. La course de Marathon.— Cette course, à pied, fera partie du programme des Jeux. M. Bréal, de l’Institut de France, a affecté un prix au vainqueur. On a fait faire des courses préparatoires eu vue d’entrainer les concurrents. C’est M. Georges Grégorios, du Syllogue national de gymnastique, qui est arrivé bon premier. Parti, avec les autres coureurs, du Tumulus à 9 1)2 du matin, il est arrivé à Athènes à midi 20. Il a franchi en 2 heures 50 les 48 kilomètres qui séparent Athènes de Marathon ; il a fait donc plus de 15 kilomètres à l’heure. La Société Ethnologique. — Grâce surtout aux efforts de son président M. Jean Botassis, dont on sait le zèle pour les œuvres d’utilité publique, cette Société aux débuts si modestes, peut présenter maintenant une collection d’objets rares, de documents et de renseignements précieux pour l’histoire et l’ethnologie de la Grèce moderne. L’ouverture des Jeux Olympiques devant coincider avec le 75e anniversaire de la proclamation de l’indépendance nationale la Société ethnologique se propose de célébrer avec éclat cette date célèbre entre toutes dans les glorieuses annales de la Grèce. Des arrangements seront pris à cet effet avec le Comité des Jeux. La cantate. — La cantate que le maître Samaras a composée pour l’ouverture des Jeux Olympiques, sur les paroles de M. Costis Palamas, un de nos meilleurs poètes, sera mise cette semaine à l’étude. Les Sociétés philharmoniques.— Toutes les Sociétés philharmoniques du rouyaume ont annoncé qu’elles viendraient à Athènes et y resteraient pendant toute la durée des Jeux. Elles seront placées sous la direction de la Société philharmonique d’Athènes. La presse au Stade panathènaïque. — La tribune spéciale de la presse, une des plus eu vue, sera divisée en deux compartiments. Le premier sera réservé aux directeurs des revues et journaux hellènes et étrangers ; le second aux correspondants et aux rédacteurs des feuilles et revues grecques et étrangères. En Chypre. — L’ile de Chypre, qui tient à affirmer encore une fois son dévouement à la mèrepatrie, sera représentée aux Jeux par des gymnastes qui seront, délégués à la suite des luttes préparatoires devant se faire sous la direction du Cercle sportique de Limassol. La Société archéologique d’Athènes. — Elle se multiplie, cette utile et bienfaisante institution, qui a su toujours trouver les ressources nécessaires à l’exécution de ses beaux-travaux, pour faire qu’on nous passe le mot, la toilette des anciens monuments. Elle fait entourer d’une grille le ver- La municipalité d’Athènes aux Jeux Olympiques. —On a souvent parlé de la participation de la municipalité d’Athènes aux Jeux Olympiques. Bien que la question n’ait pas encore été sérieusement agitée au sein du conseil municipal, ou peut affirmer dès à présent qu’il votera les crédits nécessaires pour donner une bonne idée de la ville d’Athènes, qui est, sans contredit, eu dehors de ses monuments anciens et des grands souvenirs qu’ils rappellent, la plus belle ville de l’Orient. Pour le moment, le démarque M. Calliphronas fait étudier par l’architecte de la ville divers projets, dont le principal consiste dans la réfection des rues, boulevards et avenues qui convergent vers le Stade Panathénaïque, des rues d’Hermès, d’Eole et des Philhellènes et des places de l’Omonia, du Château et de la Constitution. D’autres rues seront embellies par les soins du gouvernement. Des modes particuliers d’éclairage sont à l’étude. Les invitations. — Plus de 2000 invitations, dont 1500 environ à des sociétés sportiques de tous pays ont été envoyées jusqu’ici par le Comité des Jeux Olympiques. Plusieurs de ces dernières ont annoncé qu’elles se feront représenter par plusieurs de leurs membres devant prendre part aux luttes. Les adhesions se font chaque jour plus nombreuses. LEL JEUX OLYMPIQUES APPEL DU COMITÉ ALLEMAND DES JEUX OLYMPIQUES Voici la traduction de l’Appel adressé en dénombre dernier à tous les sportsmen, gymnastes et patriotes par le Comité allemand des Jeux Olympiques : L’année prochaine, au printemps, les sportsmen et gymnastes de tous les pays, prendront en foule le chemin d’Athènes pour se disputer dans le Stade panathénaïque et les eaux du Phalère les rameaux argentés d’olivier que le Roi de Grèce distribuera aux vainqueurs. Une souscription publique et surtout la magnifique donation d’un hellène, qui a offert un million de drachmes pour la restauration du Stade, permettront aux Grecs de faire à leurs hôtes la plus digne des réceptions. Cent mille spectateurs, venus de tous les coins du monde, assisteront aux Jeux Olympiques pour acclamer les vainqueurs, et les fêtes que l’on se propose de donner en cette occurence donneront, cette année, un charme tout particulier au « Printemps de la Grèce ». L’idée de la résurrection des Jeux Olympiques sous une forme moderne fut unaniment approuvée au Congrès International de l’athlétisme réuni en juin 1894 à Paris Tous reconnaissaient la haute portée d’une institution devant créer de nouveaux liens entre les peuples. De même que dans l’antique Hellade, une trève sacrée régnait pendant toute la durée des Jeux réunissant dans des luttes pacifiques les peuples grecs constamment déchirés par des guerres sanglantes, de même les Jeux Olympiques modernes, qui seront célébrés aussi tous les quatre ans et à tour de rôle dans les différentes capitales, contribueront à rapprocher les peuples qui se jalousent, à leur faire comprendre de plus en plus qu’ils ne forment qu’une grande et unique famille. Aussi l’idée de la résurrection des Jeux Olympiques fûtelle saluée avec enthousiasme par les sportsmen du monde entier. Seule, l’Allemagne s’est tenue jusqu’à présent à l’écart. L’ignorance dans laquelle se trouvait le secrétaire du Congrès international sur les conditions sportives de l’Allemagne et l’impolitesse de certains Allemands fort connus ayant donné, quand ils en ont donné, des réponses évasives aux information qu’il leur avait demandées, a fait que notre patrie n’a pas été représentée d’une maniêre convenable au susdit Congrès. C’est ainsi qu’aucun allemand ne fut désigné pour faire partie du Comité international, l’Assemblée ayant pensé que l’Allemagne voulait se tenir exprès à l’écart. Cet incident a soulevé de plusieurs, côtés une opposition contre une œuvre si bien préparée. Et lorsque la Grèce qui devait, selon le vole unanime du Congrès, réunir pour la première fois sur son sol les lutteurs pacifiques de l’Univers, adressa à l’Allemagne une cordiale invitation elle ne rencontra qu’un accueil assez froid, par suite des malentendus que l’on vient de signaler. C’est donc l’esprit dégagé de toute prévention que nous nous sommes réunis pour examiner cette question. A l’assemblée du 13 décembre, tenue à l’Hôtel des Quatre Saisons, après un discours enthousiaste de S. E. M. Rhangabé, ministre de Grèce, il fut décidé que l’on agirait par tous les moyens possibles pour amener, fût-ce au dernier moment, la participation de l’Allemagne. Nous avons été penétrés dé la conviction que la politesse nous fait un devoir de répondre à l’aimable invitation de la Grèce, que nous devons nous y rendre, parceque nous demandons aussi aux autres peuples de venir assister à nos fêtes et de participer à nos expositions internationales. Ce serait a-t-on dit, une rude atteinte aux efforts faits en tout temps en faveur de la paix, accentués par notre Empereur, si l’Allemagne se tenait éloignée d’une œuvre de conciliation internationale, lorsque les autres nations envoient leurs représentants à Athènes. Nous savons d’ailleurs que nous y trouverons l’acoueil le plus cordial. Le fait seul de la formation d’un comité en Allemagne a excité l’enthousiasme en Grèce. Nos compatriotes. établis dans ce pays nous attendent avec la certitude qu’ils ne seront pas, dans ces jours d’allégresse générale, seuls a l’écart parceque leur patrie n’a pas voulu y participer. Aussi, tout en renvoyant à un ouvrrge devant traiter la question en détail, qui sera publié dans quelques semaines par notre secrétaire, nous prions tous les sportsmen et gymastes, ainsi que tous les amateurs de gymnastique et de sport de soutenir notre cause patriotique, de nous assister de leurs conseils et de leurs actes. Nous serons reconnaissants de toute marque d’intérêt que l’on voudra bien nous témoigner, Le 16 janvier à 8 1/2 du soir aura lieu au Norddeutsche Hof, à Berlin W. Mohrenstrasse 20, une seconde assemblée où sont cordialement invités tous ceux qui sont Opposés, sans préventions, à notre manière de voir. Le Comité provisoire, qui comprend déjà tant de noms éminents, y sera remplacé par un comité définitif beaucoup plus nombreux. Tous les véritables amateurs de sport, tous les libres gymnastes, tous ceux qui veulent le bien de la patrie’ doivent soutenir, notre cause. (L’appel porte la signature du prince Philippe Ernest de Hohenlohe Schillingfürst, Premier-président). P R O G R A M M E JEUX OLYMPIQUES DE 1896 A T H E N E S 5 — 15 Avril 1896. SOUS LA PRÉSIDENCE DE S. A. R. LE PRINCE HÉRITIER CONSTANTIN A . — SPORTS ATHLÉTIQUES Courses à pied : 100 mètres, 400 mètres, 800 mètres et 1,500 mètres plat, 110 mètres haies. — Les règlements seront ceux de l’Union des Sociétés françaises des Sports Athlétiques. Concours : Sauts en longueur et en hauteur (running long et high jump); Saut à la perche (Pole vault) ; Lancement du poids (Putting the weight) et du disque. — Les réglements seront ceux de l’Amateur Athletic Association d’Angleterre. 3 Le but de cette course sera au Stade Panathénaïque, restauré par la munificence du citoyen hellène Georges Avéroff. C’est au «Stade Panathénaïque» qu’auront lieu aussi les sports Athlétiques et Gymnastiques. B . — GYMNASTIQUE Exercices individuels : Corde lisse en traction de bras. — Rétablissements divers à la barre fixe. — Mouvements aux anneaux. — Barres parallèles profondes. — Saut au cheval. — Travail des poids. Mouvements d’ensemble : (Les Sociétés ne pourront présenter d’équipes inférieures à 10 gymnastes). C. — ESCRIME ET LUTTE Assauts de fleuret, sabre et épée : A-mateurs : Professeurs (civils et militaires).— Un réglement spécial a été élaboré par la Société d’encouragement de l’Escrime (Paris). Lutte : romaine et grecque. D . — TIR Tir à l’arme de guerre et à l’arme libre 200 et 300 mètre. — Revolver d’ordonnance 25 mètres. — Revolver libre 30 mètres. — Pistolet 25 mètres. E . — SPORTS NAUTIQUES Yachting (avant-programme) : Course de steam-yachts sous le règlement du Cercle de la Voile de Paris. Distance : 10 milles. Course à la voile, jauge et règlements du Yacht Racing Association d’Angleterre. 1 0 Bateaux n’excédant pas 3 tonneaux (divisible au besoin, en deux séries). Distance : 5 milles. 20 Bateaux de 3 à 10 tonneaux. Distance: 10 milles. 3 0 Bateaux de 10 à 20 tonneaux. Distance : 10 milles. 4 0 Bateaux au-dessus de 20 tonneaux. Distance : 10 milles. Des courses seront en outre réservées aux embarcations et aux marins du pays. A v i r o n : Un rameur, 2,000 mètres, sans virage, skiffs. Deux rameurs de couple, sans virage, yoles et outriggers. Quatre rameurs de pointe, sans virage, yoles. Une course spéciale sera organisée pour les équipages des escadres. Les règlements seront ceux du Rowing Club Italiano. Natation: Vitesse : 100 mètres, Fond et vitesse : 500 mètres. Fond : 1,000 mètres. Jeu de water polo. F . — VÉLOCIPÉDIE Vitesse : 2,000 mètres, sur piste, sans entraîneurs, 10,000 mètres sur piste, sans en traîneurs. Fond : 100 kilomètres sur piste avec entraîneurs. Course à pied, dite de Marat h o n , sur la distance de 48 kilomètres, de Marathon à Athènes, pour la coupe offerte par M. Michel Bréal, membre de l’Institut de France. Course de 12 heures sur piste, avec entraîneurs. Les règlements suivis seront ceux de l’International Cyclist’s Association. LES JEUX OLYMPIQUES 4 G .— JEUX ATHLÉTIQUES Lawn tennis : Simple. Double, 2o La Société d’Encouragement a décidé de vous proposer comme Règlement d’assaut C r i c k e t : Les règlements seront ceux de la All England Lawn Tennis Association et du Marylebone Cricket Club. Football. Rugby et Association. Fait à Athènes, le 12/24 novembre 1894. N. DELYANNI, président du Conseil des Ministres ; L. DELIGEORGES, A, ZAIMIS, C. CARAPANOS, anciens. ministres; colonel T H M ANO ; K. M AVROMICHALIS , ancien député : colonel N. METAXAS. ministre de l’Intérieur ; TH. RETZINAS, maire du Pirée ; G. ROMA, ancien vice-président de la Chambre des députés : AL. SCOUSES, ancien député ; commandant A. SOUTZO ; G. K OZAKIS -T YPALDO , ancien député, membres du Conseil du Comité Hellène ; T. PHILÉMON, ancien maire d’Athènes, secrétaire général ; C. MANO, GEORGE MÉLAS, G. STREIT, A. MERCATI, secrétaires. Approuvè: D, BIKELAS, président du Comité international. Baron PIERRE DE COUBERTIN, secrétaire-général. A. CALLOT, trésorier. PROJET DE REGLEMENT DU Championat International D’ESCRIME DES Jeux olympiques de 1896 Nous avons reçu de la Société d’Encouragement de l’Escrime, le projet de règlement international, pour les Jeux Olympiques. Voici ce document précédé d’un remarquable rapport, rédigé par M. Gaston Legrand : Paris, le 26 décembre 1894. M ONSIEUR LE P RESIDENT DU C OMITE I NTERNA TIONAL DES J EUX O LYMPIQUES La Société d’Encouragement de l’Escrime, en vous adressant le projet de Règlement d’un Concours international d’escrime et le projet de Règlement d’assaut pour ledit concours croit devoir appeler votre attention sur les point suivants : 1o Dans un concours international comme celui des Jeux Olympiques, les candidats doivent être appelés à lutter dans des épreuves répétées. Le prix ne doit pas être le résultat d’un, deux ou trois brillants assauts, mais le résultat d’une série de victoires. Aussi, la Société d’Encouragement a adopté le mode des Poules qui fait lutter chaque tireur contre tous ses adversaires ; le gagnant de la poule est celui qui est le plus souvent vainqueur. Dans les Poules, l’élimination des tireurs inférieurs est assurée et les gagnants de chaque poule pourront, réunis pour l’Epreuve finale, vous donner le résultat le moins discutable et fournir l’occasion d’une réunion d’escrime des plus intéressantes (1). (1) Avec le mode de division des tireurs en deux campe (souvent employé en France et en les tireurs, caItalie), dès les premiers tours, pables de conquérir la 2 e ou 3e place peuvent son règlement ordinaire légèrement modifié à cause de la nature du concours. Ce règlement est connu des escrimeurs. Il a paru à la Société très difficile de l’étendre en vue du concours international sans soulever des difficultés techniques. Tel qu’il est, ce règlement, mais surtout l’autorité et la haute compétence du Président, devront, dans l’esprit de la SOciété, suffire à écarter les difficultés que pourraient faire naître les divergences d’appréciation des deux grandes écoles d’escrime, l’Ecole française et l’Ecole italienne qui se trouveront en présence. 30 Dans les concours français, pour la deuxième ou troisième place surtout, un coefficient de tenue est attribué anx tireurs; en Italie également. La Société d’Encouragement n’a pas cru devoir vous proposer de faire intervenir ce facteur pour le classement définitif des tireurs. Dans des concours internationaux, où divers enseignements se trouvent en presence, il est à peu près impossible de donner un coefficient de tenue qui ne paraisse pas être le résultat d’un parti pris d’école. Nous avons pensé que, sans méconnaitre le mérite de la correction dans le jeu et de la tenue, la prépondérance devait, dans cette circonstance, être laissée d’une façon absolue au coup de bouton. Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de ma considération la plus distinguée. GASTON LEGRAND. REGLEMENT DU CONCOURS ARTICLE 1. — Les Jeux Olympiques de 1896 comprendront un championnat international d’escrime entre amateurs, et un championnat international d’escrime entre professeurs. Art.2.—Tous les tireurs amateurs, c’està-dire n’ayant jamais professé ou concouru pour l’obtention de brevets, âgés de 18 ans révolus, qui se seront fait inscrire à avant pourront prendre part au concours en justifiant de leur âge et de leur -nationalité. Art. 3 .—Le jury se composera de : Un président Un vice-président Quatre assesseurs nommés par la commission d’organisation des Jeux Olympiques. Art. 4,— Le championnat se divisera en deux épreuves : E’preuve éliminatoire et épreuve définitive. Art 5. — L’épreuve éliminatoire aura lieu à partir du. à Athènes. Le principe admis est que le vainqueur devra s’être mesuré avec tous ses concurrents ou au moins le plus grand nombre possible de ses concurrents. Les présidents et assesseurs suivant le nombre des concurrents inscrits décideront s’il est possible de faire tirer chaque amateur contre tous les concurrents, ou si, vu leur nombre, il y a lieu de les étre évincés ; le repêchage qui nous est permis quelquefois dans nos concours de Paris et qui n’est pas sans soulever des critiques est impossible dans un assaut international. diviser par voie de tirage au sort en deux ou plusieurs groupes. Dans le cas où le jury déciderait qu’une seule poule réunirait tous les concurrents, l’épreuve éliminatoire aurait pour résultat unique de limiter aux amateurs classés en premier le droit de participer au concours public. Dans le cas où le jury déciderait que deux ou plusieurs poules auraient lieu, le gagnant, et, sur l’avis du jury, les second et troisième de chacune de ces poules seraient seuls admis aux épreuves publiques. Les tireurs tireront au sort un numéro qui les classera dans une poule. Chaque tireur aura à fournir contre tous ses adversaires et dans d’ordre fixé au tableau annexé un assaut en trois coups de bouton. Le tireur qui, dans sa poule, n’aura pas été battu ou aura été battu le moins souvent, sera classé premier. Les autres tireurs seront classés suivant les résultats du tableau de pointage, également annexé. ASSAUT PUBLIC (ÉPREUVE DÉFINITIVE) Art. 6. —Les gagnants des épreuves éliminatoires tireront entre eux en adoptant le mode de roulement prévu par le tableau qui fixe l’ordre des assauts. Art. 7.— Le vainqueur du concours sera celui des concurrents qui, s’étant conformé aux règles de l’escrime et au règlement d’assaut annexé n’aura pas été vaincu ou sera sorti vainqueur le plus souvent des assauts de l’épreuve définitive.