Da Vinci Code - Diocèse de Valence
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Da Vinci Code - Diocèse de Valence
PARENTS & ENFANTS Ce que les parents attendent de l’école www.la-croix.com Mercredi 17 mai 2006 – Quotidien n° 37446 CAHIER CENTRAL 1,10 € Décoder « Da Vinci Code » Editorial Par le haut Par Dominique Quinio En salles aujourd’hui, le film « Da Vinci Code » provoque des réponses argumentées de toutes les Églises chrétiennes. L’engouement médiatique pour cette fiction fournit une occasion de repréciser les fondements de la foi P. 3 à 8 E n parler ou pas, telle n’est déjà plus la question. Le piège s’est refermé. Le déferlement médiatique autour du film tiré du roman Da Vinci Code est, en soi, un phénomène. Le commenter revient à alimenter la campagne marketing, d’une efficacité redoutable. Assumons. Pour l’Église catholique, clairement visée par l’argument du livre, c’est mission impossible. Doit-elle contre-attaquer vigoureusement ? Les promoteurs du film n’attendent que la polémique, et les esprits critiques des arguments pour confirmer leur vision d’une institution intolérante, enfermée sur ses secrets et ses mensonges. Fait-elle le choix de la réserve ? Ce sont les croyants troublés dans leurs convictions ou les chercheurs de Dieu en attente de clarifications qui risquent de se trouver abandonnés à leur désarroi, à leurs questions. Alors, d’une manière spontanée, de nombreuses communautés et divers mouvements, des théologiens et des pasteurs ont choisi une réponse « par le haut », profitant de la circonstance pour dire clair et fort quel est ce Dieu en qui ils croient. Sans vindicte, même s’ils se sentent blessés par l’image du Christ ainsi malmenée, ils se veulent attentifs aux lecteurs ou spectateurs en recherche. Démêler les approximations, débusquer les pseudo-certitudes scientifiques, faire la part de l’histoire et celle de l’imagination, c’est aussi ce nous voulons proposer aujourd’hui, à partir des thèses du roman, avant d’avoir vu le film qui sera dévoilé à Cannes, en ouverture du Festival. On peut s’agacer de l’inculture de nos sociétés, de leur goût prononcé pour l’ésotérisme (qui progresse au fur et à mesure que décroît la place des religions) et de leur suspicion-réflexe envers l’Église et son enseignement. On peut se désoler de l’immense succès d’un livre sans génie et de la crédulité de ses lecteurs : selon différents sondages, une forte minorité de Français se dit convaincue par le roman (mais en quoi croyaient-ils avant de l’avoir lu ?). Les autres, heureusement, n’y voient qu’une fiction efficacement menée, dans un univers, le Vatican, mal connu. Les bandes-annonces du film cultivent, quant à elles, l’ambiguïté : « Cherchez la vérité », conjure l’une d’elles. Sans attendre leur paradoxale injonction, des chrétiens l’ont prise au mot. Et le piège se desserrera. La station de métro Concorde, à Paris, a été entièrement retapissée il y a une semaine d’images du film : ici, La Joconde. DE ROSA/STARFACE Haut fonctionnaire, un art de la négociation P. 25 FRANCE M ONDE Des centaines de Marocains toujours en prison, trois ans après P. 17 P. 9 les attentats de Casablanca L’ONU appelle la Syrie à ouvrir Entretien avec le président P. 18 de la Cimade sur le projet de loi une ambassade au Liban sur l’immigration choisie P. 10 Une croissance durable s’installe peu à peu en Afrique P. 20 L’essor inquiétant des actes de délinquance filmés P ORTRAIT par téléphone portable P. 11 Wenger, globe-trotteur du foot P. 12 Très vifs échanges entre parlementaires autour de la motion de censure Services Bourse .................................................. P. 22 Carnet ................................................... P. 24 Liturgie ................................................. P. 24 Météo ................................................... P. 24 Mots croisés ..................................... P. 24 Petites annonces ............................P. 21 123e année-ISSN/0242-6056. Italie : 1,50 € ; Belgique : 1,10 € ; Maroc : 14 DH ; Espagne : 1,50 € ; Portugal (Cont) : 1,50 € ; Suisse : 2,30 FS ; Luxembourg : 1,10 € ; Canada : 2,50 $CA ; Grèce : 1,50 € ; Autriche : 2 € ; Côte d’Ivoire/Sénégal/Congo et zone CFA : 900 CFA ; Antilles-Réunion : 1,50 € « Da Vinci Code » dans les salles la Croix Mercredi 17 mai 2006 3 Les chrétiens répondent sans polémiquer P Le film « Da Vinci Code » ouvre le Festival de Cannes et sort aujourd’hui en salles P Face à la polémique, « La Croix » établit la part du vrai et du faux d’un phénomène culturel mondial qui met en cause l’Église P Prudent, le Vatican évite de participer à la publicité, mais des chrétiens se mobilisent REPÈRES LE LIVRE C 50 millions d’exemplaires vendus dans le monde depuis la sortie du Da Vinci Code en avril 2003. C En France, le livre édité chez J.-C. Lattès, s’est vendu à cinq millions d’exemplaires toutes éditions confondues (dont en poche chez Pocket). À titre de comparaison le Catéchisme de l’Église catholique, considéré comme un best-seller, s’était vendu en France à 500 000 exemplaires. LE FILM C Présenté hier soir, en avant-première du Festival de Cannes, il est aujourd’hui dans 800 salles à travers la France. L’INTRIGUE FRANCESCO ACERBIS/EDITINGSERVER Au Louvre, devant La Joconde, depuis longtemps source de fantasmes – Dan Brown n’a rien inventé sur ce point –, la foule ininterrompue s’agglutine. Une crédibilité apparente C Au-delà des inexactitudes ayant trait au christianisme, Dan Brown donne une version non avérée, et parfois totalement imaginaire, de certains éléments de l’histoire. À commencer par ce fameux « prieuré de Sion », qui apparaît dès la première ligne de son roman, dans l’introduction intitulée « Les faits » : « La société secrète du Prieuré de Sion a été fondée en 1099, après la première croisade. » En réalité, le seul « prieuré de Sion » dont l’existence est avérée, comme le rappellent Marie-France Etchegoin et Frédéric Lenoir dans Code Da Vinci, l’enquête (lire p. 6), est une association loi 1901, dont les statuts ont été déposés à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie), le 25 juin 1956, par un certain Pierre Plantard ! Dessinateur industriel dans une usine de poêles, occultiste d’extrême droite, Pierre Plantard donnait des consultations d’astrologie sous le pseudonyme de Chyren, le nom du « Grand Monarque » à venir selon… Nostradamus ! Il est mort il y a six ans. Les « dossiers secrets » émanant de cette association étaient des faux. Le livre ajoute encore qu’au rang de ses grands maîtres, le prieuré de Sion a compté ni plus ni moins Léonard de Vinci, Isaac Newton, Victor Hugo et Jean Cocteau. Le tout, encore une fois, dans la bouche d’historiens présentés comme spécialistes. Affirmations totalement imaginaires. Sur Léonard de Vinci, le livre donne des détails étonnants… et non avérés, idem pour la description de l’église Saint-Sulpice, à Paris. « Toutes les descriptions de monuments, d‘œuvres d’art, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérées », affirme pourtant Dan Brown en introduction du roman. Une première page qui donne le ton, mais qui mérite démystification… P. S. U . n : Jésus s’est marié avec Marie-Madeleine. Deux : ils ont eu une fille dont la descendance est à l’origine de la lignée mérovingienne des rois de France. Trois : « le Vatican » a caché tout ça depuis le début pour asseoir un pouvoir patriarcal et supprimer le culte du « féminin sacré » de la religion païenne pré-chrétienne. Quatre : seule la société secrète du Prieuré de Sion sait la vraie vérité, et la transmet aux initiés qui sont la cible de l’Église catholique et de ses milices, notamment l’Opus Dei. Voilà en gros la toile de fond du Da Vinci Code, roman de Dan Brown dont l’adaptation cinématographique sort aujourd’hui en salles. Il s’agit bien d’un roman qui distille sur plus de 500 pages des assertions historiques non avérées ou démontrées comme fausses mais qui sont mises dans la bouche d’historiens présentés comme illustres et mêlées à des éléments historiques authentiques. « De telle sorte que les éléments inventés semblent appartenir à l’histoire », souligne Bernard Sesboüé, théologien jésuite au Centre Sèvres à Paris (lire bibliographie p. 6). Qu’est-ce qui est avéré ? Qu’est-ce qui est faux ? Jésus s’est-il marié avec Marie-Madeleine ? C Une chose est sûre : aucun texte n’affirme que Jésus s’est marié. Ni avec une certaine Marie-Madeleine, ni avec personne. Comme d’autres avant lui, Dan Brown soutient que Jésus, en bon juif et en bon rabbin, devait être marié. L’exégète américain John Meier a réfuté l’argument : le judaïsme à l’époque de Jésus était divers, et certains groupes, comme celui des Esséniens, pratiquaient le célibat et prônaient la chasteté. Rien d’anachronique donc à ce que Jésus ait été célibataire. Quant à Marie-Madeleine, on en sait peu de chose. Qui est-elle ? Il s’agit au départ de la transcription de Marie de Magdala, celle qui a découvert le tombeau vide de Jésus. Mais le personnage populaire s’est peu à peu enrichi de deux autres femmes citées dans les Évangiles : Marie de Béthanie et la « pécheresse », celle qui vient verser du parfum sur les pieds de Jésus lors d’un dîner chez Simon le Pharisien. Il n’est jamais question de mariage dans les quatre Évangiles canoniques, que se garde bien de citer Dan Brown. Quelles sont ses sources ? Il y a l’évangile apocryphe de Philippe qui dit : « Le Seigneur aimait Marie plus que tous ses disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. » Écrit bien plus tard que les Évangiles canoniques (reconnus par l’Église), c’est-à-dire au plus tôt au IIIe siècle, c’est en outre le seul texte, même parmi les apocryphes (textes non reconnus par l’Église), à faire une mention si intime. Mais, prétend Dan Brown, beaucoup d’autres sources relataient cette relation mais ces « premiers Évangiles furent déclarés contraires à la foi, rassemblés et brûlés » par l’Église. L’Église a-t-elle manipulé les Évangiles pour cacher les noces de Jésus et de Marie-Madeleine ? C Pour Dan Brown, c’est au concile de Nicée (325) que l’empereur Constantin a écarté les Évangiles « dérangeants » car « évoquant les aspects humains de Jésus ». Et donc : ses relations avec Marie-Madeleine… Or, en fait, le canon des Écritures n’a jamais été établi par Constantin au concile de Nicée. Le consensus progressif portant sur les « textes reconnus » de la Bible est en effet antérieur à ce concile, hormis quelques écrits intégrés… après Constantin. Trop tardifs ou incohérents, certains textes ont été écartés du canon. Mais non brûlés… Constantin et le concile de Nicée ne sont pour rien dans la version « officielle » de la Bible chrétienne. Le concile de Nicée, d’ailleurs, n’a pas eu pour but de fixer le canon des Écritures, mais de traiter de la PPP PIERRE SCHMIDT (Lire suite p. 4) C Un conservateur du Louvre est sauvagement assassiné. Robert Langdon, spécialiste des symboles religieux, enquête sur la piste du mystérieux « prieuré de Sion » qui protège la « descendance cachée » de Jésus et Marie-Madeleine. L’INFLUENCE C 30 % des Français croient que les théories du roman de Dan Brown sont « totalement vraies » ou « plutôt vraies », selon un sondage Ipsos pour Famille chrétienne. Un chiffre qui rejoint le sondage BVA pour Science et vie, qui indique que 30 % des Français connaissant le Da Vinci Code sont « prêts à croire qu’il s’inspire de faits réels ». 24 % en seraient « tout à fait convaincus ». C Sur Marie-Madeleine, 9 % des Français estiment qu’elle est l’épouse de Jésus, selon Ipsos, 14 % sa maîtresse (des chiffres qui montent respectivement à 24 % et 25 % chez les lecteurs du Da Vinci Code). C Outre-Atlantique, 13 % des Américains et 17 % des Canadiens disent croire à la thèse d’une descendance de Jésus. C En ce qui concerne Jésus, 41 % des Français répondent qu’il s’agit d’un homme, 23 % d’un prophète et 9 % d’un imposteur. Ils ne sont que 19 % à être en accord avec le dogme de l’Église selon laquelle il est homme et Dieu. 58 % se déclarent « pas du tout d’accord » ou « plutôt pas d’accord » avec l’affirmation selon laquelle « Jésus est mort et ressuscité ». C Sur l’Église, 80 % des Français estiment qu’elle a été « inventée par les hommes » et 16 % qu’elle a été « fondée par Jésus-Christ ». 4 « Da Vinci Code » la Croix Mercredi 17 mai 2006 PPP divinité de Jésus pour répondre à la crise provoquée par Arius – prêtre d’Alexandrie du IVe siècle pour qui Jésus n’était pas pleinement Dieu. Divinité confirmée par le Concile, et à une forte majorité, contrairement à ce qu’affirme Dan Brown, selon qui Jésus n’était considéré avant Nicée « que comme un prophète mortel ». Inexact : c’est justement parce qu’il y avait débat sur cette question qu’a été convoqué le concile de Nicée. C C’est l’étonnante thèse que reprend Dan Brown qui puise à deux sources. D’abord les livres de Gérard de Sède, un vicomte rebelle et trotskiste qui réinvestit au XXe siècle la légende de Rennesle-Château et dévoile ce « secret » : les Mérovingiens seraient descendants de Marie-Madeleine et Jésus. Autre source : L’Énigme sacrée, écrit dans les années 1980 par trois Anglo-Saxons – un écrivain, un producteur de télé et un passionné d’histoire – qui reprennent la même thèse, la greffant sur une légende traditionnelle de Marie-Madeleine, selon laquelle elle aurait fini ses jours en Provence. À cette légende ils ajoutent ceci : Marie-Madeleine est venue en Provence… avec un ou plusieurs enfants de Jésus, perpétuant le « sang réal ». Un « secret » gardé pendant des siècles grâce au Prieuré de Sion, autre thèse romanesque de Dan Brown qui puise là encore à des sources plus récentes que les apocryphes, et plutôt troubles. Le pape Clément V a-t-il décidé de détruire les Templiers ? C Non, contrairement à ce qu’affirme Dan Brown. C’est en réalité le roi de France Philippe le Bel qui décida de s’en prendre à eux, et arrêta les Templiers de France en 1307. Une décision mue à la fois par un objectif financier – le roi convoitait les richesses des Templiers – et politique – il visait le pape, sous la protection duquel les Templiers s’étaient placés. À ce propos d’ailleurs, Dan Brown parle régulièrement du « Vatican », même concernant Clément V qui était pape à Avignon et alors que le Vatican n’a été résidence principale des papes qu’à partir du XIVe siècle. L’Opus Dei est-il une société secrète influente de moines qui tuent et se flagellent ? C C’est grosso modo l’image qui traverse le roman, même si, à la fin, l’Opus Dei est innocenté. Commençons par relever une erreur, là encore, plutôt grosse : Dan Brown campe le personnage de Silas, moine de l’Opus Dei. Or, il n’y a pas de moine à l’Opus Dei, qui n’est pas un ordre religieux, mais une association de laïcs et de prêtres – et d’ailleurs il y a beaucoup plus de laïcs que de prêtres. Fondé en 1928 par un prêtre espagnol, Josémaria Escriva de Balaguer – canonisé par Jean-Paul II en 2002 – l’Opus Dei a certes déjà fait l’objet de plaintes par d’anciens membres et suscite des critiques mais le portrait fait par Dan Brown « prête à sourire tant la caricature est manifeste », estime Bernard Sesboüé. En revanche, la mortification, souvent évoquée dans le Da Vinci Code, le port du cilice en l’occurrence, est pratiquée par des membres de l’Opus Dei. PIERRE SCHMIDT JEAN-CHARLES MARTEL/ARTEDIA Les Mérovingiens sont-ils les descendants de Jésus ? L’église Saint-Sulpice, à Paris, utilisée par l’intrigue de Da Vinci Code, connaîtra sans doute un nouvel afflux de visiteurs avec la sortie du film tiré du roman. T Sans esprit polémique, des fidèles souhaitent saisir l’occasion de la sortie de ce film pour expliquer l’Évangile et mieux faire comprendre leur foi Face au « Da Vinci Code », des chrétiens veulent ouvrir le dialogue J uste avant la sortie du film Da Vinci Code, rares sont les remarques, dans les milieux chrétiens, comme celle avancée par le P. Dominique Roy, chargé de la communication dans le diocèse de Troyes, qui résume ainsi l’opinion du conseil épiscopal : « On a pensé que moins on en parlait, mieux c’était ! » Il semble, au contraire, qu’en bien des lieux où s’expriment les croyants, on estime devoir réagir, non en criant au scandale, mais plutôt en ouvrant le dialogue. Le film n’est pas encore sorti sur les écrans que déjà des groupes se sont formés, des paroisses se mobilisent, des sites Internet se créent. Tous veulent saisir l’occasion de l’événement pour répondre aux questions que ne manquera pas de se poser le grand public sur le Christ et Marie-Madeleine, sur l’Église ou encore sur l’Opus Dei. « Nous voulons profiter de l’occasion où les projecteurs sont braqués sur Jésus pour informer », assure Arnaud Gency, un des membres très engagés de l’Opus Dei en France. Alors que la prélature aurait pu s’insurger contre la caricature qui vise l’œuvre, elle souhaite « donner de l’information posément, pacifiquement… C’est le “teaching moment” », indique Arnaud Gency, pour insister sur l’axe pédagogique de l’action menée. Aussi des conférences de presse ont-elles été organisées à Paris, Strasbourg, Toulouse, Grenoble ou Marseille. Des brochures sont éditées, L’Opus Dei en question, ou encore L’Opus Dei et le Da Vinci Code. Plus largement, les chrétiens désirent témoigner. Le P. Bernard Sesboüé, théologien, sur le site www croire.com, veut « clarifier les choses au plan de la foi chrétienne ». Auteur d’un ouvrage de référence au Seuil (lire p. 6), il est d’autant utilisé un livret écrit par le prêtre plus motivé qu’il estime que « c’est anglican Niki Gumbel (1), « pour le mystère chrétien dans la person- aider à engager la discussion, indinalité du Christ » qui est soumis à que Florence de Lyeritz, organisacritique. Le P. Joël Boudaroua, du trice de ce groupe en France. Il ne couvent dominicain de Bordeaux s’agit pas d’une réfutation agressive, où se tiennent les conférences du mais de répondre à la vraie soif spicollège universitaire Saint-Domi- rituelle qui se manifeste à cette ocnique, a préparé deux conférences casion. » Étonnante, d’ailleurs, cette dans lesquelles il montre que le envie que des croyants expriment Da Vinci Code est une « histoire d’utiliser le film pour témoigner de alternative », c’est-à-dire parallèle leur foi : « Mon but ? Faire parler des à la vraie, une de plus qui s’inscrit gens qui ne vont jamais à l’Église, dans un genre littéraire existant et les rencontrer… au cinéma », radepuis des lustres. conte le P. Jean-Paul Klein, prêtre à Ce sont souvent les prêtres euxLongwy (Meurthemêmes, formés à la théologie, « Il ne s’agit et-Moselle), qui qui s’y collent. Mais les laïcs et pas d’une s’est associé avec le les jeunes, en particulier dans le réfutation ciné-club de sa ville diocèse de Paris, ont organisé la agressive, pour lancer des riposte : « Une dizaine de jeunes mais débats à partir de cathos du diocèse qui travaillent de répondre films illustrant des dans les nouvelles technologies à la vraie soif passages de la Biont voulu montrer, à l’exemple spirituelle qui ble. Cette fois, c’est de sainte Marie-Madeleine, se manifeste Mary, le film d’Abel comment on peut changer de à cette Ferrara, qui sera vie grâce à l’amour du Christ », occasion. » visionné le 16 mai, explique Mathilde Henry, de mais le P. Klein sait la communauté de l’Emmanuel, que la discussion dérivera sur le laquelle a produit un hors-série Da Vinci Code. De même, le P. Nide sa publication Il est vivant tiré colas Guillou, aumônier du MEJ à à 450 000 exemplaires. Mathilde Rennes, animateur d’une émission est à l’origine du site www.davinci- sur RCF Alpha, « Happy hour », a codex.com, outil d’évangélisation négocié des places de cinéma pour qui sert « à rétablir la vérité et à que des jeunes puissent s’y rendre annoncer la Bonne Nouvelle ». Ce dès que le film sortira, afin d’en disgroupe aidera en outre à accueillir cuter ensuite sur les ondes : « Il faut les visiteurs qui vont affluer de vivre dans la culture du monde et y nouveau à l’église Saint-Sulpice, oser une parole », relève-t-il. endroit utilisé par l’intrigue du Préparée de longue date, une Da Vinci Code. Ils iront aussi dans autre initiative mérite d’être soud’autres paroisses parisiennes pour lignée : celle des séminaristes de organiser des soirées-débats. Caen. Le P. Régis Rolet, supérieur Autres groupes de laïcs : les cours du séminaire, pense « qu’il était Alpha, qui s’adressent à des per- bon de prendre connaissance du sonnes éloignées de l’Église. Leurs Da Vinci Code car il constituait un responsables, sidérés par l’énorme fait de société. » Les « 5e année » qui sursaut de fréquentation de leur se préparent à la pastorale se sont site lorsque le roman est paru, ont donc emparés du livre, devenu l’objet d’un module de formation, pour apprendre à répondre aux questions qu’il pouvait susciter. Il en est sorti un DVD de vingt-six minutes produit par le Centre d’études théologiques de Caen (2). La presse chrétienne s’est aussi largement mobilisée. Par exemple, Famille chrétienne publie un cahier supplémentaire dans quatre numéros et fait passer son tirage de 70 000 à 100 000 exemplaires. Édité par Bayard, l’hebdomadaire Pèlerin a publié un dossier pour aider les lecteurs à entrer dans le décryptage de l’œuvre, ouvert un blog sur le thème (www.pelerin.info/blog/davincicode) et reviendra sur le sujet. « Il faut donner des billes à ceux qui nous lisent, il y va de notre responsabilité de journal », confie son directeur, René Poujol. Le Da Vinci Code fait, certes, couler de l’encre. En France, il contribue à mobiliser les forces vives de l’Église. LOUIS DE COURCY (1) Le Da Vinci Code, une réponse. Contact : [email protected] (2) Le Da Vinci Code en questions, des séminaristes répondent à Dan Brown. Disponible au Centre d’études théologiques de Caen, 3, rue Nicolas-Oresme, BP 6087, 14063 Caen Cedex 04. dans les salles PORTRAIT 5 « Ce ne sont pas les attaques contre l’Opus Dei qui m’importent » Dan Brown, écrivain du secret NEW YORK D.R. De notre correspondante STÉPHANIE FONTENOY Mercredi 17 mai 2006 ENTRETIEN Dans un entretien exclusif à « La Croix », le prélat de l’Opus Dei en explique le fonctionnement Derrière Da Vinci Code se cache un auteur discret et lisse qui prend garde à ne pas s’exposer à la controverse C Dan Brown est certainement un homme hanté, comme son personnage fétiche Robert Langdon, par les codes, l’occulte et les sociétés secrètes. Mais, contrairement au retentissement mondial de son thriller, il mène une vie discrète qui contraste avec la polémique autour de son ouvrage. Son rythme est ascétique et sa méthode parfois radicale : « Si je ne suis pas au travail à 4 heures du matin, j’ai l’impression de perdre mes heures les plus productives. J’aime aussi me suspendre par les pieds, cela semble m’aider à résoudre certaines intrigues en inversant totalement ma perspective », a-t-il déclaré dans une interview. Né en 1964, il grandit en NouvelleAngleterre, une région du nord-est des États-Unis marquée par une longue tradition de clubs privés, de franc-maçonnerie et de secrets, qui inspirera son œuvre. Fils d’un éminent professeur de mathématiques et d’une spécialiste de musique sacrée, il évolue depuis toujours dans un monde paradoxal où se mêlent science et religion. C’est sa femme, Blythe Newlon, illustratrice et mordue d’histoire de l’art, qui l’encourage à se lancer dans l’écriture. L’écrivain dédie d’ailleurs son Da Vinci Code à son épouse, qui l’assiste énormément dans son travail de recherches : à lui la technologie, à elle l’art. Brown est également membre de Psi Upsilon, l’une de ces associations étudiantes américaines séculaires qui partagent codes, rites et solidarités. Il s’en inspire pour polir ses thèmes, cocktail d’ésotérisme, de nouvelles technologies et de suspense, au centre déjà de ses deux premiers romans, Digital Fortress, paru en 1998, qui a pour décor la secrète National Security Agency, et Anges et démons, paru en 2000. Le succès foudroyant survient avec la publication du Da Vinci Code aux États-Unis en septembre 2001. Devenu multimillionnaire, l’auteur n’apparaît quasiment jamais en public. Seul le procès pour plagiat qui lui avait été intenté à Londres, et qu’il a gagné, avait permis d’en savoir plus sur ses motivations. Dan Brown se considère comme un chrétien, mais aussi comme un étudiant de toutes les religions, dont la quête spirituelle est le travail d’une vie. À ses détracteurs, qui critiquent sa manière de présenter des faits imaginaires comme des vérités historiques, il répond que la vaste majorité des croyants comprend le caractère fictionnel de l’ouvrage et considère Da Vinci Code comme une histoire divertissante stimulant le débat sur la spiritualité. « Il est important de rappeler que le lecteur ne doit pas nécessairement être d’accord avec tous les mots du roman pour s’en servir de catalyseur positif d’introspection et d’exploration de la foi », affirme-t-il. la Croix Mgr Javier Echevarria Rodriguez, prélat de l’Opus Dei L. ’Opus Dei fascine et agace à la fois. En quoi son message correspond-il aux besoins des chrétiens aujourd’hui ? Mgr Javier Echevarria : L’Opus Dei fait écho à l’appel que le Christ a adressé à tous : « Soyez parfaits comme mon Père est parfait » (Mt 5, 48). La mission de la prélature est de diffuser ce message et d’offrir une aide pour sa mise en pratique dans la vie ordinaire, spécialement dans le travail professionnel. La spiritualité de l’Opus Dei met l’accent sur la joie que l’on peut trouver dans la sanctification du travail, sur la valeur des petites choses quand elles sont faites par amour. – Vos liens avec le pape font partie de votre identité. Comment cela se manifeste-t-il ? – Comme prélat de l’Opus Dei, je suis nommé par le pape, auquel je rends compte par l’intermédiaire de la Congrégation des évêques, avec un rapport quinquennal comme le font les diocèses. La mission de l’Opus Dei est clairement encadrée par les statuts que le Saint-Siège lui a donnés. – On vous accuse souvent d’être une « Église dans l’Église ». Votre statut de prélature personnelle est unique. Pourquoi refuser de dépendre des évêques locaux ? – L’Opus Dei n’est pas une Église particulière mais il présente une certaine analogie avec les diocèses : un prélat, un clergé qui lui est propre, sa « cathédrale » (l’église Sainte-Marie-de-la-Paix, à Rome), son tribunal, etc. Au sein de la prélature il y a une coopération organique entre laïcs et prêtres, en vue d’une mission qui n’est pas sectorielle : réconcilier le monde avec Dieu, selon la belle formule de saint Paul. Les prêtres incardinés dans la prélature, environ 1 900 aujourd’hui – et j’aurai la joie d’en ordonner 35 le 27 mai – dépendent de moi. Les fidèles laïcs, quant à eux, ne dépendent de moi que pour ce qui concerne leurs engagements spirituels et apostoliques dans la prélature. La majorité d’entre eux vont à la messe dans leur paroisse. – N’y a-t-il pas risque de confusion des rôles avec les évêques des diocèses où vivent vos membres ? – Aucune confusion n’est possible car les juridictions se juxtaposent, sans jamais empiéter l’une sur l’autre. Les fidèles de l’Opus Dei s’efforcent de répondre aux orientations de l’évêque de leur diocèse, comme tous les catholiques animés d’une authentique sensibilité ecclésiale. La prélature est comme un service que l’Église universelle apporte aux Églises particulières. Bref, l’Opus Dei est une toute petite partie de l’Église, mais pas une « Église dans l’Église ». Cette accusation a été propagée en 1981 par des personnes qui ont mis de grands moyens financiers au service d’une cause perdue puisqu’il s’agissait d’une calomnie. – Qu’en est-il de la pratique du cilice et de la discipline (abondamment mentionnée dans le livre Da Vinci Code) ? Se faire souffrir a-t-il une signification aujourd’hui ? – Vous posez une question très marginale par rapport à la réalité de l’Opus Dei. Saint Josémaria Escriva (fondateur de l’Opus Dei) aimait dire que les meilleures pénitences sont celles qui sont inhérentes au travail, celles que suppose la vie ordinaire. Il parlait par exemple du sourire lorsque l’on est fatigué, de bien terminer le travail commencé, de savoir écouter les autres avec patience et compréhension. Quant à la mortification corporelle, elle appartient au patrimoine spirituel de l’Église : Thomas More, Paul VI, Mère Teresa de Calcutta, Sœur Lucie de Fatima l’ont pratiquée, pour ne citer que quelques noms. Il est possible de percevoir, même à qui ne croit pas en Dieu, certains aspects de la mortification volontaire, comme la solidarité dans la souffrance, la maîtrise du corps, l’intérêt d’une libre révolte face à la tyrannie du plaisir. Mais, naturellement, la mortification corporelle doit être vécue avec bon sens et modération. – On vous accuse souvent d’être une puissance financière. Comment êtes-vous financés, et comment vous organisez-vous ? – La prélature n’a pratiquement pas d’autres dépenses que l’entretien de ses prêtres. Les bâtiments nécessaires au déroulement des activités de formation appartiennent à des particuliers ou à des entités autonomes, sans but lucratif, dont pour ma part j’ignore jusqu’au nom. Évidemment, l’Opus Dei ne gère aucune activité commerciale ou financière. Si un fidèle de l’Opus Dei dirige une entreprise, celle-ci n’en est pas pour autant liée à la prélature, de même que s’il gagne un tournoi de tennis, le mérite lui en revient. Lorsqu’une initiative quelconque est prise dans un domaine, par exemple l’aide sanitaire au Congo, elle revêt la forme d’un projet qui a son propre financement et doit trouver son équilibre. Il ne s’agit pas là d’une façade mais cela correspond à la mentalité professionnelle et laïque des intervenants. Tout ce qu’on raconte donc est pure fantaisie. – La pratique du secret est ce qui contribue le plus aux critiques de l’Opus Dei. En quoi cela permet-il une meilleure diffusion des valeurs de l’Évangile ? – Veuillez bien m’excuser, mais il me semble que l’argument est dépassé. Il est de temps en temps brandi tel un épouvantail, mais c’est peu crédible. Les centres de la prélature, leurs directeurs, sont connus de tout le monde, pour peu que l’on s’y intéresse. Il y a les annuaires diocésains, les pages Ce phénomène montre aussi que notre société a un grand besoin de transcendance, d’aspiration vers l’au-delà. informatiques, le bulletin officiel de la prélature, Romana. Qu’estce que vous voulez de plus ? On ne va quand même pas faire une campagne de marketing comme s’il s’agissait d’une entreprise de téléphones portables ! Aucun fidèle de la prélature ne se cache comme tel. Saint Josémaria Escriva disait : « J’abhorre le secret. » Alors ? D’une part, aux débuts de l’Opus Dei, certains s’étonnaient que ses membres ne portent pas un habit religieux. Mais c’eût été les dénaturer ! D’autre part, le mot « secret » est racoleur. Le Christ lui-même nous a dit que si l’on accomplit des œuvres en vérité, il faut aller à la lumière, afin qu’il soit manifeste que nos œuvres sont faites en Dieu (cf. Jn 3, 22). Mais il faut aussi que la main gauche ignore ce que fait la main droite (cf. Mt 6, 3). Les fidèles de l’Opus Dei, j’insiste, ne cachent pas ce qu’ils sont, au contraire, puisqu’ils essaient de faire partager leur bonheur aux autres. Les mêmes qui vous taxent de secret vous accuseront de faire de l’apostolat. Singulière contradiction. Peut-être cela répond-il à un besoin de tout cataloguer. – N’y a-t-il pas cependant une contradiction entre le côté public de l’œuvre depuis la canonisation de votre fondateur et son côté fermé, réservé à ses membres ? – Comme dans toute réalité humaine, on ne peut pas être à la fois dehors et à l’intérieur. Vous imaginez que je participe au conseil de rédaction de La Croix ? Ce n’est pas ma place. Cela étant, rien dans l’Opus Dei n’est fermé en soi. Il est probable que ce soit une des institutions de l’Église les mieux connues aujourd’hui. De fait, au cours des dernières années, différents journalistes ont, à leur demande, partagé durant un temps la vie quotidienne de fidèles de l’Opus Dei, y compris ici, à la curie de la prélature. – Le livre Da Vinci Code a rencontré un très grand succès. Que cela dit-il de notre société ? – Je vais vous surprendre, mais je n’ai pas lu le livre. J’ai beaucoup d’engagements, et n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de romans. Je crois que ce succès est d’abord celui de l’argent. Ce ne sont pas les attaques contre l’Opus Dei qui m’importent, mais celles qui attaquent notre Seigneur, et l’Église. Cependant, je prie tous les jours pour l’écrivain, et aussi pour ceux qui ont fait le film, car peut-être ne se rendent-ils pas compte avec leurs propos qu’ils peuvent blesser des personnes, et qu’ils blasphèment. Ce phénomène montre aussi que notre société a un grand besoin de transcendance, d’aspiration vers l’au-delà. Mais les gens seront déçus, car le livre et le film ne répondent pas à leurs attentes. On voit combien est importante enfin la nécessité de formation, religieuse et spirituelle. Nos contemporains semblent prêts à écouter n’importe quoi. La perte de la foi porte toujours à la superstition. RECUEILLI PAR ISABELLE DE GAULMYN (à Rome) Publicité 6 « Da Vinci Code » la Croix Mercredi 17 mai 2006 T Phénomène d’édition, le succès du « Da Vinci Code » est relayé par le lancement tonitruant du film Un roman, un film et beaucoup de marketing Les livres sur le Da Vinci Code C Le Da Vinci Code expliqué à ses lecteurs, par le P. Bernard Sesboüé, Seuil, 96 p., 6 €. Un décryptage synthétique et accessible des erreurs de Dan Brown par un théologien de référence. C Code Da Vinci : l’enquête Dan Brown, par Frédéric Lenoir et MarieFrance Etchegoin, coll. « Points », 260 p., 6 €. Cet ouvrage rappelle que le livre exploite des filons fructueux : la théorie du complot et l’ésotérisme. C Les Impostures antichrétiennes, des apocryphes au Da Vinci Code, par Joseph-Marie Verlinde, Presses de la Renaissance, 288 p., 18 €, est une analyse des tentatives pour dénoncer l’Église, veine dans laquelle s’inscrit l’ouvrage de Dan Brown. C Le Jésus des chrétiens, par Charles Delhez et Jacques Vermeylen, Fidélité, 130 p., 8 €. Un autre voyage à la découverte du Jésus que ne raconte pas Dan Brown. C Da Vinci Code, les coulisses d’une fiction, par Paul Airiau et Régis Burnet, CLD, 176 p., 17 €. Une plongée dans les coulisses du livre pour expliquer les motivations de l’auteur et son succès. C L’Opus Dei. Enquête sur le monstre, de Patrice de Plunkett, Presses de la Renaissance, 290 p., 18 €. Un retour sur les erreurs du best-seller et une défense de l’Opus Dei contre ce que l’auteur qualifie de « calomnie ». KASKAD FILM/ABACAPRESS D . irectrice générale des Avant même la présentation du Éditions JC Lattès, Isa- film, aujourd’hui dans les salles belle Laffont peut s’enor- françaises et ce soir en ouverture gueillir d’avoir tiré le gros du Festival de Cannes, la machine lot en décidant, à l’automne 2002, à vendre s’est remise en route. d’acquérir les droits d’un polar Depuis deux semaines déjà, l’édiésotérique américain, écrit par un trice française du Da Vinci Code illustre inconnu. En moins de qua- a garni de nouveau les rayons des tre ans, le Da Vinci Code est devenu librairies avec le « pavé » de plus de un phénomène mondial d’édition 500 pages, assorti d’une jaquette et Dan Brown fait aujourd’hui par- reprenant l’iconographie du film, tie du club très fermé des auteurs et publie, avec une mise en place célébrissimes et multimillionnai- initiale de 40 000 exemplaires, le res. « Ce n’est pas le côté ésotérico- « scénario illustré » du long méreligieux qui m’a attiré, note trage. l’éditrice. D’autres livres avaient Les murs Le roman a, par déjà prêté une descendance à de la station ailleurs, produit Jésus. J’ai plutôt été séduite par de métro une littérature tout ce qui tournait autour des Concorde, parallèle, surfant codes secrets. J’ai trouvé l’intri- à Paris, ont sur le phénomène gue bien ficelée et le succès d’un été couverts ou dénonçant les précédent ouvrage jouant sur la aux couleurs thèses du livre. cryptologie me donnait à penser du film et L’afflux de tourisqu’il y avait une attente du public le quai orné tes américains, pour ce genre de récit. » venus dès l’été de motifs. Traduit dans près de cin2003 hanter l’église quante langues, écoulé à cinSaint-Sulpice ou les quante millions d’exemplaires couloirs du Louvre sur les traces dans le monde (dont cinq millions des deux héros, Robert Langdon en France), le roman continue de et Sophie Neveu, fait maintenant rapporter très gros. Toujours en re- l’objet d’une attention soutenue cherche de filons à exploiter, Hol- des professionnels du tourisme, lywood s’est emparé de ce colossal qui répondent à la demande en succès et espère s’assurer le « jack- proposant des circuits sur les lieux pot » grâce à un réalisateur oscari- décrits dans le roman… Un « audio sé (Ron Howard, Oscar du meilleur tour officiel Da Vinci Code » va être film et du meilleur réalisateur en mis en place au Musée du Louvre, 2002 pour A Beautiful Mind), une où une projection spéciale (dont les star planétaire (Tom Hanks) et une places ont été mises aux enchères stratégie marketing très au point. sur le site eBay, à partir de 600 €) Tom Hanks et Audrey Tautou dans Da Vinci Code. Les deux stars seront sur la Croisette pour la projection du film. sera organisée demain jeudi ! Comment en est-on arrivé là ? D’abord grâce au livre, qui applique un certain nombre de recettes éprouvées. Élaboré selon une technique d’écriture typiquement américaine, l’ouvrage propose une succession de courts chapitres, dont les relances successives incitent à poursuivre, un peu à la manière des séries télévisées qui tiennent les téléspectateurs en haleine à la fin de chaque épisode. Voilà pour la facilité de lecture. Le Da Vinci Code doit aussi son immense succès au mélange des genres, « entre polar, message crypté, ésotérisme et religion », analyse Christine Ferrand, du magazine Livres Hebdo, soulignant que le cocktail énigme policière-ésotérisme « est tout à fait dans l’air du temps ». L’efficacité de ce dispositif est encore décuplée par la « véracité » dont se prévaut l’auteur dès la première page de ce qui n’est qu’une fiction. Les lecteurs choisissent. Les phénomènes d’édition, signes d’une attente imprévisible du public qui se cristallise sur un ouvrage, gardent toujours une part de leur mystère. Si un tel succès ne se décrète pas à coups de campagnes promotionnelles, il s’accompagne et s’amplifie grâce aux outils du marketing. Les promoteurs du Da Vinci Code version grand écran jouent habilement sur plusieurs registres. « Dans un cas comme celui-ci, le film reformule un succès déjà avéré, note Hélène Laurichesse, universitaire, spécialiste du marketing du cinéma. Pour ce genre de productions à gros budget, visant le public le plus large possible, la stratégie est généralement quantitative. On investit massivement pour communiquer sur le film, sans toujours se poser la question d’une surmédiatisation inutile, voire contre-productive. Mais dans le cas du Da Vinci Code, il semble qu’un travail qualitatif ait également été mené, comme si toute l’artillerie marketing avait été employée. » Métrobus, qui gère l’activité publicitaire de la RATP, a ainsi mis au point une importante campagne d’affichage dans le métro parisien, avec Gaumont Columbia Tristar, distributeur du film (dont le responsable marketing n’a pas souhaité s’exprimer). Cette opération, classique dans la forme, a été doublée d’une réalisation de prestige à la station de métro Concorde, dont les murs ont été intégralement couverts aux couleurs du film et le quai orné de motifs. Cette surexposition parisienne n’a pas empêché le distributeur d’entretenir le mystère jusqu’au bout, refusant de projeter le film en entier avant la grande avant-première de Cannes – chambre d’écho planétaire rejointe en train spécial par l’équipe du film –, jouant de jeu du « teasing » destiné à distiller l’information au compte-gouttes pour susciter le désir et rendre l’attente « insupportable ». La formidable couverture de presse, suscitée par la polémique ou liée à la présence d’Audrey Tautou à l’affiche du film, aura encore ajouté à la démesure d’un lancement qui n’aura rien laissé au hasard. ARNAUD SCHWARTZ T Le « Da Vinci Code » ne doit pas évincer la cinquantaine de films qui seront présentés à Cannes du 17 au 28 mai A Cannes, il y a aussi un festival de cinéma… Y aura-t-il une vie après le Da Vinci Code ? Une fois cet arbre dégagé, verronsnous enfin la forêt de la compétition (1) ? Parlerons-nous un peu de cinéma, ou l’ombre écrasante du film de Ron Howard et les vagues de réactions qu’il suscite vont-elles continuer d’accaparer les commentaires ? Si tout va bien, si le Da Vinci Code ne passe pas en boucle et si l’on s’en tient au programme annoncé par les organisateurs, cette 59e édition du Festival de Cannes devrait nous faire découvrir 55 films dont 48 en avant-première mondiale. Dix-neuf sont en compétition pour la Palme d’or qui sera proclamée, retour à la tradition, le dimanche 28 mai (et non le samedi), à l’issue d’un vote arbitré par le réalisateur hongkongais Wong Kar-waï (In the mood for love, 2046), premier ci- que Mme Cassel, Monica Bellucci, néaste chinois choisi pour présider planchera avec le jury) et Flandres, à cette prestigieuse délibération du sulfureux Bruno Dumont. Envers laquelle tous les regards se fin, hors compétition, Transylvania tourneront pendant ces onze jours de Tony Gatlif, aura l’honneur de kaléidoscopiques. fermer le ban. Notables différences par rap- Même si Deux curiosités port à l’édition 2005 : plus de so- le nombre attendues dans le briété et plus faible présence de de cinéastes contexte actuel : réalisateurs connus. La France reconnus Indigènes, film qui alignera neuf films dont trois est en déclin, traite de notre hisen compétition pour la Palme : l’affiche toire nationale – les Selon Charlie, de Nicole Garcia de cette soldats africains de (avec Jean-Pierre Bacri, Vincent 59e édition l’armée française Lindon, Benoît Magimel, Benoît demeure lors de la Seconde Poelvoorde) ; Quand j’étais chan- prestigieuse. Guerre mondiale teur, de Xavier Giannoli (avec –, du réalisateur Gérard Depardieu, dont c’est le re- algérien, né en France, Rachid tour à Cannes, et Cécile de France, Bouchareb, avec deux comédiens maîtresse de cérémonie en 2005 passionnants : Jamel Debbouze et pour les soirées d’ouverture et de Roschdy Zem. Hors compétition clôture, remplacée cette année (dans tous les sens du terme) sera par… Vincent Cassel, pendant présenté Zinédine Zidane, une his- toire du XXIe siècle, à l’heure des adieux de la star. Ce documentaire tourné à 17 caméras polarisées sur le joueur le temps d’un match, et réalisé par deux cinéastes venus de l’art contemporain, Philippe Parreno et Douglas Gordon, est d’ores et déjà annoncé comme l’un des événements marquants de cette édition. Même si le nombre de cinéastes reconnus est en déclin, l’affiche de cette 59e édition demeure prestigieuse avec la présence sur la Croisette des nouvelles œuvres de l’Espagnol Pedro Almodovar (Volver), de l’Italien Nanni Moretti (Le Caïman), de l’Américaine Sofia Coppola (Marie-Antoinette), du Mexicain Alejandro Gonzales Inarritu (Babel), du Britannique Ken Loach (Le Vent se lève), du Finlandais Aki Kaurismaki (Les Lumiè- res du faubourg). Personne ne peut, à l’heure du lever de rideau, prévoir les inévitables surprises, polémiques, scandales, éblouissements qui vont sortir du chapeau de ce rendez-vous propice à tourner bien des têtes. De nouveaux noms émergeront, des œuvres vont s’imposer, des destins basculer. Une fois laissée sur le trottoir la marée humaine des badauds qui rêvent d’en être, le festivalier, privilégié, plongera dans la caverne Lumière. Alors, place à l’émotion et au plaisir incomparable du cinéma. À moins que la malédiction du Da Vinci Code ne jette son voile noir sur les participants… JEAN-CLAUDE RASPIENGEAS (1) Nous reparlerons du Da Vinci Code dans notre édition de jeudi. Cette fois, le film vu… la Croix dans les salles 7 Mercredi 17 mai 2006 T Ces deux hauts lieux du « Da Vinci Code » s’apprêtent à accueillir les curieux de tous pays et de toutes convictions Déferlante attendue au Louvre et à Saint-Sulpice L. es touristes sur les traces du héros de Da Vinci Code passeront évidemment par le Louvre et Saint-Sulpice, deux lieux mis en vedette dans le roman de Dan Brown. « Si le musée, au début réticent, a accepté qu’on tourne des scènes du film ici, c’est que la direction a compris l’enjeu économique de l’événement », observe Yousef, qui travaille au fonds de documentation multimédias du Louvre. Ce qui le frappe le plus, c’est la soif des gens, « leur volonté de croire à tout prix, même si c’est faux ». Adnan Carime, chargé d’accueil au musée, répond avec l’accent aux Américains curieux : « Fiqchun ! » (fiction). Et l’un d’eux de répondre : « Pas grave, la vie même est une “fiqchun” » ! Devant La Joconde, depuis longtemps source de fantasmes – Brown n’a rien inventé sur ce point –, la foule ininterrompue s’agglutine. L’imminente sortie du film Da Vinci Code y est-elle pour quelque chose ? Difficile de le mesurer avec exactitude, les visiteurs n’osant avouer clairement qu’ils sont venus pour cela : « Nous, nous voulions visi« Notre ter le Louvre », grand souci expliquent les est de ne pas Orbonez. Mais transformer le couple espaces lieux gnol précise : en succursale « Oui, bien sûr, du “Da Vinci on a lu le livre. Code” Une œuvre à et de ne pas prendre comme interférer un roman. Rien avec l’activité de plus ! » David de la et Jane Taylor, paroisse. » venus d’Australie, sont plus explicites : « Nous l’avons lu et nous allons voir le film. » « Les visiteurs posent beaucoup de questions, c’est vrai. Je ne trouve pas plaisant de répondre à ceux qui croient à 100 % à l’histoire du roman. D’autres prennent la chose à la légère. Là, c’est plus agréable », confie une guide qui atteste que les plus intéressés sont les Américains, tels Will Dupriest, agnostique, s’interrogeant sur la prétendue liaison du Christ avec Marie-Madeleine, tandis que sa femme Christin, catholique, ne trouve qu’à en rire. Plus surprenante est la réaction de ces lycéennes de Belfort, qui visitent le Louvre un peu sous l’injonction de leur professeur. La Joconde ? Elles n’en pensent pas grand-chose. Et le Da Vinci Code ? Elles n’en ont jamais entendu parler ! On aura plus de répondant à Saint-Sulpice. Dans le silence ombragé de l’immense église, Andrée Guttadauro, accompagnée de son Des retombées lucratives C Pour une coquette somme d’argent, un professionnel du tourisme propose un circuit dans Paris « sur les traces des personnages du célèbre roman de Dan Brown porté à l’écran par Ron Howard ». Un autre invite à une visite du Louvre pour entraîner le visiteur « en plein cœur de l’intrigue ». Pour bien plus cher, on propose au touriste britannique une visite guidée des principaux sites du bestseller avec une nuit à Londres et un aller-retour en Eurostar. Le Da Vinci Code est une affaire décidément fort lucrative. époux, Barthélemy, explique ainsi sa présence : « Nous avons lu le livre et nous voulions voir certains éléments décrits dans l’ouvrage, dont, en particulier, le gnomon (instrument astronomique) et les deux lettres qui figurent sur les vitraux circulaires, le P et le S. Nous irons voir le film. Notre intérêt est purement culturel. Nous ne sommes pas croyants, mais ouverts à toutes les croyances. Nous avons un ami qui, lui, est croyant, et nous allons reve- nir avec lui visiter cette église. » Pour Christine Vitry, qui fait découvrir l’édifice à son ami Daniel Jhumun, Mauricien, le Da Vinci Code est « l’occasion de remettre tout à plat et de redémarrer un christianisme enfin dépourvu de ses défauts. La plus belle des religions n’est-elle pas celle du partage sur toute la terre ? » « Ils nous bassinent avec leur Da Vinci. Qu’ils relisent la Bible ! Et puis quoi ! Jésus avait des amis, hommes et femmes. L’histoire de l’Église est jalonnée de ces histoires. Elle a toujours été calomniée. Ce n’est pas neuf, tout ça », estime, agacé, Émile Croibier, retraité en visite à Saint-Sulpice. Sur un ton non polémique, Michel Rougé, guide bénévole de l’église, explique la démarche des accueillants de Saint-Sulpice : « Notre grand souci est de ne pas transformer ces lieux en succursale du Da Vinci Code et de ne pas interférer avec l’activité de la paroisse. Alors, nous nous effor- çons d’accueillir gentiment les personnes, de répondre aux questions, de leur montrer la vie d’une paroisse vivante où l’on célèbre, où l’on confesse tous les jours, où des fidèles prient à la chapelle de la Vierge. » Pas d’exaspération, mais pas non plus d’humour nonchalant, face à la déferlante attendue : Michel Rougé et ses acolytes se montrent à la fois ouverts à tous et témoins pugnaces de la foi catholique. LOUIS DE COURCY Publicité « Da Vinci Code » dans les salles 8 la Croix Mercredi 17 mai 2006 V U D ’A I L L E U R S Au Vatican, rares sont ceux qui n’ont pas pris position sur le « Da Vinci Code » PA R O L E S D E SPÉCIALISTES A Rome, les cardinaux adoptent des ripostes variées « Une bonne occasion d’évangéliser » ROME John Lambert De notre envoyée spéciale permanente I. ALESSANDRA TARANTINO/AP/SIPA mpossible de passer outre. Ne serait-ce que parce que l’affiche du film étale partout dans Rome ses quatre mots : Il codice Da Vinci. Partout, sauf sur l’église de San Pantaleone, pour laquelle le curé a obtenu le retrait du panneau qui devait masquer un échafaudage ! Une de ces polémiques romaines qui ne cessent de courir, depuis l’annonce de la sortie du film. Quant aux cardinaux, sollicités par les journaux, peu d’entre eux ont pu passer à travers les gouttes de Dan Brown : « Je n’ai pas pu le lire complètement », avoue le cardinal Jean-Louis Tauran, rebuté par la « médiocrité du récit L’église de San Pantaleone, à la fin du mois d’avril. L’affiche, qui recouvrait un échafaudage, a été retirée à la demande du curé. littéraire ». Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de QuéAgir, c’est aussi l’invitation du car- tout, conclut-t-il, « l’histoire est un cardinal, qui intervenait lors d’une bec, de passage à Rome, n’était, lui dinal Arinze : « Il existe des moyens combat spirituel ». Et, à combat spi- journée de réflexion sur le catholinon plus, au départ guère enthou- légaux pour obtenir que les uns res- rituel… armes spirituelles. C’est cisme et la littérature au XIXe siècle, siaste. « Ce sont les jeunes de mon pectent les droits des autres », dit-il la tactique choisie par l’Opus Dei, invite donc à faire preuve de recul : diocèse qui m’ont poussé à le lire, dans un documentaire réalisé pour institution fortement mise en cause « Pour celui qui connaît l’histoire de pour que je puisse répondre à leurs Rome Reports, une agence d’infor- par le livre (lire page 5). l’Église, ce n’est pas la première fois questions », raconte-t-il. Du cardinal mation multimédias, poussant C’est aussi ce que recommande que se manifeste un phénomène de Francis Arinze, préfet de la Congré- ainsi les croyants à saisir les tribu- le cardinal français Paul Poupard : ce type », souligne-t-il. Mais le fait gation pour le culte divin, au cardi- naux : « Les chrétiens ne doivent pas affronter le défi avec « intelligence ». nouveau, poursuit-il cependant, nal Camillo Ruini, président de la rester les bras croisés en se contentant La semaine dernière, le responsable c’est « l’ignorance religieuse, l’ignoConférence épiscopale italienne, de pardonner et d’oublier. » Même rance tout court » et « l’absence de rares sont ceux qui n’ont pas pris invitation du quotidien catholiculture de base ». D’où, un discerposition. Une surenchère verbale que Avvenire, qui, dans son édinement désormais difficile « entre qui tranche avec l’habituelle ré- torial du 11 mai, demande que le conte, le fantastique, et l’attaque, serve des milieux romains. Seul le les chrétiens boycottent cette même subtile, de l’histoire et des pape est resté silencieux, et encore, « colossale mystification ». valeurs représentées et vécues par lorsque Benoît XVI a affirmé, le diDangereux, donc, le Da Vinci l’Église ». Le cardinal Ruini, un manche 30 avril, que « la résurrec- Code ? Oui, explique en termes proche de Benoît XVI, n’a pas dit tion du Christ est le point central du plus mesurés le cardinal Ouellet, autre chose lorsque, lundi, devant christianisme, et que la nier comme qui voit là « une de ces tentatives les évêques italiens réunis en on a tenté de le faire de différentes consistant à miner l’institution assemblée plénière, il a souhaité manières, c’est amoindrir la foi », chrétienne, en ce qu’elle prétend de la culture et du dialogue interre- que l’Église saisisse l’occasion de chacun y a vu ici une allusion voilée aujourd’hui encore être une autorité ligieux de la curie a, en effet, sans la sortie du film pour « éclairer les au Da Vinci Code… dans la société ». Pour le cardinal jamais citer le Da Vinci Code lui- consciences » et engage « un profond Difficile, cependant, de trouver nord-américain, tout ce « tumulte » même, pointé le grand retour des travail de catéchèse ». Il faut « aider une homogénéité au milieu de tant est à replacer dans le contexte plus romans fantastiques fondés sur des les personnes à faire clairement la de prises de parole. Pour certains, vaste d’une sécularisation visant à thèmes « pillés dans l’histoire, dans distinction entre les faits certains l’Église doit riposter avec vigueur. saper les fondements du christia- l’art, dans le monde religieux », qui sur l’origine et l’histoire du christiaLe premier à tirer ainsi fut le pré- nisme. Mais il est sans inquiétude, ont « massivement conquis le marché nisme, et les œuvres d’imagination dicateur de la Maison pontificale, car, ajoute-t-il en souriant, cela fait et l’attention des lecteurs » souvent ou les falsifications ». le P. Raniero Cantalamessa, qui, le partie de la « lutte des esprits » : après « en quête de sacré et de mystère ». Le ISABELLE DE GAULMYN jour du Vendredi saint, s’en est pris avec force aux écrits « pseudo-historiques » sur Jésus-Christ. Même ton, La stratégie de la « limonade » pour Mgr Angelo Amato, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine C 10 janvier 2006. Réunion de crise, à Rome, siège Les responsables ont appelé cela la « tactique de de la foi, ancien proche collaborade l’Opus Dei. Les responsables de communication la limonade ». À savoir : transformer l’amertume teur du pape, qui n’hésite pas à de Rome, New York, Londres, Paris, Cologne, Lagos du citron en boisson sucrée. C’est-à-dire profiter qualifier le roman de « perversement et Montréal s’interrogent : comment gérer la sortie de cette publicité pour retourner la critique en un antichrétien » le 28 avril. Dénonçant du film qui fait de l’Opus Dei une organisation intérêt positif envers le christianisme. Avec quelques les « erreurs », les « calomnies » et les criminelle au service d’une Église visant à conforter ingrédients soigneusement préparés. La politesse : « insultes » contre l’Église, il affirme : un « mensonge » vieux de deux mille ans ? Ironie du jamais de critiques directes. La transparence : « Si elles avaient concerné le Coran sort : l’Opus Dei, par ses universités, s’est très tôt opérations portes ouvertes, points de presse, ou la Shoah, cela aurait provoqué positionné sur la communication institutionnelle communication intense sur le site. Une stratégie légitimement un soulèvement mondans l’Église, pour laquelle il a déjà formé des mondiale. Et une attitude positive : pas d’appel au dial. Mais quand elles concernent générations de laïcs, dont Joaquin Navarro-Vals, boycott, « notre rôle est seulement d’offrir toutes les l’Église et les chrétiens elles restent porte-parole du pape, est le symbole. Aujourd’hui, données nécessaires afin que chacun puisse arbitrer impunies. » Et d’inciter les chréc’est elle qui est attaquée, dans un contexte librement et en conscience ». Le film fait de l’Église tiens à rejeter « le mensonge et la mondialisé, face à une entreprise, Sony, aux un repaire d’assassins ? L’Opus Dei communique diffamation gratuite », sur le modèle moyens financiers considérables. « Plutôt que de sur des projets en Afrique. Bref, un véritable plan du « boycottage économique mérité » porter l’affaire devant les tribunaux, nous avons marketing de sortie de crise. Qui pourrait être que les catholiques avaient opposé choisi de communiquer », confie le porte-parole de ensuite enseigné sur les bancs des universités de en 1988 à La Dernière Tentation du l’Opus Dei, Manuel Sanchez Hurtado. Comment ? l’Opus Dei… Christ de Martin Scorsese. « Les chrétiens ne doivent pas rester les bras croisés en se contentant de pardonner et d’oublier. » Prêtre de l’Église anglicane à la paroisse Saint-Michael à Paris « Le Da Vinci Code contient beaucoup d’erreurs sur le christianisme, mais il faut le prendre pour ce qu’il est : un roman et une fiction. De ce point de vue, c’est un excellent thriller ésotérique qui réussit à faire en sorte que le lecteur tourne les pages. Ce qui est inquiétant, c’est que certains prennent ce qui y est écrit comme des faits historiques : c’est contre cela qu’il faut réagir. Mais il faut faire attention à le faire avec une attitude conciliante et sans agressivité, car on a ici une bonne occasion de présenter les choses comme elles sont et d’évangéliser. C’est le sens d’une formation que nous proposons jeudi soir pour aider les personnes à répondre à leurs collègues de bureau ou à leurs amis, mais en évitant la polémique. Nous aurons aussi des occasions pour expliquer au grand public la réalité des faits historiques. » L’ensemble du programme de ces activités en français et anglais est disponible sur le site de la paroisse : www.saintmichaelsparis.org « C’est la culture qui est insultée » Jean-François Colosimo Théologien orthodoxe « Avant même que le christianisme ne soit blessé, c’est la culture qui est insultée. Il faut vraiment être arrivé à un véritable effondrement de la culture pour qu’un fatras de mensonges comme celui-là puisse apparaître un tant soit peu sérieux. Un tel abandon de l’intelligence ne préfigure pas de beaux lendemains pour l’idée même de culture. Le véritable problème du Da Vinci Code, c’est la haine de soi d’une civilisation qui en vient à considérer ses mythes fondateurs comme des mensonges et leur préfère de réels mensonges totalement pathétiques. La civilisation chrétienne tiendrait à un misérable petit secret sous la couette ? Voilà ce que la théorie du complot peut donner à l’échelle d’une civilisation. Habituellement diabolisée, la voici ici sacralisée, sans se rendre compte qu’elle prépare, à cause de l’effacement culturel qu’elle provoque, une sorte d’assoupissement totalitaire. » RECUEILLI PAR NICOLAS SENÈZE