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RADICALISATION ET INFRACTIONS TERRORISTES INFORMATIONS JURIDIQUES ET PRATIQUES I. LA LOI La loi du 19 décembre 2003 relative aux infractions terroristes a introduit dans le Code pénal de nouvelles dispositions visant à réprimer des comportements dits terroristes. Ce sont précisément les articles 137 à 141 ter du Code pénal qui visent ces infractions. D’une part, certaines infractions prévues par le Code pénal peuvent être qualifiées de terroristes si : de par leur nature ou leur contexte, elles peuvent porter gravement atteinte à un pays ou à une organisation internationale et sont commises intentionnellement dans le but d’intimider gravement une population ou de contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte, ou de gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale. Il s’agit des infractions suivantes : › le meurtre, l’assassinat, l’empoisonnement ; › les coups et blessures de toute catégorie ; › les mutilations génitales d’une personne de sexe féminin ; › la torture, les traitements inhumains ; › la prise d’otage ; › l’enlèvement ; › la destruction ou la dégradation massive d’édifices, de tombeaux, de statues, de monuments, les infractions informatiques, la destruction du matériel de bord de la marine marchande et de la pêche maritime, l’atteinte à l’infrastructure de télécommunication ayant pour effet de mettre en danger des vies humaines ou de produire des pertes économiques considérables ; 2 › le détournement d’avions, d’hélicoptères, d’aéronefs, de navires ; › la fabrication, la détention de produits explosifs ou de produits composants ; › les infractions relatives aux armes bactériologiques et aux armes nucléaires ; › les perturbations d’alimentation en eau, électricité, ou ressource naturelle ayant pour effet de mettre en danger des vies humaines. La menace de commettre ces infractions est également punie. D’autre part, le législateur a également créé des infractions spécifiques telles que la participation à un groupe terroriste, la direction d’un groupe terroriste, l’aide à la commission d’une infraction terroriste, la diffusion d’un message d’incitation à commettre une infraction terroriste, le recrutement d’une personne en vue de commettre une infraction terroriste, le fait de donner des instructions ou des formations pour la fabrication ou l’utilisation d’explosifs, d’armes ou de toute autre substance nocive en vue de commettre des infractions terroristes de même que le fait de recevoir ces instructions ou de suivre ces formations. Le groupe terroriste se définit comme une association structurée de plus de deux personnes, établie dans le temps, et qui agit de façon concertée en vue de commettre des infractions terroristes. Toutes ces infractions sont punies de peines d’emprisonnement et/ou d’amende. Il y a participation à un groupe terroriste dès que l’on fournit des informations, des moyens matériels, ou dès que l’on finance le groupe terroriste en connaissance de cause même si le participant ne coopère pas directement à la commission de telle ou telle infraction. On participe à un groupe terroriste même si on ignore la composition exacte du groupe ou le détail de ses activités. La participation est punie d’une peine de réclu- sion de 5 à 10 ans et d’une amende de 600 à 30.000 €. Le dirigeant du groupe terroriste est puni de 15 à 20 ans de prison et d’une amende de 6.000 à 1.200.000 € même s’il ne commet pas luimême l’infraction. Le dirigeant est celui qui donne les ordres et les instructions aux autres membres du groupe terroriste. La propagande est la diffusion d’un message public ou la mise à disposition du public d’un message qui incite à la commission d’infraction terroriste. Cette infraction est punie d’une peine de réclusion de 5 à 10 ans et d’une amende 600 à 30.000 €. Le recrutement est la démarche d’un recruteur auprès d’une personne en vue de lui faire commettre une infraction terroriste. Cette infraction est punie d’une peine de réclusion de 5 à 10 ans et d’une amende 600 à 30.000 €. La formation est également visée : tant celui qui la donne que celui qui la reçoit est puni. Il s’agit de formations sur la fabrication d’armes, de substances nocives ou dangereuses, ou pour apprendre toute technique spécifique en vue de commettre des infractions terroristes. Cette infraction est punie d’une peine de réclusion de 5 à 10 ans et d’une amende 600 à 30.000 €. L’aide à une infraction terroriste vise à la fois l’apport de moyens financiers mais également la fourniture de matériel (véhicules, matériel informatique, téléphones, etc…). Cette infraction est punie d’une peine de réclusion de 5 à 10 ans et d’une amende 600 à 30.000 €. 3 2. L ES SITUATIONS PRATIQUES VOUS AVEZ L’IMPRESSION QUE VOTRE ENFANT OU PROCHE SE RADICALISE Il est mineur Votre enfant ou proche peut être considéré comme : ›E n danger en raison de ses fréquentations : vous pouvez alors faire appel au SAJ (service d’aide à la jeunesse) qui pourra mettre en place une aide. Il s’agit d’une aide volontaire qui ne fonctionnera que si elle est acceptée par l’enfant s’il a au moins 14 ans et par ses parents. ›A yant commis un fait qualifié infraction. Un juge de la jeunesse pourrait, après avoir constaté un tel fait, prendre « des mesures de garde, de préservation ou d’éducation », comme lui imposer des conditions ou le placer dans une institution pour mineurs délinquants. Un avocat spécialisé lui sera alors automatiquement désigné. Il est majeur Il convient de consulter un avocat, il pourra vous détailler les risques encourus par votre enfant ou proche au plan judiciaire et, le cas échéant, les lui exposer également. Il pourra aussi vous aider dans vos démarches avec le Parquet ou la police pour, par exemple, identifier et démanteler le réseau qui a abordé votre enfant ou proche. 4 VOTRE ENFANT OU PROCHE EST PARTI COMBATTRE POUR UNE ORGANISATION TERRORISTE Il est mineur Tant que votre enfant ou proche n’est pas de retour sur le territoire, le SAJ ne peut intervenir. Si votre enfant ou proche commet des infractions à l’étranger, le juge de la jeunesse pourrait, à son retour en Belgique, prendre les mesures protectionnelles mentionnées au point 2.1. Un avocat spécialisé lui sera alors automatiquement désigné. Il est majeur Même si votre enfant ou proche commet des infractions terroristes à l’étranger, la loi belge prévoit que s’il a la nationalité belge ou s’il a sa résidence principale en Belgique, il peut être jugé (et donc condamné) par les tribunaux belges. S’il n’a pas la nationalité belge ou qu’il n’a pas sa résidence habituelle en Belgique, mais qu’il commet à l’étranger des infractions terroristes contre un Belge, une institution belge, l’Union européenne, une institution de l’Union européenne ou un organisme européen, il peut également être jugé par les tribunaux belges. En clair, le fait que les infractions ne sont pas commises en Belgique n’empêche pas qu’elles soient poursuivies en Belgique. Vu l’infraction de financement terroriste, ne lui envoyez pas d’autres sommes d’argent que celles qui sont strictement destinées à financer son retour, au risque de vous rendre vous-même coupable d’infraction terroriste. Si vous souhaitez organiser le retour de votre enfant ou proche sur le territoire belge, il convient de prendre contact avec un avocat pour que toutes les démarches utiles soient entreprises. Il peut être envisagé de dénoncer le réseau, d’organiser un témoignage sous anonymat, etc… Un avocat spécialisé lui sera automatiquement désigné. VOTRE ENFANT OU PROCHE Vous pouvez aussi consulter un avocat que vous chargerez d’assister à l’audition de votre enfant ou proche. EST RENTRÉ EN BELGIQUE Qu’il soit mineur ou majeur, il convient de consulter un avocat et de lui exposer les faits commis à l’étranger pour qu’il détermine si des infractions terroristes ont été commises. L’avocat pourra organiser les contacts avec la police et organiser la défense de votre enfant ou proche. VOTRE ENFANT OU PROCHE A ETE ARRÊTÉ Il est mineur En principe, un avocat de permanence est prévu pour assister à sa première audition. Vous pouvez aussi, s’il s’agit de votre enfant, consulter un avocat de votre choix que vous chargerez d’assister à l’audition. Votre enfant ou proche mineur peut également demander à la police de contacter un avocat. Ce contact permettra à l’avocat de le rejoindre au commissariat et de l’y assister, pour autant qu’il se soit préalablement inscrit à cet effet. Il est majeur En principe, un avocat de permanence est prévu pour assister à sa première audition. Votre enfant ou proche majeur peut également demander lui-même à la police de contacter un avocat. Ce contact permettra à l’avocat de le rejoindre au commissariat et de l’y assister. À la fin de cette audition, si des soupçons pèsent sur lui, votre enfant ou proche sera mis en contact avec un juge d’instruction. Le juge d’instruction décidera s’il y a lieu de le mettre en détention préventive. La personne placée en détention préventive comparaît à intervalles réguliers devant une chambre spéciale du tribunal de première instance, la chambre du conseil, qui peut ordonner sa remise en liberté. Le juge d’instruction peut aussi libérer le détenu, dans le respect de la loi. L’avocat veille à défendre le détenu, à prendre connaissance du dossier de l’enquête et à tenter d’obtenir sa remise en liberté. La remise en liberté peut être accordée sous conditions. La détention préventive peut se dérouler en prison ou au domicile, avec un bracelet électronique. L’avocat peut assister son client tout au long de l’enquête et lorsqu’elle est finie, devant les tribunaux chargés du procès. À la fin de cette audition, si des soupçons pèsent sur votre enfant ou proche, il sera mis en contact avec un juge de la jeunesse. Le juge de la jeunesse pourra alors prendre les mesures protectionnelles mentionnées au point I.A. 5 3. P OINTS DE CONTACTS Les informations juridiques sont dispensées par les services d’aide juridique de première ligne (permanences des avocats et des ASBL agréées). Les suites judiciaires éventuelles peuvent être prises en charge dans le cadre de l’aide juridique de deuxième ligne par des avocats spécialisés. L’accueil téléphonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles est accessible au 0800 20 000 les jours ouvrables de 8h à 18h. Si votre enfant ou proche est mineur, vous pouvez trouver une écoute, un conseil, une aide dans la gestion d’une situation auprès des SAJ (services d’Aide à la Jeunesse), dont le personnel a été formé à la problématique de la radicalisation chez les mineurs. Si votre enfant ou proche est majeur, vous pouvez prendre contact avec les services d’aide aux justiciables et les services d’aide aux détenus, qui pourront vous apporter une aide, une écoute, une prise en charge psycho-sociale. Pour obtenir les coordonnées de ces services, vous pouvez appeler le numéro vert de la Fédération Wallonie-Bruxelles : 0800/20 000, qui identifiera avec vous le service le plus proche de vous susceptible de prendre en charge votre situation. Une publication des Maisons de Justice et de Avocats.be Éditeur responsable : Frédéric Delcor, 44 Bd Léopold II, 1080 Bruxelles Photo ©iStock.com/Laflore 6