l`artisan beninois l`artisan beninois l`artisan beninois

Transcription

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REPUBLIQUE DU BENIN
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CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL
QUATRIEME MANDATURE
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Commission des Affaires Sociales et de l’Education
(CASE))
« L’ARTISAN BENINOIS :
VIE, PROBLEMES ET PERSPECTIVES
PERSPECTIVES »
Adopté par l’Assemblée plénière en sa séance du ………….……février 2010
Février 2010
2
PRESENTATION DE LA COMMISSION N°3 ............................................................................. 3
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ................................................................................... 4
GLOSSAIRE.................................................................................................................................... 6
INTRODUCTION ........................................................................................................................... 7
I – OBJECTIFS DE L’ETUDE........................................................................................................ 9
1.1 – Objectif général ....................................................................................................................... 9
1.2 – Objectifs spécifiques ............................................................................................................... 9
II – DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE ........................................................... 10
2.1– La recherche et la revue documentaires ................................................................................. 10
2.2 - L’audition des personnes ressources ..................................................................................... 11
2.3 - Les visites sur le terrain ......................................................................................................... 11
2.4 - Les enquêtes de terrain .......................................................................................................... 12
III – ETAT DES LIEUX SUR LES CONDITIONS DE VIE DE L’ARTISAN BENINOIS ...... 13
3.1 - Forces de l’artisanat béninois ................................................................................................ 14
3.2 – Faiblesses de l’artisanat béninois .......................................................................................... 17
IV – ANALYSE DES FORCES ET FAIBLESSES, APPROCHES DE SOLUTIONS ET
PERSPECTIVES ........................................................................................................................... 23
4.1 – Analyse des forces et faiblesses de l’artisanat béninois....................................................... 23
4.2 – Approches de solutions aux difficultés de l’artisanat béninois ............................................. 28
4.3 - Perspectives ........................................................................................................................... 36
V – MESURES PRECONISEES ................................................................................................... 38
CONCLUSION .............................................................................................................................. 40
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 41
ANNEXES ..................................................................................................................................... 42
3
PRESENTATION DE LA COMMISSION N°3
Le présent rapport a été élaboré par la Commission des Affaires Sociales et de
l'Education composée comme suit :
Conseillers :
1 – LOKOSSOU Dieudonné
:
Président
2 – BALOGOUN Claude
:
Premier Rapporteur
3 – SAKOU Benoît
:
Deuxième Rapporteur
4 – AREMOU Mansourou
:
Membre
5 – AZON GANSE Rigobert
:
Membre
6 – AZOUA Kassogbé Gaston
:
Membre
7 – DINDIN Kodo Adolphe
:
Membre
8 – ESSOU Magloire
:
Membre
9 – GUEZO Luc Fortuné Olivier
:
Membre
10 – SIDI
:
Membre
Issifou
Personnel d’Appui
1 –ADJAGBA Raymonde épouse GUILLAUME
: Assistante de Commission
2 – TEVI Valérine épouse HOUNDOTE
: Assistante de Commission
3 –HESSOU Arielle épouse APOVO
: Secrétaire de Commission
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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ABF
:
Analyse de Besoins en Formation
ADEX
:
Association de Développement Exportation
BAA
:
Bureau d’Appui aux Artisans
BUPDOS
:
Bureau des Projets de Développement et des Œuvres Sociales
CA
:
Code de l’Artisanat
CAAO
:
Confédération des Artisans de l’Afrique Ouest
CGA
:
Centres de Gestion Agréés
CERAD
:
Centre d’Etude de Recherche- action et d’Appui pour le
Développement
CIM
:
Chambre Interdépartementale de Métier
CNAB
:
Confédération Nationale des Artisans Béninois
CPA
:
Centre de Promotion et de l’Artisanat
CPPE
:
Centre de Perfectionnement Professionnel pour les Entreprises
CQM
:
Certificat de Qualification aux Métiers
CQP
:
Certificat de Qualification Professionnelle
DAMA
:
Direction de l’Apprentissage des Métiers Artisanaux
DAOP
:
Direction de l’Artisanat et des Organisations Professionnelles
DFQP
:
Direction de la Formation et de la Qualification Professionnelles
ETFP
:
Enseignement Technique et Formation Professionnelle
FNPA
:
Fonds National de Promotion de l’Artisanat
FODEFCA
:
Fonds de Développement, de la Formation Professionnelle Continue
et de l’Apprentissage
GMEC
:
Groupement Mutualiste d’Epargne et de Crédits
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INSAE
:
Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique
IRCOD
:
Institut Régional de Coopération Décentralisée
MAT
:
Ministère de l’Artisanat et du Tourisme
MEA
:
Maison des Entreprises Artisanales
MESFP
:
Ministère de l’Enseignement Secondaire et de la Formation
Professionnelle
MTFP
:
Ministère du Travail et de la Fonction Publique
OPA
:
Organisations Professionnelles d’Artisans
PAFTP
:
Projet d’Appui aux Formations Techniques et Professionnelles
PASEB
:
Projet d’Appui au Secteur de l’Education au Bénin
PDSAB
:
Projet de Développement du Secteur de l’Artisanat au Bénin
PIB
:
Produit Intérieur Brut
PME
:
Petites et Moyennes Entreprises
PNDA
:
Politique Nationale de Développement de l’Artisanat
PPA
:
Projet de Promotion de l’Artisanat
RGPH 2002
:
Recensement Général de la Population et de l’Habitat, édition 2002
SNAB
:
Salon National de l’Artisanat du Bénin
TPU
:
Taxe Professionnel Unique
UCIMB
:
Union des Chambres Interdépartementales de Métiers du Bénin
UEMOA
:
Union Economique et Monétaire Ouest Africain
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GLOSSAIRE
Le mot « Artisan » peut se définir de plusieurs manières :
C’est un travailleur qui exerce pour son compte personnel un métier manuel, seul ou avec
l’aide des membres de sa famille ou de quelques employés.
Personne qui exerce une activité civile, généralement un travailleur manuel qui ne devient
commercial qu’en cas de spéculation sur les machines ou le personnel est limité.
Maître-artisan : Tout artisan ou ouvrier artisan ayant acquis une expérience d’au moins
trois ans dans son métier et reconnue par une structure professionnelle ou par le milieu
social.
Entreprise artisanale : une petite ou moyenne entreprise qui utilise moins de 10 ouvriers
artisans (non compris les aides familiaux et les apprentis).
Activités artisanales : consistent en l’extraction, la production, la transformation de biens
et/ou la prestation grâce à des procédés techniques dont la maîtrise requiert une formation
par la pratique.
L’apprentissage : C’est une formation systématique, d’une durée déterminée, se déroulant
en majeure partie dans une entreprise. Il est régit par un contrat d’apprentissage qui prévoit
des obligations mutuelles de l’apprenti et de l’employeur.
La nomenclature des métiers de l’artisanat : C’est la liste exhaustive de toutes les
activités exercées dans le secteur de l’artisanat.
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\ÇàÜÉwâvà|ÉÇ
L’artisanat béninois est un secteur d’activité d’une grande importance économique et
social caractérisé par la diversité des activités qui le composent. En effet, l’architecture
organisationnelle du secteur présente 210 métiers répartis en 42 corps de métiers regroupés
en 11 branches d’activités (Bâtiment – alimentation - métaux et constructions mécaniques –
pierre - textile, habillement, cuir et peaux - fibres végétales - poterie et céramique –
électronique, électricité et froid - art et décoration - installation, maintenance, entretien,
réparation et image - hygiène et soins corporels).
L’artisanat
au
Bénin,
après
l’agriculture
et
le
commerce
occupe la troisième place en termes de sa contribution au PIB (12%) et emploie (13%) de la
population active suivant le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH
2002).
En 2009, le Recensement Général des Entreprises au Bénin, deuxième édition,
indique que 48% des entreprises installées au Bénin sont de type artisanal et une récente
enquête réalisée par l’INSAE dénombre environ 2.361.524 artisans.
De façon classique, la gestion économique d’un pays prend racine sur les trois
secteurs que sont le primaire, le secondaire et le tertiaire : le secteur primaire prenant
globalement en compte l’agriculture, l’élevage et la pêche, le secteur secondaire regroupant
l’industrie et les activités connexes, et le secteur tertiaire basé sur le commerce et les
services.
Au delà de son rôle de support culturel, l’artisanat dans les pays en développement,
reste essentiellement transversal par rapport aux trois secteurs précités et fait de plus en plus
l’objet d’attention particulière de la part des gestionnaires économiques.
En décryptant les axes et orientations de la Politique Nationale de Développement de
l’Artisanat (PNDA) au Bénin et de la Loi N° 098-037 du 22 novembre 2001 portant Code
8
de l’Artisanat en République du Bénin, il est aisé de constater que cette place de choix de
plus en plus réservée à l’artisanat y est largement respectée et qu’en plus, l’acteur principal
de la conduite des activités artisanales du pays qu’est l’artisan béninois devra être placé
dans des conditions acceptables de vie et de travail avec des perspectives encourageantes ou
incitatives.
Or, force est de remarquer qu’aujourd’hui le secteur de l’artisanat traverse une
morosité économique et sociale de plus en plus profonde qui se manifeste par des problèmes
de financement, d’approvisionnement en matières premières, d’écoulement du produit en
termes de débouchés, de respect des normes de qualité, des difficultés d’organisation, etc.
C’est en tenant compte de cette situation du secteur que le Conseil Economique et
Social s’est auto-saisi du thème : « L’Artisan béninois : vie, problématique et
perspectives ».
Après avoir précisé les objectifs de l’étude et la démarche méthodologique ayant
conduit à l’identification des problèmes qui minent le secteur ainsi que leurs causes, il sera
proposé des approches de solutions. Ainsi, il sera traité:
-
des objectifs de l’étude ;
-
de la démarche méthodologique ;
-
de l’état des lieux des conditions de vie de l’artisan béninois ;
-
de l’analyse des forces et faiblesses, des approches de solutions et des
perspectives,
Le développement des points ci-dessus cités permettra de formuler des
recommandations à l’endroit du Gouvernement.
9
I – OBJECTIFS DE L’ETUDE
Le secteur de l’artisanat, jusqu’à un passé récent au Bénin, a évolué dans une absence
totale de cohésion due à la diversité dans la vision chez les acteurs concernés. Cette
situation a contribué à créer et à entretenir les nombreuses difficultés auxquelles, seul
l’artisan se trouve confronté.
Pour cette étude, il a été identifié un objectif général et des objectifs spécifiques.
1.1 – Objectif général
L’objectif général de l’étude est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie
et de travail de l’artisan béninois.
1.2 – Objectifs spécifiques
Le Conseil Economique et Social, à travers ce sujet, vise à :
-
faire l’état des lieux de la situation actuelle de l’artisan béninois ;
-
identifier les problèmes qui continuent de miner le secteur de l’artisanat au Bénin et
rechercher leurs causes ;
-
faire des recommandations au regard des perspectives.
A travers ces objectifs les conseillers du Conseil Economique et Social comptent obtenir
les résultats présentés comme suit :
-
La compréhension des différentes réformes intervenues dans le secteur au Bénin est
mieux perçue par les artisans ;
-
Le système organisationnel des artisans et son fonctionnement sont appréciés ;
-
Les problèmes de formation et d’apprentissage sont identifiés ;
-
La pertinence des coopératives aux côtés des organisations professionnelles
d’artisans est discutée avec les concernés ;
10
-
La question du répertoire national des artisans du Bénin est discutée et des mesures
prises ;
-
Les difficultés du financement des activités de l’artisan pour sa réelle promotion est
appréciée ;
-
L’impact de la formation duale est apprécié et son éventuelle généralisation à
d’autres métiers est discutée ;
-
La problématique posée par l’absence de cadre de partenariat entre les communes et
le collectif des artisans pour une meilleure visibilité de la contribution du secteur au
développement local est discutée et des mesures prises ;
-
Les perspectives des acteurs concernés sont recueillies.
II – DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
La démarche méthodologique adoptée pour mieux cerner les différents aspects de
cette étude, en vue d’un état des lieux réaliste, a consisté à la recherche et la revue
documentaires, à l’audition des personnes ressources et aux enquêtes sur le terrain.
2.1– La recherche et la revue documentaires
2.1.1 - La recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté à identifier et à réunir la documentation
nécessaire à la réalisation de l’étude. Les résultats de cette recherche documentaire sont
consignés dans la bibliographie.
2.1.2 La revue documentaire
La revue documentaire a permis d’inventorier les problèmes, les diagnostics y
afférents et les solutions en cours d’expérimentation en milieu artisan béninois.
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2.2 - L’audition des personnes ressources
L’audition des personnes ressources a consisté à recueillir les points de vue des
acteurs principaux du monde des artisans béninois en vue de consolider les informations
retenues à partir de la revue documentaire.
En effet, l’audition des personnes ressources a permis de recevoir des experts, des
acteurs étatiques, des responsables de structures d’appui, des responsables à différents
niveaux de la pyramide structurelle du secteur (Le Comité National de Gestion de la
Confédération Nationale des Artisans du Bénin, les Fédérations de branches d’activités, les
Unions de branches d’activités, les Collectifs d’associations et de regroupements
professionnels d’artisans et les associations de base) pour des séances d’exposé débat.
Chacun de ces communicateurs a abordé avec aisance le thème ou les sous-thèmes du
sujet d’auto-saisine selon le programme des auditions consigné dans le tableau en annexe
(Annexes 1 & 2).
A travers ces différentes communications, le Conseil Economique et Social a
identifié d’une part, les différentes potentialités dont regorge le secteur de l’artisanat au
Bénin mais qui restent mal exploitées et d’autre part, les nombreux problèmes qui se posent
au secteur et qui méritent une analyse approfondie afin d’améliorer le niveau de vie des
artisans à travers l’accroissement de leurs revenus, la maîtrise de leurs connaissances
techniques, la modernisation de leur travail, l’assainissement de leur lieu de travail et leurs
auto-organisations.
2.3 - Les visites sur le terrain
Trois équipes du Conseil Economique et Social, composées de conseillers et des
membres du personnel du CES, ont effectué des visites aux artisans, dans les départements
de l’Atlantique/Littoral (Cotonou, Calavi), du Zou/Collines (Bohicon, Abomey, Oungbèga,
Djidja), de l’Atacora/Donga (Natitingou) et du Borgou/Alibori (Parakou), pour recueillir des
informations essentielles liées au thème et ce, à partir d’un guide d’entretien confectionné à
cet effet (Annexes n° 3 et 4).
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Des différentes visites effectuées, il a été noté des informations sur les problèmes
d’ordre général et spécifique qui ont permis de compléter les informations et les éléments
d’appréciation sur le secteur. Il ressort de ces visites que les artisans font toujours face à
l’épineux problème d’accès aux crédits et à d’autres problèmes comme ceux de l’acquisition
de matériels de travail, de l’approvisionnement en matières premières, de la formation, de
recyclage ou de perfectionnement et de pression fiscale.
La méconnaissance, par les artisans, des textes qui régissent le secteur de l’artisanat
et l’insuffisance de l’aide de l’Etat, au secteur, ont aussi fait objet de préoccupations.
2.4 - Les enquêtes de terrain
A ce niveau, environ 500 fiches d’enquête ont été distribuées aux artisans et
associations d’artisans, sur toute l’étendue du territoire national pour remplissage. Le
Conseil Economique et Social a reçu en retour environ 300 fiches d’enquête dont 246
exploitables. Les résultats du dépouillement de ces fiches sont consignés dans le tableau
porté en annexe (Annexe 5).
La lecture de ce tableau fait ressortir et confirme les problèmes en rapport à:
-
la formation ;
-
la connaissance des textes qui régissent le secteur ;
-
l’accès au financement ou aux microcrédits ;
-
l’approvisionnement en matière première (Rareté de fer, de cuivre etc.);
-
l’écoulement des produits ;
-
l’accès aux marchés publics ;
-
l’équipement ;
-
la sécurité sociale ;
-
l’approvisionnement en eau et en électricité ;
-
la construction d’entrepôts ou de lieux de stockage ;
-
la Concurrence déloyale entre les micro-entreprises artisanales béninoises et les
structures étrangères ;
-
l’inexistence de coopératives ou de centrales d’achat ;
-
l’absence de communication dans le secteur ;
13
et au :
-
paiement de taxes ou des droits de places occupées.
-
transport des matières premières et des produits ;
-
dysfonctionnement des structures organisationnelles ;
Quelques suggestions sont aussi relevées sur les fiches d’enquête :
-
La création d’un fonds d’appui à l’endroit des artisans ;
-
L’organisation de la promotion des produits béninois à l’étranger ;
-
L’installation d’outils de travail modernes ;
-
L’organisation de visites d’échange avec d’autres pays ;
-
La création d’un centre artisanal de vente dans les départements;
-
La construction d’un siège pour le collectif des artisans ;
- La prise en compte des micro-entreprises artisanales dans le processus de
passation des marchés publics.
III – ETAT DES LIEUX SUR LES CONDITIONS DE VIE DE
L’ARTISAN BENINOIS
Pour permettre à l’artisan béninois d’améliorer ses conditions de vie, il est nécessaire
d’examiner sa vie professionnelle à partir de l’analyse du secteur de l’artisanat.
L’artisanat au Bénin repose sur un paradoxe : une activité partout présente, mais une
activité qui manque de visibilité. En réalité, l’artisanat béninois est immergé, pour
l’essentiel, dans l’informel. Il souffre, d’une part, d’une inorganisation et se comporte,
d’autre part, comme une activité périphérique, marginale, faute d’un point de chute plus
honorable.
Avant toute chose, qui est artisan au Bénin ? La difficulté à répondre à une telle
question pose à tous ceux qui évoluent dans le secteur un réel problème d’identité. On ne
sait toujours pas très bien qui est qui ? Qui fait quoi ? Qui sait faire quoi ? Après quel
itinéraire ? A la suite de quel apprentissage ? Pour quelle qualité de production ?
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L’état des lieux a permis de dégager les forces et les faiblesses caractérisant
l’artisanat béninois
3.1 - Forces de l’artisanat béninois
3.1.1 - La capacité d’autofinancement
Les entreprises artisanales béninoises sont en majorité unipersonnelles. L’artisan
béninois réalise son premier investissement (l’investissement d’installation), sur fonds
propres, sur des aides de solidarité (familiale, amicale etc.) ou sur des fonds issus d’une
tontine. Le système d’avance sur commande constitue aussi, dans certains cas, un autre
moyen d’auto - financement.
Mais en plus, dans le souci d’accroître leur chance d’accès au financement, les
artisans béninois ont mis en place, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour
le Développement (PNUD) et du Bureau International du Travail (BIT), des
Groupements Mutualistes d’Epargne et de Crédit (GMEC) réunissant des hommes et des
femmes d’un même corps de métiers ou non et qui acceptent de collaborer en mettant
ensemble une partie de leurs revenus mensuels afin de s’octroyer des crédits
d’équipement.
Cependant, les besoins en crédits pour le financement des activités de production et
de prestation de service se font toujours sentir.
3.1.2 - L’appui des partenaires au développement
Il s’agit ici d’un appui financier et/ou technique de certains partenaires au
développement tels que la Coopération Suisse à travers le Fonds de Garantie aux Artisans
(FOGA), et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) à travers le Projet de
Développement du Secteur de l’Artisanat au Bénin (PDSAB). Cette coopération se fait dans
un cadre de dialogue bien défini avec les organisations d’artisans et l’Etat.
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3.1.3 - Création d’emploi
Il est évident que dans le secteur de l’artisanat au Bénin, il est mis sur le marché,
chaque année, des centaines de nouveaux emplois à travers la remise de diplômes aux
apprentis dans plusieurs branches d’activité telles que : l’alimentation, les fibres végétales,
les textiles, l’art et la décoration, l’hygiène, soins corporels, etc. Ces milliers de nouveaux
artisans diplômés, une fois
installés, constituent des emplois garantis et de potentiels patrons qui reçoivent aussi des
apprentis.
L’artisanat a donc le mérite, d’occuper une masse importante d’acteurs. Il constitue,
de ce fait, un bassin d’emplois qui ne demande qu’à être exploré, qu’à être exploité.
L’artisanat, également, a le mérite d’être générateur d’importants revenus et de
créateur d’une valeur ajoutée certaine à l’économie nationale, comme le montre, à
suffisance, l’exemple des pays qui ont su le maîtriser et l’organiser.
Toutefois aucune statistique n’est disponible dans le secteur pour indiquer, avec
précision, le nombre des apprentis libérés.
3.1.4 – Formalisation de l’apprentissage et la prise en charge
des enfants déscolarisés
Contrairement à la situation il y a quelques années, l’apprentissage est de plus en plus
formalisé et les exigences du Bureau International du Travail (BIT) sont pour la plus part
respectées. Parmi les principales voies d’accès à la profession, l’apprentissage est celui qui
assure une formation intéressant toutes les couches sociales et prépare à l’auto emploi. Mais
sous sa forme la plus répandue au Bénin, ce système traditionnel a révélé des lacunes
auxquelles l’Etat a décidé de remédier en optant pour l’apprentissage de type dual. Ainsi,
des apprentis sous contrat auprès des maîtres-artisans sont admis, après un test national de
sélection dans les centres publics et privés. Ils y reçoivent une formation complémentaire
théorique et pratique de 3 ans au terme de laquelle ils sont présentés à l’examen national du
Certificat de Qualification Professionnelle (CQP).
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L’apprentissage au Bénin s’appuie seulement sur les Centres de Formation
Professionnelle (CFP) et les Centres de Métiers (CM) qui constituent des centres de
référence de modernisation de l’apprentissage, en termes de qualité et d’accroissement de la
capacité d’accueil des apprentis.
L’apprentissage au Bénin concerne des sortants des enseignements primaires et
secondaires, les jeunes déscolarisés ainsi que les couches sociales vulnérables.
Au regard du nombre des apprentis formés au Bénin, le secteur de l’artisanat demeure
l’un des plus gros pourvoyeurs de formations.
3.1.5 - Cadre réglementaire et institutionnel
L’artisan béninois mène ses activités dans un environnement juridique et
institutionnel bien fourni.
En effet, dans la sous-région Ouest Africaine, le Bénin se distingue particulièrement
par son processus d’amélioration des conditions-cadres dans le secteur de l’artisanat qui se
traduit par la mise en place d’un arsenal juridique de textes législatifs et réglementaires. Il
s’agit entre autres :
-
de la loi n° 98-037 du 22 novembre 2001 portant Code de l’Artisanat en république du
Bénin ;
-
du Décret n°2003-569 du 29 décembre 2003 portant nomenclature des métiers de
l’artisanat au Bénin ;
-
du décret n° 2003-557du 24 décembre 2004 qui a consacré la création des CIM
(Chambres Interdépartementales de Métiers) et de l’UCIMB (Union des Chambres
Interdépartementales de Métiers du Bénin), deux institutions consulaires ;
-
du décret n°2005-788 du 29 décembre 2005 qui consacre la Politique Nationale du
Développement de l’Artisanat au Bénin (PNDA) ;
-
de l’arrêté n°2005/MCAT/DC/SG/DNA/SA du 13 décembre 2005 portant organisation
de l’apprentissage en milieu artisan en République du Bénin qui précise les conditions
générales et la formation du contrat d’apprentissage.
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En matière de programme de développement, des infrastructures et structures
opérationnelles ont été créées par le Gouvernement pour promouvoir le secteur de
l’artisanat. On peut citer entre autres :
-
Le Centre de Promotion de l’Artisanat (CPA) ;
-
Le Salon National de l’Artisanat au Bénin (SNAB) ;
-
La Direction de l’Artisanat et des Organisations Professionnelles (DAOP) et la Direction
de l’Apprentissage des Métiers Artisanaux (DAMA) du Ministère de l’Artisanat et du
Tourisme ;
-
Les Bases d’Appui aux Artisans (BAA) ;
-
Le four de poterie de Oungbèga dans le Zou.
La réforme institutionnelle intervenue dans le secteur de l’artisanat au Bénin a
également abouti à la réorganisation et à la restructuration de la communauté des artisans à
travers la mise sur pied de la Confédération Nationale des Artisans du Bénin (CNAB),
structure faîtière seule et unique représentation nationale des artisans du Bénin avec ses
différents démembrements que sont : Les Fédérations Nationales de Branches d’Activités,
les Unions Départementales de Branches d’Activités et les Collectifs Communaux
d’Associations et de Groupements Professionnels d’Artisans. Ces différentes organisations
permettent aux artisans de disposer d’interlocuteurs valables face aux partenaires dont
notamment l’Etat.
3.2 – Faiblesses de l’artisanat béninois
En dépit des forces énumérées plus haut, le secteur de l’artisanat béninois se trouve
confronté à certaines difficultés.
Si l’identité de l’artisan béninois baigne dans le flou complet, les formations qui
consacrent quelqu’un maître artisan ne sont pas plus claires. Elles empruntent les dédales
ténébreux de l’informel, loin de toutes normes académiques, loin de toute formalisation
pédagogique, loin de toute homologation docimologique, c'est-à-dire de tout contrôle
scientifique et officiel des connaissances.
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C’est ce qui explique l’essentiel des difficultés qu’il rencontre, des contre
performances qu’il enregistre, toutes les limites qui l’affectent.
3.2.1 – Difficulté d’accès aux crédits
L’accès au crédit constitue l’un des goulots d’étranglement de l’artisanat béninois. En
effet, les artisans sont confrontés à de sérieuses difficultés d’accès au financement de leurs
activités en raison des conditions imposées par les structures de financement.
Les offres de financement existantes sont, dans la plupart des cas, inadaptées aux
besoins réels des micros entrepreneurs artisanaux. La durée de remboursement est
généralement courte et inadaptée aux prêts d’équipement qui nécessitent un remboursement
à moyen ou à long termes.
Par ailleurs, l’offre de financement accordée par les institutions de microfinances ne
permet pas aux artisans de bénéficier d’un délai différé de remboursement. Les taux de
crédits appliqués par les institutions de microfinances sont plus élevés que ceux des banques
primaires.
3.2.2- Difficultés liées à l’écoulement des produits
L’écoulement de la production souffre d’une absence généralisée de stratégies
commerciales. Il n’est pas rare de retrouver l’artisan dans plusieurs rôles. Il se charge luimême de la production, de la promotion et de la commercialisation de ses produits. Il
cumule ainsi, sans une expertise en la matière, toutes les fonctions liées à cette activité
(étude du marché, fixation des prix, recherche de la clientèle, etc.).
Il n’existe pas au Bénin de galeries ou de surfaces d’exposition et de vente d’articles
artisanaux. Les quelques rares villages artisanaux construits sont mal conçus, mal situés ou
inappropriés comme espace de promotion des produits artisanaux.
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3.2.3 - Difficultés d’approvisionnement en matières premières et en énergie
L’accès à la matière première et la qualité de cette dernière restent des contraintes
fortes surtout quand elle est rare (ciment, bois sec, fruits, etc.). Que ce soient les matières
premières d’importation, les matières premières de récupération ou les matières premières
de prélèvement, chaque catégorie à ses difficultés spécifiques.
En effet, dans certains métiers, la production dépend des matières premières
d’importation. Les artisans utilisateurs de ces matières premières d’importation sont exposés
à des difficultés de ravitaillement du marché national.
Les matières premières de récupération quant à elles, deviennent rares du fait de
l’inorganisation du marché de la collecte des éléments de récupération.
L’exportation anarchique des matières premières de prélèvement (bois, sable, argile,
pierre, etc.) prive les artisans locaux.
Il est à remarquer que la non couverture intégrale du territoire national par les réseaux
d’électricité et d’eau constitue un handicap sérieux au développement des activités de
l’artisan. De plus, les charges de consommation de ces produits pèsent lourdement sur le
développement des entreprises artisanales.
3.2.4 – Difficultés dans l’acquisition de matériel lourd
Certaines activités artisanales telles que la mécanique générale ou la mécanique
diésel nécessitent, pour leur installation, des équipements lourds et onéreux comme le tour,
la fraiseuse, etc. Avec les problèmes d’accès aux crédits qui caractérisent le secteur, les
artisans, malgré leur volonté d’acquérir du matériel lourd abdiquent du fait du coût d’achat,
de transport et d’installation.
3.2.5 – Difficultés d’accès aux marchés publics et aux grands marchés privés
Le code des marchés publics ne tient pas compte des micros et petites entreprises
artisanales car les conditions d’accès aux marchés publics sont trop contraignantes. Du fait
des problèmes d’expertise, de compétence et de légalité, les entreprises artisanales
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éprouvent du mal à répondre aux appels d’offres souvent basés sur des critères trop
complexes pour elles.
Sur un autre plan, les artisans n’arrivent pas encore à satisfaire (sur le plan
quantitatif) le marché intérieur avant de chercher la conquête des marchés sous-régionaux,
régionaux et internationaux. Ils ont des difficultés de préfinancement et d’exécution de gros
marchés et de grosses commandes.
3.2.6 – Difficultés liées à la gestion comptable
Les entreprises artisanales sont gérées dans leur majorité sans la mise en place d’une
gestion financière. Les notions de comptabilité font défaut (absence de séparation entre les
comptes familiaux et professionnels).
L’inorganisation des micros-entreprises ne permet pas de fournir des renseignements
fiables à l’administration fiscale.
3.2.7 - L’individualisme
Il est bien connu que les béninois n’aiment pas s’associer pour travailler et vivre
ensemble un même idéal. L’artisan qui, par principe, est une personne qui travaille seul
avec ses propres moyens, n’échappe pas à cette réalité. Ainsi donc, les artisans ne sont
pas disposés à s’associer avec d’autres, la méfiance étant l’un des principaux traits
caractéristiques de leurs relations humaines et professionnelles. Ils vivent alors en rangs
dispersés, chacun évoluant de son côté avec peu de moyens et par conséquent, un
rendement très limité.
Il est important de faire remarquer que ce manque d’esprit d’unité dans le
milieu artisan favorise la faiblesse de l’organisation du processus de production, de la
commercialisation et empêche la mise en commun des connaissances et compétences
capables de créer des plus values substantielles pour l’entreprise.
21
Or de nos jours, avec la mondialisation, les grandes entreprises s’associent afin
de réduire les coûts de production et pour mieux conquérir les marchés.
Il est donc suicidaire pour l’artisan béninois de continuer à travailler en vase clos.
3.2.8 – Les relations entre l’entreprise artisanale et la clientèle
L’entreprise artisanale est une petite unité de production qui s’adapte aux besoins de
tous les jours. Elle permet de résoudre un problème technique qui se pose dans un milieu
donné, mettant en relation l’acteur principal qu’est l’artisan et ses interlocuteurs que sont les
clients.
Ainsi, dans le cadre de ses activités professionnelles, l’artisan reçoit des commandes
qu’il s’engage à réaliser dans un délai donné contre rémunération. Mais force est de
constater que dans la plupart des cas, les relations entre l’artisan et sa clientèle se détériorent
le plus souvent en raison du non respect des engagements pris par l’artisan. Les raisons en
sont :
- L’abus de confiance ;
- La non-conformité entre le produit et la commande ;
- Le non respect de l’échéance convenue ;
- La surfacturation,
- L’escroquerie (l’artisan reçoit les fonds sans réaliser le produit).
Il est utile de remarquer que la plupart des artisans sont à la recherche du gain
immédiat et non de la qualité de la production pouvant retenir la clientèle.
3.2.9 – Qualité des produits réalisés et non respect des normes
exigées par la clientèle
Certains maîtres artisans font reposer la production sur le travail des apprentis. Ces
derniers, ne possédant pas toutes les connaissances techniques requises pour fabriquer les
produits finis exigés par la clientèle et la concurrence, produisent des articles bâclés. Ce qui
affecte négativement le rapport entre l’entreprise et sa clientèle.
22
Par ailleurs, il est nécessaire de relever le cas des artisans qui s’installent sur le
marché sans avoir obtenu leur certificat de fin de formation.
Il existe enfin des lacunes dans la maîtrise des techniques de base ou dans la finition
des produits. Le manque d’expertise et de vigilance de certains artisans conduit à la
fabrication de mauvais produits.
3.2.10 – Non accès aux facilités de la loi AGOA
La loi AGOA permet aux pays bénéficiaires de corriger la faiblesse de leur système
de production dans le contexte du commerce mondial et encourage les pays africains à
apporter de la valeur ajoutée à leurs productions. Elle ouvre le marché américain aux
artisans des pays en voie de développement qui produisent selon des normes déterminées.
Mais les artisans béninois ne sont pas suffisamment formés pour bénéficier de cette
offre américaine alors qu’il s’agit d’un débouché important pour l’écoulement des produits
artisanaux surtout le textile.
3.2.11 – Difficultés au niveau des organisations professionnelles
d’artisans (OPA)
La multiplicité des fédérations d’artisans quoi qu’importante au Bénin, présente
quelques faiblesses dans le secteur.
Les organisations professionnelles d’artisans sont passées d’une (01) fédération à
onze (11) fédérations sur le territoire national pour créer la Confédération Nationale des
Artisans du Bénin (CNAB). Cette situation a entraîné le regroupement, au sein d’une même
organisation fédérale, des corps de métiers qui n’ont rien de commun.
De plus, les artisans majoritaires d’un même corps de métier ont pris d’assaut certains
bureaux de fédérations, écartant, du coup, les autres de la gestion desdites structures. Par
ailleurs, certains bureaux formés éprouvent d’énormes difficultés à fonctionner car les
responsables sont répartis dans différentes villes.
23
3.2.12 - Faiblesse du cadre Réglementaire
La mise en application des différentes lois régissant le secteur n’est pas aisée en
raison de l’inexistence des textes d’application.
Il s’agit notamment des textes suivants qui devront être pris :
• L’arrêté portant désignation de la structure mixte, compétente pour délivrer les
cartes professionnelles d’artisans ;
• L’arrêté du Ministre chargé de l’Artisanat, portant composition du dossier de
demande d’autorisation, d’ouverture et d’exploitation d’une entreprise artisanale
(article 17 du Code de l’Artisanat).
IV – ANALYSE DES FORCES ET FAIBLESSES, APPROCHES DE
SOLUTIONS ET PERSPECTIVES
4.1 – Analyse des forces et faiblesses de l’artisanat béninois
4.1.1 – Financement
Les artisans béninois ont montré une réelle capacité à s’autofinancer à travers les
groupements de tontine et d’entraide, les mutuelles d’épargnes et de crédits (MEC) et les
groupements mutualistes d’épargnes et de crédits (GMEC). Malheureusement, les GMEC
présentent quelques insuffisances :
- leur couverture territoriale est faible ;
- leur capital relativement insuffisant pour satisfaire les attentes des demandeurs du fait
des difficultés d’accès aux crédits bancaires ;
- Leurs difficultés de fournir aux banques une reconnaissance officielle du Ministère en
charge des microfinances.
24
Il importe d’indiquer que les conditions d’octroi de crédits par les institutions de
microfinances ne sont pas accessibles aux artisans en raison du taux d’intérêt pratiqué, du
délai de remboursement et des sûretés exigées.
4.1.2 – Formation
Jusqu’à présent, la formation des artisans est assurée par les maîtres-artisans dans un
cadre traditionnel de formation. Mais, on note de plus en plus l’intervention du Ministère en
charge de la Formation Professionnelle à travers la formation de type dual et le recyclage
des maîtres-artisans. Cette formation de type dual aboutit au Certificat de Qualification
Professionnel (CQP).
Cependant, le système demeure peu fiable à cause du nombre réduit des centres de
formation, de la faiblesse du nombre des formateurs ainsi que l’absence de programme
formel. Cette expérience pilote est prise en charge par l’Etat et les partenaires financiers et
techniques. Et il est à craindre qu’elle ne prenne fin au départ de ceux-ci.
Aussi, pour la majeure partie des apprentis, la « dot » de départ et celle de fin
d’apprentissage continuent d’être pratiquées, ce qui constitue un véritable handicap à l’accès
au diplôme pour les apprentis démunis.
4.1.3 - Ecoulement du produit
Ces dernières années, il a été organisé, par le ministère en charge de l’Artisanat, des
foires artisanales au niveau départemental et national. Mais en général, les produits de
l’artisanat sont peu connus à l’intérieur comme à l’extérieur du Bénin. La promotion des
produits de l’artisanat constitue une préoccupation majeure pour les artisans et pour les
différents ministères en charge du secteur qui doivent s’organiser conséquemment. A ce
sujet, il importe que le Centre de Promotion de l’Artisanat (CPA) s’investisse davantage
dans des actions de promotion et de commercialisation des produits artisanaux en créant
des sites Internet spécialisés pour faire connaître ces produits.
25
Malgré ces différentes foires, il convient de souligner la propension marquée des
béninois et de l’administration à privilégier les produits importés. La pratique actuelle des
marchés publics renforce la tendance. A la décharge de la clientèle, il faut néanmoins
observer que bons nombres d’artisans ne respectent pas les normes et qualités exigées par
les consommateurs ainsi que les délais de livraison. Ces normes et qualités font également
partis des exigences des marchés extérieurs.
4.1.4- Organisations Professionnelles d’Artisans (OPA)
La loi n° 98-037 du 22 novembre 2001 portant Code de l’Artisanat en république du
Bénin ainsi que les décrets n°2003-569 du 29 décembre 2003 et n° 2003-557du 24
décembre 2004 portant respectivement nomenclature des métiers de l’artisanat au Bénin et
création des CIM (Chambres Interdépartementales de Métiers) et de l’UCIMB (Union des
Chambres Interdépartementales de Métiers du Bénin), constituent au plan textuel la base de
l’organisation du secteur. A côté de ces structures prévues par les textes ci-dessus cités, on
peut ajouter la Confédération Nationale des Artisans du Bénin (CNAB) qui est une
association de loi 1901.
Malgré ces prévisions textuelles, le secteur demeure mal organisé. Les CIM
(Chambres Interdépartementales de Métiers) pour la plupart se recherchent encore et peinent
à fonctionner. La CNAB fonctionne difficilement en raison de la position géographique des
membres de son bureau qui résident dans différentes villes du Bénin et du manque de
moyens financiers.
Mais, au delà de ces constats, les organisations professionnelles d’artisans sont
minées par divers conflits souvent mal gérés par les associés. Cette situation a une influence
directe sur la promotion du secteur au plan national et sa capacité à se mettre en valeur sur
le plan international.
26
4.1.5 - Gestion financière et comptable
La plupart des artisans béninois pratiquent l’autofinancement de leurs activités mais
en raison de la faiblesse du niveau de leur formation, ils confondent souvent leur patrimoine
propre avec celui de leurs activités. Ils ne sont initiés à aucune méthode de gestion et ne
tiennent aucune comptabilité. Cette situation est favorisée par le développement de la
culture de l’individualisme. Les activités pratiquées en groupe ou en association échappent
parfois à ces insuffisances en raison des intérêts communs à sauvegarder.
Il faut observer que la formation des artisans au niveau des centres de formation
professionnelle et les formations continues organisées à leur profit pourraient contribuer à
prévenir cette faiblesse.
4.1.6 - Cadre réglementaire et institutionnel
De l’analyse du cadre réglementaire et institutionnel, il ressort que le secteur de
l’artisanat béninois dispose d’assez de textes législatifs et réglementaires. Cependant, la
mise en application de ces différents textes n’est pas aisée en raison de l’inexistence des
textes d’application.
En effet, la réforme institutionnelle de 2006 a consacré la création de deux nouvelles
directions techniques et de deux établissements sous tutelle. Il s’agit d’une part de la
Direction de l’Artisanat et des Organisations Professionnelles (DAOP) et de la Direction de
l’Apprentissage des Métiers Artisanaux (DAMA) et d’autre part de la Maison
des
Entreprises Artisanales (MEA) et du Fonds National de Promotion de l’Artisanat (FNPA).
Les deux premières existent mais sont sous financées. Les deux derniers peinent toujours à
se concrétiser.
Le Conseil Supérieur de l’Artisanat (CSA) qui est un espace de dialogue entre les
acteurs n’a jamais été opérationnel en raison surtout de sa lourdeur. En effet, tous les
départements ministériels y sont représentés et ce grand nombre nuit à l’efficacité de la
structure.
27
Il importe aussi de souligner les difficultés qu’engendre la mobilité fréquente du
secteur d’un département ministériel à un autre.
28
4.2 – Approches de solutions aux difficultés de l’artisanat béninois
Les présentes approches de solution ont été retenues et consignées dans le tableau
suivant.
Tableau : Eléments de diagnostic et approches et solutions
aux problèmes de l’artisan béninois
Centre d’intérêt
Financement
Eléments de diagnostic
Problèmes
Cause des problèmes
Approches de solutions
La difficulté d’accès -L’inadaptation des offres
de financements aux
au crédit
besoins réels des microentrepreneurs ;
-Amener les IMF à
disposer des produits
spéciaux
adaptés
au
secteur de l’artisanat ;
-L’inadaptation
des
modalités
de
remboursement
des
crédits au cycle de
production de l’artisan ;
-Promouvoir
les
mécanismes
d’autofinancement
des
artisans à travers l’appui à
la
création
et
au
développement
des
-Le taux d’intérêt de groupements mutualistes
crédits est plus élevé que d’épargnes et de crédits
ceux
des
banques dans toutes les localités du
Bénin ;
primaires ;
-Le
manque
de -Promouvoir et appuyer
connaissance
pour financièrement le PDASB
l’élaboration des micros et le RéGMECAB en vue
d’adapter le système de
projets.
financement aux exigences
du cycle de production des
entreprises artisanales ;
-Appuyer les structures
artisanales
dans
l’élaboration et la mise en
œuvre du système de
financement des micros
projets.
29
L’écoulement
produit
de Cumul des fonctions
Concurrence
des
produits importés et
extraversion de la
consommation
Le marché béninois
est très ouvert aux
importations et le
consommateur
béninois a le goût
prononcé pour les
produits importés
L’artisan béninois qui est
formé pour produire,
exécute plusieurs autres
tâches pour lesquelles il
n’est pas formé.
-Inciter la création des
coopératives dans certains
corps de métiers ;
-La qualité de la finition
des
produits
n’est
toujours pas appréciée
car les normes ne sont
pas respectées ;
-Mettre en place une
bonne
stratégie
commerciale ;
Créer une passerelle entre
les artisans et les structures
spécialisées
dans
le
commerce.
-Repenser le concept de
villages
artisanaux
à
-La méconnaissance de l’instar d’autres pays ;
l’existence des produits
artisanaux : la production -Sensibiliser les artisans à
artisanale est d’abord travers les moyens de
destinée à la clientèle de communication
sur
proximité et l’artisan l’utilisation de la propriété
béninois
n’est
pas intellectuelle pour mieux
préparé à l’exercice du vendre.
marketing ;
-Inciter les artisans à se
mettre en groupe pour
-Les villages artisanaux avoir
une
marque
sont mal conçus et collective au niveau de la
inappropriés pour assurer propriété intellectuelle
la promotion des produits
-Manque d’informations
sur l’utilité de la
protection des produits
Les
produits Manque de financement
l’organisation
artisanaux béninois pour
de
foires
sont peu connus à régulière
nationales et pour la
l’extérieur
participation des artisans
aux grands rendez-vous
internationaux
-Impliquer la diplomatie
béninoise
dans
la
promotion des produits
artisanaux à l’extérieur :
Les Ambassades du Bénin
doivent jouer un rôle de
premier plan à travers
leurs
Conseillers
30
Culturels ;
-Faire
participer
les
artisans
aux
foires
internationales ;
Difficulté
d’accès
aux marchés publics
et
aux
grands
marchés privés
-Le code des marchés
publics ne tient pas
compte des micros et
petites
entreprises
artisanales
-Utiliser le sport pour faire
valoir les potentialités du
Bénin
en
matière
artisanale.
-Revoir le code des
marchés publics en vue de
faciliter les conditions aux
marchés publics ;
-Créer des conditions
-La majorité des artisans incitatives pour que les
évoluent dans le secteur artisans rentrent dans le
informel ;
formel ;
-L’analphabétisme
empêche
l’artisan
d’accéder aux appels
d’offres rendus publics
-Faire appliquer le décret
qui
prévoit
que
l’ameublement
des
bureaux
de
l’Administration soit faite
-L’incapacité des artisans à partir des meubles
à offrir des prestations locaux ;
satisfaisantes.
-Alphabétiser les artisans ;
-Offrir des formations aux
artisans.
de
Approvisionnement Pénuries de matières Déficit
d’achats
en
énergie premières
électrique, en eau
d’importation
et
en
matières
premières,
centrales -Initier la création des
centrales d’achat de ces
matières
-Assurer la gestion durable
des matières premières et
leur utilisation rationnelle
Rareté de matières L’exportation anarchique Règlementer l’exploitation
de certaines matières des matières premières
premières
premières
de locales
prélèvement
31
Formation
(Difficultés
niveau
de
formation
professionnelle
continue
et
l’apprentissage)
charges
de
Cherté de l’énergie Les
en
électrique et de l’eau consommation
électricité et eau pèsent
sur le développement des
entreprises artisanales
-Convenir
d’un tarif
préférentiel
pour les
entreprises artisanales ;
Manque
de -Déficit de centre de
au formation adéquate
Formation
Professionnelle Continue
la
de référence et de normes
dans les métiers.
de
-l’absence de programme
formel
-Créer ou favoriser
la
création de centre de
formation professionnelle
par métier ou corps de
métiers ;
Insuffisance
de Déficit de compétences
formateurs qualifiés en matière d’Analyse des
Besoins en Formation
(ABF) en vue d’une
bonne formulation des
demandes de formation
Insuffisance
du Les ressources mis à la
du
financement de la disposition
FODEFCA est largement
formation
en deçà de la réalité.
La « dot »
de
coût
de
libération est un Le
handicap d’accès au l’apprentissage n’est pas
diplôme
de
fin fixé de façon objective.
d’apprentissage pour
les
apprentis
démunis
Equipement
Inexistence
matériel
sur
marché national
-Faire
une
politique
d’extension des réseaux
d’électricité et d’eau
-Former les ressources
humaines aux techniques
d’Analyse des Besoins en
Formation
Reverser la taxe de
formation
perçue
au
niveau
des
microsentreprises au FODEFCA
à partir d’un mécanisme
approprié
Mettre fin à la « dot » de
libération
en
phase
terminale
de
l’apprentissage en rendant
opérationnel le CQM
d’organisation Initier la création des
du Défaut
artisans
pour centrales
d’achats
de
le des
l’acquisition
matériel dans toutes les
localités.
32
Défaut de maintenance
vétusté du matériel
-Renouvellement
matériel par l’artisan ;
du
Accès difficile aux pièces
de rechange
-L’artisan doit assurer
régulièrement
la
maintenance du matériel
de production.
Installation
Production
artisanale
Non aménagement
des
lieux
d’installation
des
entreprises
artisanales
Manque
spécialisation
La Taxe Professionnelle
Unique (TPU) basée sur
la
valeur
locative
professionnelle à un taux
de 26 % constitue un
frein à l’aménagement du
cadre de production des
entreprises artisanales au
Bénin.
Les
artisans
préfèrent donc installer
leurs entreprises dans des
zones à faible valeur
locative
-Établir
les
normes
d’ouverture des entreprises
artisanales par profession ;
-Sensibiliser les artisans à
développer leurs activités
dans un environnement
assaini et sécurisé.
entreprises Prendre des mesures en
de Les
artisanales
sont
des vue de la spécialisation des
touches à tout ce qui entreprises artisanales
déteint négativement sur
le produit et / ou la
prestation de service
Irrégularité de la Déficit de qualification
production
pour de la main-d’œuvre
ouvrière artisanale
satisfaire
d’importantes
commandes
maîtres-artisans
Mauvaise qualité des -Les
produits réalisés et confient généralement la
production artisanale aux
clientèle réduite
apprentis or, ces dernies
sont
encore
en
apprentissage
et
ne
possèdent pas toutes les
-Renforcer les capacités
afin de permettre aux
artisans
de
suivre
l’évolution technologique ;
-Revoir le système de
formation
par
33
connaissances techniques apprentissage.
pour
fabriquer
les
produits finis ;
-Non respect des normes
exigées par la clientèle
Risques
professionnels
-Mépris
des
règles -Sensibiliser les artisans à
d’hygiène, de sécurité et observer les mesures de
de santé au travail
protection indiquées ;
-Difficulté de prise en -Promouvoir la création de
charge sanitaire
mutuelle de santé au profit
des artisans
Manque
de
compétence
technique et qualité
non compétitives des
produits
-L’artisan a un faible -Assurer la modernisation
niveau de connaissance de l’outil de production,
et de formation théorique
dans le métier ;
-Améliorer la technique de
production ;
Certains
artisans
s’installent sans avoir
reçu le diplôme de fin de
formation ;
-Sensibiliser la population
sur l’âge minimum requis
-Utilisation des enfants pour
l’inscription
en
dans les unités de apprentissage
productions artisanales.
Stockage
Les installations de Manque de
stockage
sont financiers
rudimentaires et peu
fiables
Inexistence
des
moyens de stockage
(de conservation) des
produits artisanaux
moyens Prévoir
dans
l’aménagement
du
territoire
des
zones
d’implantation
des
entreprises artisanales et
des magasins de stockages
Information
maîtrise
des Mettre en place un plan de
Problème
de Non
systèmes d’information communication sur le
visibilité du secteur
et de communication
secteur.
34
Gestion comptable Confusion du compte
et financière
privé de l’artisan et
de
celui
de
l’entreprise artisanal
Non
ouverture
systématique de compte
pour sécuriser les fonds
de l’entreprise ;
-Établir des passerelles de
collaboration entre les
entreprises artisanales et
les Centres de Gestion
Agrées (CGA).
Les
entreprises
artisanales sont gérées -Sensibiliser les artisans à
dans leur majorité sans l’ouverture de comptes
supports comptables et bancaires ;
financiers
Mauvaise
fixation Non prise en compte de -Faire une politique de
des prix des produits l’exhaustivité des coûts fixation des prix des
dans la détermination des produits artisanaux
artisanaux
prix de vente
La loi AGOA
Non accessibilité aux -Manque d’information
facilités de la loi sur les conditionnalités
AGOA
-Manque de formation
-Mettre en place une
stratégie de renforcement
des capacités des artisans
sur les exigences du
marché américain (ateliers
de formations) ;
-Organiser les artisans à
aller sur le marché
américain.
Relation
entre Relations
artisans et clients
conflictuelles
abus de confiance
Sensibiliser les artisans sur
la nécessité de changer de
comportement ;
Vol
non-conformité entre le
produit
fini
et
la Les artisans doivent tout
mettre en œuvre pour
commande
établir un climat de
Non
respect
de confiance entre les clients
et eux.
l’échéance convenue
Surfacturation
Escroquerie
35
-Regroupement
Problèmes des OPA Dysfonctionnement
des
structures anarchique des corps de
métiers au sein des
organisationnelles
fédérations ;
-Faire une relecture de la
PNDA en intégrant les
préoccupations
des
artisans, de la base au
sommet
-Mauvaise
répartition
géographique
des
responsables
Cadre
réglementaire
institutionnel
les
textes
Faiblesses du cadre Inexistence de certains Prendre
d’application des lois et
et réglementaire
et textes d’application
décrets en vigueur
institutionnel
Manque de financement
pour faire fonctionner les
deux nouvelles directions
techniques du Ministère
de l’Artisanat et du
tourisme
(DAOP) et
DAMA)
Accroître les moyens
d’action des Directions
Techniques du Ministère
de l’Artisanat et du
Tourisme en ce qui
concerne leur financement
Les établissements sous Créer effectivement les
tutelle MEA et FNPA établissements
sousprévues par les textes ne tutelles
sont pas jusque là crées.
La CSA qui est un espace
de dialogue entre les
acteurs n’a jamais été
opérationnelle en raison
entre autres de sa
lourdeur
(trop
de
ministères
y
sont
représentés)
Reprendre le décret de
création du CSA avec un
effectif plus réduit et de
qualité.
La PNDA manque de Mettre en place
le
financement pour sa mise financement nécessaire à
en œuvre effective.
la mise en œuvre réaliste et
effective de la PNDA.
36
4.3 - Perspectives
Les perspectives d’amélioration des conditions de vie des artisans passent par :
- un meilleur environnement institutionnel ;
- une prise en charge de la formation de l’artisan ;
- un plan de financement spécifique au secteur ;
- une meilleure organisation interne ;
- une amélioration des relations de confiance entre les artisans et leurs clients ;
- une meilleure communication et promotion du secteur.
4.3.1 - Un meilleur environnement institutionnel
De nombreux textes ont été pris réglementant le secteur mais il importe que ces textes
soient vulgarisés et mis en application. Cette mise en application donnera plus de visibilité
au travail de l’artisan.
4.3.2 - Une prise en charge de la formation de l’artisan
Le mouvement de formalisation de la formation des artisans est en cours et peut être
amélioré par une plus grande couverture du territoire national. Dans la perspective de sa
pérennisation, il faut envisager l’appropriation progressive du système par les structures de
l’Etat central et des collectivités locales en prévision d’un éventuel départ des partenaires
techniques et financiers.
Une meilleure formation est un gage de la création du label béninois.
4.3.3 - Un plan de financement spécifique au secteur
L’Etat doit augmenter son apport financier au secteur et créer des conditions
favorables à l’octroi de crédits aux artisans, aux groupes d’artisans et aux coopératives. De
37
même, les collectivités locales doivent insérer dans leur plan de développement communal
un crédit de financement du secteur.
4.3.4 – Une meilleure organisation interne
La mise en application efficiente des textes ainsi que leur vulgarisation permettront
une meilleure organisation des artisans.
La mise en place des coopératives permettra une meilleure installation des artisans.
La mise en place des mutuelles offrira, aux artisans, un moyen supplémentaire
d’accès aux crédits.
4.3.5 – Une amélioration des relations de confiance entre les artisans
et leurs clients
Une meilleure formation permettra d’induire de bons comportements moraux aux
artisans et améliorera le rapport entre ceux-ci et leur clientèle. Elle pourra aussi rendre
sensible les artisans à respecter la qualité et les normes afin de répondre aux exigences des
marchés.
4.3.6 - Une meilleure communication et promotion du secteur
Informer le public sur les activités artisanales est capital pour l’artisan. Il permet au
public de savoir qui fait quoi et le vend où ? L’organisation des foires et expositions des
produis sont toujours des opportunités qui répondent à ces questions. Quoi que rares, elles
constituent des moments de communication et de promotion pour les artisans. Il s’agit,
d’une part, pour le Ministre en charge du secteur de multiplier ces occasions de foires
nationales et internationales et d’autres parts, de mettre en place les conditions d’implication
des TIC en vue d’une meilleure promotion du secteur.
38
V – MESURES PRECONISEES
La révolution de l’artisanat au Bénin passe par un préalable : la formation des
hommes, l’installation des hommes, la production, la commercialisation et la valorisation
des produits et en fin l’organisation des artisans béninois à travers une refondation de leur
profession. Refondation grâce à une réflexion active, audacieuse, prospective. Refondation
grâce aussi à des initiatives qui s’attachent à donner à l’artisan dans sa société, une identité,
un statut, une image.
En vue d’améliorer les conditions de vie de l’artisan béninois, le Conseil
Economique et Social propose les mesures ci-après :
Promouvoir les mécanismes d’autofinancement des artisanes et artisans à travers
l’appui à la création et au développement des groupements mutualistes d’épargnes et
de crédits dans toutes les localités du Bénin.
Créer des facilités dans le cadre de l’octroi des crédits aux artisans à travers les
Institutions de micros-finance (IMF).
Doter les ambassades du Bénin de vitrines pour la promotion des produits de
l’artisanat.
Encourager la consommation des produits artisanaux fabriqués au Bénin (une volonté
politique).
Développer des mécanismes de protection sociale pour les artisans.
Mettre en œuvre dans le secteur de l’artisanat un système d’information dynamique et
fiable.
Généraliser le système d’apprentissage de type dual.
Renforcer le FODEFCA pour le financement des formations continues et des
recyclages des maîtres artisans.
Offrir des conditions spécifiques aux artisans pour faciliter l’accès aux marchés
publics.
Prendre un décret pour fixer une Journée pour l’artisan béninois avec des moyens
appropriés pour sa célébration.
39
Mettre à la disposition des Directions Techniques du secteur les moyens afin de les
rendre plus opérationnelles.
Mettre en place un mécanisme pour encourager et inciter les partenaires techniques et
financiers à s’intéresser au secteur.
Faire une évaluation à mis parcours du PDSAB.
Rendre opérationnel le Fonds National pour la promotion de l’artisanat.
Aider les artisans à organiser des salons et foires de façon régulière.
Appuyer les artisans à participer aux foires régionales (SIAO et autres).
Créer des prix pour encourager les meilleurs artisans.
Prendre les textes d’application des lois et décrets en vigueur dans le secteur.
Rendre le Certificat de Qualification au Métier opérationnel.
Redéfinir les critères de cahiers de charges des accréditations des centres de
formation de type dual.
Réviser à la baisse les taxes à l’exportation sur les produits artisanaux.
Créer un fonds qui rend pérenne l’appui à la participation des forains béninois aux
manifestations commerciales dans le monde.
Instaurer l’organisation des foires thématiques.
Créer une galerie virtuelle de commercialisation des produits artisanaux béninois.
Réaliser les statistiques officielles sur le secteur.
Mettre en place le financement nécessaire à la mise en œuvre réaliste et effective de
la PNDA.
Instaurer l’alphabétisation fonctionnelle en langue française des apprentis et patrons
non scolarisés.
Prévoir une subvention annuelle pour la CNAB et l’UCIMB.
Promouvoir et encourager la mise en coopérative des artisans.
Rendre obligatoire la tenue des comptabilités en milieu artisan.
Créer un répertoire national des artisans du Bénin ;
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Cette étude nous révèle que les artisans pour la plupart n’exercent pas leur métier
dans des conditions idéales. En effet, le secteur de l’artisanat est miné par des problèmes
dont les causes sont multiples et multiformes.
L’identification méthodique de ces causes a permis au Conseil Economique et Social
de proposer des solutions spécifiques dont la mise en application permettra certainement
aux artisans de jouir réellement du fruit de leur travail et de contribuer au développement du
Pays.
Cotonou, le
février 2010
Le Président de la Commission,
Dieudonné LOKOSSOU
Le Premier Rapporteur,
Claude BALOGOUN
Le Deuxième Rapporteur,
Benoît SAKOU
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BIBLIOGRAPHIE
Assemblée Nationale du Bénin (2001) : Loi N° 098-037 du 22 novembre 2001
portant Code de l’artisanat ;
MCAT (2003) : Décret N° 2003-569 du 29 décembre 2003 portant approbation de la
Nomenclature des métiers de l’artisanat au Bénin ;
MCAT (2004) : Décret n° 2003-557du 24 décembre 2004 portant création des
Chambres Interdépartementales de Métiers(CIM) et de l’Union des Chambres
Interdépartementales de Métiers du Bénin (UCIMB) ;
MCAT (2005) : Décret n°2005-788 du 29 décembre 2005 portant approbation de la
Politique Nationale du Développement de l’Artisanat au Bénin (PNDA) ;
MCAT (2005) l’Arrêté n°2005/MCAT/DC/SG/DNA/SA du 13 décembre 2005
portant organisation de l’apprentissage en milieu artisan en République du Bénin.
Les textes fondamentaux de la CNAB ;
Le Projet de Développement du Secteur de l’Artisanat (PDSAB) ;
Comlan Cyr DAVODOUN (2003) : Renforcement des capacités en gestion des
organisations professionnelles d’artisans au Bénin ;
Comlan Cyr DAVODOUN : Le secteur de l’artisanat au Bénin : développement de
pôles de solidarité économique ;
Comlan Cyr DAVODOUN : Mieux connaître l’artisanat au Bénin ;
Comlan Cyr DAVODOUN :
réglementaires ;
Artisanat
au
Bénin :
textes
législatifs
et
Simon C. GNANSOUNOU : L’épargne informelle et le financement de l’entreprise
productive : référence spéciale aux tontines et à l’artisanat béninois.
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ANNEXES
ANNEXE 1
Calendrier des séances d’audition des personnes ressources
ANNEXE 2
Audition des personnes ressources
ANNEXE 3
Planning des activités des équipes 1, 2 et 3
ANNEXE 4
Guide d’entretien de l’étude
ANNEXE 5
Récapitulatif des données de l’enquête