Télécharger Fichier PDF
Transcription
Télécharger Fichier PDF
Résumé du rapport mensuel LES VIOLATIONS CONTRE LES LIBERTES DE LA PRESSE ET DE LA CULTURE LIBAN, SYRIE, JORDANIE, PALESTINE AVRIL 2012 Au mois d’avril 2012, l’armée syrienne a ouvert le feu sur l’équipe de la télévision Al-Jadeed (New TV) dans la région de Wadi Khaled à la frontière libano-syrienne, entraînant la mort du photographe Ali Shaaban. Ses collègues Abdel Azim Khayat, légèrement blessé, et Hussein Khreiss ont échappé à la mort par miracle, alors qu’ils filmaient un reportage dans la région. Le bain de sang en Syrie a encore une fois pris le dessus sur l’ensemble des violations commises à l’encontre des journalistes, écrivains, artistes, blogueurs et militants des droits de l’homme dans les quatre pays couverts par le Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture, à savoir le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine. L’exaction la plus violente fut certes l’exécution du militant Khaled Mahmoud Kabisho dans la ville d’Idleb ; sa tête a ensuite été écrasée par un char de l’armée syrienne. De même, les journalistes Ons Al-Halwani et Samir Al-Sham ont été tués à Homs, Ahmad Abdallah Fakhriya à Al-Damir et Alaeddine Al-Douri à Hama. Ci-dessous un compte-rendu détaillé des violations rapportées par le Centre SKeyes dans chacun des quatre pays concernés : Page D’autre part, l’armée libanaise a procédé à l’arrestation des blogueurs et militants des droits de l’homme Ali Fakhri et Khodor Salameh, alors qu’ils dessinaient des graffitis sur un mur dans le quartier Béchara Al-Khoury, participant ainsi à « la semaine des graffitis de la liberté », lancée par des peintres syriens révoltés contre le régime de Damas (le 20/04). Les forces de sécurité ont agressé des journalistes et militants qui ont participé au sit-in de solidarité avec les deux blogueurs, durant lequel les photographes Khaled Iyad et Hussein Beydoun ont été blessés (le 21/04). De plus, le photographe de la chaîne MTV, Elie Assaker, a été roué de coups alors qu’il filmait l’enceinte de l’école où un élève aurait été violé (le 02/04) au nord de Beyrouth. Les vidéos de l’équipe technique de la MTV ont été confisquées à la suite d’une altercation avec les gardes de la Maison Centrale du Parti phalangiste (Kataëb) à Saïfi (le 11/04). Par ailleurs, le caméraman de la chaîne Al-Arabiya Alain Khoury et le producteur Georges Nassif ont été agressés pendant qu’ils filmaient un épisode 1 Au Liban, la violation la plus grave fut le meurtre du caméraman de la New TV, Ali Shaaban, atteint par les balles de l’armée syrienne. Ses collègues Abdel Azim Khayat, légèrement blessé, et Hussein Khreiss ont échappé à la mort par miracle, alors qu’ils filmaient un reportage à la frontière libanosyrienne dans la région de Wadi Khaled (le 09/04). Par ailleurs, des inconnus ont ouvert le feu sur la voiture de l’écrivain Moustafa Moustafa Geha sur l’autoroute de Damour (le 14/04). du programme « mission spéciale » entre Bab Al-Tabaneh et Jabal Mohsen (le 25/04). La sécurité syrienne a rassemblé des informations sur les journalistes ayant signé la déclaration « citoyens libanais du Sud soutenant la révolution de leurs frères en Syrie » (le 05/04) et le journaliste et militant politique Béchara Khairallah a été victime d’une campagne de diffamation et de menaces (le 28/04) sur les réseaux sociaux. Les quatre séances de discussion relatives au licenciement de 397 employés de la compagnie PAC n’ont pas abouti à des solutions favorables au personnel licencié (le 04/04). Les employés de la chaîne NBN ont protesté contre le non-paiement des salaires (le 03/04) et la Future TV a licencié 15 employés après leur avoir payé des indemnités (le 03/04). Le site web des “photojournalistes au Liban” a été piraté (le 15/04) et le groupe « Speak Up» s’est déclaré responsable du piratage d’un grand nombre de sites Web affiliés au gouvernement, à deux reprises et dans un laps de temps assez court (le 16/04). De même, le site de la chaîne MTV a été piraté (le 16/04) ainsi que la page Facebook de la fondation Sayed Mohammad Hussein Fadlallah (le 26/04). Sur le plan judiciaire, le peintre Semaan Khawam a été jugé pour "trouble à l’ordre public" après avoir dessiné, à la fin de l’été dernier, des soldats armés rappelant les combats de la guerre civile sur les murs de la capitale libanaise ; le jugement a été reporté au 25 juin prochain (le 05/04). Les deux journalistes Joe Maalouf et Joyce Akiki ont comparu devant le procureur général de Beyrouth, dans le cadre du procès intenté contre eux par le ministre Nicolas Fattouche (le 05/04). Le procès des acteurs Edmond Haddad et Rawiya Al-Chab s’est tenu à huit-clos (le 25/04) ; les acteurs sont jugés à cause d’un sketch comique datant de décembre 2009 et le jugement devrait être prononcé le 30 mai prochain (le 25/04). Le groupe Rotana a débuté la diffusion de la chaîne Rotana Films sur la fréquence propre à la Lebanese Broadcasting Corporation International (LBCI), ce qui a entraîné un arrêt de diffusion des chaînes LBC Europe, LBC Amérique et LBC Australie (le 25/04) ; le ministère des Télécommunications a demandé à la chaîne satellitaire LBC Sat (en conflit avec LBCI) de transférer sa diffusion de Jouret El Ballout (le 26/04). Page 2 La « campagne pour le boycott des partisans d’Israël » a demandé au groupe Red Hot Chili Peppers de ne pas chanter à Tel Aviv (le 25/04) et l’ex-député Nasser Kandil a adressé de violentes critiques contre la New TV (le 18/04), à cause des positions exprimées par la chaîne suite à la mort du caméraman Ali Shaaban. Après le battage médiatique autour de la décision de ne pas diffuser le film « 33 jours » dans les salles du centre ABC Achrafieh, le film a été finalement mis à l’affiche (le 25/04). En Syrie, les violations sur la scène médiatique et culturelle se sont poursuivies à un rythme soutenu au cours du mois d’avril. La répression systématique des journalistes, photographes et militants a coûté la vie à nombre d’entre eux : Ons Al-Halwani (le 07/04) et Samir Al-Sham (le 13/04) à Homs, Ahmad Abdallah Fakhriya à Al-Damir (le 13/04) et Alaeddine Al-Douri à Hama (le 14/04). Cependant, le meurtre le plus atroce a indéniablement été celui du militant Khaled Mahmoud Kabisho dans la ville d’Idleb directement après son arrestation ; sa tête a ensuite été écrasée par un char de l’armée syrienne (le 17/04). Les services de sécurité syriens ont procédé à l’arrestation de la journaliste Marie Issa et de son époux, le militant des droits de l’homme Joseph Nakhlé (le 14/04), des militants Hussein Al-Imach (le 04/04), Mohammed Abed Al-Mawla Al-Hariri (le 16/04) et Jalal Nawfal (le 22/04) et de l’écrivain Salama Kaila (le 24/04). De même, la justice militaire syrienne a accusé les huit militants Hanadi Zahlout, Yara Bader, Razan Ghazzaoui, Thana Zitani, Mayada Khalil, Bassam Al-Ahmad, Juan Ferso et Ayham Ghazzoul, détenus depuis février dernier, d’être en « possession de publications interdites en vue de leur distribution » (le 22/04). L’armée syrienne électronique a piraté les sites Web de la chaîne Al-Arabiya plus d’une fois (les 17/04 et 23/04) ainsi que la page Facebook de l’artiste Ali Ferzat (le 27/04). Le procureur général d’Amman a déclaré que la blogueuse jordanienne Inas Moussallem avait véritablement été poignardée, rejetant ainsi le rapport de la Sûreté générale (le 25/04). Le journaliste Sami Al-Zubaidi a accusé le ministre de l’Information et le président du syndicat des Page La Cour de sûreté de l’État a procédé à l’arrestation du journaliste Jamal Al-Mouhtassab sachant que le journaliste en question aurait dû être jugé par le Tribunal des imprimés et non par une autre cour (le 23/04). Le ministre jordanien de l’Information de l’ex-gouvernement, Rakan Al-Majali, a fait pression sur le quotidien Al-Ra’i afin qu’il licencie les journalistes Mohammad Al-Hawamda et Gheith Al-Adayila (le 22/04) ; les journalistes du quotidien ont par ailleurs protesté contre l’ingérence du ministre (le 19/04). La direction du quotidien Al-Arab Al-Yaoum a décidé de licencier le journaliste Adnan Bariya mais le rédacteur en chef Mohammad Al-Kouch a refusé d’appliquer cette décision (le 10/04). 3 En Jordanie, les violations à l’encontre des libertés médiatiques et culturelles ont gagné en ampleur en avril. Le député Yahya Al-Saoud a physiquement agressé la journaliste du site Amman Net, Iman Jradat, après l’avoir insultée lors de la couverture d’une manifestation dans le quartier d’AlTafiliyeh. Al-Saoud a également frappé le photographe Zeid Al-Sarayra et lui a cassé sa caméra, alors qu’il filmait l’agression (le 06/04) ; il a de même insulté les journalistes jordaniennes de manière inappropriée. Le ministre jordanien de l’Information (du précédent gouvernement) a appelé les médias à plus de précision lors de la couverture d’événements (le 06/04). journalistes de « complot » en vue d’amender la loi sur la presse ; le président du syndicat a cependant nié les accusations (le 24/04). Dans la bande de Gaza, trois violations ont été recensées au cours du mois d’avril 2012. Les services de sécurité du mouvement Hamas ont intimidé le blogueur Mohannad Abdel-Bari au sein de l’Université ouverte d’Al-Quds, pour « propagation de l’athéisme et du communisme », ce qui l’a poussé à retirer les articles postés sur son blog par crainte de poursuites judiciaires (le 04/04). De même, le radiodiffuseur de la station Al-Quds Mohammad Qniti a mis un terme à l’émission Panorama Al-Quds, suite aux pressions exercées par le gouvernement du Hamas (le 01/04). La police du point de passage de Rafah a confisqué le passeport du président du syndicat des journalistes en Cisjordanie, Tahsin Al-Astal, lors de son retour d’Égypte (le 07/04). Un point positif au tableau néanmoins : le ministre de l’Intérieur Fathi Hammad a donné des instructions visant à faciliter le travail des journalistes et des institutions médiatiques dans la bande de Gaza, notamment en ce qui concerne l’obtention des permis nécessaires aux institutions et à l’entrée des journalistes étrangers, et l’interdiction de convoquer tout journaliste pour une raison liée à son travail médiatique. Mais ceci n’a pas empêché le syndicat des journalistes à Gaza d’imposer son opinion, notamment en termes de coordination et de présence lors de la convocation ou de la détention d’un journaliste, dans une tentative du gouvernement destitué de renforcer le rôle du syndicat à Gaza, à la lumière de la scission entre les deux syndicats. Page Sur le plan interne, la Sécurité préventive palestinienne a poursuivi les arrestations de journalistes et de blogueurs : le correspondant de l’agence Zaman Press, Tarek Khamiss, a été arrêté pour une durée de deux heures (le 01/04) ainsi que Jamal Abou Rihan, le responsable de la page Facebook « le peuple veut mettre fin à la corruption » (le 02/04). Le tribunal de première instance de Ramallah a remis en liberté les journalistes Youssef Al-Shayeb (le 02/04) et Issmat Abdel Khalek (le 04/04) sous caution. 4 En Cisjordanie, les forces israéliennes ont poursuivi leurs violations à l’égard des journalistes au mois d’avril 2012. Le photographe de l’agence News Picture, Ahmad Daghlas a été atteint d’une grenade lacrymogène à la tête alors qu’il couvrait la manifestation de Nabi Saleh (le 06/04). Les forces israéliennes ont également procédé à l’arrestation du journaliste Mohammad Mona sans aucun justificatif légal (le 03/04) et le journaliste Sahib Al-Assa a été condamné à quatre mois de prison et à une amende de 800 dollars américains (le 15/04). A noter que le procès du radiodiffuseur de la radio Marah, Raëd Al-Sharif a été reporté pour la quatrième fois consécutive (le 05/04). Dans les Territoires de 1948, les violations à l’encontre des libertés médiatiques et culturelles se sont poursuivies au mois d’avril 2012. L’exaction la plus violente fut certes l’entrée par effraction des forces de sécurité israéliennes au siège de l’agence Hona Al-Quds et l’arrestation de deux personnes (le 02/04). Les autorités israéliennes ont également renouvelé l’interdiction d’entrée en Cisjordanie du journaliste Abdel-Latif Gheith (le 04/04). De même, le directeur de la sécurité de la compagnie aérienne israélienne El-Al a interdit à l’artiste palestinien Shreidi Jabarin d’embarquer à l’aéroport de Berlin, l’empêchant ainsi de retourner au pays (le 27/04). Le ministère israélien de l’Éducation a interdit l’utilisation d’un livre d’éducation civique dans les écoles sous prétexte qu’il relate l’histoire de la Nakba palestinienne (le 17/04). La ville de Haifa a accueilli l’exposition de l’artiste syrien Ali Ferzat et la « coalition contre le racisme en Israël » a soumis une pétition revendiquant la poursuite des rabbins, auteurs du livre raciste « la Torah du roi ». Le centre I’lam a lancé une initiative visant à la formation d’un lobby au sein de la Knesset pour défendre les droits médiatiques des Palestiniens ; il a par ailleurs soumis une pétition à la Cour Suprême contre un programme offrant des spectacles culturels gratuits uniquement aux enfants juifs. La « campagne pour le boycott d’Israël » a lancé un appel à l’écrivain algérien Boualem Sansal afin qu’il se retire du « festival des écrivains internationaux » à Jérusalem. Elle a de même mis en garde contre un projet de loi israélien raciste qui limiterait la promulgation de nouvelles lois ayant trait aux droits de l’homme. Enfin, elle a réclamé l’annulation de la proposition de loi interdisant la désignation d’étudiants arabes à la tête du syndicat de la faculté de Safad et lancé un appel à l’augmentation de la production télévisée en langue arabe. Le rapport mensuel détaillé du mois d’avril 2012 (en langue arabe) est publié sur le site internet du Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture. Pour plus d’information, prière de contacter le Centre SKeyes. Adresse : Fondation Samir Kassir, Immeuble Aref Saghieh 63 Rue Zahrani, Sioufi, Achrafiyeh Beyrouth, Liban Téléphone / Fax : +961.1.397331 et +961.1.397334 Email : [email protected] Site web : www.skeyesmedia.org Page Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de la Fondation pour le Futur. 5 Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne.