accouchement chez l`adolescente

Transcription

accouchement chez l`adolescente
ACCOUCHEMENT CHEZ L'ADOLESCENTE :
ASPECTS SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET PRONOSTIQUE À LA MATERNITÉ DE
L'HÔPITAL RÉGIONAL DE MAMOU (GUINEE) .
TEEN BIRTH: SOCIO-DEMOGRAPHIC AND PROGNOSTIC MATERNITY REGIONAL HOSPITAL IN
MAMOU (GUINEA).
2
.1
2
1
2
.3
1
1
DIALLO BS , BALDÉ IS , DIALLO MH , CONTÉ I , BALDÉ O , MAOMOU C , MAMY MN , SY T
1
Service de gynécologie-Obstétrique Ignace Deen
2
Service de Gynécologie-Obstétrique Donka
3
Maternité hôpital Régional de Mamou
Correspondances: Dr Baldé Ibrahima Sory, Gynécologue-obstétricien, Maitre assistant au CHU de Conakry, tel :
00224622269858 ; BP : 3900 Conakry ; e-mail ; [email protected]/ [email protected]
RESUME
Objectifs : Evaluer les caractéristiques sociodémographiques et le pronostic obstétrical et néonatal de
l'accouchement chez l'adolescente en vue d'améliorer la prise en charge de sa parturition.
Méthodologie : Il s'agissait d'une étude prospective de type descriptif d'une durée de 12 mois menée à la
maternité de l'hôpital régional de Mamou portant sur une série continue de 515 accouchements d'adolescentes.
Résultats : La fréquence de l'accouchement chez les adolescentes était de 22,22% dans le service. Le profil
sociodémographique de la parturiente adolescente qui accouche à l'hôpital régional de Mamou était celui :
d'une jeune fille de 18 - 19ans (55,6%), ménagère (63%), non scolarisée (45,6%), mariée (98,3%), à l'âge de
15ans (41,94%) ayant commencé l'activité sexuelle à l'âge de 16ans (33,59%), musulmane (96,90%) ayant un
antécédent d'excision (97,28%), primipare (90%), mal suivie en CPN, non évacuée (85,4%), porteuse d'une
grossesse à terme (93%) et ayant accouché par voie basse. La morbidité maternelle a été dominée par l'anémie
du post partum (10,1%). La majorité des nouveaux nés avaient un score d'Apgar supérieur ou égal à 7 après
5minutes de vie (97,4%). Nous avons enregistré un taux de mortalité néonatale de 9,45% et aucun décès
maternel n'a été enregistré.
Conclusion : L'accouchement chez l'adolescente demeure fréquent dans notre service. Plusieurs facteurs
contribuent à la survenue de la grossesse chez l'adolescente, facteurs pouvant être étroitement intriqués.
Concernant les complications obstétricales l'accouchement chez l'adolescente ne semble pas être à haut risque
par rapport à l'âge adulte à condition que le suivi prénatal soit correct et que la parturition soit correctement
prise en charge
Mots clés : Accouchement, Adolescente, Sociodémographique, Pronostic.
SUMMARY
Objectives: To assess the demographics and the obstetric and neonatal prognosis of childbirth in
adolescents to improve the management of its parturition.
Methodology: This was a descriptive type of prospective study lasting 12 months conducted at the
maternity ward of the regional hospital in Mamou on a continuous series of 515 teenage births.
Results: The frequency of childbirth among adolescents was 22.22% in the service. The
sociodemographic profile of teen woman in labor giving birth to Mamou Regional Hospital was the one: a
girl of 18 - 19 years (55.6%), domestic (63%), non-educated (45.6%), married (98.3%), at the age of 15
years (41.94%) who began sexual activity at the age of 16 years (33.59%), Muslim (96.90%) with a
history of excision (97.28%), primiparous (90%), followed by CPN evil, not discharged (85.4%), carrying
a pregnancy to term (93%) and having delivered vaginally. Maternal morbidity was dominated by
postpartum anemia (10.1%). The majority of the newborns had an Apgar score greater than or equal to 7
after 5 minutes of life (97.4%). We recorded a neonatal mortality rate of 9.45% and no maternal death was
recorded.
Conclusion: Childbirth Teen remains common in our service. Several factors contribute to the occurrence
of teenage pregnancy, factors that may be closely intertwined. Regarding obstetric complications
childbirth in adolescents does not appear to be at high risk compared with adults provided the prenatal
care is correct and parturition is properly supported
Keywords: Childbirth, teenager, Sociodemographic, Prognosis.
Annales de la SOGGO N° 23, Vol. 9 (2014)
57
I-INTRODUCTION
La grossesse chez l'adolescente encore appelée
grossesse précoce est définie selon OMS comme
étant la survenue d'une grossesse chez les jeunes de
10 19ans. Elle constitue une situation à haut risque
compte tenu des caractéristiques physiologiques et
sociologiques qui conditionnent le comportement
de cette catégorie de la population. Les
complications peuvent survenir au cours de la
grossesse mais surtout pendant l'accouchement et
aussi après ce dernier. La grossesse survient chez un
individu immature, en pleine croissance physique,
sexuelle et psychologique.
Si l'ampleur de ce problème est relativement
appréhendée dans la plupart des pays développés,
l'approche méthodologique adoptée n'isole pas
cette question du problème de la grossesse chez
l'adolescente dans la majorité des pays en
développement. [1]
C'est un phénomène qui devient de plus en plus
fréquent partout dans le monde, mais pose des
problèmes totalement différents selon le contexte
culturel, ethnique ou religieux dans lequel il se
produit. [2]
La guinée n'est pas en marge de ce phénomène et
particulièrement la préfecture de Mamou,
constituant une ville carrefour cosmopolite où
l'environnement socioculturel contribue à
l'expansion de ce phénomène.
Les grossesses chez les adolescentes sont
considérées dans les pays occidentaux comme un
problème de santé publique, alors que dans les pays
en développement où 30% des femmes accouchent
pendant leur adolescence, la maternité précoce est
socialement et culturellement acceptée. [3]
Sa fréquence varie selon les pays : 11,32% à
[
l'hôpital de Chicago aux USA 4] ; 14,71% en
Guyane française .En France le nombre de
naissances chez les adolescentes diminue de façon
régulière depuis 1976,concomitant de la loi Veil
légalisant l'interruption volontaire de grossesse en
1975 et du droit à la contraception gratuite et
anonyme en 1974 .Ce chiffre est passé de 3,6%
entre 1976 et 1992.Depuis 10 ans, il se stabilise
autour de 0,85 [5].
En Guinée, des études effectuées montrent des
fréquences respectives de 16% en 2001 au CHU
Donka et 12,25% en 1994 au CHU Ignace Deen. [6]
Elle est souvent cachée si elle survient chez une fille
célibataire, et souvent mal ou non suivie.
Cette situation prédispose l'adolescente à plusieurs
complications, notamment : la pré-éclampsie,
l'anémie, l'accouchement prématuré, la dystocie,
etc.…
Annales de la SOGGO N° 23, Vol. 9 (2014)
Les objectifs de cette étude étaient de : Calculer la
fréquence de l'accouchement chez l'adolescente, de
décrire les caractéristiques sociodémographiques
des adolescentes ayant accouché durant la période
d'étude et d'établir le pronostic maternel et fœtal.
II-METHODOLOGIE
Il s'agissait d'une étude prospective de type
descriptif d'une durée de 12 mois menée à la
maternité de l'hôpital régional de Mamou qui est une
ème
structure de référence de 2 niveau en Guinée.
L'étude a porté sur une série continue de 515
accouchements d'adolescentes.
Ont été incluses dans l'étude toutes les gestantes et
parturientes âgées de 19 ans au plus et ayant
accouché dans le service durant la période d'étude.
Chaque femme incluse a donné son consentement
après avoir été informée des buts et des modalités de
l'étude.
N'ont pas été incluses dans l'étude, toutes les
gestantes et parturientes d'âge supérieur à 19 ans
ayant accouché dans le service, mais aussi les
gestantes et parturientes âgées de 19 ans au plus
ayant accouché en dehors du service et évacuées
pour complication.
Nous avons procédé à un recrutement exhaustif des
cas selon les critères définis si haut.
Les variables étudiées ont été :
-Les unes quantitatives : l'âge maternel, la parité,
er
l'âge au mariage, l'âge au 1 rapport sexuel, nombre
de consultation prénatale, l'âge gestationnel et le
poids du nouveau-né.
-Les autres qualitatives : la profession, le niveau
d'instruction, le statut matrimonial, le type de
religion, l'antécédent de mutilation génitale
féminine, le mode d'admission, le motif d'admission,
le mode d'accouchement, la morbidité et la mortalité
maternelle, la morbidité et mortalité fœtale et
néonatale précoce.
III-RESULTATS
I-Fréquence : sur 2318 accouchements, nous avons
enregistré 515 chez les adolescentes, soit une
fréquence de 22,22%.
II-Caractéristiques socio-demographiques
1-L'âge : La tranche d'âge 18-19ans est la plus
concernée suivie de celle de 16-17ans avec
respectivement 55,6% et 36,5%. L'âge moyen était
de 17,41ans avec des extrêmes de 13 et de 19ans.
2-La profession : les adolescentes de notre série
sont dans 63% des cas, des ménagères.
3-Le niveau d'instruction : la majorité des
adolescentes de notre série étaient non scolarisées
avec 45,6% ; 19,4% avaient un niveau d'étude
58
primaire ; 34,8% avaient le niveau secondaire et une
(0,2%) adolescente avait le niveau d'étude supérieur.
4-Situation matrimoniale : l'étude de ce paramètre
révèle que 98,3% des adolescentes étaient mariées
contre 1,7% de célibataires.
5- Age au mariage : la majorité de nos patientes
étaient mariées à l'âge de 15 ans suivi de l'âge de 14
ans avec respectivement 41,94% et 20%.
6-Age au 1er rapport sexuel : le premier rapport
sexuel a eu lieu dans la plupart des cas à l'âge de 16
ans avec respectivement 33,59% et 22,71%.Les
femmes à 6,40% n'ont pas voulu se prêter à cette
question.
7-Religion : l'analyse de ce paramètre montre que
nos adolescentes sont en majorité musulmanes
(96,90%).
8-Existence ou non d'un antécédent de
mutilation génitale féminine(MGF) : nos
adolescentes ont un antécédent de MGF dans
98,08%, mutilation génitale dominée par l'excision
(97,28%) suivie de l'infibulation (0,78%) .
9-La parité : les primipares étaient les plus
représentées (90%).
10-Suivi prénatal : l'étude du suivi de la grossesse a
permis de constater que 489 adolescentes avaient
fait un suivi prénatal dont seulement 115(22,3%)
ont effectué 4 consultations prénatales ou plus. Le
nombre moyen de consultation prénatale a été de
2,5 avec de extrêmes de 0 et de 4.
11-Le terme de grossesse : la détermination du
terme de la grossesse dans notre échantillon a été
clinique dans la majorité des cas par la mesure de la
hauteur utérine et l'examen clinique du nouveau-né
à la naissance. Ceci nous a permis d'estimer à terme
484 grossesses (93%) et non à terme 31 grossesses
(7%).
12-Mode d'admission : l'étude de ce paramètre
nous a permis de constater que 440 adolescentes
(85,4%) étaient venues du domicile pour la prise en
charge de l'accouchement ; 65 étaient référées
(12,60%) et 10(0,2%) étaient évacuées.
13-Motif d'admission : le travail d'accouchement a
été le motif d'admission le plus fréquemment
rencontré aucours de cette étude soit 64,9% suivi de
la disproportion fœtopelvienne et la présentation
dystocique avec respectivement 17% et 5,6%.
III-PRONOSTIC
1-Pronostic maternel.
a)Mode d'accouchement : l'accouchement s'est
fait par voie basse chez 328 cas (74,2%) et par
césarienne chez 133 gestantes (25,8%) dont la
disproportion fœto-pelvienne et la souffrance
fœtale aigue étaient les indications dominantes.
Annales de la SOGGO N° 23, Vol. 9 (2014)
b)-Morbidité maternelle : les suites de
l'accouchement ont été normales chez 435 gestantes
(84,47%) et compliquées chez 80 gestantes
(15,53%).La morbidité maternelle a été dominée par
l'anémie du post partum chez 52 cas (10,1%) suivie
de l'éclampsie chez 6 cas (1,16%) et l'hémorragie de
la délivrance avec 5 cas (1%).
c)-Etat de la mère à la sortie : toutes nos
adolescentes sont sorties de l'hôpital vivantes et
nous n'avons enregistré aucun décès maternel.
2-Pronostic fœtal
a)Score d'APGAR : Le score d'APGAR était =7
dans 85,94% à la 1ère minute et 89,94% à la 5ème
minute, alors que 10,02% des nouveau-nés avaient
un score d'APGAR morbide.
b-Mortalité néonatale : nous avons enregistré
9,45% de mortalité périnatale. Cependant, il est à
signaler que cette mortalité périnatale était à
majorité constitué de mort-née et les autres sont
ère
décédés durant la 1 semaine de vie.
c-Poids de naissance : le faible poids de naissance
(inferieur à 2500g) a concerné 67 nouveau-nés
(12,92%).
IV DISCUSSION
I-Fréquence : la fréquence de l'accouchement chez
l'adolescente varie selon les pays et les limites d'âge
considérées .L'Afrique de l'ouest contribue
beaucoup avec une fréquence de 8% par rapport à
l'Asie de l'Est où elle est de 5,5% [7].Notre taux de
22,22% est moins élevé que ceux de certains auteurs,
notamment : N'guembi et al. (30,3%) [8] en
Centrafrique, Tebeu et al. [9] au Cameroun (26,5%).
Ce taux est par contre plus élevé que ceux rapportés
par certaines séries africaines et européennes
notamment : Traore B. et al. [10] au Mali (15,5%) et
[1]
Hamada et al. au Maroc (2,6%) .Cette différence
pourrait s'expliquer par plusieurs raisons
notamment : la précocité du mariage en Afrique liée
aux facteurs culturels, ethniques et religieux (40 et
50% des filles de 13 à 15 ans sont mariées) [11], la
pauvreté et l'analphabétisme.
II-Caractéristiques sociodémographiques
La profession constitue un facteur important dans
l'issue de la grossesse chez l'adolescente,
particulièrement pour les ménagères et les élèvesétudiantes qui sont sans activités rémunératrices.
Dans notre série, 63% des adolescentes sont
ménagères. Ce taux élevé d'adolescentes ménagères
pourrai s'expliquer par le faible taux d'adolescentes
scolarisées et la méfiance de certains époux à laisser
leur femme à entreprendre autre activité en dehors
du domicile.
Selon Hamada et al. [1] le taux d'analphabète dans
59
sa série était de 48,3% et les adolescentes qui ont
atteint le niveau secondaire ne dépassaient pas
28,6%. Notre taux élevé d'adolescentes non
scolarisées serait en rapport avec celui de la
population générale guinéenne où on note 74%
d'analphabète dont 85,3% pour le sexe féminin [12].
Ce fait serait lié à : la réticence des parents qui se
verront abandonnés avec tous les travaux ménagers
et à la crainte des parents de l'abandon des coutumes
et mœurs traditionnels.
Par rapport au statut matrimonial, notre résultat est
opposé à ceux de certains auteurs des pays
développés notamment : Carles G et al. (100%
d'adolescentes célibataires) en Guyane Française
[13]. Notre faible taux de célibataires par rapport à
celui des pays développés où la plupart des
adolescentes sont célibataires pourrait s'expliquer
par le fait que dans les pays à majorité musulmane y
compris le nôtre et surtout en milieu rural comme la
préfecture de Mamou, l'initiation sexuelle est dans
la plupart des cas liés au mariage, car avant le
mariage, l'activité sexuelle constitue un déshonneur
pour la famille le jour du mariage. Les deux âges au
mariage les plus fréquemment relevés (15 ans et
14 ans) sont des mariages considérés comme
précoce selon la loi guinéenne fixant l'âge au
mariage civil à 17ans.
Selon Diallo F.B et al. [10] en Guinée, cet âge au
mariage dans notre pays varie selon les groupes
ethniques et que dans son étude l'âge au mariage le
plus bas a été retrouvé chez l'ethnie Peulh où
souvent la jeune fille ne voit ses premières
menstrues que dans la maison familiale, la
deuxième apparition se faisant chez le mari et que
parfois une grossesse intervient dans le premier
rapport nuptial.
L'analyse des résultats de Diallo FB et al. [10] est
en rapport avec nos résultats car la population de
Mamou est à majorité peulh.
Les femmes dans 6,40% n'ont pas voulu se prêter à
la question sur l'âge au premier rapport sexuel,
constituant le plus souvent un tabou. Les rapports
sexuels précoces sont en partie en rapport avec le
mariage précoce et l'effondrement de certaines
valeurs traditionnelles.
Notre taux de musulmane est en rapport avec celui
des différents groupes religieux en Guinée où 95%
de la population pratiquent la religion musulmane
et c'est dans cette religion que les mariages précoces
sont acceptés. [12]
Nous avons enregistré un taux élevé (98,06%) de
MGF, alors que l'excision est une pratique
traditionnelle n'ayant aucun fondement avec la
religion musulmane contrairement à ce que pensent
Annales de la SOGGO N° 23, Vol. 9 (2014)
beaucoup d'individus. Sur le plan national, des
mesures sont actuellement envisagées pour enrayer
ce fléau.
Les primipares étaient les plus représentées (90%).
Il ne faut cependant pas sous-estimer la part des
paucipares car comme le remarquent Bah M.D. et al.
« L'un des problèmes le plus grave est
incontestablement le risque de nouvelle grossesse
chez une très jeune mère faisant ainsi de
l'adolescente comme on le voit souvent dans nos
sociétés, la mère de deux ou trois enfants ». [11]
Nos résultats sont en rapport avec ceux de Traoré B.
et al. (84,9% de primipare et 14,8% de paucipares)
au Mali. [10]
Conformément aux normes définies par l'OMS dans
le cadre de la CPN recentrée, recommandant un
nombre requis de 4 CPN dans le suivi de la grossesse
en Guinée, l'étude révèle que le suivi prénatal n'était
pas rigoureux dans notre série.
Aux différents risques liés à l'âge, s'associe un
important risque de dépistage tardif des
complications liées à la grossesse non suivie. Cette
insuffisance du nombre de CPN pourrait s'expliquer
par : la déclaration tardive de la grossesse, soit parce
qu'elle est ignorée ou niée, soit parce qu'elle est non
désirée ou qu'elle est cachée à l'entourage et le
manque d'information sur l'importance des CPN
dans la surveillance de la grossesse et le pronostic de
l'accouchement. Mais mieux que le nombre de CPN,
c'est plutôt la qualité de la CPN qui prime.
Notre taux de prématurité est supérieur à ceux de
Hamada et al. (4,7%) au Maroc [1] et de Traoré B
et al. au Mali [10]. G. Smith et al. ont observé un
taux de prématurité plus important dans les
grossesses chez les adolescentes [14].
Notre taux de césarienne est plus élevé que celui de
Hamada et al. [1] au Maroc (6,1%) et proche de
celui de Traoré B et al. [10] au Mali (21,4%).
Par rapport à la morbidité néonatale, nos résultats
rejoignent ceux de Traoré B et al.[10] au Mali
rapportant dans sa série un score d'Apgar = 7 dans
une proportion de 85,6% à la 1ère mn et 94,4% à la 5ème
minute. Tous les auteurs s'accordent pour dire que le
jeune âge de la mère joue un rôle dans le pronostic
fœtal ; en effet la fréquence de la mortalité périnatale
est plus importante chez les nouveau nés de mères
adolescentes [15]. Dans les pays en voie de
développement, seul 53% des naissances sont prise
en charge par une personne qualifiée et de ce fait, les
complications surviennent après la naissance. Notre
taux rejoint les données de la littérature. [15]
Une fois encore, la littérature est partagée à ce sujet,
la proportion du nouveau-né de petit poids est
parfois égale ou parfois augmentée chez les mères
60
adolescentes par rapport aux adultes.
Toutes fois, certains auteurs sont unanimes sur le
fait que les adolescentes, donnent le plus souvent
naissance à des enfants de faible poids. Pour
Abbadi, le petit poids de naissance serait corrélé au
petit poids de la mère et à une faible augmentation
pondérale pendant la grossesse [16].
Les accouchements d'enfants de petit poids qu'ils
soient prématurés ou à termes contribuent non
seulement à la mortalité néonatale, mais également
à la morbidité de la première enfance [16].
CONCLUSION
L'accouchement chez l'adolescente demeure
fréquent dans notre service. Plusieurs facteurs
contribuent à la survenue de la grossesse chez
l'adolescente, facteurs pouvant être étroitement
intriqués. Toute fois la part importante de la
morbidité fœtale et de complication maternelle telle
que l'anémie et l'hémorragie de la délivrance
interpelle une action vigoureuse impliquant un
engagement plus accrue du personnel de santé, des
autorités et de la communauté pour une
amélioration de la surveillance de la grossesse et
une prise en charge correcte de l'accouchement
chez l'adolescente. L'information des adolescentes
a l'école comme à la maison axée notamment sur la
contraception, la sexualité et la procréation.
REFERENCES
1- H Hamada, Zaki, NejjarH et al.: Grossesse et
accouchement chez l'adolescente: Caractéristique
et profil à propos de 311 cas . J Gynecol Obstet Biol
Reprod. 2004 Nov 33(7): 607 - 14.
2- J Could, T Blackwel, CHeilig, .Axley : Utility
of percentage of births to teenagers as a surrogate
for the teen birth rate. Am I Public Health 1998; 88,
6: 908 - 12.
3- Combe JC, Reynauld : Adolescente et
maternité à la réunion. Revue de pédiatrie, Juin
1998 ,261- 264.
4- A Waja, Aressenfeld : Grossesse et
accouchement chez les mères de moins de 20 ans.
Une étude rétrospective de 120 cas au CHU de
CHICAGO ; J Gynecol Obstet Biol Reprod 2000,
31-36.
5- C Ros, Sexualité, grossesse et IVG. , données
épidémiologiques «Colloque sur grossesse et
Annales de la SOGGO N° 23, Vol. 9 (2014)
adolescente, Poitiers, 2000 ».
6- Diallo FB, Diallo MS, Camera AY, Diallo AB.
Problèmes posés par
l'accouchement de
l'adolescente à la clinique Gynécologique et
obstétricale du CHU Ignace Den de Conakry en
Guinée. Guinée médicale1996, N°14 ; 39-43.
7- Organisation mondiale de la santé (OMS).
Adolescentes enceintes : apporter une promesse
d'espoir dans le monde entier 2007.
8- E Nguembi, MC Yanza, A Sépou et al.: La
grossesse chez les adolescentes dans la ville de
Bouar (Centrafrique). Médecine d'Afrique Noire
2005 52 (12) : 681 685.
9- P M Tebeu, J Tantchou, MT Obama Abena,
MevoulaOnalad, JR Leke : Accouchement des
adolescentes à l'extrême nord du Cameroun. Revue
Médicale de Liège 2006 ; 19 : 124 1+27
10- B Traoré, C Kokaina, SA Beye et al:
Accouchement chez les adolescentes à la maternité
du centre hospitalier de Ségou au mali. Médecine
d'Afrique. Noire 2010 Vol. 57, N°10, 450 454 .
11- M D Bah, M pellegrin, OThioume :
Adolescente et grossesse (approche psychosociale
et médicale) Médecine Afrique Noire. 2001, 9
:115-22.
12- MB Diallo , F Danfaga, P Bérété et al.
:Direction Nationale de la Statistique,Ministère du
plan. Enquête Démographique et de Santé, Guinée
2005, 443, www.measureds.let/pubs/fr 162 - GN 05.
Pdf
13-G Carles, X Jacqueline, P Raynal, M Berth, M
M Zoccarato Grossesse et accouchement chez les
adolescentes de moins de 16ans : Etude de 150 cas
en Guyane française. J Gynecol. Obstet. Biol.
Reprod, Vol 27, N°5 Septembre 1998, 518.
14- G Smith, J Pell Teenage pregnancy and risk of
adverse perinatal outcomes associated with first and
second births: population based retrospective cohort
study. BMJ 2001, 323: 1 5.
15-Organisation Mondiale de la Santé(OMS).
Adolescentes enceintes : Apporter une promesse
d'espoir dans le monde entier, 2007.
16-S Abbadi Accouchement chez l'adolescente :
Etude rétrospective portant sur 290 cas chez des
adolescentes âgées entre 15 et 18 ans colligés à la
maternité de l'hôpital Ghassini de Fès. Thèse de
médecine N°0028 .2007. 1-101.
61