Réaction du Copa-Cogeca à la proposition de décision de la
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Réaction du Copa-Cogeca à la proposition de décision de la
EN(12)3701:5/AA Réaction du Copa-Cogeca à la proposition de décision de la Commission relative aux règles comptables et aux plans d'action concernant les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre résultant des activités liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie (LULUCF) Copa - Cogeca | European Farmers European Agri-Cooperatives 61, Rue de Trèves | B - 1040 Bruxelles | www.copa-cogeca.eu EU Transparency Register Number | Copa 44856881231-49 | Cogeca 09586631237-74 Remarques liminaires 1. Du fait de leur contribution significative à la bioéconomie, l'agriculture et la sylviculture constituent des éléments de réponse essentiels aux défis actuels et futurs. L'Union européenne devrait chercher à réduire les émissions tout en permettant aux terres hautement productives de continuer à être utilisées. La seule façon de procéder pour les agriculteurs, les coopératives et les forestier européens est d'adopter une approche axée sur une utilisation efficace des ressources qui se concentre sur les défis d'avenir que sont l'augmentation de la demande en denrées alimentaires et en matériaux et énergies renouvelables. 2. L'agriculture et la sylviculture sont les seuls secteurs économiques capables de piéger de manière naturelle le carbone dans les sols et la biomasse dans le cadre du processus de production. Le modèle européen d’agriculture et de gestion durable des forêts tire pleinement avantage du potentiel naturel de piégeage et de stockage. 3. Afin d'exploiter pleinement le potentiel d'atténuation des deux secteurs, les connaissances scientifiques et les méthodes de surveillance doivent être améliorées pour accroître la confiance dans les inventaires d'émissions de gaz à effet de serre liées à la sylviculture et aux terres agricoles. Des améliorations sont nécessaires tant en termes de précision que de cohérence et il est important d'examiner les options d'atténuation d'un point de vue holistique et au travers d'une approche intégrée. 4. Par conséquent, le Copa-Cogeca accueillerait favorablement une proposition de la Commission visant à améliorer la surveillance et la notification du bilan carbone LULUCF pour soutenir un cadre de comptabilisation pour les activités agricoles et sylvicoles. Toutefois, ce cadre ne doit pas être obligatoire, ni aller au delà des accords internationaux ou fixer ultérieurement des objectifs. Le premier objectif de la proposition devrait être de reconnaître le rôle multifonctionnel de ces secteurs ainsi que de montrer comment leur potentiel peut être limité par des conditions et des perturbations naturelles, des risques de saturation et des flux complexes. Principaux éléments Alignement avec les règles internationales 5. De plus, le Copa-Cogeca déplore que la proposition de décision de la Commission ne se limite pas simplement à transposer les règles internationales. Les dispositions européennes relatives aux activités LULUCF devraient se baser sur les résultats de Durban 1 plutôt que de créer un cadre parallèle. 6. Au vu du cadre international actuel, du rôle de l'agriculture dans les engagements de l'UE en matière de réduction des gaz à effet de serre et du stade de compréhension des flux de carbone, une approche basée sur les accords de Durban est préférable. Le Copa-Cogeca demande à la Commission européenne de reconsidérer ce point et d’aligner le cadre européen sur les règles internationales actuelles. 1 Conférence des parties au Protocole de Kyoto, COP17, décembre 2011 (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). 2|5 Cohérence avec les politiques européennes actuelles. 7. Tous les futurs développements de la politique climatique européenne doivent être cohérents avec les politiques existantes et les initiatives phare (par exemple sur les énergies renouvelables, la bioéconomie et la croissance verte, la décision de répartition de l'effort, la PAC et la gestion durable des forêts telle que décrite dans le processus de Forest Europe) ainsi qu'avec les objectifs de compétitivité et d'innovation de la stratégie UE 2020 et les défis que représentent la sécurité alimentaire ou la perte d'emplois dans les zones rurales 8. Le cadre pour l'amélioration de la surveillance et de la notification des émissions et des absorptions des activités LULUCF ne peut donc pas être appréhendé de manière isolée. Les effets combinés du remplacement de matériaux non renouvelables et d'énergies fossiles par la biomasse et les biocarburants dans le cadre de l'agriculture et de la sylviculture doivent être reconnus de manière appropriée. Le concept LULUCF lui-même doit être lié à la réalité d'une société de plus en plus axée vers la bioéconomie. Plans d’Action 9. En ce qui concerne les Plans d'action qui doivent être conçus par les Etats membres pour limiter ou réduire les émissions ou accroître les absorptions pendant la première période de comptabilisation (2013-2020), le Copa-Cogeca estime que les mesures de l'Annexe IV se superposeront à des mesures déjà réalisées dans le deuxième pilier de la PAC, à savoir les «mesures agro-environnementales». Du fait des exigences de protection de la nature en vigueur au niveau national, ainsi que des exigences dans le cadre de la PAC actuelle et future, le CopaCogeca considère que ces plans d'action n'apportent ni valeur ajoutée ni incitations. 10. Les Plans d'action au niveau national sur les activités LULUCF risquent d’être unilatéraux. Axer les Plans d'action sur l'«atténuation» est une approche restrictive et qui empêche la promotion d'autres actions, comme la prévention des feux de forêt, les options offrant des bénéfices environnementaux multiples comme les systèmes d'élevage sur prairies (piégeage du carbone, protection de la biodiversité, stockage de l’eau, incendies, inondations et prévention de l'érosion), etc. Sylviculture: 11. En plus d'absorber annuellement 10% de l'ensemble des émissions de CO2 de l'UE, les forêts européennes offrent des services écosystémiques essentiels et renforcent la résilience ainsi que la capacité d'adaptation au changement climatique. L'énergie produite à partir du bois représente pour sa part la moitié de toute l'énergie renouvelable produite en Europe. La proposition actuelle de la Commission devrait plus reconnaître le rôle des forêts et la gestion durable des forêts pratiquée dans l'UE. 12. D'un côté, la proposition de l'UE d'inclure les produits ligneux récoltés, conformément à Durban, est accueillie favorablement par les propriétaires forestiers étant donné que cela pourra accroître la contribution du bois et des produits ligneux à l'atténuation du changement climatique. 13. De l'autre, alors que l'effet de substitution du carbone qu'a le bois utilisé à des fins énergétiques est souligné et promu dans le mémorandum d'explication, le texte juridique ne contient pas d'article clair à ce sujet. 3|5 14. De plus, pour continuer à développer le potentiel de la sylviculture afin d'augmenter l'atténuation comme cela est reconnu dans la proposition, des périodes de rotation plus longues des arbres, éviter les coupes rases et la conversion vers des forêts primaires ne sont pas des mesures que l'on peut envisager à grande échelle étant donné qu'elles dépendent des espèces et de l’âge des arbres dans le cadre d'une gestion durable des forêts. 15. En ce qui concerne le terme « Forêt », une définition qui fait consensus pourrait permettre d'harmoniser les données. Toutefois, la définition devrait permettre des exceptions dûment justifiées, comme cela est autorisé dans les programmes de développement rural de la PAC. Cela permettra aux Etats membres d'adapter la définition si cela est nécessaire afin que celle-ci corresponde à leurs conditions nationales, par exemple, reconnaître le stockage de carbone par les terres boisées telles que les « dehesa » dans les pays du sud. 16. En outre, dans le cadre des négociations de la CCNUCC et des débats sur le secteur LULUCF, le Copa-Cogeca aimerait rappeler l'importance d’envisager l’inclusion des «autres zones boisées» dans la définition des «forêts» pour reconnaître leur rôle dans l'atténuation du changement climatique. Amélioration de la surveillance et de la notification 17. L'amélioration de la surveillance et de la notification des émissions et des absorptions des activités LULUCF permettra d'avoir une connaissance plus approfondie du sujet, une connaissance qui pourra être utilisée, à long terme, dans les engagements internationaux de l'UE. Toutefois, l’étape supplémentaire consistant à se fixer des objectifs pour les activités LULUCF ne peut être envisagée étant donné qu’au niveau international, les règles du jeu ne sont pas égales. 18. Le Copa-Cogeca recommande des analyses supplémentaires et équilibrées des conséquences techniques et économiques pour les Etats membres et pour le secteur LULUCF de la future inclusion des activités LULUCF dans les engagements de réduction. Il est essentiel de procéder à une évaluation détaillée de l'impact des changements structurels dans l'UE (comme les terres entrées dans le cycle de production dans les nouveaux Etats membres) ainsi que des coûts qu'implique pour les Etats membres la comptabilisation obligatoire de la « gestion des terres arables » et de la « gestion des pâturages». Le fait que les simulations montrent que la tendance actuelle est bonne (la surface nette de terres arables baisse, donc les émissions diminuent) vient en partie de l'imperméabilisation des sols. L'analyse doit reposer sur des outils adéquats de modélisation de l'affectation des sols basés sur des analyses de marché, les prix, etc. Conclusions et recommandations 19. Les propositions de la Commission européenne devraient correspondre aux décisions adoptées au niveau international et non aller au-delà. Toute nouvelle exigence doit être alignée sur les obligations actuelles de rapport dans le cadre de la CCNUCC ou sur les règles de comptabilisation du protocole de Kyoto. 20. Cette proposition ne semble pas répondre au besoin d’une évaluation globale en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, une évaluation qui tienne compte de l’ensemble des flux de gaz à effet de serre (émissions comme absorptions) résultant des terres arables et des pâturages, conjointement avec les activités d’agriculture et d’élevage. 4|5 L’on ne sait pas comment cette proposition sera liée aux objectifs établis dans la « Décision de répartition des efforts » (n°406/2009/CE) pour les différents Etats membres étant donné que la notification et la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre provenant des activités agricoles et d’élevage sont déjà obligatoires dans le cadre du Protocole de Kyoto et qu’elles sont également couvertes par les limites d’émissions de la décision précédemment mentionnée 2. L'on se sait donc pas si la contribution des activités LULUCF aux engagements européens en matière de réduction des gaz à effet de serre sera traitée conjointement ou séparément des limites d'émissions des gaz établies dans la « Décision de répartition de l'effort ». 21. Dans le contexte actuel de préparation d’un cadre favorable pour la PAC ces dix prochaines années, il convient de reconnaître que cette proposition impliquerait que l’on impose des contraintes supplémentaires excessives sur la sécurité alimentaire et la productivité du fait d’un changement précipité des règles de LULUCF. Ceci a déjà été souligné dans de récents groupes de travail sur l'environnement du Conseil lors desquels plusieurs Etats membres ont indiqué qu'ils étaient opposés à une comptabilisation obligatoire pour les sols agricoles et aux plans d'action. 22. La proposition devrait avoir pour objectif d'augmenter les solutions durables reposant sur l'agriculture et les forêts afin de répondre aux besoins présents et futurs d'une société de plus en plus dépendante de la bioéconomie et de contribuer à un cadre cohérent pour atteindre ces résultats. Il faut également dépasser la subdivision actuelle des inventaires pour les forêts et les cultures et donc l’incapacité à obtenir des objectifs possibles d'atténuation. L'amélioration de la surveillance et la notification des activités LULUCF est essentielle à ce titre et ce n'est qu'en intégrant ce sujet dans un cadre global que l'on pourra obtenir de bons résultats. 23. Les connaissances scientifiques sur la capacité de stockage du carbone et les émissions provenant des terres arables, des pâturages et des sols forestiers, ainsi que sur les effets induits par différentes méthodes de gestion, sont encore loin d'être complètes. Il n'existe pas de manière claire de faire la différence entre l'impact de processus naturels incontrôlables et l'impact de processus issus d'activités anthropogènes. Le cadre international établi par la CCNUCC et le Protocole de Kyoto ont donné à Durban un mandat à l'OSASTT 3 « pour lancer un programme de travail afin de trouver une méthode de comptabilisation plus complète des émissions anthropogènes par sources et absorptions des activités LULUCF ». L'UE devrait suivre cette voie multilatérale. 24. Enfin, nous encourageons le Parlement européen et le Conseil a trouvé un accord en vue de la réunion de la COP18 au Qatar, en décembre. L’UE doit une fois de plus exprimer un message clair et cohérent sur la scène internationale. 2 Dans la méthodologie du GIEC, l'agriculture est couverte par une catégorie spécifique (Catégorie clé et par conséquent, la proposition d'inclure la gestion des terres cultivées et des prairies dans le secteur LULUCF conduit à des rapports différents et finalement à des exercices de comptabilisation). 3 Organe subsidiaire des Nations Unies chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques de la CCNUCC. 5|5