wajdi mouawad - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de Perpignan
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wajdi mouawad - Théâtre de l`Archipel , scène nationale de Perpignan
ABÉ CARRÉ CÉ CARRÉ WAJDI MOUAWAD www.wajdimouawad.fr Le scarabée est un insecte qui se nourrit des excréments d’animaux autrement plus gros que lui. Les intestins de ces animaux ont cru tirer tout ce qu’il y avait à tirer de la nourriture ingurgitée par l’animal. Pourtant, le scarabée trouve, à l’intérieur de ce qui a été rejeté, la nourriture nécessaire à sa survie grâce à un système intestinal dont la précision, la finesse et une incroyable sensibilité surpassent celles de n’impor te quel mammifère. De ces excréments dont il se nourrit, le scarabée tire la substance appropriée à la production de cette carapace si magnifique qu’on lui connaît et qui émeut notre regard : le vert jade du scarabée de Chine, le rouge pourpre du scarabée d’Afrique, le noir de jais du scarabée d’Europe et le trésor du scarabée d’or, mythique entre tous, introuvable, mystère des mystères. Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté. WM. dossier au 08.04.2013 SEULS Wajdi Mouawad Biographie Parcours, spectacles page 4 Compagnies Abé Carré Cé Carré, Au Carré de l’Hypoténuse page 5 Oeuvres publications, autres textes, traductions Seuls page 6 Le spectacle Chemin notes de Wajdi Mouawad page 8 Présentation présentations longue et courte, texte page 9 Mentions équipe, générique additif, remerciements, production page 10 Entretien par Rita Freda page 11 Biographies les concepteurs page 12 Calendrier historique et tournée 3 page 13 Biographie Né en octobre 1968, Wajdi Mouawad passe son enfance au Liban, son adolescence en France avant de s’installer au Québec, où, diplômé de l'École nationale de théâtre du Canada en 1991, il entreprend une quadruple carrière de comédien, metteur en scène, auteur et directeur artistique. Cofondateur avec la comédienne Isabelle Leblanc de sa première compagnie, le Théâtre Ô Parleur, directeur artistique du Théâtre de Quat'Sous à Montréal de 2000 à 2004, il crée l’année suivante deux compagnies de création, jumelles atlantiques : Au Carré de l'Hypoténuse à Paris et Abé Carré Cé Carré à Montréal. De 2007 à 2012, il rejoint le Centre national des Arts en tant que directeur artistique du Théâtre français. C’est en 2009 qu’artiste associé de la 63ème édition du Festival d’Avignon, il crée le quatuor Le Sang des Promesses composé de Littoral, Incendies, Forêts et Ciels. Aujourd’hui associé au Grand T, théâtre de Loire-Atlantique, il réside en France. spectacles Comédien de formation, il interprète des rôles dans plusieurs de ses propres spectacles, mais aussi sous la direction d’autres artistes comme Brigitte Haentjens dans Caligula d’Albert Camus 1993, Dominic Champagne dans Cabaret Neiges noires 1992, Daniel Roussel dans Les Chaises d’Eugène Ionesco 1992 ou Stanislas Nordey, jouant Stepan Fedorov dans Les Justes d’Albert Camus 2010. Dans tout son parcours, qu’il s’agisse de ses propres pièces (Partie de cache-cache entre deux Tchécoslovaques au début du siècle 1991, Journée de noces chez les Cromagnons 1994, Willy Protagoras enfermé dans les toilettes 1998, Ce n’est pas la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés coécrit avec Estelle Clareton 2000 puis Littoral 1997 dont il réalise une adaptation en long-métrage 2005 et crée une nouvelle version scénique 2009, Rêves 2000, Incendies 2003 qu’il recrée en russe au Théâtre Et Cetera de Moscou, Forêts 2006, son solo Seuls 2008, Ciels 2009, Temps 2011 et Alphonse, Assoiffés pour jeunes publics), d’adaptations (telles Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline et Don Quichotte de Cervantes), de mises en scène d’autres univers (Al Malja 1991 et L’Exil de Naji Mouawad, Macbeth de Shakespeare 1992, Tu ne violeras pas de Edna Mazia 1995, Trainspotting de Irvine Welsh 1998, Œdipe Roi de Sophocle 1998, Disco Pigs de Enda Walsh 1999, Les Troyennes d’Euripide 1999, Lulu le chant souterrain de Frank Wedekind 2000, Reading Hebron de Jason Sherman 2000, Le Mouton et la baleine de Ahmed Ghazali 2001, Six personnages en quête d’auteur de Pirandello 2001, Manuscrit retrouvé à Saragosse opér a de Alexis Nouss 2001, Ma mère chien de Louise Bombardier 2005, Les trois Sœurs de Tchekhov 2002 ou les sept tragédies de Sophocle Des Femmes - Les Trachiniennes, Antigone, Electre - 2011 bientôt suivi Des Héros - Ajax, Oedipe Roi - 2014 et Des Mourants - Philoctète, Oedipe à Colone - 2015, de récits pour enfants (Pacamambo 2010) ou de romans (Visage retrouvé 2002, Anima 2012 grand prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres, le prix Phénix de la Littérature et le prix littéraire du deuxième roman de Laval), Wajdi Mouawad exprime la conviction que “l’artiste, tel un scarabée, se nourrit des excréments du monde, pour en faire jaillir la beauté.” Récompensé par de nombreux honneurs dont le Prix du Gouverneur général 2000 pour Littoral et le Prix de la Francophonie décerné par la Société des auteurs compositeurs dramatiques 2004 pour l’ensemble de son travail, il est nommé Chevalier de l’Ordre National des Arts et Lettres 2002 puis Artiste de la paix 2006 par l’organisation éponyme, il l’est trois ans plus tard par l'Ordre du Canada, tandis qu’il reçoit un Doctorat Honoris Causa de l'Ecole Normale Supérieure des Lettres et Sciences humaines de Lyon et que l'Académie française lui décerne le Grand Prix du théâtre. Ses pièces ont été traduites dans plus de quinze langues et présentées dans toutes les régions du monde, dans des pays tels la GrandeBretagne, Allemagne, Italie, Espagne, Japon, Mexique, Australie et les États-Unis. 4 Compagnies Depuis plusieurs années, chaque étape du travail de Wajdi Mouawad a marqué un rapprochement entre les pratiques théâtrales en France et au Québec : La création de Littoral en 1997 à Montréal offre l’opportunité à la jeune équipe qébécoise d’une tournée française jusqu’au festival d’Avignon. En 2003, Incendies est créé en France, avec une équipe québécoise et une coproduction entre théâtres français et québécois. Avec Forêts, en 2006, le processus se poursuit puisque la collaboration devient également artistique, réunissant interprètes, concepteurs, techniciens, équipes de production partagés entre la France et le Québec. Dès lors, tous les spectacles engagent conjointement les deux compagnies de création que Wajdi Mouawad a fondées en 2005, Au Carré de l’Hypoténuse en France et Abé Carré Cé Carré au Québec. Si la direction artistique est le boa et la direction administrative la branche, entre eux s’établit une relation intime de manière à ce que le boa puisse exécuter les formes les plus diverses que sa flexibilité lui permet grâce à la rigidité de la branche. Au Carré C’est pour explorer de nouvelles méthodes de travail et s’enrichir d’expériences de l’Hypoténuse différentes que Wajdi Mouawad a implanté une partie de son aventure artistique en France. Dans la perspective de la création du spectacle Forêts est donc née l’initiative de monter une structure française. L’histoire du spectacle se situant des deux côtés de l’océan, il semblait naturel que l’équipe artistique et administrative soient envisagées de la même manière. La compagnie emprunte son intitulé aux mathématiques de Pythagore, en référence au théorème homonyme : dans un triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Abé Carré Cé Carré Fondée par Wajdi Mouawad et Emmanuel Schwartz, la compagnie prend sa source dans les envies de ses deux directeurs artistiques en leur permettant une liberté quant à la création et la production des spectacles. Ces deux comédiens-auteursmetteurs en scène se sont rencontrés lors des Auditions Générales du Quat’Sous. Issus de deux générations, situés à des étapes différentes dans leur relation à la création, ils ont lié leurs efforts pour travailler ensemble et séparément, en créant leur outil. Aujourd’hui, Wajdi Mouawad en est le seul directeur. Cette compagnie est inspirée et guidée par le triangle rectangle de Pythagore, nommé selon le théorème A2 + B2 = C2. le triangle-rectangle 5 Oeuvres Les écrits de Wajdi Mouawad en français sont publiés aux éditions Leméac / Actes Sud. © Sophie Jodoin pièces Ciels Leméac / Actes Sud-Papier, août 2009 et Babel littérature, septembre 2012 Forêts Leméac / Actes Sud-Papiers, septembre 2006 - nouvelle édition juillet 2009 et Babel littérature, mars 2012 Temps Leméac / Actes Sud-Papiers, mars 2012 Les Mains d’Edwige au moment de la naissance Leméac, 1999 et Leméac / Actes Sud-Papiers, septembre 2011 Journée de noces chez les Cromagnons Leméac / Actes Sud-Papiers, avril 2011 Incendies Leméac / Actes Sud-Papiers, juillet 2003 - nouvelle édition, avril 2009 et Babel Littérature, août 2010 Littoral Leméac / Actes Sud-Papiers, juillet 1999 - nouvelle édition, avril 2009 et Babel Littérature, août 2010 Le sang des promesses, puzzle, racines et rhizomes Leméac / Actes Sud-Papier, juillet 2009 Seuls, chemin, texte et peintures Leméac / Actes Sud-Papier, novembre 2008 Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face Leméac / Actes Sud-Papier, mai 2008 Un obus dans le cœur Actes Sud Junior, octobre 2007 Pacamambo Leméac / Actes Sud-Papiers “Heyoka jeunesse”, 2000 - nouvelle édition février 2007 Assoiffés Leméac / Actes Sud-Papiers, janvier 2007 Willy Protagoras enfermé dans les toilettes Leméac / Actes Sud-Papiers, janvier 2005 Rêves Leméac / Actes Sud-Papiers, mars 2002 Alphonse Leméac, 1996 Le Songe Dramaturges Éditeurs, 1996 romans Anima Leméac / Actes Sud, septembre 2012 Visage retrouvé Leméac / Actes Sud, 2002 entretiens Architecture d'un marcheur entretiens avec Wajdi Mouawad de Jean-François Côté, Leméac, 2005 Je suis le méchant ! entretiens avec André Brassard, Leméac, 2004 Silence d’usine : paroles d’ouvriers entretiens avec d’anciens ouvriers de l’usine Philips à Aubusson, non publié, 2004 Les communistes entretiens avec des compagnons de route du parti communiste à Malakoff non publié, 2007 recueils collectifs La nature imaginaire Marc Rochette, ERPI, 2010 Speilplatz 23 Verlag der Autoren, 2010 Pure Gold, scenes from Canadian Plays since 1990 sous la direction de Brian Kennedy, Playwrights Canada Press, 2010 Les Tigres de Wajdi Mouawad Les Carnets du Grand T N° 14, Joca seria, 2009 Voices of Exile in Contemporary Canadian Francophone Literature F. Elizabeth Dahab, Lexington Books, 2009 La littérature francophone du machrek sous la direction de Katia Haddad, presse de l’Université Saint- Joseph, 2008 Pour une littérature monde sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud, Gallimard 2007 Canadian Theatre Ubu libri, 2006 Le dépit amoureux Anne-Marie Cloutier, Fides 2005 livre d’art Beyrouth textes Wajdi Mouawad, photographies Gabriele Basilico, éditions Take5, 2009 album musical Choeurs musique Bertrand Cantat, Bernard Falaise, Pascal Humbert, Alexander MacSween, textes Sophocle traduction Robert Davreu, adaptation Bertrand Cantat et Wajdi Mouawad - éditions Actes Sud Beaux-Arts, 2011 textes non publiés La Sentinelle 2009 Lettre d’amour d’un jeune garçon (qui dans d’autres circonstances aurait été poète, mais qui fut poseur de bombes) à sa mère morte depuis peu 2005 La mort est un cheval 2002 Couteau 1997 John 1997 Partie de cache-cache entre 2 Tchécoslovaques au début du siècle 1991 Déluge 1985 traductions et adaptations Un Tramway nommé désir de Tennessee Williams, mise en scène Krzysztof Warlikowski 2010 par Wajdi Mouawad Les Fleuves profonds de et par José Maria Arguedas 2002 Disco Pigs d’Enda Walsh, mise en scène de Wajdi Mouawad Don Quichotte de Miguel de Cervantes Saavedra, mise en scène de Dominic Champagne 1998 Trainspotting d’Irvine Welsh, adaptation de Harry Gibson, co-traduction de Wajdi Mouawad et Martin Bowman, mise en scène de Wajdi Mouawad 1998 traductions des textes Plusieurs de ses textes ont été traduits, pour être portés à la scène et ou publiés. de Wajdi Mouawad Incendies anglais Scorched, espagnol Incendios, japonais, allemand Verbrennungen, estonien Poletatud, hollandais Branden, hongrois, finnois, flamand, danois, suédois, norvégien, islandais, roumain Incendii, italien Incendi et prochainement en hébreu et en arabe Littoral anglais Tideline, espagnol Litoral, géorgien et tchèque Pobrezi, japonais Journée de noces chez les Cromagnons anglais Wedding Day at the Cro-Magnons’, espagnol Willy Protágoras encerrado en el baño, arabe et prochainement en hébreu Willy Protagoras enfermé dans les toilettes espagnol Pacamambo espagnol, finnois Alphonse anglais Alphonse, espagnol mexicain Alphonse Assoiffés italien, grec Rêves anglais Dreams Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face espagnol Ni el sol ni la muerte pueden mirarse de frente, allemand Les Mains d’Edwige au moment de la naissance russe Visage retrouvé catalan Fisonomia retrobada Forêts allemand Wälder Seuls polonais Couteau espagnol Cuchillo 6 SEULS Chemin L’envie d’écrire pour ne plus être compris. notes Que faire lorsque vous ne supportez plus quelque chose que l’on ne peut pas par Wajdi Mouawad, 2008 affirmer ne pas supporter ? La domestication d’une vie sage et sauvage. Tigres emprisonnés. Cela ne date pas d’hier : « Les chiens aboient contre ce qu’ils ne connaissent pas ». - Héraclite d’Éphèse, VIe siècle av. J.C. Un mot dans un programme. Avec la date de retombée . Encore et toujours. Année après année Bon. Voilà. Il faut trouver une solution maintenant ! Courage pour soi tout seul. Marcher dans une ville froide et penser : « si je tombais dans le coma, quel objet trouverais-je dans mon coma ? » Tout est trop propre. De plus en plus propre. Étincelant. L’ennui est étincelant. Le mot comprendre est devenu propre. Mort à la compréhension ! Guerre au crédible ! Guerre au crédible! Rager, enrager contre la mort de la lumière. Mot d’auteur pour un programme. Envie d’avaler soleil et couleur rouge Brûler comme un figuier Pour rendre au ciel ce qu’il fut donné en lumière Le reste le rendre à la terre. Donnant – Donnant ! Héraclite est mort dévoré par les chiens ! Qui peut encore en dire autant ? Qui oserait encore ? Haïr le « j’aime beaucoup ce que vous faites ». Chercher de toute ton espérance le suicide artistique. Le chercher Le trouver Mordre dedans Accrocher la corde au cou de la beauté Et la tirer dans sa propre gorge La défenestrer de l’intérieur ! Qui saura enfin sauter par la fenêtre en emportant la fenêtre dans sa propre chute ne laissant derrière soi que le vide profond de son être comme on laisse une marque dans le visage du soleil domestique ? 8 Présentation « Ce n’est pas le froid de l’hiver ni le manque de lumière. Ce n’est pas même l’ombre de la mort qui rôde, encore moins la conscience d’une catastrophe. Il n’y a, d’ailleurs, pas même une conscience. Il n’y a rien. Une forme léthargique d’indifférence. C’est imperceptible. Il suffit de peu. Une déviation d’un degré et les choses perdent leur saveur. Pourquoi se lever s’il faut bien se recoucher et pourquoi manger si c’est pour avoir encore faim et recommencer à manger et sans cesse chuter d’un geste vers un autre, éternel ressassement. Ce n’est rien. Un frémissement. Quelqu’un. * Cela pourrait être n’importe qui et c’est bien là la douleur. Et c’est comme pour tout le monde qui, se réveillant chaque matin et se regardant dans la glace, pense : « cela pourrait être n’importe qui ». Et la vie, comme une énigme, joyeuse ou malheureuse, la vie engluée dans un temps trop linéaire, comme une flèche. Cela pourrait être n’importe qui. Il pourrait s’appeler n’importe comment. C’est ce que, du moins, il pense, lorsqu’on lui demande son prénom : « comment vous appelez-vous ? » - Je m’appelle Harwan, mais ça n’a aucune importance et je pourrais bien m’appeler n’importe comment, comme n’importe qui. C’est comme ça. Ce n’est rien. Harwan, un étudiant montréalais d’une trentaine d’année, sur le point de soutenir sa thèse, se retrouve, suite à une série d’événements profondément banals, enfermé une nuit durant dans une des salles du Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg. La nuit sera longue. Elle durera plus de deux mille ans et l’entraînera, sans qu’il ne puisse s’en douter une seconde, au chevet de sa langue maternelle oubliée il y a longtemps sous les couches profondes de tout ce qu’il y a de multiple en lui. Je m’appelle Harwan.» Wajdi Mouawad Dans ce spectacle, Wajdi Mouawad poursuit son chemin en ayant l’intuition qu’il est temps pour lui de se poser la question de ce qui advient à la langue maternelle lorsque tout se met à fonctionner à travers une autre langue, une langue apprise, monstrueusement acquise. Comment faire lorsque pour redevenir celui que l’on a été, il faut redevenir quelqu’un d’autre. Cette étrange question étant intimement liée au corps, à la voix et à l’être, il ne pouvait être question d’un autre acteur qui pourrait témoigner pour l’auteur metteur en scène. L’auteur metteur en scène doit jouer à son tour, pour retrouver, dans le jeu, la ferveur des choses. On appelle cela un solo. 9 le texte * début de la présentation courte Pour Seuls, Wajdi Mouawad fait le pari de raconter la genèse polyphonique de son dernier spectacle. Comment surgit l’écriture, la mise en forme d’une sensation, la lente naissance du texte ? Wajdi Mouawad propose de parcourir ce “Chemin”, qu’il ponctue de quatre grandes étapes : Ressentir, Ecouter, Attendre, Regarder. Il matérialise le sentiment d’un livre à écrire, à l’aide de photos, de tableaux, de pages de carnets et d’anecdotes. Jusqu’à l’aboutissement textuel et scénique. chemin, texte et peintures Wajdi Mouawad, photographies Charlotte Farcet et Irène Afker parution novembre 2008, coédition Leméac / Actes Sud, prix 25 euros, 192 pages quadri Mentions texte, mise en scène et jeu Wajdi Mouawad dramaturgie, écriture de thèse Charlotte Farcet conseiller artistique François Ismert assistance à la mise en scène Irène Afker scénographie Emmanuel Clolus éclairage Eric Champoux costumes Isabelle Larivière réalisation sonore Michel Maurer musique originale Michael Jon Fink réalisation vidéo Dominique Daviet suivi artistique en tournée Alain Roy régie générale et plateau Jean Fortunato régie son Olivier Renet régie lumière Annabelle Courtaud régie vidéo Dominique Mank générique additif Les voix Layla Nayla Mouawad Professeur Rusenski Michel Maurer La libraire Isabelle Larivière Robert Lepage Robert Lepage Le Père Abdo Mouawad Le Médecin Eric Champoux L’infirmier Jean Fortunato Musiques additionnelles Al Gondol Mohamed Abd-Em-Wahab Habaytak Fayrouz Una furtiva lacrima de Donizetti par Caruso Texte additionnel Le Retour du fils prodigue, Luc 15-21 est tiré de la traduction de la Bible de Jérusalem Construction du décor François Corbal, Eric Terrien, Yann Malik, Sébastien Grangereau et Benjamin Leroy Sorrin des ateliers du Grand T à Nantes Au Carré de L’Hypoténuse Arnaud Antolinos Abé Carré Cé Carré Maryse Beauchesne adjointe au Québec Mariane Lamarre secrétariat général Marie Bey presse Dorothée Duplan durée 2h sans entracte remerciements Un remerciement tout particulier à Patrick Le Mauff, Robert Lepage, Nayla Mouawad, Abdo Mouawad, Marie-Eve Perron, Alain Roy. Remerciements à Lynda Beaulieu, Marie Gignac et le Carrefour International de Théâtre de Québec, Pr. Jean-Pierre Farcet, Dr. Hassan Hosseini neurologue, Georges Banu, Jean-François Dusigne, Marcel Martin, Rose Dibilio ; Aux équipes du Théâtre national de Toulouse, du Grand T à Nantes et de l’Espace Malraux scène nationale de Chambér y et de la Savoie pour le travail accompli au cours des répétitions production un spectacle de Au Carré de l’Hypoténuse-France, Abé Carré Cé Carré-Québec, compagnies de création en coproduction avec l’Espace Malraux scène nationale de Chambéry et de la Savoie, le Grand T théâtre de Loire-Atlantique, le Théâtre 71 scène nationale de Malakoff, la Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale, le Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, le Théâtre d’Aujourd’hui, Montréal. Wajdi Mouawad est artiste associé au Grand T. Au Carré de l'Hypoténuse est une association loi 1901, conventionnée par le Ministère de la Culture et de la communication DRAC Pays de la Loire, soutenue par la Ville de Nantes. Abé Carré Cé Carré bénéficie du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec. 10 Interview Comment est né en vous le désir d’écrire, de mettre en scène et d’être l’unique interprète de Seuls ? par Rita Freda pour le Théâtre Je ne sais pas trop. Ça ne naît pas, ça se rencontre. C’est là. Une histoire en face Forum Meyrin de vous qui vous dit « c’est moi ». Alors vous ne discutez pas, vous suivez, janvier 2008 vous accueillez. Ce n’est pas très compliqué et c’est comme un savon, un poisson qui vous échappe tout le temps. Sinon, (...) je crois qu’au-delà de bien des choses, liées à la langue maternelle et à l’histoire de ce personnage, j’avais envie et besoin de retrouver un état amoureux avec l’acte de jouer, avec le théâtre. En quoi le processus de création adopté pour ce solo ressemble-t-il ou diffère-t-il de celui d’une pièce écrite pour une troupe d’acteurs ? Essentiellement, c’est le fait de ne pas voir ce que je suis en train de construire. Seuls est un spectacle qui s’écrit de manière polyphonique, c’est-à-dire qui ne repose pas uniquement sur le rapport texte/acteur, car là, le texte ne suffit pas. Il y a d’autres formes d’écritures comme la projection vidéo, les voix-off et autres éléments qui, dans le spectacle, agissent comme des écritures alors que dans les autres spectacles, elles agissent comme des appuis au rapport texte-acteur. Or, de cette écriture polyphonique, je ne vois rien car je suis dedans, acteur. Je n’ai donc que des perceptions dont je me méfie car elles peuvent être trompeuses. Je sais combien les acteurs vivent parfois un décalage entre leur autoévaluation et les notes de jeu qu’ils reçoivent. C’est là que l’équipe avec laquelle je travaille prend une place capitale car, au-delà de leurs « corps de métiers » (scénographe, éclairagiste, assistant, costumière, dramaturge, etc.), ils sont, ensemble, un regard sur lequel je fais rebondir mes perceptions. Ils sont mes yeux. Dans vos œuvres, vous convoquez l’Histoire, le mythe et la légende, vous faites éclater l’espace et le temps. Comment s’est imposé à vous cet univers dans lequel le réel est traversé d’onirisme, le présent saisi à travers l’héritage revisité du passé et l’indécidable avenir ? C’est continuellement un désir ardent de vouloir colmater les déchirures, les peines et l’ennui profond que je ressens devant le monde dans lequel je vis. Ce monde m’ennuie et me violente et je n’ai pas d’autres moyens de lui résister qu’en créant des choses qui n’existent pas. C’est la seule voie qui me redonne un lien avec l’enchantement. Dans l’ensemble de votre œuvre, vous n’avez de cesse de développer une réflexion sur la quête identitaire. Pourquoi cette thématique vous habite-t-elle si intimement ? Comment, pour définir ce qui fonde selon vous aujourd’hui votre propre identité, retraceriez-vous les principales étapes de votre parcours ? 11 (...) Je dirais que je suis Grec par ma passion pour Hector, Achille, Cadmos et Antigone et juif par mon admiration pour Jésus et Kafka. Je suis bien sûr chrétien, surtout par Giotto et Shakespeare. Je suis musulman par ma langue maternelle. Tout le reste n’a pas vraiment d’importance et je n’ai pas du tout l’impression d’être obnubilé par la réflexion sur l’identité : ce ne sont en effet jamais des questions que je me pose au quotidien. Je dirais que je suis beaucoup plus habité par la peur et la crainte de perdre la passion et la pureté qui m’habitaient lorsque j’étais adolescent. Je me pose surtout la question de la manière de vivre encore sans elles et quel sens cela peut-il avoir d’exister sans être enflammé continuellement. N’importe comment, mais être enflammé . Biographies Charlotte Farcet > dramaturgie France Issue d'une formation littéraire - agrégée de Lettres, ancienne élève de l’École Normale Supérieure et théâtrale, elle a accompagné Jacques Nichet, Adrien Mondot et Claire Bardainne, Marie-Thérèse Fortin, Yannick Jaulin comme dramaturge. Depuis 2008, elle collabore aux créations de Wajdi Mouawad, Seuls, Ciels, Temps, Le Sang des promesses. Elle écrit, à la demande de Léméac/Actes Sud, les postfaces des ouvrages du Sang des Promesses, réédités chez Babel : Littoral, Incendies, Forêts et Ciels. Récemment, elle est interprète dans le spectacle Des femmes. Alain Roy > assistance à la mise en scène Québec A sa sortie de l’École Nationale de Théâtre du Canada en production en 1984, il exerce différentes facettes de son métier : éclairagiste, directeur de production et technique. C’est à ce titre et celui de régisseur qu’il travaille pendant dix ans au Théâtre de Quat’Sous à Montréal. C'est là que Claude Poissant lui confie sa première assistance à̀ la mise en scène et qu’il collabore ensuite à ce titre avec Denis Marleau, Denise Filiatrault, Denis Arcand, René Richard Cyr, Lorraine Pintal, Paul Buissonneau, Robert Lepage, Michel Tremblay entre autres... dans plus de quatre-vingt-dix productions théâtrales. Depuis 2001, il pratique son métier aux côtés de Wajdi Mouawad. Emmanuel Clolus > scénographie France Au théâtre et à l’opéra, il signe pour Stanislas Nordey une trentaine de scénographies, dont Incendies de Wajdi Mouawad. Au Festival d'Aix-en-Provence, il a réalisé les décors de la création mondiale Le Balcon de Peter Eötvös. Parallèlement, il a travaillé avec différents metteurs en scène dont Frédéric Fisbach, François de Carpentries, Arnaud Meunier et dernièrement Eric Lacascade. Depuis Forêts, il signe toutes les scénographies des spectacles de Wajdi Mouawad. Eric Champoux > lumières Québec Issu de l’Ecole nationale de Théâtre de Montréal cuvée 1997 où il rencontre Wajdi Mouawad, il crée pour lui les éclairages de Willy Protagoras enfermé dans les toilettes, Rêves, Les trois Sœurs deTchekhov, Incendies, Forêts, Seuls, Des femmes... Il travaille également avec Alice Ronfard pour L’imposture, Désordre publique et L’Avare de Molière,Yves Desgagnés pour Le Songe d’une nuit d’été et Les Joyeuses commères de Windsor de Shakespeare, Claude Poissant pour Le Traitement, Tristesse Animal Noir d'Anja Hilling... Il crée les lumières d’une récente production du Cirque du Soleil sous chapiteau OVO. Également artiste peintre ; dans son travail les médiums se rencontrent et se mélangent http://ewchampoux.e-monsite.com. Isabelle Larivière > costumes Québec Costumière et scénographe, elle a créé les costumes pour Denis Marleau du Complexe de Thénardier et collabore depuis plusieurs années au travail de Wajdi Mouawad en réalisant les costumes de Six personnages en quête d’auteur, Les Troyennes, Les trois Sœurs, Ma Mère chien, Seuls les quatre opus du Sang des promesses ainsi que ceux des Femmes. Par ailleurs, elle a signé la scénographie d’Incendies à sa création. Michel Maurer > réalisation sonore France Issu de l'école du TNS, il est cofondateur avec Hervé Pierre et François Chattot du Théâtre du Troc. En parallèle de tournées internationales comme régisseur son avec Jacques Rosner, Elisabeth Maccoco, Maguy Marin, Jean-Pierre Vincent, il conçoit dès 1981 les bandes-sons de nombreux spectacles de Robert Gironès, Gilberte Tsaï, Jean-Paul Farré, Bernard Murat, Jean-Louis Thamin, François Rancillac, mais aussi Pierre Meunier, Bernard Bloch, Dominique Pitoiset, Philippe Berling, Christian Schiaretti, Claire Lasne... Il enseigne à l'Ecole supérieure D'Art Dramatique duTNS et à l'Ensatt depuis quinze années. I a signé la réalisation sonore du Sang des promesses, Seuls et Des femmes de Wajdi Mouawad. Michael Jon Fink > composition musicale Etats-Unis Compositeur et improvisateur, il rayonne de la musique instrumentale traditionnelle à la musique électronique, dans la lignée de l'école minimaliste californienne (label Coldblue). Il a également composé les musiques sur des pièces de William Butler Yeats. Il est professeur de composition et de théorie musicale au California Institute of the Arts (CalArts). En tant qu'improvisateur, il joue surtout de la guitare électrique, en solo ou en petite formation. Pour Wajdi Mouawad, il a composé les musiques de Seuls et de Temps. www.michaeljonfink.com - www.coldbluemusic.com Dominique Daviet > réalisation vidéo France Il est régisseur plateau et vidéo permanent au Grand T à Nantes. C’est en y répétant 12 que Wajdi Mouawad, qui faisait ses premiers essais vidéo sur la création de Seuls, fait sa connaissance. Le Grand T le libère donc de ses fonctions, pour lui permettre d’en accompagner la création. Il a aussi signé celle de Ciels. Calendrier historique création 4 au 7 mars 2008 > Espace Malraux Chambéry 11 et 12 mars > La Comédie Clermont-Ferrand 15 mars > Théâtre d’Arles 7 au 11 avril > Le Grand T Nantes 30 avril au 2 mai > Théâtre Forum Meyrin 14 au 17 mai > Théâtre National de Toulouse 20 au 23 mai > Hexagone Meylan 19 au 25 juillet > Festival d’Avignon 9 septembre au 5 octobre > Théâtre d’Aujourd’hui Montréal 14 au 18 octobre > Centre National des Arts Ottawa 12 au 30 novembre > Théâtre 71 Malakoff 16 au 19 décembre > Théâtre National de Bordeaux 19 et 20 janvier 2009 > Théâtre Jean Lurçat Aubusson tournée 16 et 17 juin 2010 > Festival delle Colline Turin www.festivaldellecolline.it 5 au 7 janvier 2011 > Le Quartz Brest www.lequartz.com 11 au 13 janvier > Théâtre Royal de Namur www.theatredenamur.be 18 au 20 janvier > La Halle aux grains Blois www.halleauxgrains.com 24 janvier > ABC Dijon www.abcdijon.org 28 et 29 janvier > L’Espal Le Mans www.theatre-espal.net 2 au 4 février > Théâtre de Cavaillon www.theatredecavaillon.com 9 au 17 février > Célestins Lyon www.celestins-lyon.org 26 et 27 août > Théâtres Départementaux de la Réunion St Denis www.theatrunion.re 19 au 29 mars 2013 > Théâtre de Chaillot Paris http://theatre-chaillot.fr 30 et 31 mai > Beirut Spring Festival Beyrouth, Liban www.beirutspringfestival.org/ à venir Souhaitant à la fois creuser le sillon d’un mode de travail nouveau pour lui et prolonger sa recherche autour d’univers familiers, Seuls a fait naître le désir d’ouvrir aujourd’hui un nouveau chapitre de création : Domestique. Dans la lignée de Seuls, symbole du fils, Wajdi Mouawad concevra à partir de 2014 les autres maillons du cycle : Soeurs, Frères, eux-mêmes suivis de Père et Mère ; sous la forme de solos ou de duos. Contacts compagnie production Arnaud Antolinos (France) > 00 33 6 20 71 81 70 [email protected] Maryse Beauchesne (Québec) > 00 1 514 680 8952 [email protected] communication Marie Bey > 00 33 6 60 81 50 65 13 presse Dorothée Duplan > 00 33 6 86 97 34 36 [email protected] [email protected]