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COMMISSION DE LA SECURITE DES CONSOMMATEURS Paris, le 4 septembre 2002 AVIS RELATIF AUX "EXPLOSIONS" DE VITRES DE PORTES DE FOUR ET DE PRODUITS EN VERRE TREMPE LA COMMISSION DE LA SECURITE DES CONSOMMATEURS, VU le Code de la Consommation, notamment ses articles L.224-1, L.224-4, R.224 - 4 et R.224-7 à R.224-12 VU les requêtes n°99-046, 99-060, 99-071, 00-016, 00-088, 00-116, 00-173, 00-198, 01-079, 01-094 et 01-102 LES SAISINES La CSC a été saisie à de nombreuses reprises à propos d’« explosions » de vitres de portes de four qui, selon les informations fournies à la Commission par les consommateurs se sont brisées spontanément sans action particulière de ces derniers. Les appareils impliqués sont de marques multiples : ARTHUR MARTIN : 99-019B, 99-023, 99-025, 00-016 et 00-116, DE DIETRICH : 99-019C, FAURE : 00-088, FAR : 99-060 KENWOOD : 93-033, 94-026 et 95-095, ROSIERES : 98-075, SAUTER : 01-079, SEB : 99-017, SIEMENS : 99-022, SMEG : 99-071, VEDETTE : 01-102, Toutes ces saisines ont en commun la déclaration du requérant sur la « spontanéité » du phénomène et l'impression, surtout semble t-il due au bruit, d'une explosion. En revanche, aucune lésion corporelle n’a été signalée à la Commission. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 1. Par ailleurs, la C.S.C a été saisie à propos d’appareils ou de produits divers eux aussi en verre trempé : - plaques de cuisson à dessus en verre trempé et non en vitrocéramique comme indiqué parfois par erreur : 92-080, 99-046, 00-173 assiettes « ARCOROC » : 99-084 LE MATERIAU VERRE A - Les caractéristiques du matériau Le verre est un matériau qui possède beaucoup de qualités. Outre sa transparence (sauf les verres à relief), le verre est imperméable, non poreux, imputrescible et il peut être entretenu par lavage. Le verre est très dur, mais peut être rayé. Le verre est inattaquable et inaltérable (il ne craint que l'acide fluorhydrique). Mais le verre est dans le même temps fragile : il craint les chocs mécaniques et thermiques. En général, il est coupant sur les bords (avant polissage) et quand il se casse. Hormis le verre de qualité ordinaire employé pour les bouteilles de boisson et les vitres de fenêtres, des verres spéciaux ont été mis au point dont les qualités ont été améliorées afin d'assurer d'une part une meilleure solidité et une meilleure résistance aux sollicitations extérieures et, d'autre part, une sécurité d'utilisation accrue. Les types de verre les plus couramment utilisés dans le domaine de l’électrodomestique et de l’équipement de la maison sont le verre trempé, le verre borosilicité, le verre vitrocéramique. B - Un peu d'histoire (source Saint Gobain) Le verre a fait son apparition il y a près de 5000 ans en Mésopotamie, sous forme de perles et de bijoux, et les Egyptiens l'ont travaillé à des époques très anciennes (1500 av. J.C.). Sa production se diffuse ensuite dans le bassin méditerranéen. La première fenêtre connue provient de Pompeï. Les Romains utilisaient pour leurs vitrages un verre dont la composition était presque la même que celle du verre actuel. Le procédé de soufflage inventé au 1er siècle avant J.C. pour la fabrication des corps creux permet au verre de pénétrer dans l'habitat à partir du Moyen-Age. Certains fabricants (verriers) continuent à produire des verres à l'ancienne selon cette technique. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, le verre voit son usage s'étendre sur les marchés du bâtiment et de la décoration intérieure. Il devient une activité profitable. En 1688, la coulée du verre sur table, pour une production à grande échelle, est mise au point. D'abord mieux adaptée à la fabrication des miroirs, elle conduit progressivement à une production industrielle du verre plat. A partir des années 1920, les procédés de laminage ou d'étirage en continu font progresser la fabrication du verre de façon spectaculaire. Après plusieurs décennies d'usage, ils sont remplacés, dans les années 1960, par le procédé « float », utilisé aujourd'hui par tous les grands verriers. Celui-ci a aboli la distinction ancienne entre verre à vitres et glaces. Cette technique, généralisée dans les années soixante, consiste à faire flotter à la sortie du four le ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 2. ruban de verre en fusion sur un bain d'étain liquide. Ainsi fabriqué, le verre n'a plus besoin de polissage ou de doucissage. Il peut être directement découpé. C - Les différents types de verre que le consommateur côtoie Les constituants de base principaux du verre sont des oxydes (Alumine/Magnésie), de la chaux, de la soude et de la silice. Le verre peut subir des transformations qui lui donnent des fonctions thermiques, esthétiques, acoustiques, mécaniques, électriques... Différents types de transformation sont pratiqués : - la modification des compositions pour la production de verres colorés, de verres spéciaux et des vitrocéramiques l’association avec d'autres matériaux qui rend possible la création de produits composites : les verres feuilletés (sécurité), les verres-résines (isolation acoustique), les verres-gel (anti-feu) et les verres- verres (décoration), la transformation des surfaces par des traitements comme le polissage ou le sablage pour la réalisation de verres utilisés dans l'aménagement intérieur et la décoration, le dépôt de couches minces pour la fabrication de miroirs, du verre émaillé, de verres de contrôle solaire ou de verres permettant des économies d'énergie, le renforcement mécanique par la trempe thermique ou chimique pour la fabrication de verres trempés de sécurité. La technique de la trempe - dite Securit - a été découverte en 1929. Les recherches avaient été engagées à la demande de l'industrie automobile. Ce procédé qui consiste en un refroidissement très rapide du verre par soufflage - en quelques secondes le verre passe de 600° à 300° - augmente la résistance du verre. Il est utilisé pour la fabrication de vitrages automobiles, de vitrages pour le bâtiment et de spécialités. Le verre trempé résiste à des chocs même violents. Lorsqu’il se fracture il se divise en une multitude de morceaux non coupants ressemblant à des billes. C'est ce type de verre qui est concerné par les incidents qui ont été portés à la connaissance de la Commission. En 1909, un chimiste français, Edouard Benedictus, invente le verre feuilleté auquel il donne le nom de Triplex. Ce procédé qui consiste à relier deux feuilles de verre par une feuille de plastique fait du verre un produit de sécurité. Lors d'un choc, si le verre se brise, la feuille de plastique retient les morceaux de verre. Le procédé est utilisé pour la fabrication des parebrise automobile et dans le bâtiment. Du fait de la présence de plastique dans sa constitution, ce verre, par ailleurs plus onéreux de fabrication, n'est pas indiqué pour les températures élevées. PREPARATION ET MONTAGE DES PANNEAUX DE FAÇADE EN VERRE TREMPE POUR PORTES DE FOURS (CUISINIERES ET FOURS ENCASTRABLES) A – La livraison des panneaux en verre trempé Les panneaux en verre trempé sont livrés par les verriers sur le site de fabrication des appareils, prêts à être montés, c’est-à-dire usinés, décorés, le cas échéant percés et sérigraphiés. Pour le transport, les panneaux, posés verticalement et séparés par des feuilles ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 3. de mousse protectrices, sont emballés dans des caisses. Un contrôle du produit est effectué par le verrier. Le numéro du lot est mentionné sur le bon de livraison. B – Les techniques de montage et de fixation des panneaux de façade Le panneau en verre trempé de la façade remplit, entre autres fonctions, celle d’élément décoratif. Les techniques de montage et de fixation du panneau de façade sur la porte sont fonction du « design » de l’appareil. Portes « plein verre » Le plus souvent, le panneau en verre trempé constitue toute la façade. Le verre est apparent sur toute sa surface ou, le cas échéant, recouvert d’une feuille de finition métallique définissant le style de l’appareil et donnant l’impression d’un hublot. Dans ces cas, des pièces métalliques collées sur le verre (sur une surface de quelques cm2) en général en partie basse de la porte assurent de façon mécanique la liaison avec la contre-porte sur laquelle sont montés notamment les autres panneaux de verre. La liaison en partie haute peut être assurée comme précédemment par collage sur une ou plusieurs pièces métalliques, par insertion dans une gorge ou dans des glissières, etc. Le collage présente l'avantage d'autoriser la déformation (réversible) du verre, sous l'effet de la dilatation ou de chocs éventuels. Le collage est réalisé à côté des chaînes de montage des appareils, manuellement et à l'aide de gabarits. Les panneaux sont manipulés à la main avec des gants ou par des robots équipés de ventouses. Ils sont ensuite, pour leur transport jusqu'au lieu de montage, placés séparément sur des chariots équipés de racks ou de plateaux horizontaux, pour éviter chocs et rayures. L’opération de collage est parfois robotisée. Des modes de fixation du verre sans collage (insertion dans des glissières, baguettes ou gorges de la contre-porte) peuvent également être utilisés. Hublot Le panneau de verre extérieur peut également être un véritable hublot, dont les dimensions sont inférieures à celles de la façade. Dans ces cas, le verre est toujours maintenu sans aucune contrainte, dans des glissières par exemple. Montage des poignées Les techniques de montage des poignées sont-elles aussi fonction du design du produit. La poignée n'est pas nécessairement montée sur le panneau de verre. Elle peut être intégrée ou fixée sur une pièce métallique. Quand la poignée est montée sur le panneau, sa fixation est mécanique. Elle est en général assurée par des vis traversant le panneau percé par le verrier. Les points de contact sont séparés du verre, par exemple par des rondelles souples. Les couples de serrage sont préréglés pour éviter de soumettre le panneau à des contraintes inutiles. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 4. C - Manipulation et emballage des appareils Les produits finis, (fours et cuisinières) sont placés entre un socle en polystyrène. Des montants, coins, entretoises sont placés sur les arêtes et sur les côtés ainsi qu'un "top". Le tout est ensuite emballé dans un film protecteur thermorétractable. Les appareils sont ensuite manipulés par des robots équipés de pinces en vue de leur stockage et de leur expédition. La plupart des emballages portent des consignes relatives à la manipulation. Selon le cas, des autocollants apposés sur les appareils eux-mêmes portent des avertissements rappelant les consignes à respecter lors de la manipulation au moment du déballage et de l'installation. D - Contrôles qualités sur produits finis Les produits finis (emballés ou non) sont soumis à plusieurs types de contrôles qualité. Un pourcentage non négligeable d'appareils est soumis à des essais de fonctionnement complets, voire d'endurance, en vue de détecter d'éventuels défauts ou dérives de fabrication. Des défauts affectant les panneaux de façade peuvent être révélés lors de ces opérations de contrôle. Les emballages font eux-mêmes l’objet de spécifications particulières vérifiées par des tests. LES NORMES EN VIGUEUR A – Les normes applicables aux appareils Les normes de sécurité d’appareils (électriques et à gaz) prévoient des essais destinés à s’assurer de la qualité des portes en verre, notamment de la résistance du matériau et de la qualité du montage. y La norme européenne transcrite en droit français, NF EN 60 335-2-6 « Sécurité des appareils électrodomestiques et analogues – Partie 2-6 : Règles particulières pour les cuisinières, les tables de cuisson, les fours et appareils fixes analogue » visant les fours électriques a fait l’objet d’un amendement publié en 1996 (A53) renforçant les exigences applicables aux portes en verre. Cet amendement est exigible pour toutes les fabrications depuis juillet 2000. y La norme NF EN 30.1.1 « Appareils de cuisson domestique utilisant les combustibles gazeux – Partie 1 : Sécurité » contient des spécifications relatives à ce composant. L’amendement A2 prochainement soumis au vote formel renforce les exigences. L’Association Française de Normalisation (AFNOR) par l’intermédiaire de l’Union Technique de l’Electricité (UTE) et du Bureau de Normalisation du Gaz (BNG), (UTE 61.2 et BNG 049) consultée par les pouvoirs publics en 1999 a conclu que les spécifications normatives actuelles permettent de répondre aux exigences de sécurité des réglementations applicables (Directive Basse Tension et Directive Appareils à Gaz). B – Les normes applicables au verre Le verre trempé destiné à la fabrication des portes de fours répond à minima aux exigences de la norme britannique BS 3193. Les exigences fixées par ce texte sont plus sévères que celles des normes de verre trempé utilisées dans le bâtiment NF P 78304 (juin 1980) "Verre trempé ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 5. pour vitrage de bâtiment" et NF B 32500 (juin 1980) "Verre de sécurité pour vitrage. Généralités. Terminologie. » Des travaux de normalisation européens sont en cours au sein du Comité Européen de Normalisation 129 (CEN/TC). Ils visent le verre trempé utilisé dans le bâtiment. Une première norme NF EN 12150-1 "Verre de silicate sodo-calcique de sécurité trempé thermiquement – Partie 1 Définition et description" de décembre 2000 a, selon nos informations, remplacé la NF P 78304 précitée. Nous n’avons pas connaissance d'autres travaux européens ou internationaux sur le verre trempé destiné à équiper les fours domestiques. Des travaux de normalisation seraient en cours pour le verre utilisé dans l'ameublement. Il semblerait que parmi les spécifications normatives permettant d'apprécier la solidité du verre trempé, les tests de fragmentation soient privilégiés. La solidité du matériau est corrélée au nombre de morceaux obtenus lors des tests de fragmentation normalisés. ELEMENTS CHIFFRES ET ESTIMATION DU RISQUE A - Le parc installé Le parc de fours et de cuisinières installés avoisine les 20 millions d’appareils. Les bris des glaces sont faciles à repérer par les statistiques des services après-vente (SAV). Ils sont de quelques dizaines par an pour l’ensemble du parc en service. Aucun accident n’a été porté à la connaissance des industriels selon les informations données par ceux-ci à la CSC. De son côté la CSC n’a pu recueillir de données nationales ou étrangères concernant l’accidentologie. B - Le résultat des investigations techniques La « trempe » crée sur le panneau de verre des contraintes augmentant la cohésion du matériau, donc sa résistance au choc. Ce traitement présente en outre l’avantage de rendre les morceaux de verre non coupants en cas de casse. L'incidence de l'épaisseur par rapport à la résistance aux chocs est probable mais mal connue. Les panneaux de verre trempé pour fours domestiques présentent, selon le premier fournisseur du marché européen (SCHOTT VTF) des spécifications supérieures à celles figurant dans la norme BS 3193 (60 fragments dans 25cm²), donc une solidité encore plus grande. Les contraintes internes du verre trempé sont parallèles au plan du vitrage. Pour cette raison, il n'y a donc pas en théorie de risques de projections lors de la casse. Ce point a été effectivement vérifié par les essais enregistrés au caméscope. Les fabricants de verre écartent, pour leur part, l'éventualité d'une « détrempe » pendant le fonctionnement du four. Selon eux, celle-ci ne s'amorce qu'après 10 000 cycles de fonctionnement à près de 300°C. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 6. Les essais d'endurance effectués sur les fours neufs ne provoquent en général pas de casse. Quand occasionnellement il en survient une, elle se produit lors de la première chauffe. Par ailleurs, les panneaux sont plus vulnérables aux chocs sur la tranche quel que soit son profil et les bris se produisent généralement avec un effet retard. Au terme de ces investigations conduites par la CSC, il ressort que les bris de verre trempé résultent vraisemblablement de la conjonction de plusieurs facteurs. Parmi eux, on peut citer : - les chocs ou la contrainte anormale (utilisation de la poignée du four lors de l'installation de l'appareil, montage imparfait), le différentiel de température, la déformation de la surface du verre. Cependant ¾ L'identification de causes quantifiées est jugée quasiment impossible par les verriers. ¾ La mise au point d'un essai représentatif du relâchement différé des tensions semble très difficile. ESSAIS DE BRIS DE GLACE DE PORTES DE FOURS Quatre types d’essais ont été réalisés, mentionnés ci-après à A à D. 1 - Deux séries d'essais ont été conduites et filmées par la société A Dans les deux cas le panneau de verre constituant la façade de la porte est collé. ¾ 1er essai : Casse en fonctionnement (pyrolyse) Six fours dont les façades en verre trempé ont été limées au milieu du bord supérieur ont été soumis simultanément à des cycles de pyrolyse. (Ils sont montés en batterie). Les prises de vues sont multiples (face, côtés, ...)∗. Après plusieurs cycles de pyrolyse, il a été constaté que la façade en verre trempé d'un des appareils se brise : - le verre devient opaque, les morceaux situés sur le côté se détachent les premiers, puis l'ensemble du verre trempé s'écroule à l'aplomb du four, des débris de verre peuvent rouler jusqu'à 2 mètres ou plus de leur point de chute. ¾ 2ème essai : Casse à froid La façade en verre trempé d'un four est, dans ce cas, soumise à une contrainte sévère exercée progressivement sur le côté de la porte (serrage progressif d'une vis pointeau). ∗ le film de ces essais sera présenté à la Commission ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 7. Comme dans le premier essai : - le verre devient opaque, les morceaux situés sur le côté se détachent les premiers, puis l'ensemble du verre trempé s'écroule à l'aplomb du four, des débris de verre peuvent rouler jusqu'à 2 mètres ou plus de leur point de chute. Premières conclusions Ces deux essais confirment que le relâchement des contraintes du verre trempé se fait dans un plan parallèle à la façade sans projection vigoureuse des morceaux, notamment à l'avant de l'appareil. La dispersion des débris de verre ne résulte pas d'un effet d'explosion tel que décrit par les utilisateurs confrontés au phénomène, mais de l'éparpillement des morceaux au moment où ils touchent le sol. Les personnes ayant assisté à ces essais confirment que le bruit est important au moment de la casse et sans commune mesure avec les phénomènes visuels observés. 2 - Un essai a été réalisé pendant la pyrolyse et filmé par un fabricant de fours (B) L'essai de casse est réalisé pendant l'opération de pyrolyse à l'aide d'une vis pointeau (0,5Nm) placée sur la partie latérale du panneau extérieur de la porte de four. Au moment où le verre se casse, des morceaux situés sur les parties latérales partent sur le côté, parallèlement au plan de la porte. La plus grande partie des morceaux de verre est située devant le meuble d'encastrement à une distance de moins de 50 cm. Quelques morceaux roulent plus loin mais ils ne s'éloignent pas de plus d'un mètre. Les parties sérigraphiées semblent former des morceaux plus gros. Une mesure de bruit effectuée avec un sonomètre placé à une dizaine de centimètres de la porte du four a permis d'enregistrer une puissance de 116 dB. A titre indicatif 110 dB correspond au bruit d'un avion – à quelques mètres – 120 dB à celui du tonnerre (QUID 1987). 3 - Deux séries d'essais ont été réalisées par un fabricant (C) de fours sur les panneaux internes et externes de portes de fours Deux types d'essais de choc sont réalisés sur les parois en verre de fours pour en démontrer la résistance : verre trempé pour la façade, verre borosilicaté pour la face interne de la porte. Essais face externe (verre trempé) (Essais 1 à 3) La porte de l'appareil est fermée. Un pendule constitué d'une bille d'un kilogramme (diamètre 63,6mm) est lâché d'une hauteur de 50 cm, soit une force de frappe de 5Nm, puis d'une hauteur d'1 mètre. Le deuxième essai est répété avec un four de même type dont la façade en verre est laquée. Les glaces ne se cassent pas. Ces essais confirment la résistance au choc des panneaux. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 8. Essais face interne (verre borosilicaté) (Essais 4 à 9) La porte du four est ouverte et placée en position horizontale. Un essai d'impact est réalisé sur la porte intérieure d'un four à micro-ondes à pyrolyse, selon une méthode normalisée, avec un marteau élastique (à ressorts) exerçant une force de frappe de 1 Nm. La norme demande que la vitre résiste à un impact de 0,5 Nm. La glace ne casse pas. Cinq autres essais réalisés avec trois fours de types différents, montrent la chute d'une bille en acier lâchée d'une hauteur de 20 cm, 30 cm, 60 cm puis 1 mètre, ce qui correspond à des impacts de 2 Nm, 3 Nm, 6 Nm et 10 Nm. La glace en verre borosilicaté ne se casse que lors du dernier essai (10 Nm). 4 - Deux essais ont été réalisés et filmés par un fabricant de panneaux de verre (D) Deux essais de casse ont porté sur des panneaux libres de porte de four en verre trempé (non montés sur la porte). Les panneaux sont suspendus verticalement par 2 cordons à quelques dizaines de centimètres du sol. Le verre est volontairement cassé sur sa partie latérale supérieure à l'aide d'un serre joint. Les essais sont similaires. Ils ont été filmés sous des angles de vue différents. Les morceaux situés dans les coins partent les premiers. Des débris s'échappent ensuite latéralement, parallèlement au plan du verre. Les autres morceaux tombent à l'aplomb du panneau, puis s'éparpillent sur le sol. A la fin de l'essai, les morceaux cassés qui n'ont pas roulé forment au sol une ligne pratiquement située à l'aplomb de l'emplacement initial du panneau parallèlement au plan du verre. Les débris de verre ne sont pas coupants. Ils forment de petits morceaux s’éparpillant facilement sur le sol. 5 - Conclusions des essais Le comportement du verre lors de la casse est sensiblement le même, que la glace soit libre ou montée sur une porte. Le comportement est également indépendant du principe de montage. Les portes des fours correspondant aux essais A et B sont montées selon deux principes différents. Une 'baguette horizontale" en haut et en bas venant enchâsser le verre trempé pour le premier, 4 pattes de fixation (de 1 x 4 cm environ) sont collées sur la face interne pour le second. Cette différence de montage n'a pas induit de comportement différent lors de la casse du verre trempé. La solidité du verre trempé s'exprime par une valeur de la tension superficielle. Plus la solidité est grande, plus la valeur de la tension superficielle est élevée, plus les fragments sont nombreux. Il est important de noter que le verre trempé ne devient pas coupant en se cassant. Le niveau de bruit enregistré 116 dBA est effectivement très élevé, entre celui d’un avion (si on est placé à quelques mètres) et celui du tonnerre. La fréquence a également une incidence sur la perception subjective du bruit. Elle n'est pas connue ici. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 9. Conclusion générale Deux hypothèses relatives à la conception de fours sont susceptibles de limiter le nombre de casses ou d’en limiter les effets ont été formulés : - protection du verre par un film plastique résistant à la chaleur afin d’éviter la dispersion, suppression des tranches apparentes. La première solution n’est actuellement pas appliquée. Sa mise en place appellerait des actions de recherche et développement et mise au point de tenue dans le temps. Son impact sur les coûts, difficile à évaluer précisément serait dès lors très important, alors que rien ne le justifie objectivement. La seconde solution ne correspond qu’à une partie de la demande de la clientèle en matière d’esthétique. Le bris d’un panneau en verre trempé est en fait sans danger avéré (pas de débris coupants, pas de projection de ces débris). En tout état de cause, il est beaucoup moins dommageable que celui des vitres ordinaires et autres objets courants en verre lorsqu’ils se cassent. Les fabricants d’appareils de cuisson et les fournisseurs de verre trempé ont déclaré n’en demeurer pas moins très vigilants sur la qualité et la sécurité de leurs productions et ils entendent poursuivre leurs recherches pour limiter, autant que faire se peut, les phénomènes dont la CSC a été saisie. EMET L’AVIS SUIVANT : Considérant que les portes de fours domestiques - cuisinières et fours encastrés - sont équipées de plusieurs panneaux de verre de qualité adaptée à leur destination, le panneau se trouvant à l’extérieur étant en verre trempé tandis que celui qui est situé à l'intérieur directement au contact de la chaleur est pour sa part en verre borosilicaté, Considérant que le bris émis par le verre trempé résulte d’un relâchement des tensions mécaniques internes précisément créées par la trempe, opération qui a pour objet de donner au matériau la solidité requise, Considérant que l'origine de la casse est soit mécanique (choc, rayure ou autre contrainte inattendue) soit thermique et que les effets apparaissent généralement ultérieurement, Considérant que la chaleur favorise pour sa part l’apparition du phénomène ce qui justifie une plus grande fréquence des bris de glace pendant le fonctionnement du four et souvent pendant une opération de pyrolyse et qu’il est dès lors quasiment impossible d’identifier l’origine (fabricant du verre, constructeur, revendeur, transporteur, livreur ou particulier) de ce défaut, Considérant que les débris de verre ne sont en revanche pas coupants dans la mesure où ils forment de petits morceaux aux bords arrondis s’éparpillant facilement sur le sol, ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 10. Considérant en résumé que les dites explosions de verres de portes de fours (ou autres objets) en verre trempé présentées comme des « explosions » par les requérants ne relèvent pas de cette terminologie et sont en fait constituées par : - un fort bruit assimilable à celui d'une explosion mais sans onde de choc, son danger potentiel étant celui de l’atteinte du système auditif, sans qu’aucun accident de ce type n’ait été mentionné, le bris du matériau en multitude de petits morceaux non coupants donc non dangereux, la chute (éventuelle) des dits morceaux qui se fait sur les côtés et leur éparpillement au contact d'un obstacle tel que le sol. Considérant qu’il n'y a par contre pas de projection vive de morceaux de verre, ceux-ci partant sur le côté et qu’il ne devrait donc pas y avoir de possibilité que des accidents corporels résultent de ce phénomène – aucun n'ayant d’ailleurs été porté à la connaissance de la Commission. Considérant enfin que l’engouement pour les portes de four à grand vitrage est relativement récent et que si ce type de porte constitue un progrès esthétique, il n'est absolument pas une nécessité, les fours avec hublot semblant d’ailleurs constituer une nouvelle tendance et d’autres pays tout aussi développés ayant fait le choix du hublot, DECIDE : - Toutes les données recueillies par la Commission permettent de penser que le risque de lésion physique pour les personnes lié aux morceaux de verre constatés lors du bris des portes vitrées de fours est extrêmement faible. En conséquence, la Commission ne peut émettre de recommandations particulières concernant les caractéristiques techniques des matériels actuellement commercialisés. Elle ne peut sur ce terrain qu’engager les professionnels à développer les gammes d’appareils dotés de parties vitrées moins importantes de façon à réduire les risques de rupture. Elle propose par ailleurs d'éditer une fiche pratique de nature pédagogique sur le sujet afin d'informer le consommateur sur des aspects techniques mal connus tels que la « mémoire du verre » notamment, fiche qui serait remise lors de tout achat, et disponible sur les sites internet des distributeurs et de la CSC. - La Commission constate en revanche que le bruit émis lors du bris des portes vitrées pourrait en revanche porter potentiellement préjudice au système auditif mais il n’y a eu aucun signalement de consommateur sur ce sujet. ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 11. Cependant, dès lors que l’impact du bruit a été relevé par une seule mesure, ce qui est notoirement insuffisant pour fonder une appréciation objective, la C.S.C estime que cet aspect du sujet mérite des études techniques complémentaires qu’il revient aux professionnels d’engager afin de déterminer d’une part le niveau sonore réel et les incidences éventuelles sur les usagers dans des circonstances habituelles d’utilisation et d’autre part les palliatifs éventuels à mettre en œuvre. ADOPTE AU COURS DE LA SEANCE DU 4 SEPTEMBRE 2002 SUR LE RAPPORT DE CHRISTIANE MAHE ET BERTRAND RAUX assistés de Jean-Michel MAIGNAUD, Conseiller Technique de la Commission, conformément à l’article R.224-4 du Code de la Consommation ____________________________________________________________________________________________________________ C.S.C. – Cité Martignac – 111, rue de Grenelle - 75353 PARIS 07 SP Secrétariat - Tél. : 01.43.19.56.54 – Fax. : 01.43.19.56.66 Documentation – Tél. : 01.43.19.56.60 – Fax. : 01.43.19.57.00 Internet : http://www.securiteconso.org ou http://www.cscnet.org 12.