LES HYDROCARBURES
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LES HYDROCARBURES
LES HYDROCARBURES 1. GENERALITES SUR LA CHIMIE ORGANIQUE 1.1. Historique : —> 1690 : pour la première fois , on fait la distinction entre : la chimie minérale : chimie de la matière inerte la chimie organique : chimie des organismes vivants —> jusqu’au XIX ème siècle, aucune synthèse de corps organique n’a pu être réalisée en laboratoire (“in vitro”), en dehors d’un organisme vivant. —> 1828 : WOEHLER (savant allemand) réalise la première synthèse organique : celle de l’urée NH2 — CO — NH2 . 1.2. Caractères communs aux composés organiques : —> Ils contiennent tous l’élément C (formation de chaînes carbonées plus ou moins longues). —> ils contiennent un nombre restreint d’éléments : C , H , O , N , halogènes , ... —> Ils sont très nombreux : la chimie minérale compte environ 40 000 composés, mais la chimie organique en compte plusieurs millions. On peut cependant les regrouper et les classer par familles, d’après leur groupement fonctionnel : R - OH : famille des alcools R - COOH : famille des acides .... Cx Hy : famille des hydrocarbures —> Ils forment souvent des macromolécules (par de longues chaînes carbonées). Les polymères ont des masses molaires M = qques dizaines de kg/mol . —> ils ont , en général, une faible stabilité thermique : θ < 400°C . —> les réactions sont souvent lentes (cf. étude de la cinétique chimique) et réversibles : A ++ B B C + CD + D A elles conduisent à un équilibre chimique et la réaction n’est pas totale . 1.3. Règles de nomenclature : Elles permettent, à partir du nom du corps, d’écrire facilement et rapidement la formule chimique du composé. 2. LES ALCANES : ce sont des hydrocarbures saturés 2.1. Le méthane : CH4 La structure de la molécule est tétraédrique : l’atome de C occupe le centre d’un tétraèdre (pyramide à base triangulaire équilatérale) et les 4 atomes H occupent chacun un des sommets : HCH = 109° 28’ H C H H H 2 CONVENTION de représentation : liaison dans le plan liaison en avant liaison en arrière H C H H H 2.2. Chaînes “ linéaires “ : * Formule brute pour les alcanes : * Formule développée : Ethane : H H H C C H H Cn H2n+2 Propane : H H H H H C C C H H H H Rq : c’est une formule qui fait apparaître clairement le nombre et le type de liaisons entre les atomes . Mais il ne faut pas oublier que chaque atome de C a une structure tétraédrique : HCC = CCC = HCH = 109° 28’ ===> tous les angles valentiels : * Formule semi-développée : c’est celle qui est la plus souvent utilisée NOM Formule BRUTE Formule SEMI-DEVELOPPEE Méthane Ethane Propane Butane Pentane Hexane Heptane CH4 C2H6 C3H8 C4H10 C5H12 C6H14 C7H16 CH4 CH3 — CH3 CH3 — CH2 — CH3 CH3 — CH2 — CH2 — CH3 CH3 — CH2 — CH2— CH2 — CH3 ... ... Octane C8H18 CH3 — (CH2)6— CH3 3 NOMENCLATURE : Règle 1 : le nom des alcanes est formé à partir d’un : - préfixe qui indique le nombre d’atomes de carbone - suffixe : —- ane Les 4 premiers corps ont gardés leur nom usuel : méthane, éthane, propane, butane . les autres : pentane (5), hexane (6), heptane (7), octane (8), nonane (9), décane (10), ... 2.3. Chaînes “ramifiées” : —-> ISOMERES : deux isomères sont deux corps différents : ils ont la même formule brute, mais une formule développée différente . Cela veut dire que la structure spatiale est différente, l’arrangement des atomes dans l’espace n’est pas le même . 3 1 —-> C4H10 : 2 CH3 CH CH3 CH2 CH2 CH3 CH3 butane CH3 2-méthylpropane —-> C5H12 : 1 2 3 4 4 CH3 CH2 CH2 CH2 CH3 pentane 1 CH3 2 CH CH3 3 CH2 4 CH3 2-méthylbutane CH3 1 CH3 3 2 C CH3 CH3 2,2-diméthylpropane NOMENCLATURE : Règle 2 : le nom des groupements (ou radicaux) qui sont fixés sur la chaîne carbonée est formé à partir d’un : - préfixe : le même que l’alcane correspondant - suffixe : —- yle Méthyle — CH3 : — CH2 — CH3 : éthyle — CH2— CH2 — CH3 : propyle 4 NOMENCLATURE : Règle 3 : nom d ‘un alcane ramifié : * déterminer et numéroter la chaîne la plus longue : elle donne le nom de l’alcane. * nommer, devant le nom de l’alcane, le ou les radicaux latéraux en indiquant le numéro du carbone d’attache. * la numérotation doit se faire dans un sens tel que la somme arithmétique de tous les numéros soit la plus petite possible. Exemples : 1 CH3 2 CH2 3 4 5 CH2 CH CH 6 CH3 CH3 CH3 1 CH3 CH3 CH2 C 2 5 CH CH3 3 CH3 CH3 2,3 - diméthylhexane 4 2,2,4 - triméthylpentane 2.4 Cycloalcanes : * Formule brute pour les cycloalcanes : Cn H2n NOMENCLATURE : Règle 4 : nom d ‘un cycloalcane : ce sont les mêmes règles que pour les alcanes “linéaires” et “ramifiés” : le nom est simplement précédé du préfixe CYCLO—. CH2 CH2 CH2 CH2 Cyclopropane : très instable (très forte tension sur les liaisons C—C CH2 CH2 CH2 CH2 Cyclobutane : instable CH2 CH2 CH2 CH2 Cyclopentane : moyennement stable Cyclohexane : très stable ; tous les angles valentiels (109°28’) sont respectés : la molécule peut se présenter sous deux formes limites : CHAISE et BATEAU. 5 FORME CHAISE FORME BATEAU CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 * Exemple de cycloalcane ramifié : CH3 CH2 CH 3 4 5 CH2 2 1 CH 1,1,2 - triméthyl - 3 - éthylcyclopentane CH3 C CH3 CH3 3. LES ALCENES : ce sont des hydrocarbures insaturés * formule brute : C2H4 3.1. L ‘éthène ( ancien nom : éthylène ) H C H * la structure de la molécule est plane * tous les angles valentiels ont la même valeur : H C HCC = CCC = HCH = 120 ° H * la distance C = C : d = 0,133 nm 3.2. Autres composés : * Hydrocarbures insaturés avec une seule double liaison Cn H2n * Hydrocarbures insaturés avec deux double liaisons : Cn H2n-2 6 NOMENCLATURE : Règle 5 : nom d ‘un alcène : * on applique les mêmes règles que pour les alcanes * c’est simplement le suffixe qui change : —- ène pour les composés avec une seule double-liaison et —- diène pour les composés avec deux double-liaisons. * on précise par un numéro, placé devant le suffixe, la position de la double-liaison. 1 Exemples : CH3 CH CH CH CH3 4 CH C CH2 4 CH CH2 but - 2 - ène 5 CH3 CH3 1 CH3 CH3 3 2 CH2 4 3 3 - méthylpent - 2 - ène 1 3 2 1 CH3 2 2 C 3 CH 4 5 5 CH CH2 CH3 CH3 2, 2, 3 - triméthylpent - 4 - ène butadi - 1, 3 - ène 4. LES ALCYNES : ce sont des hydrocarbures fortement insaturés 4.1. L’éthyne ( ancien nom : acétylène ) C2H2 H C C H * la molécule est linéaire * la distance C Cvaut : d = 0,110 nm 4.2. Autres composés : hydrocarbures avec une seule triple liaison : CnH2n - 2 NOMENCLATURE : Règle 6 : nom d ‘une alcyne : * on applique les mêmes règles que pour les alcènes * c’est simplement le suffixe qui change : —- Yne * on précise par un numéro, placé devant le suffixe, la position de la triple-liaison. 7 Exemples : 2, 5 - diméthylhept - 3 - yne CH3 1 3 2 CH3 CH C 4 5 C CH CH3 1 CH3 CH3 2, 2, 3 - triméthylpent - 4 - yne but - 1 - yne CH3 CH2 CH C 2 3 CH3 C CH CH3 C C CH3 CH C 4 5 6 CH2 7 CH3 CH3 but - 2 - yne 5. PROPRIETES CHIMIQUES 5.1.Réactions de DESTRUCTION : * Combustion dans le dioxygène : CH4 + 2 O2 Méthane : C3H8 + 5 O2 Propane : Butane : 2 C4H10 + 13 O2 Octane : (moteurs à essence) CO2 + 3 CO2 + 8 CO2 + 2 H2 O 4 H2 O 10 H2O C8H18 + 25 O2 16 CO2 + 18 H2O C2H2 + 5 O2 4 CO2 + 2 H2 O Ethyne ou acétylène : (chalumeau oxyacétylénique : θ = 2000 °C) * Combustion dans le dichlore : (sans intérêt industriel) CH4 + 2 Cl2 C + 4 HCl Méthane : C2H4 + 2 Cl2 2 C + 4 HCl Ethène : C2H2 + Cl2 C + 2 HCl Ethyne : Une étude comparée de ces trois réactions permet d’apprécier la différence de stabilité entre hydrocarbures saturés et insaturés ou fortement insaturés. 5.2. Réaction de SUBSTITUTION : avec les alcanes (hydrocarbures saturés) * Action du dichlore sur le méthane : lumière Mélange verdâtre de méthane et dichlore Eau très salée Un mélange de dichlore et de méthane (à volume égal) est placé à la lumière du jour, sur une cuve à eau salée : • l’eau fortement salée ne dissout pratiquement pas le dichlore ; une expérience témoin avec du dichlore seul, sans méthane, peut la prouver • Il faut éviter la lumière trop vive qui pourrait déclancher une réaction explosive A l’obscurité complète, un témoin analogue est mis en place dans les mêmes conditions. 8 lumière Après quelques heures de réaction on constate les faits suivants : • la couleur verte du dichlore a disparu • Le niveau d’eau est monté dans le tube, ce qui veut dire que les gaz présents au début ont réagi . • De fines gouttelettes de liquides nouveaux apparaissent sur les parois Enfin : • le témoin laissé à l’obscurité est toujours dans le même état : la réaction, pour se faire , a besoin de rayons U.V. Gaz et liquides incolores Eau très salée * Equations de réaction : CH4 + Cl2 CH3Cl + HCl Il n’y a pas rupture de la molécule : la structure spatiale initiale (tétraédrique) est conservée . La réaction ne s’arrête pas à ce stade, mais elle se poursuit de la manière suivante : CH3Cl + CH2Cl2 + CHCl3 + Cl2 Cl2 Cl2 CH2Cl2 + CHCl3 + CCl4 + HCl HCl HCl NOMENCLATURE : Règle 7 : nom des composés halogénés (contenant Fluor, chlore, brome, iode) : * on applique les mêmes règles que pour les alcanes ramifiés * les atomes d’halogène jouent le même rôle que les radicaux : leurs noms : FLUORO—chloro—bromo—iodo—* on précise par un numéro, placé devant le préfixe, le numéro du carbone d’attache. 1 2 CH2Cl Exemples : CCl 3 4 CHBr CH2 CH3 CH3 1, 2 - dichloro - 3 - bromo - 2 - méthylpentane 1 2 3 4 CHCl2 CH2 CHCl CH3 CCl2 5 CHCl trichloroéthylène ou trichloroéthène 1, 1, 3 - trichlorobutane CH2 CHCl chlorure de vinyle ou chloroéthène 9 Importance industrielle de quelques dérivés halogénés : • Chlorométhane CH3Cl : intervient dans certaines synthèses ( caoutchoucs, résines, silicones ) • Dichlorométhane CH2Cl2 : solvant, utilisé en particulier pour l’extraction de la caféine du café • Trichlorométhane CHCl3 : c’est le chloroforme utilisé comme solvant • Tétrachlorométhane CCl4 : bon solvant • 1,1,1-trichloroéthane CCl3 - CH3 : solvant utilisé dans le passé dans les produits effaceurs Tipp-Ex • Bromochlorodifluorométhane CBrClF2 : utilisé dans le passé dans les extincteurs comme agent d’expansion • 1,2,3,4,5,6-hexafluorocyclohexane : utilisé comme insecticide • Fréons : dérivés chlorés et fluorés qu’on essaye d’éviter parce qu’ils attaquent la couche d’ozone : fréon 012 : CF2Cl2 : fluide frigorigène fréon 011 : CF2Cl2 : bombes aérosols fréon 114 : CClF2-CClF2 : bombes aérosols 5.3.Réactions d’ ADDITION : avec les alcènes et alcynes (hydrocarbures insaturés) Nickel * Hydrogénation de l’éthène : avec catalyseur à base de H H H H + C C H H C C H H H H H H Molécule plane Molécule spatiale Une réaction d’addition provoque une modification de la structure géométrique de la molécule de départ (ce qui n’est pas le cas pour une substitution). * Chloruration de l’éthène : catalysée par les rayons U.V. C + C Cl C Cl C H H H H H H H éthène + dichlore H Cl Cl 1,2-dichloroéthane * Hydratation de l’éthène : C H + C OH H H H H C OH C H H H Ethène : molécule plane H H Ethanol : molécule spatiale 10 5.4. Réaction de POLYMERISATION : * Polymérisation = addition multiple de composés identiques les uns sur les autres : n MONOMERE POLYMERE n : degré de polymérisation : 50 < n < 10.000 ou davantage Le monomère est un composé du type éthène C C * Principe de la polymérisation en chaîne : .... + C + C ..... CH2 n CH2 CH2 C CH2 CH2 CH2 éthène + C C CH2 ..... CH2 CH2 + .... C CH2 n polyéthène ou polythène * Arrêt de la polymérisation : la chaîne peut se refermer (rare) . Dès qu’on désire stopper la réaction en chaîne, on injecte un courant de dihydrogène qui sature la molécule. * Polymères couramment utilisés : H H C C POLYSTYRENE : coffres, bacs, n ustensiles, jouets, isolant H H CH3 C C H H POLYPROPENE : fils de haute résistance Textile allié à d’autres fibres n H C H H Cl C C H H H CN C C H H POLYCHLOROETHENE : P.V.C. PolyVinyleChlorid revêtements, tuyauteries, n disques, textiles Rhovyl, ... POLYACRILONITRILE : Textiles synthétiques n (Orlon-Crylor) F F C C F F OOC-CH3 C CH3 n n POLYMETACRYLATE DE METHYLE : POLYTETRAFLUOROETHENE : revêtement des poêles Tefal 11 6. COMPOSES AROMATIQUES C6H6 6.A CHEF DE FILE : Benzène * Comportement chimique : c’est un composé fortement insaturé : on s’attendrait logiquement à de nombreuses additions et aucune substitution. On constate un comportement inverse : il donne de très nombreuses substitutions et très difficilement des additions (uniquement avec H2 et Cl2). Conclusion : le benzène, malgré sa forte insaturation, a plutôt un comportement de corps saturé : cette réalité est liée à la structure particulière du benzène. * Structure du benzène : • H Composé plan, cyclique : les six atomes de H carbone C forment un hexagone régulier ; C C tous les angles de liaisons valent 120 ° . • Chaque atome C donne 3 liaisons simples : il reste alors 1e- par atome de carbone C H • Les 6 e- restant sont DELOCALISES sur H C l’ensemble de la molécule ; chaque e n’appartient pas à un atome C particulier, C C mais les 6 e- appartiennent à l’ensemble du cycle : ce cycle s’appelle NOYAU H H AROMATIQUE : c’est une structure très stable. Nous avons ainsi l’explication du comportement chimique du benzène. * Convention de représentation du noyau aromatique : 6.B. Autres composés : CH3 méthylbenzène ou toluène CH CH2 vinylbenzène ou styrène C6H6 + 3 Cl2 C6H6Cl6 6.C. Addition : par exemple le dichlore : C’est une réaction catalysée par les U.V. : il se forme un insecticide, appelé couramment le lindane, dont le nom officiel est 1,2,3,4,5,6-hexachlorocyclohexane 6.D. Substitution : par exemple la nitration (action de l’acide nitrique en présence d’acide sulfurique concentré) CH3 CH3 + 3 HNO3 3 H2O + NO2 La nitration du toluène conduit à la formation d’un composé trinitré : c’est le TriNitroToluène : TNT (explosifs) NO2 NO2