la mesure de lumiere
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la mesure de lumiere
LA MESURE DE LUMIERE 1. La lumière Lorsqu'un sujet est éclairé par une source lumineuse, la lumière qui "tombe" sur le sujet est appelée lumière incidente. Le sujet va absorber une partie de cette lumière et réfléchir le reste. L'œil ou l'appareil photo voit cette lumière réfléchie. Par exemple, le velours noir va réfléchir 0,4% de la lumière qu’il reçoit, alors qu’un sujet d’un blanc pur (neige) réfléchira 90% de la lumière qu’il reçoit. Pour un sujet en couleur, bleu par exemple, toutes les radiations composant la lumière seront absorbées à l'exception de celles qui vont donner la couleur à cet objet. Dans le cas de notre sujet bleu seules les radiations bleues seront réfléchies. Il a été montré que la majorité des sujets photographiés réagissaient à la lumière comme une surface uniforme et gris clair. Si on fait la moyenne des zones claires et des zones sombres dans les sujets photographiés, on trouvera pratiquement toujours une valeur identique à celle du gris clair dit gris neutre qui réfléchit 18% de la lumière reçue. Mais, bien sûr, tout cela est très théorique ! ces 18% correspondent à la majorité des sujets photographiés mais on aura toujours des cas particuliers : ex. : chat noir sur la neige, mariée devant un fond noir ou pire chat noir sur un tas de charbon .... Les posemètres sont toujours étalonnés pour ce gris 18%, il faudra donc rectifier la mesure de lumière si le sujet a une réflectivité inférieure ou supérieure. 2. Mesure de la lumière incidente La mesure de la lumière incidente donne généralement de bien meilleurs résultats que la mesure de la lumière réfléchie, surtout en cas de gros écarts de contraste dans l’image. Cette technique consiste à mesurer la lumière qui éclaire le sujet et pas, comme le font les posemètres intégrés aux appareils, la lumière réfléchie par le sujet. Pour pouvoir effectuer cette mesure, le posemètre indépendant est doté d'un dôme semi-transparent qui se déplace sur la cellule photoélectrique contenue dans le posemètre. Ce dôme semi-transparent est appelé diffuseur ou intégrateur. Ainsi équipé de l’intégrateur, pour effectuer la mesure, il faut placer le posemètre autonome le plus près possible du sujet à photographier, la cellule (et l’intégrateur) dirigés vers l’objectif de l’appareil photo. Cette mesure est très précise puisqu’elle tient compte de toutes les lumières (principale, secondaire et même parasites) qui éclairent le sujet. Cette mesure part du principe que le sujet réfléchira 18% de la lumière, puisque la cellule ne visera jamais le sujet. Partant d’une réflexion de 18%, si votre sujet ne correspond pas à une moyenne de gris neutre, des corrections seront nécessaires. Ce type de mesure trouve principalement son utilité en studio où on utilise toujours des sources lumineuses multiples. Elle ne peut être utilisée que si on peut approcher le sujet. Elle ne peut se faire qu'à l'aide de posemètres indépendants (quoique certains auteurs proposent de la faire avec le posemètre de l'appareil photo en couvrant l'objectif avec un couvercle de pot de Nutella qui jouera le rôle d'intégrateur). Page 1 sur 5 3. Mesure de la lumière réfléchie Les posemètres indépendants que nous venons de voir permettent aussi de travailler en lumière réfléchie. Il faut alors retirer le dôme intégrateur et utiliser le posemètre en visant le sujet de la même façon qu'avec l'appareil photo. L'angle dans lequel travaillera la cellule est d'environ 40°, soit à peu près le même qu'un objectif standard. Certains posemètres disposent d'une mesure spot. Si vous utilisez la cellule de votre appareil photo vous mesurez la lumière réfléchie. Vous êtes alors à distance du sujet, et vous mesurez la lumière qui, après réflexion sur le sujet, arrive sur le capteur. On parle de mesure TTL (Trough The Lens = à travers l'objectif). Le meilleur système de mesure en lumière réfléchie consiste à placer devant le sujet une charte gris neutre 18% et à mesurer (en mode spot) la lumière réfléchie sur cette charte. Inconvénient : il faut pouvoir s'approcher du sujet, et d'autre part il faut avoir le temps de faire la mesure puis retirer la charte et faire la photo. D'autre part les bonnes chartes devant être stables en coloration dans le temps sont assez chères. A défaut de charte, certains photographes réalisent la mesure sur la paume de leur main et corrigent la valeur de l'exposition donnée de + 1 Il pour un sujet moyen et de + 2 IL avec un sujet sombre. La plupart du temps on travaillera donc à distance en choisissant le mode de travail de la cellule suivant la nature du sujet photographié. On dispose de trois modes de mesure : La mesure matricielle (ou évaluative ou multizones) sera utilisée pour la photo de paysage quand plusieurs sujets sont éclairés différemment et que l’on veut garder un équilibre d’exposition entre ces sujets si l’exposition est uniforme sur toute la photo : pas de différence importante entre des zones très foncées et des zones très claires Cependant, la mesure multizone peut parfois être trompée lorsque le sujet est très contrasté (il y a une différence importante entre les zones très foncées et des zones claires). C’est pas exemple le cas de contre-jours où si vous utilisez cette méthode, votre sujet sera à coup sûr une ombre chinoise. C’est aussi le cas pour les photos de portrait dans la neige, où la mesure est parfois faussée par la trop grande quantité de neige : votre sujet est parfois sous-exposé car le capteur pense que c’est la neige qu’il faut bien rendre. Heureusement, les nouveaux boîtiers prennent de plus en plus en compte ces scénarios et arrivent à réussir des photos dans des conditions d’éclairage de plus en plus " tordues". Avec la mesure pondérée centrale, l’appareil effectue une mesure similaire à celle utilisée pour le multizone, sauf qu’il attribue une pondération plus importante à la zone centrale de la photo (par exemple 80% de la mesure concernera la zone centrale). Chaque constructeur a une mesure pondérée centrale différente en fonction de la valeur du diamètre de la portion centrale et de l'importance donnée à cette zone par rapport au reste de la photo. Sur certains boîtiers, la taille de cette zone est réglable dans le menu. Page 2 sur 5 La mesure pondérée centrale est utile dans les cas suivants : idéale pour le portrait, car on expose bien le portrait qui est central par rapport aux détails en arrière plan. pour faire ressortir le sujet au centre pas beaucoup d’autres utilités … Enfin, la dernière méthode pour mesurer l’exposition est la mesure spot. Dans ce mode, l’appareil mesure un cercle de petite taille centré sur la zone de mise au point active ou sur le centre du viseur (suivant l'appareil). Comme un spot, il met toute son attention sur une petite zone de l’image, permettant d’exposer correction des sujets de petite taille dans des situations d’éclairage difficile. La taille de la zone « spot » varie encore une fois d’un appareil à un autre, et on peut aller de 10% à 1% de la vue. C’est souvent noté dans les spécificités techniques de votre appareil. Par exemple, pour le Nikon D80 cette zone est de 2,5% de la vue. Plus cette zone est petite, plus on peut dire que le spot est précis dans sa mesure d’exposition. Dans quels cas utiliser cette mesure ? Pour exposer correctement des sujets de petite taille avec des conditions lumineuses assez difficiles : visage à contre-jour, sujet très clair sur fond sombre ou sujet très sombre sur fond clair (notre situation à la neige définie plus haut) La mesure spot est très utile pour les photos de concert. En mesure spot, il faut vraiment faire très attention à la mise au point et à la visée, car la moindre imprécision pourra entraîner une exposition catastrophique. Mais une fois que vous maîtrisez ce mode d’exposition, à vous les sujets bien exposés même dans des conditions difficiles. 4. Comment faire la mesure en lumière réfléchie Les cellules estiment que le sujet réfléchit 18% de la lumière incidente donc elles utiliseront la luminosité dominante de la zone mesurée comme valeur de gris neutre. En mesure matricielle, il faut éviter de donner une trop grande place au ciel lorsque l'on effectue la mesure de la lumière. On fera donc une mesure avec peu de ciel dans le viseur, on la mémorisera éventuellement, puis on recadrera sa visée avant de déclencher. En mesure spot, il suffit de sélectionner dans le cadre à photographier une surface se rapprochant du gris moyen et d'effectuer la mesure en visant uniquement sur elle (un sol de terre ou de bitume gris s'approche assez du fameux gris moyen). A défaut de disposer d'une telle surface, on fera la mesure sur la paume de sa main placée devant l'objectif, à une trentaine de centimètres environ. Pour faire un portrait, on s'approchera du modèle et on effectuera la mesure sur le visage : les tons chair sont très proches du gris moyen. 5. Les pièges de l'exposition Pour bien comprendre les informations délivrées par l'appareil, il faut comprendre le principe de la mesure de la lumière. La cellule va analyser l'ensemble des réflexions pour la rapprocher d'un gris moyen représentatif d'une moyenne de sujets photographiés. Le gris à 18%, la valeur de référence : Le gris neutre (charte KODAK) est une référence en la matière. Il constitue la moyenne de réflectivité de la plupart des sujets photographiés. C'est cette valeur que va tenter de délivrer la cellule de l'appareil. Mais en cas de fort contraste, de sujet clair et de fond sombre et inversement, il est probable que cette valeur de référence ne soit plus la bonne. Page 3 sur 5 Le cas du blanc Prenez une feuille blanche et exposez la. Ici la cellule de l'appareil va interpréter la lumière réfléchie comme une lumière abondante = Elle sous-exposera pour rapprocher cette valeur du gris neutre. Le cas du noir Prenez une feuille noire et exposez la. Ici la cellule de l'appareil va interpréter la lumière réfléchie comme une lumière faible = Elle sur-exposera pour rapprocher cette valeur du gris neutre.. Dans les deux cas, aucune exposition ne sera correcte et les différents systèmes de mesure n'y changeront rien. Par contre, si vous corrigez l'exposition mesurée, il est tout à fait possible d'obtenir du noir et du blanc. 6. Les corrections a apporter à la mesure Si votre sujet est placé devant un fond clair, la cellule va considérer que les valeurs claires doivent se rapprocher du gris neutre et va donc sous-exposer l'image. Le fond sera gris et le sujet très sombre, il faudra donc sur-exposer l'image par rapport à l'indication de la cellule. Il faudra donc prendre en compte la mesure de la cellule mais augmenter l’exposition. Si le fond est un ciel d’automne, une augmentation d’exposition de 1/2 à 1 diaphragme (ou l’équivalent en vitesse) peut suffire. Si le fond est un ciel d’été, une augmentation de 1 à 3 diaphragmes représente un bon début. Si le fond est un champ de neige sous le soleil, une augmentation de 2 à 4 diaphragmes semble convenable. Si votre sujet est placé devant un fond sombrer, la cellule va considérer que les valeurs sombres doivent se rapprocher du gris neutre et va donc sur-exposer l'image. Le fond sera gris et le sujet trop clair, il faudra donc sous-exposer l'image par rapport à l'indication de la cellule. Il faudra donc prendre en compte la mesure de la cellule mais diminuer l’exposition. Si le fond est un ciel à la nuit tombante, une diminution d’1/2 à 1 diaphragme représente un bon début. Si le fond est une forêt sombre, une diminution de 1 à 3 diaphragmes seront une bonne base. Si le fond est un tas de charbon, une diminution de 2 à 4 diaphragmes semble convenable. Ces corrections sont données à titre indicatif car elles sont faites pour des mesures de lumière "brutes" telles que les donnerai un posemètre à main. Les appareils actuels ont en mémoire des banques d'images qui leur permettent de plus ou moins reconnaitre la scène photographiée et de corriger d'eux même l'exposition mesurée. L'efficacité de cette correction est fonction du savoir faire des programmeurs du calculateur de l'appareil et on ne peut donc donner de règle générale de correction acceptables pour tous les appareils. Il appartiendra à chacun d'apprivoiser son appareil notamment par l'analyse critique des images réalisées. Un outil permet toutefois de juger immédiatement de la bonne exposition d'une photo c'est l'affichage des courbes et celui des zones brulées que nous verrons dans un autre cours. La correction à apporter peut se faire directement si vous travaillez en manuel (mode M), ou en utilisant le correcteur d'exposition (bouton +/-) si vous êtes en mode programme (mode P), en mode priorité à l'ouverture (A ou Av) ou en mode priorité à la vitesse (S ou Tv). 7. Quelques éléments supplémentaires En numérique on expose pour les hautes lumières de façon à ne pas avoir de blancs "cramés". On pourra toujours récupérer du détail dans les ombres en post-traitement si le sujet parait insuffisamment exposé. Par exemple dans le cas d'un couple de mariés on prendra en compte la robe blanche de la mariée qui doit avoir du détail, quitte à ne pas avoir de détail sur le costume noir du marié. En post-traitement on rehaussera les valeurs sombres (D-Lighting, tons clairs/tons foncés suivant les marques ou les logiciels) Page 4 sur 5 Si l'on travaille en Raw : on pourra corriger l'exposition, en post-traitement, de plus ou moins deux diaphragmes (mais les blancs cramés sont irrécupérables). En cas de doute, il sera possible de travailler avec une légère sous-exposition, quitte à rectifier ensuite. Si l'on travaille avec l'appareil sur pied dans une ambiance lumineuse avec un viseur optique, on peut avoir une mesure faussée par la lumière entrant par l'oculaire. Il faudra donc masquer celui-ci (cache fourni avec l'appareil, gaffer ...) Méthodes de mesure Page 5 sur 5