El Watan ÉCONOMIE El Watan ÉCONOMIE

Transcription

El Watan ÉCONOMIE El Watan ÉCONOMIE
El Watan ÉCONOMIE
Du lundi 8 au dimanche 14 juin 2009
Supplément hebdomadaire n°202 - GRATUIT - Email : [email protected]/Tél. - Fax : 021 65 58 66
SONATRACH AFFINE SA
STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE
LA MONDIALISATION ACCENTUE
LES FLUX MIGRATOIRES
PHOTO : D. R.
REDÉPLOIEMENT
À L’INTERNATIONAL
LE PDG DE SONATRACH, MOHAMED MEZIANE, A RÉVÉLÉ QUE LA COMPA
GNIE ET SES ASSOCIÉS VONT INVESTIR UN MONTANT DE 1,5 MILLIARD
DE DOLLARS DANS L’EXPLORATION EN 2009, contre seulement 300 à
400 millions de dollars durant les années précédentes. Les
réserves prouvées de l’Algérie en gaz et en pétrole atteignent
environ 40 milliards de barils, «dont seulement une petite partie est exploitée par Sonatrach et ses associés», a précisé MohaLire page 2
med Meziane.
ENVIRONNEMENT
LE MARCHÉ DU CARBONE
CONTINUE SON
EXPANSION
PHOTO : NEWPRESS
ENJEUX D’UN MARCHÉ
EN PLEIN ESSOR
LA CRISE FINANCIÈRE N’A PAS ENTRAVÉ LE MARCHÉ MONDIAL DU CAR
BONE, QUI A DOUBLÉ L’AN DERNIER, a indiqué la Banque mondiale
dans un rapport publié la semaine dernière. Ce marché a atteint
126 milliards de dollars, mais la valeur des transactions finançant
les projets de réduction d’émissions a perdu 12% pour s’établir à
6,5 milliards de dollars en 2008. Cette baisse est le résultat d’un
ensemble complexe de facteurs, dont la difficulté d’obtenir des
fonds permettant la mise en œuvre de projets écologiques durant
la crise financière, les retards dus à des questions de réglementation et l’incertitude quant à l’avenir de ce marché. Lire page 11
FILIÈRE APICOLE À BOUIRA
Le miel se fait rare
et cher
DE PAR SA POSITION GÉOSTRATÉGIQUE AU CARREFOUR DE L’AFRIQUE, DE L’EUROPE ET DE LA MÉDITERRANÉE, L’ALGÉRIE CONNAÎT CES DERNIÈRES
ANNÉES UN AFFLUX MIGRATOIRE QUI COMMENCE À INQUIÉTER LES AUTORITÉS NATIONALES. Ce phénomène, dont les proportions ne cessent
de s’agrandir, est alimenté par différents facteurs d’attirance et d’incitation. Parmi ces facteurs, des sociologues de l’université
Badji Mokhtar, de Annaba, évoquent la situation économique et la recherche de meilleures conditions de vie, mais surtout les écarts
Lire dossier en pages 3 à 6
de développement.
la bouteille en pvc et pet adaptée au
milieu algérien
Proposition d’une
méthode de taxation
ous proposons dans ce travail une méthode qui permet à la
fois de financer des emplois de récupération des déchets de
bouteilles en PVC et PET et qui permet de responsabiliser les
producteurs tout en associant les consommateurs. C’est une taxe
assez substantielle, qui permettra la concurrence du verre, qui
est payée par le consommateur. Il récupère une partie en rendant
les bouteilles en plastique dans un centre de récupération. C’est
le producteur qui devient le principal agent dans ce processus
puisqu’il est obligé de rendre cette taxe qu’il aura perçue au
Pages 8-9
moment de la vente.
N
LE CHIFFRE
200 000
visiteurs
P
lus de 200 000 visiteurs dont 73 000 professionnels ont participé à la 42e édition de la Foire internationale d’Alger version 2009, selon la Société algérienne des foires et exportations
(Safex). Une édition qui a vu la participation de 1300 entreprises
dont 870 étrangères activant dans divers secteurs économiques.
Page 15
La wilaya de Bouira, connue pour son caractère agropastoral, ses vastes champs verdoyants et ses potentialités énormes en matière d’agriculture (céréales, agrumes…), semble
bien trouver dans l’apiculture un nouveau créneau plus que
porteur, si l’on croit les professionnels et les responsables
des services agricoles de la wilaya. Il y a certes des difficultés et un retard dans l’évolution de la filière depuis que
cette dernière est intégrée dans les différents programmes
de développement agricole (PNDAR, PPDR, etc.), mais l’on
est bien confiants quant à l’évolution sûre de l’apiculture à
Lire page 10
ce niveau.
ANALYSE : LE PÉTROLE PREND AHMED OUYAHIA SUR SON REVERS MALTHUSIEN P.15
2 DOSSIER
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Sonatrach affine sa stratégie énergétique
Redéploiement à l’international
Le PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a
révélé que la compagnie et ses associés vont
investir un montant de 1,5 milliard de dollars
dans l’exploration en 2009, contre seulement
300 à 400 millions de dollars durant les
années précédentes.
Par
Saou
Boudjemâa
es réserves prouvées de l’Algérie
en gaz et en pétrole atteignent
environ 40 milliards de barils,
«dont seulement une petite partie est
exploitée par Sonatrach et ses associés»,
a précisé Mohamed Meziane. Tout au
long de ses dernières semaines, le PDG
de Sonatrach, à la faveur des rencontres
des cadres de son groupe, a multiplié les
annonces sur les perspectives de développement de Sonatrach.
En effet, il dira la semaine dernière à
Oran : «Au cours de ce premier semestre, des jalons concrets ont déjà été
posés comme dans l’amont avec, outre
les neuf nouvelles découvertes d’hydrocarbures enregistrées, le lancement de la
réalisation des installations pour le
développement de deux gisements de
pétrole et de gaz et l’approbation des
plans de développement d’un troisième,
dans l’aval pétrolier avec deux complexes pétrochimiques, dans le transport
avec la mise en exploitation des deux
principaux tronçons d’un nouveau gazoduc 48 et à l’étranger, avec la première
découverte de brut jamais réalisée par
Sonatrach en International.» A ce propos d’ailleurs Mohamed Meziane a
annoncé que son groupe réalisera d’ici
l’année 2015, 30% de son chiffre d’affaires à l’international. En prévision de
la réintégration du segment raffinage à
la société mère, le PDG de Sonatrach
annoncera : «Un minimum de 17 milliards de dollars à investir sur le PMTE
dont plus de 30% à réaliser dès 2009,
avec la dizaine de projets que compte
l’aval pétrolier cette année, entre les
projets en cours de réalisation et ceux à
L
analyse
lancer.» Dans ce contexte, il annoncera
par ailleurs trois milliards de dollars
retenus pour financer les investissements nécessaires au programme de
réhabilitation et de modernisation de
l’outil de raffinage.
LE TALON D’ACHILLE, LE
RAFFINAGE
En effet, l’Algérie dispose d’une large
capacité de raffinage (450 000 b/j)
répartie entre les raffineries de Skikda
(300 000 b/j), Arzew (60 000 b/j, Alger
(60 000 b/j) et Hassi Messaoud
(30 000 b/j). Trois projets de raffineries
sont mis en œuvre, d’un coût estimé à
536 M$, la première implantée à Skikda
(5 Mt/an), la deuxième à Adrar
(600 000 t/an de pétrole brut à partir des
dix (10) gisements de SBAA) entrée en
production en mai dernier est exploitée
par la société chinoise, Soralchin SPA, à
hauteur de 70% des actions et Sonatrach
30% et enfin la troisième à Tiaret. Une
quatrième raffinerie, actuellement en
phase de maturation, est prévue dans la
future zone industrielle de Beni Saf.
Parallèlement à ce vaste plan de développement de l’aval pétrolier, un programme de remise à niveau des anciennes raffineries d’un montant global de 3
milliards de dollars US est en cours de
réalisation et se poursuivra jusqu’en
2012. D’ailleurs, Sonatrach a engagé un
programme d’investissement de 34 G$
qui couvre la période 2006-2010, et
touchera tous les projets des activités
amont et aval. Ce vaste plan de développement s’inscrit dans une stratégie à
terme pour non seulement augmenter
les capacités de raffinage actuelle afin
de faire face à la capacité de production
du pétrole qui devrait continuer à se
développer pour atteindre 2 Mb/j à l’horizon 2010, mais aussi recevoir les produits des futurs gisements à découvrir.
A ce propos, Chakib Khelil lancera, à la
faveur d’une rencontre avec la presse
nationale : « A quoi sert-il d’avoir du
ATOUTS GÉOSTRATÉGIQUES
Ses atouts, il faut le reconnaître, placés
dans une projection à long terme, ont un
poids géostratégique incontestable sur
l’échiquier international du marché des
hydrocarbures. Pour toutes ces considérations, de nombreux projets structurants ont été initiés pour acheminer
directement les hydrocarbures jusqu’en
Europe, un marché traditionnellement
acquis à l’Algérie, et même au-delà afin
de palier et/ou de combler les insuffisances en termes de raffinage. L’on cite
ainsi à côté du Medgaz, le projet du
Trans-Saharian Gas Pipeline (TSGP),
un projet de 10 milliards de dollars, le
projet du Gazoduc Algérie-SardaigneItalie (Galsi). Le TSGP est destiné à
transporter le gaz naturel à partir des
champs d’exploitation du Nigeria vers
l’Europe via le Niger et l’Algérie. C’est
un projet intercontinental long de
4128 km et 2 310 km traverseront l’Algérie jusqu’à la côte méditerranéenne
soit à Beni Saf, soit à El Kala par un
gazoduc qui transportera entre 20 et
30 milliards de mètres cubes de gaz par
an pour couvrir les besoins du marché
européen. Le Galsi, pour sa part, constituera une nouvelle route du gaz pour
l’Europe. Tous ces projets s’inscrivent
dans une nouvelle dynamique de la
demande mondiale de gaz et tout particulièrement de celle de l’Europe qui, à
25 pays, consommait déjà 471 Gm3/ an,
soit 17% du marché mondial. L’Europe
importe plus de la moitié de sa consommation qui, pour rappel, progresse
annuellement de 3% par an. Ses fournisseurs traditionnels sont la Norvège,
la Russie et l’Algérie. Actuellement,
plus de 95% des exportations algériennes de gaz sont destinées à l’Europe et
plus particulièrement vers l’Italie, soit
40%. Le quart de sa consommation en
gaz provient de la Russie.
Cependant, depuis la crise majeure entre
la Russie et l’Ukraine, l’Union européenne semble obsédée par sa sécurité
énergétique et a fait de la diversification
de ses sources d’approvisionnement une
option prioritaire et une question de
survie. Elle a particulièrement manifesté, à maintes fois, son intérêt à l’établissement d’un partenariat énergétique
renforcé avec l’Algérie. Ainsi, l’Algérie
pourra devenir, à terme, le second fournisseur de gaz de l’UE après la Russie.
S. B.
Le pétrole prend Ahmed Ouyahia
sur son revers malthusien
Le prix du brut s’est déconnecté de la crise mondiale. Il est
passé samedi dernier un instant au-dessus des 70 dollars à
New York. Près de six mois en avance sur son planning admis
par l’AIE et l’OPEP.
L
pétrole si on ne peut pas le raffiner ?»
Vous avez par ailleurs en charge une
bonne partie de la diversification des
activités de notre Groupe dans la génération électrique, le dessalement de
l’eau de mer, les mines, etc. Je vous
rappelle enfin la part que vous prenez
dans la responsabilité nationale assumée par Sonatrach dans la préparation
du succès avec lequel notre pays s’est
engagé à accueillir dans moins d’un an,
l’événement de dimension mondiale
que constitue le 16e Congrès international du GNL.
Tout ce vaste plan de développement
s’inscrit dans une stratégie globale qui
tend à s’imposer naturellement, particulièrement pour l’Union européenne,
comme un partenaire, incontournable,
fiable et crédible. L’annonce à partir
d’Abou Dhabi de l’entrée en service au
quatrième trimestre du gazoduc Medgaz
entre l’Algérie et l’Espagne en est la
parfaite illustration. Ce gazoduc d’une
capacité de huit milliards de mètres
cubes va renforcer la sécurité des approvisionnements gaziers de l’Europe,
selon Mohamed Meziane Pour rappel,
la construction de ce gazoduc de
210 km de long en eaux profondes a
débuté en mars 2008. Il doit contribuer
à diversifier la fourniture de gaz à l’Europe et réduire sa dépendance à l’égard
de la Russie. Il est mené par un consortium composé de Sonatrach, les groupes
espagnols Cepsa, Iberdrola et Endesa,
ainsi que le français GDF Suez.
e pétrole cher est déjà presque de retour dans
un monde qui n’a pas fini de consommer – à
son pôle le plus riche - les rétractions de la
production, de l’investissement et de l’emploi.
C’est l’événement inattendu du second trimestre
de l’année.
La conjoncture saisonnière du début de l’été est
généralement baissière. Mieux encore, tous les
indicateurs de demande énergétique pour 2009
sont revus dans le mauvais sens pour les cours :
l’économie mondiale consommera 4 millions de
barils/jour en moins par rapport à 2008. La
moyenne des jours de stocks disponibles est
encore de 20%, plus élevée que son standard des
trois dernières années. Mais le marché n’en a
cure. Il a décidé que le gros de la crise était passé.
Et le pétrole, après avoir été le premier à amorcer
le repli lors de l’été 2008, est à nouveau le premier
à annoncer la charge moins d’une année plus tard.
L’OPEP elle-même a renoncé à expliquer le ressort d’une telle anticipation. Le cartel a stoppé la
chute vertigineuse des cours en décembre 2008 à
Oran. Le cycle suivant, après celui de la stabilisa-
tion, n’est plus le sien. C’est celui des traders.
C’est eux, qui depuis plus d’un mois, jouent le
pétrole à la hausse. Ils se sont contentés de peu
pour réamorcer le mouvement haussier : une
consommation chinoise de brut qui repart de
l’avant, un indice de la confiance des ménages
américains qui cesse sa déconfiture.
Le pétrole avant les autres matières premières
annonce donc la reprise qui vient. Et si l’éclaireur se détache trop loin de sa colonne ? Des
trous d’air dans les cours du brut ne sont pas à
écarter d’ici à ce que la demande énergétique
mondiale réelle ne vienne justifier enfin le redressement des prix. Il faudra, pour cela, attendre le
début de l’année prochaine, au moins. Une chose
est déjà presque acquise : le plateau naturel des
prix du brut se situe bien au-delà des 50 dollars le
baril pour les deux années qui viennent.
L’anticipation spéculative ne peut pas tout expliquer. L’offre de brut peut très vite rejoindre son
flux tendu de 2007-2008… l’ère géologique est
plutôt celle de la rareté des hydrocarbures. Et la
récession mondiale partie des subprimes ne se
conjugue pas au temps géologique. Tout cela pour
en arriver à la même question de politique économique. Le gouvernement algérien doit travailler
sur quelle prospective courte de prix du pétrole, la
pessimiste ou l’optimiste ? Il n’a pas su voir monter les cours en 2004-2005 décidant même de
dénationaliser les gisements pour attirer les investisseurs alors, que partout dans le monde, les
producteurs dictaient leur loi en contexte de raréfactions des réserves prouvées. Les autorités
algériennes ont sur-réagi ensuite à la baisse des
cours à la fin de l’année 2008. Elles ont mis en
route une série de mesures de restrictions - importations, exportations des bénéfices, ect., - afin de
préserver la balance des paiements du pays d’un
désastre imminent. L’Algérie n’a pas su profiter à
l’international de ses excédents en devises. Elle
est en train de désertifier son économie comme si
la récession mondiale devait durer 100 ans. A
chaque fois la décision économique rattrape la
conjoncture. A l’inverse, des traders du pétrole
qui l’anticipent à l’excès, le gouvernement algérien joue deux coups en retard. Par paresse intellectuelle. Mais aussi par inclinaison psychologique. Ahmed Ouyahia s’est fait un nom dans l’application du plan d’ajustement structurel du FMI
entre 1995 et 1998. Il est malthusien né. Il adore
sabrer des têtes… des chapitres dépenses ; restreindre, réglementer à charge, réduire… La
crise lui convient. Mais voilà que le prix du
pétrole prend le contre-pied de la conjoncture.
Voilà, qu’à la place du sabrage, il va falloir imaginer à nouveau la conversion des excédents financiers en emplois durables. Une horreur cérébrale
pour qui préfère ajuster.
El Kadi Ihsane
L’ACTUALITÉ 3
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Accès aux services financiers
PHOTO : D. R.
Un obstacle de taille
pour les entreprises africaines
Les entreprises africaines peuvent devenir
nettement plus compétitives, si les
gouvernements africains et leurs partenaires
internationaux améliorent l’accès aux
financements, ne cèdent pas à la pression qui
les pousse à ériger des obstacles au
commerce, modernisent les infrastructures,
améliorent les systèmes de soins de santé et
d’éducation et renforcent les institutions.
Par
Lyes Malki
es conclusions, rendues publiques
cette semaine à l’occasion du lancement d’un important nouveau
rapport intitulé « Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009» résultent des
études menées par trois institutions, à
savoir le Forum économique mondial
(FEM), la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale
(BM). Selon le rapport, publié dans la
perspective du Forum économique mondial sur l’Afrique, qui se tient du 10 au
12 juin dans la ville du Cap, en Afrique
du Sud, «l’accès limité aux services
financiers demeure un obstacle de taille
pour les entreprises africaines».
Cependant, précise-t-on, «les pays africains sont aussi moins compétitifs sur le
marché mondial à cause des infrastructures peu développées, des services de
soins de santé et d’éducation limités et de
la médiocrité des cadres institutionnels».
Le rapport examine également un certain
nombre de cas de réussite dans la région,
qui mettent en évidence les mesures que
les pays peuvent prendre pour améliorer
le cadre d’exercice de l’activité des entreprises.
Il s’agit du deuxième rapport sur le cadre
d’exercice de l’activité des entreprises de
la région, qui tire parti du savoir et des
compétences disponibles au sein des
trois organisations (FEM), (BAD) et
(BM). Il présente aussi une vision intégrée des enjeux de politique auxquels les
C
pays africains doivent faire face en mettant en place les bases nécessaires à la
croissance durable et à la prospérité.
Le rapport met en relief deux lignes d’action à court terme et trois autres lignes
d’action à long terme qu’il faudra suivre
pour améliorer la compétitivité des économies africaines.
MODERNISER LES MÉCANISMES
FINANCIERS
Les deux lignes d’action à court terme
consistent à renforcer l’accès aux services financiers par des mesures de promotion du marché. On assiste depuis quelques années à un approfondissement et
une expansion des systèmes financiers
africains, mais la crise mondiale actuelle
risque de mettre fin à cette tendance et de
compromettre les progrès enregistrés
récemment.
Il importe encore plus à présent de
moderniser les mécanismes nécessaires à
des systèmes financiers solides, efficaces
et ouverts. Les rédacteurs du rapport
recommandent aussi de maintenir les
marchés ouverts aux échanges commerciaux. La crise économique mondiale
donne voix à des forces protectionnistes.
Cependant «le protectionnisme ne ferait
que réduire davantage la demande et
freiner la croissance», soulignent les
experts des trois organisations. Aussi,
précisent-ils, «les dirigeants africains
doivent-ils résister aux pressions politiques qui les poussent à ériger des obstacles au commerce, qui rendraient encore
plus difficile la relance dans la région».
Les trois lignes d’action à long terme
concernent, quant à elles, «l’infrastructure qui demeure l’un des obstacles
majeurs à l’exercice de l’activité des
entreprises en Afrique». Selon le rapport,
l’énergie et les transports sont parmi les
principaux obstacles à la croissance de la
productivité et de la compétitivité en
Afrique. «Investir dans la modernisation
des infrastructures non seulement placerait l’Afrique sur une trajectoire de crois-
sance plus élevée, mais contribuerait
aussi à la relance budgétaire à un moment
crucial», estiment les mêmes experts.
Les systèmes d’éducation de base et de
soins de santé sont inefficaces et brident
l’exploitation du potentiel de production
du continent. Ce domaine est peut-être
celui qui vient au premier rang des priorités, soulignent les rédacteurs du rapport. Selon eux : «Si les systèmes d’éducation et de soins de santé ne sont pas
améliorés en Afrique, les entreprises
continueront d’être freinées dans leur
progression dans la chaîne de valorisation, et le développement économique
sera entravé.»
Ils insistent aussi sur «la bonne gouvernance et des instances dirigeantes solides
et éclairées dont l’Afrique devraient
offrir plus d’exemples», en ce sens que
des structures institutionnelles solides et
transparentes «ont contribué à la réussite
des économies les plus compétitives
d’Afrique». Selon le rapport, d’importantes mesures ont été prises ces dernières années pour améliorer ces structures,
mais dans de nombreux pays de la région
«les institutions doivent être plus favorables aux entreprises afin de promouvoir
la compétitivité». «Ceci est, en ce
moment, d’autant plus important que la
crise économique actuelle menace d’annuler les progrès accomplis dans le
domaine de la réforme des structures de
gouvernance», affirment les experts des
trois organisations.
LIMITER L’IMPACT DE LA CRISE
Il y a lieu de préciser que le rapport sur
la compétitivité en Afrique de cette année
intègre pour la deuxième fois les efforts
déployés à grande échelle par les trois
organisations pour placer le continent
dans une perspective internationale plus
large et mettre en exergue les aspects
importants du développement dans la
région, qui présentent un intérêt crucial
en cette période de crise économique
mondiale. Le fondateur et président exé-
cutif du Forum économique mondial,
Klaus Schwab, estime à cet effet que le
fait d’«investir dans les infrastructures
dans une optique régionale permettra de
limiter l’impact de la crise et de mettre
l’Afrique en meilleure position pour tirer
parti, le moment venu, de la reprise de
l’économie mondiale».
La vice-présidente de la Région Afrique
à la Banque mondiale à Washington
estime pour sa part que «les pays qui
profiteront le plus et limiteront les répercussions néfastes de la crise sont ceux
qui appliquent des mesures de réforme,
renforcent les structures de gouvernance,
modernisent les marchés nationaux de
capitaux et procèdent aux investissements nécessaires pour mettre à profit
l’immense ingéniosité et la créativité de
leurs populations». Aux yeux du président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, «l’enjeu le
plus essentiel à ce stade consiste à trouver le juste milieu entre la riposte à la
crise dans l’immédiat et la poursuite des
objectifs à plus long terme, nécessaires à
la croissance durable en Afrique, par
exemple, le développement des infrastructures et d’une main-d’œuvre qualifiée, ainsi que l’intégration économique».
Outre l’évaluation de la compétitivité et
des coûts de l’exercice de l’activité économique sur le continent, le rapport
comporte également une analyse de
l’ampleur et de la complexité des marchés financiers de la région, les mesures
efficaces que les économies relativement
plus petites du continent ont introduites
pour promouvoir leur compétitivité, et la
mesure dans laquelle les pays africains
ont pris des dispositions pour faciliter le
commerce transfrontalier.
Dans le rapport figurent également des
profils détaillés de la compétitivité et du
climat d’investissement, récapitulant de
manière exhaustive les facteurs déterminants de la compétitivité dans chaque
L. M.
pays étudié dans le rapport.
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Mounira Haddad. Présidente de AFAD
Flux migratoires vers l’Algérie et harraga
«Les inégalités sociales n’arrangent en
rien la perspective d’avenir des harraga»
Des écarts de développement
dans les deux sens
Propos recueillis
par
N. Benouaret
De par sa position géostratégique au
carrefour de l’Afrique, de l’Europe et de la
Méditerranée, l’Algérie connaît ces dernières
années un afflux migratoire qui commence à
inquiéter les autorités nationales.
C
e phénomène dont les proportions
ne cessent de s’agrandir est alimenté par différents facteurs d’attirance et d’incitation.
Parmi ces facteurs, des sociologues de
l’université Badji Mokhtar, de Annaba,
évoquent la situation économique et la
recherche de meilleures conditions de
vie, mais surtout les écarts de développement. La mondialisation, le développement prodigieux des moyens de communication et de transport ainsi que le
rôle de réseaux transnationaux de passeurs ont également contribué à l’exacerbation de ce phénomène, indiquentils.
Ce que partagent nos officiels dans un
rapport présenté par l’Algérie devant le
Comité pour la protection des droits de
tous les travailleurs migrants et des
membres de leur famille, - un organe
relevant du Haut-Commissariat des
Nations unies aux droits de l’homme.
Les experts indépendants qui le composent sont chargés de surveiller l’application de la Convention internationale sur
la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de
leur famille par les Etats parties, dont
notre pays est membre. En effet, dans ce
rapport, l’Algérie fait savoir à ses interlocuteurs onusiens que la plupart des
7000 immigrants clandestins subsahariens interceptés annuellement par ses
autorités sont des migrants économiques. Pour s’y installer durablement,
ceux-ci tentent souvent de détourner la
procédure de demande d’asile en vue de
contourner les dispositions réglementaires en matière d’entrée et de séjour en
Algérie.
Notre pays reconnaît également la tendance exponentielle d’un autre phénomène, celui de l’émigration clandestine
connu sous le vocable de harraga des
La migration, atout
d’un co-développement
La migration peut-elle contribuer au progrès économique ?
Plusieurs rapports d’institutions internationales comme la
Banque mondiale et l’OCDE ont mis l’accent sur les gains
considérables issus des migrations aussi bien pour les pays
d’émigrants que pour les pays d’accueil.
-Les envois de fonds ne dépasseront pas 290 milliards de
dollars en 2009, contre 305 milliards de dollars l’an dernier
-Malgré cette baisse, les envois de fonds resteront plus
élevés que les flux de capitaux privés et l’aide publique au
développement
-La « résistance » des envois de fonds s’explique par le fait
que de nombreux migrants sont peu susceptibles de quitter
leur pays d’adoption et continueront d’envoyer de l’argent à
Les 5 principaux pays bénéficiaires des envois de fonds
(montants en dollars US)
Inde : 45 milliards
Chine : 34 milliards
Mexique : 26 milliards
Philippines : 18 milliards
Pologne : 11 milliards
PHOTO :B. SOUHIL
Par
N. Benouaret
Algériens vers l’étranger. Malgré sa
récente criminalisation, cet autre phénomène ne cesse de prendre une dimension
de plus en plus grande. Deux nouvelles
«routes migratoires» ont été ouvertes, y
est-il souligné. Elles ont été identifiées
par les services algériens compétents, à
savoir la façade maritime ouest vers
l’Espagne et la façade maritime est vers
l’Italie.
Les autorités algériennes imputent
l’étendue de l’immigration clandestine
de sa jeunesse à diverses causes. Il s’agit
de la situation géographique de l’Algérie
limitrophe de la rive sud de la
Méditerranée, l’étendue des frontières
maritimes algériennes, la relative facilité
des candidats à l’émigration à rejoindre
les côtes de l’Espagne et de l’Italie, l’impact des télévisions satellitaires européennes qui projettent une image, l’image déformée donnée par les candidats
ayant réussi à atteindre les côtes européennes, la politique de régularisation
des sans-papiers engagée ces dernières
années notamment par l’Espagne et
l’Italie, les écarts de développement et
enfin les besoins en main-d’œuvre et les
leur famille.
Toutefois, en dépit de cette baisse de 5 à 8%, les envois de
fonds resteront supérieurs aux flux de capitaux privés, qui
devraient diminuer de moitié en 2009, ainsi qu’à l’aide
publique au développement, qui s’élève généralement à
environ 100 milliards de dollars.
L’émigration clandestine : un grand
marché
L’émigration clandestine représente décidément un
«véritable marché» qui rapporte gros. Au-delà du drame
humain que représente le phénomène, un véritable trafic
s’est greffé à cette déferlante d’un genre nouveau, au point
où des spécialistes classent désormais les réseaux qui en
tirent profit troisième dans le monde dans la classification de
la grande délinquance après le trafic des armes et de la
drogue. Un marché porteur qui ne cesse de connaître une
expansion inquiétante. Les réseaux qui l’animent sont très
bien structurés avec des ramifications internationales,
agissant particulièrement dans les pays d’Afrique et
actuellement en Afrique du Nord, avait indiqué un spécialiste
récemment. A titre d’exemple, un sardinier qui a embarqué
360 personnes à raison de 10 000 DA chacun pour les
emmener de l’autre côté de la Méditerranée a pu rapporter
36 millions de dinars en l’espace de six heures !
DOSSIER 5
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
possibilités du travail illégal en Europe.
Pour savoir ce que pensent les ONG
nationales de ces deux phénomènes au
triple plan économique, social et politique, nous nous sommes adressés à
Mounira Haddad, présidente de l’association des Femmes algériennes pour le
développement (AFAD). Cette association est depuis février 2009 membre du
réseau régional de la Cimade, une organisation non gouvernementale internationale de défense des droits des
migrants, demandeurs d’asile et des
N. B.
réfugiés dans le monde.
Selon une étude effectuée en 2007 par l’Association
marocaine d’études et de recherches sur la migration
(AMERM) et le Comité international pour le développement
des peuples (CISP, Italie) auprès d’un millier de clandestins
subsahariens, il en ressort que plus de la moitié (52%) des
Subsahariens qui ont tenté de joindre l’Europe illégalement
via le Maroc ont déboursé entre 1.000 et 2.000 euros chacun.
La rémunération moyenne du passeur oscille entre 50 et 500
euros.
Environ deux tiers des migrants ont affirmé avoir eu recours à
l’épargne personnelle issue du travail, 71% ont bénéficié de
l’aide familiale, 22% de l’aide amicale et 23% ont eu recours
à l’emprunt. Quant à leurs sources de revenus, 59,4%
déclarent n’en avoir aucune, 18,8% affirment vivre de la
mendicité, 11,5% exercent des petits métiers et 7,9%
reçoivent des aides d’associations caritatives. Seuls
2,3% indiquent avoir un travail régulier, notamment dans le
bâtiment, le petit commerce et les travaux domestiques.
A propos des problèmes auxquels les clandestins
subsahariens ont été confrontés durant leur voyage, plus de
80% ont cité l’hygiène, la fatigue, la soif et la faim. Près des
deux tiers sont tombés malades durant le trajet, tandis que
36% des femmes ont été victimes de viol, selon l’étude. La
majorité d’entre eux sont arrivés au Maroc via l’Algérie
(73,5%), 13,2% par avion, 7,2% par la mer et 5,7% à partir de
la Mauritanie.
R. E.
Pouvez-vous d’abord nous dire pourquoi AFAD s’intéresse-t-elle à la question des migrants ?
L’association AFAD a été intégrée au réseau régional de
défense des réfugiés, des demandeurs d’asile et des
migrants, pour la défense de leurs droits humains. Il s’agit
d’un réseau qui s’est constitué à Dakar (Sénégal) en
février 2009. Outre notre pays, il regroupe le Sénégal, le
Mali, le Niger, la Mauritanie, le Maroc en partenariat avec
la Cimade - ONG française - qui défend ce principe
dpuis de très longues années, très connue chez nous pour
avoir apporté son soutien à notre peuple durant la période
coloniale. Elle continue à défendre des sans-papiers algériens, à les visiter dans les centres de rétention de France,
à se solidariser avec les expulsés et les demandeurs
d’asile. Nous voulons être à ses côtés et aux cotés de
toutes les ONG internationales qui défendent le principe
de la libre circulation pour le respect de la dignité humaine et qui se mobilisent en ce moment à l’approche des
élections européennes. Ces ONG veulent peser par cette
démarche auprès des candidats sur la politique migratoire
européenne qui devient de plus en plus pénible pour les
réfugiés, migrants et demandeurs d’asile.
Mais en quoi consiste la relation entre les élections
européennes et le phénomène de l’immigration clandestine ?
Ce qui se passe en Europe nous interpelle. Ce qui se
passe surtout autour de la Méditerranée fait partie de
notre histoire. Nous ne pouvons rester passifs même si
nous ne sommes pas Européens, même si les politiques
européennes, par certains de ses aspects, ne nous concernent pas. Mais les échanges qu’ils soient commerciaux ou
la libre circulation des personnes nous concerne. L’atteinte
aux droits de l’homme nous concerne, nous revendiquons
aussi notre méditerranéité. Nous ne pouvons pas comprendre ni accepter que des marchandises puissent circuler librement au moment où des personnes restent prisonnières de la politique de restriction de l’Europe. La clochardisation des sans-papiers, de leur ghettoïsation, la
détresse des migrants et des demandeurs d’asile qui fuient
soit des conflits, soit une précarité, soit les changements
climatiques nous interpellent en tant qu’ONG à caractère
humanitaire. Chaque être humain a le droit d’améliorer
ses conditions de vie s’il ne peut pas le faire chez lui, il le
fait ailleurs, là où les chances pour lui sont plus grandes.
Or, la politique migratoire de l’Europe prend des aspects
inhumains. Elle embrigade des pays pour expulser les
migrants qui arrivent chez elle vers des destinations qui
ne sont pas les leurs - pays d’origine - un peu ce que vient
de faire l’Italie avec la Libye. Cette politique européenne
devient de plus en plus répressive, faisant fi des valeurs
humanitaires et du respect du principe fondamental de
protection de personnes fuyant la persécution. C’est
d’ailleurs ce que vient de dénoncer le Haut-Commissariat
des Réfugiés auprès des Nations unies (UNHCR) ainsi
que le Pape Benoît XVI. En moins d’une semaine, des
migrants sont renvoyés pour la 2e fois vers la Libye là où
on connaît le sort qui leur sera désormais réservé.
D’autres pays sont sur le point de signer les mêmes
accords, dont la Tunisie, le Congo Brazzaville, le Sénégal,
le Bénin.
L’Europe base l’essentiel de sa politique migratoire sur la
répression et sur le déni du droit à la vie. Les choses ne
font qu’empirer. En effet, en adoptant en 2008 la directive
retour ou la directive de la «honte» qui permet l’enfermement des demandeurs d’asile et des sans-papiers dans les
centres de rétention avec des durée pouvant aller jusqu’à
18 mois, le pacte européen sur l’immigration et l’asile qui
justifie un recours juridique totalement sécuritaire, l’Europe a ignoré la principale question de la régularisation
des sans-papiers, insistant seulement sur les devoirs et
non sur les droits. Pour nous, cela est une atteinte flagrante à la dignité des droits humains.
Ne pensez-vous que cette politique restrictive est pour
beaucoup dans le rush de migrants clandestins enregistré ces derniers jours ?
Aujourd’hui, en plus de vouloir assigner les migrants à
«résidence», et ce, depuis les accords de Schengen, avec
une politique drastique et restrictive des conditions d’obtention de visas, qui favorisent la migration clandestine,
l’Europe se voit confrontée à un rush de migrants venus
de tous les pays du sud de la Méditerranée, de l’Afrique
subsaharienne, de l’Asie, du Moyen-Orient, de l’Europe
de l’Est et d’autres contrées. A qui incombe la faute ? A
PHOTO :D. R.
4 DOSSIER
la mauvaise gouvernance dans certains pays ? Aux
conflits permanents dans certaines contrées ? A la paupérisation actuelle des pans entiers de l’humanité ? A des
pays où la large majorité est constituée de jeunes qui ont
la rage de vivre, de bien vivre ? Ce phénomène certes se
globalise. Mais au nom des principes fondamentaux des
droits de l’homme et des conventions internationales ratifiées dans leur grande majorité par des pays développés et
ceux en développement, l’Europe doit être plus clémente
et plus humaine dans le traitement de cette problématique
mondiale. Bien au contraire, elle a opté pour une politique
restrictive et répressive, une politique de concertation
globale inhumaine. Vous savez autant que moi que la
majeure partie des peuples préfèrent rester chez eux si les
conditions d’un bien-être sont réunies. Si près des pays du
sud de la Méditerranée dont les richesses sont exploitées
qui donnent du bien être à ses populations, l’UE avec sa
politique de bon voisinage propose d’aider et de soutenir
ces pays à se développer par des investissements, la formation, le transfert de technologie. En tolérant la liberté
de se déplacer pour les gens des pays du Sud, sans être
pourchassés, surtout s’ils sont persécutés, s’ils fuient une
misère, s’ils rêvent d’un avenir sous d’autres cieux, va-telle commettre un crime ? L’Europe et l’Occident en
général, n’ont eu de cesse de sublimer à une période très
récente le concept de globalisation avec l’abolition des
frontières ?
La question économique, le terrorisme et la criminalité ont-t-ils joué en défaveur justement du sort des
migrants aujourd’hui ?
Il est vrai que le terrorisme et les trafics en tout genre ont
engendré une criminalité un peu partout à travers le
monde. Aucun pays n’est à l’abri. Seulement, j’estime
que la violation des droits de la personne par ceux-là
même qui sont censés protéger les plus faibles ne peut en
aucun cas être admise. Les Etats ont des méthodes, des
moyens colossaux pour se prémunir contre le crime et le
terrorisme. Mais que cela ne doit pas servir d’alibi et faire
germer la haine de l’étranger sous prétexte qu’il est une
charge à supporter au plan économique, un potentiel terroriste ou un criminel.
Et le phénomène des harraga, comment l’abordezvous, le concevez-vous en tant qu’association qui militent également pour le développement ?
La question des harraga, nous l’avons abordée bien avant
notre intégration au réseau régional de Dakar. Nous y
avons été confrontés brutalement, sans y prendre garde
quand des adhérents de notre association ont vu leur
enfant partir et certains d’entre eux disparaître. Nous
avons vu des parents dénoncer leurs enfants aux gardescôtes pour les intercepter et leur éviter une mort certaine.
Nous avons vu des mères rentrer dans l’eau tout habillées
à l’aube suppliant leur enfant de ne pas partir. Nous avons
aussi vu des parents complices vendre le dernier bijou
pour payer le voyage, non pas pour se débarrasser de leur
enfant, mais parce que persuadés qu’en atteignant les
côtes européennes, leur enfant fera fortune et pourra ainsi
les aider à sortir de leur condition de misère. Tout cela est
très complexe, mais en même temps humain. C’est aussi
vrai que la question des harrag est aujourd’hui une question brûlante dans notre pays. Ce phénomène est apparu
depuis quelques années, depuis certes l’avènement des
accords de Schengen mais aussi parce que notre système
politique actuel même s’il s’est penché souvent sur la
question de jeunes, l’attente n’a pas été à la hauteur de
leurs aspirations. Depuis le passage des années noires du
terrorisme si l’on prend l’âge de la jeunesse d’aujourd’hui
qui, pour beaucoup sont nés dans les années 1980 et 1990,
nombreux sont ceux qui ont aujourd’hui 29 et 20 ans. Ils
n’ont connu que la violence et la paupérisation avec la
démission d’une large part des politiques, des gouvernants, de la société civile et des parents. En effet, ni
l’élite ni les politiques, encore moins la société civile,
n’ont fait aucune pause pour situer les traumatismes
vécus et voir comment panser les blessures et éviter les
dérives survenues et à venir. La responsabilité est partagée, nous devons le reconnaître et trouver des solutions
ensemble entre gouvernants et gouvernés.
Malheureusement, il ne se passe pas un jour sans que la
presse ne rapporte des informations, en plus de celles que
nous détenons, des naufrages, de l’interception où des
dérives des chaloupes en mer, des corps sans vie rejetés.
Cette problématique douloureuse nous absorbe entièrement. Nous essayons dans notre ONG de réfléchir à des
alternatives face à ce mal être. Est-ce qu’il y a des alternatives ? Nous n’en savons rien. Par ailleurs, les inégalités
sociales existantes dans notre pays n’arrangent en rien la
perspective d’avenir de ces jeunes qui rêvent d’une vie
harmonieuse, d’une vie où ils peuvent se projeter dans
l’avenir. Mais les frustrations sont nombreuses et la violence prend le dessus, le désir de mort est aussi très présent chez ces jeunes. Avec l’arrivée de l’été, les départs
sont et seront certainement de plus en plus nombreux. Les
chiffres ne cessent d’augmenter et l’âge des harraga varie
désormais entre 14 et 29 ans. Des filles sont aussi du
voyage. Nous les aînés, nous avons failli quelque part,
c’est très grave !
Comment comptez-vous agir pour aider à trouver les
solutions pouvant contribuer à endiguer un tant soit
peu ce phénomène de société qu’est el harga ?
Nous sommes sollicités pour des partenariats sur la question des migrants. Mais nous sommes et demeurons très
prudents. D’ailleurs, nous l’avons dit et clairement signifié à des interlocuteurs internationaux que nous avons
rencontrés notamment des diplomates italiens et britanniques en réaction à ce que nous avions dit sur votre journal.
Nous refusons de faire une politique de dissuasion en
direction des Harragas, car nous n’avons pas d’alternative
à leur proposer. Nous avons dit à nos interlocuteurs italiens que nous étions prêts à faire un travail dans leur pays
en partenariat et avec leurs ONG. Ce travail pourrait être
fait dans les premiers centres de rétention pour pouvoir
rencontrer les Harragas algériens, discuter avec eux de
leur désir volontaire de rentrer où pas dans leur pays.
Nous refusons de jouer le rôle de gendarme au service de
l’Europe. Nous leur avons dit que ne sommes nullement
attirés par les financements mirobolants qui peuvent être
mis à notre disposition pour jouer ce rôle, notre mission
est bien précisée dans le projet du réseau régional que
nous avons intégré. Dans ce projet, la partie algérienne
réservée à AFAD se concentrera sur la sensibilisation et la
formation de la société civile aux droits des migrants et la
connaissance des droits des étrangers en situation irrégulière en Europe comme chez nous. Notre projet sera en
outre axé sur la mise en place de réseau d’avocats engagés
dans la défense des droits humains des demandeurs
d’asile, des réfugiés et des migrants. Par ailleurs, nous
sommes en train de finaliser un projet en direction des
harraga qui nous permettra de voir comment trouver une
alternative à leurs problèmes, à leur désir de liberté et
connaître ainsi les raisons objectives qui les poussent à
mettre en péril leur vie, motivée par une vision virtuelle
d’une vie meilleure en Europe. Nous proposerons ce projet au gouvernement algérien et ferons des recommandations pour aller dans le sens d’une amélioration de la vie
des migrants, des réfugiés et demandeurs d’asile et bien
sûr des harraga. Nous restons persuadés que les valeurs
humaines ancestrales de l’Algérie sont immuables. Nous
sommes des humanitaires et devons rester attachés au
développement durable. Nous refusons toute politique de
dissuasion qui pourrait constituer un frein à l’idée de
changer d’espace pour se développer tout en épousant
l’idée de la globalisation.
N. B.
6 DOSSIER
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Mohamed Saïb Musette. Maître de recherche au Cread
«Les transferts des émigrés ont atteint
3 milliards de dollars en 2008»
La modialisation aidant, la question migratoire ne cesse
de préoccuper bon nombre d’Etats et appelle les
spécialistes à se penscher sur la notion d’un
co-développement partagé. Source de développement
pour les uns, manque à gagner pour les autres,
Mohamed Saïd Musette, maître de recherche au Centre
de recherche en économie appliquée pour le
développement (Cread), dissèque dans cet entretien la
question migratoire de/et vers l’Algérie et l’apport de la
diaspora algérienne à l’économie nationale.
Interview
réalisée par
Zhor Hadjam
Vous travaillez actuellement sur un projet sur l’émigration, pouvez-vous nous dire qu’elle est la contribution actuelle de la diaspora algérienne à l’étranger au développement du pays d’origine et si les
transferts d’argent vers l’Algérie sont en hausse par
rapport aux dernières années ?
D’abord, laissez-moi vous dire qu’elle contribue beaucoup au développement de ses pays d’accueil. C’est
aussi notre fierté. Pour l’Algérie, c’est autre chose.
La «diaspora algérienne», entendue comme l’ensemble
des générations des Algériens et de leurs proches résidant à l’étranger, n’a cessé d’apporter sa contribution
au développement économique et social de l’Algérie.
Je suis convaincu que sa contribution actuelle est
importante et nécessite d’être mise en valeur. Il existe
plusieurs localités en Algérie où les migrants apportent
le nécessaire, parfois le minimum vital pour la survie
des familles restées au bled. L’une des contributions
qu’on oublie souvent c’est les visites régulières, pour la
plupart annuelles, de nos migrants en Algérie, les seules qui font vivre le secteur du tourisme dans la mesure
où la part des touristes étrangers est très faible. Cet
apport reste à évaluer bien sûr. Ils ramènent aussi des
cadeaux, qui doivent être évalués. Certains s’endettent
pour le faire, car c’est une contrainte sociale, à laquelle
ils ne sauraient se déroger. Certes, il y aussi la contrepartie.
Dans notre étude portant sur les migrants de retour, une
tentative d’évaluation a été faite, mais elle reste insuffisante. Le retour est une réalité tangible mais il ne saurait être total. Ce serait de l’utopie. Le retour ne suppose pas l’achèvement de l’expérience migratoire. Un
nouveau départ n’est pas exclu.
Bien d’autres facettes de l’apport des migrants restent
dans l’ombre. Trois pistes, entre autres, méritent une
exploration approfondies. D’abord, il y a la présence
des binationaux ou des birésidents qui travaillent en
Algérie.
Cette catégorie, constituée notamment de la deuxième
génération, commence à être visible dans plusieurs
secteurs d’activité. Ellse apportent capitaux et
savoir-faire en Algérie. Ensuite, il y a les «remises
sociales», ces transferts de pratiques, d’idées, de services qui sont apportées par les associations des Algériens
à l’étranger.
Ces Associations n’interviennent pas seulement en
période de crise ou d’événements ou de catastrophes
naturelles, elles sont présentes dans des espaces loin de
toute publicité. Enfin, la piste des transferts d’argent
n’est pas négligeable. Il y a quelque mois de cela
(février 2009), j’ai entendu dire que le montant de
retraites transférées vers l’Algérie avait atteint 1,5 milliard de dollars US en 2007 contre seulement 2 millions
dix ans auparavant… Et si on ajoute le montant emporté par les migrants et envoyés par des tiers à leurs
familles en Algérie, on peut aisément dire que le montant global dépasse le volume de nos exportations hors
hydrocarbures.
Selon les données de la Banque d’Algérie, le montant
net des transferts de fonds de l’étranger, à travers les
circuits officiels, est passé de 2,2 milliards de $US en
fin 2007 à 2,7 milliards de US en fin 2008. Ce volume
est le net, c’est-à-dire entrée moins sortie, ce qui veut
dire le montant réel de transferts en entrée est beaucoup
plus important, et ce, sans compter les transferts effectués hors circuits officiels. On peut aisément, sans risque de se tromper, affirmer que le montant de transferts
en entrée a dépassé largement les 3 milliards de dollars
US. Les experts de la Banque mondiale donnent la
même estimation pour 2008. Ce volume global renferme plusieurs composants qui restent peu connus.
Les flux migratoires de chômeurs mais aussi de
diplômés algériens ne cessent d’augmenter en direction de pays plus riches. Quelles en sont les raisons,
selon vous, alors que le gouvernement affiche des
ambitions très grandes en matière d’emploi et de
logement notamment ?
La décision de quitter le pays est un droit constitutionnel. Personne ne peut interdire à un Algérien de partir à
l’étranger. Y a-t-il subitement une augmentation ? Quel
était le volume de départ avant et à combien s’élève le
volume actuel ? J’avoue que mes recherches à des données fiables à ces questions sont restées vaines. Il y a
effectivement des départs et des retours. Les flux
migratoires sont des phénomènes qui méritent une
observation permanente. On ne peut continuer d’inventer des chiffres. Selon les statistiques françaises, il y a
une moyenne de 11 000 entrées/an réguliers en France
entre 1995/1999, puis le volume a augmenté à près de
22 000 en moyenne annuelle entre 2000 et 2005.
La France reste la destination principale des Algériens.
La décision de quitter le pays est
un droit constitutionnel.
Personne ne peut interdire à un
Algérien de partir à l’étranger. Y
a-t-il subitement une
augmentation ? Quel était le
volume de départ avant et à
combien s’élève le volume actuel
? J’avoue que mes recherches à
des données fiables à ces
questions sont restées vaines. Il
y a effectivement des départs et
des retours. Les flux migratoires
sont des phénomènes qui
méritent une observation
permanente. On ne peut
continuer d’inventer des chiffres.
Les mêmes sources françaises attestent, une dynamique
de retour des binationaux vers l’Algérie, qui passe de
8000 en l’An 2000 à 36 000 en 2007. Ces statistiques
sont intéressantes mais limitées pour le sociologue. Le
migrant n’est pas un être statistique. Ces données représentent combien de familles sur les cinq millions existantes en Algérie ?
Il est vrai aussi que certains pays du Nord adoptent des
politiques actives de la migration, notamment les diplômés et les talents globaux. Cette catégorie de migrants
se place sur le marché mondial des compétences. Selon
une étude publiée en mai 2009 en Angleterre, à travers
des sondages réalisés dans plusieurs pays, les principales raisons à cette mobilité internationale sont de cinq
ordres :
-1 les différences de salaire apparaissent de loin comme
le premier motif de départ. Ce motif est généralement
caché sous couverts de divers alibis.
-2 La mobilité professionnelle ascendante, le plafond
existe dans tous les pays et à différents niveaux. Ce qui
fait que le parcours migratoire ne s’arrête pas toujours
au premier pays d’accueil.
-3 La recherche d’un perfectionnement, d’un prolongement des études est aussi un motif permanent de la
migration. Souvent l’objectif atteint, le migrant retourne au pays.
-4 Les réseaux sociaux et professionnels constituent
aussi un élément d’attraction à la mobilité des compétences. Le soutien à l’installation est généralement
garanti, souvent pour une courte durée.
-5 Il y a enfin la migration forcée, pour des raisons de
force majeure. Il me semble que toutes ces raisons sont
présentes dans la prise de décision de départs des diplômés.
Ces motifs sont aussi présents en Algérie et le poids de
chaque motif varie selon les conjonctures.
Peut-on lutter contre ces causes ? Est-ce que les projets
de création d’emploi et de logement peuvent réduire les
tentations de départs de nos compétences ? Je ne pense
pas. Les compétences qui partent ont souvent un
emploi et aussi un logement.
Ces projets viseraient-ils alors les jeunes chômeurs qui
désirent tenter leurs chances à l’étranger. Le gouvernement va-t-il donner un emploi et un logement à chaque
jeune chômeur ? Quel type d’emploi va-t-on offrirt aux
jeunes qui sont de plus en plus instruits et exigeants sur
le plan du salaire ? Les services publics recrutent de
moins en moins des jeunes en qualité de salariés permanents. Le secteur privé recrute des jeunes, généralement à temps partiel et le plus souvent dans l’informel.
Il y a effectivement une stratégie implicite entre ces
deux projets. La construction des logements va relancer
le marché du travail, notamment dans le secteur des
BTP. Là aussi, c’est connu, ce secteur fonctionne plus
avec des emplois informels en Algérie, donc des
emplois temporaires.
Le rétablissement de la confiance des jeunes désirant
partir repose sur un véritable contrat social. Selon un
sondage en 2002, environ 36% des jeunes (des deux
sexes) expriment le désir de quitter le pays, autrement
dit, 64% n’ont aucun désir de partir à l’étranger.
Certains sont passés à l’acte. Un départ se prépare et le
soutien familial (moral et financier) est important en
Algérie. La réponse sociale, pour certaines familles, à
ce désir a été le mariage, quitte à cohabiter avec les
parents, ici ou là-bas. Dans cette stratégie, un emploi
décent avec un salaire convenable et un logement destiné aux couples jeunes peuvent être un élément au
rétablissement de la confiance des jeunes. Mais vous le
savez, que ce soit l’emploi et le logement, le mode
d’accès obéit à des logiques qui ne relèvent pas de la
lutte contre les tentatives de la migration juvénile.
Vous estimez dans un récent rapport du Cread que
«L’Algérie reste à ce jour le seul pays du continent
africain à avoir adopté et mis en œuvre une politique
de retour de ses travailleurs migrants de la France».
Pensez-vous réellement que cela a été bénéfique,
étant donné le peu d’empressement affiché par les
concernés, et au contraire nous sommes-nous pas en
retard dans ce domaine par rapport aux voisins
maghrébins immédiats ?
Cette affirmation est un constat historique. Au moment
de la rupture des accords sur la migration de maind’œuvre avec la France, l’Algérie avait mis en place
une politique de réinsertion de ses travailleurs à l’étranger. Cette décision est unique en Afrique. Les résultats
de cette politique sont certes mitigés. Aujourd’hui, il
n’ya plus de politique de retour, aucune incitation n’est
mise en œuvre pour le retour des migrants. La tendance
des retours que j’ai observée entre 1996 et 2006, est
une initiative privée, liée à des considérations personnelles et familiales. Les mécanismes d’accompagnement des migrants de retour sont classiques et existent
dans tous les pays du monde.
Vous avez raison de dire que nos pays voisins ont une
avance sur l’Algérie. Ils ont mis en place des mesures
incitatives pour accompagner les migrants de retour ou
tout simplement les migrants qui veulent investir dans
le pays d’origine, même «sans changement de résidence».
Actuellement, il y a une certaine attente de notre communauté pour une plus grande participation à la vie
économique au pays. Ils sont nombreux à manifester
leurs intérêts à venir en Algérie, où tout est à construire.
Dans les affaires, il n’existe pas de patriotisme. Un
investisseur est un être rationnel et ne prend des risques
qui sont acceptables. Nos pays voisins ont intériorisé
cet esprit d’entreprenariat des migrants, et puis ils ont
une expérience du libéralisme économique différente,
fondée sur la valeur travail.
Z. H.
PRODUITS & MARCHÉS 7
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Filière phœnicicole
La recherche scientifique au
service du palmier dattier algérien
Le patrimoine des palmiers dattiers dans le
Sud n’est toujours pas à l’abri des maladies
qui le menacent depuis plusieurs années.
Tous les travaux de recherche effectués par
les scientifiques dans les laboratoires et les
structures universitaires ne sont toujours pas
parvenus à stopper le bayoud qui reste un
problème majeur dans l’écosystème oasien.
Ce dernier, confronté entre autres à la
pression démographique, la désertification,
la salinité du sol, de l’eau et au vieillissement
avancé de 25% des palmiers, ne permet plus
d’y développer une phœniciculture (culture
du palmier dattier) aux rendements
souhaités.
Par
Lyès Malki
éunis la semaine dernière à l’Institut national de recherche agronomique (INRA), autour d’un
débat sur la filière phœnicicole algériennes, des experts n’ont pas manqué
de mettre en exergue l’importance économique et écologique de la phœniciculture. Selon eux, un intérêt particulier
est porté ces dernières années à cette
filière, puisque de nouvelles plantations
ont été prévues dans plusieurs régions
du Sud.
Les superficies récoltées ont ainsi augmenté de pas moins de 60% en une
décennie (1996-2006). Cependant, les
mêmes experts notent que cette croissance est restée surtout extensive, en
l’absence d’une tendance à la hausse
des rendements par palmier sur une
longue période et une sous-valorisation
des superficies sous palmier, des sousproduits des palmiers et des possibilités
de diversification de la production.
«Des marges très importantes d’intensification, d’extension et de gain en productivité persistent et permettent de
satisfaire aussi bien le marché local à un
prix raisonnable que celui extérieur à
R
des prix compétitifs», soulignent les
spécialistes. Pour ce faire, ces derniers
appellent à une meilleure protection de
la production et à la redynamisation de
la filière par une structuration plus efficace de la filière et une maîtrise des
marchés extérieurs (participation aux
salons internationaux, foires, prospection de nouveau marchés, diversification des produits à base de dattes, production bio, etc.).
CAP SUR L’EXPORTATION
En réponse à cette problématique, un
programme d’intensification et de développement de la filière a été initié par le
ministère de l’Agriculture et du
Développement rural.
Le programme prend en charge les
aspects liés à «l’intensification et l’accompagnement technique de la phœniciculture, afin de redynamiser la filière
datte pour promouvoir la commercialisation de la datte au niveau national et
international d’une part, de créer des
emplois et enfin de contribuer la sécurité alimentaire des populations oasiennes, d’autre part».
Ce programme spécifique vise, pour la
période 2009 – 2013, à atteindre les
objectifs évolutifs de production et
d’exportation de la datte, à savoir de
produire à l’horizon 2013 plus de 8
millions de quintaux (moins de
6 millions actuellement) et d’en exporter 600 000 q (un peu plus de 400 000 q
actuellement).
Il s’agit ainsi, comme le prévoit le programme, de réhabiliter les anciennes
palmeraies, de créer de nouvelles plantations de dattiers, de diversifier des
productions agricoles en milieu oasien,
de préserver et valoriser la diversité
génétique du palmier dattier et, enfin,
de redynamiser la filière datte en développant le marché national et celui destiné à l’exportation.
A ce propos, les responsables en charge
du secteur n’ont pas manqué de relever
la volonté des différents acteurs à s’organiser en groupement. Cette volonté
est plus accentuée au niveau de la
région du Sud Est où des réunions ont
déjà été tenues pour assoire une véritable organisation. Dans ce contexte, la
région de Touggourt présente les potentialités requises, à savoir l’existence
d’une association regroupant un millier
d’agriculteurs et d’opérateurs locaux,
en plus du fait que la zones de Oued
Righ bénéficie de fortes potentialités
dattières destinée à l’exportation (80%
des exportations). Il faudra cependant
aller vers une «contractualisation des
relations commerciales inter-opérateurs,
sous l’égide des services agricoles, sur
la base d’un cahier des charges incluant
des closes inhérentes à la qualité, le
prix, l’aide qui pourrait être apportée
par l’acteur (conditionneur-exportateur)
aux exploitants pour améliorer la qualité des dattes et les rendements sur la
base d’un plan opérationnel intégrant
un échéancier», précise-t-on dans le
programme.
Cette décision de contractualisation et
de professionnalisation des différents
acteurs de la filière débouchera à moyen
terme (2009-2013) à la mise en place
par les acteurs d’une Organisation interprofessionnelle de la datte (OID) ou un
Groupement d’intérêt commun de la
L. M.
datte (GICD).
Evolution des rendements (production/palmier)
Evolution des exportations
Mme Bouguedoura. Professeur à l’université de l’USTBHB
«Nous devons développer des cultivars
résistants aux maladies»
Propos recueillis
par
Lyès Malki
Vous êtes membre du réseau de recherche et de
lutte contre le bayoud. Quelle est la mission de ce
réseau et quels sont ses objectifs ?
Plusieurs structures scientifiques sont impliquées
dans la recherche sur le palmier dattier. Pendant des
années, chacun est restés dans son coin et les relations
étaient individuelles. Avec ce réseau, l’objectif était
de mettre ensemble les nombreuses équipes de
recherche dans les structures universitaires et mettre
en synergies toutes les études qui se complètent. Ce
réseau a été mis en place en juillet 2007 à l’initiative
du ministère de la recherche scientifique et nous
essayons maintenant d’avoir le financement nécessaire
à son fonctionnement. Nous avons pu établir le bilan
des travaux de recherche effectués depuis 40 ans dans
ce domaine et nous avons mis les grandes lignes du
programme national de recherche sur le palmier
dattier pour préserver notre patrimoine phoénicicole.
Nous asseyons aussi d’établir la fiche d’identité de
chaque cultivar.
Quel est l’état de la phoniciculture aujourd’hui,
notamment par rapport à la menace du bayoud ?
Nous avons déjà perdu 3 millions de palmiers depuis
que cette maladie est apparue, notamment dans la
région ouest du Sahara. Elle a continué à s’étendre
mais heureusement qu’elle n’a pas atteint la région
des Ziban où il y a la Deglat Nour. Il y a eu certes
l’apparition de quelques foyers qui ont été aussitôt
maitrisés. Il faut dire cependant qu’il s’agit d’une
maladie incurable, malgré tous les travaux qui ont été
réalisés dans le cadre de la lutte contre le bayoud.
C’est un champignon qu’on n’arrive pas à éradiquer.
Il faudrait donc le contrecarrer en plantant et en
multipliant des variétés résistantes. Mais nous avons
constaté que les variétés résistantes à cette maladie ne
sont pas toutes de bonne qualité dattière. Notre
objectif est d’arriver donc à développer des variétés
qui soient résistantes et de bonne qualité dattière en
même temps.
Une autre nouvelle maladie menace nos palmiers,
semble-t-il…
Elle n’est pas nouvelle puisqu’elle est connue depuis
longtemps mais elle était surtout répandue en Tunisie.
Il s’agit de la maladie de la feuille cassante. Elle peut
toucher n’importe quelle variété et on l’a reconnaît à
travers toutes les feuilles qui se cassent et qui donnent
au final un palmier mort. Contrairement au bayoud
dont l’origine est un champignon, les recherches
scientifiques n’ont pas pu déterminer l’origine de la
maladie de la feuille cassante. En Algérie, elle est
certes récente, mais pas mal de palmiers sont déjà
morts de cette maladie à Biskra et ses environs. Une
équipe spéciale à l’université de l’HSTHB fait des
recherches sur cette maladie.
Peut-on conclure que notre patrimoine de palmiers
dattiers est aujourd’hui menacé ?
Nous avons quand même 17 millions de palmiers. La
menace et si les mesures prophylactiques ne sont pas
prises et si la Deglat Nour est atteinte, c’est fini. Il y
a aussi un insecte qu’on appelle le «charançon»,
véhiculé par les palmiers d’ornement importés, qui
constitue aussi une menace pour le palmier dattier du
sud.
Il faut donc absolument continuer à travailler et à
faire des recherches pour préserver notre patrimoine
L. M.
de toutes ces menaces.
8 LES DÉBATS DE L’HEURE
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
LES DÉBATS DE L’HEURE 9
BOUTEILLE EN PVC ET PET ADAPTÉE AU MILIEU ALGÉRIEN
PROPOSITION D’UNE MÉTHODE DE TAXATION
Nous proposons dans ce travail une méthode
qui permet à la fois de financer des emplois de
récupération des déchets de bouteilles en PVC
et PET et qui permet de responsabiliser les
producteurs tout en associant les
consommateurs. C’est une taxe assez
substantielle, qui permettra la concurrence du
verre, qui est payée par le consommateur. Il
récupère une partie en rendant les bouteilles
plastiques dans un centre de récupération.
C’est le producteur qui devient le principal
agent dans ce processus puisqu’il est obligé de
rendre cette taxe qu’il aura perçue au moment
de la vente. L’Etat va arbitrer et contrôler que
la loi est bien appliquée.
Par SiAbdelhadi Amar (*)
M
ots clés : efficacité de la taxation, déchet de la bouteille en plastique, favoriser le développement de la
bouteille en verre, responsabilité des producteurs,
participation du consommateur.
INTRODUCTION
Nous rejetons de plus en plus de bouteilles PVC et PET
(polyéthylène de téréphtalate). La consommation des bouteilles d'eau en PVC et PET est en train de connaître des
hausses spectaculaires. Il faut signaler que pour la seule marque d'eau Ifri plus de 20 millions de bouteilles par an sont
consommées. La consommation augmente continuellement.
«La consommation annuelle des eaux minérales est, selon
une étude, estimée à plus de 550 millions de litres. Le citoyen
algérien consomme jusqu’à 16 litres chaque année. Tous les
ans, une croissance de la consommation de plus de 22% de
l’eau minérale est enregistrée. Plus de 24 marques d’eau
minérale sont proposées actuellement aux clients sur le marché national. Elles sont fabriquées par une vingtaine de producteurs recensés à travers le territoire national » 1
En Algérie, le recyclage de ces bouteilles pose problème, en
raison du manque d’efficacité des structures étatiques. La
récupération, le tri et la valorisation des déchets sont des
activités civiques indispensables. Plus de 10% des ordures
sont composées de produits en plastique. Si aucune décision
efficace de solutionner le recyclage du plastique n’est prise,
alors on peut s'attendre à une catastrophe écologique en
Algérie2. Les dommages liés à la dégradation de l’environnement engendrent un coût élevé estimé à environ 7% du
PIB3. Le marché tout seul ne peut pas solutionner le problème de l’environnement. Il faut que l’Etat intervienne. Les
pays industrialisés ont systématiquement recouru à l'intervention de l'Etat pour protéger l’environnement. En effet, les
Etats n’hésitent pas à manipuler les prix pour atteindre leurs
objectifs dans ce domaine.
L'expérience du Japon et de la Communauté européenne et
des pays nouvellement industrialisés montre que l'Etat en tant
que principal acteur dans la protection de l’environnement est
une réalité incontournable. Cependant, le débat concerne le
rôle de l'Etat et la manière de son intervention. L'expérience
des pays industriels montre des politiques économiques plus
efficaces de protection de l'environnement, qu’en Algérie.
Si l’Etat est le principal acteur dans la résolution des problèmes de pollution de l'environnement, il est cependant un
mauvais opérateur public. En effet, l'Etat est un mauvais producteur, un mauvais constructeur, un mauvais enseignant, un
mauvais médecin et un mauvais nettoyeur. L'Etat doit initier,
réguler, contrôler et éduquer les opérateurs économiques. Il
ne faut pas confondre les tâches. Si l'Etat devient un producteur, qui va le contrôler ? Donc si l'Etat abandonne son rôle
de régulateur, de contrôleur et d'arbitre, le résultat risque de
ne pas être positif. L’Etat ne peut prendre des taxes écologiques et jouer le rôle d’éboueur. Voilà pourquoi nous suggérons dans ce travail, que l'état doit avant tout remplir son
principal rôle, qui est d'initier une politique de préservation
de l'environnement et ensuite de contrôler son fonctionnement. Ce sont les agents économiques (producteurs et
consommateurs) qui vont se charger de nettoyer les déchets
issus de leur activité.
INEFFICACITE DES TAXES ECOLOGIQUES
CONVENTIONNELLES EN ALGERIE
Le volume des impôts auxquels sont assujettis les fabricants
de bouteille est assez lourd. «Ces derniers sont soumis à trois
niveaux de fiscalité. Il s’agit en premier lieu de la taxe domaniale, de l’ordre de 5%, calculée sur la base du chiffre d’affaires réalisé. La seconde remarque émise par les industriels de
la filière «boissons» est liée à la taxe par le code des eaux.
Cette taxe contient à son tour deux impôts : une taxe forfaitaire variant entre 500 000 et 700 000 DA/an et une taxe pour
le fonds national de l’eau potable de 2 DA par litre, au titre de
l’usage, à titre onéreux, du domaine public hydraulique. La
troisième taxe est celle de l’environnement : 1 DA pour les
bouteilles en PET et 0,5 DA pour les bouteilles en verre.»4
Prélever des taxes peut s’avérer ne pas être une solution en
Algérie. Les taxes sont devenues une solution nécessaire mais
pas suffisante. En Algérie, les conditions de perception et
d'utilisation des taxes de l'environnement sont différentes. Il
ne s’agit pas de faire des taxes pour être ensuite versées dans
le compte de l'état, car l'état a beaucoup d'argent et il est
incapable d'utiliser son argent. Des taxes de l'environnement
en Algérie, ça existe. Cependant, l'utilisation de cette taxe
pose problème. En effet, s’agissant de l’environnement, des
instruments économiques et financiers ainsi que diverses
dispositions fiscales, relatives aux déchets solides, aux
effluents liquides industriels, aux émissions atmosphériques
et aux activités polluantes ou dangereuses pour l’environnement, ont été introduites, par les lois de finances 2000, 2002,
2003, 2004 et 2005. On peut citer en particulier
• La taxe relative aux activités polluantes ou dangereuses
pour l’environnement;
• La taxe sur les sacs en plastique
Ces taxes sont perçues comme des impôts et ne participent en
aucune manière à résoudre le problème de l’environnement
posé par les déchets non biodégradables que représentent les
bouteilles en plastique. L’objectif des taxes écologiques est de
réduire la pollution de deux manières : en réduisant la
consommation à travers l’effet augmentation des prix, d’une
part et d’autre part, avec les taxes récupérées, nettoyer les
dégâts causés à l’environnement. Au contraire, en Algérie, ces
taxes découragent les investissements, augmentent la corruption et ne participent pas au nettoyage de l'environnement. Si
le but de ces écotaxes, est d’empêcher les personnes de
détruire l’environnement en consommant moins. Alors ce but
n’est pas atteint. La première raison est que les services de
l’Etat souffrent de défaillance en Algérie. Les différentes
taxes prélevées sont soit donnés à des services de dépollution
inefficaces soit non utilisées. Tous les plans d’action5 du
gouvernement Algérien tendent à rester lettre morte. Pour le
rapport la gestion des déchets au Maghreb «sans mesures
adéquates d’accompagnement, la réglementation et les institutions à elles seules ne suffisent pas pour améliorer la situation». La deuxième raison est que le montant de cette taxe
n’a pas de lien avec son objectif. Pour faire face à ce problème, il existe techniquement plusieurs solutions. Encourager
l'utilisation du PVC et PET biodégradable. Cette solution
peut être appliquée en taxant lourdement le PVC et PET
conventionnel. Cependant cette solution est aussi polluante,
dans la mesure où il faut beaucoup de temps pour que ces
produits se dégradent. L'encombrement de l'environnement
sera toujours problématique. Le verre trié et recyclé peut
aussi être une solution. Cependant elle est aussi coûteuse.
En effet, la taxe doit être suffisante, pour décourager l’utilisation du PVC et PET au détriment d’autres matériaux, moins
nocifs pour l’environnement, ou au moins encourager l'utilisation d'autres composants, biodégradables tel que le verre
qui est intégralement recyclable. Si le coût de production de
bouteilles en PVC et PET devient supérieur à un autre produit
substituable, tel que le verre, alors ceci va encourager la production de bouteilles écologiques au détriment de bouteilles
plastiques. Par conséquent, il faut déterminer le coût d'une
bouteille en verre ou toute autre bouteille écologique, et
appliquer une taxe supplémentaire à la bouteille PVC et PET,
de telle manière que les producteurs trouvent leur intérêt a
substituer la bouteille en verre à la bouteille plastique. Le
montant des taxes actuelles appliquées est loin de répondre à
cet objectif. Voila pourquoi nous proposons l’utilisation d’une
taxe-consigne pour pousser le consommateur et le fabricant à
participer à l’élimination du déchet de la bouteille. Il faut
créer un système qui implique à la fois le consommateur et le
producteur. L'état doit se limiter au contrôle et à l’arbitrage.
L‘Etat jouera le rôle d’arbitre et de régulateur et va veiller à
ce que les lois soient bien appliquées. Il faut créer un système
qui fonctionne et qui permette de nettoyer l'environnement de
manière automatique. Il faut que chaque pollueur soit impliqué dans le nettoyage des déchets qu'il aura engendré dans le
cadre de son activité. Il faut frapper là où ça fait mal pour
décourager la consommation d'eau de bouteilles : le porte-
monnaie. Il faut créer une taxe assez importante pour permettre d’abord la récupération de la bouteille en plastique et
ensuite son recyclage. Cette taxe doit être assez substantielle
pour payer les frais de transport, de tri et de recyclage de la
bouteille. Plus cette taxe est substantiellement élevée, plus le
consommateur, le distributeur et le producteur seront sensibles et réagiront vite.
RECYCLAGE
Le recyclage des matières plastiques devra être une obligation
pour les fabricants de produits plastiques. Chaque usine qui
fabrique des bouteilles plastiques devra investir dans le recyclage des bouteilles rendues. Le recyclage du PET permet
d’économiser une quantité importante de pétrole et de réduire
le tonnage des ordures incinérées. L’objectif de la taxe-consigne est d’aboutir à la récupération des déchets de la bouteille
PET à hauteur d’au moins 90%. Les bouteilles recyclées sont
lavées et concassées dans une usine où elles sont transformées en flocons de PET. Ces derniers sont ensuite utilisés
pour produire des vêtements, des textiles, du rembourrage ou
encore des gaines électriques.
Il existe des entreprises spécialisées dans le recyclage des
bouteilles en plastique. Ces entreprises achètent le PVC et
PET qui est trié au niveau des communes. La hausse du prix
de l'énergie a engendré la hausse du coût de fabrication des
bouteilles en plastique.
Ceci a favorisé le développement des entreprises de recyclage. Ce qui fait que l'industrie du recyclage est redevenue très
concurrente. Les communes dans les pays développés font
appel au civisme des citoyens pour rendre les bouteilles en
PVC et PET dans des centres de tri. C'est bouteilles sont
revendues aux entreprises de recyclage.
Techniquement les bouteilles triées peuvent être compactées
puis broyées et transformé en granulé pour faire des conduites d'eau, des bouteilles et bidon d'huile mais aussi des bouteilles d'eau et soda. La chaîne de transformation commence
par le lavage des bouteilles et flacons PVC et PET pour retirer
les étiquettes et la colle, elle se poursuit ensuite par leur
broyage, en paillettes. Ces dernières sont ensuite extrudées et
chauffées à 250 °C pour être transformées en granulés. Ce
matériau est alors livré aux usines de production, de biens
d'équipements en PVC et PET qui le mélangent à la matière
vierge à 50 % en moyenne. Les bouteilles sont recyclées en
tuyaux pour eaux pluviales et eaux usées, gaines de passage
de câbles et bacs de collecte. Les bouteilles et flacons peuvent
aussi être recyclées en plusieurs autres produits tels que les
fibres de rembourrage polyester de couettes, d'oreillers, de
blousons ainsi qu’en nouvelles bouteilles et flacons.
SOLUTION
La proposition suivante vise à solutionner le problème des
bouteilles plastiques dans un pays où les structures de l'Etat
sont impuissantes devant les problèmes de la gestion des
communes tels que l'assainissement, le nettoyage, etc. Si cette
solution marche, elle peut être généralisée aux autres produits
polluants. Cette proposition vise à utiliser les mécanismes du
marché. Elle vise à donner une valeur assez grande aux
déchets et de la bouteille, pour qu'elle ne soit pas jetée dans
l'environnement. L'existence d'une armée de chômeurs assez
larges dans le pays, va faire que plusieurs, vont se recycler
dans la récolte de la bouteille en plastique.
Il ya deux sortes de problèmes :
1. Les bouteilles qui sont dans la nature
2. Les bouteilles produites par les distributeurs
Pour les bouteilles qui sont dans la nature, l’Etat peut organiser des centres de compactage au niveau des wilayas et acheter chez les entreprises qui vont s’organiser, pour récolter
toutes les bouteilles et produits plastique qui existent dans la
nature et chez les ménages. L’Etat peut alors les acheter en
fonction de leur poids. Le prix d’achat devra être suffisamment rémunérateur pour encourage leur collecte.
Pour les bouteilles produites quotidiennement par l’industrie,
la solution proposée consiste à introduire une taxe-consigne
sur les bouteilles PVC. Cette taxe sera supportée en partie par
le consommateur. C’est pourquoi on va l’appeler taxe-consigne, car une partie de cette taxe sera prise en charge par le
consommateur. Dans le cas où le consommateur rend l'emballage plastique, il pourra récupérer une partie de cette taxe.
Notre proposition insiste sur le fait que le consommateur va
récupérer une partie de la taxe-consigne. Pour inciter le
consommateur à rendre l'emballage plastique, il faut que la
taxe-consigne soit d'un montant qui motive le consommateur.
Si par exemple une bouteille en plastique, permettait à son
propriétaire de récupérer cinq dinars, ceci nous semble assez
motivant. Maintenant il faut que les charges de récupération
de la bouteille à partir des consommateurs, jusqu’au lieu de
recyclage, n'excèdent pas la différence entre la taxe payée au
moment de l'achat et la taxe perçue au moment, ou l'embal-
lage est rendu par le consommateur. Ce qui fait que le rer les bouteilles vides. Le fabricant sera obligé de recycler que le fabricant peut récupérer une masse assez importante de
consommateur va payer les charges afférentes à la récupéra- lui-même les bouteilles qu'il a fabriquées. La seule solution liquidité.
pour lui sera de recycler lui-même ses bouteilles grâce à des 5. Le fabricant acceptera d’adhérer à ce système, si les autres
tion de la bouteille par le fabricant.
Au Canada, ce principe est utilisé sous l’appellation d’une investissements qu'il aura consentis dans le processus de recy- taxes écologiques seront éliminées et remplacées par la taxeconsigne élargie. Son but serait d’abord et avant
consigne. En fait, le fabricant qui va participer à
tout le retour des contenants achetés, aux points
récupérer ses propres bouteilles et à les recycler, ne
de vente ou à des points de dépôts, dans le but de
pourra plus être considéré comme pollueur, et cette
FIGURE 1 : EXEMPLE : TAXE=25DA
les réutiliser ou de les recycler6.
taxe d’environnement n’a aucune raison d’exister.
SCHEMA DE REPARTITION ET DE RECUPERATION TAXE ECOLOGIQUE
6. Du point de vue pratique, les fraudes sont toujours
7
TAXE-CONSIGNE
possibles. Certains producteurs pourront vendre
leurs bouteilles au noir et sans taxe-consigne. Ceci
Cette taxe va permettre de créer à la fois une
est du ressort des autorités compétentes qui doivent multiplier
industrie de récupération qui va employer la main-d’œuvre
les contrôles.
locale et une industrie de recyclage de la bouteille plastique. En effet, le réseau de récupération pourra se créer
CONCLUSION
et se développer grâce à l'existence de la taxe spécial
Nous avons essayé dans ce travail d’ouvrir un débat qui vise
environnement. La nouveauté de ce travail est que la
à utiliser le marché et ses mécanismes pour corriger les
taxe-consigne sera perçue par le fabricant et gérée par
problèmes posés par les déchets. Nous avons concentré ce
le fabricant, car les structures étatiques en Algérie,
travail sur les emballages pour boissons. Cependant le prinrisquent de ne pas être compétentes pour le faire.Il faut
cipe peut être généralisé à d’autres produits nocifs pour
responsabiliser les producteurs et distributeurs d'eau
l’environnement.
minérale en bouteilles en plastique. Il faut qu'ils partiSiAbdelhadi Amar
cipent aussi à la récupération des bouteilles qu'ils ont
Docteur d’Etat es sciences économiques. Université
distribuées. Tout le circuit de distribution du détaillant,
d'Oran
des grossistes et du dépositaire doive à la fois récupéM.Phil. University of Sussex. Angleterre
rer les mêmes bouteilles qu'elles ont vendues. En
Diploma University of East Anglia. Angleterre
contrepartie, ils vont percevoir et récupérer les taxes
Licences es sciences économiques. Université d'Oran
payées.
[email protected]
Les bouteilles en PVC et PET ont été interdites dans un
premier temps en Suisse car la technologie de leur recyclage
ne permettait pas l’élimination d’un gaz toxique8. Cependant
les usines d'incinération d'aujourd'hui, sont en mesure de
Si le proneutraliser ces acides et d’éviter pratiquement tout rejet nocif clage.
dans l'atmosphère.. En 1999 les bouteilles en PVC et PET ont ducteur n'arrive pas à rentabiliser ces investissements destinés 1- Selon les prévisions des experts contenues dans une communicaété autorisées en Suisse, à condition qu’elles soient consi- au recyclage, on pourrait envisager d'autres solutions complé- tion du ministère du Commerce, présentée lors d’une récente journée
d’étude
gnées avec un taux de récupération supérieur à 90% et mentaires d'ordre financier de la part de l’Etat.
9
Cette solution ne coûte pas plus cher et elle a l’avantage de 2- Le « Rapport National sur l’Etat et l’Avenir de l’Environnement »
devraient être recyclées.
Pour notre cas, envisageons que le prix de vente PV est le débarrasser le pays d’un emballage, qui autrement aurait été (RNE 2000),
3- Regional solid waste management project in Mashreq and
difficile de s'en débarrasser.
suivant :
Maghreb countries. Regional guidelines on Integrated Solid Waste
PV TTC= PV TTC fabricant+Taxe-consigne (la taxe est non
Management Case Study PLI09: La Stratégie Nationale en Algérie:
assujetties à la TVA parce qu’il n’ya pas de création de valeur LES INCONVENIENTS
Le Plan National d’Actions pour l’Environnement et le développeOn va voir comment d’un point de vue pratique cette taxe ris- ment Durable (PNAE-DD) et le Programme National de Gestion
ajoutée)
Le consommateur va récupérer une partie de la taxe au que de ne pas fonctionner. L’objectif de cette taxe est de collec- Intégrée des Déchets Municipaux (PROGDEM)
moment où il rend la bouteille au détaillant soit x=70% du ter les bouteilles afin de les regrouper vers un centre de tri et 4- La Tribune 18 mars 2009
montant qu’il a payé au moment d’acheter la bouteille. Les compactage du fabricant.
5- Le Plan d’Actions National pour l’Environnement et le
30% sont des frais d’acheminement de la bouteille vers le 1. Un problème risque de se poser si le fabricant reçoit plus de Développement Durable(PNAE-DD), Ministère de l’Aménagement
fabricant. Ces frais sont répartis à raison de 10% de marge par bouteilles qu’il n’en a vendues. Ce problème ne peut pas exis- du Territoire et de l’Environnement janvier 2002
ter, car au niveau du détaillant la quantité de bouteilles rendues 6- Karel Ménard et Michel Séguin révisé par:Liliane Cotnoir et Éric
agent.
On peut concevoir le schéma de récupération de la manière suivante :
est la même que celle qui est achetée. Afin de décourager Perreault « Les modes de perception de fonds afin de financer la
future politique de gestion des matières résiduelles au
Québec*Octobre 1997 Front québécois de gestion écologique des
déchets
7- Ce taxe consigne est utilisée par beaucoup de pays et en particulier en suisse, où existe une réglementation depuis 1999. Ordonnance
sur les emballages pour boissons (OEB) du 5 juillet 2000 (Etat le 1er
janvier 2008)
8- En effet, la combustion d'un kilo de PVC et PET produit 560
grammes d'acide chlorhydrique
9- Forum déchet Nº 27 du mois de septembre 1999 Bulletin romand
d'information sur la diminution et la gestion des déchets
Ce tableau montre une simulation de la répartition tout le long
du circuit de récupération, en fonction de la variation de la taxeconsigne. Envisageons que la bouteille d'eau minérale soit
vendue avec un prix de 25 dinars TTC avant la taxe-consigne.
Si on prend l’exemple de la première colonne d’une taxe-consigne de 25DA soit 100 % de taxation. Le consommateur
pourra récupérer 17,50DA dinars, quand il va rendre la bouteille chez le détaillant. Celui-ci va la rendre aux distributeurs
au moment où celui-ci va l'approvisionner en bouteilles pleines.
En contrepartie le distributeur va lui acheter les bouteilles à 20
dinars. Ce qui fait que le détaillant va faire un bénéfice de 10
% sur la consigne. Ce profit va donc motiver le détaillant a
récupéré les bouteilles. Le distributeur va à son tour déposer les
bouteilles au niveau des dépôts des concessionnaires. Pour
chaque côté déposée au niveau des dépôts le distributeur va
recevoir 2,50 DA de marge. Ce qui lui fait un bénéfice d'environ 10 % pour transporter les bouteilles du détaillant vers le
dépôt des concessionnaires. Le distributeur va gagner beaucoup
car d'habitude il repart vide. A son tour le concessionnaire va
rendre les bouteilles au niveau du fabricant. En contrepartie ils
il va récupérer pour chaque bouteille 25 dinars. Ce qui fait que
le fabricant va rendre la taxe de 25 dinars qu'il a récupérés au
moment de la vente de la bouteille. En gros, on peut dire que
les camions qui vont partir le matin avec des bouteilles pleines
vont revenir le soir avec des bouteilles vides. Le fabricant sera
obligé d'investir dans des matériels de recyclage afin de récupé-
d’éventuelles bouteilles pour lesquelles la taxe n’a pas été
payée, le fabricant pourrait marquer ses bouteilles.
2. Le fabricant peut ne pas être celui qui va recycler les bouteilles, car ceci pourrait le détourner de son activité. Cependant,
comme il est tenu de recycler ses bouteilles, il doit chercher un
sous-traitant pour recycler les bouteilles, qu’il a produites.
Plusieurs fabricants pourraient s’associer et/ou participer à la
prise en charge du recyclage. Ceci créerait des économies
d’échelle. L’Etat peut aussi s’associer à pareille entreprise soit
comme actionnaire soit en subventionnant une partie des équipements. En un mot l’Etat doit dynamiser l’activité de recyclage à travers des dispositions fiscales, des contraintes et/ou
des subventions. Les unités de recyclages doivent aussi être
rentabilisées pour continuer leur activité. Il faut que le coût de
recyclage soit égal au prix de vente du polymère recyclé +un
profit.
3. Une aide de l’Etat en fonction des quantités recyclées pourra
aussi être envisagée pour à la fois motiver les investissements et
contrôler que les recyclages deviennent courants.
4. Pour éviter que le fabricant reçoive plus de bouteilles qu’il en
a vendues, l’utilisation d’une étiquette ou tout autre signe pour
marquer les bouteilles peut s’avérer utile. Le fabricant sera
motivé car plusieurs bouteilles risquent de ne pas être retournées par certains consommateurs. Selon l’expérience de certains pays industriels (Canada et Suisse), on s’attend à un taux
de récupération qui ne dépasse pas 70% au début. Ce qui fait
Références
• Rapport national sur l’Etat et l’avenir de l’environnement (RNE
2000),
• Regional solid waste management project in Mashreq and Maghreb
countries. Regional guidelines on Integrated Solid Waste
Management Case Study PLI09: La stratégie nationale en Algérie :
Le Plan national d’actions pour l’environnement et le développement durable (PNAE-DD) et le Programme national de gestion intégrée des déchets municipaux (Progdem)
• La Tribune 18 mars 2009
• Le Plan d’actions national pour l’environnement et le développement durable (PNAE-DD), ministère de l’Aménagement du territoire
et de l’Environnement Algérie janvier 2002
• Karel Ménard et Michel Séguin révisé par Liliane Cotnoir et Eric
Perreault « Les modes de perception de fonds afin de financer la
future politique de gestion des matières résiduelles au
Québec*octobre 1997 Front québécois de gestion écologique des
déchets
• Ordonnance sur les emballages pour boissons (OEB) du 5 juillet
2000 (Etat le 1er janvier 2008)
• Forum déchet Nº 27 du mois de septembre 1999 Bulletin romand
d'information sur la diminution et la gestion des déchets
• Circulaire d'information :OFEFP Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage Nouvelles dispositions concernant les
emballages pour boissons ; Suisse le 14 mai 2001
• Inter-Environnement Wallonie asbl (IEW) Fédération des associations d’environnement Projet de loi en matière d’écotaxes et d’écoréductions - Audition du 22 octobre 2002, Commission des finances
et du budget «les emballages de boisson» Belgique 2002.
10 RÉGIONS
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Filière apicole à Bouira
Le miel se fait rare et cher
La wilaya de Bouira, connue pour son caractère
agropastoral, ses vastes champs verdoyants et ses
potentialités énormes en matière d’agriculture
(céréales, agrumes…), semble bien trouver dans
l’apiculture un nouveau créneau plus que porteur, si
l’on croit les professionnels et les responsables des
services agricoles de la wilaya.
l y a certes des difficultés, et un retard dans
l’évolution de la filière depuis que cette dernière
est intégrée dans les différents programmes de
développement agricole (PNDAR, PPDR, etc.), mais
l’on est bien confiants quant à l’évolution sûre de
l’apiculture à ce niveau.
Pour justifier cette assurance, les techniciens avancent
le paramètre des conditions naturelles réunies au
niveau de cette wilaya et permettant le développement
de la filière. Du côté des responsables, c’est le
nombre de ruches distribuées et la forte demande sur
celles-ci de la part des agriculteurs qui semble bien
justifier l’intensification en la matière. Ainsi et avec
des massifs forestiers dont la superficie est estimée à
112 500 ha et de vastes étendues arboricoles
(32 000 ha), les services techniques de la DSA
(Direction des services agricoles) sont convaincus du
bien-fondé de la politique d’encouragement orientée
vers cette filière et qui consiste à agrandir au maximum
le potentiel apicole de la wilaya. Cette même politique
ayant permis d’augmenter la production locale du
miel de manière exponentielle. Le nombre de ruches
exploitables est donc passé de 10 000 ruches en 1999
à 98 600 en 2008, avec une production de miel
passant de 24 000 kg en 1999 à 315 000 kg en 2008.
I
PHOTO : D. R.
Bouira
De notre bureau
Cependant, si les choses semblent bien se présenter
quant aux prédispositions de cette wilaya relatives à
l’évolution de la filière apicole, des difficultés et
autres problèmes ne manquent pas de s’y greffer. En
cette période de cueillette du miel (juin – juillet), tous
les concernés sont aux aguets, car si l’attrait de la
récolte attire bien des gens, les risques qui pèsent sur
les essaims sont aussi énormes. Le manque
d’encadrement et de suivi sur le terrain a fait que,
selon le témoignage d’apiculteurs que nous avons
interrogés, plusieurs ruches subventionnées par l’Etat
ont fini par se vider pour cause d’erreurs techniques
commises par les exploitants. Les pertes sèches sont
donc énormes dès lors que le nombre de ruches
vidées suite au départ des essaims et/ou leur
destruction à cause de maladies qui les infestent
Coopérative apicole de Aïn Bessam
(Bouira)
Production annuelle
de 10 tonnes de miel
La plus importante coopérative apicole de la wilaya se trouve à Ain
Bessem, à une trentaine de km à l’ouest de bouira. S’étendant sur 3 ha et
employant 13 ouvriers, elle se distingue par des capacités de production
annuelles de l’ordre de 10 000 ruches, 20 t de cire et 10 t de miel. Cette
filière agricole, en plein essor, à travers la région, doit son rayonnement
aux techniques modernes utilisées ainsi qu’à la volonté de ses ressources
humaines. Un travail titanesque est nécessaire pour produire le miel
d’abeille dont le prix de vente du litre écrase le plafond des 4000 DA, en
ce moment chez les particuliers. On explique la cherté de ce produit
fortement utilisé en médecine parallèle pour ses vertus vitaminiques et
anti-inflammatoires. (Les études mettent en lumière que les apiculteurs
ne sont pas atteints de maladies rhumatismales. Les scientifiques
amenés à faire de ce fait un lien entre le venin transmis lors des piqûres
aux apiculteurs et la protection naturelle acquise).
En effet, s’occuper des ruches n’est pas une occupation de tout repos
mais une tâche aussi ardue qu’astreignante pour ceux qui tiennent à ce
que leurs efforts payent. Et pour cause, un tel élevage requiert des soins
particuliers dont une hygiène de vie draconienne pour assurer une bonne
santé aux abeilles. Tous les efforts à fournir vont dans le sens de faire
prévaloir le préventif sur le curatif. La varoise est la maladie qui est
capable de décimer les essaims d’abeilles en un temps record. Dans leur
lutte obstinée contre les affections pathogènes, les apiculteurs de la
CASSAB livrent bataille pour prémunir leurs abeilles des invasions de
germes causant 4 autres maladies : les loques américaines (maladie de
couvain) et européennes (maladie de larves), l’acariose, la nosémose,
l’amibiase ou mycose. C’est dire que c’est de la bonne santé des abeilles
que dépend la récolte de miel qui se fait en principe 2 fois par an lorsque
les conditions s’y prêtent bien sûr (abondance de pollen et autosuffisance
alimentaire des abeilles). La première extraction de miel se fait en juin. Le
miel fabriqué est donc le fruit direct du labeur des abeilles qui ont eu à
transformer naturellement une faune de fleurs multicolores, durant la
saison printanière. Notons qu’il existe des essaims d’abeilles sauvages
qui se nourrissent du pollen des arbres de la forêt pour faire leur miel. Il
existe également des connaisseurs qui ratissent large dans les forêts à la
recherche de miel fabriqué justement par des abeilles au cœur de la
nature. On nous apprend que c’est périlleux que de faire son extraction
sur des reliefs fréquemment abrupts. Enfin, beaucoup d’éleveurs se
passent de la seconde période de récolte du miel mettant en avant la
nécessité de le laisser aux abeilles pour en faire leur subsistance jusqu’à
la saison nouvelle. N. Fawzi
rivalise avec celui des ruches encore en exploitation.
Cependant, si l’on croit les responsables de la DSA, à
leur tête M. Morsli, «les choses avancent lentement
mais sûrement» puisque, selon lui, le secteur de
l’agriculture au niveau de Bouira évolue suivant une
stratégie globale à même de mettre en place tous les
mécanismes de développement requis pour chaque
filière. Pour ce qui est de l’apiculture, notre
interlocuteur dira que «des efforts colossaux ont été
consentis ses dernières années, et la mise en œuvre
des programmes de développement rural et agricole
va ainsi se poursuivre sans relâche au niveau de notre
wilaya». Conséquence pour le consommateur : les
choses semblent bien traîner sur ce plan dès lors que
pour le commun des citoyens interrogés, «le miel est
hors de portée des classes moyennes ». Un fait
malheureusement vérifiable à tous les niveaux. Le
kilogramme de miel se vend à pas moins de 3500 DA,
atteignant dans certains endroits les 5000 DA. Cela
dit, tous les efforts consentis, les dépenses publiques
faramineuses pour le soutien de cette filière et les
différentes interventions opérées pour développer
encore cette filière n’ont pas influé sur les prix du
produit final. Et encore, faut-il noter que même en
termes de disponibilité, le miel produit localement,
réputé par ses vertus curatives, est presque introuvable
et/ou rare. C’est dire qu’en plus de l’encouragement à
l’investissement dans la filière, il y a encore le volet
de régulation que l’Etat doit impérativement prendre
en charge. Sinon, on continuera à consommer le miel
dit «saoudien» dont la qualité laisse bien à désirer…
L. K.
A quelques jours de la récolte
Nouvelle menace sur les essaims
quelques jours de la
récolte du miel, l’apiculture, qui est une filiale
agricole en perpétuel devenir,
est en proie à une nouvelle
menace en plus des incendies et
de la maladie de la varroase qui
est capable de décimer des élevages entiers : les pesticides.
En effet, selon des sources agricoles, ces produits à large
consommation en arboriculture
et en céréaliculture ont des
conséquences dramatiques sur
les essaims en ce moment affairés à butiner à plein régime pour
préparer le miel qui va être produit en juin. Selon des études
très récentes, poursuivent nos
sources, les produits fongicides
utilisés en arboriculture et autres
herbicides en céréaliculture ont
des effets sur les neurones des
abeilles au point d’affecter la
région du cerveau dont la fonctionnalité est cette mémoire
visuelle pour se déplacer,
A
s’orienter et retourner aux
ruches à la fin de leurs besognes
quotidiennes.
Les préjudices causés aux centres nerveux, préviennent nos
sources s’imprégnant d’études
scientifiques dernier cri, ressemblent à une cécité des sens et
les empêchent de retrouver le
chemin du retour vers les ruches.
Conséquences : on estime à
40% le taux d’abeilles travaillant
à récolter du pollen qui meurt
après s’être perdues dans la
nature.
En cette période où les essaims
peuvent établir leur quartier
dans un champ ou dans un bois
lorsqu’un besoin dicté par la
démographie se fait sentir, les
humains ont recours aux insecticides dans les ménages ou les
commerces. Ces produits dont
la toxicité n’est plus à démontrer tuent également les abeilles
qui travaillent laborieusement à
la conquête des pollens néces-
saires autant à la fabrication des
chambres en cire qui devraient
contenir le miel qui sanctionnera plusieurs mois d’un travail
titanesque accompli dans des
conditions d’entraide et de discipline qui n’ont pas encore tous
leur secret.
Enfin, des apiculteurs rapportent cette saison qu’il y a des
colonies qui disparaissent des
ruches sans crier gare ne laissant que les reines et ouvrières.
Le mystère qui reste entier
continue de constituer le cheval
de bataille des chercheurs. Il y a
plus d’une raison de s’inquiéter,
car l’harmonie de l’abeille s’assimile à un indice fort révélateur
du bon fonctionnement de l’écosystème. Pas d’abeilles veut dire
pas de pollinisation donc pas de
flore ni de faune ni de… vie
humaine ! Qu’attend donc
l’homme pour en prendre
conscience ?
N. Fawzi
L’ACTUALITÉ 11
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Environnement
Le marché du carbone
continue son expansion
La crise financière n’a pas entravé le marché
mondial du carbone, qui a doublé l’an
dernier, a indiqué la Banque mondiale dans
un rapport publié la semaine dernière.
Ce marché a atteint 126 milliards de dollars,
mais la valeur des transactions finançant les
projets de réduction d’émissions a perdu
12% pour s’établir à 6,5 milliards de dollars
en 2008.
ette baisse est le résultat d’un
ensemble complexe de facteurs,
dont la difficulté d’obtenir des
fonds permettant la mise en œuvre de
projets écologiques durant la crise
financière, les retards dus à des questions de réglementation et l’incertitude
quant à l’avenir de ce marché. Celui-ci
dépendra en effet du nouvel accord
mondial sur le changement climatique,
qui devrait entrer en vigueur en 2012.
Les délégués de 120 pays étaient réunis
lors de la conférence Carbon Expo
2009, organisée à Barcelone la semaine
dernière.
Les discussions ont porté notamment
sur les possibilités de croissance liée à
la fois au marché du carbone et aux
mesures prises sur le terrain pour lutter
contre le changement climatique.
Dans ce domaine, la législation proposée aux États-Unis pourrait avoir une
influence considérable sur les marchés
du carbone, volontaires et officiels,
partout dans le monde.
En outre, l’Union européenne a récemment approuvé une série d’engagements
post-2012 pour réduire les émissions.
Ceux-ci incluent la promesse d’une
réduction encore plus importante si
d’autres pays signent l’accord international qui sera négocié à Copenhague
cette année.
« Il est plus que jamais nécessaire de
mettre en œuvre des modes de financement innovants pour lutter contre le
changement climatique, si nous voulons
faire face au problème qui menace
C
PHOTO : D. R.
Par
Lyès Malki
aujourd’hui le plus fortement la réalisation des objectifs prioritaires de développement dans les pays et les communautés les plus pauvres », explique
Joëlle Chassard, Directrice de l’unité
«marché du carbon» de la Banque mondiale.
Le Groupe intergouvernemental sur le
changement climatique (IPCC) estime
que les émissions de CO2 à l’échelle
internationale ne devraient pas dépasser
10 milliards de tonnes par an d’ici 2050
si l’on veut éviter des répercussions
environnementales qui pourraient s’avérer particulièrement catastrophiques
pour les pays en développement. Les
émissions annuelles, en ne tenant comp-
Les chiffres clés du marché du carbone
• Le marché du carbone a poursuivi sa croissance tout au long de l’année 2008 pour atteindre
environ 130 milliards de dollars à la fin de l’année, soit deux fois sa valeur de 2007 et 12 fois celle de
2005.
• 82% du volume des transactions effectuées sur le marché du carbone en 2008 a concerné des
projets liés aux énergies renouvelables, au passage à d’autres combustibles et à l’efficacité
énergétique.
• 70% des nouveaux projets en 2008 ont été consacrés au développement des énergies hydraulique,
éolienne et de la biomasse ainsi qu’à l’efficacité énergétique de la production d’électricité.
• C’est la Chine, avec 84 % de part de marché en 2008, qui est à l’origine du plus grand nombre de
transactions confirmées sur le marché primaire du Mécanisme de développement propre (MDP).
• Plus de 4 500 projets, concernant environ 80 pays (dont un nombre croissant de pays d’Afrique
subsaharienne) sont en préparation dans le cadre du MDP.
• Les fonds et les mécanismes « carbone » de la Banque mondiale recouvrent 186 projets, dont la
valeur d’inventaire s’élève à quelque 2,3 milliards de dollars.
• La valeur des accords d’achats liés à la réduction des émissions signés avant le 31 décembre 2008
dans le cadre des fonds et mécanismes carbone de la Banque mondiale s’élève à plus d’1,8 milliard
de dollars.
• La région Asie de l’Est et Pacifique, avec un total de 1,3 milliard de dollars consacrés à la réduction
des émissions, représente la part la plus importante des projets actifs mis en place par la Banque
mondiale dans le cadre du marché du carbone.
- A partir de l’automne 2008, les prix du carbone se sont mis à décliner au fur et à mesure que la
crise économique s’aggravait. Deux principaux facteurs ont contribué à cette perte de vitesse : le
ralentissement de l’activité économique, qui s’est traduit par une baisse de la demande en quotas
d’émissions et en crédits issus des mécanismes de projets, et la vente massive des permis
d’émissions par les industriels, qui se trouvaient à court de liquidités dans un contexte de
resserrement du crédit.
te que des pays mentionnés dans le
document 1, s’élèvent aujourd’hui à
environ 20 millions de tonnes.
Les efforts engagés aujourd’hui, comme
ceux intervenant plus largement dans le
cadre d’un accord mondial sur le changement climatique post-2012, doivent
être renforcés. Il faut passer de « projets
individuels à des interventions sectorielles et programmatiques, portant
notamment sur l’efficacité énergétique,
le transport et la création d’actifs carbone urbains », précise Kathy Sierra,
Vice-présidente à la Banque mondiale
pour le développement durable.
MOBILISER DES
INVESTISSEMENTS
Mme Sierra souligne que la Banque
mondiale s’emploie à élargir la portée
du marché du carbone au moyen de
plusieurs mécanismes. Le plus important est celui du Fonds de partenariat
pour le carbone forestier qui vise à
réduire la déforestation, deuxième cause
majeure des émissions de gaz à effet de
serre, grâce à des mesures d’incitation
et de compensation destinées à préserver les forêts.
La Banque a créé le Fonds carbone de
partenariat pour mobiliser des investissements à grande échelle et à long
terme dans le cadre de programmes
promouvant des technologies propres.
Ces programmes ont pour objectif d’encourager des stratégies de développement à faible émission de carbone dans
les pays en développement.
Le modèle économique de ce fonds
prend en compte des investissements
effectués sur une grande échelle et à
long terme, impliquant éventuellement
des risques et de longs délais de réalisation.
Ceux-ci requièrent en effet des partenariats durables entre acheteurs et vendeurs, qui peuvent s’étaler sur plusieurs
cycles du marché.
La Banque prévoit que ce fonds pourrait progressivement atteindre plusieurs
milliards de dollars et qu’il continuera
de fonctionner après 2020, permettant
une meilleure intégration du marché du
carbone au sein des stratégies et des
politiques de développement national.
Selon Mme Sierra, « un marché du carbone puissant et international constitue
l’une des réponses aux problèmes climatiques.
Les pays développés comme les pays en
développement peuvent en tirer des
avantages considérables. »
La Banque mondiale considère que le
dérèglement du climat est un problème
environnemental qui affecte également
le développement et l’économie. Le
marché du carbone offre la possibilité
d’intervenir en faveur du développement ainsi que d’atténuer les effets du
changement climatique. La Banque
s’est engagée à jouer un rôle moteur
dans le cadre de la nouvelle génération
de marchés des émissions de carbone
pour la période post-2012. En 2008, elle
a mis sur pied deux nouveaux mécanismes de financement carbone : le Fonds
de partenariat pour la réduction des
émissions dues à la déforestation
(FCPF), consacré à l’utilisation des
sols, au changement de l’affectation des
terres et à la sylviculture, et le Fonds
carbone de partenariat (CPF), destiné
aux projets sectoriels du MDP et du
mécanisme de Mise en œuvre conjointe
(MOC). Le CFP devrait devenir pleinement opérationnel en 2009. Ces deux
dispositifs visent à assurer la continuité
du marché carbone après 2012, à accélérer les approches au niveau des programmes afin de transformer les secteurs fortement émetteurs de CO2, à
impliquer la communauté internationale
dans les efforts de REDD et à mobiliser
de nouvelles ressources auprès du secteur privé en faveur des pays en déveL. M.
loppement.
12 L’INTERNATIONALE
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Dialogue énergétique UE-OPEP
Préparer le marché pétrolier
à la reprise économique
La sixième réunion entre l’UE et l’OPEP se
tiendra à Vienne le 23 juin afin d’examiner
diverses questions relatives au marché
pétrolier, selon l’agenda publié vendredi
dernier par la Commission européenne.
L
’impact de la récession actuelle sur
la demande de pétrole et les investissements dans le secteur pétrolier
étant assez prononcé, l’offre pourrait ne
pas être en mesure de répondre à la
demande une fois que l’économie repartira», a indiqué la Commission. La question principale qui se pose dans le cadre
du dialogue énergétique UE-OPEP est de
savoir comment, dans le cadre de discussions et d’une entente, atténuer ces effets
négatifs, a-t-elle précisé.
Fin 2004, la présidence de l’UE, soutenue
par tous les Etats membres et la
Commission européenne, a proposé
d’instaurer ce dialogue, qui a été accepté
avec enthousiasme par l’OPEP. Depuis,
des réunions annuelles au niveau de la
troïka de l’UE (ministres de l’Energie, de
la présidence et de la prochaine présidence et commissaire européen à l’énergie) sont consacrées à l’examen des marchés pétroliers et au lancement d’activités
conjointes. Ces activités portent sur l’impact des politiques énergétiques sur les
marchés pétroliers. Afin d’examiner les
politiques adoptées dans les deux régions
et d’évaluer l’impact qu’elles pourraient
avoir sur les marchés pétroliers, un séminaire de deux jours a été organisé à
Bruxelles en 2007.
MÉCANISME DE DÉVELOPPEMENT
PROPRE
En ce qui concerne l’UE, la présentation
du paquet «énergie» a été suivie d’une
discussion centrée sur la concurrence que
représentent les biocarburants pour le
pétrole. Eu égard aux politiques du
Conseil de coopération du Golfe, le débat
a été principalement axé sur les investissements dans l’exploration et la production pétrolières. L’autre activité a concerné l’incidence des marchés financiers sur
les prix du pétrole et leur volatilité. Un
atelier de deux jours a été organisé en
décembre 2006 à Vienne avec des participants venus des deux côtés de l’Atlantique et du Japon. Il s’agissait du premier
séminaire de ce type. Un certain flou
entourent les conclusions de ce séminaire: malgré un impact sur les prix, on
PHOTO : D. R.
Par
Lyès Malki
constate une stabilité à long terme. Une
étude axée sur plusieurs questions spécifiques a été réalisée par l’OPEP fin 2008
- début 2009. Un deuxième atelier a eu
lieu à Vienne le 30 avril 2009 pour la
présentation des résultats de la deuxième
étude, rappelle la Commission.
Par ailleurs, une étude et une table ronde
ont été lancées conjointement par les
deux parties sur le thème de l’impact que
pourrait avoir le raffinage sur les prix du
pétrole brut et leur volatilité, alors qu’un
atelier a été organisé en septembre 2006 à
Ryadh sur piégeage et stockage du carbone. Sur ce sujet, une deuxième manifestation s’est tenue à Bruxelles en
novembre 2008, en association avec certaines missions dans des sites européens
de piégeage et de stockage du carbone,
notamment Sleipner, champ gazier norvégien en mer, et dans l’usine pilote
d’oxycombustion de Schwarze Pumpe,
en Allemagne. L’Arabie Saoudite et les
Emirats arabes unis examinent actuellement la possibilité de lancer des projets
Etats-Unis d’Amérique
Le taux de chômage bondit à 9,4
en mai
Le taux de chômage américain a fait un bon inquiétant, selon les chiffres publiés vendredi dernier,
par le département du Travail : il a gagné un demi point pour atteindre 9,4%, contre 8,9% en avril.
Pourtant, l’économie américaine a détruit en mai beaucoup moins d’emplois que les mois précédents
: le nombre des destructions d’emplois est tombé à 345 000 en mai, après 504.000 en avril (chiffre
révisé en baisse), en données corrigées des variations saisonnières. Les analystes s’attendaient à un
léger ralentissement des destructions d’emplois, à 520 000 en mai. C’est donc en ce sens plutôt une
bonne surprise. En revanche, les économistes prévoyaient un taux de chômage moins élevé, à 9,2%.
Ces destructions d’emplois restent à un niveau historiquement élevé. Au premier trimestre, la perte
d’emploi s’est établie à 691 000 en moyenne par mois. «Depuis le début de la récession en décembre
2007, le nombre total d’emplois a chuté de 6 millions, et le taux de chômage s’est accru de 4,5
points de pourcentage», a relevé le département du Travail. Les autorités américaines ont déjà
prévenu que la hausse du chômage devrait se poursuivre toute l’année, avant une décrue en 2010.
Dans ses dernières prévisions, la banque centrale ne voyait cependant pas le taux de chômage
dépasser 10%. R. E.
de piégeage et de stockage du carbone
dans leur sol en mettant à profit le mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto. S’agissant de la création
d’un centre technologique, les problèmes
sont très proches de ceux posés par la
création d’un centre technologique avec
le Conseil de coopération du Golfe. La
coopération dans les domaines de la
recherche, de l’éducation et de la formation fait ces derniers temps l’objet de
discussions.
L. M.
Russie
Croissance de 1,3% du PIB en 2010
La croissance du Produit intérieur brut (PIB) de la Russie pourrait être comprise entre
0 et 1,3% en 2010, a estimé samedi le vice-ministre russe du Développement
économique, Andreï Klepatch, lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg
(nord-ouest). «En 2010, la croissance peut être comprise entre 0 et 1%, mais peut
aller jusqu’à 1,3%. Cela dépendra de la réorganisation structurelle de l’économie, de
la façon dont le secteur privé augmentera les investissements», a-t-il dit, cité par
l’agence Interfax. «Nous ne verrons probablement pas de croissance économique
de l’ordre de 4-5% dans les prochaines décennies. La stagnation, ou une croissance
lente, nous attend», a-t-il estimé. Le gouvernement russe avait longtemps tablé
sur un recul de 2,2% du PIB cette année, à contre-courant des analystes, mais il a
admis récemment s’attendre maintenant à une contraction de 7 à 8%. La Russie
est très touchée par la crise financière mondiale, notamment en raison de la
dégringolade des prix du pétrole, principale source d’exportation du pays. AFP
Allemagne
Une récession de -6,2% pour 2009
«L’économie allemande se trouve actuellement dans une récession sévère», estimée
désormais à -6,2% cette année, selon la Banque centrale allemande, Bundesbank.
Elle pourrait reprendre pied «dans les mois d’été 2009», a estimé l’institution
allemande dans son rapport mensuel de juin publié vendredi dernier. La Bundesbank
a toutefois souligné que l’activité de la première économie européenne va rester à
des niveaux bas, y compris en 2010. «Malgré une légère reprise en cours d’année,
l’activité économique devrait rester faible en 2010», selon la Banque centrale. Elle
rejoint ainsi les estimations du gouvernement fédéral qui s’attend cette année, quant
à lui, à une récession de l’ordre de 6%, la plus importante depuis l’après-guerre en
Allemagne. Conséquence, si le marché du travail n’a pour l’instant eu qu’une «réaction
modérée» à la chute de l’activité économique, le chômage va augmenter «plus
fortement» au cours des trimestres à venir, a considéré la Bundesbank. Il devrait
atteindre un taux de 10,5% en milieu d’année prochaine, selon elle. Le mois dernier, le
taux de chômage brut était resté stable à 8,2%. Concernant l’inflation, les prix à la
consommation devraient rester stables en 2009 avant d’augmenter légèrement en
2010 (+0,5%), a prevenu la Bundesbank. APS
L’INTERNATIONALE 13
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Automobile
Le Qatar prêt à aider Porsche à prendre
le plein contrôle de Volkswagen
Le Qatar serait prêt à aider le constructeur
automobile Porsche à prendre le plein
contrôle de Volkswagen, assure le magazine
allemand Focus à paraître cette semaine.
L’émir du richissime pays gazier a donné son
accord verbal au patron de Porsche Wendelin
Wiedeking pour une prise de participation
par l’intermédiaire du fonds d’investissement
public, Qatar Investment Authority (QIA),
rapporte le magazine.
PHOTO : D. R.
U
n porte-parole de Porsche, interrogé par l’AFP, s’est refusé samedi à tout commentaire sur les
négociations en cours. L’émir du Qatar,
cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani,
avait récemment indiqué à la presse qu’il
souhaitait investir dans l’industrie allemande.
«Nous allons investir avec certitude dans
l’industrie automobile allemande», avaitil affirmé en avril à l’hebdomadaire
allemand Spiegel, une semaine après
l’entrée d’Abou Dhabi au capital du
constructeur automobile Daimler.
Porsche s’est lourdement endetté en
rachetant 51% de Volkswagen et a dû
pour le moment renoncer à en prendre
totalement le contrôle. L’arrivée d’un
nouvel actionnaire pourrait permettre au
constructeur d’automobile de luxe d’accéder à des capitaux frais. Selon Focus,
la QIA pourrait investir soit dans
Volkswagen, soit dans Porsche. Christian
Wulff, le chef du gouvernement de l’Etat
régional allemand de Basse-Saxe, qui est
également actionnaire du constructeur
Volkswagen, a affirmé n’avoir aucune
objection à voir le Qatar rentrer au capital. «Depuis le début j’ai envisagé une
telle solution», a affirmé M. Wulff, cité
par Focus. Le constructeur automobile
allemand Porsche a déclaré, la semaine
dernière qu’il allait demander un prêt de
1,75 milliard d’euros pour compléter le
financement du rachat de Volkswagen.
Porsche compte présenter sa demande à
la banque publique KfW d’ici la fin de la
semaine. Ayant commencé l’acquisition
d’actions Volkswagen en 2005, il possédait près de 51% de la marque en janvier.
En mars, Porsche a contracté 10 milliards d’euros de prêts, et le mois dernier, 750 millions supplémentaires. Le
nouveau prêt porterait son endettement à
12,5 milliards d’euros, le maximum que
la société dit avoir prévu d’investir dans
l’acquisition de VW, numéro un des ventes de voitures en Europe. Porsche a
souligné qu’il s’acquitterait des intérêts
si un prêt lui est accordé. Le constructeur dit ne pas vouloir être une charge
pour le contribuable. Le fonds d’aide
aux entreprises doté de 115 milliards
d’euros est géré par la banque publique
KfW. Notons par ailleurs que les immatriculations de voitures neuves en
Allemagne ont augmenté de 40% en mai
dernier pour atteindre 38 000 unités
environ, dopées par la prime à la casse.
Ceci n’a pas empêché les titres des
constructeurs de chuter, les investisseurs
doutant que cette tendance puisse se
maintenir. L’organisation professionnelle
KBA a indiqué que les immatriculations
étaient montées à 384 578 unités, soit
39,7% de plus qu’en mai 2008. En avril,
elle avaient augmenté de 19,4% à près de
380 000 unités. Berlin a instauré en
La Chine veut 50 MDS de dollars
d’obligations du FMI
La Chine pourrait acheter jusqu’à 50 milliards de dollars d’obligations du Fonds monétaire
international (FMI) pour contribuer à l’augmentation des ressources de l’institution internationale, a
annoncé vendredi l’agence Chine Nouvelle. Si les obligations du FMI sont conformes à nos
demandes de sécurité et de retour sur investissement raisonnable, nous considèrerons activement
un investissement en bons du FMI ne dépassant pas 50 milliards de dollars», a indiqué un
responsable non identifié à l’agence officielle. «La Chine a toujours travaillé à pousser l’expansion
des financements du FMI via des méthodes de marché», a dit ce responsable de l’Administration en
charge des changes. Le FMI travaille actuellement à l’émission de ses premières obligations, pour
lesquelles certains pays ont manifesté de l’intérêt. Il avait indiqué en mai qu’il discutait avec
plusieurs pays des caractéristiques de ces obligations (taux d’intérêt, maturité des titres, modalités
de remboursement). La Russie a été récemment le premier pays à annoncer formellement son
intention d’en acheter pour 10 milliards de dollars, aidant ainsi l’institution internationale à
augmenter ses ressources. Selon le Fonds, d’autres pays sont potentiellement intéressés, dont
«certains des pays du G20 qui ne font pas partie des Nouveaux accords d’emprunt» (NAE), la
procédure retenue à Londres pour augmenter rapidement les ressources prêtables du FMI. Huit pays
font partie du G20 mais pas des NAE, dont les quatre grands émergents du BRIC - Brésil, Russie,
Inde, Chine. Ces pays, plutôt que de signer un accord en vue d’un prêt au FMI préféreraient détenir
un actif financier libellé dans l’unité de compte du Fonds, les Droits de tirage spéciaux. Ces DTS,
dont la valeur est fonction d’un panier de monnaies, permettraient de diversifier l’utilisation des
réserves de change de certains pays qui ont la majorité de leurs placements en dollars. Les réserves
de devises de la Chine, troisième économie mondiale, atteignaient fin mars une valeur de 1953,7
milliards de dollars, dont la majorité investie en avoirs en dollars. Pékin détenait notamment à cette
date pour 768 milliards de dollars de bons du Trésor. La Chine s’est interrogée publiquement sur la
sécurité de ses actifs financiers en dollars. AFP
février une prime à la casse de 2500
euros pour les véhicules vieux de neuf
ans au moins. La prime, versée pour
l’achat d’un véhicule neuf, court jusqu’à
la fin de l’année. L’enveloppe allouée
était de 1,5 milliard d’euros mais elle a
été portée à 5 milliards au vu du succès
de la mesure. L’action de Volkswagen a
reculé de 5,98% à 238,06 euros, alors
même que le constructeur apparaît
comme le principal bénéficiaire des
mesures gouvernementales. En mai, ses
immatriculations ont bondi de 60,2%.
AFP
Reprise d’Opel
un deal «risqué», selon une banque
russe
Guerman Gref, président de la banque russe Sberbank, qui avec le canadien Magna et
le russe GAZ ont convenu de reprendre le constructeur automobile allemand Opel, a
estimé samedi dernier dans la presse que l’opération était «assez risquée». Aux
termes de longues négociations «nous mêmes et nos conseillers sommes venus à la
conclusion que le deal est assez risqué, mais qu’il présente des opportunités
importantes», a affirmé M. Gref au quotidien Welt. La banque semi-publique Sberbank
doit entrer à hauteur de 35% dans Opel, l’équipementier canadien Magna prenant
pour sa part 20%, tandis que l’américain General Motors, auquel Opel appartient,
conserverait 35%. Un accord final sur la reprise devrait être conclu «à l’automne»,
selon M. Gref. Le patron de la banque, qui a récemment affirmé que Sberbank n’avait
pas l’intention d’être un investisseur «stratégique» à long terme pour Opel, a
toutefois estimé que l’accord contribuerait à moderniser l’industrie automobile
russe. «Sur le marché russe, nous avons besoin de pouvoir produire des composants
automobiles, du design et de la finition automobile. Opel et Magna peuvent jouer là
un rôle important», a ajouté l’ancien ministre du Commerce et du Développement
économique. En Allemagne, les inquiétudes persistent sur la solidité de l’accord
envisagé. Selon la dernière édition du magazine Spiegel à paraître lundi, Magna et
Sberbank n’apporteraient que 100 millions d’euros en argent frais, les 400 autres
millions promis étant accordés initialement à titre de prêt gratuit. Ce crédit de 400
millions d’euros ne reviendrait de fait à la nouvelle entreprise Opel qu’au fur et à
mesure de son succès, selon le Spiegel qui cite le protocole d’accord. AFP
General Motors
La marque Saturn vendue
au distributeur automobile Penske
Le groupe automobile américain General Motors a annoncé, vendredi dernier, la vente
prochaine de sa marque Saturn au groupe Penske Automotive Group, le deuxième
distributeur de voitures du pays. La transaction, soumise à l’approbation des autorités
de régulation, devrait être finalisée au troisième trimestre, ont indiqué les deux
groupes, qui n’ont pas rendu public le montant de l’opération. Selon les termes du
protocole d’accord signé entre les deux groupes, Penske obtiendrait les droits sur la
marque Saturn ainsi que certains actifs qui y sont liés, a précisé General Motors dans
un communiqué. Le constructeur, pour sa part, continuerait la production, pour une
durée non précisée, de trois modèles de Saturn. La transaction, précise le
constructeur, «sauverait plus de 350 concessionnaires et 13.000 emplois» au total aux
Etats-Unis. De son côté, Penske a ajouté dans un communiqué distinct que l’accord
prévoyait le rachat des stocks de pièces détachées de Saturn ainsi que le droit de
commercialiser véhicules et pièces à travers le réseau de distribution de la marque,
qui compte actuellement près de 400 concessionnaires. Saturn «dispose d’une base
de clients passionnés et d’un extraordinaire réseau de concessionnaires (...), nous
voulons nous appuyer sur ces points forts», a observé Roger Penske, président de
Penske Automotive. AFP
14 VIE DE L’ENTREPRISE
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
Groupe Benhamadi Antar Trade
Un fleuron de la jeune
industrie algérienne
Constituant un conglomérat de sociétés
brassant de gros volumes d’affaires dans des
activités industrielles et commerciales, le
groupe Benhamadi affiche aujourd’hui un
potentiel de plus de 4 milliards de dinars
d’investissement et près de 1200 employés.
Implantés dans leur majorité sur le territoire
de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, les usines
du groupe sont devenues une référence
régionale dans plusieurs activités industrielles
: équipements domestiques électroniques et
électroménagers, informatique,
agroalimentaire, emballage et matériaux de
construction.
Par
Lyes Malki
S
ix filiales composent le groupe. Il
s’agit de Gemac générale des matériaux de construction : première
brique de ce qui deviendra par la suite
l’un des fleurons de l’industrie algérienne. Gemac, créée et gérée par El Hadj
Mohammed Tahar Benhamadi, fondateur
du groupe, était une société de commercialisation, avant de passer plus tard à la
fabrication de matériaux de construction.
Le reste des filiales ne sont autres que
Argilor pour la fabrication de brique en
terre cuite, Polyben, spécialisée dans la
production et la commercialisation de
sacs tissés en polypropylène, Gerbior, une
minoterie produisant semoule, farine,
couscous et son, Hodna Métal spécialisée
dans la fabrication de panneaux sand-
PARCOURS
Abderahmane Benhamadi :
PDG du groupe
Abderrahmane Benhamadi est détenteur d’un Master en
économie obtenu en Grande-Bretagne. De retour au pays,
en 1984, il a occupé le poste d’enseignant assistant à
l’université de Sétif dans plusieurs matières : finances,
marketing, anglais et autres. Tout en travaillant à
l’université huit ans durant, il n’a pas quitté les affaires de
la famille. En 199, il décide de quitter l’enseignement pour
se consacrer à l’activité du commerce et à l’assemblage
des produits électroniques. C’est ainsi qu’est né la
marque Condor qu’il dirige aujourd’hui avec un personnel
d’environ 2 200 personnes.
wichs et Condor qui rayonne sur le marché de l’équipement domestique dans les
différentes gammes de produits : téléviseurs, récepteurs satellites, réfrigérateurs
et climatiseurs.
En 2006, Condor Electronics lance un
projet nommé SMT, de l’anglais Surface
Mount Technology, équipant une usine
ultra moderne de production de récepteurs satellite numériques. Le nouvel
investissement est une ligne de production de cartes numériques pour n’importe
quelle utilisation. Grâce à des robots
ultrasophistiqués fabriqués aux USA, la
fabrication de tout type de cartes numériques est devenue possible. Les équipements de l’usine permettent la production
de cartes mère pour les récepteurs numériques, les téléphones portables, des cartes pour le domaine de l’automobile…
etc.
La ligne SMT acquise par Condor peut
insérer des composants aussi fins que 1,6
x 0,8 mm à une cadence de 50 000 composants/heure avec un taux de fiabilité et
de précision de 99,99%. La structure
mise en place permet aux ingénieurs de
Condor de réaliser, désormais, eux-mêmes, des cartes numériques (cartes mère)
qui équipent leurs produits. Ce nouvel
investissement entraîne des répercussions
très positives sur la maîtrise du processus
de fabrication et sur les prix auxquels
sont proposés les produits, cela expliquant, d’une part, la baisse sensible des
prix proposés par condor depuis le début
de l’année 2009.
DE L’ÉLECTROMÉNAGER À
L’INFORMATIQUE
Dès 2009, Condor décide de se lancer
dans le monde de l’informatique. Cette
nouvelle filière s’annonce d’ores et déjà
très prometteuse pour les activités du
groupe. Son activité a consisté, dans un
premier temps, au montage de micro-ordinateurs desktop sous la formule SKD
(Semi Knock Down). La marque propose
ainsi une gamme composée de trois
configurations, Family, Multimédia et
Professionnel. Dans un second temps,
Condor fabriquera ses propres boitiers et,
en mettant à contribution sa ligne SMT,
ses propres cartes mère. Pour ce faire, des
partenariats stratégiques sont en cours de
finalisation avec des noms reconnus de
fabricants.
Il s’agit notamment d’Universal, MSI et
Foxconn. Une première étape a été déjà
franchie, à savoir l’obtention de la certification «Named Microsoft Dealer» (revendeur reconnu par Microsoft), résultat de
deux années de travail acharné, qui a
conduit Microsoft, après expertise et
audit des structures et des capacités de
production de Condor à valider ses produits.
Ces actions ont pour but l’atteinte d’un
taux d’intégration minimum de 40%,
ouvrant ainsi les portes de l’exportation
vers les pays d’Europe. Condor s’était
engagée dès le départ dans l’aventure
Ousratic, projet qui n’a pas eu les résultats escomptés. Cependant, la société
affirme son engagement et se déclare
prête à retenter une éventuelle expérience
Ousratic II, en mettant à contribution ses
partenariats, sa certification mais aussi,
l’ensemble de son réseau commercial et
après-vente, présent sur la totalité du territoire national.
Les ambitions de Condor ne s’arrêteront
pas là, puisque deux autres créneaux ont
été investis, à savoir ceux de la climatisation centralisée et de l’éclairage des grandes infrastructures urbaines. En effet, les
premières installations de climatisation
centralisée faites au niveau des sites
industriels du groupe et le succès qu’elles
ont eu ont encouragé la direction de l’entreprise à aller de l’avant pour la conquête
du marché national, qui était jusque-là la
chasse gardée de quelques fournisseurs
étrangers.
Elle a ainsi réalisé son premier projet en
équipant la société mixte Fertial et
d’autres grandes institutions et organismes, tels que l’université de Biskra,
l’aéroport de Sétif et les hôpitaux de la
wilaya de Aïn Defla.
En matière d’éclairage, Condor est parvenu à équiper en matériels d’éclairage
les stades de Bordj Bou Arréridj, de
Khenchela, de Chlef, de Aïn Témouchent,
de Mechria et de Laghouat.
PERSPECTIVES
Après avoir amorcé une nouvelle étape
qualitative dans le développement de
l’entreprise en obtenant la certification
ISO 9001 v.2000, Condor Electronics
s’est tracé comme perspectives l’acquisition et la mise en marche d’une nouvelle
unité réfrigérateur, d’une autre unité de
peinture tôlée et la construction d’un
nouveau site des presses à moulage automatique. Elle compte également construire un nouveau site et l’acquisition d’une
ligne d’extrusion des bandes PS, ainsi
qu’une machine d’injection plastique
supplémentaire.
Le chiffre d’affaires global de Condor
dépasse aujourd’hui les 6 milliards de
dinars, alors que son chiffre d’affaires à
l’exportation vise à présent le cap des
50 millions de dinars.
L. M.
CHIFFRES CLÉS
Chiffre d’affaires des trois
dernières Années en milliards de
DA :
2006 : 4, 11 Mds de dinars
2007: 4.9 Mds de dinars
2008: 6, 5 Mds dinars
Effectif global 31/12/2008 :
2200 employés
Effectif de Condor Electronics :
1600 personnes
Volume de production annuelle :
400.000 téléviseurs, 100.000
réfrigérateurs, 100.000 climatiseurs
et produits blancs, 100.000 VCD et
90.000 récepteurs satellite.
TABLEAU DE BORD 15
El Watan ÉCONOMIE - Du 8 au 14 juin 2009
statistiques
A l’issue de cette 42e édition de la FIA, les premiers
chiffres révélés par la Safex font état de :
■ 12 contrats commerciaux conclus.
■ 16 contrats de partenariat.
■ 1351 contrats sérieux susceptibles d’aboutir à terme.
■ 23 visites de VIP et hautes personnalités étrangères
dont un président et un vice-président du Sénat
indonésien, des ministres et vice-ministres, etc.
■ 7 conférences thématiques étalées sur les 6 jours de
la foire.
LE CHIFFRE DE LA SEMAINE
200 000
visiteurs
■ 450 visiteurs professionnels étrangers
■ 42 755 rencontres d’affaires organisées dans le cadre
du 1er salon export
Plus de 200 000 visiteurs dont 73 000 professionnels ont participé à la 42e édition de la Foire internationale d’Alger version 2009, selon la
Société algérienne des foires et exportations (Safex). Une édition qui a vu la participation de 1300 entreprises dont 870 étrangères activant
dans divers secteurs économiques.
PRODUITS DE BASE
■ CAFÉ
Les cours du café ont bien augmenté aussi,
à la faveur d’un dollar très affaibli et d’un
équilibre toujours serré entre l’offre et la
demande, mais ont fini en ordre dispersé.
L’arabica, échangé à New York, a touché
mardi un seuil plus goûté depuis septembre
dernier, à 142,90 cents la livre, tandis que
le robusta, échangé à Londres, a touché un
plus haut depuis plus de deux mois, lundi,
à 1.575 dollars la tonne.
La plupart des analystes attendent un
marché en déficit pour l’année caféière à
venir (2009-2010), en raison notamment du
rythme de production biennal dans la
production d’arabica au Brésil.
Sur le Liffe, le robusta pour livraison en
juillet valait 1538 dollars la tonne à 14h
GMT, contre 1519 dollars la tonne la
semaine précédente à 10h GMT.
Sur le NYBoT, l’arabica pour livraison en
juillet valait 135,40 cents la livre contre
136,90 cents la livre vendredi dernier.
■ SUCRE
Les cours du sucre ont poursuivi leur
ascension et réalisé, lundi à Londres, un
bond l’emmenant à un niveau plus goûté
depuis près de trois ans, à 457 livres la
tonne, avant de retomber et de finir la
semaine en baisse.
A New York, il a touché mardi 14,81 cents la
livre, plus bas depuis un mois, avant de finir
également en recul.
Un déficit est attendu sur ce marché par la
majorité des acteurs car la production
mondiale de sucre devrait fortement chuter
cette année. Selon la revue mensuelle de la
maison de courtage Czarnikow, la chute de
l’offre devrait atteindre 20 millions de
tonnes en 2008/2009, un fait sans
précédent sur le marché du sucre.
Parallèlement, la consommation continue
de grimper, en Inde notamment, où les lois
à l’importation ont été assouplies, et
partout dans le monde, dans le cadre de la
fabrication d’éthanol, carburant alternatif
au pétrole. Or, cette semaine le pétrole a
dépassé les 70 dollars, son niveau le plus
haut depuis 7 mois.
Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre
blanc pour livraison en août valait 445
livres vendredi à 14H00 GMT contre 453
livres la semaine précédente à 10h GMT.
Sur le NYBoT américain, la livre de sucre
brut pour livraison en juillet valait 15,41
cents, contre 15,68 cents jeudi dernier.
■ CACAO
Les cours de la tonne de fève brune ont
encore repris du terrain, avec un plus haut
vendredi à Londres à 1790 livres, plus vu
depuis six semaines, et à 2786 dollars la
tonne à New York, plus touché depuis
quatre mois.
Sur le Liffe, la tonne de cacao pour livraison
en septembre valait 1.770 livres sterling la
tonne vendredi à 14H00 GMT, contre 1715
livres (pour livraison en juillet) une semaine
plus tôt à 10HOO GMT. Sur le NYBoT, le
contrat pour livraison en septembre valait
2736 dollars (pour livraison en juillet)
contre 2613 dollars vendredi dernier.
■ CÉRÉALES
Les prix du maïs et du soja ont progressé
cette semaine sur le marché à terme de
Chicago, soutenus par les évolutions du
pétrole et du dollar, dans un marché volatil
à cause des conditions météorologiques.
La semaine a été mitigée après des
sommets atteints lundi par le blé et le maïs,
au plus haut depuis octobre. Si la baisse du
dollar et la hausse du pétrole ont soutenu
les cours des matières premières agricoles,
la météo et les chiffres des exportations
américaines ont apporté une certaine
incertitude. Concernant le maïs, les
inquiétudes sur l’état des cultures et sur
l’inflation dans l’économie américaine font
qu’il est impossible de savoir où les prix
vont aller, soulignent des analystes.
Du côté du soja les mauvaises ventes à
l’export au cours de la semaine achevée le
28 mai n’ont pas fait tanguer les cours,
même si en cas de semaines
supplémentaires similaires il n’y aura pas
de pénurie de moissons antérieures, estime
t-on.
Vers 15h15 GMT, le contrat de blé à
échéance juillet valait 6,28 dollars le
boisseau (environ 25 kg) contre 6,3725
dollars vendredi dernier.
Le contrat de graines de soja pour livraison
en juillet, s’échangeait à 12,29 dollars
contre 11,84 dollars vendredi dernier à la
clôture.
Le contrat de maïs à échéance juillet était à
4,4525 dollars, contre 4,3625 dollars sept
jours plus tôt.
■ OR
Les cours de l’or sont montés cette semaine
jusqu’à 990 dollars l’once, leur niveau le
plus élevé depuis trois mois et demi, dopés
par une baisse du billet vert, avant de
terminer en petite baisse, sur des prises de
bénéfices. Le métal jaune a continué à
Pétrole
Les prix autour de 70 dollars
Les cours du baril de pétrole ont dépassé 70 dollars vendredi
pour la première fois depuis six mois, avant de retomber sous
l’effet d’un fort rebond de la monnaie américaine. Sur le New
York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet
crude» pour livraison en juillet a terminé à 68,44 dollars, en
baisse de 37 cents par rapport à son cours de clôture de jeudi.
Il était monté dans les échanges électroniques, quelques
minutes avant l’ouverture de la séance, à 70,32 dollars, son
plus haut niveau depuis le 4 novembre. L’or noir s’était
fortement renchéri ces dernières semaines sous l’effet de
l’affaiblissement de la devise américaine. Il a cumulé en cinq
semaines un gain de 19 dollars, plus d’un tiers (36%) de sa
valeur.
Les prix du pétrole resteront au niveau de 65-70 dollars
jusqu’a la fin de l’année
Les prix du pétrole brut évolueront entre
65 et 70 dollars le baril jusqu’a la fin de
l’année 2009 pour connaître une nette
hausse des cours à partir du début 2010,
a indiqué samedi à Alger le ministre de
l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil.
«Les cours seront compris dans une
fourchette de 65-70 dollars jusqu’a la fin
2009, car la consommation de l’essence
(aux Etats Unis) va augmenter en été,
mais il est difficile de prévoir le marché»,
a précisé le ministre en marge d’un
cérémonie de signature de contrats de
partenariat entre Sonatrach et des
sociétés étrangères. Le ministre a
toutefois mis en exergue «l’extrême
volatilité des cours» en ce sens que «le
marché reste sensible aux facteurs tels
que les cours du dollar, actuellement en
baisse, ou une éventuelle dégradation de
l’économie mondiale qui risque d’influer
négativement sur les cours du brut». «Les
cours du pétrole vont très probablement
dépasser le niveau de 70 dollars le baril
à partir de l’année 2010, à la faveur d’une
reprise de l’économie mondiale», selon
le ministre. (APS)
profiter de la glissade du dollar, qui s’est
sensiblement affaibli depuis la mi-avril,
passant de quelque 1,28 euro pour un
dollar jusqu’à 1,4338 cette semaine, soit
une chute de 12%.
Sa dépréciation attise les craintes
inflationnistes, poussant les investisseurs à
acheter de l’or comme bouclier antiinflation.
Sur le London Bullion Market, l’once d’or a
fini à 962 dollars vendredi au fixing du soir,
contre 975,50 dollars vendredi dernier.
■ ARGENT
L’once d’argent s’est propulsée à 16,24
dollars mercredi, un niveau qu’elle n’avait
plus atteint depuis août dernier, avant
d’effacer ses gains et de clôturer vendredi à
15,65 dollars contre 15,52 dollars une
semaine plus tôt.
■ PLATINE/PALLADIUM
Portés par des signes de stabilisation du
marché automobile et par la faiblesse du
dollar, les métaux platinoïdes ont renoué
avec leurs niveaux de septembre. Le platine
a grimpé vendredi jusqu’à 1275 dollars, le
palladium jusqu’à 265 dollars, des plus
hauts depuis début septembre pour ces
deux métaux. Ces deux métaux ont profité
«de ventes automobiles meilleures
qu’attendu aux Etats-Unis» au mois de mai,
ont expliqué des analystes. Sur le London
Platinum and Palladium Market, l’once de
platine a fini à 1275 dollars contre 1175
dollars vendredi dernier. L’once de
palladium a terminé à 257 dollars contre
236 dollars une semaine plus tôt.
■ METAU X DE BASE
Le cuivre, le plomb et le nickel ont touché
des plus hauts depuis le mois d’octobre.
Ce sont les espoirs de reprise et de rebond
de la demande industrielle qui expliquent
ces mouvements. Les métaux de base se
sont envolés en même temps que les
marchés d’actions cette semaine,
engrangeant des gains à la faveur de
nouvelles données économiques positives,
suggérant que l’économie mondiale tente
de se redresser, selon des analystes.
L’annonce de destructions d’emplois en net
ralentissement aux États-Unis en mai a
constitué un autre signal important. Ces
signaux et la baisse du billet vert ont
ramené de nombreux investisseurs sur les
matières premières.
Le cuivre a repassé la barre des 5 000
dollars la tonne lundi. Il a grimpé jusqu’à 5
145 dollars mardi, un plus haut depuis le 15
octobre. Tombé à 2 817 dollars le 24
décembre, le métal rouge a depuis presque
doublé, regagnant 82 %. Son redressement,
amorcé dès le début de l’année, s’est
accéléré en avril et en mai grâce à une forte
décrue des stocks du LME, en raison
d’achats massifs de métal en Chine.
El Watan ÉCONOMIE
Du lundi 8 au dimanche 14 juin 2009