2015_05_27_commentaire vf_Olivier_vu MC
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Concert hors série Concert jeunes talents Mercredi 27 mai 2015 20h Strasbourg, PMC Salle Érasme Marko Letonja direction Rémi Schwartz percussion * Yo Matsushita saxophone ** Nikita Zimin saxophone *** Emmanuel Sejourné (1961) Concerto pour marimba et cordes 17’ François Rossé (1945) Wend Kreis (création mondiale) 15’ Étienne Haan (1992) Création mondiale 10’ Lars-Erik Larsson (1908-1986) Concerto pour saxophone alto et orchestre à cordes op. 14 Allegro molto moderato Adagio Allegro scherzando 20’ 1 Pour ce concert jeunes talents, Marko Letonja a privilégié la musique des XXe et XXIe siècles en nous offrant pas moins de deux créations mondiales dont l’une est signée par un jeune compositeur alsacien, Étienne Haan, et l’autre par l’un des compositeurs les plus singuliers de la création contemporaine. Les œuvres de François Rossé sont « à la fois proches de la tradition musicale occidentale historique et en phase avec les dynamiques artistiques dans l’environnement planétaire actuel ». Emmanuel Sejourné Concerto pour marimba et cordes* Né à Limoges en 1961, Emmanuel Séjourné mène une triple carrière d’instrumentiste, de compositeur et d’enseignant. Il est l’un des représentants les plus éminents du monde de la percussion. C’est d’ailleurs après une rencontre avec Jean Batigne, fondateur et directeur des Percussions de Strasbourg, qu’il se passionne pour cette famille d’instruments, non sans avoir mené des études musicales très classiques (piano, solfège, histoire de la musique, analyse, acoustique, violon). Avec son maître, il découvre un monde musical inconnu : jazz, pop, world music, fusion, musique contemporaine, improvisation (c’était l’époque de Weather Report, Coréa/Burton, King Crimson…). Il avoue avoir été fasciné par cet « univers incroyable dans lequel il s’est plongé avec délectation à l’aide du vibraphone et du marimba ». Il précise : « En composant, je me sers toujours de cette double culture, de toutes ces musiques que j’aime. Que c’est drôle d’écrire pour des instruments qui n’ont pas de passé ou si peu, comparé au piano. Tout reste à faire. À la demande de Bogdan Bacanu, j’ai écrit ce concerto qui lui est dédié pour marimba et cordes. La composition est une affaire de confiance et je le remercie de m’avoir donné la sienne. Ce n’est pas le premier concerto que j’écris, et j’ai toujours la tendance d’écrire deux mouvements et non pas trois : un mouvement lent très phrasé, et un mouvement rapide, énergique et rythmique. Pour moi la musique n’est pas une affaire d’instruments mais d’amitiés et de rencontres. Bogdan est un véritable artiste, fantasque et passionné, qui m’a longuement évoqué son amour du romantisme et du lyrisme de Rachmaninoff. Cela m’a inspiré le premier mouvement de ce concerto, lent, grave, avec de longues envolées lyriques de la part du soliste, parfois volubile, parfois laconique, tantôt exubérant, tantôt mélancolique. À l’image du dédicataire. Ma culture jazz-rock, flamenco prédomine dans le second mouvement rapide agressif et rythmique, au milieu duquel un passage doux permet au soliste de jouer pratiquement en improvisant s’il le souhaite. » Au micro d’Accent 4, il nous avouait son regret de n’avoir jamais vu l’Orchestre philharmonique de Strasbourg programmer son Concerto pour marimba et orchestre, alors qu’il est joué dans le monde entier. C’est désormais chose faite ! François Rossé Wend Kreis (Cercle de vents) Né en 1945 à Reichshoffen, François Rossé aborde la musique en autodidacte. À l’âge de dix-huit ans, il décide de suivre le cursus habituel des études musicales (piano) au Conservatoire de Strasbourg (Alphonse Foehr), puis à l’École normale de musique de Paris (Jeanine Bonjean). En 1974, il intègre la classe de composition 2 d’Olivier Messiaen au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il suit également l’enseignement de Betsy Jolas, Ivo Malec et Paul Mefano. Par la suite, il s’intéresse « aux aspects élémentaires et néanmoins essentiels dans ce qui relie l’humain, depuis la préhistoire, à l’espace du son, matière acoustique certes, mais aussi matière codifiable pour en développer les langages du verbe et de la musique ». Professeur d’analyse musicale au Conservatoire de Bordeaux (1974-1985), il rencontre Jean-Marie Londeix, qui l’incite à écrire pour le saxophone. À ce jour, François Rossé a composé plus de sept cents « unités » pour des ensembles aussi spécialisés que l’ensemble Itinéraire, 2e2m, Proxima Centauri, le Shanghai New Ensemble ou le NEM de Montréal, etc. Il écrit aussi pour des structures peu répertoriées dans le monde de la musique contemporaine. L’acte compositionnel « s’inscrit plutôt dans une démarche contemporaine concernant les musiques que dans l’image d’une "musique contemporaine" souvent rivée aux attitudes du siècle précédent. [Ma] recherche est plutôt engagée dans le rapport de l’art musical avec des contextes sociaux et humains spécifiques que dans une recherche exclusive d’ordre acoustique à travers les technologies nouvelles. [J’] associe volontiers l’acte de création à la faculté biologique d’adaptation à toute situation, bonne manière permettant de développer une imagination poétique et concrète ». Wend Kreis (Cercle de vents) est une œuvre concertante impliquant un saxophoniste soliste (jouant soprano et alto) avec l’orchestre symphonique, nous explique François Rossé. « Le soliste est Yo Matsushita, musicien japonais qui est le très brillant lauréat du dernier concours international de saxophone organisé à Bangkok. Au-delà de la performance instrumentale c’est aussi toute ma relation privilégiée avec le Japon qui est impliquée. Cette situation transculturelle ouvre sur une perception plus "originelle" des modes de jeu, des formes d’énergie et de couleurs à la fois du saxophone soliste et de l’orchestre. La notion de temps et des tempi y sera développée au travers d’évolutions sur de très longs espaces, prenant ainsi une dimension essentielle dans la forme. La conduite monodique du saxophone sera aussi développée sur de très longs espaces de durée dans son évolution, permettant ainsi des situations paroxysmales à la fois dans le silence comme dans les climax énergétiques. La recherche vers l’originel espère régénérer la mémoire ancienne de la relation entre l’homme et son instrument, l’une des fonctions importantes de la notion musicale dans ce rapport entre le corps et l’esprit. La musique est à la fois "son" mais aussi "geste". On peut y déceler l’idée de chorégraphie instrumentale, orchestrale au-delà d’éventuels exotismes orientalisants perçus par l’Occidental. Mes prestations en duo avec le danseur et maître de Nô, Shiro Daïmon, deux voyages au Japon et des rencontres avec des musiciens-acteurs d’ancienne tradition japonaise (Shonosuke Okura, maître d’une tradition familiale "otsuzumi" depuis 650 ans) m’ont permis de saisir, dans le ventre, l’esprit du Pays du Levant. L’orchestre est le réceptacle actif du soliste dans un contrepoint qui peut aller jusqu’à une réelle disjonction musicale excitant ainsi, dans l’esprit des arts martiaux, la tension entre les deux partenaires. » 3 Etienne Haan Création mondiale Étienne Haan a fait ses classes au Conservatoire de Strasbourg où il étudie la trompette. En 2009, il intègre la classe d'écriture (polyphonie, contrepoint et orchestration) et suit également des cours de direction d'orchestre. C’est à cette époque qu’il s’intéresse à la composition avec Mark Andre. Cet intérêt se poursuit avec Annette Schlünz puis, il entre dans la classe de composition de Philippe Manoury. Il est très rapidement distingué pour ses œuvres et c’est ainsi qu’il remporte, en février 2014, le Premier prix du concours de composition du Festival international d'Isla Verde Bronces en Argentine, avec sa pièce With bated breath (2013) pour ensemble de cuivres dont il a dirigé la création lors du concert de clôture du festival. Depuis, Étienne Haan a composé Vivian…connais pas ! pour comédienne et ensemble, Chassé-Croisé, pour deux percussionnistes, Moon, miniature pour piano, Interconnect, pour clarinette en si bémol et vibraphone. À l’heure du bouclage de ce programme, nous ne connaissons pas le titre de la composition d’Étienne Haan qui avoue que le choix d’un titre est toujours un cassetête. Le jeune compositeur a toutefois accepté de nous donner quelques clés d’écoute. Si on le questionne sur ses influences, Étienne cite d’emblée Ligeti, un peu Xenakis, Debussy, Berlioz, Francesco Filidei, tout en indiquant qu’elles ne sont pas exclusives. En revanche, les cours d'électroacoustique avec Tom Mays ont façonné sa vision de la composition et de l’importance de la spatialisation de celle-ci. L’œuvre est écrite en fonction d’un résultat sonore souhaité et non à partir d’une idée extra-musicale. Dès lors, elle s’apparente à ce qui est communément appelé musique pure. La forme répond à une apparence de structure architecturale. Étienne Haan précise qu’au début apparaît un accord statique aux cordes, dans le souffle des cuivres, où les flûtes jouent un rôle de quasi-soliste. Puis ce matériau évolue vers un accord de dix notes qui se construit progressivement avec des jeux rythmiques d'accélération et de ralentis indépendants mais qui se synchronisent pour aboutir à la partie suivante dans laquelle on peut reconnaître une atmosphère quelque peu debussyste. Un motif récurrent de contrebasse et grosse caisse interrompra à plusieurs reprises la fluidité du discours jusqu’à s’imposer dans des registres extrêmes. Puis la reprise de l’accord initial conclut l’œuvre Lars-Erik Larsson Concerto pour saxophone alto et orchestre à cordes op 14 Né en 1908 à Akarp et décédé en 1986 à Halsingborg, Lars-Erik Larsson a été une des figures marquantes de la musique contemporaine suédoise à la fois par ses activités de créateur et d’enseignant au Conservatoire de Stockholm puis à l’Université d’Uppsala, par son travail pour la Radio Suédoise, le cinéma et le théâtre. Tout d’abord, élève au Conservatoire de Stockholm entre 1925 et 1929, il décide de poursuivre ses études à Vienne avec Alban Berg, puis à Leipzig. Son style d’écriture va évoluer avec le temps. Si ses oeuvres relèvent d’un style néo-classique jusqu’au milieu des années 1930, elles se projettent dans un univers lyrique et romantique à l’image de la Suite pastorale (1938). À partir de 1949, une tendance plus radicale se manifeste par l’emploi du dodécaphonisme. Toutefois, le compositeur n’oublie pas sa veine lyrique et mélodique. Citons Musique pour orchestre (1949) et le Concerto pour 4 violon (1952), Trois pièces pour orchestre (1960) et Variations pour orchestre (1962). Dans les dernières années de sa vie créatrice, Larsson parvient à créer une synthèse de ses diverses influences : Lyric Fantasy (1967), Auguri (1971), Barococo (1973). Parmi l’ensemble de ses œuvres, on remarquera le cycle des 12 Concertino opus 45 écrits pour chacun des instruments de l’orchestre et orchestre à cordes et composés entre 1953 et 1957. C’est en 1934, après avoir regagné la terre natale, que Lars-Erik Larsson compose son Concerto pour saxophone alto et orchestre à cordes op. 14. Le dédicataire, Sigurd Manfred Rascher (1907-2001), participa activement à la composition. Instrumentiste d’exception, Rascher était réputé pour sa technique qui lui permettait de couvrir au saxophone un registre de quatre octaves. Sites Web Le lecteur pourra satisfaire sa curiosité en consultant les sites suivants : http://www.emmanuelsejourne.com/ http://etiennehaan.com/ http://francois.rosse2.pagesperso-orange.fr/ 5