AUX MARINS, MES FRÈRES ! CHANSON FOURASINE

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AUX MARINS, MES FRÈRES ! CHANSON FOURASINE
AUX MARINS, MES FRÈRES !
Petit marin qui fais la pêche
Sur l'océan brumeux, là-bas
Où le soleil triste et revêche
Bien des fois ne se montre pas !
Toi, dont le cœur serré frissonne,
Quand se lamente, monotone,
La sirène du grand bateau
Qui, sous sa meurtrière étrave,
Laisse trop souvent une épave
Dont la mer sera le tombeau !
Et que le vent souffle en tempête,
On filera sous les bas ris
Vers Brest. Et ton cœur est en fête
T'as l'air d'aller en paradis !
- C'est qu'à Morlaix j'ai ma promise
Et son doux souvenir me grise
Me remplit, les yeux de soleil,
Je vois sa belle coiffe blanche,
Son regard couleur de pervenche
Ses bras blancs et son teint vermeil !
Va, petit gâs, jette ta ligne
Et chante le pays breton.
Si tes mains saignent, c'est bon signe,
Le métier rentre, mon fiston.
Et ce soir, sur la goélette
Quand, les yeux clos dans ta couchette,
Par le flot tu seras bercé,
Les vieux te souriront en rêve
Ils guettent debout sur la grève,
Leur fieu parti l'avril passé.
Matelot qui sers la patrie,
Beau canonnier au grand col bleu,
C'est pas bien gai, la théorie,
L'exercice non plus, parbleu !
C'est dur d'obéir sans murmure,
D'être au bossoir sous la froidure,
De rester des longs jours à bord !
De parer comme une maîtresse,
L'acier brillant de ta pièce
Qui veille, la gueule au sabord !
Et toi qui croches dans la toile,
Gabier de petit perroquet
Dépêche à ramasser ta voile !
Le grain monte, faut du poignet !
Fais-moi lestement la chemise,
Que ça fume malgré la brise,
Voilà que, c'est paré bientôt !
Garçon, c'est là du fier ouvrage,
T'es la perle de l'équipage.
En bas, maintenant aussitôt.
Redresse-toi, marin de France,
Sois plein d'ardeur, et si jamais
Tu sens mollir ton espérance
Retiens bien ceci désormais
Un jour viendra, moment suprême,
Où l'on fera le grand baptême
Et, quand montera le signal
Sous les larges plis tricolores,
Ton canon de sa voix sonore
Hurlera l'hymne triomphal !
PETIT-FOC.
CHANSON FOURASINE
Air de la Paimpolaise. Paroles de F. E.
I
Partant pour un lointain voyage,
Le jeune pêcheur fourasin,
Pensant, toujours à son village,
Chantait un harmonieux refrain.
Et le pauvre gâs
Murmurait tout bas :
«J'aime Fouras et sa colline,
Son bois vert et sa vieille tour !
J'aime surtout la Fourasine
Qui la-bas attend mon retour !
II
Hélas ! quand le service appelle
Le jeune pêcheur fourasin,
Il faut quitter sa toute belle
Pour s'en aller dans le lointain.
S'il risque sa vie,
C'est pour la patrie !
En servant le drapeau de France
Il pense encore à ses amours
Et il garde au cœur l'espérance
Au pays d'être de retour.
III
Puis, quand rentre dans son village
Le jeune pêcheur fourasin,
Survient alors le mariage
Où l'on répète ce refrain :
Nous voilà tous deux !
Nous serons heureux !
Entre nous deux, oh! Ma Rosine,
A l'abri de la vieille tour,
Nous bercerons, ma Fourasine !
Le fruit doux de nos chèr's amours.
F. ETCHEVERS, pilote,
DORS, MON GAS (BERCEUSE)
Paroles et musique de Théodore BOTREL.
I
A côté de ta mère,
Fais ton petit dodo
Sans savoir que ton père
S’en est allé sur l’eau !
La vague est en colère
Et murmure là-bas
A côté de ta mère
Fais dodo mon p’tit gâs !
II
III
Pour te bercer je chante!
Fais bien vite dodo ;
Car dans ma voix tremblante
J'étouffe un long sanglot.
Quand la mer est méchante
Mon cœur sonne le glas...
Mais il faut que je chante
Si la douleur m'agite
Lorsque tu fais dodo
C'est qu'un jour on se quitte
Tu seras matelot.
Sur la vague maudite
Bien loin tu t'en iras...
Ne grandis pas trop vite
Fais dodo, mon p'tit gâs !
Fais dodo, mon p'tit gâs !
Publié avec l'autorisation de M. Georges ONDET, éditeur, Faubourg Saint-Denis, 83, Paris.
Théodore BOTREL.
EN DRAGUE
Le vent souffle en tourmente, et partout il fait noir.
La neige tombe. Il est près d'onze heures du soir.
Depuis trente heures nous n'avions pu sommeiller.
Nous allions maintenant enfin nous reposer.
Excepté les deux homm's de quart qui toujours veillent,
Veill'nt, pendant qu'à leur tour tous les autres sommeillent.
Tout à coup des cris ont retenti sur le pont
Debout ! ! Debout ! ! Le « train » est retenu au fond ! ! !
Larguez donc le palan ! Vit', décrochez le croc...
Amenez la trinquette ! et puis rentrez le foc !...
On court, on court partout : on bord' la brigantine,
Qui défrappe par cett' violente bris' marine.
Cette manœuvre faite, le vaillant équipage
Descend, prend les cirés, remonte avec courage
Sur le pont où l'attend, pour déraper ce « train »,
Un travail qui pourra durer jusqu'au matin,
A travers la neige, dont le pont est couvert,
Et se glac' sur leur dos avec l'eau de la mer...
Et leurs mains de géants, quoique souvent blessées,
Crochent sans hésiter les manivell's glacées.
Qu'importe, ils vir'nt, ils vir'nt ! le faible comm' le fort...
Ah ! qu'ils seront heureux si le « train » vient à bord ! !
Car hélas ! que l'on soit capable et d' bonn' conduite,
On ne vaut rien de bon sans la vraie réussite...
Et pourtant ! Il se trouve au large de Roch' Bonne
Plus d'une carcasse et d'une tête bretonne ! ! !
« Je crois, dit une voix, que notre bateau cule !
Y’a du vent dans la voile et dans le tape-cul !
Souque ! souque ! garçon, nous voilà dérapés...
Non, c'est encor' tenus ! Les débris ont glissé !...
Hardi, le v'là qui vient ; oui, v'là qu'il glisse encore...
Souque ! souqu' ! Nous l'aurons peut-être avant l'aurore !... »
Le train arrive enfin rangé le long du bord...
Mais voilà qu'en parant les candelett's bâbord,
L'on aperçoit à la lueur d'un tremblant fanal,
Comme l'on s'en doutait : « Malheur et sort fatal !
Dit une rude voix, la drague est avariée ! »
- « Et la perche, dit l'autre, elle est encor brisée !
« Pas de chance, bon sens, il faut aller à terre !
« Voilà not' pein' perdue après tant de misère.
« Faisons route, garçons, vers le port le plus près,
« Vers la Rochelle sans dout', réparer ces agrès.
« Là nous trouverons, tout en faisant notre ouvrage,
On entend dans la bris' les soupirs du patron
« Les lettres des familles de tout l'équipage... »
Il verse de vrai's larm's peut-êtr', le brav' garçon !
C'est ainsi que nous somm's.plus d'une fois, l'hiver,
En voyant le gros câbl' par la mer agitée,
Sur
notre frêl' bateau entre l'ciel et la mer,
Dévirer sur le treuil, jetant de la fumée...
Parfois
tous bien en peine, et parfois bien contents,
Eh ! mon Dieu, qu'est-ce que c'est pour lui que ce grand
Tourmentés par la mer, agités par les vents,
froid ?
Pourtant on est heureux en gagnant quelques sous,
Il su', lui, le patron, qui porte ce lourd poids !...
Pour fair' vivre ceux qui nous aim'nt et pens'nt à nous
Pendant que larmes et sueur tomb'nt sur le pont
Espérant, dans l'angoiss', le retour en Bretagne
(Car il n'a pas le temps de s'essuyer le front...)
Des braves survivants de ces rudes campagnes.
Et que fouett'nt les embruns poussés par la tempête,
Que de noires pensé's passent dans cette tête...
Oui, je le sais, patron, ces choses-là sont rudes :
Reproduction interdite.
Comme toi, j'en ai fait durement les études ;
Tu vires, tu bisques, tu te manges le sang,
Fait à bord du dundée Grand Largue, août 1900.
Car c'est bien une pert' de plus de mille francs !
L.-M. LE BEHEREC, patron pêcheur.
Tu crois voir l'armateur disant d'un œil sévère :
« Comment donc, malheureux, as-tu fait ton affaire ? »
LE REFRAIN DES THONNIERS (Reproduction interdite)
On nous appelle Grésillons
Bellislois aussi, l’on nous nomme.
Chaque gas chez nous est un homme,
On y voit peu de moussaillons.
Vite à la barre, timonier,
Allons les gars ! qu’on se dépêche,
Avant de partir pour la pêche
Chantons le refrain des Thonniers :
REFRAIN
C'est nous les pêcheurs de thons,
Ton ton ton taine.
Dans la mer nous barbotons,
Ton ton taine ton ton ton.
Nous sommes marins bretons,
Ton ton ton taine.
C'est nous les pêcheurs de thons,
Ton ton laine ton ton ton.
Que le vent souffle en aquilon
Nota : Grésillons, marins de Groix
Ou qu’il s’élève en douce brise,
Si notre voilure est bien prise,
Au large gaiment nous filons.
Nous nous rions du vent, des flots,
Sans crainte nous leur tenons tête
Car, lorsque gronde la tempête,
Dieu protège ses matelots. (refrain)
Si quelque jour on coule au fond
Après un violent orage,
Tous les hommes de l’équipage
Droit au paradis monteront.
Bras d’ssus, bras d’ssous, d’un air vainqueur
On s’y rendra, la mine fière.
- Qu’étiez-vous ? nous dira saint Pierre ;
Nous lui répondront tous en chœur : (Refrain)
Paroles et musique d’Arténaire
Reproduction interdite