Mauvaise blague
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Mauvaise blague
Mauvaise blague Nouvelle de Ben Eszterhas Adapté par Arthur MIlchior [email protected] V2 01/04/2014 INT/JOUR BUREAU D'UNE PSY Une jeune homme de 20 ans, BEN ESZTERHAS, beau garçon sage, à qui l'on donnerait le bon dieu sans confession, est assis sur un canapé, l'air pensif. En face de lui se trouve une femme, KARINE, la quantaine. Une caméra amateur est posé près d'elle, sur un pied, le voyant allumé, filmant Ben. Il regarde autour de lui, l'image suit son regard. Il voit une baie vitré qui donne sur un jardin, un mur où sont affichés des dessins d'enfants, un coucou affichant 12h32, Karine, assise sur une chaise qui lui lance un regard accusateur, à côté d'un bureau rangé et très bien fourni: stylo, coupe papier, feuilles et cahier, et enfin la porte du bureau, fermée. BEN Effectivement, tout a commencé il y a quatre ans, par ma faute. INT/JOUR CHAMBRE DE BEN Ben est assis sur un lit, en train de se rouler un joint. Assis au bureau se trouve JEREMY, gros et laid, en jogging complet vert avec des bandes blanches, en train de se curer le nez. Devant le lit se trouve une télé allumé sur une émission de télé-réalité. Jeremy se trouve devant un ordi portable qui laisse sortir des sons faisant penser à un porno, suivi d'un aboiement. BEN (VOIX OFF) J'étais chez moi avec Jeremy. En plus d'un physique difficile à porter, ce dernier n'a pas inventé l'eau tiède. Comme d'hab, on glandait, on fumait, il matait des prono chelou... On était des petits cons, c'est vrai. Mais on aurait jamais pensé en arriver là. JEREMY P'tain Ben, j'en ai marre, je m'emmerde. On fait quoi ? BEN J'sais pas moi, fais ce que tu veux. Ben, finissant son joint et l'allumant, regarde ce que Jeremy fait. Il est maintenant sur facebook. Facebook annonce un message privé, d'une certaine Manon Tobias, dont on arrive peu à distinguer le visage, mais qui semble assez belle. Jeremy avait écrit un quart d'heure plus tôt: "Hey Manon, tu vas bien ? T'es toujours aussi bonne !" elle avait répondu "T'es qui connard ?". Il écrit "Jeremy ! Hey bébé, relax, takit he eaaasy :) je te paye un mcdo?". BEN C'est qui ? JEREMY Bah c'est Manon. 2. BEN (Lui parlant comme à un imbécile) Et c'est qui, Manon ? JEREMY Bah Manon, quoi, de la colo des sapins. Tu te rappelles pas d'el... Manon répond, interompant Jeremy. Elle écrit: "Va te faire voire loser". Il commence à répondre et découvre qu'il est bloqué. JEREMY "Va te faire voire loser" qu'elle m'a dit ! Et elle m'a bloqué la pute, je fais quoi ? BEN Eh bien, tu te démerdes. Jeremy se fige, Ben se tourne sur la Caméra à sa et se met à parler de manière soutenue. BEN Enfin ça, c'est ce que j'aurai dû lui répondre. Mais que voulez vous, je suis parfois trop généreux. Jeremy se ranime quand Ben lui pique son ordi. JEREMY Eh ! Qu'est-ce que tu... Jeremy fait un tour rapide autour du lit, suivi par la Caméra. BEN On va s'venger. Laisse moi gérer ça, fait moi confiance, elle va le sentir passer ! Jeremy et la Caméra peuvent de nouveau voir l'écran d'ordinateur, qui affiche un nouveau profil, bien rempli, avec photo d'un vieux moustachu au regard vitreux. JEREMY C'est qui ce gars ? BEN Jérémy, laisse-moi te présenter Jean-Luc Démontet. JEREMY Et c'est qui, Jean-Luc Démontet. 3. BEN Un gentil moniteur de la colonie de vacances, fan de kayak en plus ! Bref un pédophile. Et il était à la colo des sapins.. JEREMY Ah, je ne me rappelle pas de lui... BEN C'est normal crétin, il existe pas. Je suis le docteur Frankenstein et c'est ma créature virtuelle. Mais Manon, ça elle le sait pas. Tu vois où je veux en venir ? JEREMY Ouais. Tu me prend pour un con ou quoi ? BEN (VOIX OFF) Ouais. Je le prenais bien pour un con. Ben saisit l'ordinateur violemment et commence à écrire aussi vite qu'il parle. La Caméra tourne autour de lui. BEN Bonjour Manon, c'est Jean-Luc, l'ami des jeunes. Je ne sais pas si tu te souviens on s'est rencontrés à la colo des sapins il y a 4 ans, et depuis je ressens une réelle affection pour toi, qui n'a cessé de grandir au fil des années. Je n'ose t'en parler seulement aujourd'hui car il m'a fallu beaucoup de temps pour surmonter ma timidté naturelle. Tu es tellement belle que c'en est effrayant. Voilà, j'espère que tu me répondras très vite, et que notre belle histoire restera notre secret... Ça m'évitera de devoir me déplacer jusque chez toi... Non pas que je n'aime pas ton quartier, il est charmant, mais je suis un homme pressé... Bisous, Jean-Luc. Pendant ce temps, Jeremy, qui ne comprend pas tout, ouvre un paquet de chips, en mange en faisant des miettes. Ben envoie le message. BEN Mate moi cette oeuvre d'art mon gros ! (MORE) 4. BEN (cont'd) (Voix off) Ou, comme dirait la police, des "Menaces par voix télématiques". Mais n'anticipons pas. EXT/JOUR TERRAIN DE FOOT Ben, en capitaine, joue au foot, pique la balle et la passe devant. BEN (VOIX OFF) Les mois qui suivirent se ressemblèrent et ressemblèrent à ma vie. Banale, mais agréable. J'avais déjà oublié ce stupide message. INT/JOUR CHEZ BEN LA MÈRE DE BEN se trouve dans un salon, devant la télé, en pyjama, une coupe de champagne à la main. Ben arrive, ignore sa mère, change la chaine et allume une console de jeu vidéo. INT/JOUR SALLE DE CLASSE Ben est debout à sa place, le professeur l'engueule, il répond quelque chose, toute la classe rit, le professeur tente de garder son sérieux, rigole et Ben se rassied. EXT/JOUR PARC Ben marche dans un jardin public, à côté d'une très jolie fille, ALICE. ALICE Ma plussoyance ? Ben la prend dans ses bras, par derrière. BEN Oui. Le truc en plus qui attirera tous les regards sur le podium. Alice arrête Ben. ALICE Attends Ben, éloigne toi. Je manque de plussoyance ? BEN Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es magnifique Alice. Tu es une déesse tombée du ciel et comme te dirait Stevie Wonder "You are the sunshine of my life". Elle rigole. Un marchand de glace ambulant passe devant eux. Alice va le voir. Le téléphone de Ben sonne, il regarde son 5. téléphone, qui indique "Maman". Il relève les yeux, voit Alice avec une glace et va la payer. BEN Ils vont te supplier de bosser pour eux. Et tu vas être une putain de wondertopsuermodèle ! Tiens, marche ! Alice, sa glace à la main, marche tout droit jusqu'à Ben. Elle l'embrasse, lui mettant de la glace autour des lèvres. BEN (VOIX OFF) J'étais aux anges, tout ce passait bien, c'était un mercredi parfait.... EXT/JOUR DANS LA RUE Ben sort d'une boulangerie en finissant un sandwich. Il commence un footing dans la rue. BEN (VOIX OFF) ...sauf qu'un peu plus tard... Son téléphone sonne, il répond en continuant de courir. BEN Ouais ? JEREMY ...Putain... On est foutu ! Facebook, la merde... C'est illégal ce qu'... BEN Je compr... JEREMY Je te dis ! Je suis trop jeune pour mourir ! BEN Hein ? Mais ? Qu'est-ce que tu racontes ? JEREMY Manon. Cette pute. Tu te souviens ? On a fait un faux compte pour rire. BEN (agacé) Oui, et ? Ben passe devant une épicerie et pique une banane à l'étal, qu'il ouvre en marchant. Il laisse l'épluchure sur l'autre bout de l'étal. 6. JEREMY Ben... Elle a pas compris que c'était pour rire, cette conne. Elle a été voir la police. Ils vont beaucoup nous punir. BEN Ok, respire un coup, il va rien t'arriver. Première chose, est-ce que t'as parlé de moi ? JEREMY Non poto, bien sûr que non. Les amis ça fait pas ça. En plus je sais que c'est pas de ta faute, c'est moi... BEN Ouf (voix off) On accordera à Jeremy une certaine loyauté, doublé d'une belle servilité. JEREMY Je sais pas comment la police a su, que j'étais Démontet... Jeremy continue de parler, mais sa voix est basse. BEN (à lui même) Ça, "Poto", c'est pas dur. Je t'ai vu insulter la fille 10 minutes avant, même un flic peut faire le rapprochement ! Ben arrive près du terrain de foot et y rentre, en checkant des gens qui viennent vers lui, le sourire aux lèvres. BEN Jeremy. Jeremy, respire ! JEREMY Ouais BEN On peut pas modifier le passé. Maintenant, tu fais de jolies petites excuses à la morue, aux poulets et tout ira bien dans le meilleur des mondes, même Huxley ne pourrait rêver mieux ! JEREMY Euh... BEN Allez salut ! 7. Ben rejoint ses amis. Quelques secondes plus tards, il sortent du terrain de foot. BEN (à la Caméra) Ouais, c'était rapide. Je vous aurai bien montré mes exploits, il parait que je suis assez impressionnant, mais ce sera pour une autre fois. Ils marche jusqu'à un ciné à côté, une affiche indique Somewhere Nice, une autre Alice. Quelques secondes plus tard, le soleil a baissé, ils ressortent du ciné. EXT/JOUR DEVANT CHEZ BEN Ben arrive chez lui. SA MÈRE, 45 ans, regardait par la fenêtre et sort immédiatement. MÈRE DE BEN Pourquoi tu répondais pas ? Ben, la police est venu, ils veulent te voir tout de suite. BEN Qu'est-ce que j'ai fait ? MÈRE DE BEN Bonne question. La police est passé pour une "affaire te concernant". (elle parle de plus en plus fort.) Qu'est-ce que tu as fait, Ben Eszterhas ? BEN Mais je n'ai rien fait... Ben arrache la lettre des mains. BEN (VOIX OFF) ...qui puisse avoir été repéré par la Police... BEN je t'assure, Maman. Ben repars aussitôt avec sa mère. Il sort son portable, cherche le numéro de Jeremy et le fait sonner. Il tombe sur le répondeur. INT/JOUR BUREAU DE POLICE Ben et sa mère sont assis dans l'accueil d'un service de Police. Des gens passent, rapidement, dans tous les sens. Certains de leur plein grés, d'autres sont amené de force par la police, la plupart dans une tenue de tous les jours, certains dans des vêtement très sales, de clochard, un autre 8. en travesti. Une policière, SANDRA BARTOWSKI, vient les chercher et fait entrer Ben dans un bureau où se trouve un policier, PAUL GARREAUX. La Caméra suit le regard de Ben. Ben regarde sa mère qui cherche à rentrer. SANDRA Non madame, seulement lui pour l'instant. Laissez moi vous accompagnez jusqu'à la machine... Sandra a refermé la porte sur la fin de sa phrase. Au mur, en plus d'affiche sur la police, se trouvent Dora l'Exploratrice et Homer Simpson, dans un style enfantin. Ben observe tout le bureau avant de regarder Paul, et lui serre la main. PAUL Bonjour, Ben. Je suis Paul Garraux. Pour l'instant, tu es en audition libre, tu... BEN (le coupant) C'est mignon ces dessins. C'est de votre fils, fille ? C'est Homer, c'est ça ? PAUL Alors, celui-là, c'est une petite fille qui ma l'a donné. BEN Ah oui ? (voix off) Et là, hop, je me fait apprécier du policier, qui se met à me raconter sa vie. PAUL (Continuant comme s'il n'y avait pas eu d'interruption) Elle subissait des attouchements de la part de son oncle. Quand j'ai mis fin aux agissements de ce salaud, elle m'a laissé ce dessin. Je crois que c'était sa façon de me remercier de l'avoir sauvée. Tu veux en savoir plus à propos du deuxième ? Ben fait non de la tête, l'air désolé. PAUL Bref. Je pense que tu sais pourquoi tu es là. J'ai la déposition de ton (MORE) 9. PAUL (cont'd) ami, Jeremy. Pour un message de menace envoyé depuis TON adresse ordinateur, ton adresse I.P. BEN Ah d'accord. J'avais cru que Jeremy avait essayé de tout me mettre sur le dos. Qu'il m'aurait "balancé" comme vous dites. PAUL Je crois que tu ne te rends pas compte de la gravité de la situation. Manon, a eu peur. Elle n'osait plus sortir de chez elle, à cause de M. Demontet. BEN Mais c'est qu'une blague. Il existe même pas. D'ailleurs, pour autant que vous sachiez, personne n'a rien fait à Manon ?! PAUL Ben, toi tu sais que M. Demontet n'existe pas. Mais Manon, non. Ces parent ont arrêté de l'envoyer à l'école tellement elle avait peur. BEN Les gens sont para... Enfin, je suis désolé, je ne pensais pas que cette blague irait aussi loin. C'est pas possible. Vraiment, je vous prie de m'excuser. Je prête souvent mon ordinateur à Jeremy quand il vient chez moi, j'aurai jamais pensé que... (une pause) Mais je peux pas rejeter toute la faute sur lui, quand j'ai vu ce qu'il avait fait, j'aurai dû prévenir Manon. Désolé, vous savez, j'ai juste été aux toilettes au mauvais moment... Comme Travolta dans Pulp Fiction. (Clin d'oeil à la Caméra) Je suis plutôt touchant, là, vous ne trouvez pas ? PAUL C'est pas à moi de t'excuser. Oui, j'aurai perdu moins de temps si t'avais désamorcer la situation tout seul; t'as pas l'air d'un mauvais garçon. Mais bon, enfin. C'est mieux ainsi. De toute façon, (MORE) 10. PAUL (cont'd) quand j'ai vu que ton con de copain était le dernier à lui avoir parlé, je me suis douté que c'était une connerie de gosses. Jeremy m'a dit qu'il avait tout écrit, j'ai attendu de te voir pour prévenir les parents de la petite -on est plus à deux heures près -, et tout rentrera dans l'ordre. Pour information, vous risquez 50 euros d'amendes chacun, et j'espère que c'est la dernière première et dernière fois que je vois vos deux têtes d'abrutis. Paul va à la porte et parle dans le couloir. BEN Deux têtes d'abrutis... Me comparer à Jeremy, quand même... Paul revient avec la mère de Ben. MÈRE DE BEN (énervée) Qu'est-ce qu'on m'a dit ? Tu as laissé Jeremy menacer de violer... La mère, Ben et Sandra, discutent un peu, tandis que Ben tape à deux doigts au clavier, Ben regarde le tout passer. BEN (VOIX OFF) Elle en fait trop. C'est pas la fin du monde non plus ! Mais je la comprend, elle veut garder la face devant les keufs. Leur faire croire qu'elle a une quelconque influence sur moi... EXT/JOUR BALCON Sur le balcon d'un petit immeuble se trouvent Ben et Alice. Elle se regarde dans un miroir, avec des habits de hautes-couture, dont un corset qu'elle n'apprécie pas. BEN (VOIX OFF) Cette histoire était finie, je pouvais enfin mettre ça derrière moi. Du moins, c'est ce que je pensais... ALICE Pour moi, le corset est comme une morue. (à Ben) As-tu vu un chapeau par ici ? 11. Comme la dernière fois, Alice travaille le défilé. Ils s'embrassent puis Ben part. EXT/JOUR DANS LA RUE Ben se prend un sandwich, fait un footing jusqu'au foot, en volant une banane. Ressort du foot pour aller au ciné, puis rentre chez lui. INT/JOUR CHEZ BEN Ben rentre chez lui, un grand sourire aux lèvres, en chantant. Il se tait soudainement en voyant Paul, sa mère et Sandra dans le salon, le regard éteint. PAUL Bon Ben... Ce que j'ai à te dire est très dur à entendre. Tu préfères qu'on fasse ça ici ou qu'on aille au commissariat ? BEN Oh bah ici, je ne pense pas que ça va durer longtemps. SANDRA Détrompe-toi. Ben regarde Paul, sa mère puis Sandra, la Caméra suit son regard. Paul et Sandra s'échangent des signes du regard, sa mère cherche à suivre et comprendre. BEN Mais merde vous allez arrêter de vous lancer des regards de conspirateurs et m'expliquer ce qu'il se passe putain ? Sandra fait signe à la mère de Ben de sortir et Paul fait signe à Ben de prendre sa place. PAUL Bon, bah voilà Ben, on va pas y aller par quatre chemins... C'est vraiment une histoire de merde. Une histoire de sales gosses qui tourne mal. Oui, il s'est passé quelque chose de grave, de très grave. En effet, après t'avoir laissé partir hier, j'ai tout de suite essayé d'appeler Sandrine, la mère de Manon. J'ai eu son répondeur donc je lui ai dit que j'avais une bonne nouvelle pour elle, puis je suis allé manger avec les collègues. BEN (VOIX OFF) Très sincèrement, son assiette, ça m'intéresse pas. 12. PAUL Quand je suis revenu au commissariat, je suis tombé sur le père de Manon. Quand j'ai voulu lui serrer la main, j'ai remarqué qu'il portait des menottes et un pull tâché de sang. Soudainement Paul s'arrête, et détourne son regard vers la fenêtre. Ben le regarde, surpris, avant qu'il ne reprenne. PAUL En fait, ce qui s'est passé, c'est que la batterie du portable de Sandrine était déchargé. Et que ce midi, alors que Liam et sa fille sortaient pour déjeuner, ils croisèrent dans la rue un homme d'un certain âge qui s'approchait de Manon. Un homme avec une longue moustache, qui ressemblait à s'y méprendre à la photographie du présumé pervers. Manon n'eut pas eu le temps de dire quoi que ce soit que déjà son père s'était jeté sur lui. Sauf que c'était le professeur de sport de Manon. Liam l'a roué de coups. Manon a téléphoné aux secours, mais quand ceux-ci sont arrivés sur place, il était déjà trop tard. Et malheureusement la victime a succombé à ses blessures à l'hôpital... Paul regarde Ben fixement. Ben reste bouche bée, mais il pense beaucoup. Sa voix off tente de suivre le fil de ses pensées, et est donc extrémement rapide, et composé de phrases coupées. BEN (VOIX OFF) J'y crois pas. J'ai tué un homme. Indirectement. Je dois fuir. J'arrive pas à bouger. Si je suis un assassin. Alice va plus vouloir de moi. Je pourrai plus l'embrasser. Et Jeremy ? Comment il va réagir ? Le con ! Maman ! Je la rend triste. Elle a jamais été comme ça. Pareil, les amis. Les boites de nuit. Papa, nos repas au restau du week-end... Les cours d'histoire de M. Hoareau aussi... C'est fini ? PAUL Sandrine a écouté son message, et a su alors que ce n'était qu'une mauvaise blague. Une blague avec de lourdes conséquences. 13. BEN (VOIX OFF) Normalement, j'aurai dû dire "Sans blague", ou un truc du genre. Mais je peux pas. PAUL Donc nous avons arrêté Liam, et un tribunal va se charger de l'affaire en urgence. Un meurtre c'est jusqu'à 30 ans de prison. Circonstance atténuante ou pas, ça va faire mal. Toi, ça sera juste "menace par voies télématiques" et surtout "incitation à la haine ayant causé la mort d'autrui..." La Caméra se rapproche des yeux de Ben, de plus en plus distants... INT/JOUR CELLULLE DE PRISON Ben est dans une salle sombre, en tenu rayé de prisonnier. La Caméra le filme de face, et il y a des barreau derrière lui. 3 gros baraqués s'approchent de Ben, lui retirent ses vêtement de prisonniers, faisant apparaitre un complet qu'il portait en dessous. Ben fait un quart de tour sur la droite et la caméra vient se mettre dans son dos, Ben est maintenant devant une barre de témoin, plus loin se trouvent la tribune d'un juge. Autour de la tribune, une foule de paysan, avec chapeau de paille et fourches tendues vers Ben, crie "À mort !". Le juge tape un grand coup de marteau. JUGE Le peuple a été entendu, qu'il soit guillotiné ! BEN On est en France bon dieu ! Mitterand a abooli la peine de mort ! Ben fait encore un quart de tour sur la droite, la Caméra reste dans son dos. Devant Ben se trouve maintenant un billot. Au fond se trouvent toujours la foule qui lui crie dessus. Un des grand barraqué pousse Ben au sol, la tête sur le billot. Pendant ce temps, un autre baraqué a enfilé une cagoule, et est allé cherché une hache qu'il lève. BEN Non. C'est Jeremy. Manon, je voulais... Alice !! Alice ! La Caméra zoom sur la nuque de Ben. 14. INT/JOUR CHEZ BEN La Caméra dézoome. Ben se trouve allongé dans le sol de son salon, mais à la place du billot, sa tête se trouve sur le pied d'un meuble. Paul vient chercher Ben, le relève et le secoue un peu. PAUL Ben ? Ben ? Calme toi, d'accord ? Ben hoche la tête, et fait un clin d'oeil dans le vide, par dessus l'épaule de Paul, pendant qu'il se rassied. BEN Pardon. PAUL Ben, c'est pas à moi qu'il faut dire pardon. Moi, j'ai juste un dossier, qui est allé plus loin que ce que je croyais. C'est Manon, sa famille et son prof qui ont souffert. BEN Oui. J'aimerai leur dire combien je suis désolé... Je... Je voulais pas tout ça... PAUL Écoute, pour la famille, si tu veux vraiment faire tes excuses, tiens. Paul sort un carnet de sa poche et se met à écrire dessus un numéro de téléphone. PAUL C'est le numéro de la mère. Mais ne dis jamais que c'est moi qui te l'ai donné... Je ne suis pas censé faire ça... Ben hoche la tête, prend le numéro et le met dans sa poche. PAUL Je pense qu'il ne va pas t'arriver grand-chose, tu es jeune, je sais bien que tu ne voulais faire de mal à personne. Je sais tout ça et je témoignerai en ta faveur. Mais maintenant aucun retour en arrière n'est possible. Aucun. Et il va falloir assumer. Paul met la main sur l'épaule de Ben pour le réconforter, puis s'en va. Sa mère revient et lui parle. Elle lui sert un diner et parle, mais Ben n'entend rien. Après 30 secondes de silence, Ben se lève et part vers sa chambre. 15. Il rentre dans sa chambre, trouve celle-ci enneigé, mais cela ne le surprend pas. De plus, il manque le mur du fond de sa chambre, qui est donc ouverte sur la rue, enneigé elle aussi. Il marche, jusqu'à tomber sur un cadeau de noël géant. Il l'ouvre et trouve dedans un cadavre. Au bout de la rue se trouve un pont, Ben regarde le pont et le paquet alternativement, et se met à pousser le paquet vers le pont. Une fois près du pont, un policier arrive du coin de la rue. POLICIER Dites-donc, qu'est-ce que vous faites là à cet heure si tardive, monsieur ? Vous m'apportez un cadeau ? Le policier ouvre le cadeau en grand, aide M. Démontet à se réveillet et sortir du cadeau, avant d'y mettre Ben, de refermer le paquet sur lui et de le pousser par dessus le pont dans l'eau. INT/JOUR CHAMBRE DE BEN Ben se réveille chez lui, tout en sueur, le lit trempé. Il regarde son portable, et remarque 2 textos. Le premier, d'Alice, lu avec sa voix, dit: ALICE Je pense à toi en ce moment. Je t'aime mon choupinou. Et le second, d'un numéro inconnu dit: LIAM Cher Monsieur Eszterhas, en réponse à votre message facebook du 11 octobre, et à ses suites, j'ai l'honneur de vous faire savoir que je suis sorti de prison et compte vous assassiner dans les plus bref délais. La porte de la chambre s'ouvre, Liam entre, vétu d'un long ciré jaune et d'une immense faux, lisant la fin du texto. LIAM Respectueusement, Liam Il casse tout et donne même un coup à la Caméra qu'il envoie derrière Liam. Ben remonte la couette devant lui et devant la Caméra, sort de son lit en laissant tomber la couette. Il court hors de sa chambre, et en passant par la porte il rentre dans sa chambre, où il se voit en train de dormir, dans les vêtements de la veille, dans son lit. Le Ben couché se réveille, sa chambre en parfait état. Il regarde son téléphone portable, qui n'a aucun texto. 16. BEN (VOIX OFF) Après ces cauchemars répétitifs, je suis sortis de chez moi, silenciseuement, ne voulant pas réveiller ma pauvre mère, qui avait dû trouver le sommeilr à l'aide de somnifères. Il se lève, hésite, tourne en rond sans rien dire, puis met ses baskets et sort. EXT/NUIT RUE Ben marche dans la rue en direction du pont, en soliloquant. Il croise, en les ignorants, deux clochards endormis et des silouhettes dans l'ombre qui le regardaient passer. BEN Et bien voilà, Ben. Pas de paquets cadeaux, pas de policier... Ah, là, un clochard, ça c'est normal. (voix off) Enfin, je veux pas dire que les clochards c'est normal, c'est juste habituel, même si on ne devrait pas en voir... (à haute voix, se coupant la parole.) Bref, un mort, à cause de moi. Quel crétin aussi, avoir confondu le prof avec un pédophile... (il rit) Un prof pédophile, ça c'est drôle. Si ça se trouve il l'était vraiment en plus. Ben arrive au niveau du pont, monte sur la rambarde, chante une musique de fanfare de cirque et fait l'équilibriste jusqu'au milieu du pont, avant de redevenir sérieux. La Caméra le suit en contre-plongé, de tel manière qu'on ne voit ni le sol, ni l'eau. BEN Ben, y a eu un mort à cause de toi. Tu crois que c'est le moment de faire le con ? (voix off) Oui. (haute voix) Franchement, entre les problèmes que t'as causé à Manon, à son père, à son prof... Pour le bien de l'humanité tu devrais sauter. Ben regarde vers le bas. 17. BEN Même ça, tu n'en es pas capable. Lâche ! Allez, si, tu peux, vas-y, regarde tout est calme en bas, tout est serein... Montre ton courage, vas-y, montre le au monde. Ben saute en avant, son téléphone bip et il se trouve aussi ramené en arrière et tombe sur ses fesses sur le pont. Il reprend son souffle, regarde, c'était Alice. Ben prend peur, regarde autour de lui, puis revérifie son téléphone. BEN Alice, ma douce Alice, tu me rappelle au monde. Et sans 2ème texto cette fois ! Ben se met à courir, la pluie se met à tomber, le ciel s'illumine, et après un bruit d'éclair, face Caméra: BEN Je sais, ça fait cliché. Mais ça arrive parfois: les clichés ont bien été créés pour une raison ! Ben arrive devant la maison d'Alice, où l'attendait un quator à corde jouant l'air de "Maria" de West Side Story. Ben sonne à la porte puis regarde le quatuor, et après quelques secondes de refléxion lui dit: BEN Bon, là, j'avoue, j'en rajoute, j'avais pas le budget pour vous. Le quatuor se tait et disparait du champ. Alice ouvre, surprise. Ben s'effondre dans ses bras, en pleurs. INT/NUIT CHAMBRE D'ALICE Ben est toujours en train de pleurer, assis au bord du lit d'Alice. Une boite de mouchoir à la main, elle vient s'asseoir à côté de lui et lui passe une main par dessus les épaules. Il prend un mouchoir, l'utilise, puis le jette dans une poubelle. Alice a un léger geste de dégout, avant de revenir vers lui. Elle embrasse son cou et lui prend la main libre. Ben commence à se détendre et arrêter de pleurer. Alice lui fait un autre bisous très appuyé, puis se laisse tomber contre son ventre, le forçant à lui même s'allonger dans le lit. Ils sont maintenant allongés côte à côte dans le lit, la tête d'Alice sur l'épaule de Ben, ils se tiennent toujours une main. La respiration de Ben continue de se calmer, il se met à respirer à la même vitesse qu'Alice. Il lui embrasse la main, remonte le long du bras, jusqu'au cou, avant de lui faire un petit bisou sur la bouche. Il éclate de rire, Alice aussi, et se mettent à vraiment s'embrasser intensément. Ben met sa main dans le pantalon d'Alice, et commence à la masturber, tout en continuant de l'embrasser. Il s'arrête le 18. temps d'ouvrir le pantalon d'Alice et de lui faire descendre, celle-ci en profite pour retirer le t-shirt de Ben. Ils galèrent un peu, et finissent par ce déshabiller tout seul. Alice a un frisson, ils se glissent donc sous la couette. Sous les draps, on devine que Peter s'est remis à masturber Alice, qui semble faire de même. Peter continue d'embrasser Alice, puis lui lèche l'oreille, la lui mordille, et lui mordille le cou, au point de lui faire un suçon. Mais Alice semble vraiment apprécier, et finit par avoir un orgasme dans cette position. Elle s'arrête alors, prend Peter dans ses bras, l'embrasse, et se repose. Il se colle à elle, la regarde fermer les yeux, puis les ferme lui aussi. Ils s'endorment. INT/JOUR CHAMBRE D'ALICE Alice enlace Ben, ils sont nus dans un lit à rambarde. La rambarde arrivant pile au bon endroit pour cacher leurs parties intimes. Alice dort encore, le soleil et Ben sont levé. BEN (à la Caméra) Ce matin, je me sens différent. Je crois que je viens de faire l'amour pour la première fois. Attention, ne vous méprenez pas, je suis pas puceau: je l'ai déjà baisé, plein de fois, mais ce coup-ci, j'ai senti quelque chose de différent. En fait, je crois qu'Alice est la seule personne que je peux aimer. Je l'aime, elle est tout ce que je peux désirer, exactement, complétement ! Alice lache Ben, elle découvre ses seins en s'approchant de lui, et lui dit, encore à moitié endormie: ALICE Quoi ? BEN Rien, chérie. Rendors toi. (à la Caméra) Regarde ailleurs. La caméra se retourne. Pendant que Ben s'habille et qu'il parle à la Caméra, celle-ci se met à explorer la chambre d'Alice dans les moindres détails. Des ours en peluches, une manette de wii, un cendrier avec 3 filtres, un dessin de chatons fait à la main en poster, un ordi allumé sur la page facebook de Ben. 19. BEN Ça m'angoisse. J'ai toujours été un petit con... Ma mère vit un enfer à cause de moi, et j'en avais rien à faire. Mes amis - enfin, mes quelques vrais amis, pas les gens cools que j'ai choisi pour ma réputation, les amis comme Jeremy ont toujours été là pour moi, alors que moi... Et Alice. J'ai été odieux avec elle, j'ai trop négligé ma puce. Non ! Je veux lui crier mon amour, rester dans le creux de ses reins pour le reste de l'éternité ! Je veux l'aimer, je veux lui faire du bien. Ne plus jamais faire que du bien... Mais je suis dangereux pour ceux qui m'entourent. Trop dangereux pour elle. Faut que je me rachète La Caméra est maintenant sur la chemise de Ben, qu'il ramasse et enfile. BEN (à la Caméra) Dis-moi, c'est vraiment possible qu'une fille si bien, si belle, si riche, peut aimer le salaud que je suis ? Je ne peux que lui faire du mal. C'est décidé je... Ben se penche pour embrasser Alice, se relève, les yeux rouges, et s'en va. BEN la quitte. ALICE (Dans son sommeil) Tu me manqueras à mon rêveil. EXT/JOUR DEVANT CHEZ ALICE Une fois dehors, Ben sort son téléphone et fait tomber un papier. Il le ramasse, voit le numéro de Sandrine, et le compose. Pendant que ça sonne, il marche jusqu'à un banc. Ben s'asseoit à un bout. La Caméra défile pour montrer l'autre bout, qui est un canapé, au bout du quel se trouve un téléphone filaire sur une petite table. Sandrine vient y répondre. SANDRINE Allô ? Allô ? Allô !? (s'impatiente) Il y a quelqu'un ? Elle s'apprète à raccrocher. 20. BEN Allô. SANDRINE Oui, qui est-ce ? BEN Allô madame... Moi c'est Ben, et si je vous appelle, c'est... Ben fait une pause. Quand il reprend, aucun son ne sort. Ben continue de parler, calme. Sandrine est d'abord triste, au bord des larmes, puis se met à s'énerver et crier sur Ben, puis finit par tout accepter, et pardonner en allant prendre Ben dans ses bras, à la limite entre le canapé et le banc. BEN (VOIX OFF) Je lui ai tout raconté, expliqué combien j'étais désolé, et prêt à payer pour mes actes. Elle m'a expliqué que pour elle, je n'étais pas responsable, que tout a dérapé. Mais surtout que SANDRINE Il y a quand même un vrai salaud dans cette histoire. Manon m'a raconté le viol qu'elle a subi à cette colo des sapins dont.. Ben se relève et s'éloigne, traversant la rue il rentre dans un immeuble, tout en parlant au téléphone. Il monte au premier et sonne, Jeremy vient ouvrir, à moitié nu. JEREMY Tiens, tu te souviens de moi maintenant ? Ben rentre, énervé, dans un salon cossu, Jeremy tire une chaise pour s'assoir quand Ben lui lance un grand coup de poing dans le ventre. BEN Espèce d'enculé... Elle avait été violée ! JEREMY Fait pas l'innocent, Ben, tu le savais très bien... Jeremy reprend son souffle, éclate de rire et s'approche de Ben, l'air calme. JEREMY Du calme. Jeremy attrape un vase et le fracasse sur la tête de Ben, qui tombe à terre. La Caméra suit la vue de Ben. Il a la tête qui tourne, donc l'image tremble et devient flou par 21. moment, les sons prennent de l'écho et sont déformés, même si compréhensible. Jeremy va chercher dans une cuisine à l'américaine un couteau de boucher. VOIX MASCULINE C'est qu'une pute cette meuf bordel de merde. Tu m'entends ? Une pute ! Le passé c'est le passé. Quoi qu'il se soit passé on peut tirer une croix dessus, on s'en fiche, on ne va pas foutre en l'air nos vies à cause d'une pute ! Jeremy est très proche de Ben, le couteau à la main. La Caméra filme le reflet de Ben dans un miroir. Ben se cache les yeux des mains, donc des mains viennent cacher l'objectif de la Caméra. Un bruit de couteau se fait entendre et du rouge apparait à l'écran, suivi d'un bruit de chute. BEN (VOIX OFF) C'est ça la mort ? Ça ne fait pas mal en fait. Ça fait rien. Les mains s'éloignent, la Caméra filme le plafond, puis vers Jeremy, couché près d'un couteau ensanglanté. BEN (énervé) Jeremy ! (étonné) Jeremy (inquiet) Jeremy... Ben le prend dans ses bras, appelle les urgences sur son portable. BEN 5 rue Saint-merri, 1er étage, police, pompier, vite. Et il se met à pleurer et lache le téléphone. Ben ne bouge pas. En accéléré Paul Garreaux, une autre policière, et des pompiers arrivent, ils prennent le poux de Jeremy, ignorant Ben. Puis les parents de Jeremy arrivent, voient leur fils, s'effondre. Enfin deux pompiers portent Ben jusqu'à une ambulance. Son seul mouvement est un oeil qui cligne à la Caméra. EXT/JOUR DEVANT UN HOPITAL Ben sort d'un hôpital, soutenu par Paul, en civil. Il le fait monter en voiture. EXT/JOUR DEVANT UN TRIBUNAL Paul aide Ben à sortir de la voiture et rentrer dans le tribunal. 22. INT/JOUR TRIBUNAL Dans le même tribunal que dans le cauchemard, devant le même juge, Ben se trouve sur le banc des accusés, à côté d'un gendarme. Liam est debout devant les jurés. Durant tout le monologue de Liam, la Caméra suit son regard. LIAM Oui, je sais, je mérite la prison, j'ai tué - et même si c'était pour protéger ma fille, ce n'était pas la bonne personne, il était innocent. Mais, il ne faudra cependant jamais oublier que rien ne serait arrivé sans l'inconscience de ce taré Il montre Ben du doigt, le regardant avec haine. Ben ne réagit pas et soutient le regard. LIAM Cet imbécile et son pote, qui a eu la décence de ce suicider, sont à l'origine de cette boucherie - je suis désolé, mais il n'y a pas d'autre mots, ce sont des cons ces assassins. Liam détourne le regard vers sa femme et sa fille. Elles regardent Ben, Manon avec peur, Sandrine avec compassion. LIAM Donc, je vous le dit, pour être juste, foutez moi en taule, mais foutez-y aussi cette vermine, est encore plus longtemps que moi ! Parce que s'il sort avant, je le tue ! Quand il a fini, un gendarme ramène Liam sur le banc des accusés, loin de Ben. BEN (à la Caméra, neutre) J'ai jamais subi autant de violence. Mais c'est mérité. Et surtout, c'est génial ! Il en fait trop, tout le jury va prendre ma défense. Un gendarme accompagne Ben pour qu'il se défende. BEN Votre honneur. Son avocat réagit, mais Ben l'interrompt. 23. BEN C'est un malentendu. Moi, j'ai juste laissé un pote faire une blague à une fille qui lui a mis un rateau avec mon ordi. C'est tout. J'étais... Ben éclate en sanglot. Toute la salle est totalement muette. BEN Non. Je suis coupable, tout est de ma faute. Je ne mérite pas votre pardon. (à la caméra) Et donc on va me le donner. (à son avocat) Désolé maitre, je ne peux pas répéter ce que vous m'avez dit de dire, je n'y crois pas. (à la caméra) Alors qu'un jeune de 19 ans qui éclate en sanglot, forcément ça fait fondre l'assemblée. Des bruits de pas se font entendre, Ben tourne la tête et voit Alice rentrer. BEN (Voix off) Merde, la voir entrer risquait de tout gâcher ! Elle ne devait pas voir ça. Ben se met à pleurer, vraiment. BEN Si... (voix off) Je n'arrivais plus à parler, ma gorge était sèche. J'avais honte, Alice m'aidait à donner encore plus de sincérité à mon discours. (au jury, en pleur) S'il vous plait, mettez moi en prison, c'est le seul moyen pour que j'expie ma culpabilité... Ben retourne à sa place, évitant de regarder Alice. Le jury va délibérer. En accéléré, des gens bougent, discutent entre eux, rentrent où sortent de la salle, alors que Ben reste parfaitement immobile, jusqu'à ce que l'huissier face une annonce. Tous se lèvent, le juge et le jury rentrent. JUGE Ben Eszerthas. À l'accusation de menace par voies télématiques, l'accusé est déclaré coupable. À l'accusation d'incitation à la (MORE) 24. JUGE (cont'd) haine ayant entraîné la mort d'autrui, l'accusé est déclaré non coupable. Et en répression la cour vous condamne à 4 ans de suivi psychologique. La mère de Ben semblait ravi, laisse éclater sa joie, puis réalise que c'est indécent. Elle imite mal une quinte de toux et sort de la salle. BEN Je suis vraiment un putain de comédien ! Premier prix du jury: La liberté. JUGE ...En répression vous condamne à 22 ans de prisons, dont 6 avec sursis. Liam, Sandrine et Manon sont effondrés, Manon éclate en sanglot. Ben s'approche de la sortie, Alice vient le rejoindre et la mère de Ben les laisse seuls. BEN Je ... (voix off) T'aime (haute voix) Voudrait que me lâche putain. Qu'est-ce que tu fais chier ? Alice se met à pleurer, à s'effondrer par terre. Des gens passent et l'ignorent. Ben l'enjambe et sort du tribunal. ALICE Attend, ne m'abandonne pas ! Nous irons ensemble chez la reine Blanche ! Une fois dans le hall du batiment, il se remet à pleurer. BEN (VOIX OFF) Je l'aimais. J'ai fait ça parce que je l'aimais. J'étais trop dangereux pour elle. En la quittant avant qu'il ne soit trop tard... INT/JOUR BUREAU DE LA PSY Ceci est la suite de la première scène. L'image part de derrière la caméra sur pied, filmant Ben qui regarde une montre de luxe à son poignet. Elle fait le tour de la pièce jusqu'à se positionner derrière Ben, et montrer l'heure sur un coucou: 12h57. 25. BEN ... je n'étais qu'une amourette de lycée, un ex de plus sur la liste des souvenirs faciles à oublier. C'était mieux comme ça. KARINE Qu'est-ce que tu as retenu de ces quatre années ? Ben montre du doigt un dessin d'enfant exposé dans cette pièce. BEN De ne jamais poser de questions sur l'auteur d'un dessin. KARINE Cette fille, Alice, tu l'aimes vraiment ? Ou c'est encore un de tes mensonges ? Ben soupire et hausse les épaules. BEN Si vous me posez cette question, c'est que vous n'avez rien compris... J'ai donné des indices pourtant. KARINE Et c'est pour ça que tu ne la voies plus ? Pour ne pas la mettre en danger ? BEN (lassé) Écoutez, je vous ai raconté tout ce qu'il fallait. Et vous avez assez d'information pour deviner le reste. Là, je me sens vidé, je n'ai plus envie de parler. De toute façon, la séance est presque finie. La dernière séance. KARINE Non Ben, ça ne sera jamais fini. Tu devras porter ça toute ta vie... Le coucou sonne 13 heures pile. KARINE Tu sais, si je t'avais connu plus tôt, j'aurais pu t'aider et t'empêcher de commetre de tels actes. Tant pis, mon travail sera d'une autre nature. Mais maintenant, nous savons tous les (MORE) 26. KARINE (cont'd) deux qu'il faudra beaucoup d'autres séances pour t'aider à trouver la force de vivre avec ça. Je pense que tu en as bes... Durant ces dernières phrases, Ben s'est précipité vers le bureau, a pris l'ouvre-lettre, et l'enfonce dans Karine. Puis Ben va s'adresser à la caméra sur pied, qu'il prend à la main, l'image de cette caméra est diffusé en split-screen. Ben filme le coupe-papier BEN Et hop, dans la psy. Comme dans Jeremy. Et comme moi dans Manon, pénétrant tel Christophe Colomb dans son territoir vierge. Oh, Manon, tes petits seins si doux et tes beaux yeux quand tu pleurais. Je me souviendrait toute ma vie de cet instant magique. Manon, toi qui fut si simple à effrayer, même avec un innocent mort, avec ton père en prison. Tu avais prévu de tout leur dire, hein ? Tu voulais me faire tomber moi ? Heureusement, Jeremy m'a aidé à te rappeler tes intérêts. Et tu m'as aidé à me débarasser du seul témoin gênant. Merci Manon. Ben pointe la caméra vers le jardin, il profite lui même du paysage. BEN Je m'y attendai vraiment pas pour le prof par contre. Un dommage colatéral. Comme Karine la pauvre, c'est atroce. Heureusement qu'on a réussi à avoir son homme de ménage, et à le faire condamner. Un sans-papier en plus, qu'elle avait engagée par bontée d'âme et qui l'avait trahi ! Vous ne pouvez pas imaginez à quel point ça a été difficile pour moi de témoigner. Ben tourne la caméra vers lui et la pose par dessus la vraie Caméra. BEN Vous me direz, maintenant n'importe qui sera au courant. Aucune importance, si vous voyez ceci, c'est que je suis mort. J'ai écrit le scénario quelques mois après les faits. Et mon producteur ne pourra en faire un film qu'à titre (MORE) 27. BEN (cont'd) posthume. J'espère que ces connards n'auront rien censurés et fait un bon casting. C'est mon histoire bordel ! Ben retourne s'asseoir comme pour la consultation. Les cadavre du professeur et de Jeremy sont posé à côté de celui de Karine. BEN (à Karine) Au fait, je ne regrette rien. Je n'ai jamais rien ressenti pour personne. Sauf pour Alice bien sûr. Alice vient le rejoindre sur le canapé, et se met à parler comme Ben. BEN ET ALICE Malheureusemnt oui, vous n'êtes que le fruit de mon imagination. BEN Fallait bien que j'invente quelqu'un qui me rende humain aux yeux des autres. Alice, du pays des merveilles. Mon imagination. Maintenant, excusez moi. (hurle) Au secours ! Au... Il se lève, va vers la baie vitrée, calmement. BEN ...Secours, Karine vient d'être agressééééeeeeee !!! Et la Caméra s'éloigne dans le jardin, montrant toujours, de plus en plus loin, Ben en train de hurler.