« Take my hand Take my hand Take my hand » : contre l
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« Take my hand Take my hand Take my hand » : contre l
TOURCOING / THÉÂTRE « Take my hand » : contre l'indifférence, l'émotion Publié le vendredi 29 janvier 2010 à 06h00 À travers une série de tableaux entre les 2 comédiens, «Take my hand» (prends ma main / mon handicap) questionne notre regard à tous. Hier à l'hospice d'Havré, le Maelström Théâtre présentait « Take my hand », avec Nicolas Brimeux, comédien tourquennois tourquennois handicapé. Une pièce bouleversante qui questionne notre regard sur la différence. VINCENT DÉCAUDIN > [email protected] C'est un moment de théâtre dont on ne sort pas indemne. Tout au moins touché, plus sincèrement retourné. En tout cas, quelque part, différent après une heure et quart d'une avalanche d'émotions. Du rire à l'introduction par une représentante de l'OMDPM, pour organisme ministériel des déficients physiques et mentaux, qui a soutenu le spectacle avant d'être racheté par une grande entreprise du CAC 40 dans le cadre de son « Charity business plan ». Jusqu'aux frissons à la fin du spectacle quand Nicolas Brimeux, 25 ans et handicapé à 80 %, raconte, à nu, sa maladie. Le jeune comédien en parle dans ce qu'elle a de plus cru. La dépendance aux « bipèdes », la patience qu'elle impose, la peur de la mort. Dans cette création écrite et mise en scène par Violaine Debarge, largement inspirée de l'expérience du comédien, on rencontre toute une série de personnages, plus ou moins réels. Dans la boîte de nuit, le danseur qui le bouscule. À l'hôpital, l'aide soignante qui le voit souffrir mais plaint l'arthrose de son chien. La jeune femme, rencontrée sur Internet avant un rendez-vous manqué. Ou, en voix off, le candidat Sarkozy en pleines promesses de campagne aux parents d'enfants handicapés. Et bien sûr Plume : la poupée mannequin qui accompagne son enfance. Alors qu'il lui apprend à marcher, un chirurgien en tenue vient l'amputer des deux jambes... « Rendre la vie plus belle » Cette violence des hôpitaux, les scènes sous stroboscopes insupportables, les cris de souffrance ou d'espoir, ce jeune homme qui hurle son envie de vivre : ce n'était qu'un spectacle raté. Avec Dom (Dominique Hache), qui n'a su rassembler que « 3 spectateurs dont (sa) mère ». Le théâtre, ils ne sont pas faits pour ça. Alors lui et Nico rentrent dans l'endroit qu'ils partagent depuis plus de 20 ans, l'un cloué dans son fauteuil, l'autre contraint de gérer le quotidien et les tâches ménagères. Ils partagent un moment de grâce : une toilette en corps à corps, rare moment d'émotion. Des moments difficiles aussi, bien sûr. Chacun fait « ce qu'il peut », ils s'engueulent, ils « s'étouffent ». L'un « s'oublie », peut-être pour se donner bonne conscience, l'autre refuse d'être traité comme du cristal ou un diamant. C'est d'ailleurs le message de Nicolas Brimeux : « être handicapé ne m'arroge pas le droit d'exister plus qu'un autre ». Son talent, si, sans doute. Lui qui a choisi le théâtre pour « rendre la vie plus belle », réussit là à nous faire croire qu'elle l'est vraiment. w Lire également notre édition de mercredi. VINCENT DÉCAUDIN > [email protected]