Le papier - Museum van de Nationale Bank van België

Transcription

Le papier - Museum van de Nationale Bank van België
S
ou
s la
l
ou
auprès du public pour les transactions
courantes, la monnaie scripturale est
celle qui circule le plus. L’évolution des
moeurs tend à une monnaie de plus en
plus immatérielle. Les transferts d’argent
scriptural en Belgique (virements papiers
ou électroniques, cartes bancaires) représentent aujourd’hui une large proportion
des mouvements monétaires dans leur
ensemble.
pe
Av
r il
2 010
Le papier
Catherine Dauvister
guide de musée
Les sept coupures des billets en euro.
Bibliographie :
Banque centrale européenne, L’avènement de l’euro, notre monnaie, Frankfurt, 2007.
BRION, R. et MOREAU, J.L., Le billet dans tous ses États. Du papier-monnaie à l’euro, Bruxelles, Fonds
Mercator, 2001.
DANNEEL, Marianne, Het biljettenpapier van de Nationale Bank van België (1850-1940), in Ons Heem,
jg. 53, 1999, nr. 1 Papiergeschiedenis, p. 37-47.
MONESTRIER, Martin, L’art du papier monnaie, Paris, éd. du Pont Neuf, 1982.
RUDEL, Jean (dir.), Les techniques de l’art, Paris, Flammarion, coll. Tout l’art. Encyclopédie, 2003.
Intéressé(e) par un suivi mensuel de notre rubrique « Sous la loupe » ?
Faites-le nous savoir par e-mail à [email protected]
musée
de la
Banque nationale de Belgique
H i s t o i r e s d ’a r g e n t
rue du Bois Sauvage 10 à 1000 Bruxelles.
Ouvert tous les jours de 10 à 18 h. Fermé le lundi.
Pour plus d’informations, appelez le + 32 2 221 22 06 ou par e-mail [email protected]
www.nbbmuseum.be
L’atelier d’impression de la Banque nationale de Belgique avant 1950 et en 2006.
L’origine du mot papier provient du nom « papyrus », la plante qui est utilisée
pour fabriquer le support du même nom. Le papier est une invention chinoise,
sans doute, une amélioration d’un procédé déjà existant. C’est le peuple arabe qui
découvre le procédé chinois et qui le diffuse en Espagne musulmane (entre le VIIIe et
le XIe siècle). L’utilisation de la matière papier s’étend alors à l’Europe entière.
La matière papier peut être fabriquée à partir de diverses matières premières. Le
premier papier chinois est obtenu par le traitement d’écorce de tilleul, de mûrier, de
bambou, de lin et de chiffons usagés. Arrivé en Europe, il est fait de chiffons de lin et
de chanvre (papier de chiffe). Au XIXe siècle, deux fabriques importantes, la ­Papeterie
De Meurs (Belgique) et la ­Papeterie du Marais (France), approvisionnent la Banque
nationale de Belgique en papier. Le papier est alors fabriqué à ­l’­ancienne, c’est-àdire « à la cuve » à ­partir de chiffons blancs. Dans la seconde moitié du XIXe siècle,
la pâte papier s’obtient grâce au broyage de chiffons et d’anciens vêtements. Elle
doit être à la fois solide et homogène : pour donner plus de résistance on ajoute du
lin ou du chanvre et pour augmenter la souplesse, du coton. La fabrique De Meurs
utilise d’ailleurs ces procédés. De 1894 à 1899, la composition du papier du billet
change : c’est la ramie (plante textile) aussi appelée « ortie de Chine » qui est utilisée.
Les billets ont une plus grande opacité et permettent une détection plus facile des
Le déchiquetage des chiffons à la
Fabrique De Meurs, XIXe siècle.
(1661) avant que le premier billet de banque ou « billet de crédit » au porteur
apparaisse pour la première fois en Europe. Le premier billet est imprimé à la Banque
de Stockholm (Suède). Il marque une étape essentielle dans l’histoire des monnaies,
celle de la monnaie fiduciaire. Le mot fiduciaire provient du latin fiducia qui signifie
« confiance ». La valeur de l’argent est déterminée par notre confiance, la valeur se
lisant sur le billet. Elle n’est donc plus déterminée par le matériau et par le poids
(comme c’était le cas avec la monnaie métallique). Ce n’est pourtant que vers la fin
du XIXe siècle-début du XXe siècle que le public commence à utiliser les billets de
banque de manière plus régulière. En 1851, la Banque nationale de Belgique met
en circulation sa première série de billets. La plus haute valeur est de 1.000 francs et
la plus basse de 20 francs. Étant donné une faible demande, les billets de banque
de cette époque sont imprimés en nombre restreint. Leur valeur est fort élévée. Ce
qui peut expliquer la confiance limitée du public en ce qui concerne leur utilisation.
faux. Ils sont cependant plus chers à produire et ont une durée de vie moins longue.
Début du XXe siècle, la fabrication à l’ancienne du papier devenant trop coûteuse, la
Belgique utilise dès lors des moyens modernes de fabrication, c’est-à-dire mécanisés.
Plus le papier est de qualité, plus sa durée de vie est longue et plus les signes de
sécurité (intégrés au papier) sont de qualité. La Banque nationale se fournit d’abord
en France (Papeterie d’Arches) et, à partir du milieu du XXe siècle, en ­Angleterre. Fin
du XXe siècle, les papeteries adoptent le traitement du coton brut. La production se
fait en continu depuis le support jusqu’à l’enroulage en bobines. À l’heure actuelle,
la production du papier euro est centralisée à la Fabrique nationale de Monnaies et
de Timbres de Burgos (Espagne).
L’évolution des moyens de paiements résumée ci-dessus permet de mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à utiliser l’euro. L’euro scriptural apparaît
en 1999. Quant aux pièces et aux billets, ils apparaissent à partir du 1er janvier 2002.
Le papier coton des euros comporte déjà, avant l’impression des encres, différents
signes de sécurité : les microfibres réagissant à la lumière UV, le filigrane et le fil de
sécurité. Le filigrane est visible par transparence grâce à la variation d’épaisseur
des fibres de coton. Il existe deux types de filigranes. Le premier montre le motif
principal et le second la valeur numérale du billet. Le fil de sécurité est une bande
noire (métal ou plastique) sur laquelle sont inscrits la valeur numérale et le mot
« euro ». Même si la monnaie fiduciaire (pièces et billets en euro) reste en faveur
Ayant inventé la matière « papier », les Chinois l’utilisent pour la première fois dans
l’histoire des monnaies. C’est au XIV e siècle, sous la dynastie Ming, que le papiermonnaie commence à circuler. Il apparaît à un moment où le métal se fait rare.
L’Empereur chinois décide donc d’imprimer du papier-monnaie qui a la valeur de
plusieurs pièces de métal (dans le cas de l’exemple du musée, mille pièces). Dans
le territoire de la future Europe, le papier-monnaie est introduit grâce à la fonction
du changeur. Cette dernière gagne en importance au XIIIe siècle en Italie. En effet,
le changeur, grâce à son outil de travail (sa table ou banco), offre trois services
aux clients : l’échange (au Moyen-âge chaque région frappe sa propre monnaie), la
mise en dépôt et le prêt de pièces de monnaies. Il effectue donc les fonctions du
banquier actuel : donner la possibilité d’épargner et celle d’emprunter. Gérant de
nombreux transferts de monnaies, le changeur tient un livre de comptes et distribue
aux clients un « reçu » ayant la valeur de leur dépôt. Il faut attendre le XVIIe siècle
Le billet de 1.000 F
type 1851 (provisoire) émis
par la Banque, dessiné et
gravé par Léopold Wiener.