Pollution aux gaz d`échappement de moteur diesel : des effets sur

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Pollution aux gaz d`échappement de moteur diesel : des effets sur
Communiqué de presse – 28 juillet 2016
Pollution aux gaz d'échappement de moteur diesel :
des effets sur les fœtus sur 2 générations
Les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquents et intenses, et des données
épidémiologiques montrent que les femmes enceintes exposées ont plus de risques d’avoir des
bébés de faibles poids, entraînant aussi des risques de développer certaines pathologies comme le
syndrome métabolique. Les premiers résultats d’un projet de recherche* coordonné par l’Inra
montrent chez l’animal que l’exposition maternelle chronique aux gaz d’échappement de moteur
diesel muni de filtre à particules (comme pour les voitures vendues en Europe) pendant la
gestation entraine des effets délétères sur la croissance et le métabolisme des fœtus en première
et deuxième génération. Les scientifiques établissent aussi pour la première fois que des
nanoparticules de diesel inhalées sont capables de traverser la barrière placentaire et d’atteindre
le sang fœtal.
Afin d’étudier les effets de la pollution, en particulier des particules ultrafines et les gaz nocifs
(comme le monoxyde de carbone et les oxydes d’azote) présents dans les gaz d’échappement de
moteur diesel dus au trafic routier dans les grandes villes, sur le développement du fœtus et du
placenta en première et deuxième génération, les chercheurs ont suivi des lapines gestantes ayant
inhalé des gaz d’échappement de moteur diesel filtrés (contenant seulement les particules ultrafines
ou nanoparticules, comme pour les moteurs de voitures diesel) à des niveaux proches de l'exposition
journalière de la population lors d'un pic de pollution aux particules fines dans les grandes villes
européennes. Le lapin a été choisi car son placenta est plus proche du placenta humain que celui des
modèles de souris habituellement utilisés.
A la moitié de la gestation, des signes de retard de croissance fœtal ont été observés. A terme, la
longueur de la tête des fœtus était diminuée, associée à une réduction de leur tour de taille, en
accord avec les observations faites chez l’Homme. Les échographies démontraient une forte
diminution de l’apport sanguin au placenta, réduisant l’apport de nutriments au fœtus.
Les nanoparticules de diesel inhalées traversent le placenta
En utilisant la microscopie électronique, les chercheurs ont constaté la présence de nanoparticules
provenant des gaz d’échappement de moteur diesel
dans le placenta et dans le sang du fœtus.
© Inra /Josiane Aïoun
Les grains noirs visibles au niveau de la membrane microvilleuse du
placenta, surface d’échange entre la mère et le fœtus, sont des
accumulations de nanoparticules (microscopie électronique à
transmission).
Des effets sur les fœtus à la 2ème génération
A l'âge adulte, les lapines nées de mères exposées ont été accouplées avec des mâles n’ayant pas été
exposés à cette pollution. Aucune anomalie de croissance n’a été constatée chez les fœtus mais les
scientifiques ont observé des anomalies dans les échanges de lipides entre la mère et le fœtus,
montrant l’effet de l’exposition à la pollution à la 2ème génération.
A l’heure actuelle, les pics de pollution aux particules fines sont de plus en plus fréquents et intenses,
en raison du nombre élevé de véhicules diesel dans le parc automobile européen. Ces particules fines
(diamètre>100 nanomètres) sont soumises à réglementation (seuils d’information et d’alerte) mais il
n’existe pas encore de réglementation pour les nanoparticules (diamètre <100 nanomètres) qui sont
aussi présentes dans les gaz d'échappement diesel. Les femmes enceintes exposées à des
concentrations élevées en particules fines, correspondant aux pics de pollution dans les grandes
villes, ont plus de risques d’avoir un bébé en retard de croissance, c’est à dire de taille inférieure à la
normale. On sait que les enfants de petit poids ont en général plus de risques de développer des
maladies cardiovasculaires à l'âge adulte et les données scientifiques indiquent que des effets sur la
deuxième génération (petits enfants) seraient possibles.
*Le projet « Effets de la Pollution Atmosphérique sur la fonction Placentaire et le développement
Post-natal » est financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Cette recherche est également
soutenue par la Commission européenne dans le cadre du projet ERC « Environmentally-induced
Developmental Origins of Health and Disease ».
Ces résultats associent l’Inra, l’Inserm, la Fondation PremUp, l’Université Grenoble Alpes,
l’Université Paris Sud et l’Institute of Risk Assessment Sciences (Université d’Utrecht).
Référence : Valentino et al. Particle and Fibre Toxicology (2016) 13:39 ; DOI: 10.1186/s12989-016-0151-7
http://www.particleandfibretoxicology.com/content/13/1/39
Contact scientifique :
Pascale Chavatte-Palmer
Coordinatrice du projet ANR « Effets de la Pollution Atmosphérique sur la fonction Placentaire et le
développement Post-natal »
T. 01 34 65 25 58
[email protected]
Unité mixte de recherche BDR « Biologie du Développement et Reproduction » Inra-ENVA
Département scientifique « Physiologie animale et systèmes d’élevage »
Centre Inra de Jouy-en-Josas
Contact presse : Inra service de presse – T. 01 42 75 91 86 ou [email protected]