Édito - Préfecture de Haute
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Édito - Préfecture de Haute
N°1 – Mai 2014 Édito Avec 199 400 nouveaux habitants, la Haute-Garonne est le département de France dont la population a le plus augmenté entre 1999 et 2010. Toulouse, qui conforte son rang de quatrième ville de France, et son aire urbaine connaissent un véritable boom démographique qui irrigue largement les territoires environnants. Cette dynamique positive entraîne le développement de l’urbanisation et accroît la pression foncière sur les terres agricoles, les espaces naturels et forestiers. Ces transformations sont en général irréversibles et menacent nos productions agricoles, nos paysages et notre biodiversité. Entre 2000 et 2006, le département a ainsi perdu annuellement 1500 hectares de terres agricoles, soit un rythme de consommation deux fois supérieur à la moyenne nationale. Inscrit depuis 2000 dans la loi « SRU », le principe d’une « utilisation économe de l’espace » est réaffirmé en 2010 par la loi Engagement National pour l’Environnement (ENE), dite Grenelle II. Elle prévoit que les schémas de cohérence territoriale (SCoT) et les plans locaux d’urbanisme (PLU) fournissent une analyse de la consommation passée d’espaces naturels, agricoles et forestiers, et déterminent des objectifs chiffrés de consommation économe de l’espace pour le futur. La loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche vise également à limiter la disparition des terres agricoles. Elle a créé les commissions départementales de la consommation des espaces agricoles (CDCEA). Désormais, la préservation de ces espaces constitue un enjeu majeur tant au niveau national que local. L’observatoire national de la consommation des espaces agricoles a été installé, quant à lui, en avril 2013 par le ministre en charge de l'agriculture. En Haute-Garonne, la CDCEA a été mise en place en septembre 2011. Elle examine tous projets d'aménagement ayant un impact sur la consommation des espaces agricoles. La loi « accès au logement et urbanisme rénové » (ALUR) élargit le champ des CDCEA notamment en soumettant à avis conforme les autorisations de constructions ou installations situées en dehors des parties actuellement urbanisées, prises sur délibération motivée des collectivités non dotées d’un document d’urbanisme. De même, la loi vise à optimiser les zones urbaines des plans locaux d’urbanisme avant de recourir à l’ouverture de nouvelles zones à urbaniser à proximité ou éloignées des réseaux. Le projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt prévoit quant à lui une extension du champ de l'observatoire national de la consommation des espaces agricoles aux espaces naturels et forestiers. Les prérogatives et le périmètre des CDCEA seront également accrus. Leurs avis émis sur les documents d'urbanisme pourront être conformes, notamment en zone d’appellation d’origine contrôlée ou sur les territoires non couverts pas un SCoT. Dans la droite ligne de ces politiques nationales et dans le contexte spécifique du département, la Direction Départementale des Territoires met en place un observatoire départemental de la consommation des espaces. Son objectif premier est d'éclairer le phénomène de la consommation des espaces en exploitant des séries de données et en proposant des analyses territoriales co-construites. Porté par les services de l’État, cet outil est ouvert à tous les partenaires souhaitant s'inscrire dans une démarche de conciliation des enjeux agricoles, naturels et forestiers avec le développement économique du département. Henri-Michel COMET, Préfet de Haute-Garonne. La lettre de l'Observatoire Départemental de la Consommation des Espaces 1 Un observatoire de la consommation des espaces... … pour quoi faire ? L’observatoire départemental permettra de mettre en évidence les phénomènes de consommation des espaces et de les suivre dans le temps. Ses données serviront de base à l’analyse objective et partagée de la réalité de la consommation des espaces en Haute-Garonne. Qui fait quoi ? Cet observatoire doit permettre notamment d’anticiper les risques de consommation et d’éclairer les avis de la CDCEA. Il permettra de renforcer le dire de l’État sur ce thème. Afin de proposer une analyse la plus fine possible, cet observatoire, porté par la DDT, se veut ouvert aux intervenants, et partenaires disposant d’informations sur ce thème et souhaitant les partager. L'observatoire est donc un outil au service de l'échange autour du phénomène de la consommation des espaces. A titre d'exemple, un partenariat est en cours de construction avec la SAFER. Cette-dernière suit les transactions effectuées sur les terres agricoles et à urbaniser. Le prix de vente du terrain devient donc un indicateur de la pression urbaine : plus le terrain se vend cher, plus la pression est forte. La SAFER peut analyser ces données relatives aux changements de destination des terres et les proposer dans le cadre de l’observatoire. Quelles sont les données observées ? 1. Les données suivies par l'observatoire Ce sont, dans un premier temps, 14 indicateurs arrêtés au niveau national qui seront agrégés et analysés à l’échelle de chaque établissement public de coopération intercommunal (EPCI). Ils se répartissent selon 4 thèmes: • le suivi de la consommation d’espace par l’urbanisation : évolution annuelle des surfaces urbanisées en hectares, leur part sur la surface totale de l’EPCI... • la dynamique de construction dans les espaces urbanisés : nombre de logements par hectare de surfaces urbanisées, constructions neuves, type de constructions... • les caractéristiques socio-économiques des espaces urbanisés : les nouveaux arrivants, leurs déplacements, la structuration de l’EPCI en équipements... • le suivi de l’évolution des terres agricoles : diminution et augmentation des surfaces agricoles déclarées... La Direction départementale des territoires (DDT) construit les tables statistiques de ces indicateurs. Elles constitueront le socle de l’analyse proposée. En fonction des partenaires, d’autres indicateurs pourront être retenus et viendront compléter les séries de données en cours de constitution. La lettre de l'Observatoire Départemental de la Consommation des Espaces 2 2. L'exploitation et la mise à disposition La communication des données ainsi collectées se fera de deux manières. Dans un premier temps une publication annuelle proposant une analyse de fond des phénomènes observés à partir du suivi des indicateurs. Des numéros thématiques mettant en évidence un phénomène particulier se déroulant sur le département pourront compléter ce principe de publications annuelles. Ces publications sont à destination d'un public de décideurs et de professionnels en lien avec l’aménagement du territoire. Toutefois, les données traitées seront libres d'accès. Il suffira d'adresser sa demande au service compétent. Dans un second temps, la création d'un portail internet dédié est envisagée. Il constituera la plate-forme de stockage des données mais également des fiches territorialisées qui seront élaborées dès la consolidation des tables statistiques. … pour quels types d’illustrations ? Plusieurs analyses sont disponibles au niveau national voire régional. L'observatoire départemental permettra de réaliser des illustrations locales issues de l'analyse départementale des données. Le graphique ci-contre illustre Source : Corinne Land Cover une exploitation des données issues de Corinne Land Cover : base de données européenne d'occupation biophysique des sols. Elle distingue trois types d'occupation des sols : agriculture, naturel (eau, bois, loisirs), artificialisé (urbain, chantier, carrière). La comparaison des différents millésimes permet de connaître les mutations dans l'occupation des sols. Changements d'occupation des sols (ha) en Haute-Garonne entre 2000 et 2006 La lettre de l'Observatoire Départemental de la Consommation des Espaces 3 Pour en savoir plus ! Loi n°2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) : pose le principe de la prise en compte d'une « utilisation économe et équilibrée des espaces naturels ». Loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant Engagement national pour l'environnement (ENE) : dite Loi Grenelle II, propose notamment des dispositifs visant à lutter contre l’étalement urbain en favorisant la densité. Le SCoT peut par exemple imposer un minimum au plafond de densité des PLU, ou interdire l’ouverture de nouvelles zones à l’urbanisation tant que les zones déjà ouvertes ne sont pas urbanisées. Plus généralement, la loi ENE fait référence à des questions connexes à la consommation d’espace : déplacements, aménagement commercial… Elle met en œuvre des mesures pour l’organisation du territoire. Loi n°2010-874 du 27 juillet 2010 de modernisation de l'agriculture et de la pêche, vise à limiter la régression des espaces agricoles. Loi n°2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) réaffirme notamment le principe d'une transition écologique des territoires en luttant contre l'étalement urbain et la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers. Projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt : est en cours de deuxième lecture par l'Assemblée Nationale depuis le 14 avril 2014. Source : Légifrance À Lire ! Revue du CGEDD, Urbanisation et consommation de l'espace, une question de mesure, mars 2012 Pour télécharger la publication, cliquez ici Revue Agreste - Primeur N°299, avril 2013 Pour accéder à la publication, cliquez ici Pour accéder aux futurs travaux de l'observatoire, une rubrique dédiée est en cours de création sur le site internet des services de l’État en Haute-Garonne : cliquez ici Directeur de la publication Philippe KAHN Rédacteurs Direction Départementale des Territoires – Service Prospective et Stratégie Direction Départementale des Territoires – Service Économie Agricole Contactez-nous [email protected] La lettre de l'Observatoire Départemental de la Consommation des Espaces 4