dossier de presse - Les Subsistances
Transcription
dossier de presse - Les Subsistances
3 spectacles 3 débats 1 foire aux savoirs DU 26 AU 29 NOVEMBRE 2015 DANS LE CADRE DE MODE D’EMPLOI : UN FESTIVAL DES IDÉES 4ème ÉDITION DOSSIER DE PRESSE UN FESTIVAL DES IDÉES du 16 au 29 novembre 2015 Les Subsistances I Lyon 1er 04 78 39 10 02 www.les-subs.com Les Subsistances Dossier de presse 3 spectacles 3 débats 1 foire aux savoirs DU 26 AU 29 NOVEMBRE 2015 DANS LE CADRE DE MODE D’EMPLOI : UN FESTIVAL DES IDÉES 4ème ÉDITION Lorsque l’on pense à ce qui forge notre identité, on pense aux points forts, aux histoires, aux rencontres. On pense l’identité en addition. Mais nos identité sont aussi constituées par les silences, les absents, les trous. Ce sont sur ces « points aveugles », ces « moins » de nos identités que le Live de Mode d’emploi a sollicité les créateurs. Comment portons nous en nous nos morts connus ou inconnus, nos absents, ce que nous taisons consciemment ou inconsciemment ? Comment ces manques prennent reliefs pour nous constituer différents ? Comment ces moins génèrent une parole singulière, un corps de densité particulière et parfois font surgir une parole d’artiste ou de penseur ? Après 10 jours de festival à Lyon et en Rhône-Alpes, Les Subsistances et la Villa Gillet invitent des penseurs aux côtés des artistes de la scène pour faire émerger des matières, images, paroles qui nous aident à cheminer parmi les questionnements contemporains. Prendre le temps des questions, accepter la confrontation, imaginer des solutions : trouver le mode d’emploi, ensemble… Les spectacles du Live sont produits par Les Subsistances. LANCÉ D’FESTIVAL Jeudi 5 novembre à 19h Rencontre conviviale en amont du festival pour mieux en découvrir la programmation. Gratuit sur réservation. Les Subsistances /3 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Comment nos corps, nos vies peuvent-ils être modifiés par ce que nous avons vécu avant même l’état de conscience ? OLIVIER MEYROU / MATIAS PILET Tu DU JE JE / 20H CIRQUE 26 AU DI VE / 21H45 29 NOVEMBRE SA / 20H DI / 15H30 CRÉATION BOULANGERIE Comment nos corps, nos mouvements, nos vies peuvent-ils être modifiés par ce que nous avons vécu avant même l’état de conscience ? Comment en porter témoignage ? Matias Pilet est acrobate, Olivier Meyrou, documentariste et metteur en scène. C’est en réalisant un entretien avec Olivier pour le spectacle Acrobates, que Matias a pour la première fois pris conscience que son acrobatie avait été façonnée par la mort in utéro de sa soeur jumelle, trois jours avant sa naissance. Cette nécessité impérieuse d’éprouver la limite de son corps, le besoin extrême de se sentir vivant, il en a fait son métier. Mais aujourd’hui, avec la complicité d’Olivier, il est parti interroger sa mère, ses origines chiliennes, sa mémoire foetale et sa naissance, pour se permettre peut-être une renaissance : s’accorder une vie d’acrobate et d’homme sans le poids muet de sa part manquante. Un spectacle singulier de corps et d’image pour une histoire universelle. Cathy Bouvard Mise en scène : Olivier Meyrou. Interprète : Matias Pilet. Apparitions vidéos : Karen Wenvl, Erika Bustamante et Françoise Gillard, sociétaire de la Comédie française. Dramaturgie : Amrita David et Olivier Meyrou. Regard extérieur : Stéphane Ricordel. Scénographie et régie générale : Simon André. Création lumière : Nicolas Boudier. Création vidéo : Loïc Bontems. Musique et création sonore : François-Eudes Chanfrault et Sébastien Savine. Chant : Karen Wenvl. Régie lumière : Amandine Galodé. Régisseurs son et vidéo : Marie Pascale Bertrand et Johann Gilles. Chargée de production : Gabrielle Dupas. Stagiaires : Léo Ricordel et Pierre Audoynaud. Production déléguée : Le Monfort, Paris – Laurence de Magalhaes. Coproductions : Les Subsistances – Lyon, La Brèche / Pôle national des arts du cirque Cherbourg-Octeville, Polo Circo – Buenos Aires / Argentine. Résidences : EPCC - Le Quai Angers, Le Monfort- Paris, La Chartreuse - Villeneuve les Avignons, Les Subsistances - Lyon, La Brèche / Pôle national des arts du cirque Cherbourg-Octeville, La Passerelle - Gap. Nos chaleureux remerciements à Christophe Girard, Anne Goscinny, Jean François Dubos, Jean Pierre Rubin, Laurence Dale, Didier Delor, Monique et Gérard Meyrou, Alain Pécoult et à tous les donateurs anonymes. © Romain Etienne / item CHANTIER - GRATUIT (réservation conseillée) jeudi 19 novembre à 19h30 Présentation d’une étape de travail en cours, suivie d’un temps d’échange avec les artistes. SUBS-VISITE - GRATUIT vendredi 27 novembre à 18h00 Visite historique et patrimoniale des Subsistances. BABEL - GRATUIT vendredi 27 novembre Rencontre-discussion avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. Pour cette création, Olivier Meyrou et Matias Pilet ont été accueillis en résidence aux Subsistances en janvier et en novembre 2015. Olivier Meyrou a créé le documentaire Identité(e)s pour Les Subsistances en novembre 2012. www.les-subs.com Les Subsistances /4 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS SYNOPSIS L’histoire est située au Chili. Pendant un voyage en voiture, Erika raconte à son fils, Matias, comment le jour de sa naissance, elle a aussi enfanté sa sœur jumelle morte pendant les derniers jours de la grossesse. Matias doit faire face à son histoire. Le vide qu’il a toujours ressenti, ce sentiment d’être incomplet, d’avoir toujours dû tromper la tristesse secrète de sa mère, se matérialise. Il sombre. Il fait face à la douleur de sa mère. Il comprend que sa mère ne surmontera pas ce deuil. Il fait face à ce fantôme. Il l’exorcise. Lutter, se libérer des démons, prendre racine. Il quitte sa famille. Il traverse le Chili, à la recherche de ses origines indiennes. Chez les Mapuches, il prend racine dans la culture de ses ancêtres. Matias renaît à lui même. LES EFFETS CINÉMATOGRAPHIQUES Une partie de l’équipe vient du cinéma. C’est sans doute la raison qui nous pousse à travailler la dimension vidéo avant même le lancement d’un projet. La première étape pour moi consiste toujours à filmer une dimension du réel, ici la discussion de Matias et de sa mère. Il y a plusieurs façons de parler du réel et l’une d’entre elles et de le faire sur un plateau. C’est l’endroit où le public reste encore captif et où il peut nous suivre dans les méandres que nous souhaitons lui faire traverser. Nous utilisons les projections pour ajouter une dimension narrative à l’histoire, pour dépayser le spectateur et pour amplifier ses sensations. Le spectacle est tout autant un road movie à travers les paysages chiliens qu’une découverte intérieure. La grammaire cinématographique est une boîte à outils UN DOCUMENTAIRE / UNE FICTION narratifs. Elle nous permet d’aller dans des univers où Les fictions naissent parfois de la réalité. Bien qu’inspiré le plateau ne pourrait pas aller. Un peu comme un zoom du réel, bien que construit avec des fragments du réel, qui nous permettrait d’incarner davantage encore Tu est une fiction. Matias et les états qu’il traverse. L’histoire est née d’un long travail documentaire accompli avec Matias Pilet, et ses parents, Erika Bustamante et Xavier Pilet, en France et au Chili. En plongeant avec UN SOLO / DES DUOS IMMATÉRIELS eux dans leurs souvenirs, après des heures d’enregis- C’est la première fois que Matias travaille en solo sur le trements sonores d’abord et d’images ensuite, une plateau. Mais si Tu peut être vu comme un solo, je le vois histoire a émergée. Tu est né d’une intimité doulou- plus comme une succession de duos. Des duos avec des reuse, une histoire personnelle qui a le potentiel pour personnages filmés qui ont peuplé ou qui peuplent sa devenir un récit universel. Presque un mythe. vie, ses réflexions, sa sensibilité, ses fantasmes et avec Sur le plateau, c’est d’abord le corps d’un homme jeune, qui Matias vit en interaction sur le plateau (sa mère, sa comme sous hypnose, que l’on va découvrir. sœur « non-née » dans le monde fœtal, le fantôme de Pendant le spectacle nous recréons l’illusion d’une sa sœur avec qui il a parfois l’impression de vieillir…). évolution en temps réel. À partir des fragments docu- La création de la présence fantomatique s’est élabomentaires (voix, sons, images) nous allons montrer rée autour d’un travail commun mené avec Françoise un homme confronté à la question de son origine. En Gillard, sociétaire de la Comédie française. temps réel, son corps va absorber un choc, sombrer et Notre esprit est rempli d’images et d’instants précieux en final basculer dans une autre dimension. Tu est un que nous avons vécu dans le passé. Cette matière voyage corporel et intérieur. Matias y sera lancé dans intangible constitue un individu. C’est cette dimension une aventure acrobatique, à la recherche du mouve- que je souhaite récréer sur la scène pour accompagner ment juste, qui sera à même de le relier à la vie et de le Matias dans son mouvement. Chacun de ses mouvesauver. ments acrobatiques deviendra un dialogue avec cette Dans ce spectacle, les images n’ont pas qu’une dimen- dimension. Une succession de duos immatériels. sion documentaire. Elles renforcent la poétique du Olivier Meyrou propos. Quand l’homme fait face à ce vide intérieur angoissant et paralysant, les images renforcent ses sensations. Quand l’homme prend racine dans la terre de ses ancêtres, qu’il en tire l’énergie vitale, que son corps est transporté par cette énergie, les images viennent alimenter cette allégorie et accompagnent le mouvement acrobatique du plateau. www.les-subs.com Les Subsistances /5 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS LA FIGURE DU HÉROS Tu c’est l’histoire d’un individu sauvé par son corps. Dans l’écriture et la mise en scène de Tu, la figure du jeune homme est traitée comme celle d’un héros. Il apprend des choses sur ses origines, son histoire. Il subit. Il se révolte. Il affronte des épreuves qui l’exposent à des dangers mortels. Il quitte un monde instable sur lequel il n’a pas prise pour entreprendre un voyage initiatique qui le transformera. Il plonge dans des expériences sensorielles, des volumes affectifs inquiétants et inconnus, qui pourraient porter atteinte à sa raison si son corps n’avait décidé de le sauver. Tu est un livre d’images, d’acrobaties, de sensations qui racontera le processus du passage de Matias à la maturité. Au-delà de l’histoire puissante et évocatrice de Matias c’est l’occasion pour chacun d’entre nous de se connecter aux questions existentielles et de se projeter dans l’essence de la vie. Bien au-delà de la dimension puissante de l’histoire de Matias, ce spectacle développe sa dimension universelle. Partir du réel et à travers l’écriture acrobatique essayer de créer une fable universelle. Olivier Meyrou TU SELON MATIAS Tu c’est l’autre. Celui sans qui on est seul. Celui sur qui on se déporte. Tu c’est l’exploration de ma propre histoire. La recherche corporelle autour du souvenir de ma naissance, de ma préhistoire. Ce jumeau avec qui j’ai joué 9 mois durant, mais dont je ne verrai jamais le visage, qui ne respira jamais. Ce drame souterrain qui a rongé ma mère depuis des années. Ce drame souterrain qui m’a construit durant mon enfance, qui a façonné mon rapport à l’autre, mon rapport au monde, mon rapport à l’acrobatie. À la manière d’une fable, d’une BD, Tu revisite la perte d’un être qui n’a pas de futur, un potentiel, une éventualité qui n’a pas pris corps. Pourtant j’ai partagé son espace de vie. Quels souvenirs corporels en ai-je gardé ? Quelles sont les séquelles ? Comment puiser la force vitale d’un souvenir emprisonné dans mon corps ? Ce souvenir d’une époque de paix, où l’être social ne pollue pas encore ce que je suis. Aller explorer l’intime, ce qui nous meut, pour révéler l’universalité de nos expériences personnelles. Aller au contact de l’être humain pour se sentir vivre. Aller chercher ce qui nous unit malgré nos différences. La peur de la perte de l’autre. La peur d’être défaillant. La peur d’aimer. La peur de vivre parfois. Pourquoi est-ce si difficile d’aimer ? Pourquoi ai-je peur d’aimer ? Pourquoi n’ai-je pas confiance en l’autre ? En moi ? Ma peur de ne pas être « au niveau » prend racine dans cette tragédie. Aller chercher la lumière dans mes angoisses, mes ténèbres. Faire corps avec l’univers, avec l’homme. Et par mes failles, se sentir connecté aux êtres humains. Surmonter et dépasser les failles. Faire corps avec soi d’abord. Être planté dans le sol, être en lien avec la terre et le cosmos. Un lien entre les vivants et les morts. Le matériel (pragmatique) que je vis et l’immatériel (spirituel) que je sens en moi, qui ne se révélera pleinement que quand le calme sera venu. Chercher le rythme que je pressens être le mien, mais dans lequel je ne suis pas. C’est là que commence la recherche de mes ancêtres Mapuches. Hommes de la terre. Hommes du cosmos. Matias Pilet Cliquez ici pour visionner l’interview vidéo d’Olivier Meyrou et Matias Pilet www.les-subs.com Les Subsistances /6 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS LES ARTISTES Après des études universitaires en littérature et communication, OLIVIER MEYROU entre à la FEMIS et étudie ensuite à New York, dans le cadre de la Villa Médicis hors les murs. Il y réalise deux documentaires. Il enchaîne ensuite avec Bye Bye Apartheid (2004), L’Avocat du diable (2008). Il reçoit le Teddy Award à la Berlinale de 2007 pour Au-delà de la haine. Son film interdit sur Yves Saint Laurent Célébration, fait partie de la sélection Panorama à la Berlinale de 2008. Parade, le film sur Fabrice Champion est sélectionné pour l’édition 2013 du festival de Berlin (section Panorama). Il a également participé aux festivals de Hamburg, Milan, Vilnius… Parallèlement Olivier commence à développer le travail sur le réel dans des installations. Il a créé Identité(e)s pour Les Subistances (2012), Nos limites au 104, et Équilibres au Manège de Reims... Il est le dramaturge et co-metteur en scène du spectacle Acrobates (plus de 200 représentations à travers le monde, toujours en tournée). Il a mis en scène pour la Comédie française La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen en 2014. Nous avons rencontré KAREN WENVL au Chili pendant l’été 2014. Quelques mois plus tôt, à Paris, nous avions découvert une vidéo d’elle postée sur Youtube. Audelà des paroles de la chanson intitulée La canción del pueblo mapuche, c’est l’énergie qu’elle y mettait, ses rythmes vocaux, son vécu qu’on devinait puissant, qui nous a tous touchés. Sa façon d’incarner ce qu’elle chantait ressemblait un peu à la façon dont Matias abordait l’acrobatie. Karen semblait sauvée d’un drame par le chant comme Matias semble parfois sauvé par le mouvement acrobatique. Karen est Mapuche par sa grand-mère. Elle est revenue à ses racines maternelles après avoir étudié et arrêté le chant classique à Santiago. Dès le premier après-midi chez elle, nous sommes allés sur la plage et nous avons improvisé une rencontre entre Karen qui était venue avec son kultrum, le tambour mapuche en peau de brebis, et Matias pieds nus dans le sable. Très vite, porté par le bruit des vagues, un chant incantatoire, le son du kultrum, Karen qui marchait en cercle autour de lui, Matias s’est retrouvé confronté à la culture de ses ancêtres. Cette séance de travail nous a saisi. Olivier Meyrou J’ai rencontré MATIAS PILET pendant le tournage du film documentaire Parade que je réalisais sur Fabrice Champion. Il est apparu dans le film comme un personnage documentaire. Je l’ai observé. J’ai aimé sa façon de bouger. J’étais intrigué par sa façon de se protéger. Pendant quatre ans nous avons travaillé ensemble, et j’ai vu Matias se développer, s’enrichir, prendre son indépendance, murir, avoir moins peur des autres. J’ai vu Matias vieillir. Quand Fabrice Champion, son mentor circassien, est mort je l’ai vu intégrer la complexité du monde, aller plus souvent à l’essentiel, ne plus trop se perdre. Avec Acrobates, le spectacle que nous avons fait avec Stéphane Ricordel sur le lien qu’Alexandre Fournier et lui-même entretenaient avec Fabrice, je l’ai vu mûrir en tant qu’artiste. Après cette pièce nous savions que nous irions vers une dimension introspective qui se couple bien avec l’idée d’un solo. Assez vite l’idée de parler de la naissance de Matias s’est imposée à lui et à moi. Pendant la création d’Acrobates, nous travaillions avec difficulté sur un solo acrobatiquement intense, J’PEUX PLUS. Matias n’arrivait pas à sortir la violence nécessaire. Il restait élégant et presque aimable. Quand d’un coup son histoire a refait surface pendant une dernière improvisation particulièrement intense, et dont je me souviens encore, le corps, les mouvements de Matias s’étaient métamorphosés. Ils avaient gardé en eux la trace de cette tragédie prénatale. Le corps de Matias, contraint depuis des années semblait enfin pouvoir exprimer son désespoir et sa solitude abyssale. Olivier Meyrou www.les-subs.com Les Subsistances /7 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS DÉBAT Ainsi vivent les morts Samedi 28 novembre à 17h45 Grand amphi de l’ENSBA de Lyon À l’heure où l’on semble vouloir occulter la mort derrière des rationalités scientifiques et une série de protocoles aseptisés, quelle place les disparus occupent-ils dans nos vies ? Entre anthropologie, philosophie et psychologie, nous nous intéresserons aussi bien aux cultes antiques et ancestraux des défunts qu’aux différentes mythologies des revenants, en passant par la place des morts dans nos mémoires aujourd’hui et aux mécanismes de la consolation. Une rencontre pour interroger notre rapport à la vie, à la mort et plus largement à la perte et aux manières d’y répondre. Avec : VINCIANE DESPRET (Belgique) est philosophe, anthropologue et éthologue. Dans son dernier ouvrage, elle s’intéresse à la place des morts dans notre société. > Au bonheur des morts (La Découverte, 2015) > Que diraient les animaux si... on leur posait les bonnes questions ? (La Découverte, 2012) > Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent. (La Découverte, 2015) MICHAËL FOESSEL (France) détient la chaire de philosophie de l’École Polytechnique. Philosophe, il est spécialiste de philosophie allemande et de philosophie politique. > Le Temps de la consolation (Seuil, 2015) > La Méchanceté, avec A. Van Reeth (Plon, 2014) ARNAUD ZOHOU (France / Bénin) est documentariste et essayiste, spécialiste du Bénin et du vodou. > La Médiation [scientifique] (Presses des Mines, 2015) > L’Acte de vivre. Une approche du vodoun au Bénin (Présence Africaine, à paraître en 2016) > Documentaire : Rituels de la science, science du rituel (Contrepoint Production, 2011) (21 min) Animé par : CATHERINE PORTEVIN Journaliste à Philosophie Magazine En partenariat avec : Philosophie Magazine. Avec le soutien : des éditions du Seuil. Gratuit sur réservation www.les-subs.com Les Subsistances /8 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Une balade théâtrale pour approcher ce « trouble de rythme » qu’est la schizophrénie. HÉLÈNE MATHON / EUGÈNE SAVITZKAYA Sister DU JE 26 AU DI 29 NOVEMBRE JE / 21H15 VE / 19H SA / 17H45 DI / 17H THÉÂTRE CRÉATION HANGAR JARDIN Ce sont des temps mémorables Il y a deux enfants dans ce monde L’un est le frère, l’autre est la sœur Ils se ressemblent tant. Ils sont peut-être heureux Mais sans le savoir L’une est la sœur. L’un est le frère Entre eux il n’y a qu’un jour d’écart Ou les neuf mois du monde Ou les neuf cents jours de l’éternité L’un est le frère, l’une est la sœur Eugène Savitzkaya Auteur : Eugène Savitzkaya. Metteure en scène : Hélène Mathon. Interprétation : Hubertus Biermann, Bérengère Vallet. Création lumière : Sylvie Garot. Création son : Thomas Turine. Régie générale : Léandre Garcia Lamolla. Administration : Alice Normand. Production : La Langue Écarlate. Coproduction : Les Subsistances – Lyon (coproduction et résidence 15/16), Théâtre Sorano / Jules Julien – Toulouse. Avec le soutien de la Maison de la Poésie – Paris, de la SPEDIDAM. Avec l’aide du Ministère de la culture et de la communication (Aide au compagnonnage – DGCA), du Conseil régional Midi-Pyrénées, du Conseil général du Gers et de la Mairie de Gavarret-sur-Aulouste. © Romain Etienne / item CHANTIER - GRATUIT (réservation conseillée) jeudi 19 novembre à 20h30 Présentation d’une étape de travail en cours, suivie d’un temps d’échange avec les artistes. SUBS-VISITE - GRATUIT vendredi 27 novembre à 18h00 Visite historique et patrimoniale des Subsistances. Pour cette création, Hélène Mathon a été accueillie en résidence aux Subsistances en novembre 2015. Hélène Mathon a présenté aux Subsistances Les restent en 2006, Don Quixote en juin 2007, Est en octobre 2009, Cent ans dans les champs en mars 2012, L’omme vit très bien toute seule en mai 2012 et a participé au projet hors les murs La traversée du chaos en septembre 2014. WORKSHOP’BRUNCH samedi 28 novembre à 10h30 1h30 de workshop avec Hélène Mathon (Théâtre) suivi d’un brunch maison en compagnie de l’artiste. Tarif : 16 € par personne (workshop + brunch). BABEL - GRATUIT samedi 28 novembre Rencontre-discussion avec l’équipe artistique, à l’issue de la représentation. www.les-subs.com Les Subsistances /9 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS NOTE D’INTENTION Un jour de janvier 2012, je me suis réveillée couchée au milieu des cailloux de la Montagne Sainte-Victoire dont, quelques instants plus tôt, j’avais entrepris de faire l’ascension. Il m’a semblé que je revenais de très loin et il a fallu très longtemps avant de reprendre contact avec le monde, avant de parvenir à quitter cet endroit qui ressemblait aux limbes. Ce jour-là, à 40 ans, je suis devenue épileptique. Les jours qui ont suivi, j’ai cherché ce qui avait pu se passer et interrogé vainement cette sensation d’êtreau-monde-sans-y-être, dans laquelle j’avais été plongée si longtemps à mon réveil. Je n’ai pas eu d’explication -et n’en aurais probablement jamais- mais cet événement m’a donné le courage d’engager le projet auquel je pensais depuis de longues années : un spectacle qui parlerait de la maladie mentale, qui laisserait percevoir le monde des « esprits fendus » qui m’est familier depuis longtemps. Un spectacle pour envisager ce qu’il reste en nous d’accueillant pour le différent, et mettre en lumière une question trop souvent réservée aux amphithéâtres des facultés ou à l’intimité des chambres et qui pourtant touche 1% de la population. Ma démarche prendra appui sur la réalité pour emplir l’espace poétique du théâtre comme j’avais pu l’expérimenter à l’occasion de mes travaux précédents. Mais je veux cette fois approfondir un peu plus ces rapports entre réel et fiction en passant commande d’une pièce à l’auteur belge Eugène Savitzkaya à partir de témoignages recueillis auprès de proches d’handicapés mentaux et, plus précisément, auprès de frères et de sœurs. Sister fait suite à la mise en scène de Gros-Câlin d’Émile Ajar à l’automne 2014, seconde partie du diptyque La vie ça demande de l’encouragement que la compagnie La Langue Écarlate à choisi de consacrer aux espaces de la différence. Il s’inscrit dans l’exacte continuité du travail des « sans-voix » engagé par celle-ci dès ses débuts. Hélène Mathon LE SPECTACLE Le spectacle s’écrit comme un poème, dans une multiplication d’associations entre l’image et le son, entre la lumière et le texte. Pas de fil dramatique univoque mais un paysage poétique peuplé -comme la langue d’Eugène Savitzkaya- d’ infinis détails. Le spectacle se construit comme une archéologie : dans l’ émergence progressive de quelque chose de très ancien, dans une remontée du temps entre l’espace du théâtre et celui du cerveau, dans un aller-retour métaphorique, comme un palimpseste. Au début, la scène ressemble à un pan de mémoire dont le spectacle recolle les morceaux épars, comme on range une chambre où tout a été cassé. Il chemine dans le temps et l’espace ainsi que le fait le texte dans la mémoire, très délicatement, avec profondeur, avec légèreté. Il remonte le temps jusqu’à cet instant où le soleil brille sur les cheveux dorés de deux enfants blonds, jusqu’à cet endroit où le rire éclate. LE TEXTE Eugène Savitzkaya écrit une pièce à partir de matériaux proposés par Hélène Mathon issus de témoignages recueillis auprès de frères et de sœurs de malades mentaux via différentes associations. La maladie mentale s’envisage non pas en soi mais au travers la perception de la fratrie. Il s’agit donc ici autant de considérer l’ensemble d’un système (familial, sociétal) que la perturbation d’une de ses parties, d’interroger le regard porté sur les malades par la société et non pas la maladie elle-même. Le projet d’écriture bénéficie de l’Aide au Compagnonnage du Ministère de la culture et de la communication. Résumé Le texte raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur jumeaux. L’un, en grandissant, tombe malade, d’une maladie mystérieuse qui l’empêche de vivre comme tout le monde, une maladie qui ne s’explique pas et se nomme avec peine. Depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, leur histoire nous est racontée. Le mystère de cette maladie, son origine tentent d’être décryptés. Nous plongeons dans la mémoire afin d’en extraire des éléments de compréhension d’un présent troublé. Thèmes Le texte explore au travers de ces deux personnages à l’enfance commune et dont les destins vont différer, les questions liées à la place à la normalité au sein d’une société où les injonctions à un devenir standardisé semblent toujours plus énergiques. Il parle de la famille www.les-subs.com Les Subsistances / 10 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS comme on parlerait d’un monde malade mais aussi, peut-être, de la nécessité ne pas soigner le malade pour que le monde continue de tourner. Il envisage ainsi la question de la rigidité des systèmes, qu’ils soient familiaux ou économiques. Forme Le texte s’inspire de la forme ancienne de la ballade, poème chanté médiéval, sans pour autant en respecter strictement les règles (notamment en terme de versification). Cette forme ancienne donne à cette histoire d’inspiration contemporaine une dimension mythique. Au-fur-et-à-mesure, cette forme versifiée (voix 1) alterne avec des passages en prose qui correspondent aux descriptifs de la maladie (voix 2). Ils zèbrent littéralement l’espace de la pensée, perturbent de plus en plus le flot régulier et apaisant de la ballade comme la maladie le fait avec la vie. Nous sollicitons les outils formels du langage pour donner à l’auditeur la sensation créée par l’irruption de la maladie dans la vie quotidienne. Extrait Nous ne voulons pas caresser les jambes de la vieille demoiselle Ni lui ni moi Je suis la sœur, il est mon frère dans le monde Il avale sa première dent de lait que notre mère retrouve dans les fèces de l’enfant Je construis un monde avec des objets et des poupées, un monde doux, sans aspérités Il a un sourire de pirate. Elle est jolie et tranquille Ils sont blonds tous les deux Ils chantent ensemble, ils jouent Entraînés par leurs passions Elle dira des mots, elle criera Poussant son souffle Il écrit des poèmes au vent Et à la terre que son père ne peut goûter La mère soigne les êtres humains Le père construit des usines Le frère ne fait rien et regarde la terre Je suis sa sœur Nous avons chanté ensemble Eugène Savitzkaya LES ARTISTES HÉLÈNE MATHON est auteure, metteure en scène et comédienne. Elle est à l’origine du groupe de recherche théâtral La Langue Écarlate. Elle est diplomée du Conservatoire national de région de Montpellier et de l’Institut national supérieur des arts et du spectacle (INSAS) de Bruxelles. Elle met en scène Les restent et Les jours ordinaires d’après Simone Weill avec Rodolphe Burger. Elle engage avec celui-ci un travail sur les textes d’Eugène Savitzkaya via des performances de poésie sonore. Ils présentent Un jeune homme trop gros. En 2003, elle réalise Yaya pour l’Atelier de Création Radiophonique de France Culture. En 2005, elle crée Don Quixote which was a dream de Kathy Acker puis Est de Eugène Savitzkaya aux Subsistances en 2009. Toujours aux Subsistances, Don Quixote en juin 2007, Cent ans dans les champs en mars 2012, L’omme vit très bien tout seul en mai 2012, en septembre 2014 elle a participé au projet hors les murs La Traversée du chaos. En mars 2015, elle met en scène Gros-câlin de Romain Gary. Fils d’un russe et d’une polonaise immigrés en Belgique après la guerre, EUGÈNE SAVITZKAYA est né à Liège en 1955. Après avoir abandonné très tôt ses études, il publie à dix-neuf ans un recueil de poésie, Les Lieux de la douleur (1974). Puis, après trois autres ouvrages de poésie influencés par le surréalisme -dont Mongolie, plaine sale- paraît son premier roman, Mentir (1977, éd. de Minuit). Avec une duplicité très maîtrisée, Savitzkaya avoue autant qu’il masque les sentiments d’amour et de haine d’un fils pour sa mère. Tragédie et comédie, réalités et mensonges se mêlent, et, à la fin, les mots seuls semblent constituer une vérité durable, une certitude. Dans Un jeune homme trop gros (1978), Savitzkaya écrit une biographie fictive d’Elvis Presley, qu’il transforme en véritable héros de légende, ne retenant de sa vie que des emblèmes : l’argent, la gloire, la boulimie, la puérilité. Très vite, la description volontairement neutre de Savitzkaya inquiète, et la vie qu’il relate apparaît comme une fantasmagorie monstrueuse, l’aveu honteux d’un rêve d’enfant. Fou civil, publié en 1999, ne se soumet pas à un genre littéraire en particulier. Courts récits ? Poèmes en prose ? Des contes peutêtre, en ceci que la frayeur et l’horreur y sont source de plaisirs délicieux. En 2015 il publie aux Éditions de Minuit le roman Fraudeur et le recueil de poèmes À la cyprine. Hélène Mathon a mis en scène les textes d’Eugène Savitzkaya Un jeune homme trop gros, Ode au paillasson et Est en 2005, en collaboration avec le musicien Rodolphe Burger, et a repris Est en 2009. www.les-subs.com Les Subsistances / 11 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Cliquez ici pour visionner l’interview vidéo d’Hélène Mathon DÉBAT Aux bons soins de la famille Samedi 28 novembre à 15h30 Grand amphi de l’ENSBA de Lyon En quoi l’expérience de grandir avec un frère ou une sœur marqué(e) par la différence forge-t-elle notre rapport à la société et à ses conventions ? Comment la fratrie s’accommode-t-elle du handicap, de la maladie ou de la marginalité de l’un de ses membres ? La responsabilité vis-à-vis des proches s’en trouve-t-elle altérée ou renforcée ? Que dit cette expérience de notre rapport à la norme, au réel, et aux autres ? Avec : HÉLÈNE MATHON (France) est metteure en scène de la compagnie La Langue Écarlate, dont le projet théâtral est d’inscrire la recherche artistique dans le réel afin de renouer avec les préoccupations du monde. DELPHINE MOREAU (France) est sociologue à l’Institut Marcel Mauss-LIER à l’EHESS et au sein du collectif Contrast, Centre Max Weber, CNRS / ISH. Ses travaux portent sur les interventions des proches auprès d’une personne dont la capacité à décider pour soi semble affectée et le recours à la contrainte en psychiatrie. > « Faire interner un proche ? Le travail sur l’autonomie en contexte de troubles psychiques », CNAF, Dossiers d’études (n° 94, 2007) AURELIANO TONET (France) est journaliste. Il est né en 1982, à Paris. Il dirige le service culture du quotidien Le Monde, qu’il a rejoint en février 2012, après avoir collaboré avec diverses rédactions (Trois Couleurs, Chronic’art, Libération, Grazia, Les Inrockuptibles, Radio Campus Paris). HALIMA ZEROUG-VIAL, Psychiatre et chef de service au centre hospitalier Le Vinatier. MARIE DEPUSSÉ (sous réserve), professeur de littérature, écrivaine et psychanalyste. En partenariat avec : le Centre Max Weber et avec Libération. Gratuit sur réservation www.les-subs.com Les Subsistances / 12 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Un monde parallèle entre Marcel Duchamp et Pierre Dac où la réalité nourrit la fiction… et inversement. ASSOCIATION ARSÈNE Nous ne pouvons connaître le goût de l’ananas par le récit des voyageurs TRANCHE N°5 DU JE 26 JE / 19H30 THÉÂTRE AU DI VE / 21H30 29 NOVEMBRE SA / 21H15 PERFORMANCE DI / 15H15 CRÉATION HANGAR SAÔNE À l’origine de ce projet il y a le constat que la parole directe nous a toujours plus intéressés que les écrits théoriques. Raconter sa vie, parler de ce que l’on fait, au-delà même du champ artistique, sont des activités sociales partagées au quotidien. À cela s’ajoute les postulats de ce projet : d’une part qu’il n’est pas nécessaire d’être vieux pour raconter sa vie, et d’autre part qu’on n’est peut-être pas l’artiste de sa vie. Au-delà des genres, c’est l’occasion de renommer ou de dénommer des pratiques (qui se classent tout naturellement dans ce que nous appelons « Tangent ») ou plus simplement de préparer sa nécrologie. Quand on meurt, on voit, paraît-il, sa vie, défiler. Dans ce projet, il y a l’idée de répéter, de s’entraîner pour maîtriser l’accélération finale et ne pas se rater au dernier moment. Chaque spectacle ajoute un événement à notre existence, et ce nouvel événement pourra lui aussi être « revu ». L’expérience partagée de la représentation permet d’entrer dans l’intimité des protagonistes et de chaque spectateur. Pour fabriquer ces biographies nous nous appuierons sur des interviews pour, d’une part, recueillir des micro-expériences et pour, d’autre part, les situer de manière plus systématique par rapport à des « passages obligés » ou à des événements historiques partagés. Pour la TRANCHE N° 5 l’invitée sera Vinciane Despret. Philosophe des sciences et psychologue, elle est depuis 1991 chercheuse au département de philosophie de l’Université de Liège. © Romain Etienne / item association-arsene.com Réalisation : Odile Darbelley, Michel Jacquelin. Avec : Odile Darbelley, Vinciane Despret, Pierre-Olivier Dittmar, Léandre Garcia-Lamolla, Michel Jacquelin et avec la participation de Jacques Lizène. Régie générale : Léandre Garcia Lamolla. Régie son : Florian Ponçon. Production du projet : Scène Nationale 61, CCAM Scène Nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy, Théâtre des Bernardines, FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Studio Théâtre de Vitry. Production de la Tranche n°5 : Association Arsène, Les Subsistances – Lyon, Fondation Professeur Swedenborg pour l’art Contemporain. L’Association Arsène est conventionnée par la DRAC Alsace. Remerciements au Théâtre National de l’Odéon, à Arnaud Carbonnier, Léo Duquesne, Primo Gramaglia, Pauline Jacquelin, Alain Tixier et Jean-François Thomelin. L’Association Arsène a présenté Ur Asamlet aux Subsistances en 2009. Pour cette création, l’Association Arsène a été accueillie en résidence aux Subsistances en novembre 2015. Cliquez ici pour visionner l’interview vidéo de l’AssociationArsène et de Vinciane Despret www.les-subs.com Les Subsistances / 13 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS CHANTIER - GRATUIT (réservation conseillée) mardi 24 novembre à 19h30 Présentation d’une étape de travail en cours, suivie d’un temps d’échange avec les artistes. SUBS-VISITE - GRATUIT vendredi 27 novembre à 18h00 Visite historique et patrimoniale des Subsistances. WORKSHOP’BRUNCH samedi 28 novembre à 10h30 1h30 de workshop avec l’Association Arsène (Théâtre) suivi d’un brunch maison en compagnie des artistes. Tarif : 16 € par personne (workshop + brunch). NOTE D’INTENTION Dans ce projet, nous proposons à des personnalités venant d’horizons divers, d’être l’élément moteur dans l’élaboration d’une série de performances théâtrales, entre autobiographie et autofiction. Une bulle gonflable transparente est donnée comme espace de création et de recherche, à la fois cocon, loupe, lieu de projection physique et mentale. Il s’agit chaque fois de trouver une forme cohérente, un type de relation au public, pour faire partager les expériences qui ont constitué la personne choisie en tant qu’intellectuel ou en tant qu’artiste. Au fil des rencontres, nous fabriquons, de notre côté, un prototype d’artiste tangent. Ce personnage récurrent inscrit son parcours fictif dans les différentes biographies dont il se nourrit. Ces biographies, réelles ou imaginées, sont un des éléments qui constituent l’histoire de l’Art Tangent comme une œuvre d’art. L’invitée de cette cinquième tranche est Vinciane Despret. Ses études de philosophie se sont achevées par un mémoire autour de l’œuvre de Michel Tournier. Elle découvre avec celui-ci ce qui deviendra la question qui animera son travail jusqu’à aujourd’hui : la possibilité des événements de sécréter de multiples narrations. Ce qui veut dire que si nous ne sommes pas les véritables auteurs de ces dernières, nous revient la charge d’aider ces histoires à venir à l’existence et, surtout, de créer les conditions de leur coexistence. C’est dans cette perspective, alors qu’elle vient de reprendre des études en psychologie, qu’elle rencontre l’éthologie. Elle reconnaît, dans les éthologues dont on lui relate le travail, de véritables maîtres en fabriques narratives multiples, des artisans de l’être multiple du monde (ce que William James appelle le « Plurivers »). Sont-ce les animaux qui ont donné à ces éthologues de cultiver ce talent ? Est-ce le travail que requiert le fait de traduire des modes d’être très étrangers ? Est-ce parce que l’éthologie prend au sérieux que la vie est matière à expression demandant relais et reprise ? Elle suivra donc la vie des histoires par le chemin des animaux. Elle interrogera les pratiques de savoir qui mènent ces histoires à l’existence, ce qui la conduira sur le terrain d’un désert israélien, avec des ornithologues et des oiseaux très fantasques (Naissance d’une théorie éthologique. La danse du cratérope écaillé), dans les laboratoires des expérimentateurs (Hans, le cheval qui savait compter ; Penser comme un rat), ou encore dans les élevages de vaches et de cochons (Être bête, avec Jocelyne Porcher). Elle diagnostiquera les changements de ces pratiques au cours de ces dernières années, et la progressive métamorphose de nos rapports avec les animaux et des histoires qu’ils nous font créer (Quand le loup habitera avec l’agneau ; Que diraient les animaux… si on leur posait les bonnes questions ?). Ce diagnostic constituera le fil rouge de l’exposition, Bêtes et Hommes, dont elle assure le commissariat scientifique en 2007 à la Grande Halle de la Villette à Paris. C’est à cette époque qu’une autre enquête s’impose, avec un constat familier, et toujours les mêmes questions : les défunts font de ceux qui décident de ne pas rompre le fil de la relation de fabuleux fabricateurs de récits. Elle écoute, lit, rencontre tous ceux qui, ayant perdu un proche, se sont sentis appelés à poursuivre une histoire qui aurait pu s’interrompre. Les morts ont des histoires, dont ils délèguent aux vivant la charge de les raconter. Certains morts rendent les vivants très inventifs et très heureux (Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, éd. La Découverte, 2015). Vinciane Despret est philosophe des sciences et psychologue. Elle est depuis 1991 chercheuse au département de philosophie de l’Université de Liège. LE DISPOSITIF Il s’agit d’une bulle gonflée d’environ 8 mètres de diamètre dans le plan horizontal et de forme elliptique dans le plan vertical, en plastique transparent. Cette bulle est posée sur un socle opaque haut de 50 cm qui permet les entrées et les sorties du dispositif ainsi que les installations techniques nécessaires à son fonctionnement. www.les-subs.com Les Subsistances / 14 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Ce dispositif est autonome et peut être posé sur un plateau de théâtre, dans une salle d’exposition et dans tout autre lieu. À chaque projet de définir et de se définir en fonction d’un espace jugé favorable à la proposition. Représenter ce que c’est le fait d’être là, de se raconter. On est soi (soit) à l’intérieur soit à l’extérieur. La bulle matérialise la distance entre le point de vue des autres et son propre point de vue. Dans l’idée de contour, elle définit un espace, oblige à se situer dans un dedans ou un dehors, se glisser sous sa peau tendue ou rester à la périphérie. Au-dedans ou en-dehors de ce dispositif, tous les aménagements sont envisageables comme, par exemple, la projection d’images à l’extérieur sur un cyclo et l’amplification du son, permettant la duplication des points de vue et des espaces. L’ASSOCIATION ARSÈNE a été fondée en 1990 par Odile Darbelley et Michel Jacquelin. Elle propose des formes spectaculaires variées entre théâtre et arts plastiques en cherchant à provoquer une rencontre entre les publics et la création contemporaine. 25ème heure) en est la première manifestation publique. L’Art Tangent s’est développé en 2007-2008 à travers des activations / expositions (Frac Alsace, Frac Lorraine, Frac PACA et CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy). Les activations étant des propositions de théâtre d’intervention en milieu muséal. L’exposition sera présentée sous diverses formes dans des centres d’art jusqu’en 2012. À l’occasion de Marseille Capitale Européenne de la culture 2013, l’Art Tangent en valise propose et prolonge, dans une version en réduction, ce projet. En 2009, ils créent aux Subsistances Ur Asamlet, un “Hamlet“ primitif Åsa, “Hamlet“ avant Shakespeare, une manière de faire se croiser un classique et leur univers fictif. Cette réflexion sur le répertoire se poursuivra (avriljuin 2009) dans un travail autour de Woyzeck avec les étudiants de l’HETSR (Lausanne) et de l’HEAD (Genève). Ils créent en 2011 au TGP de Frouard et à la SN 61 Projet Floquet, titre provisoire, en hommage à l’artiste Gaston Floquet et travaillent depuis 2012 sur un nouveau projet, Nous ne pouvons connaître le goût de l’ananas par le récit des voyageurs, dans lequel ils proposent à des personnes bien réelles venant d’horizons divers, artiste ou non, d’être l’élément moteur dans l’élaboration d’une série de propositions théâtrales, entre autobiographie et autofiction. ODILE DARBELLEY et MICHEL JACQUELIN réalisent ensemble, à partir de 1992, plusieurs formes mêlant spectacle, performance et exposition, autour du personnage de Duchamp Duchamp, faux frère de Marcel Duchamp. Ils réalisent un triptyque : Un lièvre qui a des ailes est un autre animal (Festival d’Avignon 2001). Ils créent en 2003 au Théâtre du Rond Point Tout seul je ne suis pas assez nombreux, une séance de stage avec le Contemporary Poussiv’Dance Group. Ils imaginent Le Grand Feuilleton, forme théâtrale en 5 épisodes mettant en scène un groupe de plasticiens au travail dans les coulisses d’une représentation (Festival d’Avignon 2003 et Festival d’Automne 2003, Théâtre Garonne, CDDB 2004). Tout le bonheur est à l’intérieur, dispositif pour une télévision d’art et essai est créé au CDR de Thionville en Mai 2006. Le public, séparé en deux dans une scénographie bi-frontale, assiste tour à tour à la fabrication d’une émission de télévision réalisée par un artiste anonyme et à sa réception chez un téléspectateur (Marcel, un peintre). Avec le concept de l’Art Tangent, ils fabriquent une histoire de l’art qui est en elle-même une œuvre d’art. La performance Go between (Festival d’Avignon 2005 / VINCIANE DESPRET est philosophe, elle enseigne à l’Université de Liège et à l’Université libre de Bruxelles. Elle a principalement travaillé sur les savoirs à propos des animaux, domaine dans lequel elle a publié quelques livres dont Naissance d’une théorie éthologique ; Quand le loup habitera avec l’agneau ; Hans le cheval qui savait compter ; Penser comme un rat ; Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? chez les Empêcheurs de penser en rond, ainsi que Bêtes et Hommes chez Gallimard et, en collaboration avec Jocelyne Porcher, Etre bête, chez Actes Sud. Elle a été commissaire de l’exposition Bêtes et Hommes à la Grande Halle de la Villette en 2007-2008. Elle a également écrit avec Isabelle Stengers Les faiseuses d’histoires. Que font les femmes à la pensée ?, chez les Empêcheurs de penser en rond. Ses recherches l’ont également orientée dans le domaine de la psychologie des émotions (Ces émotions qui nous fabriquent. Ethnopsychologie des émotions). Depuis quelques années, elle s’intéresse aux relations que nous entretenons avec les défunts, sujet sur lequel elle a publié quelques articles. Un livre sur ce sujet, Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (La Découverte, 2015) vient de paraître. LES ARTISTES www.les-subs.com Les Subsistances / 15 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS PIERRE-OLIVIER DITTMAR, historien de formation, est ingénieur d’études à l’EHESS au sein du laboratoire « Groupement d’anthropologie historique de l’occident médiéval » (GAHOM). Dans ses recherches, il utilise les méthodes et outils de l’anthropologie et s’intéresse particulièrement à la façon dont évoluent les cultures. En se fondant sur un problème ou une question d’aujourd’hui, il essaie de comprendre les réponses propres au Moyen Âge. Il étudie ainsi les relations entre hommes et animaux, la notion d’animalité et de bestialité hier et aujourd’hui. Son autre thème de recherche porte sur l’image : les représentations sur les chapiteaux d’églises romanes en Auvergne et les images présentes dans l’univers domestique comme celles du plafond peint du château de Capestang en Languedoc-Roussillon. Il rapproche ces images qui mettent en scène les individus et leurs familles des pratiques en cours sur les réseaux sociaux actuels. lieu complétement barré et absurde qui nous intéresse particulièrement. On a rencontré Jacques Lizène pour le travail. Vinciane a retrouvé sa trace… et donc on essaye de chercher à mettre en relation le cheminement qui, depuis de cette expérience très particulière et d’autres (la non-rencontre avec Michel Tournier par exemple) a permis, parfois par des chemins de traverses, à Vinciane de construire sa pensée de philosophe. CB : Comment se construit le spectacle, l’invité fait le comédien ? OD / MJ : Cela dépend dans quel sens on entend faire le comédien ! Il y a des parties écrites, un ordre préétabli, et à l’intérieur il y a un jeu avec des improvisations. Nous sollicitons l’invité toujours dans le domaine de ses compétences. Nous n’écrivons pas à la place de Vinciane, en revanche nous écrivons notre partition à partir de ses livres et des heures d’entretiens enregistrées avec elle. Il y aura aussi un animal sur le plateau puisqu’elle a décidé de centrer le travail sur la relation aux animaux plutôt INTERVIEWS AVEC LES ARTISTES que sa recherche plus récente sur la relation aux morts. ODILE DARBELLEY / MICHEL JACQUELIN Il y a aura des allusions, mais l’éthologie est son propos Cathy Bouvard : Quel est le sujet de ce spectacle ? Odile Darbelley / Michel Jacquelin : Dans le projet : Nous théorique fondateur. ne pouvons connaître le goût de l’ananas par le récit des voyageurs l’idée est de proposer à des personnes qui CB : Vous choisissez un aspect de sa recherche ? nous intéressent pour des raisons diverses de trouver OD / MJ : Pas complétement, nous utiliserons d’ailleurs avec nous une forme spectaculaire pour parler de leur des images qui associent les deux thématiques. Ce sont expérience « de vie ». Qu’ils soient musiciens, cinéastes les images d’une expérience de Thomas Edison en 1903 ou philosophes, il s’agit de tenter de raconter avec eux, qui, pour montrer qu’il avait inventé un bon système de là où ils en sont et ce qui les a façonnés. Ce qui nous production électrique a filmé l’électrocution d’un éléphant. intéresse c’est le rapport de leur cheminement personnel Mais si on a orienté le travail plutôt sur les animaux, c’est à l’histoire et à la culture des cinquante dernières années. aussi parce que c’est autour de l’éthologie, du rapport Voir comment s’inscrit leur histoire singulière dans les entre les animaux et les chercheurs, « les animaliers » différents courants de la pensée. Il s’agit de les remettre au que sa recherche s’est développée en trouvant des cœur de cette histoire et de souligner ce qui a déclenché résonnances aux théories d’Isabelle Stengers ou de des choses importantes dans leurs démarches créatrices. Bruno Latour. CB : Comment aller de l’histoire de la personne à la grande histoire ? OD / MJ : L’enjeu de ce projet est que l’expérience des personnes dessine une histoire possible qui participe à celle de la pensée. D’une tranche à l’autre -nous en sommes au cinquième invité 2- un personnage d’artiste fictif, Iks, construit sa biographie idéale en s’emparant de l’expérience des autres. Il est l’interlocuteur, celui qui propose, et celui qui réinvestit d’un épisode à l’autre les Jacques Lizène, né à Ougrée (Seraing, Belgique) le 5 différentes pistes, crée des échos. CB : Vous pouvez donner un exemple ? OD / MJ : Par exemple Vinciane Despret, notre invitée pour cette 5ème tranche de notre ananas, a croisé des artistes et en particulier Jacques Lizène1, qui est un formidable zozo belge. Il a créé l’art médiocre et il s’autoproclame « petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXe siècle ». Vinciane a assisté aux séances du Cirque Divers, ce 1 novembre 1946 (69 ans), est un artiste « inventeur de l’art nul », un art volontairement médiocre, inintéressant et stupide qui revendique 2 Les précédents invités : Boris Lehman, Hubertus Biermann, le caractère lamentable de ses œuvres. Ses supports sont variés : Georges Appaix, André S. Labarthe. vidéos, peinture et même la chanson. www.les-subs.com Les Subsistances / 16 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS CB : Pourquoi faire des tranches ? OD / MJ : Nous n’avons pas d’apriori sur ce que sera le spectacle quand nous commençons le travail. Ce sont les conversations qui donnent la matière, et à chaque fois, dans le résultat, le rapport avec le public s’en trouve modifié. Même si on balaye toujours l’histoire culturelle des mêmes cinquante dernières années, ce sont chaque fois des expériences radicalement différentes car chaque personne a une relation différente avec son histoire et avec l’Histoire. Nos invités nous entraînent sur des terrains très variés. Le musicien Hubertus Biermann, était sur un rapport assez émotionnel avec son père, avec l’histoire de son pays, l’Allemagne… Le cinéaste André S. Labarthe, relisait son histoire à l’aune de celle du cinéma, de celle de la Nouvelle vague, de ces rencontres pour « Cinéastes de notre temps », c’était beaucoup plus impressionniste. CB : Les spectateurs doivent-ils être déjà un peu historiens ? OD / MJ : Non, nous on découvre en travaillant avec nos invités. C’est à partir d’eux que l’on tire les fils. Lorsqu’on rencontre quelqu’un, on part de choses simples, de la conversation, pas d’une approche théorique. Sur le plateau, ce qu’on montre au public, c’est pareil, on essaie de remettre en jeu, de faire expérimenter de façon sensible au spectateur ce qui vient d’être dit. On part du concret de la personne. C’est un peu l’art de la conversation que l’on met au plateau. On voit comment à plusieurs on construit du sens. Finalement c’est un peu mystérieux, on ne sait pas très bien par où l’on passe dans une conversation. On est incapable de refaire le chemin d’une conversation quand on l’a terminée et ce qui est intéressant c’est aussi ce chemin de la pensée. Vinciane parle souvent à propos de la construction de son travail de tuiles, de choses qui se superposent. Nous sommes dans un mode d’écriture assez proche. Ce qui est intéressant c’est que nous sommes obligés de réinventer à chaque fois de nouvelles solutions pour créer une relation entre le public et la personne qu’on a invitée, pour rendre intelligible le chemin et l’histoire. La relation au public est aussi intéressante du point de vue théorique. Cela interroge la place du témoin direct dans la fabrication de l’histoire, de l’expérience (qu’elle soit sensible ou scientifique). C’est une des questions que pose Vinciane Despret à propos de l’éthologie : « comment prendre en compte le point de vue de l’animal ? ». On propose au spectateur de partager une expérience avec l’invité, et en même temps on l’incite, en nous regardant et en nous écoutant, à s’observer, lui-même… Propos recueillis par Cathy Bouvard, octobre 2015. VINCIANE DESPRET « En général j’ai l’impression de dire ce que tout le monde pense et qu’il ne fallait pas dire. Je crois qu’il y a une forme d’inconscience très heureuse dans toute cette histoire. » Cathy Bouvard : Vous êtes universitaire et philosophe, pourquoi avoir accepté d’entrer dans la bulle des Darbelley-Jacquelin ? Vinciane Despret : J’ai accepté parce que ce qu’on nous propose, à nous universitaires pour sortir du cadre, c’est en général de rester dans le cadre. On nous autorise à faire de petits écarts par rapport à nos manières d’exposer, alors qu’ici il s’agit vraiment de penser ensemble à comment on pense. Il ne s’agit plus d’enseigner ou de dire des choses : ici on essaie de voir comment on peut explorer notre domaine par ses limites. Et ça, ça m’intéresse. CB : Que voulez-vous dire, explorer par les limites ? VD : En fait j’ai appris une chose : le médium théâtral est extrêmement étranger à ce que nous faisons nous enseignants. Bien sûr, nous opérons des théâtralisations lorsque nous faisons des conférences, mais le théâtre ce n’est pas ça. En fait au théâtre il y a plein de choses qui ne se disent pas mais qui se font. Pour moi, c’est une chose totalement nouvelle, cela me demande une discipline tout à fait différente. Nous, nous avons tendance à vouloir tout expliquer, pour être sûrs que tout le monde a bien compris. Alors qu’au théâtre, il y a des prises de risque qui reposent sur le fait que nous avons confiance au public. On va évoquer certaines choses, et peut-être que tout le monde ne comprendra pas ce qu’on essaie de dire ou de faire, mais ça n’est pas grave. Ce qui serait grave, ce serait que personne ne comprenne rien. CB : Passer par le récit de sa vie pour relire sa pensée, lorsqu’on est vivant, c’est une drôle de chose, non ? VD : Oui, j’ai eu très peur parce que j’avais très peur d’une psychologisation, alors que je ne supporte pas cela. Aujourd’hui, il y a une sorte de routine de la pensée qui passe par la psychologie, et je pense que le passage par la psychologie affaiblit le plus souvent nos puissances de métamorphoses et d’imagination. J’ai donc eu un peu www.les-subs.com Les Subsistances / 17 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS peur, mais c’était ne pas connaître Michel et Odile ! S’ils psychologisaient, il le feraient comme ils anthropologisent, c’est-à-dire dans le décalage et la dérision. En ce qui me concerne, il s’agit d’une biographie qui est reconstruite sur un mode réel puisqu’on ne raconte pas de choses fausses, mais qui est tout à fait transformée par rapport à ce que j’aurais raconté dans un autre contexte. CB : Cette expérience a-t-elle changé votre regard sur votre trajectoire intellectuelle ? VD : Oui, tout à fait. Pour moi il y avait des choses qui me semblaient relativement anodines et qui, finalement, sont arrivées à point nommé. Je me suis aussi rendue compte que des questions que je posais à l’origine -mais qu’il m’avait semblé avoir laissé tomber en route- avaient totalement subsisté. J’ai enfin réalisé que je cherchais aujourd’hui, toujours à répondre aux mêmes questions qu’au début. VD : Oui mais c’est une histoire d’amitié… c’est pas un hasard non plus vous allez me dire… À Liège, tout le monde se connaît. Mais avec eux, dans ce milieu underground, je me suis trouvée chez moi parce qu’il y avait énormément d’humour. Ils ne prenaient rien au sérieux mais prenaient tout sérieusement et c’était exactement cela que je cherchais, moi, jeune philosophe en difficulté avec la manière de faire de la philosophie comme on la faisait à l’époque. Il me fallait trouver des lieux ou ça philosophait -mais sur un mode non académique-, où ça se moquait, où ça contestait. Au final c’était assez extraordinaire d’apprendre à le faire avec un sens de la dérision et de l’humour. CB : C’est ce qui apparaît en particulier dans votre dernier livre à propos des morts, de leur présence dans la vie, cette extrême liberté de pensée… VD : Je l’espère. J’espère faire bouger les lignes : que ceux qui cultivent des relations vivantes avec leurs morts CB : En fait un philosophe n’aurait qu’une question qu’il puissent être un peu confortés et que ceux qui jugent travaille sur les animaux ou les humains ? et se choquent puissent revisiter leur manière de penser. VD : Ce sont eux qui ont fait surgir cette évidence. Pour C’est un livre qui appelle à de nouvelles sensibilités. tout dire, au début je leur disais « mais il y a une erreur de casting, je ne suis pas intéressante. Peut-être que ce CB : L’appel à de nouvelles sensibilités, c’est le travail que j’explore, j’écris est intéressant, mais ma biographie, que vous menez depuis de années autour des animaux les paysages culturels dans lesquels j’ai évolué sont en particulier. Finalement cette liberté de pensée est inintéressants si on essaye de les mettre en rapport rare… avec mon travail. Non ce qui a d’intéressant, ce sont les VD : Oui, cela m’est apparu à posteriori, mais pour appeler animaux et la façon dont les scientifiques travaillent ». à de nouvelles sensibilités, la liberté était une obligation. Quand je me suis ensuite aperçue qu’ils ne s’attendaient Mais cela me fait plaisir lorsqu’on me dit que ma penpas un casting, j’ai moins résisté et j’ai commencé à me sée est libre parce que moi je ne vois pas les contraintes. dire « mais c’est vrai en fait, d’où tout ça vient ? ». J’avais Parce que pour penser que l’on pense librement, il fautoujours considéré que tout ce qui m’était arrivé dans drait déjà avoir conscience des contraintes qui vous mon parcours académique et scientifique était arrivé par empêcheraient de le faire… je ne les perçois pas toujours hasard, par chance, que c’était arrivé parce que c’était très bien. En général j’ai l’impression de dire ce que tout arrivé. En fait j’ai compris que tout répondait à un même le monde pense mais qu’il ne fallait pas dire. Je crois qu’il questionnement et que j’avais cherché de partout mais y a une forme d’inconscience très heureuse dans toute sans m’en rendre compte. cette histoire. C’était très intéressant, et sans eux je n’aurais pas pu le Propos recueillis par Cathy Bouvard, octobre 2015. faire parce qu’ils me font faire un jeu de rapprochement et un jeu d’écart. Alors qu’en général, lorsqu’on observe quelque chose, on se situe à une distance qui est toujours à peu près la même. Et puis comme ils sont toujours eux-mêmes dans l’Art Tangent, le décalage, il y a certains moments où je prends moi-même beaucoup d’écart car cela permet de meilleurs rapprochements. CB : Ils nous ont parlé de votre jeunesse à Liège avec un groupe informel dont le plasticien Jacques Lizène… www.les-subs.com Les Subsistances / 18 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS LE MANIFESTE DES AAA (ARTISTES ANONYMES ASSOCIÉS) AAA DOC (1) (filets)2 AAA A Anonyme A A Anonymes Associés Artistes Anonymes Associés Nous sommes des chaînons manquants. Nous pratiquons l’entredeux comme position artistique. On est toujours l’assistant de quelqu’un. Nous renonçons à l’idée de genre en art. Nous jurons de nous abstenir de créer une « œuvre », car nous voyons l'instant comme plus important que la totalité. Ici et maintenant : nous ne sommes que ce que nous sommes et ce que nous vous en disons. Le public public du public. Mais nous revendiquons d’être autre chose dans la vie. Comme le public Nous , Je (est) suis plein de trous. 1 Le titre du “dogme“ des AAA est une manière de noyer le poisson. En face de quoi sommes-nous devant un filet de Haddock ? N’est-ce pas plutôt une morue, du cabillaud, de l’aiglefin voire du stockfish… Qu’est-ce qui convient ? Qu’est-ce qui est Ad Hoc ? CQFDD la boucle est bouclée. 2 Le manifeste des AAA, en cours d’écriture sur un modèle participatif cyber-encyclopédique bien connu, est en perpétuelle évolution.. www.les-subs.com Les Subsistances / 19 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS DÉBAT Vérités de l'Histoire Vendredi 27 novembre à 19h15 Grand amphi de l’ENSBA de Lyon Comment rendre compte d’un événement historique dans toute sa complexité ? Ne faut-il pas pour cela abandonner l’idée « d’une » vérité, et accepter une multiplicité de points de vue ? Si les romanciers ont l’habitude de faire cohabiter et se télescoper les mondes des différents protagonistes, en jouant avec les régimes de vérité et les changements de perspectives, la chose est sans doute plus rare et délicate pour l’historien. Avec : ROMAIN BERTRAND (France) est historien ; il fait partie d’une nouvelle génération d’historiens qui étudient l’histoire de manière globale. > Le Long Remords de la Conquête. Manille-Mexico-Madrid: l’affaire Diego de Avila (1577-1580) (Seuil, 2015) > L’Histoire à parts égales - Récits d’une rencontre, Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle) (Seuil, 2011) MATHIAS ÉNARD (France) est romancier, spécialiste des cultures et langues arabes et persanes. > Boussole (Actes Sud, août 2015) > Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (Actes Sud, 2010) Animé par : EMMANUEL LAURENTIN Producteur de « La Fabrique de l’histoire » sur France Culture En partenariat avec : France Culture. Gratuit sur réservation www.les-subs.com Les Subsistances / 20 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS Apprendre comment on fabrique du saphir ? Tout est possible en 20 minutes ! FOIRE AUX SAVOIRS DU SA 28 AU DI 29 NOVEMBRE DE 15H À 20H LES SUBSISTANCES Une idée, un sujet, une technique : 20 minutes pour faire le point ! Après le samedi 17 octobre à Saint-Fons et le weekend à l’Hôtel de Région à Lyon (21 et 22 octobre), Les Subsistances accueillent pour la deuxième fois, après le succès de l’édition 2014, la Foire aux Savoirs, coorganisée avec la Villa Gillet. De manière libre et ludique, des chercheurs, enseignants, artisans, spécialistes, passionnés viendront partager avec le public du festival leurs connaissances et leurs savoirs-faire. L’année dernière nous avons appris comment diriger un orchestre ou même comment on dansait au XIIIe siècle. Cette année préparez-vous à apprendre comment parler l’espéranto, comment attraper un crocodile, comment faire parler les céramiques antiques et bien d’autres sujets pour petits et grands qui seront abordés lors de ce week-end. ATELIER ORIGAMI - GRATUIT sa 28 et di 29 de 15h à 18h ATELIER KRUMP - GRATUIT ET EN FAMILLE ! sa 28 de 16h à 17h30 et di 29 de 15h à 16h ATELIER BODY MUSIC- GRATUIT ET EN FAMILLE ! sa 28 et di 29 de 17h30 à 18h30 © Romain Etienne / item QUELQUES CHIFFRES DE L’ÉDITION 2014 AUX SUBSISTANCES : > 54 intervenants > 54 savoirs et savoirs-faire transmis > 923 spectateurs en deux jours www.les-subs.com Les Subsistances / 21 Dossier de presse PROCHAINEMENT AUX SUBSISTANCES NOVEMBRE 26 - 29 . 11 LE LIVE DU FESTIVAL MODE D’EMPLOI en coréalisation avec la Villa Gillet OLIVIER MEYROU & MATIAS PILET TU Théâtre / Cirque ASSOCIATION ARSÈNE NOUS NE POUVONS CONNAÎTRE LE GOÛT DE L’ANANAS PAR LE RÉCIT DES VOYAGEURS TRANCHE N°5 Théâtre / Performance HÉLÈNE MATHON & EUGÈNE SAVITZKAYA SISTER Théâtre + 3 débats, workshops, Foire aux Savoirs… DÉCEMBRE 09 - 12 . 12 YANN FRISCH LE SYNDROME DE CASSANDRE Clown / Magie nouvelle JANVIER / FÉVRIER 14 . 01 - 07 . 02 LE MOI DE LA DANSE CECILIA BENGOLEA & FRANÇOIS CHAIGNAUD DUB LOVE MANUEL ROQUE DATA ALEXANDRE ROCCOLI LONGING MARCO DA SILVA FERREIRA HU(R)MANO + grands témoins MAGUY MARIN, MATHILDE MONNIER, LA RIBOT, NICOLAS LE RICHE, CLAIREMARIE OSTA + conférences, leçons de danse, workshops’brunch + fête de clôture Tea-dub ! ... AVRIL 01 - 03 . 04 FESTIVAL AVRIL EN VRILLE ! ALEXANDER VANTOURNHOUT & BAUKE LIEVENS ANECKXANDER Cirque / Danse / Performance GISÈLE VIENNE / DENNIS COOPER PUPPENTHEATER HALLE THE VENTRILOQUISTS CONVENTION Théâtre FOCUS FESTIVAL AMERICAN REALNESS Danse / Performance + workshops, concert ... MAI / JUIN / JUILLET Programmation en constante évolution 02 . 05 - 15 . 07 FESTIVAL LIVRAISONS D’ÉTÉ PLUS DE 2 MOIS NON-STOP ! COMPAGNIE DES DIVINS ANIMAUX FLIRT Théâtre SIMON CARROT NO/MORE Cirque ET AUTOUR DU HÉROS : NATHAN ISRAËL & LUNA ROUSSEAU Cirque MÉLISSA VON VÉPY Cirque JORDI GALÍ MAIBAUM Danse / Performance + concerts, gastronomie, workshops, et plein d’autres surprises ... www.les-subs.com Les Subsistances / 22 Dossier de presse LIVE SPECTACLES + DÉBATS LES SUBSISTANCES RÉSIDENCES D’ARTISTES CRÉATIONS LIEU DE PARTAGE AVEC LE PUBLIC Laboratoire international de création artistique consacré aux nouveaux langages du spectacle vivant (danse, théâtre, cirque, musique), Les Subsistances sont un lieu transdisciplinaire de travail, de création, d’expérimentation et de dialogue avec le public. UN ACCOMPAGNEMENT DES ARTISTES Les Subsistances offrent aux artistes un lieu, un temps de résidence et un accompagnement intellectuel, administratif, technique et financier adapté à chaque projet. Les Subsistances développent une relation de compagnonnage avec les artistes et compagnies invités, prolongeant la collaboration au-delà de la présentation du spectacle dans un soutien à la diffusion. DES PROJETS ARTISTIQUES SINGULIERS Festival Mode d’emploi, Aire de jeu, Week_End sur Mars !, Les Subsistances inventent des projets artistiques singuliers et les renouvellent sans cesse. Une manière de répondre avec les artistes à un monde en constante évolution. UN LIEU ET UN TEMPS DE PARTAGE ARTISTIQUE En développant des nouvelles relations avec les publics, Les Subsistances favorisent la confrontation, la réflexion, la pratique artistique et le dialogue, inventent de nouvelles formes de rencontres en associant le public à chaque étape de création : chantiers, débats, projets participatifs, Week_Ends de création, ateliers de pratique artistique. UN RÉSEAU DE CIRCULATION D’ARTISTES Les Subsistances sont partie prenante de plusieurs réseaux nationaux ou internationaux en particulier dans le domaine de la performance ou du cirque (Territoires de cirque). CONTACTS PRESSE Spectacles / presse nationale et locale : Stavros Skordas 04 78 30 37 27 / [email protected] Débats / presse nationale : Isabelle Creusot 06 16 33 36 37 / [email protected] Débats / presse locale : Céline Linguagrossa 04 78 27 02 48 / [email protected] ACCUEIL / BILLETTERIE 24h/24 : www.les-subs.com/billetterie Par téléphone : 04 78 39 10 02 de 13h à 18h du mardi au vendredi, les samedis de septembre et octobre de 14h à 19h. Sur place : 8 bis quai St-Vincent, Lyon 1er aux mêmes horaires. Réseau France billet : dans toutes les billetteries (Fnac, Carrefour, Géant, Intermarché, magasins U). Sur place, pendant les manifestations Ouverture de la billetterie jusqu’à la dernière séance du jour. VENIR AUX SUBSISTANCES 8 bis quai St-Vincent, Lyon 1er À pied : depuis les Terreaux (15 min.) rejoindre le quai St-Vincent et remonter la promenade des rives de Saône. Station Vélo’V : proximité passerelle Homme de la Roche : 55 quai Pierre Scize et 14 quai St-Vincent. 2 roues : parking à l’intérieur des Subsistances. Bus : C14, 19, 31, 40. Arrêt Les Subsistances ou passerelle Homme de la Roche. Parking : Lyon Parc Auto Terreaux. TARIFS SPECTACLES Plein tarif : 14 € -26 ans, étudiants, demandeurs d’emploi, professionnels du spectacle : 12 € -18 ans, minima sociaux : 10 € Gratuit pour l’accompagnateur du titulaire d’une carte d’invalidité au mention « besoin d’accompagnement ». RESTEZ CONNECTÉS ! Suivez Les Subsistances, des surprises vous sont réservées tout au long de l’année ! Les Subsistances - Lyon subsistanceslyon @subsistances Les Subsistances - Lyon Les Subsistances - Lyon Les Subsistances Laboratoire international de création artistique Cirque / Théâtre / Danse / Musique 04 78 39 10 02 www.les-subs.com Licence d’entrepreneur de spectacle : 135 063 - 135 064 - 135 065 www.les-subs.com
Documents pareils
OLIVIER MEYROU / MATIAS PILET
Mise en scène : Olivier Meyrou. Interprète : Matias Pilet. Apparitions vidéos : Karen Wenvl, Erika Bustamante
et Françoise Gillard, sociétaire de la Comédie française. Dramaturgie : Amrita David et...