André - THEVET

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André - THEVET
Marc Leproux
1
André - Thevet
I
Les Origine — La Famille
C'est un Angoumoisin des plus authentiques; lui-même le souligne avec fierté à plusieurs reprises
dans ses écrits. Cependant la date de sa naissance est assez incertaine 1502 pour les uns1, 1504 pour
les autres2. Cette dernière semble pour tant la plus probable, puisqu'elle est confirmée par te texte de
son épitaphe3, qui signale sa mort survenue à l’âge de 88 ans en 1592.
Louis Desbrandes note qu'il est:
"issu d'une ancienne maison d'Angoulême"4;
nous le croyons sans peine, car nous savons que cette famille a eu des représentants dans notre région
jusqu'à nos jours, où elle
"comptait plusieurs branches issues de la famille du célèbre voyageur qui a écrit la Cosmographie
du Levant5.
Du reste André Thevet avait plusieurs frères dont Jean sieur de la Vallade, mestre de camp d'un
régiment d'infanterie mort de ses blessures à Draguignan; un autre frère Etienne Thevet maître barbier
à Angoulême (Arch. Dép. série G 3303 953). Il eut plusieurs neveux; lui-même nous en signale un:
"Guillaume Thevet, dit le capitaine de la Vallade, lequel commanda l'île de Saint-Michel deux ans
ou environ devant la prise d'icelle"6.
Un autre neveu Philippe Thevet, enfant de chœur à la cathédrale, puis choriste, où il se fait du reste
remarquer par son indiscipline; il dit cependant sa première messe le 30 janvier 1588 et le 9 avril
suivant il est nommé à la chapelle d'Uzès (Arch. Dép., série G 331 956); c'est sans doute le même
Philippe Thevet que l'on trouve mentionné sur les registres paroissiaux sous le nom de Philippe
Thevet de Lugeat (Lugeat, près Fléac). On trouve également, vers la même époque, à Poitiers, un
Etienne Thevet, (1581-1618), maître chirurgien7; il y a lieu de se demander s'il ne s'agit pas du même
1
Louis Desbrandes, Martin-Buchey, Quignon, Marvaud, Galfarel, J.-M. Carré. Pour chacun d'eux, voir
bibliographie.
2
Touzaud, Ferdinand Denais, Valentin Dufour, Falconet.
3
Bibliothèque de l’Arsenal, manuscrit n0 4621.
4
Louis Desbrandes, Histoire inédite de l'Angoumois, copie probablement exécutée par M. Favraud (collection
de l'auteur).
5
Louis Desbrandes déjà cité.
6
Thevet André, Histoire d’André Thevet, Angoumoisin cosmographe du Roy, de deux voyages faits aux Indes
australes et occidentales et contenant la façon de vivre des peuples barbares. Manuscrit déposé à la bibliothèque
nationale de Paris. Catalogue fond français N. 15-454.
7
E. Biais, à la séance de la Société archéologique de la Charente, le 8 novembre 1916, signale un ouvrage
disparu de Estienne Thevet.
Plus près de nous, de cette famille, nous pouvons citer Pierre Thevet, lieutenant des chirurgiens, mort le 25
septembre 1661. Jean Thevet de Lesser, avocat, pair du corps de la ville et eschevin, mort le 30 décembre 1670.
Dans la branche de Lessert, on peut encore citer Thevet de Lessert, maréchal de camp, domicilié à Champmillon
(Hiersac), auteur d'un mémoire "relativement à une nouvelle méthode propre à faire des vins et à les conserver
de longues années" (Angoulême, imprimerie Trémeau, 1822, in 40, 11 pages); André Thevet de la Combe Dieu;
Thevet de la Tour Saint-Jean; Pierre-François Thevet, avocat et pair du corps de la ville, devint conseiller au
Présidial (fait baptiser son fils André le 2 janvier 1781); André-Guillaume de la Bourgade, ancien capitaine au
régiment de Gondrin, chevalier de Saint-Louis; Thevet, propriétaire, domicilié à Fouqueure, émigra le 2 juin
1792; un autre Thevet, surnommé Marsac, commandent à Marienbourg où il était domicilié et propriétaire,
émigra le 7 juillet 1792, en compagnie de sa femme. Sur les registres de la paroisse de Saint-André, on trouve un
assez grand nombre d'autres Thevet, sans qu'aucune généalogie bien définie ne soit encore établie. Mais de la
même famille, il ne faut pas oublier Pierre-Jean Thevet, qui fut maire d'Angoulême (1816-1825) et fait officier
de Saint-Louis; il est mort à Angoulême, le 8 mai 1845; sa famille s'allia aux Sazerac de Forge; son fils aîné,
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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2
Etienne Thevet cité plus haut; un Pierre Thevet tonsuré, en faveur de qui est fait, le 26 mars 1557, un
arrentement de terres à Bignac (Arch. Dép., G 3302 952).
Portrait d'André Thevet
Nous ne savons rien de la
jeunesse de Thevet; lui-même
dans ses écrits nous a laissé
dans la plus grande ignorance
à ce sujet. L'étude semble
avoir été
"sa principale préoccupation"8.
Il prit l'habit de cordelier au
couvent de notre ville: le
privilège de son premier
ouvrage sera en effet. accordé
au
"dévot orateur André Thevet,
religieux de l'ordre de Saint-François
au
couvent
d'Angoulême";
dès qu'il y eut achevé ses
études théologiques, il se
tourna bien vite vers les
sciences
profanes,
où
l'entraînait son goût naturel. Il
s'adonna tout entier à la
lecture,
dévorant
instinctivement
tous
les
ouvrages qui lui tombaient
entre les mains, et, comme il
était
doué
d'une
vaste
mémoire, il acquit en peu de
temps la facilité de parler sur
toutes sortes de sujets. C'en
était assez pour briller dans
son couvent9.
Mais cela ne pouvait satisfaire André Thevet; il désirait entrer en contact avec les savants d'alors, en
particulier avec le centre intellectuel du moment, l'Italie. Son besoin de tout connaître fit naître de
bonne heure en lui le désir de voyager et il mit tout en œuvre pour satisfaire cette passion.
La date de 153710, donnée comme début de ses pérégrinations, ne semble pas exagérée; elles durent
même commencer avant cette année-là. En effet, Pierre du Chambon signale qu'en 1535 André Thevet
rencontra et eut Rabelais pour
capitaine de pompiers, se fit surtout remarquer par sa vie dissipée; il mourut célibataire; son autre fils, allié à la
famille Zadig Rivaud, servit comme officier en Afrique; il semble avoir été en désaccord sérieux avec son père,
puisque celui-ci ne lui laissa que sa part légale d'héritage; Edouard Thevet, qui fut nommé par Napoléon III,
président de la Société des sauveteurs de la Charente.
8
Quignon, Notices historiques et anecdotiques sur Angoulême, inédites, copie exécutée probablement par M.
Favraud, (collection de l'auteur).
9
Biographie Universelle, tome XIV.
10
Touzaud, Notice sur André Thevet, Bulletin de la Société archéologique de la Charente (1907-1908). Voir
aussi article de Pierre du Chambon dans: l’Observateur de Ruffec du 5 mai 1933.
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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"cicérone dans la ville éternelle à la grande satisfaction de notre homme qui en exprime sa
reconnaissance dans sa: Cosmographie universelle... quel guide merveilleux dut être Rabelais à
Rome, on se l'imagine volontiers".
Son voyage en Italie fut peut-être décidé par ses supérieurs à l'occasion d'un pèlerinage ou d'une
mission à Rome. Quoi qu'il en soit, il sut en tirer tout ce que son humeur aventureuse pouvait
souhaiter d'avantages.
Dès son passage à Plaisance, il se ménagea la bienveillance du cardinal Jean de Lorraine qu'il y
rencontra; sans doute sut-il l'intéresser à ses projets, car c'est ce prélat qui lui fournit les subsides
nécessaires pour entreprendre son voyage aux Echelles du Levant et en particulier en Terre Sainte, où
l'appelaient sans doute et sa curiosité et sa foi.
II
Voyage en Orient
Il quitta Plaisance au mois de juin 1549 et s'embarqua à Venise le 23 du même mois sur une felouque
qui le conduisit à Chio, où il séjourna deux mois. Un ambassadeur génois, que les vents contraires
avaient forcé de relâcher dans l'île, se chargea en même temps de porter le tribut des habitants au
sultan et de conduire notre compatriote à Constantinople, où il arriva le 30 novembre. Il eut l'heureuse
fortune d'y rencontrer le savant Pierre Gilles, l'un des premiers Français qui se soient occupés avec
succès d'histoire naturelle. Chargé de mission aux Echelles du Levant par François 1er, il avait dû, ne
recevant aucune ressource, s'engager dans les troupes du Sultan pour combattre le roi de Perse.
Quelques amis, émus de sa position lamentable, lui avaient permis de racheter son congé quand il
rencontra Thevet. Ensemble ils allèrent visiter les ruines de Chalcédoine pour y faire quelques fouilles
et Thevet en rapporta un certain nombre de pièces et de médailles d'argent.
Alors que Pierre Gilles revenait vers la France, Thevet s'embarqua pour Rhodes; mais la tempête
l'ayant rejeté sur les côtes de Grèce, il séjourna deux mois et demi en la
"ruynée ville d'Athènes",
ce n'est que le 2 novembre 1550 qu'il put atteindre Rhodes et se diriger presque aussitôt sur
Alexandrie où il débarqua à la fin du même mois.
Pendant quatre mois il visite l'Egypte et, dans sa Cosmographie, il consacre une centaine de pages à ce
pays. On s'est trop souvent attaché à ne relever dans ses relations que les récits naïfs ou quelques
fables grossières; il s'y trouve pourtant beaucoup de remarques judicieuses, qui peuvent encore nous
être profitables. Quand il recommande le régime suivi par les indigènes, il ne fait que devancer nos
médecins et nos hygiénistes modernes dans leurs conseils à ceux qui doivent vivre dans ce pays:
"La façon de vivre est telle de ceux qui habitent le pais abondant en frutages: par chacun mois
qu'ils prennent purgacion trois jours de suite gardant leur santé avec clistères et vomissements... ils
sont les plus sains des hommes".
S'il souligne la longévité des Egyptiens en lui accordant une durée invraisemblable, n'oublions pas que
l'on rencontre facilement de nos jours des indigènes qui ne semblent avoir aucune notion du temps et,
dès que l'un d'eux marque une soixantaine d'années, il n'est pas rare de lui voir attribuer plus de cent
ans. La richesse merveilleuse du pays,
"le grenier du monde",
ne lui échappe pas11.
Si son Ame de religieux lui fait déplorer le nombre considérable de:
"paroisses du diable... jusqu'à mile deux"12,
Les bords du Nil au XVIe siècle, d'après une gravure extraite
de la Cosmographie du Levant d'André Thevet
11
12
Thevet, Cosmographie du Levant, édition de 1556.
Thevet, Cosmographie; déjà cité.
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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la gravure qui accompagne
ses commentaires donne une
idée bien fidèle de la prière
musulmane, avec le muezzin
perché dans le minaret
appelant les fidèles à la
mosquée en se bouchant les
oreilles pour crier plus fort,
tandis qu'en bas, dans la
cour, autour de la fontaine,
des
fidèles
ont
déjà
commence leurs ablutions
rituelles. N'est-ce pas l'auteur
qui a inspiré au dessinateur
un tel souci d'exactitude pour
des
choses
qu'il
ne
connaissait pas? Il y a là un
véritable petit tableau encore
exact de nos jours. Il observe
aussi
les
mœurs
des
musulmans, et c'est très
exactement qu'il écrit
"Mahomet promet le paradis
à tous ceux qui ont bien
nourri leur femme, ont prié 4 ou 5 fois durant la nuit et le jour, qui ont fait bonne mesure et payé les
dîmes au Prophète de Dieu et à ses Tulismanhar et Hogsialars qui sont prêtres et docteurs"13.
Par contre, c'est sans doute la gravure ci-contre qui par une de ces grosses plaisanteries que la jalousie
faisait naître alors contre Thevet, fit appeler cet animal
"la grosse bête de Thevet".
Je ne vois pas d'autre explication, car il est difficile d'admettre que Thevet eût pu rapporter un fort
gros crocodile; à moins que ce ne soit une de ces peaux de crocodile que les indigènes ont l'habitude
de mettre au-dessus de leur porte pour chasser le mauvais œil.
Rendons-lui aussi hommage pour avoir voulu voir par lui-même chaque fois qu’il l'a pu, et ceci non
sans de grands dangers à cette époque. En Egypte, il entreprend le voyage des Pyramides de Sakkarah
en compagnie de deux médecins, vénitiens sans doute, pour y chercher de la poudre de "mumie" si
fort en honneur dans la pharmacopée de l'époque, et ce n'était pas là une petite expédition.
Il repousse toutes les fables qui ont alors cours sur les Pyramides et ne veut point y voir les greniers
des Pharaons.
"C'était, dit-il, des sépultures de rois. comme il appert par Hérodote et de ce que j'ai fait
l'expérience, car j'ay vu dans une Pyramide une grande pierre de marbre taillée en façon de
sépulcre"14.
S'il croit les Pyramides terminées par une pointe de diamant, cela s'explique parce qu'il a vu la
Pyramide de Khephren si bien conservée de nos jours, et encore mieux à cette époque, étinceler
comme une pierre précieuse sous le soleil d'Egypte.
Le 23 mars 1551, Thevet s'embarque pour la Terre Sainte; il y séjournera un an, car son intention est
de la visiter avec soin, comme il le dira lui-même.
13
14
Thevet, Cosmographie Universelle.
Thevet, Cosmographie du Levant; déjà cité.
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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5
"Mon intention principale estoit de voir les lieux où premièrement a esté preschêe par le Sauveur la
nouvelle de notre Rédemption."
Il en repartira faisant partie de l’Ordre du Saint-Sépulcre.
Il quitta la
"saincte cité le quinzième jour après Pasques 1552",
mais ne fut de retour en France qu'en 1554. Il s'emploie aussitôt à publier son premier ouvrage, la
Cosmographie du Levant, qui paraît la même année; il sait y mettre en parallèle plusieurs reprises les
beautés de sa Charente avec celles qu'il a pu rencontrer au cours de ses pérégrinations: mais pour lui
rien n'a réussi a effacer
"l'admirable abyme de la Touvre"
couvert de cygnes et la Charente qui
"par ses inondations engresse et arrose, comme un second Nil, le pais d'Angoulesme... produisans
de meilleurs poissons que le Jourdain qui lui aussi est formé de deux fontaines du mont Liban"15.
Voilà, écrit avec juste raison Daniel Touzaud, l'auteur infortuné que l'ingrat Angoumois a laissé dans
l'oubli"16.
Mais son second voyage va de nos jours contribuer à le tirer de l'obscurité.
III
Voyage au Brésil
Dès le 15 juin 1555, notre voyageur part de nouveau avec Nicolas Durand, seigneur de la
Villegagnon17, qui l'emmène comme aumônier au Brésil où il va établir une colonie. Celui-ci avait su
obtenir du Roi des vaisseaux et la mission de combattre l'influence espagnole en Amérique du Sud; il
s'était aussi assuré le précieux appui de Coligny en lui promettant secrètement d'établir dans cette
nouvelle contrée la "religion épurée".
L'expédition quitte le Havre, appelé alors Franciscople, le 12 juillet 1555. La tempête et une voie
d'eau la forcent à se réfugier à Dieppe pour réparer. Une partie des artificiers et des nobles
abandonnent l'expédition, et cette désertion ne sera pas sans contribuer beaucoup à l'échec final de
l'entreprise. Ils arrivèrent à l'embouchure du Ganabaro (Rio de Janeiro) le 10 novembre et se fixèrent
sur une île d'un mille de circonférence, que les Français nommèrent France Antarctique
"pour est partie peuplée, partie descouverte par nos pilotes",
dit Thevet. Ils établirent un fort que nous ne serons pas étonnés de voir appeler Fort Coligny.
Nous ne pouvons, sans sortir des limites que nous nous sommes tracées, relater ici les principaux
épisodes de ce voyage au Brésil, de même que ceux qui marquèrent, lors du retour, le passage en
Espagne. Du reste, Thevet tomba malade peu après son débarquement: n'arrivant pas à se remettre, il
dut se rembarquer dès le 31 janvier 1556. S'il ne put visiter le Brésil, ainsi qu'il en avait le projet, il eut
le temps de faire une ample provision de documents qui ne sont pas sans valeur, comme nous le
verrons plus loin. Il faut ajouter qu'il a du mérite d'avoir fait tout cela. en aussi peu de temps et malgré
sa maladie.
15
Thevet, Cosmographie du Levant; déjà cité.
Touzaud, déjà cité.
17
Villegagnon, alias Villagagnon, Villagaignon (Nicolas Durand de la), Chevalier de Malte célèbre par ses
aventures et ses disputes avec Calvin. Né à Provins vers 1510. Esprit cultivé et aventureux, s'était fait remarquer
dans des entreprises hardies; nommé vice-amiral par Henri II, obtint l'autorisation de fonder une colonie au
Brésil en faisant miroiter au roi l'influence qui en résulterait sur les Espagnols et à Coligny l'avantage d'un asile
pour les protestants; il partit avec un certain nombre d'entre eux et fonda le fort de Coligny dans l'île des
Serpents de la baie de Rio de Janeiro; il mécontenta ses compagnons par ses rigueurs; il y eut des disputes;
Villegagnon abandonna la colonie qui commençait à péricliter. Villegagnon, qui a laissé quelques écrits, mourut
en 1571.
16
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6
Il voulut profiter de son retour pour visiter l'Espagne; mais à peine débarqué, il fut, comme luthérien,
traîné "lié et bagué" devant l'inquisiteur
"soubs prétexte que l'on me trouva au lict le jour de la Saint Thomas... et que je n'avois esté à la
messe, sans avoir égard que j'estois arrivé le soir auparavant, fasché et rompu par la tempête et les
ondes marines."
Il n'échappa à "la prison obscure" que grâce à un petit agnus Dei enchâssé d'or et une petite croix
rapportée de "Hierusalem", que lui "print ce gentil inquisiteur", qui lui
"commenda de vider bientôt la ville sur peine d'estre attaint ou crime dont on l'accusoit"18.
Cet incident contribua sans doute à décourager Thevet de se lancer dans de nouvelles entreprises, car
ce qu'il nous en dit montre qu'il en avait conservé un souvenir très amer. Il est vrai, comme il l'écrit
lui-même, que
"ses lointaines pérégrinations furent continues pendant 17 ans ou environ".
Il avait maintenant droit au repos d'autant plus que dans son évaluation il ne semble compter que ses
voyages "outre mer" et, quand Touzaud évalue à 23 ans la durée des ses divers déplacements, il est
certainement au-dessous de la vérité.
IV
Résultat des Voyages
Désormais André Thevet est un personnage en vue. Catherine de Médicis lui accorde sa protection et
ne tarde pas à en faire son aumônier.
"Le pape lui permet de quitter le cloître pour prendre l'habit ecclésiastique"19.
C'est sans doute ce qui permettra de dire à un de ses détracteurs, de Thou,
"qu'il quitta le froc et de moine devenu aventuriez il employa le temps, de sa jeunesse à faire des
pèlerinages et autres voyages de fantaisie"20.
Avec le peu de sécurité qui existait et les moyens dont on disposait alors, on conviendra
qu’entreprendre de tels voyages dépassait en la limite de la fantaisie.
Bientôt il reçoit le titre de cosmographe et d'historiographe du Roi "avec des appointements
considérables". On le voit aussi "garde des curiosités du Roi": il s'agit sans doute d'un musée auquel il
avait, grâce à ses longs voyages, apporté la principale contribution21. En effet, nous l'avons vu
rechercher des médailles en Grèce, poursuivre des fouilles en Egypte; et, au Brésil,
"notre cosmographe ne s'occupe que d'explorer le pays et de collectionner des oiseaux et des
insectes et aussi des plantes"22.
C'est là un de ses plus beaux titres et celui qui mérite le plus de retenir notre attention.
Dans sa collection, Thevet rapporte des graines et une plante qu'il appelle Petum et à qui il donnera
plus tard, par un délicat hommage à sa ville natale, le nom d’herbe Angoumoisine c'est le Tabac.
Sans doute, ce n'est pas ce qui attire le plus l'attention dans les "Curiosités du Roi". Cependant, dès
1556, Thevet en sème quelques pieds et dans son nouvel ouvrage, Les Singularitez de la France
18
Thevet, Cosmographie Universelle; déjà cité (T. II, page 492).
Marvaud, Géographie de la Charente.
20
De Thou Histoire Universelle.
21
Le cosmographe Thevet est le plus ancien garde connu de cette collection, premier noyau des cabinets royaux,
devenus de nos jours le Muséum d'histoire naturelle et le Musée d'ethnographie. Nous ne savons rien de bien
positif sur l'administration de Thevet, qui put durer jusqu'à sa mort, en 1592. Le soin qu'il avait pris en maintes
circonstances, au cours de ses voyages, de recueillir toutes espèces d'objets qui lui paraissaient intéressants,
autorise à penser qu'il dut mettre un véritable zèle à remplir les fonctions dont il avait été chargé. (Dr E.T. Hamy
Les Origines du Musée du Trocadéro. Paris, Ernest Leroux, 1890. — Voir aussi Touzaud, déjà cité.)
22
Touzaud, déjà cité.
19
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7
Antarctique, publié en 1558, il donne une pénétrante analyse de l'emploi de cette plante par les
indigènes de l'Amérique du Sud et des effets qu'elle a sur l'organisme humain; il écrit en particulier
"Ils cueillent soigneusement ceste herbe et la font sécher à l'ombre... ils enveloppent, estant seiche,
quelque quantité de ceste herbe en une feuille de palmier et la rollent comme de la longueur d'une
chandelle, puis mettent le feu par un bout et en reçoivent la fumée par le nez et par la bouche... elle
enteste et enyvre comme le fumet d'un fort vin... avant que l'on y soit accoustumé ceste fumée
cause des sueurs et faiblesses... ce que j'ay expérimenté en moi-même"23.
Aucun doute ne semble possible, c'est bien notre compatriote qui a introduit le tabac en France, car
c'est seulement en 1560 que Jean Nicot, ambassadeur en Portugal, devait en offrir à François il et à sa
mère.
Sur ce point, la cause de Thevet semble de nos jours gagnée auprès des érudits, comme le prouve la
récente exposition du Tabac au musée Galliera24. La presse a rendu à Thevet ce qui lui appartient le
Jour en particulier, dans un article intitulé:
"C'est une erreur, Nicot n’a pas découvert le tabac"
écrivait par la plume de Claude Gaudin25:
"André Thevet peut donc se vanter, dans ses pages où éclatent sa colère, son innocence et son bon
droit, d'avoir esté le premier en France qui a apporté la graine de cette plante et pareillement semé
et nommé la dite plante l'herbe Angoumoisine. Depuis, un quidam qui ne fit jamais le voyage lui
donna son nom"26.
"Le quidam en question c'était Nicot, qui fut puni de son usurpation par le nom de nicotine qui
désigne: un poison"27.
Déjà, dans son excellente étude, Daniel Touzaud texte en main, avait clairement fait à notre
compatriote la part qui lui revient, mais son travail n'avait qu'un intérêt régional, tandis que
l'Exposition du Tabac est appelée à avoir une portée plus grande. Cependant elle n'aura pas pour nous
celle qu'elle aurait pu avoir; en effet, on n'y réserva pas la moindre place à notre compatriote et, parmi
tous les tableaux et gravures, pas un portrait d'André Thevet ne figurait. On nous permettra de
regretter cette lacune, car si Thevet se trouva frustré de sa découverte, notre région le fut du nom
d'"herbe Angoumoisine" qu'il avait donné au tabac. A part la petite phrase, vengeresse il est vrai, que
nous relevons dans la presse, rien ne marque le souvenir de Thevet dans cette exposition si réussie par
ailleurs.
V
Publication et dernières années
Nous avons dit qu'André Thevet avait publié en 1558 les Singularitez de La France Antarctique, qui
sont le fruit de son voyage au Brésil; il apporta un soin tout particulier aux illustrations; nous avons
déjà eu l'occasion de signaler l'intérêt de celles qu'il a introduites dans sa Cosmographie du Levant.
C'est à propos de sa nouvelle publication qu'il attire
"de Flandre les meilleurs graveurs, et, par la grâce de Dieu, je puis me vanter estre le premier qui
ai mis en vogue à Paris l'imprimerie en taille douce"28.
Il contribue ainsi, dans une large mesure, aux progrès de la gravure en France.
Huit belles gravures sur bois ornent le volume et le succès sera tel qu'il en publiera une deuxième
édition presque coup sur coup.
23
Thevet Les Singularitez de la France Antarctique, chapitre XXXII.
Exposition Mars-Avril 1937, musée Galliéra, Paris.
25
A la suite d’une interview de M. Sergent, conservateur adjoint.
26
André Thevet, Cosmographie Universelle; déjà cité (Tome Il. page 926).
27
Le Jour, 10 février 1937.
28
Thevet, Préface des Vrais pourtraicts et vies des hommes illustres.
24
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
Marc Leproux
8
Thevet continue toujours à bénéficier de la faveur royale il déclare lui-même dans ses Pourtraicts que
le roi Charles IX le mandait souvent pour lui éclaircir les difficultés qu'il avait sur les cartes des pays
étrangers. Il ne reste pas pour cela inactif; il publie en 1563 un Discours sur la bataille de Dreux. En
1566, il est fait chanoine au chapitre de St-Pierre d'Angoulême, mais, comme il réside rarement dans
cette ville, il voit son temporel saisi par le chapitre. Comme il ne néglige pas ses intérêts matériels, il
fait assigner celui-ci
"aux requêtes du palais, le 29 janvier 1574".
Pourtant, vers cette époque, il semble avoir résidé à plusieurs reprises ou un temps assez long à
Angoulême, puisque nous le voyons assez régulièrement porté comme hebdomadier (ou semainier).
Le 6 avril 1576, il donne procuration à son frère Etienne, maître barbier, et le 8 mars et le 2 juillet de
la même année des lettres royaux en sa faveur le dispensent de la résidence. Ces lettres ou il est
qualifié de Cosmographe du Roi et de la Reine durent rencontrer sans doute une certaine incrédulité,
puisqu'il présente, le 17 août de la même année, un acte prouvant qu'il a bien droit à ce titre et que son
frère, s'en fait délivrer une copie le 5 février 1577.
En 1578, nous le trouvons abbé du Mas Dieu et maître école à la cathédrale d'Angoulême. De
nouveaux lettres royaux interviennent en sa faveur; à la fin de l'année, nous le voyons en procès avec
J. Dubreuil au sujet de la prébende de Mérignac qui a été délivrée à Dubreuil faute à Thevet d'avoir
opté dans les délais réglementaires. Du reste, à cause de ces difficultés, mais sans doute aussi à cause
de son grand âge, il ne tardera pas à abandonner ses fonctions. Le 25 mars 1581, nous le voyons
encore une fois semainier, mais le 7 avril suivant a lieu la réception de Toussaint Martin, maître école
à la cathédrale,
"à la chanoinie et prébente de A. Thevet qui à résigné"29.
En 1580, il publie son dernier ouvrage, Les vrais pourtraicts et vies des hommes illustres, dédié au roi
Henri III. Chacune de ses notices est le fruit de multiples recherches et le lecteur y trouve encore à
glaner des particularités curieuses à côté de choses invraisemblables; les portraits qui accompagnent le
texte sont souvent remarquables de vérité et d'exécution. Du reste, nous avons vu quels étaient les
soins de l'auteur à ce sujet. Au point de vue de l'art et de l'érudition, l'intérêt de cet ouvrage est loin
d'être épuisé et l'on me faisait constater dernièrement, au département des estampes de la Bibliothèque
Nationale, que ce travail continuait à être encore consulté assez fréquemment.
C'est d'ailleurs un ouvrage d'une réalisation technique remarquable: les divers portraits sont d'une
finesse d'exécution que nous continuons à admirer. Le souci de l'exactitude, comme nous l'avons déjà
dit, a, été poussé avec tous les moyens que pouvait offrir le moment. S'il convient de laisser aux
exécutants la part qui leur revient, il est juste de savoir gré à Thevet d'avoir su les réunir les diriger et
assurer ainsi une belle réussite. En cette circonstance, il n'oublia pas ses compatriotes et nous trouvons
dans son livre de jolis portraits de Louis, duc d'Orléans (père de Jean, comte d'Angoulême), de Melin
de Saint-Gelais et de François Ier.
Les travaux de Thevet, si nombreux et si importants, qui valurent des amitiés illustres le Garde des
Sceaux Jean Bertrand, cardinal archevêque de Sens, à qui il donna une de ses robes de plumes
Tupinamba et qui accepta la dédicace du livre des Singularitez; le procureur général Bourdin,
bibliophile distingué, qui s'intéressait vivement aux publications de et aux progrès que l'auteur faisait
faire à l'illustration du livre en France; Gilbert Génebrard et Jean Dorat, professeurs au Collège de
France, qui n'hésitaient pas à lui adresser leurs poèmes; enfin la Pléiade presque entière. Antoine Baif,
29
29 janvier 1574: Arch. Dép., série G 3033 953. Comme semainier, nous le voyons porté les 28 mai, 22 octobre
1574; 18 mars, 23 décembre 1575; 11 mai, 5 octobre 1576; 1 mai 26 juillet 1577; 9 mai, 9 octobre, 24 décembre
1578; 2 février, 31 juillet, 31 décembre 15; 9; 27 mai, 28 octobre 1580; 21 mars 1581. Pour les lettres royaux,
Archives, même série, et pour le procès Dubreuil, série G 330~ 954. Pour l'arrentement de Brinac, série G 3302
952. En 1580, nous dit Nanglard (Pouillé historique du diocèse d'Angoulême), il rentre dans son couvent et y est
encore en 1590. Il s'agit là certainement de sa réintégration dans l'ordre des Cordeliers (après avoir été
sécularisé, comme nous l'avons vu), et non de son retour au couvent d'Angoulême, puisque, comme nous le
verrons, il séjournera à Paris où il s'occupera de son tombeau et sera enterré. Il est trop âgé pour que l'on
envisage l'hypothèse de voyages successifs à Paris à partir de cette époque.
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
Marc Leproux
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Joachim du Bellay, Jodelle, Robert Garnier lui dédiaient odes et épîtres, tandis que Ronsard
composait en son honneur l'ode XXII du livre V de ses œuvres (édition de 1584). Mais, par un retour
peu digne de lui, Ronsard remplacera le nom de Thevet après sa mort par celui d'un autre voyageur,
Pierre Belon.
Au milieu de tout ce concert, il semble que Thevet se soir montré surtout fier de son titre de chevalier
du Saint-Sépulcre. Dès 1554, il avait fait exécuter pour la chapelle du Saint Sépulcre de l'église des
Cordeliers un vitrail où
"le dit Thevet estait à genoux, tenant sa palme, et les mains jointes devant la dite image [de Notre
Seigneur] l'embrasement de l'église des Cordeliers estant survenu, le dit Thevet fit ôter les restes de
la dite vitre laquelle il faisoit remettre et attacher tous les ans pour le jour de feste de
Quasimodo"30.
"Le Vitrail d'André Thevet", d'après le calque du dessin
de la collection Gaignères, du département des estampes.
Ceci dura jusque vers 1589;
l'église devant alors être restaurée, Thevet songea à son
tombeau, qu'il fit édifier dans
le chœur. Sur les derniers
temps de sa vie, sentant sans
doute approcher sa fin, il se
rendait chaque jour à l'église
pour hâter l'achèvement des
travaux.
André Thevet mourut le 23
novembre 1592. Son tombeau
venait d'être achevé; on y
remarquait un écusson31 où se
répétaient les attributs qu'il
avait fait mettre à son vitrail et
que l'on voit aussi à certains
portraits. Six vers latins de son
ami Dorat et l'épitaphe
suivante y étaient également
gravés:
"Ci gist vénérable et scientifique personne maistre André Thevet, cosmographe de quatre rois,
lequel estant agé de 88 ans seroit décédé en ceste ville de Paris, le 23e jour de novembre 1592.
Priez Dieu Pour Lui"32.
VI
Intérêt de l'œuvre de Thevet
Nous ne pouvons terminer cette étude sans donner un coup d'œil sur l'ensemble de l'œuvre de notre
compatriote. En raison des jugements sévères qui ont été portés sur ses divers travaux, nous croyons
devoir nous arrêter sur l'intérêt qu'ils présentent encore.
Les ouvrages de Thevet, écrivait Daniel Touzaud,
"sont loin de mériter le mépris des ignorants qui se plaisent à le taxer d'ignorance; ils ne sont pas si
oubliés qu'on se l'imagine du monde savant",
30
Jacques du Breul, Théâtre des antiquités de Paris (1612).
Que Touzaud signale ainsi: "de gueules à la sphère accompagnée tout autour d'yeux au naturel, au chef
d'argent chargé de cinq mâte de navire sur mer d'azur."
32
Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit N. 4621.
31
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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10
et pour expliquer ses erreurs, il invoquait le témoignage de Rabelais,
"un écrivain avisé entre tous et qui dépassait son temps".
Ce qui permettra à Pierre du Chambon d'écrire très justement plus tard
"Que n'a-t-il lu plus tôt avec attention les œuvres de son client, il aurait découvert en Rabelais un
auxiliaire derrière lequel Thevet lui-même s'abritait... et l'un comme l'autre dans leurs livres, à
quarante ans d'intervalle donneront la même description de l'île des Démons, au nord de Terre-Neuve,
ainsi que l'a établi M. Abel Lefranc"33.
Du reste, l'abbé Valentin Dufour a montré l'intérêt qui s'attache encore à ses travaux en rééditant, sous
le titre de la grande et excellente cité de Paris, une partie de la Cosmographie universelle qu'il
considère toujours
"comme un travail utile et intéressant"34.
Cela nous suffit pour que nous nous intéressions à l'œuvre de Thevet, à laquelle, du reste, le
développement de plus en plus grand des études ethnographiques n’a pas été sans donner un regain
d'intérêt.
M. Métraux vient de rééditer Les vieux Mythes Tupinamba que Thevet avait recueillis des récits de
Quoniambec.
Nous pouvons écrire sans crainte de nous tromper que Thevet fut un ethnographe avant la lettre. Son
rôle, comme gardien du "cabinet des curiosités du roi", fut celui d'un conservateur de musée. Et nous
pouvons dire d'un conservateur zélé et passionné pour son travail. En effet, Jean de Léry, qui devait le
critiquer sévèrement, signale, à propos des collections qu'il rapportait de ses voyages,
"qu'en passant à Paris un quidam de chez le roi, auquel je les montrai, ne cessa jamais que par
importunité il ne les eust de moi"35.
Et nous savons que le quidam en question n'était autre que Thevet.
Les deux premières pièces acquises par le Musée d'Ethnographie du Trocadéro lui sont attribuées par
Alfred Métraux qui les a étudiées dans un brillant article36. Il pense, non sans beaucoup de
vraisemblance, que ces deux objets seraient passés des mains de Thevet dans celles du roi Henri II,
pour figurer dans son "cabinet de curiosités", dont Thevet fut en quelque sorte le conservateur. De là,
ces objets passèrent sans doute au cabinet des médailles, puis au Louvre, et enfin au musée du
Trocadéro. Si le manteau est bien conforme aux descriptions et aux représentations que l'on en trouve
dans l'œuvre de Thevet, il convient de dire qu'il n'en est pas de même de la massue. En effet, quand
Thevet parle de celle-ci, c'est de celle ayant appartenu au chef de tribu ou roi sauvage Quoniambec,
puisqu'il écrit:
"J'ai encore en ma maison l'espée de Quoniambec capable d'assomey un bœuf"37.
Or un heureux hasard m'a fait découvrir l'épreuve avant la lettre de la gravure de Quoniambec publiée
par Thevet dans ses Vrais pourtraicts et vies des hommes illustres. Le personnage est bien armé de sa
massue, mais elle est loin de correspondre à celle qui se trouve au Trocadéro. Elle s'en différencie par
un disque surmonté d'une partie ovoïdale en pointe et se rapproche beaucoup plus de celle qui est au
Musée ethnographique de Berlin. Si l'épée n'est pas celle de Quoniambec, il est fort possible que ce
soit un objet obtenu grâce aux demandes importunes dont nous parle Jean de Léry.
Le manteau de plume, appelé par Thevet robe, d'une longueur d'environ 120 centimètres, est muni
d'un capuchon qui en fait un exemplaire unique parmi les autres manteaux Tupi namba connus. Les
plumes sont retenues par une chaîne de fit de coton et s'imbriquent les unes sur les autres de façon à
présenter une surface unie assez uniformément rouge.
33
Touzaud et Pierre Du Chambon, déjà cités.
Abbé Valentin Dufour, La grande et excellente cité de Paris.
35
Jean de Léry, Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil.
36
A. Métraux, A propos de deux objets Tupinamba.
37
André Thevet, Manuscrit de la Bibliothèque nationale, Histoire d'André Thevet, déjà cité.
34
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La massue ou casse-tête se compose d'un manche en bois de 113 centimètres, terminé à l'une de ses
extrémités par une masse également en bois de 18 centimètres environ, et à l'autre par une poignée de
fibres et de franges de coton où s'attachaient autrefois des plumes.
Thevet lui-même, dans ses manuscrits, nous signale l'intérêt et l'usage de ces objets: les capes de
plumes étaient arborées à l'occasion des fêtes, et principalement lorsqu'on exécutait ou mangeait un
prisonnier de guerre; la massue jouait son rôle dans les cérémonies, les danses et enfin les exécutions
et, sans doute, celles de Quoniambec plus que de tout autre, puisqu’au dire de Thevet ce roi aurait
mangé des milliers d'ennemis et bon nombre de Portugais. Les Français durent donc se féliciter de
leurs bonnes relations avec Quoniambec.
Esprit des plus aventureux, Thevet n'hésite pas à entreprendre les voyages les plus pénibles pour
satisfaire sa curiosité; il n'épargne ni ses soins ni sa peine; il cherche à s'instruire par tous les moyens;
c'est un lecteur infatigable et il écrit très justement:
"Je puis assurer que la plupart des bibliothèques, tant françaises qu'étrangères, ont été par moi
visitées à celle fin de pouvoir recouvrer toutes les raretés et singularitez"38.
Aussi il est bien téméraire de taxer Thevet d'imposture, de mensonge et d'ignorance. Sans doute sa
crédulité fut parfois bien grande; mais cela. ne permet pas de discréditer en bloc son œuvre. Les
voyageurs qui l'avaient précédé, y compris ceux de l’antiquité (comme Hérodote), que l'on continue
encore à lire de nos jours, n'ont-ils pas accepté, eux aussi des récits invraisemblables? Il est certain
que Thevet fut plus près des méthodes de travail du Moyen Age que des nôtres; il n'en fut pas moins
un géographe (nous pouvons dire actuellement un ethnographe) et un écrivain laborieux. S'il fut de
son époque pour la crédulité, son savoir fut certainement bien supérieur à celui de son temps.
Meneken, dans son Traité de la charlatanerie, déclare que Thevet savait 28 langues et qu'il les parlait
avec facilité. Il y a sans doute dans cette affirmation une exagération, mais elle montre cependant le
cas qui pouvait être fait des connaissances de Thevet. Les vocabulaires qu'il recueillait et que l'on
trouve dans ses publications et ses manuscrits ont été largement utilisés par les linguistes, souvent
sans souligner la, part qui lui en revenait.
Son désir de connaître s'exprime du reste dans la dédicace de son premier ouvrage, où il déclare s'être
"aventuré tant à la mer hazardeuse qu'aux vents furieux pour avoir et connaistre l'expérience des
choses".
C’est donc par un juste retour des choses que nous voyons un regain de faveur se manifester à l'égard
des œuvres de Thevet. Déjà les Etudes Rabelaisiennes ont, à maintes reprises, souligné de combien
nous lui étions redevables au point de vue linguistique.
Nous avons déjà dit qu'une partie de son œuvre non encore éditée se trouvait heureusement conservée
à la Nationale. Nous sommes persuadé qu'ethnographes, et même folkloristes, ont encore beaucoup à
y puiser. Nous avons montré l'intérêt des souvenirs Tupinamba conservés grâce à lui; nous avons
souligné que, si les gravures qui accompagnent son texte présentent un réel intérêt documentaire, cela
tient surtout à l'attention avec laquelle il a surveillé leur exécution. Dans son œuvre on trouve une
foule de détails des plus intéressants. Quant il écrit:
"les vaisseaux dont ils (les sauvages) usent sur l'eau sont de petites barquettes composées d'écorce
d'arbres sans clous ni chevilles, longs de 5 ou 6 brasses et de 3 pieds de largeur"39,
ne montre-t-il pas, par ce détail si précis, combien de choses intéressantes sont encore dans cette
œuvre. Nous sommes convaincu que l’avenir se montrera moins sévère que le passé; du moins
échappons-nous à cette atmosphère de basse jalousie que surent créer ses ennemis, envieux de son
crédit à la cour, crédit dont il sut jouir sans interruption pendant plus de trente années.
Aussi pensons-nous devoir terminer en citant l’opinion qu’émettait déjà au commencement du siècle
dernier son compatriote Louis Desbrandes et à laquelle on peut souscrire.
38
André Thevet, Préface des Vrais pourtraicts et vies des hommes illustres, déjà cité.
André Thevet, Manuscrit de la Bibliothèque nationasle, Second voyage dans les terres australes et
occidfentales.
39
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"Pour moi, loin d'être conduit par un esprit de partialité en prenant ici sa défense, je ne ferai que
suivre un écrivain respectable qui s'est fait un devoir de lui rendre toute la justice possible. Il lui
reproche à la vérité une excessive crédulité qui lui faisant recevoir trop avidement tout ce qu'on lui
racontait, lui a fait débiter quelques faussetés; mais il avoue qu'il ne prétendit jamais pour cela
inventer. Il dit qu'on ne peut nier qu'il eût beaucoup lu, et qu'il eût même beaucoup d'érudition;
mais il ajoute que son jugement, son goût et sa critique n'y répondaient pas. C'est ainsi que
s'explique M. Drouet au sujet de cet homme à qui l'on ne donne que l'ignorance en partage, sans
avoir égard à ses longues veilles qui auraient au moins dû parler en sa faveur, puisque ce ne fut que
le zèle de servir sa patrie qui lui fit entreprendre les plus longs voyages qui l'exposèrent à bien des
dangers pendant 23 ans dans les quatre parties du monde. Quelle que soit l'opinion qu'on ait de lui,
ses écrits immenses, qui ne peuvent être que le fruit d'un long travail, que les curieux recherchent
encore, tant parce qu'ils contiennent l'histoire et les portraits des hommes les plus célèbres de
l'antiquité que parce qu'ils instruisent des mœurs et des coutumes des peuples les plus sauvages
qu'il a eu l'occasion de connaître"40.
Bibliographie et Notes
Voici un essai de bibliographie descriptive des œuvres imprimées de Thevet
1.- Cosmographie du Levant, à Lyon, chez Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, 1554. L'ouvrage est dédié au
comte de La Rochefoucauld. In 4o. Réimpression:
a) chez les mêmes en 1556; édition revue et augmentée de plusieurs planches in 4o.
b) à Anvers, chez Jean Richard, au soleil d'or, avec figures sur bois (une de ces figures représente Thevet avec
l'habit de cordelier), in 4o, 1558.
La Cosmographie du Levant est un ouvrage devenu extrêmement rare et il ne doit se trouver qu'à la réserve de la
Bibliothèque nationale et à la bibliothèque de Lyon, et seulement dans l'édition de 1556.
2.- Les Singularitez de la France Antarctique autrement nommée Amérique et de plusieurs terres et les
découvertes de notre temps par F. André Thevet, natif d'Angoulême. A Paris, chez les héritiers de Maurice de la
Porte, au Clos-Bruneau, à l'enseigne de Saint-Clault, 1558. Avec privilège du Roi.
Cet ouvrage, orné de 8 gravures sur bois, constitue la relation du voyage de Thevet au Brésil; il est dédié au
Cardinal archevêque de Sens dont les armes figurent au frontispice. Le succès semble en avoir été assez grand,
puisque deux éditions parurent coup sur coup. Il parut à Venise, traduit en italien, en 1561 in 8o. Une troisième
édition fut publiée en 1584. Enfin, en 1878, Paul Gaffarel, professeur à la faculté des lettres de Dijon, auteur
lui-même d'une Histoire du Brésil Francais. Croyait
"utile d'éditer de nouveau.., ce précieux recueil où se trouvent consignés des renseignements curieux... œuvre
utile et surtout intéressante."
L'ouvrage, comme tous ceux de Thevet, était devenu extrêmement rare et était recherché particulièrement en
Amérique. Cette dernière édition a paru chez Maisonneuve.
3.- Discours sur la bataille de Dreux avec le portrait d'icelle, in 8o, Paris, 1563, (Réédité en 1875 ?).
4.- La cosmographie Universelle, 2 volumes in folio, à Paris,
1571. Elle est ornée d'un beau portrait de Thevet, représenté avec les attributs de cosmographe: compas, globe
terrestre, etc. Quelques planches représentent les choses les plus remarquables vues par l'auteur.
A la Bibliothèque d'Angoulême se trouve La Cosmographie Universelle d'André Thevet, cosmogragraphe du
roy, illustrée de diverses figures plus remarquables veuês par l’auteur et incogneues de nos anciens et modernes.
A Paris, chez Pierre L'Huillier, rue Saint-Jacques, 1557, 2 vol.
Cet ouvrage fut cyniquement pillé et critiqué par Belleforest dans ses additions à la Cosmographie Universelle
de tout le monde par Munster, beaucoup plus augmentée et enrichie par François de Belleforest, Commingeois,
Paris, 1575. Thevet fut vivement blessé de ce procédé et Belleforest plus tard à son lit de mort demanda pardon
pour son injustice.
Cet ouvrage de Thevet ne fut pas réédité; la Bibliothèque nationale n'en possède que le premier volume; la
bibliothèque de l'Arsenal possède les deux volumes sans le portrait. Au cours du siècle dernier parurent deux
40
Louis Desbrandes, déjà cité.
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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réimpressions partielles: en 1858, sous le titre de Cosmographie Moscovite, le prince de Galitzin fait paraître des
extraits de la Cosmographie Universelle et des Pourtraicts...
en 1881 l'abbé Valentin Dufour, sous le titre La grande et excellente cité de Paris, publie dans la "Collection des
anciennes descriptions de Paris" des extraits de la Cosmographie Universelle de Thevet; cet ouvrage se trouve à
la bibliothèque municipale d'Angoulême.
5.- Des vrais portraicts et vies des hommes illustres, grecs. latins et payens, recueilliz de leurs tableaux, livres,
médailles antiques et modernes, par André Thevet, Angoumoysin, premier cosmographe du Roy. A Paris, chez
la veuve I. Kernert et Guillaume Chaudière, rue Saint-Jacques, 1584. Avec privilège du Roy. 2 tomes in-fol,
parus sous la même pagination (663 pages); avec, pour chaque personnage, un portrait.
La deuxième édition, parue sous le titre: Histoire des plus illustres et savans hommes de leurs siècles, tant de
l'Europe que de l'Asie, Afrique et Amérique, avec leurs portraits en taille douce tirez sur de véritables
originaux, par A. Thevet, historiographe, divisé en huit volumes in-12. A Paris, chez François Mauger, au
quatrième pilier de la Grande Salle du Palais au Grand Cyrus, M.DC.LXXI.
Cet ouvrage se trouve à la Bibliothèque d'Angoulême.
Outre les portraits signalés en tête des volumes, il existe au Cabinet des estampes plusieurs effigies de Thevet,
pour la plupart dénuées d'intérêt et fort tachées.
Le portrait de Thevet a été gravé par Thomas de Leu41. In-4o, et plusieurs fois en petit format.
Dans sa réédition, Paul Gaffarel rapporte que
"M. Vaslet, d'Angoulême, lui a signalé un autre portrait, d'ailleurs insignifiant, de Thevet par Léonard
Gaultier".
Ses œuvres donnèrent lieu à une image satirique qui le représente
"sous deux figures à côté l'une de l'autre la première en habit de cordelier; la seconde en habit séculier avec
un gros livre sur la tête. Au bas de la première était ce vers
Asne sous la grise vêture
et, au bas de la seconde, celui-ci
Plus asne encore sous cette couverture."
(Remarques sur les bibliothèques de Lacroix du Maine. Paris 12772, 6 volumes).
Dans son ouvrage les Vrais poutlraicts, on trouve, en tête des deux tomes, un très beau portrait de Thevet sans
surcharge d'attributs et qui peut beaucoup aider à l'identification de notre personnage de la collection Gaignères.
Le dessin de la collection Gaignères, conservé à la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, a un calque au
département des estampes (Copie d'Oxford, tome XVI, p. 76).
Dans ce dessin, catalogué comme tapisserie et dont la bordure semble bien indiquer une tapisserie, M. Adrien
Blanchet, membre de l'Institut, voit la reproduction du vitrail de Thevet dont nous avons parlé plus haut. Si ses
arguments méritent la plus grande attention, la question, en ce qui concerne cette étude, n'a que peu
d’importance et nous ne nous y attarderons pas, tapisserie ou vitrail ayant aujourd'hui disparu. Ce qui compte
pour nous, c'est le sujet même qui, fort heureusement, nous a été conservé. Il résume et symbolise toute la vie de
notre compatriote avec un peu de fatuité puérile.
Le motif central attire tout de suite notre attention; nous reviendrons ensuite à la bordure qui, elle aussi, ne
manque pas d'intérêt.
En avant et sur la gauche, un religieux à genoux devant un prie-Dieu c'est André Thevet, vêtu d'une robe bleue et
d'un manteau rouge. Adossé à sa croix, si caractéristique, se tient son saint Patron. Thevet croise les bras en
tenant de la main droite une palme soulignant la croix de Jérusalem qui se détache sur son épaule gauche
première allusion à son pèlerinage en Terre Sainte et à son titre de chevalier du Saint-Sépulcre. Venant vers lui
et se détachant sur un fond de verdure, le Christ, habillé d'une roble bleue, auréolé d'or, s’avance escorté par
deux pèlerins vêtus de jaune, de brun et de bleu foncé, portant le bourdon sur l'épaule. Dans le fond, une ville
d'on se détache un dôme, celui du Saint-Sépulcre incontestablement, car les palmes, la croix de Jérusalem, le
Christ, les pèlerins et le bourdon sont des allusions trop évidentes au pèlerinage d'André Thevet en Terre Sainte.
41
Graveur et dessinateur né à Paris entre 1560 et 1570. A gravé les portraits d'une quantité de personnages
considérables de son temps. Ses travaux sont d'une grande finesse.
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En avant, des fleurs, une petite pyramide et un tas de livres qui rappellent le passage de Thevet en Egypte et son
énorme production.
La bordure mérite d'être observée en détail. Aux quatre angles, un médaillon entourant une tête d'ange. Le
bandeau supérieur comprend, au centre, une inscription latine encadrée:
MANE NOBIS
CVM DOMINE
Le cadre est relié de chaque côté par une palme à un car touche portant la croix de Jérusalem; une guirlande de
feuillages, de fleurs et de fruits relie ces cartouches aux médaillons d'angle. Ces feuillages et ces fruits se
retrouvent dans les bordures verticales; au milieu de chacune d'elles est un écusson où Thevet semble s'être
donné des armoiries
"de gueules à la sphère d’or accompagnée de 15 yeux d'argent disposés en orbe; au chef d'azur à trois mâts de
vaisseau d'argent submergé sur une mer agitée de même".
Au-dessus, entre deux palmes de part et d'autre, le monogramme A.T. Au-dessous de l'écusson, deux rectangles
montrent un moine se servant sans doute d'instruments astronomiques. Dans le bandeau inférieur, complétant les
allusions aux différents voyages de notre compatriote, deux crocodiles la tête tournée de chaque côté de
l'inscription suivante:
André THEVET.
Cosmographe de quatre rois de
France, chevalier du St sépulchre
Après avoir visité la sainte cité de
Jérusalem et autres contrées
Prises d’un Pol a Vautre: fit faire
Cette pièce. priez dieu pour lui.
A la Bibliothèque Nationale se trouvent des ouvrages manuscrits d'André Thevet ou qui lui sont attribués:
1.- Description de plusieurs isles, fonds français, N. 17.174.
2.- Traduction de l'Itinéraire du juif Benjamin de Tudèle (XIIe s.), fonds français, N. 5,641.
3.- Le grand insulaire et pilotage, fonds français, N. 15,452. Ce manuscrit et le N. 17,174 (ci-dessus) constituent
sans doute deux études préliminaires pour une description de toutes les îles que Thevet se proposait de publier
sous le titre d'Inzerlain.
4.- Histoire d'André Thevet Angoumoisin, cosmographe du roy, de deux voyages faits aux Indes Australes et
Occidentales, contenant la façon de vivre des peuples barbares, fonds français, N. 15,454.
5.- XVe livre de la Naturelle et générale description des Indes fonds français, N. 19,031.
6.- Second voyage dans les terres australes et occidentales, fonds français, N. 17,175. C'est une copie, ou peutêtre le premier jet du N. 15,454: ratures plus nombreuses, mauvaise écriture.
7.- Thevet d'Angoulême, les Chroniques des rois de France jusqu'au XVe siècle, fonds français, N. 5,734. Textes
divers, certains sur parchemin; l'un est signé Thevet; l'attribution des autres à Thevet nous semble douteuse.
Nous savons en outre que Thevet, qui, au cours de ses voyages et particulièrement en Grèce, avait fait des
fouilles pour sa collection de monnaies, préparait un traité des monnaies avec planches. Il semble que ce projet
ait été près d'être mis à exécution, bien que nous n'ayons retrouvé ni manuscrit ni planches le concernant.
La bibliothèque de l'Arsenal possède un manuscrit (N. 4,621) contenant l'épitaphe d'André Thevet.
De nombreux auteurs se sont occupés incidemment ou spécialement de Thevet:
Louis Desbrandes, Histoire inédite de l'Angoumois (copie exécutée sur le manuscrit, collection de l'auteur).
B. Quignon, Notices anecdotiques et historiques sur Angoulême (inédit; copie exécutée sur le manuscrit,
collection de l'auteur).
Bulletins de la Société archéologique de la Charente, années 1845, 1902, 1907, 1908.
Martin-Buchey, Géographie de la Charente.
Marvaud, Petite Géographie de la Charente.
Bulletin du Musée d'Ethnographie du Trocadéro, janvier 1932:
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64
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15
article de M. Alfred Métraux, A propos de deux objets Tupinamba du Musée d'Ethnographie du Trocadéro, N. 318.
Jean de Léry, Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil, autrement dite Amérique; 1re édition (in-8o) en
1578; 2e édition revue et corrigée par l'auteur, La Rochelle, in-8 même année; 3 édition, Genève, 1580. in-8O; 4e
édition, La Rochelle, in-80, 1585; 5e édition, Paris, 1600, in-8O. Léry avait écrit son récit en Amérique avec,
suivant son expression, "de l’encre du Brésil". Nouvelle édition avec une introduction et des notes par Paul
Gaffarel, Paris, 1880.
Arthur Heullard, Villegagnon, roi d'Amérique, Paris, 1897.
De Thou (Jacques-Auguste), Historia sui temporis.
E.-T. Hamy, Origine du Musée d'Ethnographie, histoire et documents, 1890.
Chanoine le Beuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, 15 vol., in-12, 1754. Additions de F.
Bournon, t. IV, p. 298.
F.-W. Hasluck, Thevet Grand insulaire and his Travels in the Levant. The annual of the british school at Athens,
N. XX. Session 1913-1914, p. 63 et suiv.
Jacques du Breul, Le Théâtre des antiquitez de Paris, 1612, p. 536.
Adrien Blanchet, membre de l'Institut, Le vitrait d'André Thevet aux Cordeliers; Bulletin de la Société de
l'histoire de Paris, 1919.
Jean-Marie Carré, professeur à la Sorbonne, Voyageurs et écrivains français en Egypte; Publications de
l'Institut Français d'archéologie orientale, Le Caire, 2 vol., 1932.
Journal Le Jour, 10 février 1937: "C'est une erreur, Nicot n'a pas découvert, le tabac", par Claude Gaudin.
Biographie Universelle, Notice sur Thevet, rédigée par Weiss, T. XLV, Paris, 1826.
Bulletin de la Société des Etudes Rabelaisiennes:
T. II,
p. 179, 269.
T. III,
p. 291, 292, 299.
T. IV.
p. 195, 381.
T. VIII,
T. IX,
T. X,
p. 164, 165, 354.
p. 270.
p. 34, 40, 43, 307, 308, 312, 501.
Niceron Jean-Pierre, Mémoires pour servir â l’histoire des hommes illustrés de la république des lettres, avec
un catalogue raisonné de leurs ouvrages, Paris, 1727-1745, 43 vol., in-12; voir notice sur Thevet au tome XXIII.
Monumentale compilation assez inégale, mais où, chose remarquable pour l'époque, les sources sont indiquées,
ainsi qu'un catalogue minutieux des œuvres d'un auteur et les différentes éditions.
X
Quelques Figures Charentaises en Orient, Geuther, Paris, 1939, pp. 39-64