© Le vieil Homme et le Banc Le vieil homme s`est assis sur un banc
Transcription
© Le vieil Homme et le Banc Le vieil homme s`est assis sur un banc
© Le vieil Homme et le Banc Le vieil homme s’est assis sur un banc dans le square pour se reposer quelques instants. Il s’est installé sous les arbres afin de profiter de leur fraîcheur. Béret vissé sur la tête, il pense, le regard perdu dans ses souvenirs. Enfant il venait dans ce même parc avec sa mère et son frère. Ils jouaient aux billes dans les allées, se coursaient, riaient, criaient et quelquefois même se battaient. Maman intervenait alors pour les séparer. Elle les faisait asseoir chacun à un bout du banc, en punition. Ils se penchaient en avant ou en arrière pour se regarder en chiens de faïence au-delà de leur mère, assise entre eux. Très vite les clins d’œil et les rires étouffés prenaient le relais. Maman les autorisait à reprendre leurs jeux, à condition qu’il n’y ait plus de bagarres. A quatre heures elle sortait de son cabas le goûter, soigneusement gardé dans un torchon. Une tranche de pain avec une barre de chocolat. Le pain de Maman, qu’elle avait pétri, façonné et cuit dans le vieux four de la cuisine. L’odeur du pain chaud, le croustillant de la croûte, la douceur de la mie… Rien à voir avec les baguettes de pain blanc d’aujourd’hui, cuites industriellement. Les souvenirs se bousculent dans sa tête. Il y a bien longtemps que Maman n’est plus là. Même son frère l’a quitté. Il se retrouve seul dans le square avec ses pensées d’autrefois. Les enfants d’aujourd’hui sont à l’école, laissant le parc sans rires, sans jeux, sans courses, sans cris, sans bagarres. Seul le soleil et le chant des oiseaux animent les lieux. Le vieil homme suit des yeux des pigeons qui se dandinent devant lui, quémandant quelques miettes à picorer. Les pigeons ont remplacé les piafs et les moineaux de son enfance dans la grande ville. Tout à changé. La végétation suffit à peine à couvrir le bruit des voitures, qui circulent en un flot continue. Assis sur son banc, pieds croisés, le vieil homme lance un regard nostalgique autour de lui. Soudain, il dresse l’oreille, n’a-t-il pas entendu des rires ? Des enfants surgissent en criant, en riant, en courant et se poursuivant. C’est une véritable tornade. La vie reprend. Le jardin s’anime. © Marie-Claude Hallé