la belle ouvrage
Transcription
la belle ouvrage
N° 95 - août 2012 - 3 € la belle ouvrage ! Une couturière ! Quoi de plus surprenant que d’être sollicitée pour réaliser un édito de la revue l’Ormée, qui ne s’adresse pas aux ouvrières et ouvriers en atelier mais plutôt à celles et ceux qui ont fait des études. Dans mes souvenirs militants, j’avais entendu dire qu’il avait existé la République des Ormistes à Bordeaux dont les réunions se tenaient place Sainte-Eulalie. On a bien fait taire les voix discordantes par rapport à l’époque. Qu’en est-il aujourd’hui ? Après des révoltes, des révolutions, violentes, armées ou pacifiques et réfléchies, appuyées par les idées d’émancipation et de liberté, on s’interroge encore. Couturière, qu’est-ce aujourd’hui ? Un art ? Un artisanat ? Peut-être les deux. Mon métier ? À l’âge de quatorze ans, j’entre en apprentissage à Camblanes près de Bordeaux. Bien sûr, pour les filles après le « certif », c’est soit Commerce, soit Couture avec l’idée : « Ça peut servir un jour si on se marie… » Même pour ce métier, il fallait passer un concours ; puis trois ans pour le CAP et deux ans pour le brevet, pour plus tard entrer à l’usine. Tout d’abord chez Beauvais, aujourd’hui disparu, puis Saint-Joseph où bon nombre d’entre nous n’ont pu oublier la grande lutte pour le maintien de l’emploi dans l’industrie manufacturière en France. L’idéologie capitaliste dominante, et la prétendue solidarité de gauche, ont mis en avant le concept : « À nous les Occidentaux, la haute technologie : TGV, Airbus, pharmacie, informatique ! Au Tiers monde, la manufacture ! » L’existence d’un individu, c’est d’être autre chose qu’un anonyme disparu à Pôle emploi. Je me souviens encore de mon bulletin de paie lors de la reprise Saint-Jo en 1982 après plus de cinq ans de chômage. Depuis, d’autres collègues ont continué la lutte. Après avoir fait mes preuves dans une boutique aujourd’hui disparue, j’ai décidé de m’installer "Couturière", nom ringard s’il en est ; aujourd’hui, on dit styliste, modéliste. À l’heure des nouvelles technologies, ce mot Couture flaire le sous-métier. Défendre la production française était synonyme de nationalisme. Est-ce que l’on a aidé les pays du Tiers monde à se développer ? Qui a gagné ? C’est ainsi que l’on a démoli les métiers dits manuels et ça continue. Ainsi à l’Éducation nationale, la formation Bac pro est réduite à trois ans. Le savoir-faire, le tour de main, ce qui semble magique, n’est pas écrit dans les livres. L’informatique ne donne pas le « bien-aller » d’un vêtement. Il faut de la technique et surtout ne pas oublier l’être humain qui n’est pas qu’un client. Rendre quelqu’un beau quelle que soit sa conformation (ou son âge ou sa profession…) c'est enfin respecter l’autre. La cliente, le client n’est pas qu’un porte-monnaie. L’élégance, le bien-être est un droit. Cela redonne une fierté. Qui de la main ? Qui du cerveau ? Interpréter un dessin, réaliser un vêtement, est-ce un art ? La même chose pour le théâtre. Quelle en est la fonction ? S’habiller ou habiller un texte, une danse ? L’habileté manuelle est conditionnée par les acquis théoriques et visuels. Lorsque je regarde quelqu’un entrer dans la boutique, je vois déjà ce qui se dégage de la personnalité dans l’instantané, puis je pose des questions. Ma fonction est d’habiller, de retoucher, de donner le goût de la beauté. Le métier manuel, c’est l’apprentissage tout au long de la vie. Dans une entreprise où le travail est parcellisé, on apprend avec les collègues, avec le chef de ligne et surtout avec le syndicalisme qui élargit le champ du possible avec l’autre. L’échange devient un fil conducteur avec les autres métiers, les autres entreprises où la mise en commun des intelligences aboutit à un produit. C’est la collection de mode, c’est la construction d’un avion, d’un train, c’est la réalisation de costumes pour une pièce de théâtre ou un film. Un ouvrier, même s’il n’a creusé que des tranchées, est fier d’avoir participé à la construction du tramway. Il peut dire « J’y étais !» Ce sera pareil pour le Pont levant à Bordeaux. La pièce de théâtre jouée devant le public, ce sera le même ressenti. Dans tout ce parcours long et semé de difficultés, j’ai estimé que pour avoir un moral en équilibre il fallait trois sortes de Couture, une pour les moyens financiers, une autre pour montrer le niveau de qualification et une troisième pour le plaisir. Et là j’ai pu rencontrer les artistes, les comédiens, travailler avec le metteur en scène, c’est se comprendre avec le texte, avec la gestuelle, avec le décorateur et le technicien lumière. J'interpréte un dessin comme un musicien une partition. Ce grand ensemble donne une ouverture sur la culture et la créativité. La Couture mène à tout, il suffit de projeter le regard sur d’autres horizons, rendre la fierté aux humbles en restant soi-même. Marie-Claude Ruiz Couturière à Bordeaux carte blanche Sciences, raison et culture, une « nouvelle alliance » Quelle part la Science devrait-elle avoir, au XXIème siècle, dans la culture générale ? C'est à cette question que l'Union Rationaliste invite ses adhérents et ses amis à réfléchir, à un moment où les interrogations sur le devenir de la civilisation se multiplient. La crise globale que nous vivons affecte l'ensemble des activités humaines et alimente les méfiances, voir les rejets à l'égard de la science et des technologies rendues responsables, pour nombre de nos contemporains, de la dégradation des conditions d'existence, vécue et présentée comme une fatalité de l'Histoire. Il est vrai que les progrès scientifiques et techniques n’entraînent pas automatiquement ceux de la société. Les moyens dont nous disposons aujourd'hui s'avèrent d'une puissance considérable et permettent d'imaginer des possibilités d'action sur l'homme et son environnement peu concevables dans un passé récent. Et pourtant, paradoxalement, les problèmes cruciaux, ceux de la faim dans le monde, de la protection de la nature, de la gestion des ressources naturelles, de la sauvegarde de la biodiversité et les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés aux niveaux local et global s'aggravent et semblent même sans solution. Cette situation nourrit la désespérance et favorise la montée des idées les plus rétrogrades, les obscurantismes et les refuges vers l'irrationnel. La réflexion proposée par l'Union Rationaliste s'inscrit dans ce contexte. Elle se donne pour but d'apporter quelque éclaircissement sur les raisons de cette situation et les moyens de l'améliorer en s'appuyant sur sa propre histoire. En effet, l'Union Rationaliste a été fondée en 1930 à l'initiative de personnalités scientifiques, de philosophes, d'écrivains humanistes conscients de la nécessité de promouvoir la Raison comme un des moyens privilégiés de comprendre le monde et de le transformer en ouvrant des perspectives de progrès et de prospérité pour le plus grand nombre. Le contexte historique était inquiétant voire dramatique. La grande crise de 1929 avait provoqué souffrances et misères en jetant à la rue des milliers de travailleurs dans les pays industrialisés. La situation favorisait la montée d'idées conservatrices distillant l'obscurantisme et la haine, annonciatrices des horreurs « brunes » terrifiantes qui allaient mettre le monde à feu et à sang à la fin de la décennie. Il est révélateur que parmi ceux qui ont lutté dès 1930 contre le fascisme, on retrouve bien des fondateurs de l'Union Rationaliste comme le physicien éminent Paul Langevin dont l'engagement en faveur d'une culture générale et d'un enseignement novateur, notamment en matière scientifique, a profondément marqué les avancées démocratiques de la France libérée. Il défendait des conceptions révolutionnaires pour l'époque, d'une présentation de la Science qui s'inscrivait dans l'histoire d'une véritable conquête de vérité faite de raison, de doute, de confrontation et de critique, une démarche, souhaitait-il, devant être largement connue des citoyens. Rappelons à ce propos ce que les responsables actuels de l'Union Rationaliste reprennent et lui doivent : « Le véritable rationalisme n'a rien de commun avec certains excès de la rationalisation industrielle ou administrative. Il n'a rien de commun non plus avec une sécheresse logique qui rejetterait tout ce que les individus et les groupes portent en eux de richesses humaines. Enfin, il ne se confond nullement avec le scientisme d'il y a un siècle qui croyait naïvement que tous les problèmes humains, théoriques, pratiques et sociaux, seraient résolus par le seul progrès de la science... L'humanité comprend qu'elle s'est lentement dégagée de l'animalité par un effort technique, scientifique, politique et culturel qui révèle une capacité mentale d'adaptation, d'organisation, d'expérimentation et de critique, qu'on appelle la raison. La raison n'est pas tout l'homme ; mais c'est en perfectionnant sa raison que l'homme devient homme. Le rationalisme est d'abord la reconnaissance du rôle fondamental de la raison dans l'aventure humaine... L'Union rationaliste ne repose sur aucun dogmatisme doctrinal ou moral. Elle est ouverte à tous les esprits indépendants qui ne se satisfont pas des idées toutes faites ou des croyances incontrôlées. Elle lutte pour que l’État demeure laïque, assume véritablement sa fonction de protection des jeunes contre toutes formes d'endoctrinement, et donne à l'école publique indépendance et prestige. Elle lutte contre toutes les formes de l'irrationnel, ancien ou moderne. Elle lutte avant tout pour la liberté dans le respect de la loi de la République. » On devine là une volonté tenace de l'UR d'inscrire la promotion de la Raison dans un projet véritablement culturel associé à une vision humaniste de la société, vision héritée et adaptée des grandes avancées de la pensée humaine et des idées de liberté (Renaissance, Lumières, Révolution …). Citons, pour conforter cette vision « moderne » d'une science vivante et humaine, quelques extraits du chapitre III du William Shakespeare de Victor Hugo consacrés à « l'Art et la science », écrit pendant son exil en 1864. « Le progrès est le moteur de la science (…) c'est ce qui explique pourquoi le perfectionnement est propre à la Science (…). Le relatif est dans la science … et (ce) relatif, qui la gouverne, s'y imprime et cette série d'empreintes du relatif, de plus en plus ressemblantes au réel, constitue la certitude mobile de l'Homme (…). La science cherche le mouvement perpétuel. Elle l'a trouvé ; c'est elle-même (…). La Science est continuellement mouvante dans son bienfait. Tout remue en elle, tout change, tout fait peau neuve, tout nie tout, tout détruit tout, tout crée tout, tout remplace tout. Ce qu'on acceptait hier est remis à la meule aujourd'hui. La colossale machine Science ne se repose jamais ; elle n'est jamais satisfaite ; elle est insatiable du mieux, que l'absolu ignore. (…). Cette agitation est superbe. La Science est inquiète autour de l'homme ; elle a ses raisons. La Science fait des découvertes, l'Art fait des œuvres. La Science est un acquêt de l'homme, la Science est une échelle, un savant monte sur l'autre. La poésie est un coup d'aile... » (NB) Cette science dont parle le poète n’a plus que de lointains rapports avec celle que nous connaissons aujourd’hui, affectée et contrainte, pour une bonne part, par les logiques de marchandisation, de rentabilité à court terme, loin des conceptions humanistes dont se réclamaient savants et poètes de l’époque. Y a-t-il encore place pour une nouvelle culture de réconciliation de la Science et des Hommes ? C’est bien une des principaux défis de notre temps. Paul BROUZENG Président de l'URAq (Union Rationaliste Aquitaine) NB : nous devons à notre collègue et ami Jean Marc Lévy Leblond la publication de ces extraits dans un ouvrage publié par Actes Sud en 1985. On lui doit également d'avoir œuvré et initié le projet de « mettre la Science en Culture ». 2 L’Ormée Billets d'humeur « Intime Conviction» Bordeaux, dimanche 03 juin 2012 Le 25 mai 2012, dans l’après-midi je poste sur Facebook : « Framboise Thimonier ne peut s'empêcher de penser que le milieu artistique tue aussi... Gabi Farage mort aux champs d'honneur du travail excessif. Bullshit !!!! » Je lis et relis cette phrase peu enjôleuse, voire même pas sympathique du tout. Pourquoi l’ai-je écrite lorsque j’ai appris le suicide de Gabi Farage ? Gabi était un grand homme, de ces humains qui vous marquent et vous impressionnent. Il a laissé des traces dans bien des villes, quartiers, rues qui l’ont accueilli. Plusieurs hypothèses s’enchevêtrent pour tenter d’accepter, de comprendre un suicide. Les souffrances sont multiples et plusieurs facteurs interviennent dans le passage à l’acte. Pour ma part, je suis intimement convaincue qu’une des explications se situe dans la souffrance au travail. Gabi est un suicidé du travail comme ces salariés de Renault, France Télécom, La Poste… Les analyses sur les suicides par pendaison émettent comme signification que la personne qui se pend se réfère symboliquement à la potence, condamnation réservée essentiellement aux esclaves. Ce geste, ce qu’il révèle à mes yeux, c’est le symptôme des dysfonctionnements de notre secteur artistique et culturel, de la courses aux projets, aux rendez-vous, se déplacer sans cesse pour être présent où il faut, quand il faut, avec la nécessité de réussir les productions, de boucler les budgets prioritairement de manière équilibrée, ne pas être à court d’idée, et puis recommencer un autre projet et puis encore un autre… Des métiers que nous choisissons, que nous aimons, que nous exerçons avec passion ne peuvent pas revêtir un caractère morbide. A priori. Le milieu artistique est lui aussi mortifère. Il tue comme d’autres secteurs professionnels. La disparition violente de Gabi Farage fait résonner cette conviction intime. Pourquoi ne changeons-nous pas les modalités d’exercice de nos métiers, Pourquoi ne parlons-nous quasiment jamais des suicidés de nos professions, pourquoi n’admettons-nous pas que notre secteur génère lui aussi des souffrances qui peuvent devenir inéluctables ? Son geste soulève en moi ces questions. Nous devons avoir le courage de les entendre. Framboise Thimonier Professionnelle du spectacle vivant, syndicaliste HUMEUR Et toi, tu lis quoi ? On le sait, le film de Benoît Delepine et Gustave Kervern, Le Grand Soir, a été tourné, pour l'essentiel, sur le centre commercial Rives d'Arcins, à Bègles. Le compte-rendu du film dans Le Monde (06.06.2012) parle de celui-ci comme de lieux « conçus et financés par de grands groupes privés (qui) sont en réalité assujettis jusque dans le moindre détail à la logique de la consommation et de la rentabilité ». Il serait sans doute malséant de rappeler que ces lieux ont surtout été voulus, pour sa plus grande gloire, par un grand humaniste, ardent défenseur de l' « écologie politique » et contempteur zélé de la surconsommation, un certain Noël Mamère... G. L.-S. Il avait paru, disparu, il revient avec le nom du temps qui vient : L’Impossible*, vingt ans après la disparition de l’autre journal. Je voudrais vous donner envie de lire ce mensuel dont chaque page me fascine. Je déguste, je dévore. Il y a des mots justes, des mots qui disent la vérité des choses, des mots qui dérangent, qui font écho à nos bonheurs, à nos souffrances, à nos espoirs. Il y a des photos plus vraies que vraies. Dans chaque numéro, à chaque page je voudrais partager quelques phrases, citer des noms : Asmaa el-Ghoul, Aléxis Tsípras, Béatrice Leca, Francis Marmande, Selim Nassib, Gaëlle Obiégly, Aimé Césaire, Laurence Hubert… Merci à Michel Butel. Nous étions sur un quai de gare, orphelins de ces mots qui sont des traces, qui parlent de ce qui a précédé leur venue. Merci d’avoir inventé ce journal pas comme les autres. Madau Lenoble * L’IMPOSSIBLE, en kiosque, 5€ Directeur Michel Butel 10 rue des Bluets/75011 Paris- www.limpossible.fr L’Ormée 3 Soutien aux artistes tunisiens Chers amis, Nous pensons que vous avez suivi l’actualité tunisienne, ces derniers temps. En voici un bref récapitulatif : Des agressions physiques à répétition à l’encontre des artistes et des intellectuels tunisiens ont été enregistrées dans différentes régions du pays : mars 2012 : une manifestation théâtrale réprimée par des milliers de Salafistes en plein centre ville de Tunis et des artistes agressés ; des intellectuels attaqués lors de l’organisation de conférence publiques ; mai 2012 : tentative de meurtre et agression physique très grave sur un professeur de théâtre et artiste, et les membres d’une association artistique au Kef… Tout ceci au vu et au su des forces de l’ordre et sans qu’une position sérieuse ne soit prise par le gouvernement afin de protéger les artistes et de poursuivre les agresseurs ! Du 1er au 10 juin dernier, s’est tenue à Tunis la 10e édition du Printemps des Arts. Tout s’est parfaitement déroulé jusqu’au dernier jour où un huissier notaire a pris des photos de quelques œuvres exposées pour les exhiber dans une mosquée tenue par des extrémistes, affirmant qu’elles portaient atteinte au sacré. Des pages Facebook proislamistes ont alors réalisé un montage de quelques toiles jugées blasphématoires par eux (la caricature d’un barbu, une installation de bustes de femmes lapidées, des fourmis sortant du sac à dos d’un élève pour former la phrase « Gloire à Dieu », sachant que la fourmi est un insecte privilégié dans le Coran) et ajoutant des photos d’œuvres qui n’avaient jamais figuré au Printemps des Arts ni même en Tunisie. A partir de là, c’est l’effet boule de neige : des fanatiques s’attaquent au Palais Abdelliya qui a abrité l’événement, détruisant et brûlant des œuvres d’art ; des appels au meurtre des artistes sont lancés ; des biens privés et publics sont incendiés ; des confrontations ont lieu entre extrémistes et policiers. On déplore des dizaines de blessés et même un mort dans les rangs des fauteurs de troubles Salafistes… Au lieu d’apaiser les tensions et de rétablir la vérité au sujet des œuvres exposées, les membres du Gouvernement accusent les artistes d’attaquer les symboles de l’Islam. Nos gouvernants ne font ainsi qu’entretenir la confusion dans l’esprit du commun du peuple et participer à sa scission. Et pour couronner le tout, notre propre ministre de tutelle, M. Mehdi Mabrouk, ministre de la culture, a contribué à cette mise à l’index des créateurs et est allé encore plus loin en décidant de fermer l’espace Abdelliya et en portant plainte contre les organisateurs du Printemps des Arts, jetant ainsi en pâture les artistes à la vindicte populaire. Le Syndicats des Artistes Plasticiens a annoncé dans sa conférence de presse qu’il portait plainte contre 3 ministres, dont celui de la Culture. Nous vous adressons cette lettre, chers collègues, amis des arts et de la liberté, afin que vous nous supportiez face à cette nouvelle Inquisition. Nous vous demandons de bien vouloir rédiger des communiqués exprimant votre solidarité aux artistes tunisiens. Reçu à l’Ormée p. 1 p. 2 p. 3 p. 4 p. 4 Dispensé de timbrage Bordeaux Meriadeck L’Ormée 15, rue Furtado 33800 Bordeaux Déposé le : 08 08 2012 Pour avoir un impact fort et efficace, ce communiqué doit être officiel et signé par un maximum de syndicats et d’associations des différents secteurs de l’Art (arts plastiques, cinéma, danse, théâtre, musique…) En vous remerciant à l’avance de votre soutien. Collectif tunisien pour l’art, la culture et les libertés www.lapetition.be/en-ligne/Appel-asoutenir-les-artistes-tunisiens-11611.html Scénes d'été en Gironde www.scenesdete.fr Uzete musical 35e Hestejada de las Arts 8 L’Ormée La belle ouvrage Marie-Claude Ruiz Science, raison et culture, une "nouvelle alliance" Paul Brouzeng Billets d'humeur Vincent Taconet Soutien aux artistes tunisiens Encart Des responsables, comme l’Imam de la Zitouna, ou des chefs de groupes Salafistes, Et le Josem à l'Huma appellent carrément au meurtre de nos artistes. E.Fargeaut et N.Lescombe Désormais, bon nombre d'artistes reçoivent Icono Photos N_VR des menaces de mort tous les jours via les réseaux sociaux, appels téléphoniques et SMS. REÇU A L’ORMÉE La manifestivité poïélitique d’Occitanie océanique / du 18 au 26 août 2012 35e Hestejada de las arts dédiée à Allain Leprest (poète, chanteur) Jef Gilson (musicien compositeur) et Roger Lafosse (fondateur du festival bordelais légendaire SIGMA). La manifestivité transartistique poïélitique d’occitanie océanique qui tient sa renommée d’une pratique consommée d’un art de l’improvisation (composition instantanée mult’immédiate) « s’archipélisera » sur les communes d’ UZESTE, MAZÈRES, POMPÉJAC, LIGNAN de BAZAS, NOAILLAN, CAZALIS. Pour cette 35 édition, l’archipélisation de l’événement s’imprime du désir de lire et d’interpréter la partition environnementale locale (sociale historique écologique esthétique) riche de potentiel poïélitique. La Cie Lubat, œuvrière artistique de l’événement, sème la danse et invite aux agapes de nombreuses personnalités des arts et des lettres. Sommaire 30e Festival international d'orgue de Bordeaux 12 juin au 16 octobre Entrée libre Organisé par MUSICA IN CATHEDRA musica-in-cathedra.olympe-network.com Pour nous contacter : [email protected] «L’Ormée» 05 56 25 38 46 [email protected] www.cie-lubat.org Publication du secteur culturel de la Fédération de la Gironde du PCF 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux - T. 05 56 91 45 06 Directeur de la publication : Michel Dubertrand Rédacteur en chef : Natalie Victor-Retali Abonnements : 1 an : 10 euros de soutien : 20 euros, 50 euros Tirage : 3 000 exemplaires Composition et impression : Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux Email : [email protected] CPP AP n° 0713 P 11493 Et le JOSEM à L’HUMA ! La venue du Jeune orchestre symphonique de l'Entre-deux-Mers, alias le JOSEM, n’est pas passé inaperçue auprès du public de la Fête de L’HUMANITE en mai dernier ! À la baguette, le jeune chef Éloi Tembremande fit vibrer sa troupe orchestrale sous le grand chapiteau d’une fête populaire adepte de l’éclectisme musical ! La qualité du concert, qui en étonna plus d’un dans l’assistance, n’en reste pas moins le fruit d’un long travail et d’une aventure qui ne date pas d’hier ! De jeune, l’orchestre en garde la composition, les musiciens mais, quand on a près de 25 ans, il y a là l’expression d’une certaine maturité et donc d’une réelle expérience de la scène ! A l’origine, en 1988, le JOSEM est né de l’engagement d’écoles de musique de l’Entredeux-Mers. Ces écoles étaient coordonnées par le CRAC ou (centre rural d’action culturelle). Une structure associative qui, dans les années 1980-1990 (années de la décentralisation mitterrandienne), fut particulièrement active dans le social, l’économique, le culturel en zone rurale voire périurbaine entre Garonne et Dordogne ! C’est un professeur de musique de St-Quentin de Baron, Hervé Fünfstück, devenu directeur, qui initia cette formation. Il avait l’objectif de faire jouer autant que faire se peut des jeunes musiciens amateurs, dans un orchestre « classique » parce que leur niveau et leur envie le leur permettaient. Au début, et la formule reste, il fallait dessiner une vraie formation, avec harpes, alto, violons et instruments à vents coincés entre le chef et les percussions. Le tout sur la base d’un répertoire accessible à tous mais exigeant ! Il est vrai que le terreau était et reste fertile dans la région, que des écoles de musiques se trouvent dans tous les gros bourgs du territoire (Créon, Camblanes, Artigues, etc). Elles sont généralement supportées par des municipalités conscientes de leur potentiel culturel et politique sur ces secteurs « rurbains » en voie de repeuplement depuis trente ans ! Comme les clubs sportifs, ces écoles ont répondu à un besoin sociétal pour les jeunes (et au-delà) et pour leurs familles venues s’implanter hors la métropole bordelaise. Le principe du JOSEM a toujours été le travail autour de projets originaux et de l’échange avec d’autres formations classiques internationales ! En vingt ans, le JOSEM s’est déplacé une quinzaine de fois en Europe tout en accueillant, à son tour, des chorales, des orchestres venus de Crète, Belgique, Espagne, Hongrie, Allemagne ou encore du Brésil ! Cette ouverture s’est aussi faite en direction d’autres styles musicaux avec la collaboration de compositeurs venant du jazz (tel Francis Mounier qui lui écrit le John C tutti dance) ou de la scène rock-alternatif-punk avec Bart Picqueur auteur de La Petite Symphonie Tzigane un peu punk. Ceci en souvenir du festival Musicalarue de Luxey, lieu de perdition musical estival et landais dont le JOSEM est devenu un habitué ! L’Artiste, Nicolas Lescombe Dans cette aventure symphonique il faut faire une place à part à Nicolas Lescombe, maître d’œuvre, compositeur et chef du JOSEM qui vient de passer la main après une expérience qu’il dit avoir été exceptionnelle. « On m'a proposé de reprendre le JOSEM en 2005, lorsque Hervé a décidé d'arrêter. J'avais jamais vraiment dirigé, mais je connaissais bien le JOSEM (j'y avais œuvré douze ans en tant que clarinettiste puis percussionniste), j'ai accepté en échange d'une formation. Le JOSEM est un orchestre de jeunes dirigé par les jeunes eux-mêmes. Il n'y a que 4 parents qui siègent au Conseil d'administration. Plus qu'un orchestre, c'est une véritable école de la vie, où en plus de l'amitié et du bonheur d'accomplir un projet musical ensemble, les notions de respect, de responsabilité sont très fortes. Le fait que ce soient les jeunes eux-mêmes qui décident, donne une énergie folle au projet. Je blague souvent en disant qu'ils m'ont viré dès que j'ai eu mon premier cheveu blanc. Mais ce n’est pas si faux, la magie de cet orchestre c'est sa jeunesse. En 2005, il restait 25 musiciens... J'ai demandé alors à Musicalarue de bien vouloir nous accueillir à nouveau. La sauce a pris et chaque année 5 à 6 jeunes musiciens nous ont rejoints. En 2006, nous avons participé aux Eurochestries en Sibérie. Ça a été un moment fort pour l'orchestre tout comme la rencontre Supplément au N° 95 - août 2012 avec La Rue Ketanou. Un trio de chanson française qui nous a fait confiance pour les accompagner aux Francofolies de La Rochelle à l'été 2009... J'ai continué de prendre des cours de direction et d’arrangement avec Bart Picqueur en Belgique. Ce compositeur, chef d'orchestre m'a donné la force de diriger cette boule de feu. En dirigeant le JOSEM, j'ai vécu des moments musicaux invraisemblables, j'ai beaucoup ri, beaucoup pleuré. Je n'avais pas le permis de conduire et on m'a laissé rouler au volant d'une Ferrari pendant six ans. Quel rêve !!! On ne m'en a même pas voulu lorsque je frottais les rails de sécurité ! Alors oui, lorsque j'ai vu ce premier cheveu blanc, j'ai compris qu'il fallait que je laisse la place pour que le rêve continue pour les jeunes ». D’autres projets en dehors de ton groupe Sans additif ? « En acceptant le fait que le JOSEM améliore le quotidien des adolescents qui le vivent, j'ai réfléchi à comment apporter ce plaisir à un maximum de jeunes Créonnais. C'est comme ça que j'ai créé la « classe orchestre » (qui a vu le jour en 2010 au collège de Créon, ndlr). L'idée est de calquer ce modèle éducatif sur des classes de collège, afin d'aider ces jeunes à mieux vivre leur adolescence, à prendre du plaisir à jouer et à travailler ensemble. J'espère que d'ici trois ou quatre ans il y aura des petits JOSEM au collège ». Et la Fête L’HUMANITE, quel sens lui donnes-tu ? « Lorsque je suis arrivé à la fête de l'Huma ce fameux dimanche, je me suis souvenu de mon père me réveillant à 6 h du mat lorsque j'avais 9 ans, je me suis souvenu de cette vieille camionnette partant de Moulon. On allait monter le stand de la cellule de Branne. J'adorais cette ambiance. J'ai très souvent participé à la fête de l'Huma. Cette fête est conviviale, généreuse et agréable. Lorsque le JOSEM a commencé à jouer, ça m'a mis les frissons, il était tellement évident que le JOSEM avait sa place sous ce chapiteau teinté d'humanité ». Emmanuel Fargeaut & Nico Lescombe