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République de Guinée
Ministère de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
Travail-Justice- Solidarité
UNIVERSITE KOFI ANNAN DE GUINEE (UKAG)
DROIT, SCIENCES ECONOMIQUES, SCIENCES DES GESTIONS, MIAGE
Année Universitaire 2002-2003
Stratégies De Lutte Contre La
Pauvreté Aux Comores
Mémoire pour l’obtention de la
MA I TR I S E
en
SCIENCES ECONOMIQUES
Par
Mohamed Nassurdine Ibrahim Ahamada
Email : [email protected]
Sous la Direction de :
Dr. BAYO Abdoul-Karim
Inspecteur des Impôts à la Direction Nationale
des Impôts (DNI).
Professeur d’Economie et de Communication à
l’Université Kofi Annan de Guinée.
Membres de jury
Dr. Ousmane KABA
Dr. Mankan KEÏTA
Dr. Al-Hassan MAKANERA
Dr. Ansoumane CAMARA
LE FONDATEUR DE L’UNIVERSITE KOFI ANNAN DE GUINEE
Docteur Ousmane KABA
2
Table des matières
Dédicace……………………………………………………………………
Sigles et Abréviations……………………………………………………..
Avant-propos………………………………………………………………
Introduction………………………………………………………………..
2
3
5
6
PREMIERE PARTIE: PROFIL ET CAUSES DE LA PAUVRETE
Chapitre 1: Profil de la pauvreté…………………………………………
9
1.1. Evaluation monétaire de la pauvreté…………………………………
9
1.1.1. Méthode de collecte des données………………………………..
1.1.2. Elaboration du profil de la pauvreté…………………………….
1.2. Identification géographique des pauvres…………………………….
1.3. Couverture sociale et filet traditionnel de sécurité…………………..
9
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13
Chapitre 2 : Causes de la pauvreté…………………………...…………
14
2.1. Faiblesse globale de l'économie……………………………………....
14
2.1.1. Baisse du PIB réel par habitant…………………………………...
2.1.2. La précarité de l'agriculture………………………………………
2.1.2.1. Produits d'exportation………………………………………...
2.1.2.2. Les produits vivriers………………………………………….
2.1.2.3. Pêche et élevage………………………………………………
2.1.3. Paralysie de l'industrie……………………………………………
2.1.4. Secteur tertiaire…………………………………………………..
2.2. Causes socio-politiques…………………………………………..…..
2.2.1. Augmentation de la population………………………………...…
2.2.1.1. Exiguïté du pays par rapport à la population…………………
2.2.1.2. Explosion démographique……………………………………
2.2.2. L'impact de la tradition sur la pauvreté………………………….
2.2.3. Instabilité politique……………………………………………….
2.2.4 Le poids de l'Union des Comores sur l'économie comorienne……
2.3. La dévaluation de 1994; catalyseur de la pauvreté aux Comores……
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DEUXIEME PARTIE: LES MESURES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
Chapitre 3 : Revue des stratégies passées… …………………….……..
3.1. Cadre macroéconomique………………………………..……………
27
27
3.2. Appui au secteur privé………………………………………………..
28
3
3.2.1. Moyens institutionnels mis en œuvre…………………………….
3.2.2. Moyens financiers utilisés………………………………………..
3.2.2.1. Sources traditionnelles……………………………………….
3.2.2.2. Sources modernes……………………………………………
3.2.3. Revenu des Comoriens de l'étranger…………………………….
3.2.4. Apport du secteur informel……………………………………….
3.3. Politiques sociales et lutte contre la pauvreté………………………...
3.3.1. Politique éducative……………………………………………….
3.3.2. Politique sanitaire………………………………………………...
3.3.3. Contradictions de l'évolution de la fécondité ………..…………..
28
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35
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Chapitre 4 : Nouvelles opportunités de croissance………… …………
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4.1. Appuyer les secteurs porteurs de croissance………………………….
4.1.1. Intervention en milieu rural………………………………………
4.1.1.1. Agriculture……………………………………………………
4.1.1.2. Améliorer la pêche……………………………………………
4.1.2. Création d'un port franc…………………………………………..
4.1.3. Les micro-crédits et l'émergence des PME/PMI…………………
4.1.4. Améliorer le domaine touristique………………………………...
4.1.5. Dynamisme culturel………………………………………………
4.2. Fournir des infrastructures et services de base……………………….
4.2.1. Améliorer l'adduction de l'eau potable…………………………...
4.2.2. L'électricité; outil de développement…………………………….
4.2.3. Postes et télécommunications……………………………………
4.2.4. Protéger le capital naturel………………………………………..
4.2.5. Améliorer le domaine social……………………………………..
4.2.5.1. Amélioration de capacités humaines … …………………….
4.2.4.2. Domaine sanitaire ……………………………………………
4.2.4.3. Planning familial……………………………………………..
4.2.6. Assurer la paix et la sécurité……………………………………..
4.2.7. Bonne gouvernance et développement économique aux Comores
4.3. Moyens financiers mis en œuvre……………………………………..
4.3.1. Evaluation des flux d'épargne disponible………………………...
4.3.1.1. Mobilisation de l'épargne interne…………………………….
4.3.1.2. Evaluation de transferts de fonds…………………………….
4.3.2. Politique Budgétaire et lutte contre la pauvreté………………….
4.3.3. Allégement de la dette ……………………...……………………
Conclusion……...…………………………………………………………..
Annexes……..………………………………………………………………
Bibliographie générale……………………………………………………
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DEDICACE
Ce travail est dédié à :
-
Dieu Allah le tout puissant de m’avoir crée et me donné le courage et la chance de
terminer le deuxième cycle universitaire.
-
Notre cher père feu Ibrahim Ahamada, que ce mémoire lui soit une prière le conduisant
au chemin droit.
-
Notre chère mère Madame Ladhati Issa pour son éducation et son amour.
-
Notre chère maîtresse d’école coranique Mme. Andhoimati Mikidad
-
Nos frères et sœurs ;
M. Mohamed Chami Ahamed
Mme. Chamsia Ahamed
M. Aboubacar Ahamed
Mme. Mariama Ibrahim
M. Youssouf Ibrahim
M. Mahamoud Ibrahim
M. Dahalane Ibrahim
M. Abdoul-Razak Ibrahim
-
Nos cousins et cousines, mes nièces et neveux ;
-
Parents d’accueil en Guinée Mme Néné Fatoumata BAH, Mr. DIALLO Younoussa et
Mme. Néné Oumou BARRY ;
-
Enfin à toute la première promotion de Droit, Economie et Gestion de l’Université Kofi
Annan de Guinée.
5
Sigles et Abréviations
AFD :
AMIE :
BCC :
BDC :
BEAC :
BECEAO :
BIAO :
BIC :
BIT :
BNP :
CCIAC :
CEEC :
CEMAC :
CFA :
CNE :
COI :
COMESA :
DID :
DSCRP:
EEDC :
FADC:
FARSP :
FC :
FIDA:
FMI :
FNG :
FNUAP :
FRF :
IDH :
INSEE :
ONG :
ONU :
OUA :
Agence Française de Développement
Appui à la Micro Entreprise
Banque Centrale des Comores
Banque de Développement des Comores
Banque Centrale des Etats d'Afrique Centrale
Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest
Banque Internationale pour l'Afrique de l'Ouest
Banque pour l'Industrie et le Commerce
Bureau International de Travail
Banque Nationale de Paris
Chambre de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture des Comores
Compagnie d’Eau et Electricité des Comores
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
Communauté Financière Africaine
Caisse Nationale d'Epargne
Commission de l'Océan Indien
Marché Commun des Etats d'Afrique de l’Est et Australe
Développement International Desjardins
Document Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté
Electricité et Eau Des Comores
Fonds d'Appui au Développement Communautaire
Fonds d'Assistance au Secteur Privé
Francs Comoriens
Fonds International de Développement Agricole
Fonds Monétaire International
Fonds National de Garantie
Fonds des Nations Unies pour la Population
Francs Français
Indicateur de Développement Humain
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
Organisation Non Gouvernementale
Organisation des Nations Unies
Organisation de l'Unité Africaine
6
PAS :
PIB :
PME :
PNAC :
PNB :
PNUD :
PPTE :
RFIC :
SARL :
SCH :
SNPT :
SOCOPOTRAM :
UEMOA :
USD :
Programme d'Ajustement Structurel
Produit Intérieur Brut
Petites et Moyennes Entreprises
Pharmacie Nationale des Comores
Produit National Brut
Programme de Nations Unies pour le Développement
Pays Pauvres Très Endettés
République Fédérale Islamique des Comores
Société à Responsabilité Limitée
Société Comorienne des Hydrocarbures
Société Nationale des Postes et des Télécommunications
Société Comorienne des Ports et des Transports Maritimes
Union Economique Monétaire Ouest Africaine
Dollars Américain
7
AVANT PROPOS
Ce travail de mémoire est destiné non seulement aux étudiants de pays en développement en
général, mais aussi et surtout à ceux de la Guinée et des Îles Comores en particulier, et enfin
aux autorités comoriennes.
Tous les pays du monde ont un seul mot d’ordre : améliorer le bien-être de la population et
réduire au maximum les inégalités sociales.
Il est nécessaire de remarquer que la plupart des pays indépendants du Tiers monde n’ont pas
réussi à amorcer jusqu’à présent leur développement économique, malgré les importantes
aides reçues de la part de la communauté internationale. C’est cette optique qui nous a guidé
et qui explique le choix du sujet.
Ce présent mémoire se compose de II parties dont IV chapitres, se propose d’étudier la
pauvreté aux Comores, un archipel de l’Océan Indien.
Nous remercions vivement tous ceux qui ont participé à sa réalisation :
-
Notre dévoué directeur de mémoire Dr. BAYO Abdoul-Karim pour sa contribution
incontestable sur le fond et la forme de ce mémoire, en qualité de directeur du thème.
A notre cher grand frère M. Mouhamed CHAMI Ahmed, merci pour tous ceux que vous
nous avez fait pour notre réussite. Les mots nous manquent pour exprimer notre profonde
gratitude.
A notre chère future épouse Mlle BARRY Fatoumata Lamarana diplômée de maîtrise en
gestion Université Kofi Annan, pour son soutien moral, matériel et financier qui nous a
toujours témoigné durant tout notre cycle universitaire.
A nos amis fidèles Ali M’Kouboi Ali, Adallah Hadji Achirafi et Ben-Omar Attoumane
Tara pour leur disponibilité.
A nos collaborateurs Dr Makanera Al-Hassan Doyen de la Faculté de Droit à l’Université
Kofi Annan et Dr. DIALLO Thierno Ibrahima Professeur de Statistique à l’Université
Kofi Annan et Directeur Technique à l’UGAR, pour leur franche collaboration.
A l’équipe de la comptabilité de l’EDG pour leur disponibilité et ouverture d’esprit.
A nos frères et sœurs comoriens en Guinée et au peuple guinéen.
Enfin à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à notre formation.
Puisse ce mémoire aider à inspirer nos lecteurs à prendre les meilleures décisions de lutte
contre la pauvreté à chaque instant et en toutes circonstances.
8
Le Candidat
INTRODUCTION
Les Comores sont un archipel peu étendu, constitué de quatre (4) îles volcaniques occupant
une superficie de quelques 2236 km², situées au sud-ouest de l’Océan Indien, à l’entrée du
canal de Mozambique entre la côte Est-africaine et le nord-ouest de Madagascar.
Selon les estimations actuelles, la population du pays est de 652000 habitants. Les Comores
sont membre de la commission de l’Océan indien (COI), de la zone monétaire (Zone franc),
de la zone d’échanges préférentiels groupant des Etats de l’Afrique Australe et de l’Océan
indien (Le marché commun des Etats d’Afrique de l’Est et Australe COMESA).
Dépourvues de richesses naturelles particulières (Or, pétrole, bauxite, aluminium…) et
surpeuplées (densité moyenne de 306 habitants par Km2 en 2002), les Comores font partie
des pays les moins avancés avec un PIB par tête inférieur à 500$ (le PIB par tête est de 371$
estimation de 2002). La croissance économique était de 2,5% du PIB en 20021.
Les îles sont : Grande-Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte (Mayotte est encore sous
l’administration française).
Le climat de l’archipel des Comores est de type tropical humide avec :
- une saison chaude et humide de novembre-mai ;
- une saison fraîche et sèche de juin en octobre.
La température moyenne est de 25°C.
Les îles de la lune (Djazär Al Qamar) pour les géographes arabes du Moyen Age, les
Comores avant le XVème siècle ont été habitées par des animistes bantous venant d’Afrique
de l’Est. Entre XVème et XIXème siècle, l’archipel est émergé en une multitude de sultanats
fortement marqués par une civilisation arabo-persique (instauration de l’Islam).
A la fin de XIXème siècle, les Comores sont passées sous le régime de protectorat français,
en 1822 la France affirme sa présence aux Comores (annexion de l’Île de Mayotte). Elles
sont proclamées colonie française en 1912 et rattachées au gouvernement de Madagascar en
1914. En 1956, l’archipel, séparé de Madagascar, devient territoire d’Outre-Mer. Il obtient en
1961 une autonomie interne.
Les Comores accèdent à l’indépendance le 6 juillet 1975, dirigées par le Président Ahamed
Abdallah Abderhmane, à l’exception de l’île de Mayotte qui demeure dans la République
française en tant que collectivité territoriale à statut particulier. La République Fédérale
Islamique des Comores fut instituée en 1978.
Ainsi se sont succédés à la tête de l’Etat, Ahamed Abdallah le 6 juillet 1975, Ali Soilihi le 3
août 1975, Ahamed Abdallah 21 mai 1978, Saïd Mohamed Djohar en 1989, Mohamed Taki
Chapitre 1
1
Source : Agenda des Comores 2002 : Introduction et économie.
9
en 1995, Azali Assoumani en 1998. Depuis 1975, les Comores ont toujours été en rupture
constitutionnelle et toutes les tentatives de reformes auraient échoué. Des textes
constitutionnels taillés à l’image de leurs acteurs qualifiés d’incapables, sont en permanence
violés par celui qui est aux commandes de l’Etat.
En 1997, avènement d’une crise séparatiste, Anjouan souhaite d’abord retourner à la France
avant de vouloir son autonomie. Un accord de réconciliation a été signé le 17 février 2001
entre les différentes parties et créant de nouvelles Comores portant le nom de l’UNION DES
COMORES consacrant à la fois l’unité, l’intégrité et une large autonomie aux îles.
Depuis l’indépendance, les Comores ont toujours été tributaires de l’aide au développement
sur le plan bilatéral et multilatéral. Au côté, les subventions non remboursables de la part de
la communauté internationale à l’Etat comorien représentent près de la moitié des recettes de
l’Etat (voir annexes). Cependant, cette aide n’a pas été utilisée à bon escient et n’a pas
contribué au développement socioéconomique du pays. Bien au contraire, l’endettement s’est
accru et s’élève de nos jours à plus de 100 millions de dollars2 (soit 100 milliards de francs
comoriens FC) c’est-à-dire un montant presque égal au PIB.
Cependant, la population s’appauvrit de jour en jour, si l’on se réfère à l’évolution du PIB
réel par tête d’habitant. Celui-ci continu de baisser de façon régulière depuis 1985 de l’ordre
de 1 à 2% par an et se situe, aujourd’hui au près de 26% de son niveau de 1985, ce qui a
ramené le niveau de vie de la population à un niveau équivalent à celui de 1975 c’est-à-dire
au moment de l’indépendance.
Malgré une importante aide de l’ordre de 100$3 en moyenne par habitant et par an sur la
période 1980-1999, la croissance économique est restée sensiblement en deçà de
l’accroissement de la population (1,2% contre 2,7% par an). Une situation qui se traduit, au
niveau micro-économique, par une montée régulière de la pauvreté.
Selon une enquête réalisée par le gouvernement comorien et le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD) sur la consommation des ménages de 1995, les résultats de
l’étude confirment cette détérioration du niveau de vie et l’on estime à 51% le nombre des
personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté4.
La pauvreté est devenue une préoccupation très importante aux Comores, en plus des
dimensions macro-économiques et du maintien des équilibres budgétaires puisqu’elle est en
partie la genèse des turbulences d’ordre politique et des crises séparatistes qui remettent en
cause les fondements de la nation depuis 1997.
C’est ce qui nous conduit à nous poser les questions suivantes : Quelles sont les causes de la
pauvreté ? Quelles sont les mesures de lutte contre la pauvreté aux Comores ?
Dans le souci d’apporter notre modeste contribution à la lutte contre la pauvreté et à un
développement durable du pays, nous présentons notre plan en deux parties. La première
partie portera sur le profil et les causes de la pauvreté et la deuxième partie traitera les
mesures de lutte contre la pauvreté aux Comores.
Chapitre 1
2
Source : Banque mondiale : Dette extérieure des Comores 2001.
Source : PNUD-Le PNUD aux Comores, Aide extérieure et taux de change, 1960-1999.
4
Source : Programme de Nations Unis pour le Développement (PNUD) et Gouvernement Comorien, 1997.
3
10
Première partie :
PROFIL ET CAUSES DE LA PAUVRETE
11
CHAPITRE 1 : PROFIL DE LA PAUVRETE
1.1. EVALUATION MONETAIRE DE LA PAUVRETE
Aux Comores, la première enquête réalisée auprès des ménages date de 1966 par l’INSEE,
puis en 1980 et 1991. Ces études n’ont pas permis de déterminer avec certitude le seuil de la
pauvreté.
C’est en 1995, sur un financement du gouvernement comorien à travers un prêt du MERCAP
(Macro-Economic Reform and Capacity Building Adjustment Program) de la Banque
Mondiale et avec l’assistance du PNUD, qu’une enquête exploratoire dite budgetconsommation a été réalisée sur les trois îles de l’archipel formant la République Fédérale
Islamique des Comores.
La question essentielle était de savoir comment mettre en place un certain nombre de
réformes dans des conditions difficiles et en même temps empêcher une nouvelle dégradation
de la pauvreté.
1.1.1. La méthode de collecte des données
L’enquête par sondage “ budget - consommation ” réalisée en 1995 a porté sur un échantillon
de plus de 2000 ménages sélectionnés. Trois strates ont été retenues : la capitale Moroni, les
autres villes et le milieu rural. Sur la base de ces critères, 996 ménages ont été sélectionnés en
Grande-Comore, 864 à Anjouan et 144 à Mohéli, ce qui a conduit à un échantillon de 2004
ménages. L’enquête était constituée de 900 questions basées sur le niveau de vie des ménages
(voir annexes).
1.1.2. Elaboration du profil de pauvreté
Le calcul est fait à partir du seuil de survie alimentaire, déterminé par l’achat de 2400 calories
de riz par personne soit 343 FC par jour et d'un supplément des besoins essentiels estimé en
moyenne à 25% de la dépense totale qui est, le seuil de survie non alimentaire.
L’on a obtenu qu’il faut un minimum de 457 Francs comoriens (FC) soit un peu plus de 1$
USD pour subvenir aux besoins d’un adulte par jour soit 167.000 francs comoriens (FC) par
an, l'équivalent de 446 $ USD comme seuil de pauvreté absolue. Ainsi, l’analyse de la
consommation totale par habitant montre que 36.700 ménages représentant 254.000
personnes (soit environ 50,6% de la population) ont une consommation inférieure au seuil de
pauvreté absolue.
12
Tableau 1 : Classement de niveau de vie par consommation
Catégories de ménages
Les plus riches
Les riches
Les personnes à revenus moyens
Les pauvres
Les plus pauvres
Niveau moyen de dépenses de consommation en
FC/an
337.859
204.557
153.105
101.178
51.198
Source : PNUD et Gouvernement comorien “ Développement Humain Durable et Elimination de la
Pauvreté Eléments pour une stratégie Nationale ”, 1997, Editions Frison Roche, Paris
Le classement des ménages en catégories socio-économiques homogènes selon une
répartition par cinq groupes et par ordre décroissant de dépenses de consommation (tableau
1) permet de connaître l’écart de niveau de vie entre riches et pauvres. Ainsi en considérant le
dernier groupe comme étant le seuil de pauvreté relative caractérisant les 20% des ménages
les plus pauvres, l'on observe que le niveau moyen de consommation des comoriens les plus
riches est six fois plus élevé que celui des 20% les plus pauvres. Nous pouvons dire que la
plus grande partie du patrimoine appartient aux mains d'un petit nombre de familles.
1.2. IDENTIFICATION GEOGRAPHIQUE DES PAUVRES
La pauvreté est présente, à des degrés divers, dans toutes les îles (tableau 2) et d'une manière
très contrastée d'un milieu à un autre. Elle sévit plus particulièrement dans le milieu rural
avec une incidence de près de 55% où les ménages, sont généralement tributaires d'une seule
activité (agriculture).
Néanmoins, la pauvreté affecte moins les ménages qui se consacrent à la polyculture, à
l'élevage, à la pêche et aux activités de commercialisation. Les paysans sans terre ou les
métayers représentant 20% des ménages selon le recensement de 1991, forment la couche de
la population la plus vulnérable des Comores. Ils se trouvent principalement à Anjouan et
parmi les immigrants installés à l’île de Mohéli.
13
RFIC
Mohéli
Anjouan
Grande
Comore
Tableau 2 : Incidence de la pauvreté sur la population
Moroni
10,9%
3 713
Milieu urbain
38,6%
4 068
Milieu rural
46,1%
97 920
Ensemble
41,1%
105 701
34 168
10 546
51,1%
212 471
67,3%
257 185
62,1%
Nombre de pauvres
33 931
95 234
129 165
Population
Incidence
Nombre de pauvres
Population
Incidence
Nombre de pauvres
Population
66 400
32,9%
3279
9 954
47,5%
41 278
86 900
141 528
59,1%
15 958
27 018
54,8 %
209 112
381 017
207 928
52%
19237
369 722
50,6%
254 103
502 085
incidence
Nombre de pauvres
Population
Incidence
10,9%
3 713
34 168
Source : Développement humain durable et élimination de la pauvreté : éléments pour une stratégie
nationale, 1997, PNUD, Moroni.
L’incidence de la pauvreté est représentée par le pourcentage (%) de pauvres dans la
population de la case correspondante et par le nombre absolu de pauvres au seuil de pauvreté
de 167.000 FC par an. L’effectif de la population cible est de 502.085 habitants (données
d’août 1995).
Anjouan, avec une population estimée à 237.328 habitants en 2002 et une densité de
559,7hab/km2, est l'Île la plus pauvre avec un faible niveau de développement humain. Elle
se caractérise par une forte densité de la population, une forte incidence de la pauvreté et un
taux de fécondité élevé.
Ces observations sont confirmées par des enquêtes localisées qui ont également mis en
évidence un taux élevé de malnutrition chez les enfants5. Les problèmes environnementaux
sont particulièrement sévères par suite d’érosion des bassins versants en plus des problèmes
d’alimentation en eau potable.
Grande-Comore, avec près de 290140 habitants (252,7hab/km2) est l’Île la plus riche. Elle
bénéficie plus de l’appui du secteur public, des secteurs formels et non formels. Les transferts
de fonds de la forte communauté émigrée résidant en France principalement contribuent à
l’enrichissement de cette partie de l’archipel6.
Chapitre 1
5
6
Source : Conscience comorienne, Données de la crise, Projet FNUAP/BIT/COI/95/ P02/ UPP-Août 1997.
Source : Jean-Luc Dubois, Peut-on s’appuyer sur le capital socioculturel pour réduire la pauvreté aux
Comores ? 1997
14
Mohéli, peuplée de 30644 habitants (105,6hab/km2), possède des avoirs ruraux et fonciers par
habitant les plus élevés. Elle reçoit plus un flux migratoire important en provenance des
autres îles (Grande-Comore et Anjouan).
Ces différences de niveau de développement humain se confirment également par les
indicateurs socio-économiques sélectionnés par îles (tableau 3).
Tableau 3 : Données économiques et sociales
Eléments
Densité hab/km2 (2001)
Production d’énergie électrique Mkwh (2002)
Terres cultivées par rapport au potentiel (%) 2002
Répartition des terres cultivables par habitant (hectare)
Santé
Taux de mortalité infantile (‰) 2001
Espérance de vie (2001)
Accès à l'eau potable (%) 1998
GrandeAnjouan Mohéli Comores
Comore
252,7
559,7 105,6
306
26,41
1,52
0,5
28,43
70
90
70
76,6
0,38
0,25
1
0,54
43
81,5
71
84
59
65,16
557
513
280
450
-
-
-
60
Taux d'alphabétisation (%) 2001
68,7
42,23
86,8
65,91
Taux brut de scolarisation primaire (%) 1999
99,6
70,6
99,9
90
(%) des jeunes filles dans l'enseignement primaire 1995
47
45
46
46
Travail
Population active (%) 1997
27
29
28
28
0,519
2,2
41
0,369
3
62,1
0,426
3,6
52
0,438
2,7
50,6
Répartition pauvreté :
- en milieu rural (%)
46,1
67,3
59,1
54,8
- en milieu urbain (%)
38,6
51,1
32,9
47,5
Nombre d'habitants/ lit d'hôpital (1991)
Education
Taux de scolarisation (%) 2002
Développement
Indice de développement humain (%) 2001
Taux d’accroissement annuel de la population (%) 2002
Taux de pauvreté (consommation<446$) 1995
Source: Recensement 1991, Gouvernement des Comores ; Statistique du, MinIstère de l'éducation, 1996,
Projet FNUAP/BIT/COI/95/p02/UPP – août 1997, Banque mondiale 2001 et Profil Environnement de l’Union
des Comores 2002.
Ces indicateurs du tableau 3 confirment les disparités socio-économiques inter-îles en plus
des indicateurs de base permettant de cerner la pauvreté. L'indicateur de développement
humain (IDH) calculé et publié dans les rapports annuels du PNUD, traduit un faible niveau
de développement humain et classe en 2001 les Comores au 124ème rang mondial sur un
15
classement de 1627 pays. Les données du tableau 3 montrent la disparité des différents
niveaux de développement humain entre les Îles et confirment à nouveau le décalage entre
Anjouan et les deux autres Îles.
Ces indicateurs de la pauvreté, bien qu'elles mettent en valeur une dimension importante de la
pauvreté, ne suffisent pas pour avoir la mesure exacte de celle-ci dans toutes ses dimensions
aux Comores. On peut affirmer avec certitude qu’à partir de l'évaluation monétaire de la
pauvreté et de la faiblesse du revenu par habitant, que le phénomène de pauvreté est de plus
en plus aigu aux Comores. D’un autre côté, il ressort de l'évaluation qualitative que les
manifestations extrêmes de pauvreté (sans-abri, famine) sont très rares. Cela est dû à la forte
cohésion sociale.
1.3. COUVERTURE SOCIALE ET FILET TRADITIONNEL DE SECURITE
L’aboutissement des analyses précédentes conduit à intégrer la structure sociale dans
l'évaluation de la pauvreté telle qu’elle se pose aujourd’hui. En effet, un certain nombre
d'éléments se conjuguent au sein de la société comorienne pour protéger les plus pauvres et
les plus vulnérables de ses membres. Nous avons :
- La Famille : étant donné le mode d'héritage matrilinéaire et les responsabilités
assumées par les femmes, la protection du bien être de la famille incombe à ces
dernières. Les membres de la famille en situation de besoin ont le droit de demander
secours à leurs parents qui sont obligés d’y répondre ; un système particulièrement
efficace pour protéger les mères célibataires et d’une manière générale les femmes
non mariées en situation d'extrême pauvreté.
- Le village : des liens étroits existent, soutenus par les institutions religieuses. Ici les
rôles familiaux traditionnels et l'interdépendance habituelle aux communautés sont de
rigueur. Ces liens se resserrent surtout entre les membres du village à l'étranger ; et les
envois de fonds constituent une source très importante d’investissement et de sécurité
alimentaire. Ces fonds sont destinés non seulement à la famille de l'émigré, mais
souvent aussi à la collectivité villageoise (associations religieuses et comité de
développement religieux).
Le système de valeurs traditionnelles aux Comores constitue, un filet de sécurité traditionnel
pour protéger les plus pauvres.
Chapitre 1
7
Source : PNUD-Rapport sur le développement humain 2002
16
CHAPITRE 2 : CAUSES DE LA PAUVRETE
Les causes de la montée de la pauvreté aux Comores sont de trois ordres au moins.
La première, est structurelle et de long terme, résulte de la faiblesse de la production
intérieure, liée à la stratégie de développement adoptée depuis l'indépendance.
La deuxième est socio-politique (explosion démographique, influence de la tradition,
instabilité politique, etc.).
La troisième est de nature conjoncturelle, elle provient de phénomènes exogènes comme la
chute du cours des produits d’exportation, des mesures d’ajustement interne comme la
réforme administrative mais surtout de la dévaluation du franc comorien par rapport au franc
français de 1994, qui a entraîné une baisse du niveau du revenu relatif de ceux qui n’ont
aucun lien avec l’extérieur, soit par l'exportation ou par les transferts de fonds importants de
la diaspora comorienne.
2.1. FAIBLESSE GLOBALE DE L’ECONOMIE
Les Comores ont été inscrites en 1976 sur la liste des pays les moins avancés devant
bénéficier en priorité de l’assistance du système des Nations Unies8. En effet, dépourvu de
richesses minières, pénalisé par une inflation démographique excessive, l’archipel est
sérieusement handicapé par l’isolement (les communications étant difficiles, donc coûteuses
entre les îles mais aussi avec le reste du monde).
Chapitre 1
8
Source : Ali Haribou et Hervé Chagnoux 1988
17
Figure 1: Structure du PIB des Comores en 2002
Primaire
40%
Tertiaire
49%
Secondaire
11%
Source : Agenda des Comores 2002
2.1.1. BAISSE DU PIB REEL PAR HABITANT
Le PIB réel par tête est inférieur à 500$. Près de 40% du PIB proviennent de l’agriculture,
alors que le secteur industriel qui comporte pourtant la transformation des produits agricoles
ne dépasse pas 11% ; le commerce et le transport qui regroupent près de 15% de la
population active représentent 49% du PIB. Compte tenu des aides extérieures, des envois de
fonds par les comoriens travaillant à l’étranger, le produit national brut (PNB) est sans doute
un peu plus élevé par rapport au PIB.
Depuis 1985, l’accroissement de la richesse globale des Comores exprimée par le montant du
PIB demeure trop faible pour répondre à l’augmentation de la population en croissance
régulière. La croissance moyenne du PIB est estimée à 5,3% par an. Cependant, en termes
réels, pour tenir compte d’une inflation moyenne de 4%, étant donné que le taux
d’accroissement de la population est de près 3% par an, cela représente une baisse régulière
du PIB réel par tête de 1 à 2% par an.
Les théories du sous-développement distinguent souvent un secteur traditionnel et un secteur
moderne. La cassure entre ces deux économies est particulièrement nette aux Comores, mais
le secteur moderne semble être surtout caractérisé par son obsolescence.
2.1.2. LA PRECARITE DE L’AGRICULTURE
Elle occupe la plus grande majorité de la population active c’est-à-dire qu’elle emploie 80%,
mais elle reste peu productive car elle ne contribue qu’à 40% du Produit Intérieur Brut (PIB).
L’agriculture reste, en effet, très primitive ; les paysans utilisent encore souvent le croc
(mbaya)9, outil préhistorique. L’usage d’outils plus commodes (binettes, houes) ne se
développe que depuis quelques années.
Cette agriculture, surtout pratiquée dans les zones proches des villes, est encore freinée par
un métayage qui n’émerge que lentement de l’esclavage (le métayer ne reçoit pas toujours
Chapitre 1
9
C’est un instrument préhistorique muni d’une tige pointue, servant à creuser, labourer ou à enlever des pierres
sur le sol.
18
une part définie de la récolte, son maître ne lui laissant que ce qu’il juge nécessaire à sa
subsistance).
Dans les hauts plateaux, les paysans sont souvent propriétaires de leurs parcelles. Mais cellesci sont fréquemment éparpillées à une grande distance les unes des autres et leur superficie
totale dépasse rarement un hectare.
Ce secteur présente une structure dualiste : une production destinée à l’exportation c’est-àdire produit de rente et une agriculture de subsistance (production vivrière).
2.1.2.1. Produits d’exportation
La production destinée à l’exportation est limitée à un petit nombre de cultures de
spéculation. Les principaux produits d’exportations sont : la Vanille, le Girofle et l’YlangYlang.
La Vanille
Elle est d’origine mexicaine, les Aztèques l’appelaient « TLILXOCIL » (fleur noire), par
allusion à sa couleur du fruit séché. La gousse de vanille est le fruit d’une orchidée. Sur
20.000 variétés d’orchidées existantes, la vanille est la seule à produire un fruit comestible10.
Elle sert à aromatiser les chocolats, les boissons, du tabac, des parfums, des crèmes et toutes
sortes de cuisines.
Cependant, ce n’est qu’au début de XIXème siècle que le vannier a été importé en Europe pour
y être cultivé, puis voyage de l’Europe pour l’Océan Indien.
Aujourd’hui, l’archipel est le deuxième exportateur mondial derrière l’île voisine,
Madagascar. La culture et la commercialisation de ce produit rythment, dans une large
mesure, la vie économique du pays. Aujourd’hui, la vanille se heurte à plusieurs concurrents,
notamment l’île de Madagascar et l’Indonésie. Cette concurrence est manifestée suite au
remplacement de la vanille de synthèse qui coûte beaucoup moins cher.
En terme de production, les données s’établissent à 130 tonnes en 1996, 150 tonnes en 1997
et 180 tonnes en 1998. Le vieillissement des lianes, leur non-renouvellement consécutif à
cause de la baisse tendancielle du prix d’achat au producteur, sur le marché mondial, auraient
entraîné une baisse de la production jusqu’à 134 tonnes en 1999. Ce fléchissement de la
production se confirme en tendance à la baisse pour l’année 2000 puisque la barre de 130
tonnes n’a pas pu être affranchie. Et ce malgré la reprise des cours à la suite des catastrophes
naturelles qui ont secoué Madagascar qu’a ravagé près de 40% de culture de ce pays
concurrent.
Chapitre 1
10
Source : Réveillez-vous !: L’un de nos rédacteurs au Mexique ; Vanille, la longue histoire d’une épice p.6,
22 septembre 2002.
19
Tonnes
Figure 2 : Evolution de production de la vanille
200
150
100
50
0
1996
1997
1998
1999
2000
Périodes
Source : Agenda des Comores 2002 : ECONOMIE : Produits d’Exportation : la Vanille.
Ylang-ylang
Traduit comme fleur des fleurs en langue malaise, l’ylang-ylang est un arbre tropical à fleur
mauve ou jaune, atteignant jusqu’à 25 pieds. Il est originaire des îles de l’Océan
Indien (Madagascar, Comores, la Réunion et Indonésie.).
Très longtemps, les Philippins avaient l’habitude d’utiliser les fleurs pour faire une pommade
qu’ils massaient sur leur corps pour écarter des maladies pendant la saison des pluies, et
surtout un anti-venin pour les patients mordus par un serpent.
Aux Comores, pendant les mariages, les femmes utilisaient les fleurs pour décorer leur tête,
mais ces fleurs étaient surtout rependues sur le lit du couple comme aphrodisiaque.
Aujourd’hui ce produit est utilisé dans beaucoup de domaines notamment à la
pharmacie dans le cadre de :
- traitement des difficultés sexuelles et des problèmes digestifs ;
- soulagement des muscles tendus et les palpitations ;
- traitement de malaria et d’autres fièvres tropicales ;
- antidépresseur ;
- de la beauté (crème de la peau et tonique des cheveux).
On utilise également la fleur à la parfumerie pour fabriquer des parfums de luxe, mais aussi à
la savonnerie.
Les Comores se placent au premier rang mondial pour la production d’ylang-ylang devant
Madagascar et les îles de l’Océanie. Cependant, le développement de la production est freiné
par le vieillissement des plantations qui datent de la colonisation.
La production est essentiellement réalisée sur l’Île d’Anjouan. La crise séparatiste au niveau
de cette Île a freiné les exportations en 1999, puisque le cordon douanier n’a enregistré que
10 tonnes à l’exportation.
20
Figure 3 : Production d'Ylang-ylang
Tonnes
80
60
40
20
0
1997
1998
1999
2000
Années
Source : Agenda des Comores 2002 : ECONOMIE, Produits d’Exportation, L’Ylang-ylang.
Le Girofle
Bouton desséché des fleurs de giroflier dit aussi « clou de girofle » utilisé comme condiment.
Le giroflier est un arbre d’origine indonésienne à feuillage persistant, pouvant atteindre 12 à
15 mètres de hauteur. Les clous de girofle servent d’aromates dans l’alimentation d’un grand
nombre de pays. On cultive également le giroflier pour ses feuilles dont on extrait une
essence très riche en eugénol. Ce dernier sert à fabriquer de la vanille artificielle.
Les essences de clous, de feuilles et des branches du giroflier servent également en pharmacie
pour la préparation de divers médicaments, en parfumerie, en savonnerie, la préparation de
dentifrices, préparation de certaines peintures et de vernis, en chirurgie (propriétés
bactéricides et anesthésiant), en droguerie etc.
Cependant, la récolte de ce produit a une potentialité de 2000 tonnes par an. Le marché de
Girofle est très instable à cause de ses multiples concurrents de l’Océan Indien, notamment
l’archipel de l’Indonésie, la grande Île malgache et l’Île de la Réunion.
La baisse tendancielle du prix d’achat au producteur a entraîné une baisse de production ; et
les paysans ont été contraints d’abandonner cette production en faveur d’autres productions
plus rentables. Le prix, après avoir été sur l’intervalle de 150 à 250 FC le kilogramme soit
une valeur de 2 à 3,33 francs français avant l’année 1997 a atteint des sommets de flambée de
1750 FC à 2000 FC le kilogramme, en faveur de la baisse de la production indonésienne suite
à un incendie qui a ravagé toutes les plantations de girofliers en l’an 2002.
Autres produits d’exportation
Par suite de l’effondrement des cours de l’huile de coprah, très concurrencée par les huiles
palmistes, les exportations ont pratiquement cessé. Les exportations des autres « essences »
aromatiques (basilique, jasmin et la rose) ont poursuivi leur évolution à la baisse par suite de
la concurrence des producteurs asiatiques (Thaïlande, Vietnam, Indonésie), mais surtout en
raison des problèmes politiques consécutifs et la crise séparatiste des autres Îles (Anjouan et
Mohéli).
2.1.2.2. Les produits vivriers
21
Pour la production vivrière, bien qu’il y ait eu des progrès, la quantité produite reste très
insuffisante pour nourrir l’ensemble de la population. Cette production est constituée
généralement de la banane, manioc, fruit à pin, des légumes, etc. la commercialisation des ces
produits au sein des Îles se heurte au manque d’équipement de conservation (hangars et
d’autres lieux de stocks). Il est très difficile d’estimer cette production puisqu’elle est
essentiellement auto-consommée.
En raison de la pression de la demande intérieure et de l’insuffisance de la production
domestique, l’inflation reste toujours élevée, comme l’atteste la progression des indices de
prix à la consommation des farines (+12,8%) et des légumes (+31,6%)11. Aujourd’hui, l’Île
d’Anjouan et la Grande-Comore importent de produits vivriers de Madagascar.
2.1.2.3. Pêche et élevage
La pêche
le pays dispose d’importantes ressources halieutiques estimées à 85.000 tonnes par an12, mais
la pêche, uniquement artisanale, n’est pratiquée que sur une étroite bande côtière, avec des
petites pirogues à balançoires « N’galawa ».
Malgré l’accroissement du nombre de pêcheurs et la motorisation des pirogues ces dernières
années, la production reste inférieure aux besoins nationaux. L’absence d’équipements de
conservation, les délestages quotidiens, le pays se trouve en difficulté de commercialiser les
produits de pêche. La production ne dépasse guère les 13.00013 tonnes par an.
L’élevage
Actuellement, la consommation annuelle de viande ne dépasse pas 5 kilogrammes par
habitant et par an. Le manque de protéine touche une grande partie de la population. Ni les
importations de viande ni la pêche ne sont en effet encore capables de combler cette carence.
Si les efforts de sensibilisation menés en matière de santé animale ont été couronnés de
succès, la vulgarisation de pratiques d’élevage amélioré n’a pas encore fourni de résultats
significatifs. Le troupeau est estimé à 43.200 bovins, 18.000 ovins et 113.000 caprins,
170.850 volailles14 ; il se développe régulièrement mais reste, cependant très en dessous des
besoins de l’archipel.
2.1.3. PARALYSIE DE L’INDUSTRIE
Le secteur manufacturier demeure handicapé par l’étroitesse du marché intérieur, à laquelle
s’ajoute le faible développement des communications maritimes et aériennes, les pénuries
récurrente d’électricité et d’eau, la non-compétitivité des entreprises comoriennes due à
l’appartenance à la Zone franc.
Chapitre 1
11
Source : Banque de France- Rapport Zone franc 2001
Source : Banque de France, Les Comores, Rapport Zone franc 1992
13
Source : Union des Comores, Profil environnemental de l’Union des Comores 2002
14
Source : Union des Comores, Agriculture (Estimation 2000), 2002
12
22
Les entreprises comoriennes ont une taille souvent très modeste et se consacrent
essentiellement à la transformation des cultures de rente (conditionnement de la vanille,
distillation des plantes à parfum) et au secteur du Bâtiment et Travaux Publics (concassage de
lave, construction immobilière).
Le programme de privatisation n’a connu ces dernières années, aucune avancée, même si les
objectifs annoncés demeurent la privatisation des entreprises de distribution des produits
pétroliers SCH (Société Comorienne des Hydrocarbures) et de manutention portuaire
SOCOPOTRAM (Société Comorienne de Transports Maritimes).
Le groupe Vivendi a renoncé, en décembre 2001, à poursuivre l’exploitation de la
Compagnie d’Eau et Electricité des Comores (CEEC) à cause du non-respect par les
autorités comoriennes des accords sur la privatisation15.
2.1.4. SECTEUR TERTIAIRE
Ce secteur est caractérisé par un petit commerce d’import-export. Ce dernier aurait des
possibilités de se développer mais il bute sur la précarité des moyens de communication entre
les Îles et au sein des Îles. On assiste pourtant, dans ce domaine à la montée spectaculaire
d’un secteur informel, constitué des petites activités familiales et individuelles notamment :
- vente de bijoux ;
- produits alimentaires ;
- produits artisanaux ;
- vente d’habits ; etc.
2.2. CAUSES SOCIO-POLITIQUES
2.2.1. AUGMENTATION DE LA POPULATION
2.2.1.1. Exiguïté du pays par rapport à la population
En 1866 un géographe français A. GEVREY estimait la population des Comores à 65 000
habitants. Les recensements de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques) de 1966 donnent des chiffres de 246 000 habitants.
Aujourd’hui en l’an 2003 les estimations sont à 652 000 habitants16, ce qui signifie que la
population a presque triplé sur 37 ans. Cet accroissement place les Comores parmi les pays
ayant une des croissances démographiques les plus élevées du monde.
La densité moyenne est très élevée (306hab/km2) et varie sensiblement d’une Île à l’autre et à
l’intérieur des Îles : Grande-Comore 252,7hab/km2, Mohéli 105,6hab/km2 ; Anjouan, avec
559,7hab/km2, est loin la plus densément peuplée. Dans certaines régions de l’Île, la densité
dépasserait 1000hab/km2. Ces disparités qui semblent déjà graves à première vue le sont
Chapitre 1
15
Source : Banque mondiale, Rapport de la dernière mission de la Banque mondiale aux Comores, du 13 au 27
juillet 2002.
16
Source : Agenda des Comores 2002 (Mayotte incluse).
23
encore plus si on compare les densités non pas par rapport à la surface totale de l’île mais par
rapport à la surface agricole utile (terres cultivables et pâturages)17.
Figure 4 : Densité de la population par Île en 2002
559,7
n.h/km²
600
500
306
252,7
400
105,6
300
200
100
0
Grande-Comore
Mohéli
Anjouan
Comores
Source : Agenda des Comores 2002- Les Comores, Superficie et Population.
Près de 80% des Comoriens vivent directement de l’agriculture et de la pêche et trouvent des
difficultés, car certaines terres considérées comme cultivables n’ont qu’un très faible
rendement.
On peut considérer que dans certaines régions (Nioumakélé, Jimlimé) la surface réellement
cultivable va en diminution. C’est-à-dire que l’accroissement démographique entraîne non
seulement une réduction des terres cultivables mais également une diminution de la
production locale.
2.2.1.2. Explosion démographique
L’espérance de vie ne dépasse guère 59 ans18. Aux Comores, la natalité reste en effet très
forte, mais aussi la mortalité infantile est élevée et pouvant atteindre plus de 84/100019. La
conjonction de cette forte natalité et d’une mortalité encore très élevée explique la
prépondérance des jeunes dans la population et l’allure très évasée de la pyramide des âges,
comme dans la plupart des pays du Tiers Monde.
Environ 44% de cette population ont moins de 15 ans, plus de 50% moins de 20 ans20. C’està-dire que la population active a à sa charge plus de la moitié de la population. De cette
population active, une petite fraction seulement est salariée.
Chapitre 1
17
Source : CHAGNOUX et Ali HARIBOU: les Comores de Hervé ; éd. Presses universitaires de la France
1988.
18
Source : PNUD- rapport mondial sur le développement 2001
Source : Profil du pays – UNION DES COMORES, mise à jour 17/10.2002
20
Source : Ali Haribou et Hervé Chagnoux 1988.
19
24
Figure 5
Source : Conscience comorienne 1999, Données de la crise, La pression démographique
Le taux d’accroissement de la population serait voisin de 2,7% par an (la population double
son effectif tous les 26 ans). Cependant il est hors de doute que ce taux d’accroissement
démographique représente une charge insupportable pour l’économie comorienne : les
investissements nécessaires chaque année, ne seraient-ce que pour maintenir le niveau de vie
(hôpitaux, salles de classe, transport, énergie, créations d’emplois, etc.) ne peuvent suivre
cette progression.
Figure 6 :
Source : Conscience comorienne 1999; Données de la crise, L'exiguïté du pays par rapport à sa
population.
2.2.2. L’IMPACT DE LA TRADITION SUR LA PAUVRETE
Il est bien de noter que l’influence dont la tradition confère aux « notables » est devenue
virtuellement la seule voie d’accès vers la prééminence sociale et le pouvoir d’honneur aux
Comores. Les coutumes règlent la plupart des problèmes de la vie quotidienne autour d’une
valeur fondamentale : le respect de l’honneur.
Au sein d’un même village, les jeunes enfants sont repartis dès leur naissance en classes
d’âges et parcourent les épreuves de la vie pour devenir peut être un jour des notables. Divers
25
rites et cérémonies marquent les étapes pour permettre à l’individu de trouver une place dans
la société.
Le mariage coutumier ou le Grand mariage, regroupe les notables et toutes les classes d’âges,
hommes et femmes au cours des cérémonies qui durent une dizaine de jours. Ces cérémonies
se réalisent suivant un ordre rituel (spectacle, danses et multiples festins). La famille du marié
y présente l’or, du bétail, un trousseau à la mariée et régale tout le village, tandis que la
mariée apporte de son côté, la maison conjugale.
En terme économique, le coût d’une telle fête est très élevé ; en moyenne autour de 30
millions de FC et peut aller, dans certains cas jusqu’à 80 millions FC. Les dépenses
recouvrent la dot sociale (autour de 2 millions FC) qui est remise à la famille de la fille le
dimanche, neuvième jour du mariage ; le don des tissus (de 2 à 3 millions). Le financement
des danses, du spectacle du samedi soir tourne autour de 400.000 FC. Pour acquérir l’argent
permettant de financer ces festivités, le futur marié doit travailler dur et épargner pendant
plusieurs années.
On ignore le montant réellement dépensé au cours d’une année pour la réalisation de toutes
ces cérémonies qui concernent surtout l’Île de la Grande-Comore et, dans une moindre
mesure, Mohéli et Anjouan.
Néanmoins selon les informations officieuses on avance un montant de 5 à 6 milliards FC par
an, et cela sur toute l’étendue du territoire. Ces dépenses coutumières (Grand mariage ou
enterrement) sont souvent qualifiées d’ostentatoires ; elles ont toujours été critiquées allant
même jusqu’à l’interdiction des cérémonies. Car une bonne partie de produits consommés
(bétail, riz, sucre…) est importée. Cela continue à accroître le déficit de la balance
commerciale.
On peut cependant remarquer que, non seulement l’interdiction de cette pratique n’a jamais
abouti, mais au contraire qu’elle se renforce avec le besoin d’affirmation identitaire actuelle.
Si le Grand mariage est considéré pour certains auteurs comme un instrument de
redistribution du revenu, il est également sans doute un facteur d’appauvrissement car il
détruit l’épargne des familles en limitant leur possibilité d’investissement.
2.2.3. INSTABILITE POLITIQUE
Force est de constater que 22 coups d’Etat et tentatives de coups d’Etat ont eu lieu en 28 ans
d’indépendance. L’Etat comorien est caractérisé par une instabilité politique quasipermanente, et une gestion économique et financière catastrophiques. Aucun des régimes qui
se sont succédés aux Comores, n’a eu la chance de bénéficier du temps nécessaire pour
mettre en place une véritable politique de développement. Cet échec de la gestion
économique et financière du pays se caractérise notamment par :
- une croissance irrégulière et faible du PIB ;
- une balance des paiements déséquilibrée ;
- un déséquilibre budgétaire permanent ;
- des investissements publics insuffisants ;
- un chômage très élevé qui frappe particulièrement les jeunes ;
26
-
une accumulation des arriérés de salaires impayés des fonctionnaires et difficulté de
paiement de service de la dette ;
un pillage systématique des deniers publics et détournement de l’aide internationale ;
une augmentation de la pauvreté et des émeutes des populations des Îles.
Cette instabilité politique a eu pour résultat le retrait de certains bailleurs des fonds
internationaux dans le financement de l’aide au développement, compte tenu du risque pays
très élevé.
Conséquence de cela, la pauvreté s’accroît de plus en plus et surtout sur Anjouan ; les
bidonvilles font leur apparition dans la capitale Moroni et la jeunesse, face à son avenir
incertain.
C’est pour cela que la population de l’Île d’Anjouan a voulu se rattacher à la France afin de
bénéficier un niveau de vie équivalent à celui de l’Île de Mayotte dont le niveau de vie est
cinq fois plus que celui des Îles de l’Union des Comores.
Alors que l’amélioration des cours des produits d’exportation pourrait enfin permettre une
amélioration de la situation socio-économique, les incertitudes institutionnelles et politiques
qui demeurent, notamment sur les modalités du partage des compétences entre l’Union et les
Îles, risquent de perturber encore gravement l’économie comorienne.
2.2.4. LE POIDS DE L’UNION DES COMORES SUR L’ECONOMIE COMORIENNE
Il est nécessaire de rappeler que depuis l’indépendance, les autorités centrales avaient
négligé le développement de deux autres Îles sœurs au profit de l’Île où siège le
gouvernement (Grande-Comore). A Anjouan par exemple, la plupart des régions sont
enclavées (manque des infrastructures routières, électricité, téléphone ou même de l’eau
potable).
Ces disparités entre les Îles ont favorisé l’émergence des mouvements séparatistes dans les
années 90. Le pays a connu les premières crises séparatistes avec la sécession de l’Île de
Mohéli mais surtout celle d’Anjouan en 1997 qui voulait se retourner à la colonisation pour
se rattacher à celle de Mayotte dont le niveau de vie est cinq fois supérieur à celui de l’Union
des Comores.
Face à cette situation douloureuse, des conférences inter-îles avaient regroupé toutes les
parties comoriennes en vue de mettre fin à la crise séparatiste. Il s’agit notamment de la
conférence d’Addis-Abeba en Ethiopie du 13 décembre 1997 et celle d’Antananarivo dans la
grande Île malgache le 13 décembre 199821 sous l’égide des observateurs internationaux :
l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A), l’Organisation des Nations Unies (O.N.U) et la
Ligue Arabe. Ces rencontres n’ont pas pu déboucher sur une sortie de crise.
C’est ainsi que la République Fédérale Islamique des Comores vivra trois années durant dans
un conflit inter-îles qui causa plusieurs pertes de vies humaines, des dégâts matériels
considérables et surtout paralysa l’économie comorienne.
Chapitre 1
21
Source Abdallah Hadji Achirafi, Les Accords de Fomboni (Comores), Mémoire pour l’obtention de la
maîtrise en Droit, UNIKAG, 2003.
27
Il a fallu attendre la signature de l’accord-cadre de réconciliation nationale dénommée
« Accord de Fomboni » réunissant d’une part le gouvernement comorien et d’autre part les
différentes parties des Îles (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli).
L’accord signé le 17 février 200122 à Fomboni sur l’Île de Mohéli a permis de construire un
nouvel ensemble comorien « Union des Comores » qui répond adéquatement à la nécessité
d’un partage du pouvoir entre l’ensemble des Îles, afin de permettre à celles-ci de concrétiser
leurs aspirations légitimes, d’administrer et de gérer librement leurs propres affaires et de
promouvoir ainsi le développement socio-économique.
Cependant, la nouvelle république « Union des Comores » est constituée d’un président
d’Union et un gouvernement d’Union, en plus, un président et un gouvernement pour chaque
Île autonome.
Les conflits qui opposent le gouvernement de l’Union et ceux des Îles autonomes sur les
partages de compétences pénalisent dans ce cas toute reprise de la croissance économique. Ce
qui entraîne une aggravation de la pauvreté.
Nous rappelons qu’une mission de la Banque mondiale s’est rendue récemment aux Comores
dans le cadre de l’examen du Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la
Pauvreté (DSCRP) en cours d’élaboration qui, devrait permettre au pays de bénéficier du
dispositif d’allègement de la dette à titre d’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).
Les responsables de la Banque mondiale attirent l’attention des dirigeants comoriens sur la
gravité de la situation économique et sociale du pays. Pour illustrer les propos de la Banque
mondiale, revenons à la structure gouvernementale : actuellement au Comores il y a 4
présidents et 30 ministres23 contre 1 président et 12 ministres pour l’ancienne république.
L’existence des ces différents ministres, entraîne des dépenses importantes de
fonctionnement ainsi que des voyages fréquents à l’étranger qui sont très coûteux ; cela
absorbe pratiquement les ressources du pays. Donc l’Etat n’arrive pas à mobiliser le
ressources nécessaires pour financer les services vitaux de la population tels que l’éducation,
la santé, les travaux d’adduction d’eau ainsi que la construction des infrastructures ( routes,
ponts…).
2.3. LA DEVALUATION DE 1994 ; CATALYSEUR DE LA PAUVRETE AUX
COMORES.
Il est bien de noter qu’au moment de l’indépendance, les ex-colonies françaises ont adopté
des monnaies attachées au franc français par une parité fixe sous le nom de Zone franc.
La « Zone franc » se divise en trois sous-régions monétaires dirigées par trois banques
respectives : l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) est dirigée par la
BCEAO (Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest), la CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale) est dirigée par la BEAC (Banque des Etats
Chapitre 1
22
23
Source : A. H. Achirafi, Les Accords de Fomboni (Comores),UNIKAG 2003.
Source : Agenda des Comores 2003, Le portail des Comores, http://www.agendadescomores.com/adm
28
d’Afrique Centrale) et enfin la BCC (Banque Centrale des Comores) pour l’Union des
Comores.
Les enjeux d’un tel système sont évidents : la France a conservé des relations commerciales
et financières très développées avec ses anciennes colonies. C’est aussi la meilleure façon
d’assurer la sécurité de ses relations et assurer une stabilité monétaire par le lien fixe entre le
franc français et les autres monnaies de la Zone franc ; la parité fixe et la libre convertibilité
sont assurées par le trésor public français.
Depuis 1999 et l’adoption de l’Euro par la France, cette réalité s’est étendue à toute la Zone
Euro. La parité entre Euro, franc CFA et le franc comorien a été fixée à : 1 Euro = 655,957
FCFA = 491,96775 FC (franc comorien).
Cependant cette politique monétaire est contre-productive. Pour attirer les capitaux étrangers
vers les pays de la Zone franc, l’Union européenne pratique une politique de taux d’intérêt le
plus élevé24.
La politique du taux d’intérêt appliquée par l’Union européenne dans les pays de la Zone
franc (hausse du taux d’intérêt) pour attirer les capitaux étrangers est très néfaste à
l’économie comorienne. Car elle implique un coût d’acquisition très élevé de crédit pour les
petits entrepreneurs locaux. Cet obstacle empêche les petites et moyennes entreprises
d’exister par manque de financement.
Ensuite, des relations commerciales des Comores avec les Îles de la sous-région se trouvent
handicapées par sa monnaie forte : le franc comorien étant surévalué par rapport aux autres
monnaies de la sous-région, les produits libellés en franc comorien deviennent trop chers sur
le marché de la sous-région. Ce qui entraîne une perte de compétitivité.
Selon les accords entre la France et les pays de la Zone franc, la France pourrait décider
unilatéralement la dévaluation du franc CFA ou comorien, lorsque les devises obtenues à
partir des exportations s’avèrent insuffisantes par rapport aux importations.
C’est dans ce contexte que les pays de la Zone franc ont vu leurs monnaies dévaluées en
janvier 1994 dans l’ordre de 50% pour le CFA et 33,33% pour le cas des Comores. Du coup,
1 FRF qui valait 50 FCFA et 50 FC avant 1994, vaut maintenant respectivement 100 FCFA et
75 FC. Pour ce faire, les prix des produits importés ont augmenté d’autant, ce qui a entraîné
un déficit aigu de la balance commerciale et une inflation importée compte tenu de la
faiblesse de l’adaptation de l’économie comorienne à la conjoncture. Il faut 75.000 FC pour
importer un produit de 1.000 FRF, alors qu’il ne fallait que 50.000 FC avant la dévaluation.
C’est précisément ce qui a affecté l’économie comorienne : les prix des produits importés
ont augmenté de 33,33 % et celui du pétrole de 30%, tandis que l’indexation de salaire ne
dépasse guère les 15%, ce qui aboutit à une chute du pouvoir d’achat de la population, d’où
une augmentation de la pauvreté.
Chapitre 1
24
source : Arnaud Zacharie- Franc CFA et néocolonialisme monétairehttp://users.skynet.be/cadtm/pages/françaiscfa
29
En outre, puisque le franc comorien a perdu les 33,33 % de sa valeur, l’importateur français
peut acheter 1,5 kg de Girofle pour 10 FRF au lieu d’un seul kilogramme avant la
dévaluation, ce qui contraint le pays à exporter 25% de plus de produits pour acquérir une
même somme de devises étrangères. Cela aboutit à une dilapidation des ressources naturelles
et des dégâts environnementaux considérables (déforestation, monocultures de rentes
détruisant les terres cultivables…).
Deuxième partie :
LES MESURES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
30
CHAPITRE 3 : REVUE DES STRATEGIES PASSEES
3.1. CADRE MACRO-ECONOMIQUE
Suite à la dévaluation du franc CFA et comorien respectivement de 50% et 33,33% en 1994,
les autorités comoriennes ont mené une politique budgétaire restrictive pour réduire les
déséquilibres macroéconomiques afin d’empêcher une nouvelle dévaluation. Alors que
l’inflation consécutive à la dévaluation, avait atteint 25%, les mesures d’accompagnement
initiées, ont permis de ramener le niveau à 5,5% en 1995 puis à 1,6% en 1997. Avec la
sécession de l’Île d’Anjouan, les autorités comoriennes ont vu augmenter l’inflation à 4,4%25
et une baisse du PIB réel par tête à hauteur de 2,3% jusqu’en 1999.
De nos jours, les autorités comoriennes envisagent de mettre en place le DSCRP (Document
Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté), qui permettrait un allègement de
la dette à titre de l’Initiative-PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).
Avec la création du document « Comores : développement humain durable et élimination de
la pauvreté élément pour une stratégie nationale » en 1997 et les institutions de financement
du secteur rural, les autorités comoriennes ont montré leur volonté pour lutter contre la
pauvreté.
Les études réalisées par le PNUD et le gouvernement comorien ont permis d’identifier le
profil de la pauvreté absolue. La pauvreté est identifiée à travers les 3 Îles de la république
des Comores. Ainsi, Anjouan se présente comme l’Île la plus défavorisée, suivie de celle de
Mohéli. Pour chaque Île, le milieu rural reste le plus touché par la pauvreté. Le résultat de
l’enquête a permis la mise en place d’un schéma directeur qui identifie les types
d’interventions les plus pertinentes pour lutter contre la pauvreté et améliorer les revenus et
les conditions de vie des populations défavorisées.
Trois axes d’interventions ont été retenus par le schéma directeur à savoir : l’intervention
entre les Îles, le milieu rural et le milieu urbain.
Ainsi, toutes les interventions en faveur de la lutte contre la pauvreté ont été interrompues,
suite aux crises séparatistes. Le gouvernement comorien au lieu de s’occuper de la réduction
de la pauvreté, cherche à réconcilier les Îles.
Chapitre 1
25
Source Banque de France- Rapport – Zone franc 2001.
31
Par ailleurs, les autorités viennent de finaliser une première version du DSCRPintermédiaire. Dans ce contexte de l’élaboration du DSCRP, un don a été offert par la Banque
mondiale pour financer une assistance au gouvernement des Comores. L’objectif de ce don
est de renforcer la capacité du gouvernement à effectuer une analyse de la pauvreté, à mettre
en œuvre une démarche participative pour l’élaboration de ses politiques, à effectuer un
travail sectoriel et à exécuter son programme de réduction de la pauvreté. Sur la base des
grands axes de la stratégie de réduction de la pauvreté des Comores, quatre composantes
suivantes seraient soutenues :
- étude de la pauvreté ;
- élaboration des programmes sectoriels de réduction de la pauvreté ;
- renforcement du secteur participatif ;
- préparation et exécution du programme de réduction de la pauvreté.
De nos jours, seule l’étude de la pauvreté a pu être réalisée aux Comores. Suite aux conflits
institutionnels entre l’Union et les Îles, le processus de mise en œuvre du Document
Stratégique de Croissance Réduction de la Pauvreté a beaucoup perdu son dynamisme.
Malgré les difficultés politiques, le gouvernement comorien se bat à réduire la pauvreté par
l’amélioration des infrastructures de base et le secteur social. C’est dans ce cadre que la
construction du port de Mohéli financée par l’Union européenne et le gouvernement
comorien a vu le jour en 1998. Ce port faciliterait le cheminement des produits vivriers de
l’Île de Mohéli vers les autres Îles sœurs.
La construction de différentes routes dans les zones rurales (zones de Gnumakélé, Sima,
Djando…) ont permis de désenclaver ces zones et de permettre aux paysans de vendre leurs
produits sans difficulté mais aussi d’acquérir les produits importés à faibles coûts.
Dans le domaine social, la fourniture des services d’éducation et de santé sont des
investissements primordiaux pour l’Etat comorien ; la construction des différents
établissements scolaires et des postes de santé ont permis aux groupes les plus démunis de
scolariser leurs enfants mais aussi d’accéder aux soins médicaux à un coût supportable.
L’Etat a intensifié aussi le programme de la lutte contre le paludisme et celui du planning
familial pour réduire le taux de natalité.
3.2. L’APPUI AU SECTEUR PRIVE
3.2.1. Les moyens institutionnels mis en œuvre
Conscients de l’importance qu’occupe le secteur privé dans le développement économique du
pays, l’Etat et plusieurs bailleurs de fonds ont créé des projets qui ont pour but d’encourager
la création et le développement des entreprises. Il s’agit de :
- la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture des Comores (CCIAC) ;
- Appui à la Micro entreprise (AMIE) ;
- Fonds National de Garantie (FNG).
La Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture des Comores (CCIAC)
Elle a pour objet de :
- encourager la création des petites et moyennes entreprises ;
32
-
assurer pleinement le rôle d’interface entre le secteur privé et le pouvoir public ;
accentuer les actions de promotions et d’encadrement des entreprises comoriennes ;
aider le secteur privé comorien à participer aux mutations technologiques, économiques
et commerciales en cours dans le monde ;
améliorer les actions d’accompagnement des entreprises comoriennes dans leurs
initiatives d’intégration et d’ouverture vers les marchés de la sous-région et du monde.
L’Appui à la Micro-Entreprise (AMIE)
Depuis l’an 2000 le PNUD et le Bureau International du Travail (BIT) ont mis en place un
projet d’appui à la micro-entreprise (AMIE) qui a pour objet d’encourager la création des
petites entreprises, d’octroyer à des conditions favorables des prêts à ces petites entreprises.
La première phase de ce projet fut un succès, car elle a bénéficié aux artisans, agriculteurs,
pêcheurs et surtout aux femmes. Une seconde phase vient d’être mise en place dans le but de
constituer de l’appui à la création et au développement de petites entreprises. Cette structure
AMIE envisage de s’implanter dans les trois Îles pour pouvoir assurer des appuis de
proximité aux petites entreprises comoriennes.
Fonds National de Garantie (FNG)
Créé par la loi N°95-016/AF du 7 juillet 199526, en remplacement du Fonds d’Assistance au
Secteur Privé (FASP) qui a été institué par le PNUD et le BIT (Bureau International de
Travail) en 1992 avec pour objectif d’accroître le volume du crédit par l’intermédiaire d’un
système bancaire réceptif aux besoins des petites entreprises naissantes, le FNG a pour but de
garantir les prêts bancaires aux petites entreprises.
Pour améliorer l’environnement juridique et judiciaire des affaires aux Comores, un nouveau
code des investissements beaucoup plus libéral que celui de 1984 a été adopté en juin 1995
par le parlement, pour faciliter le développement des investissements privés dans le pays.
3.2.2. Les moyens financiers utilisés
Le développement économique des Comores passe entre autres par le développement du
secteur privé. Ce dernier rencontre des difficultés dans son fonctionnement. Il souffre de
plusieurs handicaps dont l’inadaptation dans la conception à la faisabilité des projets, d’une
gestion financière défaillante des entreprises, et surtout le manque d’information d’accès au
crédit bancaire. Celui-ci n’est accordé que par deux (2) établissements de crédits pour
l’ensemble du pays.
A cet effet, les conditions d’octroi de crédits sont restrictives et le taux d’intérêt demeure
également très élevé. Conséquence, les entreprises comoriennes sont sous-capitalisées et
font rapidement faillites, faute des ressources suffisantes pour financer leur cycle
d’exploitation ainsi que leur investissement.
Chapitre 1
26
Source : Ismaël Saadi, le financement des petites et moyennes entreprises aux Comores, http://www.comoresonline.com/mwezinet.pme
33
En effet, on remarque deux sources financières aux Comores à savoir : les sources
traditionnelles et les sources modernes.
3.2.2.1. Sources Traditionnelles
L’autofinancement
Il englobe le financement endogène et le financement informel. Ces deux modes de
financement se trouvent présents dans le secteur privé comorien.
Le financement endogène : il concerne les fonds propres (une épargne personnelle
complétée par celle des parents ou amis). Les comoriens préfèrent rassembler leurs maigres
économies pour créer leurs entreprises.
En fait, les gens n’ont pas l’habitude de s’associer avec d’autres personnes pour créer une
entreprise. Dans la majorité des cas, ce sont des personnes de même famille ou des amis de
longue date, qui regroupent leurs épargnes, collectées parfois après plusieurs années de
labeur à l’étranger, pour démarrer leurs activités. Ainsi, il existe très peu de sociétés
anonymes aux Comores. Les sociétés créées annuellement sont en majorité à responsabilité
limitée (SARL) dont les parts sociales sont détenues par les associés d’une même famille.
Le financement par la Tontine : la tontine selon Larousse est l’association de personnes
versant de l’argent à une caisse commune dont le montant est remis à tour de rôle à chaque
membre ; montant de la caisse ainsi constitué. A travers cette définition, nous comprenons
que la tontine soit une source de crédit sans intérêt, mais qu’elle n’est accessible qu’aux
membres.
Cette source de crédit est caractérisée par sa nature mutualiste qui assure sa survie. Cette
technique de mobilisation de l’épargne personnelle ne se pratique qu’à court terme. Elle
permet à l’épargnant de mettre régulièrement de l’argent de côté avec d’autres personnes, de
disposer à un moment donné, d’une somme d’argent pour réaliser ses projets.
Par ailleurs, cette technique est très répandue aux Comores et est couramment utilisée pour
réaliser certaines dépenses souvent ostentatoires (Grand mariage, naissance, décès) ; pour
ouvrir une épicerie ; effectuer des voyages de commerce informel en France, aux Emirats
Arabes Unis ou en Arabie Saoudite.
A côté de la tontine, il existe une autre source d’aide (solidarité). Lorsque survient un
événement extraordinaire dans un ménage (mariage, décès …), chaque membre de la
communauté doit contribuer pour aider ce ménage. Cette aide dont le montant n’est pas fixé
est considérée comme une source de financement, mais une source qui ne finance que la
consommation.
Le financement externe
Il s’agit des crédits que les entrepreneurs, peuvent obtenir soit auprès des particuliers soit
auprès des établissements de crédits.
34
Les prêts entre particuliers : ce sont des prêts moins utilisés aux Comores. On les qualifie
d’intouchables à cause du taux d’intérêt mensuel très élevé et surtout de la crédibilité entre
les particuliers. Puisque la dette peut s’accumuler, la contrainte n’est que morale. Le seul
pouvoir qu’a le prêteur c’est de mettre le débiteur dans l’impossibilité d’un autre prêt,
parfois même auprès d’un autre créancier.
Le crédit bancaire : les banques, sont les premières institutions de crédits aux Comores mais
elles restent mal connues. La population considère que les banques ne sont que pour les
riches. Elles ne sont pas une source de financement mais plutôt un lieu d’épargne pour ceux
qui ont un surplus de ressources financières. En plus, les institutions bancaires aux Comores
sont limitées. Elles ne sont qu’au nombre de deux (2) : la Banque de Développement des
Comores (BDC) et la Banque pour l’Industrie et le Commerce (BIC).
La Banque pour l’Industrie le Commerce (BIC) : elle a été créée en 1982 pour succéder à la
Banque Commerciale des Comores mise en liquidation. Initialement, son capital de 300
millions de FC était réparti entre la Banque Internationale pour l’Afrique de l’Ouest (BIAO
51%), l’Etat comorien (34%) et les privés nationaux (15%).
Cependant, en 1990, lors de la cession volontaire du réseau de la BIAO par son actionnaire
majoritaire, la Banque Nationale de Paris (BNP) acquiert la BIC pour renforcer son réseau
dans l’Océan Indien. Il s’agit de la seule banque commerciale aux Comores. En raison de son
monopole, La BIC collecte la majorité des dépôts et octroie presque la totalité des crédits à
court terme.
A cause de son taux de rémunération ramené à 3%, ainsi que la grille des taux débiteurs qui
demeurent actuellement dans la fourchette de 11 à 18 %, de sorte que les petits et moyens
épargnants ont d’énormes difficultés pour épargner ou bénéficier des crédits.
La Banque de Développement des Comores (BDC) : elle a été créée en 1981 pour remplacer
la Société de Crédit pour le développement des Comores mise en liquidation en raison de sa
mauvaise situation financière.
La loi n° 81-026/PR portant création de la BDC lui a fixé comme objectif de contribuer au
développement économique du pays à travers le financement à moyen et à long terme des
activités de production. Son capital de 300 millions de FC, est détenu par l’Etat (50%), la
Banque Centrale des Comores (16%) ; le tiers restant est reparti en parts égales entre
l’Agence Française de Développement AFD (16,7%) et la Banque
Européenne
d’Investissement (16,7%).
La BDC intervient principalement dans les secteurs de l’industrie, du transport et de
l’habitat27. Les ressources de la BDC proviennent uniquement des lignes des crédits octroyés
par les institutions internationales d’aides au développement. Près de 95% des crédits à long
terme octroyés aux Comores sont accordés par la BDC. Ces crédits concernant les secteurs
d’industrie, d’hôtellerie, de l’artisanat, de l’agriculture.
Chapitre 1
27
Source : Ismaël Saadi Le système bancaire comorien Ed. MweziNet 1999
35
Autres modes de financement des entreprises
Les autres modes de financement des entreprises proviennent aux recours des indemnités de
licenciement ou de départ volontaire. En effet, les fonctionnaires qui ont opté pour le départ
volontaire dans le cadre du programme d’ajustement structurel (PAS) ou des salariés des
entreprises publiques licenciés dans le cadre des mesures d’assainissement, comme le cas de
la SNPT (Société Nationale des Postes et des Télécommunications) ; de l’EEDC (Electricité
et Eau Des Comores) ou de la SOCOPOTRAM (Société Comorienne des Ports et des
Transports Maritimes), utilisent leur indemnité de licenciement pour créer des entreprises.
Parmi eux, une petite minorité réussit.
En effet, aucune étude n’a été menée localement pour dégager la part de ces types de
financement. Mais compte tenu du nombre limité des établissements de crédits dans le pays
et des conditions d’octroi de crédits rigoureuses fixées par ces établissement, il est évident
qu’aux Comores ce mode de financement occupe une place prépondérante.
3.2.2.2. Les sources modernes
Dans l’idée de pallier aux insuffisances de sources traditionnelles et de faciliter l’accès aux
crédits aux pauvres, pour financer les secteurs (urbain et rural), le gouvernement comorien et
les bailleurs de fonds ont encouragé la création des institutions de crédits modernes.
La Caisse Nationale d’Epargne (CNE)
D’après l’ordonnance N° 92-004/PR du 1er Août 1992 portant création de la CNE au sein de
la SNPT (société des postes et de la télécommunication), la CNE a pour objet «la
mobilisation de l’épargne populaire ». Selon cette ordonnance, «suivant l’évolution des
ressources disponibles, elle peut être amenée à octroyer des crédits à sa clientèle ou à assurer
sous forme de prêt, le financement de projet d’intérêt national ». En l’absence de gestion
rigoureuse, la CNE a connu dans le passé plusieurs malversations. Ainsi près de 50% de
dépôts étaient utilisés pour financer ces pertes.
Les « SANDUK » (caisses d’argent) et les Mutuelles d’Epargne et des Crédits des
Comores (MECK).
Deux réseaux sont mis en place aux Comores à partir de 1996 par le gouvernement comorien
et des bailleurs de fonds internationaux (Fonds International de Développement Agricole
FIDA et l’assistance technique d’une ONG canadienne Développement International
Desjardins DID) : les « SANDUK » et les Mutuelles d’Epargne et des Crédits des Comores
(MECK). Ce sont des organismes qui ont pour objet d’aider les personnes qui ne peuvent pas
accéder aux crédits des institutions bancaires à cause des formalités juridiques et
administratives complexes, mais qui ont la volonté de produire ou investir. Ce sont des
sociétés à capitaux variables, associant des personnes volontairement réunies pour satisfaire
leurs besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la
propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement par ses membres qui
sont propriétaires-usagers.
Les finalités de ces sociétés sont : favoriser l’émergence aux Comores d’un véritable réseau
autonome d’institutions, mutualistes, capables d’améliorer de façon significative
36
l’intermédiation financière en milieu rural et garantir sa pérennité. Elles doivent être en
mesure de collecter l’épargne, de la faire fructifier et de la rétrocéder pour financer des
initiatives économiques de base pour la population.
De nos jours douze (12) Mutuelles d’Epargne et des Crédits sont en exercice (6 en GrandeComore, 5 à Anjouan et 1 à Mohéli). L’ensemble des mutuelles au 31 décembre 1998
disposait de 1810 membres. L’épargne collectée à ce moment était de 258 millions de FC.
Ces mutuelles ont connu une progression fulgurante au cours des deux premières années de
leur mise en place. Toutefois, le non paiement par le gouvernement comorien des fonds de
contrepartie au FIDA en 1998 a conduit au retrait de l’assistance technique du DID. Cette
situation se répercute négativement sur les activités des mutuelles. Certains d’entre elles ont
acquis une autonomie financière et les responsables cherchent d’autres bailleurs de fonds tels
que AFD, PNUD, et la Banque mondiale.
Fonds d’Appui au Développement Communautaire (FADC)
Le FADC est un fonds social mis en place par le gouvernement comorien avec l’appui de la
Banque mondiale. Il fonctionne comme un organisme à caractère public doté de la
personnalité morale jouissant d’une autonomie administrative et financière. De par son statut
d’institution financière, il est chargé d’apporter une assistance financière, technique et
matérielle aux communautés villageoises et aux quartiers défavorisés des villes.
Objectif :
- apporter un appui technique et financier aux communautés dans le cadre du
développement socio-économique des Comores ;
- prendre part à la lutte pour la réduction de la pauvreté en soutenant l’amélioration des
conditions de vie des populations les plus démunies ;
- fournir un concours financier aux communautés pour la construction et la rénovation
des infrastructures de base ;
- Pérenniser les infrastructures de base en mettant en place un mécanisme de gestion
durable afin de permettre aux communautés de se prendre progressivement en charge.
Programmes : le FADC a pour mandat de mettre en place un programme d’action social en
faveur des communautés dans les domaines suivants :
- infrastructures sociales (écoles, postes de santé et adduction d’eau) ;
- infrastructures productrices ou d’appui à la production (entrepôts , marchés…) ;
- infrastructures de développement (pistes, ponts, digues…) ;
- infrastructures pour protection d’environnement ;
- activité génératrice des revenus (entreprises communautaires).
Cependant, le village bénéficiaire du projet doit participer à hauteur de 20% au coût
d’investissement. Des taux plus faibles étant appliqués aux communautés préalablement
identifiées comme pauvres. Le village doit prendre en charge le coût d’entretien et frais
récurrents ; l’ensemble de la communauté doit participer à l’entreprise. Les tableaux cidessous indiquent les plans d’action du FADC 2000-2001.
37
Iles
Grande-Comore
Anjouan
Mohéli
Comores
Tableau 4 : Construction des infrastructures de base 2001
Population
Nombre de projets
Coût en FC
104.650
68
2.046.641.239
68.120
30
790.270.150
64.213
35
780.812.083
236.983
133
3.617.723.472
Iles
Grande-Comore
Anjouan
Mohéli
Comores
Tableau 5 : Projets d’activité génératrice de revenu
Nombre de projets
Montant en FC
35
65.000.000
27
50.000.000
18
35.000.000
80
150.000.000
Source : Agenda des Comores 2002, Le FADC plan d’action 2001
Au cours de cette 2ème phase (2000-2004), le FADC a prévu la réalisation de 240 sous-projets
d’infrastructures de base, 205 sous-projets d’activités génératrice de revenus et 40 sousprojets de renforcement de capacités. L’ensemble de ce programme doit créer 810 emplois
permanents et 4800 emplois temporaires.
Aux Comores, la population a une ancienne tradition : l’organisation d’initiatives de
développement local. C’est pourquoi le FADC a adopté le concept de développement
communautaire qui lui a permis de faire adhérer les communautés aux objectifs fixés, à un
commun accord et arriver à un succès indéniable auprès des bénéficiaires. Cette conception
du développement socio-économique trouve ses racines dans l’approche participative qui
privilégie l’implication des bénéficiaires dans toutes les phases du cycle du projet.
3.2.3. Revenu des Comoriens de l’étranger
On estime à plus de 100.000 c’est-à-dire le 1/6ème de la population totale, le nombre de
comoriens vivant à l’étranger. Ces migrations engendrent des transferts d’argent réguliers qui
servent à financer, en majorité semble-t-il, la réalisation de projets communautaires, la
construction de logements familiaux, et le financement des cérémonies de Grand mariage.
La balance courante a enregistré en 2001 un montant de 14 milliards FC en entrée de
capitaux privés. Une analyse plus fine montrerait sans doute que la majorité des 14 milliards
provient de transferts familiaux.
Cependant, on connaît mal le montant réel des entrées puisqu’une bonne partie d’entre elles
transite hors circuits financiers officiels. Elles rentrent sous forme de liquidités au porteur, et
sont, par la suite intégrées dans des circuits informels, par le biais des tontines, ou
directement thésaurisées dans les familles, au travers le système des prêts interindividuels
réciproques du Grand mariage.
Par ailleurs, des grandes différences existent entre les îles à ce sujet. L’enquête « Budgetconsommation » montre que les transferts sont surtout importants en Grande-Comore
puisqu’ils vont jusqu’à 20% du revenu de la population. En effet, les habitants de cette Île
38
ont tendance à beaucoup émigrer vers la France. Par contre, l’Île de Mohéli et celle
d’Anjouan ont des populations qui émigrent moins à l’étranger ; ce qui fait que leurs
transferts représentent respectivement 5% et 3% du revenu.
On trouve dans la plupart des villages, des associations ayant pour objectif de réaliser des
projets culturels, sociaux et, plus récemment, économiques. En milieux urbains, des
association privées, par exemple pour la défense de l’environnement ou des chaînes
audiovisuelles associatives, contribuent au fonctionnement de la vie citadine.
Ces associations gèrent notamment dans le but d’aménagement communautaire, les fonds
provenant de la diaspora comorienne ou de bailleurs de fonds dans le cadre du
développement local ou de la protection de l’environnement.
C’est sur cette base qu’ont été mises en place, des institutions comme le Fonds d’Appui au
Développement Communautaire (FADC) qui finance la réalisation de petits projets ou les
« Sanduks » (caisses d’argent) gérées par les communautés villageoises pour financer leurs
projets. Ces deux institutions ont facilité aux communautés la lutte contre la pauvreté en
réalisant des projets sans conflits familiaux et sans blocages structurels.
3.2.4. Apport du secteur informel
Le secteur informel regroupe généralement les personnes qui n’ont aucune formation
intellectuelle, les personnes déçues par le secteur de l’économie moderne, n’ayant pas obtenu
ou ayant perdu leur emploi.
Ce secteur est caractérisé surtout aux Comores par des petits commerces inter-îles ou
d’import-export. Il s’agit des petites activités familiales ou individuelles. Par son dynamisme
ce secteur participe activement à la lutte contre la pauvreté. Il emploie une grande main
d’œuvre, distribue des revenus élevés, offre sur le marché, des biens et services, et répond
aux besoins d’une large couche de la population, surtout la plus démunie.
Ce secteur fourni d’une manière générale de :
- fournitures scolaires ;
- produits alimentaires ;
- médecine traditionnelle ;
- bijoux et produits cosmétiques.
Au regard de la structure de l’économie nationale, le secteur informel constitue un enjeu
stratégique indispensable pour le développement et la lutte contre la pauvreté. Pour cela, son
encouragement est indispensable.
D’une manière générale, le secteur privé comorien ne bénéficie pas les structures
administratives et financières adaptées qui facilitent leur financement. Le recours aux crédits
par le biais des institutions bancaires n’est toujours pas ancré dans les mentalités des
entrepreneurs comoriens et surtout en milieu rural. Ceux qui ont pris le crédit bancaire ou
mutuel, par manque d’encadrement, ont mal orienté leurs ressources et finalement ils sont
tombés en faillite.
39
A cet effet, il est nécessaire de mettre en place des établissements des crédits spécialisés
notamment pour les agriculteurs et les artisans, pour permettre aux entrepreneurs comoriens
d’avoir une gamme des crédits adaptés à leur besoin. Les entrepreneurs doivent de leur côté
restructurer leur méthode de travail et l’organisation administrative et financière de leurs
entreprises, en recrutant un personnel qualifié afin de mieux concevoir leurs projets et
rentabiliser ainsi leur investissement.
3.3. POLITIQUES SOCIALES ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
Le gouvernement comorien cherche toujours à répondre aux objectifs exprimés notamment
dans le cadre d la campagne de «l’éducation pour tous ». Toutefois, vu les contraintes
institutionnelles et surtout financières (impôts et emprunts), la part de l’éducation et de la
santé dans le budget national ne dépasse pas les 15% et 3%28 respectivement.
A l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays à faible revenu, la plus grande partie du
budget de fonctionnement est consacrée au paiement des salaires. Cette situation, rend
nécessaire une importante contribution des ménages et des communautés pour permettre un
meilleur fonctionnement des services d’éducation et de santé. Il convient également de
souligner que les dépenses d’investissement pour ces secteurs sont financés intégralement par
les bailleurs de fonds internationaux.
3.3.1. Politique éducative
l’analyse préliminaire du budget et des dépenses effectuées montre que le secteur de
l’éducation occupe une place de choix dans le budget de l’Etat. En terme de répartitions de
différents niveaux, il apparaît que la plus grande partie des dépenses éducatives de l’Etat,
environ 40%, est affectée au niveau du primaire.
Toutefois, les efforts du gouvernement et participation des parents et des communautés sont
freinés par l’inefficacité du système. Les données plus récentes au niveau national font état
d’un taux net de scolarisation de 60%29, et seulement la moitié des inscrits (32%) atteignent
le CM2(cours élémentaires deuxième année).
Ces obstacles sont liés en grande partie au faible niveau de qualification de nombreux
enseignants, l’absence du matériel et manuel pédagogique et surtout aux grèves successives
et fermetures d’écoles dues aux arriérés des salaires qu’accuse le pays.
Certes la forte concentration des enseignants payés par l’Etat dans certaines zones des îles
est source d’iniquités dont souffrent les zones rurales pauvres. Là, les communautés
villageoises sont contraintes de prendre en charge elles-mêmes les salaires d’enseignants
recrutés localement, voir contribuer aux constructions des salles de classes.
3.3.2. Politique sanitaire
Chapitre 1
28
Source : Banque mondiale 2002.
Seulement 18% des enfants de moins de 6 ans s’inscrivent à l’école primaire. C’est l’école coranique qui
reste une obligation pour la totalité des enfants de 4 à 5 ans ; source : Banque mondiale, Rapport de la dernière
mission de la Banque mondiale aux Comores -Bilan de l’école pour tous l’an 2002. p.20
29
40
En matière de santé publique, les Comores ont fait en 20 ans des progrès incontestables, si
bien que l’espérance de vie à la naissance est passée de 47 ans en 1980 à 59,4 ans en 2001 ;
la mortalité infantile qui était estimée à 250‰ en 1980 se situe aujourd’hui à 84‰. la
couverture vaccinale est passée de 25% en 1984 à 91% en l’an 200030 ; de plus, les
incidences du paludisme, de la lèpre et de la tuberculose ont fortement diminué.
Pourtant le financement du secteur apparaît inadéquat par rapport aux besoins de la
population. Cependant une allocation de 3% du budget dont les trois quart sont alloués aux
salaires, il serait plus difficile de faire face au maintien des infrastructures sanitaires compte
tenu de l’accroissement inquiétant de la population.
En outre, seul un tiers du personnel de la santé est réellement qualifié. Ce dernier se trouve
dans la majorité des cas en concentre en milieu urbain au détriment des zones les plus
défavorisées.
Enfin, une grande partie de la population, surtout les plus démunis n’ont pas accès aux soins
primaires, étant dans l’incapacité de payer les frais de consultation ou d’achat des
médicaments.
3.3.3. Contradictions de l’évolution de la fécondité
Tandis que le taux de mortalité poursuit son déclin, la natalité comorienne n’accuse jusqu’à
présent aucune baisse véritable. La fécondité ne laisse en effet apparaître aucun signe de
ralentissement et la pyramide des âges, très évasé par le bas, indiquant une forte proportion
des jeunes. Il n’y a, dans ces conditions, aucune raison d’admettre qu’on assistera à un
ralentissement de la pyramide démographique malgré tous les efforts faits par le
gouvernement comorien, le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) ainsi que
des ONG étrangères, en matière de planning familial.
Si la transition démographique est beaucoup plus lente à se manifester aux Comores comme
dans beaucoup de pays africains, cela tient à la forte pression sociale en faveur de la natalité.
Cette attitude profondément nataliste concerne pratiquement toutes les couches de la société,
à l’exception d’une petite frange urbaine scolarisée qui exprime un désir de limitation de
naissances. L’influence du slogan « la richesse d’un pauvre c’est ses enfants », mais aussi de
voir un certain nombre d’enfants en âge adulte compte tenu du risque de décès, puisque dans
le milieu rural, la main-d’œuvre est souvent le seul intrant sur lequel on puisse investir pour
améliorer la production et les revenus et pour diversifier les sources de revenu en organisant
le départ de certains membres de la famille vers d’autres activités (fonction publique,
émigration…).
Pourtant, si l’objectif des couples est bien de voir un nombre d’enfants venant au monde
atteindre l’âge d’adulte, la diminution de la mortalité infantile grâce au progrès technique de
la médecine comme la vaccination, la réhydratation, ou le traitement des eaux, le taux brut de
natalité devrait à moyen terme diminuer. Or, l’incidence de la fécondité reste aux Comores de
5 à 6 enfants par femmes. Cependant, le progrès de la médicine et les campagnes du planning
Chapitre 1
30
Source : Jean Dubois ; peut on s’appuyer sur le capital socioculturel pour réduire la pauvreté aux
Comores ?1997 ; Banque mondiale- Rapport de la dernière mission aux Comores 2002.
41
familial n’étaient sans doute pas assez forts pour ébranler eux seuls le comportement des
ménages.
Par ailleurs, un changement ne pourrait s’effectuer qu’avec une modification significative de
niveau de vie et des conditions d’existence (avoir des lieux de loisir à moindre coût).
CHAPITRE 4 : NOUVELLES OPPORTUNITES DE CROISSANCE
Tout pays dont l’ambition est de sortir du sous-développement a besoin de se projeter dans
l’avenir, il doit en conséquence avoir un pressant besoin d’adopter des stratégies, des plans et
des programmes ; c’est-à-dire, fixer des objectifs clairs, recenser les atouts et les handicaps
de l’économie et proposer des politiques socio-économiques susceptibles d’atteindre ces
objectifs.
Dépourvues de richesses minérales, et même dénuées de technologie industrielle, les
Comores sont loin d’être aussi pauvres : le pays possède de potentialités appréciables qui
restent encore mal connues.
Malgré l’étroitesse des terres cultivables, les sols Comoriens sont très fertiles, ils sont
abondamment arrosés par les pluies. Ces sols ont des propriétés particulières :
- très forte capacité de rétention de l’eau (jusqu’à 300% du poids sec) ;
42
-
très forte teneur en matière organique (pouvant atteindre plus de 40%)31.
Selon les études, l’Île de Mohéli serait propice à la culture vivrière ; par contre, les deux îles
sœurs, les cultures de rente (la Grande-Comore produit la Vanille ; et Anjouan, le Girofle et
l’Ylang-ylang).
Le pays dispose d’importantes ressources halieutiques estimées à 85.000 tonnes par an32.
Mais, c’est en définitive, le secteur du tourisme qui semble détenir les plus fortes potentialités
de croissance. Les centaines de plages, les différentes sites touristiques, les espèces très rares,
les Comores possèdent un atout touristique.
L’archipel, de par sa position géographique, présente des avantages certains, pour faciliter les
échanges entre le continent africain et l’île Malgache, voire les autres îles de l’océan Indien,
les quelles jouent un rôle très actif dans le commerce international (voir la carte
géographique).
Dans notre stratégie de lutte contre la pauvreté, l’objectif est la réduction significative et
durable de la pauvreté, et placer le pays sur la voie d’une croissance économique et un
développement durable. Il s’agit, d’augmenter les revenus de ménages, d’améliorer leur état
de santé, le niveau d’éducation ; bref, améliorer les conditions de vie de la population et
particulièrement les plus démunis.
Pour réaliser l’objectif visé de notre étude, il est à envisager une stratégie de développement
qui s’articule sur deux (2) axes principaux :
- Accélération de la croissance économique en appuyant sur les secteurs porteurs de
croissance ;
- Le développement des infrastructures et services de base.
4.1. APPUYER LES SECTEURS PORTEURS DE CROISSANCE
Seule une forte croissance permettrait d’augmenter la richesse nationale, résorber le chômage
et réduire les inégalités. Si l’on considère comme seuil de pauvreté le montant de 167.000
FC, on peut estimer à partir des données de l’enquête à 21.819 millions FC33, le montant de
revenus supplémentaires qu’il faudrait distribuer directement aux pauvres pour hausser leur
revenu au niveau de ce seuil. Etant donné que le PIB courant s’élève à 121.300 millions FC,
ce montant de 21.819 millions FC à distribuer représente 18% du PIB. Il traduit, en fait,
l’effort minimum de création de richesse nouvelle ou de redistribution de la richesse
existante, qu’il faudrait pour éradiquer la pauvreté. Ce montant supposé de redistribution
donne un ordre de grandeur de l’effort à entreprendre.
Or, l’augmentation du PIB de 18%, en supposant que la population est constante, peut être
réalisée par une croissance annuelle de 1,8% pendant une décennie (10 ans). Sachant que la
Chapitre 1
31
Source :Ali Haribou et Hervé Chagnoux 1988.
Source : Banque de France – Rapport- Zone franc 1992.
33
Source de nous même : Toute chose égale par ailleurs ; en considérant l’incidence de la pauvreté comme
inchangée, nous avons ramener cette incidence à la population actuelle estimée à 558.000 habitants ( Mayotte
exclue) pour déterminer le montant supplémentaire à redistribuer afin de rehausser les revenus de ménages qui
ont une consommation inférieur au seuil de la pauvreté absolue.
32
43
population augmente de 2,7% par an, il faudrait que la croissance réelle du PIB avoisine les
4,5% par an pendant 10 ans.
En veillant cependant à ce que les fruits de cette croissance profitent en priorité à ceux qui
sont plus pauvres dans les différentes Îles, les milieux urbains et ruraux, et les catégories de
ménages, on pourrait obtenir une forte réduction de la pauvreté à une décennie. Des actions
ciblées, orientées vers les plus pauvres demeureront toujours nécessaires, pour assurer une
redistribution efficace des fruits de cette croissance.
4.1.1. INTERVENTION EN MILIEU RURAL
4.1.1.1. Agriculture
Dans cette nouvelle politique de lutte contre la pauvreté, plusieurs facteurs militent en faveur
d’une croissance économique portée par le secteur rural (agriculture, élevage, pêche et
tourisme). En effet, cette stratégie est plus importante du fait que près de 71,5%34 de la
population vivent en milieu rural et dont 55% en dessous du seuil de la pauvreté. Le milieu
rural constitue le principal pourvoyeur de revenus de la population car il emploie près de 80%
de la population active comorienne. Donc le défi de réduction de la pauvreté dans l’archipel
équivaut dans une large mesure à celui du développement accéléré du milieu rural.
D’importants investissements nationaux et étrangers ont été mis en place pour assurer la mise
en œuvre des objectifs dans le cadre des différents programmes et des projets de
développement. Cependant, les approches diverses et manque d’infrastructures de base ont
limité les investissements privés et n’ont pas permis la modernisation du secteur et le
dynamisme nécessaire à la réduction de la pauvreté.
Les principaux objectifs visés par la politique de développement rural sont les suivants :
- Améliorer du revenu de la population rurale ;
- Améliorer la production vivrière et assurer la sécurité alimentaire ;
- Préserver les ressources naturelles.
Pour atteindre ces objectifs fixés, cinq principes de développement ci-après sont nécessaires :
1. La société doit pouvoir atteindre un équilibre nutritionnel et sanitaire. L’intégration
systématique des investissements sociaux (amélioration de l’habitat, soins de santé
primaires, hygiène de base, école de brousse, centre de formation) dans la préoccupation
de développement rural doit être obtenu afin de réduire les inégalités par rapport aux
zones urbaines.
2. La société rurale doit disposer d’un espace économique suffisant, garanti au plan foncier.
Le développement de l’agriculture ne pose pas que des problèmes techniques ; souvent, il
se heurte au pouvoir des propriétaires terriens. Ces inégalités dans la répartition des terres
et des conditions de vie poussent à des revendications des populations. Les règles de
fermage et métayages ne permettent pas l’acquisition d’un revenu acceptable pour les
paysans compte-tenu de la part considérable des revenus générés par les semences et
perçus par les propriétaires des terres souvent sédentaires des milieux urbains. C’est pour
Chapitre 1
34
Source : Union des Comores – Profil environnemental 2002.
44
cela, des reformes agricoles (reformes agraires) sont nécessaires pour encourager les
paysans. La reforme agraire : selon le lexique économique, « c’est une politique
économique de nature culturelle qui sert à modifier la répartition des terres en réduisant la
concentration de la propriété foncière » ; c’est-à-dire les paysans sans terre doivent les
acquérir pour qu’ils puissent bénéficier de la totalité des retombées qui proviennent de
leurs cultures ; la propriété foncière constitue une garantie pour les paysans : le
Slogan : « la terre à ceux qui la travaillent ».
3. A côté de la sécurisation foncière, cet espace doit être rendu viable par le système des
prix des facteurs de production et l’accès aux crédits ruraux.
4. La société rurale doit pouvoir défendre cet espace en s’organisant sur une base paysanne
(associations villageoises, groupements de producteurs, coopératives ou organisations
professionnelles agricoles) et en pesant dans les rapports politiques.
5. Enfin, elle doit pouvoir exploiter l’espace par l’accès à un panel diversifié de techniques
culturales, d’outils agricoles et d’instants biologiques qu’il lui soit adapté. Dans ce
domaine aussi, seul un transfert effectif des responsabilités aux instances villageoises
peut permettre une réelle action de réhabilitation du capital foncier et de lutte contre la
dégradation écologique.
Figure 7 : Schéma d’une reforme agraire
Distribution aux petits paysans sans
terre de terre prélevées sur les grandes
exploitations ou sur le domaine public.
Les caractéristiques
d’une reforme agraire
Allégement des systèmes de fermage et
de métayage afin d’inciter les
agriculteurs à l’effort.
Octroi des garanties aux paysans afin
qu’ils aient les moyens d’acheter la terre
et d’investir.
Source : BAYO Abdoul-karim, Economie du développement, Cours de l’Université de
Kofi Annan, 2003
Le renforcement des systèmes de productions
Les défis à relever en matière de production sont considérables. Pour accroître le
revenu rural, la production devrait être aussi augmentée. Face à ces besoins et compte-tenu
de la contrainte d’espace cultivable, le choix concernant les systèmes de production doit
inévitablement s’effectuer en vue de parvenir à une intensification de l’agriculture, il s’agirait
de fertiliser les sols par des engrais ou produire des variétés à haut rendement.
Pour arriver à ces buts, le renforcement et l’amélioration de la qualité et de l’efficacité des
services et d’infrastructures de base sont nécessaires, à savoir :
- l’accès à l’eau potable ;
45
-
-
bénéficier des soins médicaux nécessaires (poste de santé, médicaments à bon
prix) ;
la construction et le maintien des infrastructures rurales(routes, pistes rurales, quai
d’embarquement de marchandises) ;
avoir des magasins des stocks des marchandises ;
l’accès à l’électricité et les moyens de communication.
Ainsi ces mesures pourront inciter les paysans à produire beaucoup plus en leur facilitant
l’écoulement de leurs excédents vers les marchés de consommation urbains.
Sécurité alimentaire
Le programme de sécurité alimentaire vise à réduire la dépendance vis-à-vis des
importations. Il doit assurer la protection tarifaire des produits locaux, le soutien logistique et
l’équilibre entre les produits locaux et les produits importés. Ces actions concernent
l’augmentation directe de la production par les moyens agronomiques c’est-à-dire
l’augmentation de la productivité. En plus, l’amélioration du réseau de distribution et de
commercialisation des produits alimentaires est nécessaire. Cette action facilitera la
distribution des surplus vivriers locaux à un coût très faible. Donc, le prix des produits locaux
va concurrencer celui des produits importés.
4.1.1.2. Améliorer la pêche
La production en matière de pêche aux Comores ne dépasse guère les 4.500 tonnes par an. Or
la présence dans ces eaux de deux courants marins de nutrition et de reproduction ainsi qu’un
phénomène «d’upwelling» expliquent l’abondance des Thons sur les mers comoriennes ; rien
que dans un rayon de 50 kilomètres autour de l’archipel.
Avec une potentialité de 85.000 tonnes par an, le pays pourrait assurer sa consommation et
même exporter sur les marchés internationaux (exemple au Japon, premier consommateur du
Thon).
Aujourd’hui, plusieurs projets de développement (en collaboration avec le Japon, et Union
européenne) visent à améliorer les techniques traditionnelles de pêche, mais surtout
d’installer une pêche industrielle sur l’archipel. Cependant, le manque d’énergie électrique et
l’instabilité politique ne permettent pas ces projets de voir le jour.
Pourtant, une pêche industrielle et une conserverie pourraient réduire les importations en
matière de protéines, créer de l’emploi et redistribuer des revenus aux pauvres. A cet effet,
des mesures nécessaires doivent être mises en place pour inciter les investisseurs privés
d’exploiter le secteur ; il s’agirait de :
- assurer la paix dans le pays ;
- fournir une énergie électrique suffisante et stable ;
- améliorer les moyens de communications.
4.1.2. CREATION D’UN PORT FRANC
46
Selon le lexique économique, un port franc appelé aussi zone franche est un « espace
économique enclavé, délimité géographiquement ou sectoriellement, bénéficiant de
privilèges dans le domaine fiscal et des contraintes réduites pour les réglementations et
procédures administratives ». Cependant, ce projet est devenu un véritable serpent de mer
puisque le géographe français A .Gevrey le mentionnait déjà depuis 187035.
Néanmoins de par leur position géographique, les Comores présentent des avantages pour
faciliter le commerce régional. Les marchandises étrangères peuvent transiter ou pénétrer
dans le territoire sans formalités ni paiement de droits, ou bien des entreprises étrangères
peuvent s’installer et profiter d’exonération en matière d’impôts. Du fait que la plupart des
bateaux provenant de l’Asie et des pays du Golf passent dans le Canal de Mozambique pour
se rendre en Afrique du Sud et en Amérique Latine, les Comores peuvent bénéficier
beaucoup d'avantages multiples notamment, la création massive d’emploi.
Avec une main d’œuvre abondante, l’Île d’Anjouan serait le lieu propice à la zone franche.
Cependant, sa réalisation demande un certain nombre de conditions préalables qui sont
actuellement guère présentes aux Comores. Ce sont :
- la stabilité socio-politique ;
- la volonté d’entreprendre ;
- une main-d’œuvre qualifiée aux travaux industriels ;
- des communications faciles ;
- une énergie électrique stable.
Les Comores doivent prendre des exemples des zones franches qui existent et qui sont
dynamiques pour leur développement. Nous pouvons citer quelques zones franches comme
celles de l’Île Maurice, la Tunisie et le Singapour.
4.1.3. LES MICRO-CREDITS ET L’EMERGENCE DES PME/PMI
Conscients de l’importance que révèlent les micro-entreprises dans l’économie nationale,
dont la plupart dans le secteur informel, les PME constituent un enjeu stratégique
indispensable pour le développement économique et la lutte contre la pauvreté.
A cet égard, l’émergence de ces PME doit permettre à atteindre des objectifs comme suit :
- contribuer à la croissance économique ;
- favoriser l’emploi à la population, surtout aux pauvres ;
- élargir l’assiette fiscale ;
- adopter la stratégie de substitution aux importations ;
- faire rentrer des devises ;
- encourager les femmes à participer aux activités économiques.
En effet les résultats de l’enquête qualitative du « Budget-consommation », ont montré que
le premier souhait des pauvres était de trouver un emploi ; monter des projets correspondant à
Chapitre 1
35
Gevrey Alexis mentionnait déjà dans son ouvrage en 1870 que les Comores par leur position géographique
sont bien placées pour accueillir les pétroliers et les bateaux qui flottent sur le canal de Mozambique. Source :
Gevrey A : Essais sur les Comores- pondechery Saligny- imprimeur du gouvernement 1870.
47
leurs capacités afin d’obtenir un revenu et sortir de l’état de pauvreté absolue. Cela veut dire,
par exemple, pour le paysan sans terre d’Anjouan, d’avoir un terrain pour cultiver ; pour
l’agriculteur de Mohéli, d’avoir un moyen de transport vers les autres Îles ; pour la femme,
chef de ménage, de pouvoir entreprendre un petit commerce ou créer un atelier (couture,
coiffure …).
Comme il a été dit lors du sommet sur les micro-crédits à Washington en février 1997 : « On
a constaté que prêter aux plus démunis permet la création d’emploi ; ce qui permettrait à une
personne de sortir de la pauvreté. La création de ce nouvel emploi stimule le développement
économique local et allége le fardeau de l’Etat, qui doit souvent prendre en charge ces
démunis.»36.
Autant d’exemples signifient à penser qu’avec les petits financements de démarrage il serait
possible de multiplier les activités qui permettent aux pauvres de se prendre en charge afin
d’améliorer leur niveau de vie.
A cet effet les gouvernements doivent envisager des mesures d’élargissement de l’offre des
services financiers, à travers une meilleure couverture géographique du pays, l’installation
des micro finances dans les zones d’extrême pauvreté notamment à Anjouan, augmenter le
plafond de crédit octroyé en vue de satisfaire les besoins croissants de financement du milieu
rural ; mettre en place des établissements spécialisés, au service des agriculteurs et des
artisans.
Cependant, seul le crédit ne pourrait suffire d’encourager la création des micro entreprises.
Par ailleurs les gouvernements doivent créer un environnement favorable pour faciliter et
sécuriser l’investissement. Il s’agit alors de :
- assurer la stabilité socio-politique ;
- sécuriser les investissements nationaux et étrangers ;
- fournir de l’énergie électrique stable ;
- construire des infrastructures de base (ponts, routes, ports…) ;
- organiser des formations de création et de gestion d’entreprise ;
- adapter le programme d’étude au besoin du marché ;
- créer un guichet unique de formalités afin de réduire les coûts et la durée des opérations ;
- baisser le capital minimum pour investir.
4.1.4. AMELIORER LE DOMAINE TOURISTIQUE
Avec ces multitudes de plages, îlots et d’autres sites touristiques, le secteur du tourisme aux
Comores occupe une place de choix dans le développement socio-économique. Néanmoins,
ce secteur rencontre beaucoup de difficultés pour arriver aux résultats escomptés. Ces
difficultés sont entre autres :
- l’influence de la religion aux affaires de l’Etat ;
- l’insuffisance de liaisons nationales et internationales ;
- des tarifs aériens prohibitifs ;
- une économie non bancarisée ;
- manque d’infrastructures et services de base (routes, aménagement des sites
touristiques, électricité, télécommunications) ;
Chapitre 1
36
Source : Développement International Desjardins(DID), 1997
48
-
et surtout une instabilité politique qui règne dans le pays.
Ces insuffisances institutionnelles et structurelles ont paralysé le secteur. De nos jours, le plus
grand complexe balnéaire des Comores « GALAWA BEACH» géré par des investisseurs
sud-africains s’est trouvé dans l’obligation de suspendre ses activités, à cause de l’instabilité
politique qui règne dans le pays mais surtout de l’absence d’énergie électrique causant une
augmentation des charges d’exploitation des entreprises comoriennes.
Pourtant, plusieurs autres secteurs, du nombre desquels le tourisme peut courir à la
dynamique économique et sociale du pays notamment, dans le domaine de l’artisanat et la
culture. C’est pourquoi, une politique active devrait être encouragée pour améliorer ce
secteur. Dans ce contexte, le gouvernement devrait fixer comme objectif :
- contribuer à la mobilisation de devises ;
- créer de l’emploi et une large redistribution de revenu ;
- contribuer à l’accélération de la croissance économique ;
- favoriser l’émergence du domaine artisanal et culturel.
Par ailleurs, ces objectifs ne peuvent pas être atteints sans l’amélioration des moyens
nécessaires tels que :
- aménagement des sites touristiques ;
- allègement fiscaux du secteur ;
- les moyens de transport avec l’extérieur, entre les îles et au sein des îles ;
- les moyens de télécommunications ;
- la sécurité des touristes ;
- protection de l’environnement et des monuments culturels ;
- construction et maintien des infrastructures d’accueil ;
- le marketing touristique à travers l’Internet et la télévision ;
- organisation des associations culturelles villageoises et privilégier le contact des
touristes et des populations rurales.
Si nous voulons, tout à la fois, préserver l’environnement naturel et la culture traditionnelle, il
faudrait que le type du tourisme envisagé soit compatible avec les actions de protection de la
nature. Cette forme de tourisme souvent appelée « éco-tourisme » ou tourisme écologique
s’intègre dans le double objectif : développement durable, car il respecte l’environnement
naturel et culturel, et de réduction de la pauvreté car les retombées économiques qu’il suscite
touchent directement les populations locales.
4.1.5. DYNAMISME CULTUREL
On a souvent dénoncé la tradition du grand mariage, en raison d’un certain nombre
d’inconvénients, qui peuvent se ramener à deux arguments clés. A titre individuel, on y voit
le risque d’un endettement à vie. A titre collectif, on critique le fait que le capital lentement
accumulé n’est pas placé à sa rentabilité optimale pendant la période de l’épargne et que les
dépenses occasionnées sont ostentatoires et tourner vers l’extérieur au détriment de la
production locale.
Pourtant, il serait possible sans difficulté majeure, de réduire ces inconvénients en instituant
des mécanismes de financement appropriés qui pourrait couvrir le risque inhérent au système
actuel. Avec des fonds provenant des diasporas comoriennes, les zones rurales pourraient les
49
utiliser à travers les associations pour créer de l’emploi en installant des petites unités de
productions villageoises.
On peut songer également d’instaurer en banque des « Comptes spéciaux de grand mariage »
pour subventionner l’achat de produits locaux. De plus, l’organisation de concours primés de
produits artisanaux exceptionnels, l’ouverture d’un musée de grand mariage présentant des
plus belles pièces lors d’exposition sont là quelques exemples parmi d’autres qui
permettraient de créer une dynamique d’innovation visant à accroître les retombées
économiques sur le plan interne.
Enfin, les dépenses occasionnées par l’achat de cadeaux pourraient encourager le
développement d’un artisanat national de qualité concernant la bijouterie, la broderie, les
vêtements de cérémonie, les essences et la parfumerie etc. Cela susciterait une création
d’emploi massif, mais faciliterait aussi la réponse aux besoins croissants du tourisme en
matière d’artisanat, donc des revenus supplémentaires.
4.2. FOURNIR DES INFRASTRUCTURES ET SERVICES DE BASE
4.2.1. AMELIORER L’ADDUCTION DE L’EAU POTABLE
Aux Comores, en moyenne près de 35% de la population sont privés de l’eau potable37. En
Grande-Comore, le cas est encore extrêmement difficile puisque près de 80% des villages
n’ont pas accès à l’eau potable. Cela est dû à l’absence des rivières dans cette Île. Par
conséquent, plusieurs maladies touchent les populations des Îles.
Par ailleurs, pour améliorer l’état de santé des populations, il serait nécessaire d’offrir de
l’eau, suffisante, de bonne qualité et à un coût accessible. Il s’agit de :
- augmenter les barrages pour recueillir l’eau dans l’Île d’Anjouan et celle de Mohéli ;
- reboiser les forêts pour protéger les rivières ;
- augmenter le parc de branchements par des méthodes de forages et pompages à énergie
solaire sur l’Île de la Grande-Comore.
4.2.2. L’ELECTRICITE, OUTIL DE DEVELOPPEMENT
En raison des ses multitudes applications, à la fois industrielles et domestiques, il serait très
difficile d’envisager de vivre aujourd’hui sans électricité. Le progrès technique, social, le
développement de tout ce qui est lié au processus de production de transformation, transport
ou distribution exige de l’énergie électrique.
Selon les données statistiques « la consommation moyenne de l’énergie électrique double
chaque dix ans dans les pays industrialisés. Dans les pays en voie de développement, cette
évolution est encore plus rapide»38.
Chapitre 1
37
Source : Union des Comores, Profil environnemental 2002.
Nassur Madi Ali : Projet de construction de la centrale hydraulique de Korafindi sur la Fatala (Guinée),
Université Gamal Abdel-Nasser de Conakry, juillet 2002
38
50
A cet égard, le gouvernement comorien ne doit pas cesser de se pencher sur les questions qui
touchent de près ou de loin le bien être des citoyens. Doivent être au centre de
préoccupations du gouvernement, l’électricité et l’électrification des îles Comores.
En effet, le problème est d’une grande importance : une grande partie du territoire surtout sur
l’Île d’Anjouan et sur celle de Mohéli est encore privée de cet élément énergétique, essentiel
au développement d’un pays. Dans les principales villes des trois Îles (Moroni, Mutsamudu et
Fomboni), la plupart des quartiers connaissent des délestages électriques répétés et la durée
du délestage peut aller jusqu’à une semaine, voir plus.
De nos jours, la situation dans le domaine de l’électricité demeure particulièrement
préoccupante. Le conflit politique opposant le gouvernement de l’union à ceux d’Anjouan et
de la Grande-Comore aggrave encore un peu plus la situation.
Deux entités39 ont la charge opérationnelle du secteur : la MAMWE, créée par l’exRépublique Fédérale Islamique des Comores, qui assure aujourd’hui la distribution sur les
Îles de Grande-Comore et de Mohéli, et Electricité d’Anjouan, créée par les autorités
d’Anjouan depuis 1997 pour desservir l’île.
La situation financière de ces deux entités demeure particulièrement difficile. Le secteur est
aujourd’hui au bord de la rupture. Il est donc urgent que les autorités comoriennes trouvent
une solution efficace pour sauver ce secteur, sinon, il risquerait de conduire les Îles dans une
obscurité totale. Il s’agirait de :
- améliorer la gestion interne (réduire le coût d’exploitation) ;
- lutter contre les branchements clandestins ;
- fusionner les deux entités pour réduire le coût de production ;
- baisser le prix de kWh pour réduire la fraude.
Le gouvernement devrait aussi mettre un point de réflexion sur les substitutions d’énergies
combustibles importés à celles qui sont renouvelables. D’autant plus que les unités de
production sont de taille petite, l’énergie renouvelable (solaire ou éolienne) pourrait être
utilisée dans les petites industries ou dans les lieux domestiques. En matière d’énergie solaire
et éolienne, les quatre Îles sont bien dépourvues (moyenne annuelle d’insolation est de 2600
heures)40. C’est dans ce contexte qu’un projet d’énergie solaire (Enercom) est né aux
Comores. Ce projet intervient sur le milieu rural en électrifiant les lieux domestiques, des
mosquées ou des places publiques, grâce aux panneaux solaires.
Enfin on peut envisager l’exploitation de biogaz (méthane obtenu par la fermentation de
déchets organiques) sur les Îles en général de l’énergie géothermique en Grande-Comore en
particulier.
4.2.3. POSTES ET TELECOMMUNICATIONS
L’inauguration du réseau téléphonique des portables a eu lieu vendredi le 24 octobre 2003.
Le financement de ce projet de réseau mobile dénommé « HURI » est rendu possible grâce
Chapitre 1
39
40
Source : Banque mondiale 2002.
Source :Union des Comores, Profil environnemental de l’Union des Comores 2002
51
aux fonds propres de la Snpt d’une part et de la collaboration de la société française des
télécommunications, Alcatel d’autre part.
La réalisation de ce projet de grande envergure pour le développement des
télécommunications aux Comores est nécessaire. Surtout quand le téléphone cellulaire
contribuera sans doute à désenclaver l’archipel en matière de communication. C’est un
service complémentaire offert à la population pour améliorer ses moyens de communications
aussi bien professionnels que privés.
Cependant, malgré les efforts fournis de la part de la Snpt pour l’extension du téléphone fixe,
« la liste d’attente pour l’installation d’une ligne téléphonique a atteint des proportions
inquiétantes »41. Les services offerts sont loin de répondre aux exigences des populations et
de l’économie. La capacité des installations est insuffisante pour les clients et la qualité des
services particulièrement déficiente au regard du taux élevé d’encombrements.
En raison de son monopole, le tarif fixé par la Snpt est considérablement élevé et le service
fourni est déficient. Jusqu’à présent, le téléphone est considéré comme un produit de luxe
pour une grande majorité de la population.
Le parc téléphonique est de 6332 lignes utilisées dont 60% dans la capitale Moroni. La télédensité (nombre de lignes du réseau fixe par 100 habitants) n’excède pas 0,9% contre 6,56%
sur l’Ile sœur de Mayotte ou encore 16,21% sur l’Ile Maurice.42
Le téléphone reste un service qui n’est pas accessible aux pauvres. Plus de 80% des villages
comoriens n’ont pas accès aux télécommunications. Cela a des conséquences sur le
développement socio-économique du pays.
En ce qui concerne le service de l’Internet, la Snpt reste toujours la seule fournisseuse au
niveau des trois Îles. La société compte environ 800 abonnés (ce sont généralement des
organismes internationaux, des administrations publiques et quelques entreprises privées). La
raison de cette faiblesse d’internautes est, au fait que le tarif de la connexion est très élevé et
le service aussi est très lent.
Le prix tarifaire de la connexion fixé par la Snpt est de 75 FC/3min équivaut à 1FRF/3min,
soit 300GNF/3min c’est-à-dire deux fois le prix d’une connexion dans un cybercafé de la
Guinée.
De même, bien que la Poste ait connu une certaine reforme ces dernières années, elle accuse
toujours de déficits sur ses activités annuelles. Son taux de couverture dans le pays est très
faible, surtout en milieu rural où se trouve la majorité des pauvres.
Dans ce contexte, en raison de la nécessité des communications pour un développement
socio-économique, le gouvernement comorien doit envisager comme objectif d’offrir des
services des postes et télécommunications suffisants, de qualité et à des prix compétitifs. Il
Chapitre 1
41
source : www.comores-online.com/al-watwan/art2 Extrait du discours du Directeur Général de la Snpt,
Moroni 24/10/03
42
Source : Commission de l’Océan Indien (COI) 2002.
52
s’agit particulièrement d’augmenter la télé-densité, améliorer la qualité des services offerts,
développer les activités de la poste et consolider sa viabilité financière.
Pour parvenir à ces objectifs, le gouvernement devrait instaurer un environnement favorable
aux investissements. Il s’agirait donc de :
- libérer le marché des télécommunications ;
- faciliter les conditions d’accès sur le marché ;
- élaborer un schéma directeur de développement de la poste ;
- augmenter les cabines téléphoniques GSM dans le milieu rural.
Pour que les télécommunications soient un fruit dont les pauvres peuvent bénéficier pour
améliorer leur bien-être, il serait crucial de mettre en place une campagne de sensibilisation
dans les zones rurales sur les opportunités que peut offrir l’Internet aux communautés
villageoises, pour leur développement socio-économique et leur désenclavement.
Comme dans beaucoup de pays en développement, les communautés villageoises peuvent à
travers le service du Net, montrer au monde entier leurs potentialités (touristiques, agricoles,
artisanales, culturelles, etc.), et présenter aux bailleurs de fonds étrangers des projets de
développement rentables.
4.2.4. PROTEGER LE CAPITAL NATUREL
Comme beaucoup de petites économies insulaires, les Comores sont très riches en patrimoine
naturel extrêmement diversifié. La présence de nombreux sites naturels (plages, îlots, lacs,
volcan, etc.), d’espèces uniques en ce qui concerne la faune (le cœlacanthe, les tortues
marines, la roussette de Livingstone, les makis, les dugongs, les dauphins, etc.) et la flore (les
fleurs à parfum, les orchidées, les mangroves, etc.) confère à l’ensemble des îles une
originalité particulière.
Cependant, ce patrimoine est très fragile et on assiste à une dégradation du milieu naturel, et
même d’un certain milieu culturel, sous la poussée démographique. Un certain nombre de
problèmes cruciaux font leur apparition notamment :
- l’eau potable tend à se raréfier ;
- les besoins en bois pour la cuisine accélèrent la déforestation ;
- le sable de mer et certains types de roches sont excessivement utilisés pour la
construction ;
- certaines espèces de la faune et de la flore sont menacées.
La résistance à la montée de la pauvreté explique pour une partie cette situation, car les
pauvres cherchent partout à améliorer leurs revenus par la revente du sable des plages, ou
encore la pêche à la dynamite.
Au regard de ce qui se passe sur l’environnement, des actions spécifiques sont à mettre en
place pour assurer une meilleure gestion de l’environnement. Il s’agit de :
- la promotion de la participation des communautés villageoises au reboisement de la
forêt des Îles ;
- protéger les rivières ainsi que les lacs existants ;
- utiliser des foyers améliorés (cuisine en terre cuite) ;
- faire usage du bio gaz ;
53
-
baisser le prix du pétrole de cuisine et celui de matériels de construction ;
renforcer les mesures de sanction pour ceux qui voudront détruire l’environnement ;
empêcher les braconniers de capturer les espèces supposées être observées par les
touristes.
4.2.5. AMELIORER LE DOMAINE SOCIAL
Les observations des dépenses dans les secteurs sociaux montrent qu’en majorité, les
dépenses courantes dans les secteurs sociaux sont destinées aux paiements des salaires,
lesquels n’ont pas toujours été versés régulièrement, ce qui a entraîné une faiblesse de
motivation ou la perte du personnel qualifié.
Dans le secteur de l’éducation, l’Etat consacre 15% du budget national. Mais, la mauvaise
gestion de ces fonds provoque des grèves et des fermetures d’écoles consécutive si bien que
l’importante allocation des fonds faite se révèle inefficace. On constate dans ce cas un taux
de redoublements ou d’abandons très élevé.
L’accès aux services est inégal, particulièrement dans le domaine de la santé. Le coût de la
consultation et des médicaments est devenu une barrière pour les pauvres d’accéder aux soins
nécessaires.
En dépit des progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de santé et de l’éducation,
le pays reste confronté à un défi de santé et de valorisation de ses ressources humaines ;
conditions indispensables pour le développement socio-économique. C’est pourquoi,
l’amélioration des conditions sociales doit être une des priorités dans les mesures de lutte
contre la pauvreté.
4.2.5.1. Amélioration de capacités humaines
Pour améliorer le secteur de l’éducation, le gouvernement doit fixer des objectifs
fondamentaux qui sont :
- réduire le taux de redoublements et d’abandons ;
- atteindre un taux de scolarisation primaire de 100% ;
- un large accès à la formation technique et professionnelle ;
- égalité entre filles et garçons et entre les différentes régions ;
- réduire les dépenses éducatives des parents et des communautés surtout les plus démunis.
Pour atteindre ces objectifs cités, le gouvernement devrait mettre en œuvre des reformes
nécessaires pour l’efficacité du système éducatif. Il s’agirait de :
- allouer de ressource suffisante dans le secteur éducatif ;
- rationaliser les dépenses salariales dans le sens de l’assainissement de l’effectif du
personnel pour permettre le recrutement du personnel qualifié ;
- pour suivre la construction des infrastructures scolaires, le recrutement, la formation et
l’encadrement du corps enseignant.
L’éducation est un fardeau pour les familles pauvres, surtout quand il s’agit de la formation
après le baccalauréat. En effet, à cause de l’absence d’université et d’écoles de formation
professionnelle dans l’archipel, les parents se trouvent dans l’obligation de réunir des fonds
considérables pour la formation universitaire de leurs enfants à l’étranger.
54
Compte tenu du coût de la formation et l’incapacité pour les pauvres de financer les études de
leurs enfants à l’étranger, ces derniers se retrouvent sur le marché de l’emploi avec un niveau
d’études qui n’excède pas le baccalauréat. Ce niveau leur permet juste d’avoir un emploi
précaire et un faible revenu de subsistance.
Face à cette situation, la création d’écoles de formation technique et professionnelle est
indispensable pour permettre aux enfants des familles pauvres d’accéder au marché d’emploi
et de participer au développement socio-économique.
Enfin, pour réduire les charges parentales des études universitaires, le gouvernement devrait
mener des négociations avec un pays de la sous-région comme l’Île de Madagascar pour
faciliter l’accès des étudiants comoriens aux universités malgaches. Cela pourrait être aussi
l’occasion de freiner beaucoup la sortie de devises dans le pays.
4.2.5.2. Domaine sanitaire
Le financement du secteur paraît inadéquat par rapport aux besoins de la population et au
regard de la faible qualité des soins dispensés par les structures publiques.
Cependant, il est important que le gouvernement se penche de plus sur le plan sanitaire en
fixant comme objectifs d’assurer l’accès aux services de santé de qualité pour tous (les
hommes et les femmes). Il s’agirait donc de mettre en place un système de santé accessible et
capable de répondre aux besoins de la population. La santé, état de bien-être physique et
mental, contribue à l’augmentation de la productivité et donc à la croissance économique.
C’est pour cela il serait nécessaire de :
- disposer un système de santé solide ;
- renforcer les programmes de lutte contre les maladies (paludisme, choléras, VIHSida…) ;
- réduire le taux de mortalité et améliorer la nutrition.
Pour arriver à ces objectifs, des stratégies suivantes sont indispensables :
- construire et maintenir les soins des infrastructures sanitaires ;
- organiser des formations périodiques du personnel ;
- régulariser les arriérés des salaires et recruter du personnel qualifié ;
- intensifier la lutte contre le paludisme en incitant la population à l’utilisation des
moustiquaires ;
- favoriser l’accès des pauvres aux services de santé essentiel en éradiquant les barrières
financières aux consultations et en réduisant les prix des médicaments génériques
distribués par la Pharmacie Nationale des Comores (PNAC) ;
- réduire les fléaux (choléras, tuberculose, VIH-Sida …) ; pour cela il serait nécessaire de
sensibiliser les communautés villageoises pour les mesures préventives de ces maladies.
4.2.5.3. Planning familial
D’après les statistiques, le taux d’accroissement de la population s’approche de 3% par an. La
densité est de 306hab/km². Dans ce cas il est hors de doute que ce taux d’accroissement de la
population représente une charge pour l’économie comorienne. En plus, l’enquête « Budget-
55
consommation » montre que la pauvreté frappe souvent les familles de taille grande c’est-àdire des familles à plusieurs enfants.
Malgré les efforts réalisés en matière de planning familial ces dix dernières années, par le
gouvernement comorien et l’assistance du Fonds des Nations Unies pour la Population
(FNUAP), le taux de natalité reste toujours inquiétant. C’est pour cela qu’il est crucial de
ramener le problème sur une nouvelle piste de réflexion dont nous proposons les stratégies
suivantes :
- sensibiliser les communautés villageoises aux dangers liés à cet accroissement ;
- réduire le chômage ;
- poser le problème dans les milieux de cultes comme les mosquées ;
- apprendre les populations aux méthodes contraceptives ;
- réduire les mariages précoces ;
- créer des lieux de loisir (places publiques, cinéma…) ;
- faire des campagnes de sensibilisation dans les médias publics et privés ;
- créer un fonds d’appui aux activités féminines.
4.2.6. ASSURER LA PAIX ET LA SECURITE
Le développement économique d’un pays, quelques soient les orientations adoptées, la
stabilité et la sécurité constituent un fondement pour une croissance économique durable. Il
est donc nécessaire d’avoir des institutions qui font confiance à la fois aux nationaux, mais
aussi aux étrangers désirant de s’installer dans le pays. Cependant l’instauration d’un climat
de confiance doit être la priorité du gouvernement comorien pour permettre la reprise des
négociations avec les bailleurs de fonds, mais aussi de protéger les couches vulnérables.
Pour ce faire, l’effort que le gouvernement devrait fournir pour orienter le pays sur une bonne
voie serait de :
- prévenir et résoudre les conflits insulaires et sociaux ;
- réconcilier les parties en conflit ;
- rechercher la paix, la maintenir et l’imposer ;
- intensifier les luttes contre le mercenariat et les ruptures institutionnelles ;
- sensibiliser les populations aux conséquences des conflits sociaux.
4.2.7. BONNE GOUVERNANCE ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE AUX COMORES
Il faut rappeler que les bailleurs de fonds ne sont pas d’accord sur la définition de la bonne
gouvernance. Pour certains, la bonne gouvernance voudrait simplement dire les élections
libres et le respect des institutions. Pour d’autres, la bonne gouvernance signifie non
seulement les élections libres et le respect des institutions mais aussi la transparence dans la
gestion des affaires publiques.
Nous retiendrons ici la dernière définition.
La question que l’on doit se poser est de savoir comment intégrer la bonne gouvernance dans
la gestion de l’administration économique et financière des Comores ? Cette question n’est
pas une nouveauté dans le paysage politique des Comores à partir du moment où elle a
constitué ces dernières années la préoccupation fondamentale des populations aussi bien
africaines que comoriennes.
56
L’observateur banal de la société comorienne peut se demander pourquoi l’Etat comorien
n’arrive pas à mobiliser les ressources pour financer son développement alors que tous les
mécanismes institutionnels, juridiques et politiques sont mis en place ?
La réponse à cette question nous ramène à poser la problématique de la bonne gouvernance.
L’absence de la bonne gouvernance au niveau de la gestion des ressources de l’Etat fait
aujourd’hui que l’Etat n’arrive pas à formuler des solutions adéquates pour un
développement socio-économique.
Cette mauvaise gouvernance est engendrée par plusieurs facteurs :
- les arriérés des salaires impayés des fonctionnaires ;
- des salaires très faibles par rapport au pouvoir d’achat ;
- taux de taxation douanière et fiscale élevé ;
- manque d’une politique pour encourager le secteur privé ;
- l’absence d’un Etat fort défendant l’intérêt général ;
- le changement successif du gouvernement ; en fin des facteurs sociaux.
Par ailleurs, le gouvernement devrait agir sur certains points focaux pour améliorer la gestion
de l’administration. Il s’agirait de :
- assurer l’éducation et la formation des citoyens ;
- assurer le respect de la loi et des règlements par le pouvoir ;
- veiller à ce que le citoyen puisse effectivement jouir de ses droits et sa liberté ;
- accorder une large diffusion des informations aux médias publics et privés ;
- organiser régulièrement des points de presse avec les différents ministres, afin de
présenter au public la situation de leurs activités.
4.3. LES MOYENS FINANCIERS MIS EN ŒUVRE
Pour pouvoir réaliser les objectifs que nous avons proposés afin de réduire la pauvreté, le
pays doit compter en premier lieu sur la mobilisation de l’épargne interne. Toutefois,
l’épargne interne ne sera pas suffisante, il faut nécessairement l’apport important des
financements extérieurs.
4.3.1. EVALUATION DES FLUX D’EPARGNE DISPONIBLE
4.3.1.1. Mobilisation de l’épargne interne
Epargne privée : il existe, en effet une épargne intérieure qui pour des raisons de confiance,
ne transite que partiellement dans les circuits officiels de la Banque de Développement des
Comores et de la Banque de l’Industrie et le Commerce. Cependant, une étude des flux
d’épargne des ménages productifs et des petites entreprises familiales pourrait en estimer les
montants globaux et les diriger vers des secteurs créateurs d’emploi.
Epargne publique : l’épargne publique ne peut être accrue qu’à condition de réduire les
dépenses non productives et de maintenir les grands équilibres macroéconomiques (équilibres
budgétaires, équilibre de la balance des paiements, contrôle de l’inflation) ; il s’agirait donc
de :
- améliorer les recettes fiscales ;
57
-
contrôler les salaires (supprimer les salaires fictifs) ;
privatiser les entreprises publiques afin de réduire le poids financier ;
lutter contre la corruption, les détournements de fonds.
4.3.1.2. Evaluation des transferts de fonds
Il est nécessaire en premier lieu de connaître l’importance du montant effectif des transferts
familiaux et privés qui atteignent les Comores. Cela demande une étude détaillée des divers
flux financiers, qu’ils passent ou non par le système officiel, de leur origine et de leurs
affectations prévues. Ce travail permettrait de connaître le poids réel de ce flux dans
l’économie et de mettre en place une politique de rémunération, pour encourager les
placements ou d’initiation à l’investissement dans certain secteurs particuliers.
La connaissance de l’ensemble des flux d’épargne disponibles, de leurs affectations actuelles
devrait faciliter la mise en place d’une politique incitatrice qui orienterait en fonction des
aspirations des divers acteurs socio-économiques, cette épargne vers des investissements qui
permettraient de relancer la production, d’investir dans les secteurs porteurs de croissance.
4.3.2. POLITIQUE BUDGETAIRE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
La situation des finances publiques s’est fortement dégradée en 2001, le déficit en terme
d’engagement, représente 4% du PIB contre 1,9% en 200043. Certes, les recettes ont
progressé de 22%, mais dans le même temps les dépenses totales augmentaient de 27%.
Concernant les recettes fiscales, le taux de pression fiscale est resté particulièrement faible
car il ne dépasse pas les 10% du PIB ; les 60% des recettes proviennent des taxes
douanières44. Plusieurs raisons sont la cause de cette faiblesse : les taxes douanières restent
très élevées, ce qui favorise la fraude et l’évasion fiscale au niveau des douanes et de
l’Administration fiscale, et l’activité économique reste informelle.
Toutefois, dans le programme de la réduction de la pauvreté, les enjeux de la politique
budgétaire des gouvernements seraient de:
- mobiliser des ressources suffisantes ;
- orienter ces ressources pour les actions de lutte contre la pauvreté ;
- protéger les couches vulnérables.
Pour ce faire, le gouvernement de l’Union et ceux des Iles devraient envisager une importante
réforme, il s’agirait de :
- élargir l’assiette fiscale ;
- renforcer le contrôle fiscal (lutter contre les fraudes) ;
- harmoniser les taux de taxation au niveau des trois (3) Îles ;
- épurer les recettes douanières ;
- renforcer les recettes non fiscales ;
- réduire les dépenses non productives.
4.3.3. ALLEGEMENT DE LA DETTE
Chapitre 1
43
44
Source : Banque de France 2001.
Source : Banque mondiale 2002.
58
Malgré l’importante aide et des mécanismes d’allégement de la dette de la part du monde, le
pays se trouve avec une dette extérieure intolérable. Le montant de la dette dépasse 200
millions de dollars USD, soit près de 100% du PIB. Le service de la dette reste un poids
considérable pour le développement socio-économique du pays. Dans ce contexte, le pays
doit procéder à d’autres méthodes d’allégement de la dette comme l’Initiative-PPTE.
Qu’est ce que l’Initiative PPTE ?
Créées en 1996 à l’occasion du sommet du G7 de Lyon, l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très
Endettés) vise à trouver une solution au problème de la dette des pays les plus pauvres.
A travers le Fonds monétaire (FMI) et la Banque mondiale, un cadre d’action a été élaboré
pour fournir une assistance spéciale aux pays pauvres très endettés, en vue de ramener à un
niveau soutenable la charge de l’endettement extérieur de ces pays. L’Initiative-PPTE est un
dispositif global de réduction de la dette qui requiert la participation de tous les créanciers.
Elle vise à garantir qu’aucun pays ne soit pas confronté à une charge d’endettement
intolérable.
Les Comores sont éligibles à l’Initiative-PPTE depuis 200145. Cependant, le point de décision
pour l’allégement de la dette qui était prévu en 2003 est repoussé à un temps ultérieur, au
regard des difficultés rencontrées par les autorités comoriennes dans la mise en œuvre du
processus de décentralisation.
En effet, la mission conjointe du FMI et de la Banque mondiale, menée en juillet 2002, a fait
le point sur les performances du programme établi sur la période juillet 2001-juin 2002. Les
services du FMI n’ont pas jugé possible de prolonger cet accord, les objectifs du programme
intérimaire n’ayant pas été atteints, mais surtout en raison de la confusion administrative qui
règne actuellement dans l’Union des Comores et qui rend difficile le dialogue avec les
multiples autorités comoriennes qui gèrent les îles.
L’absence d’un accord entre toutes les parties comoriennes sur le partage de compétences
entre les gouvernements, de même que l’absence d’un consensus sur la gestion des finances
publiques et des entreprises publiques, rendent particulièrement difficile l’élaboration du
DSCRP.
Il est donc crucial que les autorités comoriennes prennent conscience du danger dont le pays
court. La réalisation du DSCRP permettrait au pays de bénéficier une annulation de la dette
voir une assistance pour accélérer la croissance économique.
Ensuite, le pays pourrait bénéficier des investissements de par le monde, notamment
d’Afrique du Sud et de l’Île Maurice. Cela pourrait susciter une création massive d’emploi et
donc une redistribution de revenus.
Chapitre 1
45
Source : FMI avril 2003, allègement de la dette au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très
endettés (PPTE).
59
Enfin, à travers le DSCRP, le gouvernement pourrait intervenir dans les zones pauvres pour
améliorer leur niveau de vie. Cela constituerait une des solutions d’apaisement des conflits
insulaires qui bloquent le développements du pays.
60
CONCLUSION
Nous avons voulu à travers ce mémoire, proposer des éléments pour une stratégie nouvelle de
réduction de la pauvreté, supplémentaires aux politiques menées depuis l’indépendance par
les autorités Comoriennes visant à réduire la pauvreté.
Comme on le sait, le PIB réel par habitant décroît environ 1,5% par an depuis 1985.Cette
baisse entraîne une baisse du niveau de vie de la population voire une certaine paupérisation
de celle-ci.
Cependant, la pauvreté aux Comores frappe inégalement les différentes couches sociales. Elle
touche beaucoup plus le milieu rural que le milieu urbain . Dans ce cas, l’Île d’Anjouan est
un exemple éloquent avec un taux moyen de 62%.
Pourtant, une croissance du PIB réel de 5% par an, accompagnée de mesures de
redistributions adéquates des revenus et d’allocation efficace des ressources publiques
pourraient fortement, sur une longue période, réduire la pauvreté.
A cet égard, la nouvelle stratégie doit s’appuyer sur des secteurs créateurs de revenus mais
qui ne sont pas ou qui sont moins exploités tels que le secteur touristique, la zone franche, la
pêche, l’agriculture.
Par ailleurs, pour pouvoir réaliser ces objectifs, le pays doit compter en premier lieu sur la
mobilisation de l’épargne interne (publique et privée) ; en deuxième lieu, la réduction des
dépenses non productives ; en troisième lieu, attirer l’aide internationale ; et enfin demander
le moratoire sur le remboursement de la dette. Ainsi les services destinés au paiement de la
dette pourront être canalisés plus efficacement selon les priorités de la lutte contre la
pauvreté.
Cependant, aucune action ne pourrait être possible sans la stabilité politique et la sécurité des
investissements, deux aspects fondamentaux d’un développement qui se présentent guère sur
cet archipel.
61
ANNEXES
Annexe 1 : Présentation géographique des
Comores
62
Annexe 2 : Conte Nationaux des Comores
(en millions des francs comoriens)
PIB nominal
1998
84,5
1999
103
2000
109,1
2001
121,3
1,9
3,5
-1,1
4,8
1,9
5,9
Variations en pourcentage
Taux de croissance du PIB en volume
1,2
3,5
Source :FMI, Banque de France- Rapport Zone franc-2001
Annexe 3 : Quantités produites
(en tonnes)
Vanille
Clous de girofle
Ylang-ylang
1997
120
1097
35
1998
130
1700
37
1999
140
2500
40
2000
140
2000
40
2001
140
2000
40
Sources : FMI et administration comorienne: Banque de France-Rapport Zone franc-2001
Annexe 4 : Tableau des opérations financières de l'Etat comorien
(en millions de francs comoriens)
RECETTES TOTALES
Recettes
Recettes fiscales
Recettes non fiscales
Dons extérieurs
DEPENSES TOTALES ET PRETS NETS
Dépenses courantes
Salaires
Autres Biens et Services
Transferts
Intérêts
Autres Dépenses courantes(assistance technique)
Dépenses Exceptionnelles(transition ,etc)
Dépenses en capital
Sur financement interne
Sur financement Externe
Prêts Nets
Solde primaire(1)
Solde base engagement (dons inclus)(2)
Arriérés
Sur Dette Extérieure
Sur Dette Intérieure
AUTRES
SOLDE (base caisse)(3)
FINANCEMENT
1998
17812
10865
9277
1588
6947
21038
13648
7190
3121
615
960
1762
1999
18885
12079
10509
1570
6806
19669
14138
6430
4642
1033
950
1083
2000
15557
11018
9724
1294
4539
17615
13493
6093
4179
844
960
1427
7390
360
7030
0
-2183
-3226
2677
5531
192
5339
0
-1301
-784
624
4157
130
4027
-35
-1645
-2058
1964
887
1790
-3191
-3740
3740
534
90
495
335
-336
551
1413
395
301
-302
2001
17612
13435
11115
2320
4177
22441
14904
6319
5018
1326
1345
896
2323
5250
461
4789
-36
-585
-4829
2100
916
1184
-2729
2729
63
Extérieur (net)
Tirages
Amortissement
Financement Exceptionnel
Arriérés en principal
Intérieur (net)
Ecart de Financement
PIB nominal
1593
1845
-3782
0
3530
2147
84514
-504
63
-4367
0
3800
168
-1
102781
108
940
-3765
0
2933
-410
-1
109136
4603
5321
-2240
285
1237
-1874
121296
En pourcentage du PIB
RECETTES TOTALES
Dépenses Courantes
Solde:
Base engagements , dons inclus
Base caisse
21,1
16,1
18,4
13,8
14,3
12,4
14,5
12,3
-3,8
-4,4
-0,8
0,3
-1,9
0,3
-4
-2,2
Source :FMI et Banque de France -Rapport Zone franc-2001
Annexe 5 : Dette extérieure des Comores
(encours en millions de dollars)
DETTE A COURT ET A LONG
TERME
Dette à long terme
Dette publique garantie
Dette privée non garantie
Recours aux crédits FMI
Dette à court terme
Dons arriérés d'intérêts sur dette à long
terme
Envers créanciers publics
Envers créanciers privés
Pour mémoire
Arriérés sur principal de dette à long terme
Envers créanciers publics
Envers créanciers privés
Crédits à l'exportation
1997
219,4
1998
227,1
1999
228,3
2000
231,7
202,7
202,7
0
2,8
13,9
8,9
211,6
211,6
0
2,7
12,9
11,8
206,2
206,2
0
2,2
19,9
12,9
201,9
201,9
0
1,5
28,4
19,4
8,9
0
11,8
0
12,9
0
19,4
0
36,7
36,7
0
3,3
40,6
40,6
0
2,7
44,4
44,4
0
4,4
60,6
60,6
0
4,1
421,8
102,5
5,7
1,7
72,2
428,9
114,6
5
2,4
69,4
indicateurs de dette (en pourcentage)
Dette totale/export biens et services
Dette totale /PNB
Service dette / exports biens et services
Intérêts dette/ export biens et services
Dette multilatérale/dette totale
536,9
103,3
5,6
2
72,6
445,2
105,6
3,9
0,8
74,2
Source :Banque mondiale 2001
Annexe 6 : Balance des paiements des Comores
(millions des francs comoriens)
1998
1999
2000
2001
64
TRANSACTIONS COURANTES
TRANSACTIONS COURANTES (hors transferts officiels)
Balance commerciale
Exportations
Vanille
Girofle
Ylang-ylang
Autres
Importations
Services
Transferts unilatéraux
Privés
Publics
COMPTE DE CAPITAL
Investissements directs
Emprunts à long terme
Crédits relatifs au commerce
Banques commerciales
Autres
Capitaux à CT(y c erreurs et omissions)
SOLDE GLOBAL
FINANCEMENT
Variation des réserves officiels(hausse:-)
Variation des arriérés extérieurs
Financement exceptionnel
Ecart de financement
-2408
9813
-16099
2632
1058
180
582
812
18731
-5660
19351
11946
7405
-3449
170
-1698
-737
-412
-933
8149
-15823
4181
1835
1177
563
606
20004
-5365
20255
13039
7216
-1775
125
-2796
18
-427
1604
-2935
-12647
7263
4105
2012
887
259
19910
-2968
17219
12680
4539
-464
50
-2826
-669
2055
-772
-5857
5857
1440
4417
0
1305
-2708
2707
-1726
4433
0
-1
926
1140
-1141
-4978
3837
0
-1
4872
-460
-12913
8962
5400
2433
999
130
21875
-1977
19762
14430
5332
3111
56
4603
-436
-1622
-3500
-2790
7983
-1544
-4876
3332
0
6439
Sources: FMI et autorités comoriennes ; Banque de France -Rapport Zone franc-2001
Annexe 7 : Les caractéristiques de l’Enquête Exploratoire
Budget-Consommation
Financée par le gouvernement comorien sur prêt du MERCAP (Macro-Economique Reform and
Capacity Building Adjustemennt Program) de la Banque mondiale, par le PNUD (Programme des
Nations Unies pour le Développement), l’enquête exploratoire budget consommation a été réalisée
au cours du mois d’août 1995 sur l’ensemble du territoire dans le but de fournir des informations sur
le niveau de vie des ménages, sur les situations de pauvreté et sur les groupes cibles qui pourraient
bénéficier d’interventions prioritaire de l’Etat.
Un échantillon de 2004 ménages a été sélectionné par sondage aléatoire auto pondéré, avec un taux
de sondage uniforme d’environ 1/40, à deux degrés, stratifié en grappes. Trois strates ont été
retenues : la capitale Moroni, les autres villes et le milieu rural. Les ménages se répartissent à travers
les îles de la manière suivante : 996 en Grande-Comore, 864 à Anjouan, 144 à Mohéli.
Un questionnaire de 39 pages, regroupant 900 questions, a été rempli en deux visites d’une heure
chacune à 15 jours d’intervalle, afin de recueillit des informations sur :
- les caractéristiques socio-économiques des ménages : leur taille et la composition de famille, le
statut matrimonial ;
- le niveau de vie : les revenus et ressources disponibles, les productions, les dépenses de
consommation et l’autoconsommation, les transferts et les dons, épargne.
65
-
Les conditions de vie : le niveau de l’éducation, l’accès à la santé, les habitudes alimentaires, les
caractéristiques du logement, les biens d’équipement, les activités et le type d’emploi.
Cette enquête originale et riche en informations, a puisé pour sa conception dans les méthodes
classiques des enquêtes sur le budget et la consommation des ménages et dans les objectifs des
enquêtes prioritaires de la dimension sociale de l’ajustement.
Référence : Synthèse effectuée à partir du document Enquête exploratoire budget- consommation,
Nailane M’hadji et Houmadi Abdallah, juin 1996, Direction de la Statistique, Moroni
Annexe 8 : Comores:pourcentage de main-d'oeuvre en 2002
Services
15%
Industrie
8%
Agriculture
77%
Source : Agenda des Comores 2002
Annexe 9 : Comores: Structure Importation 1999
Viandes
10%
Riz
13%
Produits Pétroliers
5%
Autres Importations
66%
Ciment
3%
Fer et Acier
3%
Source : Agenda des Comores 2002.
66
Annexe 10 : COMMERCE EXTERIEUR
Evolution du Commerce extérieur, 1985-1999, (millions de FC)
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
914
840
548
1259
1924
1176
1247
1617
1456
2469
2350
2512
Riz
2437
2761
2247
2022
2605
1650
2614
5252
3318
3947
4096
3365
Produits pétroliers
1061
783
1655
1757
1040
1793
2546
2897
1509
1384
962
1333
Ciment
708
312
961
921
832
1020
1676
1652
880
843
813
822
Fer et acier
763
341
301
483
296
626
778
804
858
668
709
645
Autres importations
10389
9470
Total IMPORTATIONS
16272 14507 15554 17656 19804 16817 23689 25411 23849 26776 23831 25451
IMPORTATIONS
Alimentation
Viandes et abats
9842 11214 13107 10552 14828 13189 15828 17465 14901 16774
EXPORTATIONS
Essence d'Ylang-ylang
744
1276
1473
992
1140
806
930
855
645
716
793
753
Vanille
4975
3621
2554
4482
4117
4796
2767
2320
1035
1119
1058
1788
Girofle
467
629
363
1092
108
268
522
134
210
89
268
522
Divers
956
1508
1966
1297
1447
1047
1202
927
546
706
533
662
7142
7034
6356
7863
6812
6917
5421
4236
2436
2630
2652
3725
Total Exports
domestiques
Source : PNUD aux Comores, 2000
Annexe 11 : AIDE EXTERIEURE
Evolution de l'aide extérieure par secteur, 1996-1999 (milliers de $)
Gestion de l'économie
Administration du développement
Ressources Humaines
Enseignement secondaire
Enseignement technique
Enseignement supérieur
Santé
Soins de santé primaires
Lutte contre les maladies
Planification familiale
Hôpitaux et dispensaires
Développement social
Développement urbain
Eau potable et Assainissement
Culture
1996
1997
1998
1999
4017
2365
4381
3028
799
374
6930
2561
287
463
2594
1983
514
198
858
941
2129
3248
2026
565
443
7249
1730
165
313
3787
1875
877
42
672
563
734
2337
1655
243
112
5009
1588
222
312
1792
1604
877
5
551
582
741
696
179
254
36
2232
353
357
14
196
384
0
50
91
67
Agriculture, Elevage et Pêche
Cultures vivrières
Elevage
Pêcheries
Développement régional
Industrie
Transports
Communications
Energie
Autres secteurs
Total
2402
1147
0
143
7555
1427
12532
897
1145
1147
46781
2886
1316
101
24
3675
2233
9749
346
2347
708
37386
1976
1533
390
0
3604
1076
2473
164
3321
4712
27573
1684
1472
162
0
1013
350
5584
1171
3059
5480
22976
Evolution de l'aide extérieure par type d'assistance, 1996-1999 (milliers de
$)
Coopération Technique autonome
Coopération Technique liée aux projets d'investissement
Projets d'investissement
Aide Programme/Budget ou appui à la BP
Aide alimentaire
Assistance ou secours d'urgence
Total générale
1996
1997
1998
1999
13236
8312
20632
4454
147
10907
7529
10376
848
451
46781
30111
7282
6634
12664
728
190
75
27573
3654
3351
9532
5599
334
506
22976
Evolution de l'aide extérieure par donateur, 1996-1999 (milliers de $)
1. Assistance Multilatérale
1.1. Système des Nations Unies
FAO
IDA
FIDA
FENU
PNUD
PNUE
FNUAP
UNICEF
PAM
OMS
OMM
1996
1997
1998
1999
24969
12253
14580
10836
191
5554
832
442
1506
15257
7780
294
4120
17495
3809
120
6312
786
382
1451
1043
683
147
1404
37
721
773
781
29
1259
53
422
666
941
181
1174
24
371
666
150
1123
68
Divers
1.2. Autres
BISD
ISESCO
OUA
Union Européenne
Divers
2. Assistance bilatérale
Canada
Chine
Egypte
France
Italie
Japon
Koweit
Maroc
Nigeria
République de Corée
Suède
Emirats arabes Unies
Royaume Uni
Etats Unis d'Amérique
Divers
3. Organisations Non gouvernementales
Agence des musulmans d'Afrique
Care
Comité International de la Croix Rouge
Fondation Damien
International Family Planing Association (IFPA)
Médecins du Monde
Volontaires sans Frontières
Total général
8
12716
174
30
25
12487
7
3744
25
7477
45
30
13686
1706
45
3699
21065
188
679
145
19020
14788
158
921
230
9929
256
1857
660
50
90
90
7442
5
11622
11909
26
5271
980
110
9825
1160
25
3654
590
2
90
384
262
58
90
11
139
500
19
73
397
14
749
393
101
32
92
76
55
46783
28
743
438
79
81
58
87
30111
13
25
0
694
247
78
79
56
85
149
27573
24
210
65
53
92
22976
Source :Le PNUD aux Comores, 2000
Annexe 12 : Population , Production, PIB, PNB et Commerce extérieur, 1960-1999
Année Population
Indice
PIB
Exports
Indice
Urbanisation
PIB/Tête PIB/Tête PNB/tête PIB constant
Import
Production
(millions)
(millions)
Production
(%)
(FC)
($)
$
(millions) FC
(millions FC)
Alimentaire
FC
FC)
totale (%)
(%)
1960
196936
9.8
4723
23982
98
57
41136
800
940
54
57
1961
204223
11.1
4953
24253
99
57
41026
686
909
58
58
69
1962
211779
12.4
5202
24563
100
63
40979
626
1088
62
59
1963
219615
13.7
5462
24871
102
74
40919
1163
1335
66
60
1964
227740
15.0
5635
24743
101
78
40148
986
1508
70
62
1965
236167
16.3
5954
25211
103
96
40343
916
1623
74
63
1966
244905
16.9
6746
27545
112
88
43471
953
1783
78
66
1967
253060
17.5
7055
27879
113
90
43235
938
1850
78
66
1968
261487
18.2
7107
27179
110
87
41421
1008
1763
82
68
1969
270195
18.8
7462
27617
106
87
40874
1289
2092
83
70
1970
279192
19.4
8043
28808
104
89
43906
1278
2373
84
71
1971
288489
19.8
9432
32694
119
101
48265
1572
2835
87
72
1972
298096
20.1
10016
33600
133
114
49892
1511
2932
96
71
1973
308023
20.5
11082
35978
161
138
50255
1106
3369
103
77
1974
318280
20.8
16781
52724
219
187
54870
2102
6202
106
78
1975
329018
21.2
15011
45624
213
181
47855
2037
4976
110
76
1976
293991
21.6
12569
42752
179
176
36760
2223
3118
114
80
1977
303781
22.0
13961
45959
187
185
38271
2202
4053
118
79
1978
313896
22.4
16703
53213
236
233
39620
2127
4329
122
81
1979
324349
22.8
21227
65445
308
285
43772
3736
6135
105
81
1980
335150
23.2
24901
74298
352
370
46342
2705
5917
104
86
1981
344031
23.7
29426
85533
315
333
50112
4461
8792
103
76
1982
353148
24.1
35128
99472
303
305
55495
6435
10726
103
80
1983
362507
24.6
42496
117228
308
306
63160
7419
14267
102
85
1984
372113
25.0
46068
123801
283
287
64812
3079
19664
102
82
1985
381974
25.5
51436
134658
300
297
62916
7048
17871
100
85
1986
392096
26.0
56270
143511
414
411
64080
7022
14890
96
90
1987
402487
26.5
59035
146676
488
486
65183
3499
16859
99
94
1988
413153
26.9
61796
149572
502
497
66925
6398
16270
103
97
1989
424101
27.4
63397
149485
469
472
65789
5758
14506
104
99
1990
435282
27.9
68074
156391
574
573
68074
4883
12314
97
99
1991
446817
28.4
69670
155925
553
551
64390
6871
15122
99
102
1992
458658
28.9
71844
156640
592
573
71237
5672
15414
101
102
1993
470812
29.4
74628
158509
560
532
71997
6111
14027
103
107
1994
483289
29.9
83739
173269
416
435
70965
4491
18714
106
108
1995
496096
30.4
86812
174990
467
449
70660
4236
20027
105
114
1996
509242
31.0
83181
163343
426
414
70609
2314
19835
106
111
1997
522737
31.5
82331
157500
360
322
70544
3796
21034
102
113
1998
536590
32.1
84514
157502
356
375
71390
3789
22019
107
114
1999
550809
85456
155146
336
359
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